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    Rodemack, l'histoire à fleur de pierre

     

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Les plus beaux villages de nos régions 2012, p.60
     

    Située à quelques encablures de la frontière luxembourgeoise, en Moselle, cette cité médiévale doit sa spectaculaire résurrection au dynamisme de ses habitants à partir des années 1970.

    Panorama

    Rodemack est sanglée de fortifications : une ceinture parfaitement conservée de près de 900 mètres de long aménagée en promenade). Aussi le coeur de la cité s'organise t-il en un entrelacs de ruelles.

    Au Pays des Trois Frontières, il y a des vocations que l’on ne peut cacher. Au point de rencontre de la France, de l’Allemagne et du Luxembourg, Rodemack la Mosellane ne pouvait que devenir une place forte. Les façades des maisons et les entrées des caves affichent les signes distinctifs de l’habitat rural lorrain traditionnel. Une belle plongée dans une histoire des plus agitées.

    « La petite Carcassonne lorraine ! »

    En découvrant Rodemack, situé aux frontières de la France, de l’Allemagne et du Luxembourg, on comprend mieux pourquoi elle a hérité de ce surnom. Ce bourg médiéval, qui fut jadis la place forte des seigneurs de Rodemack, puis des margraves (seigneurs) de Bade, se blottit derrière 700 mètres d’impressionnantes murailles percées de meurtrières et ponctuées de tours rondes.
    L’ensemble est dominé par un château, remanié au fil des siècles avant d’être démantelé en 1821. Si ces vestiges ne présentent que peu d’intérêt architectural, le site offre un beau point de vue sur le village.

    Porte de Sierck

    Voici la porte de Sierck et ses deux tours. Tout au long des murailles, de semblables édifices peuvent être admirés.

    C’est par la majestueuse porte fortifiée de Sierck, élevée au XVIe siècle, que l’on pénètre dans Rodemack intra-muros. À l’intérieur s’alignent le long des ruelles pavées de jolies maisons au crépi gris et aux fenêtres cintrées caractéristiques de l’habitat rural lorrain. L’église Saint-Nicolas (fin XVIIIe) vaut le coup d’oeil pour son harmonieuse simplicité.

    Eglise Saint-Nicolas

    Ici, rien de spectaculaire, non, mais il y flotte un doux parfum légèrement suranné avec ses vieilles enseignes, son relais de poste télégraphe, sa distillerie communale, son ancien lavoir et ses bildstocks (petits calvaires). Il faut notamment flâner, au pied des remparts, dans son jardin d’inspiration médiévale, espace clos foisonnant de plantes condimentaires, médicinales et aromatiques.

    Jardin

    Ces jardins aménagés font le plaisir des touristes, et la fierté des habitants !

    Il y a 40 ans, Rodemack était une ruine

    « Le village était à l’abandon. Intra-muros, c’était un désert, il ne restait quasiment plus une maison habitée, détaille Franck Czachor, le secrétaire de mairie. La renaissance date des années 1970, grâce à une population nouvelle et jeune qui s’est passionnée pour le patrimoine exceptionnel de Rodemack. Ces habitants ont monté un collectif, qui est devenu l’association Les amis des vieilles pierres pour la sauvegarde de Rodemack. »

    Notre Dame

    Perchée en haut du village, la chapelle Notre-Dame (1658) aurait été bâtie par les Rodemackois au sortir de la guerre de Trente Ans, afin de faire les louanges de la Vierge qui les sauva des grandes épidémies et leur apporta la paix. 

    Objectif d’alors : défricher et lancer des chantiers de restauration pour remonter ou restaurer les fortifications. « Le collectif a fait bouger les choses en remettant en valeur le village. À chaque fois que je retombe sur d’anciennes photos, j’ai du mal à retrouver l’endroit exact, tant ça a changé ! C’est le jour et la nuit : les anciennes ruines sont désormais des maisons appréciables et l’on se déplace de loin pour voir le village… »

    La consécration

    En 1987, Rodemack entre dans le prestigieux cercle des « Plus beaux villages de France ». « Aujourd’hui, on ne restaure plus, mais on entretient. La difficulté reste de maintenir et de créer des commerces… Mais ce qui fait la force du renouveau de Rodemack, c’est son dynamisme associatif. D’autres villages dans la région ont le même potentiel, ou plus, mais des acteurs locaux ont porté haut nos couleurs, en témoigne notre fête médiévale, parmi les plus importantes de Lorraine ! » 

    Une forte importante place forte

    La première forteresse de Rodemack est élevée au XIIe siècle par les seigneurs de Rodemack. En 1492, ces vassaux du comte de Luxembourg voient cependant leurs biens confisqués pour félonie – l’empereur Maximilien d’Autriche leur reproche de s’être alliés aux Français – au profit du margrave de Bade qui en fait une forteresse militaire d’importance. C’est de la moitié du XVIe siècle que date la Maison des Baillis, juste en dessous du château, face à l’office de tourisme.

    Le bourg passera ensuite aux mains de la France et de l’empire germanique, jusqu’à son annexion officielle à la France en 1769. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, Rodemack, par sa situation, est au carrefour de bien des conflits. En 1815, le général Hugo (père de Victor), gouverneur de Thionville, y réussit à contenir l’armée prussienne, au cours des Cent-Jours.

     

    Photos-Villes du Monde 2:  Rodemack, l'histoire à fleur de pierre

     

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    Quelques recettes cosmétiques maison

    Recettes 2:  Quelques recettes cosmétiques maison

     
     

    Des recettes simples, à réaliser avec ce que l'on trouve dans sa maison, remises par Virginie Roudier, socio-esthéticienne, lors d'ateliers.

    Les laits démaquillants/nettoyants, lotions, sérums, contour des yeux, crèmes de protection, s'utilisent matin et soir.

    A part le lait qui peut tenir une semaine, refaire les recettes à chaque utilisation.

     

    Nos cuisines possèdent nombre de produits naturels très utiles pour faire un gommage, par exemple :

    • huile végétale (olive, noix, argan...)
    • sel, marc de café, sucre, poudre d'amande, noix de coco râpée, son d'avoine
    • poudre de cacao non sucré
    • yaourt, fromage blanc, crème fraîche
    • œufs
    • citron, avocat, concombre, banane, fraise, abricot, poire, framboise, pêche, pastèque
    • jus d'orange, de carottes, de pommes
    • eau/eau florale
    • miel
    • poudre d'argile (verte – grasse, mixte –, rose, blanche, rouge)
    • huiles essentielles
    • thé vert
    • gel d'aloe vera
    • huile d'amande douce...

     

    Lait nettoyant tous types de peau (1 semaine au frigo)

    • gel aloe vera : 6 cuillères à soupe
    • lait entier : 4 cuillères à soupe
    • huile essentielle de lavande : 2 gouttes

     

    Lait menthe peaux grasses/mixtes (1 semaine au frigo)

    • menthe : 1 poignée
    • lait en poudre bio : 2 cuillères à soupe

    Infuser la menthe dans 1/4 d'eau bouillante pendant 1/4 d'heure.
    Filtrer, laisser refroidir, ajouter le lait en poudre.

     

    Lotion tonique peau sèche/sensible (1 semaine au frigo)

    • jus de carottes : 150 ml
    • eau chaude : 150 ml

    Secouer avant chaque utilisation.

     

    Démaquillage à l'huile

    • huile d'amande douce
    • eau florale

     

    Gommage toutes peaux

    • miel : 1 cuillère à café
    • yaourt nature entier ou fromage blanc : 1 cuillère à soupe rase
    • son d'avoine : 1 cuillère à soupe rase
    • huile essentielle (facultatif) : 1 ou 2 gouttes

    Ou

    • poudre d'amande ou noix de coco râpée ou marc de café : 1/2 cuillère à soupe
    • yaourt entier ou fromage blanc : 1/2 cuillère à soupe
    • miel : 1/2 cuillère à café

     

    Gommage corporel

    • gros sel de mer : 8 cuillères à café
    • argile verte : 1 cuillère à café
    • huile d'olive : 1 cuillère à café
    • huile essentielle : 10 gouttes

     

    Masque contre la couperose :

    • argile blanche ou rose en poudre : 2 cuillères à soupe
    • jus d'orange : 3 cuillères à soupe
    • huile d'olive : 1 cuillère à café
    • crème fraîche : 1 cuillère à café

     

    Masque nourrissant

    • 1/2 avocat
    • 1/2 banane
    • miel : 1 cuillère à café

     

    Masque coup d'éclat

    • cacao non sucré : 2 cuillères à soupe
    • huile végétale (olive, argan...) : 1 cuillère à café
    • crème fraîche ou yaourt : 1 cuillère à soupe

     

    Masque purifiant

    • argile verte en poudre : 2 cuillères à soupe
    • huile végétale : 1 cuillère à café
    • eau minérale : 2 cuillères à soupe

     

    Dentifrice

    • argile blanche : 2 cuillères à soupe
    • bicarbonate : 1/2 cuillère à café
    • huile essentielle de menthe poivrée ou citron ou romarin : 3 gouttes

    Diluer le tout dans un peu d'eau.

     

    Baume nourrissant à lèvres

    • miel : 1 cuillère à café
    • eau bleuet : 1 cuillère à café
    • huile d'amande douce : 10 gouttes

    ou

    • miel : 2 cuillères à soupe
    • eau de rose : 1 cuillère à soupe

     

    Recettes 2:  Quelques recettes cosmétiques maison

     

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    Laissez-vous surprendre par Metz

     

    Par Vincent Noyoux et Clio Bayle
    source : Détours en France n°179, p.43
     

    Froide, austère, militaire ? Voici 6 arguments qui apportent un démenti formel. Metz est lumineuse, verdoyante, germanique et même méridionale ! Et elle postule pour être inscrite au patrimoine mondial de l'humanité.

    Les façades dorées et la pierre de Jaumont

    La place d'Armes à Metz

    Au pied de la cathédrale, la place d’Armes a été aménagée selon le vœu de Louis XV. L’hôtel de ville qui fait face à Saint-Étienne est construit en pierre de Jaumont.

    La pierre de Jaumont, dont est fait tout le centre-ville, réchauffe la place d’Armes, où se concentrent tous les pouvoirs : municipal (l’hôtel de ville), militaire (l’ancien corps de garde, actuellement office de tourisme), religieux (la cathédrale) et royal (l’hôtel du Parlement). C’est elle aussi qui donne son aspect italien, presque siennois, à la place Saint-Louis. Au Moyen Âge, les juifs de Toscane pratiquaient le change sous les 63 arcades de cette place. C’est désormais un lieu d’échange, de marché et de fête. Aux beaux jours, les terrasses font le plein. La dolce vita, version messine... Si le centre-ville piétonnier respire l’opulence, c’est que ses façades anciennes ont été conservées et ravalées avec soin.

    La place Saint-Louis

     

    La cathédrale Saint-Etienne

    La place Saint-Louis était appelée place du Change au XIVe siècle, car sous ses arcades se déroulaient des foires commerciales. La cathédrale Saint Etienne.

    Le circuit pédestre sur des berges verdoyantes

    La porte des Allemands

    La porte des Allemands sur la rivière Seille est un vestige de l’enceinte médiévale. Jusqu’en 1750, ses abords étaient plantés de vignes.

    De la porte des Allemands, un circuit pédestre longe la rivière et ses berges verdoyantes. Le décor est si bucolique qu’on en oublie la présence des anciens remparts du XIIe siècle, jalonnés de tours appartenant aux corporations de l’époque. En remontant le courant, on atteint le quartier des îles. La Moselle se démultiplie pour embrasser une poignée de petits îlots verdoyants. Sur le plus célèbre trône le Temple Neuf. De là, une promenade aménagée le long du quai mène au lac aux Cygnes, havre d’eau et de verdure.

    La tour des Mareschaulx

    La tour des Mareschaulx. À l’origine, il existait 38 tours sur les remparts médiévaux.

    La colline Sainte-Croix

    La même lumière dorée baigne la colline Sainte-Croix, berceau de la ville. L’oppidum de la tribu celte des Médiomatriques a disparu, mais on gravit avec plaisir les ruelles étroites de ce quartier paisible. On y trouve les belles arcades du cloître des Récollets (XIVe siècle), les créations contemporaines de l’hôtel Saint-Livier, qui abrite le Fonds régional d’art contemporain, une charmante placette où se dresse l’église Sainte-Ségolène... La rue des Murs, qui suit le tracé des anciens remparts romains, longe une terrasse en balcon au-dessus du quartier d’Outre-Seille. Les artisans et tanneurs du Moyen Âge, installés en bord de Seille, ne sont plus, mais le quartier a conservé une ambiance bohème avec ses bouquinistes, ses cafés et ses galeries d’art. Il faut y flâner jusqu’à la porte des Allemands, magnifique pont fortifié enjambant la Seille.

    Le Temple Neuf et le jardin d'Amour

    Le Temple Neuf à Metz

    Se promener un soir d’été aux abords du Temple Neuf et contempler, au bord de l’eau, la beauté altière des façades couleur miel ne manque pas de nous plonger dans une profonde perplexité : comment une si belle ville a-t-elle pu souffrir, des décennies durant, d’une aussi mauvaise réputation ? La pierre du Temple Neuf, sanctuaire néoroman datant de la période, est sombre et son style un peu imposant, mais l’écrin de verdure qui l’entoure fait tout oublier. Accoudé au Moyen-Pont, on voudrait peindre les acacias et les branches de saules pleureurs trempant dans l’eau, les cygnes gracieux et le temple noir, telle une proue de navire enfoncée dans l’eau verte.

    L'une des plus belles gares d'Europe

    La gare de Metz

     

    la gare de Metz

    Conçu entre 1905 et 1908, à la demande de l’empereur d’Allemagne, l’édifice en impose avec sa profusion de décors : bas-reliefs, vitraux, chapiteaux historiés, lions de basalte, frises aux motifs celtiques, palmettes orientalisantes... Les nombreuses références à des temps glorieux (l’empire carolingien, la figure de Roland) clament haut et fort la toute-puissance de l’occupant allemand. Avec ses larges quais et ses douze voies, la gare devait surtout être capable d’assurer le transport de 25 000 soldats en 24 heures en cas de guerre avec la France. Maurice Barrès, au sens patriotique blessé, y voyait un « immense pâté de viande » avec un toit d’« épinard vert ». Tout le monde peut se tromper : la gare de Metz est considérée aujourd’hui comme l’une des plus belles gares d’Europe.

    Le Centre Pompidou-Metz

    Le Centre Pompidou-Metz

     

    Le Centre Pompidou-Metz

    L’attractivité de Metz doit beaucoup à ce drôle de bâtiment aux formes ondoyantes. Ouvert en mai 2010, le Centre Pompidou-Metz a déjà attiré plus de deux millions de visiteurs dans la cité lorraine. Un succès qu’il doit autant à son architecture audacieuse qu’à la qualité de ses expositions. Le tout dans un quartier flambant neuf en bord de Seille. L’ouverture du Centre Pompidou-Metz a changé la donne. Inspirée par l’exemple de Bilbao, transformée en spot touristique grâce à son spectaculaire musée Guggenheim, la cité lorraine a déjà opéré sa métamorphose. Huit cent mille visiteurs se sont pressés pour admirer le tout nouveau Centre la première année, et encore plus de la moitié deux ans plus tard.

    L'architecture de Pompidou-Metz

    Au bout d’un parvis légèrement incliné, comme celui de Beaubourg à Paris, le Pompidou-Metz déploie sa vaste toiture blanche ondulée autour d’une flèche centrale de 77 mètres de haut – clin d’œil à 1977, année d’ouverture du Centre Pompidou. Quelle étrange toiture ! On songe à la robe de Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion. Mais il n’est pas interdit de regarder sous ces jupons ! L’architecte japonais Shigeru Ban qui, avec Jean de Gastines, a conçu le bâtiment, a imaginé une charpente en bois des plus originales. Tressées entre elles comme les bambous d’un chapeau chinois, les 18 kilomètres de poutres supportent une membrane translucide, qui laisse passer 15 % de la lumière. Le balcon terrasse du 3eétage est le meilleur endroit pour admirer la charpente, reflétée par un grand miroir de Daniel Buren. La nuit, le bâtiment est éclairé de l’intérieur, faisant apparaître en transparence la charpente hexagonale... comme par magie. Trois galeries en forme de tubes rectangulaires percent la toiture. À l’intérieur, la Grande Nef comprend un mur d’accrochage de 18 mètres de haut : un espace unique en Europe.

    En bonus : l'Arsenal de Metz, une très belle salle de concert

    arsenal de Metz

    L'Arsenal de Metz a été aménagé dans l'enceinte d'un ancien bâtiment militaire au cœur de la ville. La grande salle de concerts bénéficie d'une très bonne acoustique et accueille tous les genres musicaux. 

    Retrouvez aussi notre chronique sur le Mag de Campagne Tv

     

     

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    Turenne, pépite du causse corrézien

     

    Par Dominique Roger - Hugues Derouard - Mélanie des Monstiers
    source : Hors Série - Les plus beaux villages de nos régions 2013, p.64
     

    Turenne aux confins du Lot et de la Corrèze, enchevêtrement de toits gris bleuté sous la protection d’un château fort haut perché, émerge soudainement des vertes ondulations qui enserrent la vallée.

    Village

    Outre la beauté inconditionnée de ce bourg médiéval, on peut distinguer à droite, le donjon rectangulaire du XIVe siècle ; à gauche, la tour César, du XIIe siècle.

    De sa butte, Turenne nous parle de la grandeur de ce petit royaume dans le royaume, du Moyen Âge jusqu'en 1738. La perte de sa souveraineté est due à l'impécuniosité du dernier de ses vicomtes, Charles-Godefroy de la Tour d'Auvergne, qui la céda à Louis XV contre paiement de ses dettes de jeu. ​

    La foire aux boeufs gras

    Sur la Place du Foirail dans le Barri-Bas (quartier de la Ville-Basse), malgré le froid acéré, elles sont toutes là, ponctuelles au rendez-vous annuel, une semaine avant Pâques. Ne sont présentes que des bêtes pomponnées et sur leur trente et un.C’est que la foire aux bœufs gras du jeudi de la Passion reste un événement turennois. Les éleveurs corréziens et lotois s’évaluent du coin de l’œil ; les membres du jury de cette foire primée, jaugent, jugent et ont déjà leur petite idée sur la trentaine de belles limousines. Un solide casse-croûte ingurgité et les réjouissances vont débuter.

    Un village chargé d'Histoire

    C’est de la place du Foirail, et de l’hôtel Sclafer avec sa terrasse à l’italienne, qu’il faut partir pour découvrir ce village chargé d’Histoire du causse corrézien. L’unique rue qui traverse dans toute sa longueur le quartier du bas – rue du Commandant-Charolais – se partage en deux sections de part et d’autre de la place de la Halle.

    Architecture du bourg

    Beaucoup de ces demeures ont été bâties avec les pierres issues du démantèlement des fortifications après 1650 et de la destruction partielle du château ordonnée par le pouvoir royal en 1753. Turenne possède toujours ce qui faisait la fierté de leurs propriétaires : des tourelles coiffées de poivrières, de hautes toitures de lauzes, remplacées après le XVIIIe siècle par de l’ardoise.

    Ce carrefour animé est bordé de maisons bourgeoises et d’hôtels particuliers des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles ; jouxtant la maison des Dames de Montgalvy, la maison Vachon fut l’ancienne demeure des consuls de Turenne aux XVIe et XVIIe siècles. Face à elles, remarquez la maison Crozat, l’hôtel de Carbonnières et la maison des Chanoines et sa porte de style gothique flamboyant.
    Après la place, s’insinuant entre deux hôtels, la rue Droite monte à l’assaut de la plate-forme circulaire des anciennes lices ceignant le promontoire du château. Celles-ci dénombrent des maisons de notables, des demeures à encorbellements, des échoppes jadis occupées par des commerçants.

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    La structure médiévale de Turenne a été conservée et ses maisons en pierres du XVe au XVIIIe siècles arborent les couleurs du terroir : calcaire gris des causses, grès rouge ou jaune de Collonges et de Gramont.

    La rue de l’Église passe devant la maison de l’Ancien-Chapitre (porte Renaissance) et vous dépose sur le parvis de l’église collégiale Saint-Paul, fondée probablement par Charlotte de La Marck, première épouse d’Henri Ier, en 1593. Son riche mobilier renferme notamment un maître-autel au-dessus duquel resplendit un retable en bois doré finement sculpté (XVIIe siècle). Au-dessus de Saint-Paul, un vaste édifice nommé maison Tournadour était le grenier à sel.

    Plan urbain particulier

    Des trois enceintes enveloppantes à courtines ne restent que des éléments très épars et une porte fortifiée, jouxtant la maison dite du Sénéchal ; c’est en la franchissant que vous pénétrez dans la Ville Haute. La terrasse sommitale porte les vestiges du château médiéval, démantelé par Louis XV suite à la réunion de la vicomté de Turenne à la Couronne de France.

    Panorama du château

    À l’entrée, à droite, l’ancien donjon (XIIIe siècle) ou tour du Trésor ouvre sur la salle des gardes, où l’on peut admirer le travail stéréotomique (science de la coupe des pierres) daté du XIVe siècle. À l’opposé se trouve la tour dite de César (XIIe siècle), tour de guet cylindrique très aérienne. Un escalier à vis logé dans l’épaisseur de la pierre vous hisse jusqu’à son sommet pourvu d’une table d’orientation.

    Au nord, l’éminence aux parois abruptes portait le castel, d’où se détache le corps principal du village descendant en pente douce vers le sud-ouest. Il se prolonge au-delà de la place du Foirail par le faubourg – ou « barri » – du Marchadiol. Un toponyme qui évoque la corne d’abondance de la cité : son réputé marché d’huile de noix.À cette pointe nord de la butte se trouvaient également deux autres faubourgs : le barri de Magal organisé autour d’un large puits toujours présent et, sur le flanc est, le barri Saint-Paul dont il ne subsiste que l’ancien ermitage Saint-Paul.

    Cet ensemble est desservi par un maillage de rues, ruelles, passages sous voûtes aux tracés originaux, car épousant, de manière perpendiculaire ou en oblique par rapport à la butte du château, les courbes de niveau. Ces petites voies sont très resserrées, fort raides et pentues.

    La dynastie des La Tour d'Auvergne

    Parmi les quatre grandes familles qui détinrent successivement le titre vicomtal, les La Tour d’Auvergne, à compter de 1444, vont porter le nom de Turenne très haut. 
    Henri de La Tour d’Auvergne, fils cadet d’Henri Ier de La Tour d’Auvergne et de sa seconde épouse Élisabeth de Nassau, futur « Grand Turenne », s’illustre avec panache sur les champs de bataille de la guerre de Trente Ans et mène des campagnes finement stratégiques contre les Impériaux. 

    Henri de la Tour d'Auvergne

    Henri de la Tour d'Auvergne, Vicomte de Turenne

    Maréchal de France (1643), il prend néanmoins parti pour la Fronde, avant de se rallier à la Cour après sa défaite à Rethel et de se convertir au catholicisme. Lors de la guerre de Hollande, il est frappé par un boulet à Salzbach en Allemagne, en juillet 1675. Sa mort est un deuil national et son corps est inhumé à la basilique de Saint-Denis, avant d’être transporté aux Invalides sur ordre de Bonaparte.

     

    Photos-Villes du Monde 2:  Turenne, pépite du causse corrézien

     

     

     

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    30 octobre 1439

     

    Le duc Amédée VIII devient pape

     

    Le 30 octobre 1439, une poignée de pères conciliaires réunis à Constance proclament la déchéance du pape Eugène IV. Ils élisent à sa place le duc Amédée VIII de Savoie, 56 ans.

    Le nouveau pape est intronisé l'année suivante sous le nom de Félix V. Mais son élection par une fraction seulement des cardinaux et son effacement ultérieur devant un rival font que l'Église catholique le considère comme le dernier des « antipapes » (ou papes concurrents du pape officiel) qui ont émaillé son Histoire, notamment lors du Grand Schisme (1378-1415).

    Gabriel Vital-Durand
     

    Un duc favorisé par le destin

    Amédée VIII recevant la tiare (Anthelme Trimolet, XIXe siècle, Chambéry ; musée des beaux-arts)

    Selon Charles-Eugène, Maréchal-prince de Ligne, l'existence idéale consisterait à vivre « comme un page à dix ans, une jolie femme à vingt, un colonel de chevau-légers à trente, un gouverneur à quarante, un ambassadeur à cinquante, un homme de lettres à soixante, un duc à septante et... un cardinal à quatre-vingts ans » (Mémoires, vers 1790) ! Eh bien, c'est là le destin d'Amédée, huitième du nom, dit  le Paisible, premier duc de Savoie.

    Le futur pape naît à Chambéry le 4 septembre 1383. Son grand-père Amédée VI, le Comte Vert, puis son fils Amédée VII, le Comte Rouge, ont bien bataillé pour étendre la Savoie vers Berne, Lyon, Nice et Milan.

    Leur comté, qui s'est constitué autour de Chambéry, fait partie du Saint Empire. Par les guerres et les mariages, il se présente comme l'une des plus puissantes principautés d'Europe occidentale.

    Mais le jeune prince perd son père à l'âge de huit ans, en 1391, des suites d'un accident de chasse. De mauvaises langues évoquent un empoisonnement dont se serait rendue coupable la propre mère du défunt, Bonne de Bourbon, cousine du roi de France Charles V.

    Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi profite de la discorde entre la mère et la veuve pour précipiter le mariage de sa propre fille, Marie de Bourgogne, avec le jeune Amédée.

    Les noces sont célébrées avec faste le 29 octobre 1393 à Chalons-sur-Saône. Les jeunes époux ont... dix et sept ans ! Sitôt après leurs noces, ils vont être séparés pour dix ans.

    Un souverain éclairé

    Amédée tombe sous la coupe de son beau-père, le duc de Bourgogne, qui garde l'oeil sur ses affaires pendant qu'il reçoit une éducation plutôt soignée.

    Ensuite les jouvenceaux vont filer un amour de vingt ans qui donnera le jour à sept enfants. Marie meurt en couches en 1422. Quant à Amédée, il se révèle rapidement de taille à gérer son comté de Savoie. Il compense l'absence de dispositions militaires par des talents diplomatiques hors du commun.

    Au septentrion, il consolide ses relations avec Berne. À l'ouest, il repousse la frontière jusqu'à la Saône et réussit par des manoeuvres habiles à prendre la succession des comtes de Genève et à s'installer au couvent des Dominicains de Plainpalais, tandis que son vidame réside en la Tour de l'Isle, une bastille plus imposante.

    Il reste en bonne intelligence avec les évêques de Genève, notamment Jean de Brogny, et reçoit le pape Martin V en grande pompe à la cathédrale Saint-Pierre. Au Midi, il vient à bout des princes rebelles, les Grimaldi, les marquis de Saluces et de Montferrat. À l'Orient, il conquiert le val d'Ossola au Sud des Alpes et renforce ses positions en Valais. Il finit par reprendre le Piémont, qui s'était détaché de la Savoie un siècle plus tôt.

    Amédée accueille le pape Benoît XIII à Nice en 1404 et invite l'empereur allemand Sigismond à Chambéry en 1416. Ce dernier s'acquitte de sa dette en élevant la Savoie au rang de duché. Amédée se pique de droit et de lettres. Il rédige les « Statuta Sabaudiæ » qui serviront de code civil au duché et fonde l'université de Turin.

    Bonne chère à Ripaille

    Le duc Amédée VIII de Savoie, qui ne craint pas le voisinage des clercs, fonde le prieuré de Ripaille en 1410, près du lac Léman, et y installe des chanoines réguliers de Saint Augustin qui relèvent de l'abbaye de Saint Maurice d'Agaune. Il fonde aussi l'ordre des chevaliers de Saint Maurice, qui prendra plus tard le nom des Saints Maurice et Lazare.

    Le site de Ripaille est agrandi et modernisé. C'est un ensemble monumental qui comprend, outre le prieuré, un palais agrémenté de sept tours, un parc splendide et un port bien défendu avec des galères. Selon le chroniqueur, « si la demeure d'Amédée n'était pas indigne d'un roi ou d'un pape, celles de ses compagnons auraient pu être offertes à des cardinaux ».

    Certains esprits forts ne manquent pas de suggérer qu'à défaut de la compagnie des femmes, l'on y fait bonne chère et mène grand train. Un adage du temps affirme d'ailleurs : « facere ripaliam, hoc est indulgere ventri » (faire ripaille, c'est soigner son ventre). De là nous vient l'expression populaire : « faire ripaille », synonyme de faire bombance.

    Le pape Félix V (également duc de Savoie sous le nom d'Amédée VIII) se réconcilie avec Nicolas V (

    La tiare pontificale, consécration suprême

    Le 7 novembre 1434, le duc de 51 ans, au faîte de sa gloire et de ses succès, convoque sa cour et sa parentèle à Ripaille pour leur annoncer qu'il se retire dans son prieuré. Il laisse le pouvoir à son fils Louis, comte de Genève, sans abdiquer toutefois.

    Son autorité morale ne fait que s'accroître et lorsque le pape Eugène IV vient à déplaire au Sacré Collège, les cardinaux, qui souhaitent se réunir en conclave à Bâle, s'arrêtent pour se refaire une santé... à Ripaille.

    Ne vont-ils pas soudain s'aviser que leur hôte - en odeur de sainteté - pourrait bien être de taille à réconcilier la chrétienté déchirée par le Grand schisme d'Occident ?

    Et voici notre grand homme élu pape. Il n'accepte la charge qu'après beaucoup d'hésitations, le 15 février 1440, et prend le nom de Félix V. Il est intronisé le 23 juillet 1440 dans la cathédrale de Lausanne.

    Il prend Enée Piccolimini comme secrétaire, lequel deviendra Pie II. Las, Eugène IV s'accroche à la tiare. Le nouveau duc Louis Ier poursuit des chimères en Orient d'où son épouse, la séduisante Anne de Chypre, rapportera le Saint Suaire à Chambéry. Selon un chroniqueur, « elle est une femme incapable d'obéir unie à un homme incapable de commander ».

    Coup de théâtre en avril 1449. Félix V, désabusé par les intrigues du Saint Collège et désormais tourné vers son salut éternel, abdique son pontificat en la cathédrale de Lausanne.

    Avec le renoncement volontaire du dernier des « antipapes », c'en est bien fini du Grand Schisme d'Occident qui a déchiré et affaibli l'Église catholique pendant près d'un siècle.

    Le pape Nicolas V, décidément bon prince, nomme son rival... évêque de Genève, légat pontifical et cardinal du Sacré Collège. Amédée meurt en 1451, respecté de tous bien qu'antipape !

     

    Éphéméride du Jour 4:  Le duc Amédée VIII devient pape - 30 octobre 1439

     

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