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    Dunkleosteus

    Pouvant dépasser 6 m de long, Dunkleosteus était probablement l’un des plus redoutables prédateurs de son temps.
    Les restes fossilisés de ce poisson cuirassé, essentiellement des morceaux de son épaisse cuirasse, ont été découverts dans des sédiments du Dévonien supérieur, soit il y a environ 355 millions d’années.
    Dunkleosteus terrelli est un placoderme gigantesque aux mâchoires impressionnantes.

      

      

    Les poissons cuirassés

    Les poissons cuirassés sont des placodermes « peau recouverte de plaques ». Ce sont des poissons primitifs pourvus de mâchoires.

    Les placodermes ont connu une durée de vie limitée. Ils sont apparus au Dévonien inférieur, il y a environ 416 millions d’années pour s’éteindre au Carbonifère inférieur, il y a environ 350 millions d’années.

    Placoderme

    Pterychthyodes, un placoderme du Dévonien. © dinosoria.com

    Les poissons cuirassés se sont surtout développés durant une seule période géologique : le Dévonien (416-359 millions d'années).
    Malgré tout, ils se diversifièrent beaucoup durant cette période et ce furent les premiers poissons à atteindre d’aussi grandes tailles.

    De larges plaques entrelacées forment un bouclier facial osseux alors qu’une autre série de plaques protège l’avant du corps.
    Le reste du corps est généralement nu, sans couverture écailleuse.

    Dunkleosteus

    Dunkleosteus. Brisbane (Southbank), Australia. By Cas Liber . Licence

    La plupart des placodermes passaient leur temps à fouiller les fonds sablonneux pour y trouver leur nourriture, leur corps alourdi par leur imposante armure.

    Certains placodermes, à l’armure plus légère, devinrent de bons nageurs.

    Ces poissons possèdent des mâchoires équipées de plaques, plutôt que de dents individuelles. Elles leurs servaient à broyer leurs proies.
    Ces mâchoires s’ouvraient d’une façon inhabituelle. En fait, c’était la tête qui se soulevait. La mâchoire inférieure s’abaissait un peu, et les deux mouvements combinés procuraient une plus grande ouverture de la bouche.

    Placoderme

    Bothriolepis, un placoderme commun dans les roches du Dévonien. © dinosoria.com

    Cette caractéristique fit des placodermes appelés arthrodires les plus féroces des prédateurs marins du Dévonien.

    Il existe plusieurs groupes de placodermes dont les plus représentatifs sont :

    • Les rhénanides
    • Les ptyctodontides
    • Les arthrodires
    • Les antiarches

    Placoderme du Devonien

    Fossile de Gemuendina, un rhénanide du Dévonien qui ressemblait à une raie. © dinosoria.com

    Dunkleosteus fait partie du groupe des arthrodires.

    Portrait de Dunkleosteus

    Parmi les placodermes, les arthrodires « cous articulés » sont les plus abondants et les plus diversifiés. Ils représentent environ 60% des placodermes connus.

    Certains arthrodires pouvaient atteindre des tailles énormes. Dunkleosteus terrelli est l’un des géants du groupe.
    En effet, son crâne mesurait plus de 65 cm de long. Sa taille est estimée entre 3 et 6 mètres de long pour les plus grands spécimens.

    On a retrouvé des mâchoires pourvues de dents de 20 à 25 cm.

    Dunkleosteus

    Dunkleosteus. By Ryan Somma

    Son nom lui vient du paléontologue américain qui l’a découvert, D.H Dunkle. Ce prédateur vivait au Dévonien supérieur.

    Le bouclier corporel de Dunkleosteus s’étendait jusqu’aux nageoires pectorales, les libérant pour une plus grande maniabilité.
    Cela devait être impressionnant de voir arriver cet énorme poisson à la tête et aux épaules recouvertes d’un bouclier.
    Le reste du corps était dépourvu d’armure ou d’écailles.

    Le mode de vie exact de Dunkleosteus n’est pas connu avec certitude. Soit, il vivait comme les requins, nageant et chassant en continu ; soit il évoluait sur les fonds, nageant en ondulant.

    Certains paléontologues pensent que ce poisson se propulsait grâce à des mouvements sinueux et à sa queue, semblable à celle d’une anguille.

    Dunkleosteus

    Dunkleosteus. By unforth

    Une chose est certaine, Dunkleosteus basculait la tête en arrière pour ouvrir ses mâchoires. Le fait que le cou et le bouclier facial soient articulés lui conférait une morsure puissante.
    Etant donné sa taille, il devait certainement être capable de disputer des proies aux requins.

    Une fois la proie capturée, ses crocs pointus retenaient et perçaient la victime tandis que ses pavés dentaires acérés à l’arrière de la mâchoire la broyaient.

    D’autres espèces de placodermes étaient proches de Dunkleosteus tels Dinichtys ou Titanichthys mesurant respectivement environ 2,10 m et 3,40 m.

    Les fossiles de Dunkleosteus ont été mis au jour en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord.

    Classification: Animalia. Placodermi. Arthrodira. Dinichthyidae. Dunkleosteus

    V.Battaglia (02.12.2006

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    Chameau géant en Syrie

    Des archéologues suisses ont mis au jour les os fossilisés d'une espèce inconnue de chameau ayant vécu il y a environ 100 000 ans.

    L'animal, dont la hauteur dépassait les trois mètres, était presque aussi grand qu'une girafe.

    Les restes ont été trouvés dans la steppe du centre de la Syrie.

      

      

    C'est la taille des ossements, deux fois plus grande que celle des chameaux actuels, qui a surpris les archéologues.
    La découverte a été faite près du village de El Kown, à environ 120 au nord-est de Palmyre. C'est à cet endroit qu'ils ont mis au jour l'un des plus anciens sites de colonisation humaine.

    Pied d'un chameau prehistoque

    Plusieurs os des épaules, des jambes et des mâchoires du chameau géant ont été exhumés. En raison de leurs formes spécifiques, ce sont les os des pieds qui ont permis d'identifier l'animal fossile.

    Les chercheurs pensent que le chameau géant a fait l'objet de chasse. Ainsi, la découverte permet de mieux comprendre l'évolution du chameau, jusqu'à maintenant méconnue.

    Le chameau et le dromadaire font partie de la famille des Camélidés. L’histoire des camélidés commence en Amérique du Nord, il y a environ 40 millions d’années.

    En douze millions d’années, durant l’Oligocène, deux rameaux s’écartèrent du tronc principal :

    • Les sveltes chameaux-gazelles (Stenomylus)
    • Les chameaux-girafes (Alticamelus)

    Vers la fin de l’ère tertiaire, il y a 2 millions d’années, les camélidés arrivèrent dans les contrées du Nord-Est de l’Asie, traversant le détroit de Béring.

    Il est impossible d’évaluer avec précision l’époque de la séparation génétique entre le chameau à deux bosses et le dromadaire à une bosse.

    Chameau

    Chameau de Bactriane. © dinosoria.com

    On sait cependant que les débuts de la domestication en Asie du chameau remontent entre les quatrième et troisième millénaires avant notre ère.
    L’utilisation domestique du dromadaire a prit, lui, son essor en Arabie vers 2 000 ans avant notre ère.

    V.Battaglia (23.11.2005

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    Coccosteus

    Parmi les Placodermes, des poissons à mâchoires possédant de lourdes cuirasses, Coccosteus était un prédateur rapide et charognard.
    Coccosteus vivait au Dévonien moyen en Europe et en Amérique du Nord. Bien plus petit qu’un autre célèbre Placoderme, Dunkleosteus, Coccosteus ne dépassait pas 40 cm de long.
    Les fossiles de Coccosteus ont été notamment mis au jour dans le bassin écossais connu sous le nom de Vieux Grès Rouges.

      

      

    Portrait de Coccosteus

    Malgré sa petite taille, ce poisson était un carnivore redoutable grâce à l’amélioration de l’articulation du cou.
    La tête et le corps sont articulés extérieurement mais une articulation interne s’est également développée entre le haut des vertèbres et la base du crâne, lui offrant ainsi une plus grande inclinaison de la tête.

    Illustration © Encyclopédie Könemann

    Coccosteus avait un bouclier céphalique divisé en deux parties, l’une sur la tête elle-même, l’autre juste derrière, au-dessus de la région de l’épaule.
    Ces deux pièces s’articulaient l’une sur l’autre grâce à un système de rotule, de chaque côté du corps.

    Tous les Placodermes possèdent cette articulation qui permet au bouclier céphalique de se soulever pour laisser se mouvoir la tête.

    Cette caractéristique lui procurait une plus grande ouverture de la bouche par rapport à ses congénères.

    Les mâchoires de Coccosteus étaient très développées ce qui intensifiaient ses capacités de prédation.
    Nul doute que ce poisson devait être redouté. Cependant, les mâchoires s’ouvraient d’une façon qui nous semble inhabituelle. En effet, c’était la tête qui se soulevait.
    La mâchoire inférieure s’abaissait également un peu. Les deux mouvements combinés procuraient une plus grande ouverture de la bouche.

    © Site btinternet

    Cette caractéristique fit des placodermes appelés arthrodires les plus féroces prédateurs marins du Dévonien.
    Leurs mâchoires mobiles leur permirent d’attraper et de malaxer les proies, fonction impossible sans mâchoires.

    L’autre avantage du système d’articulation est que le mouvement vertical de la tête lui permettait une plus grande aspiration d’eau vers les branchies.

    Trois espèces ont été répertoriées : Coccosteus cuspidatus, Coccosteus decipiens, Coccosteus minor.

    © S.J Gould

    Coccosteus se nourrissait de poissons non cuirassés de taille moyenne. On en a retrouvé dans l’estomac de plusieurs spécimens.

    Mais, lui-même, était la proie d’un gros poisson à nageoires charnues appelé Glyptolepis, mesurant un mètre de long.

    Les poissons des Vieux Grès Rouges

    Les couches du Dévonien sont très riches en fossiles de poissons. L’un des sites les plus importants se situe dans le nord de l’Ecosse.
    Au Dévonien, de grands lacs recouvraient cette région. En effet, la Grande-Bretagne était alors située au niveau de l’Equateur.
    Les lacs orcadiens semblent avoir été une étendue d’eau douce mais d’autres sites dévoniens étaient marins.

    © S.J Gould

    Les collectionneurs des années 1830 constatèrent que dans certaines couches de grès fin et de microgrès, de couleur rouge, on pouvait mettre à jour des dizaines de squelettes de poissons très bien conservés.

    Ces découvertes ont suscité un intérêt international et plusieurs ouvrages furent publiés à l’époque sur les fossiles découverts dans ce bassin.

    L’évolution des poissons a été complexe. Les Agnathes sont les poissons les plus anciens. Ils ne possédaient pas de mâchoires. Aujourd’hui, ils sont représentés par notamment les Lamproies.
    Les Agnathes sont apparues au Silurien.

    Au Silurien, à côté des Agnathes, apparurent les premiers Vertébrés pourvus de mâchoires. Il s’agit de la classe des Acanthodiens, dits « Requins épineux ».

    Au cours du Dévonien, les Placodermes firent leur apparition. Apparus tout d’abord dans les eaux douces, ils migrèrent ensuite dans la mer.

    © S.J Gould

    La classe des Placodermes est divisée en trois ordres :

    • Les Arthrodires
    • Les Antiarches
    • Les Rhénanides

    Les Arthrodires, dont font partie Coccosteus et Dunkleosteus, étaient les plus répandus et les plus spectaculaires.

    Brisbane (Southbank), Australia. By Cas Liber. Licence

    Les poissons sans mâchoires (agnathes) ne sont pas communs dans les couches des Vieux Grès Rouges.
    Par contre, les placodermes sont nombreux. Ces poissons ont été retrouvés dans toutes les parties du monde mais uniquement au Dévonien.
    C’est le seul grand groupe de poissons à avoir eu une durée de vie aussi courte.

    V.Battaglia (28.05.2007)

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    Shieldcroc : un crocodile géant préhistorique

     

    Des scientifiques américains ont découvert un crocodile géant préhistorique au Maroc. Ce reptile aux dimensions impressionnantes a été baptisé Shieldcroc c'est-à-dire crocodile blindé, car il possédait une très épaisse couche de peau sur le dessus de la tête.

     

    Aegisuchus witmeri a été mis au jour par Casey Holliday, de l'Université du Missouri. Le chercheur étudiait un crâne de ce crocodile préhistorique qui n'était pas complet et était conservé au Musée Royal d'Ontario.
    Le crâne date d'environ 95 millions d'années.

    Aegisuchus witmeri fait partie des derniers crocodiles connus qui vivaient à la fin du crétacé soit au moment de l'extinction des dinosaures.

    La découverte d'un fossile bien conservé a permis à C. Holliday de déterminer que Shieldcroc  est l'ancêtre des crocodiles vivant aujourd'hui en Afrique.

    Il a pu estimer sa taille et celle de son cerveau en analysant les marques laissées sur l'intérieur de la boîte crânienne. Le crocodile avait une tête longue de 1,52 m, pour une taille totale de 9,14 m.

    Aegisuchus witmeri

    Aegisuchus witmeri. Original artwork by Henry P. Tsai, University of Missouri

    L'analyse des empreintes laissées sur le crâne par les vaisseaux sanguins a permis de déterminer que le crocodile était doté d'une sorte de bouclier sur le dessus de la tête. Aucun autre crocodile ne possède cette caractéristique.

    Le professeur Holliday pense que cette protubérance servait à attirer les femelles et à impressionner les prédateurs. Mais, elle servait peut-être également de régulateur thermique.

    Quelles étaient les principales proies de ce crocodile ? Probablement pas les dinosaures, mais plutôt les poissons, pensent les chercheurs qui ont publié leur étude dans la revue scientifique américaine Journal PloSONE du 31 janvier 2012.

    V. Battaglia (07.05.2012)

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    Les premiers tétrapodes

    Transition de la vie dans l'eau à la terre ferme

    Les vertébrés ne sont sortis de l’eau qu’une seule fois au cours de l’évolution. Une étape décisive puisque certains poissons sont partis à la conquête des continents, voici 375 à 360 millions d’années.
    La découverte de Tiktaalik roseae, un nouveau spécimen fossile mi-tétrapode mi-poisson, permet de mieux comprendre comment s’est effectuée la transition entre l’eau et la terre ferme.

    Tout récemment, un nouveau fossile de Ventastega (Ventastega curonica), vieux de 365 millions d'années, permet aux paléontologues d'avancer dans leurs recherches concernant le passage des premiers tétrapodes de la vie aquatique à la vie terrestre.

     

    Passage de la vie aquatique à la terre ferme

    Une des aventures les plus fascinantes de l’évolution est la sortie des eaux des vertébrés. Comment et pourquoi certains poissons ont-ils quitté le milieu aquatique ?
    Quelles sont les transformations qui ont accompagné ce passage vers le continent ?

    Cette série d’évènements constitue une véritable saga qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Cependant, les découvertes récentes de Tiktaalik roseae et de Ventastega curonica sont de première importance. En effet, jusqu’à présent, les chercheurs disposaient de fossiles très fragmentaires.

    Empreinte fossile d'un amphibien

    Empreinte fossile d'un amphibien du Dévonien analogue au Seymouria du Permien. © dinosoria

    L’un des premiers amphibiens, voire peut-être le premier, qui a foulé la terre, il y a environ 375 millions d’années, n’a laissé que l’empreinte de ses doigts.
    Les plus anciens restes osseux ont presque 370 millions d’années, mais ils sont trop incomplets.

    Ce sont les fossiles, âgés de 360 millions d’années, qui nous ont livré des squelettes presque complets.

    Tiktaalik roseae

    Tiktaalik roseae a la tête aplatie d’un crocodile et les dents tranchantes d’un prédateur. Sa morphologie est similaire à celle des poissons mais l’articulation de ses nageoires pectorales suggère que Tiktaalik pouvait supporter le poids de son corps. L’épaule et le coude sont flexibles, contrairement aux poissons.

    Tiktaalik roseae

    Tiktaalik roseae. Academy of Natural Sciences. By Colin Purrington

    Ce fossile a été découvert en Arctique, dans l’île canadienne d’Ellesmere, par l’équipe de Ted Daeschler, de l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie, et Neil Shubin, de l’université de Chicago. Plusieurs spécimen, mesurant de 1,2 à 2,7 mètres, ont permis de reconstituer cet animal.

    C'est le Conseil des sages de Nunavut, l'Etat arctique canadien, qui a choisi ce nom. Mot à mot, Tiktaalik signifie «grand poisson de basses eaux». Ce serait, à en croire ses découvreurs, le chaînon manquant du passage de la vie entre l'océan et la terre ferme.

    Les fossiles sont datés de 375 à 380 millions d’années ce qui place Tiktaalik entre les poissons à poumons comme Panderichtys et les premiers tétrapodes comme Acanthostega, vieux d’environ 365 millions.

    Tiktaalik possède des écailles et des nageoires. Mais ces dernières sont rigidifiées par un squelette osseux. Ce n’est plus vraiment un poisson et presque un vertébré terrestre.

    Tiktaalik roseae

    Tiktaalik roseae. Academy of Natural Sciences. By Brian Smith

    Tiktaalik vivait dans des lagunes peu profondes. Ses yeux sont placés sur le même plan que le dos, son cou est mobile, ses côtes sont solidaires de l'axe du squelette et il est doté d'une ceinture scapulaire (liaison osseuse avec le sternum) ainsi que de nageoires antérieures capables d'accomplir des mouvements complexes tout en soutenant le corps.

    La découverte de Tiktaalik vient donc étayer l'hypothèse selon laquelle c'est "l'habitat en eaux peu profondes dans les plaines inondables du continent euraméricain pendant le Dévonien supérieur qui a abrité la transition entre les poissons et les tétrapodes", soulignent les chercheurs.

    Source pour la découverte de Tiktaalik : Communiqué de l'université Harvard

    Ventastega

    Ventastega curonica est l’un des tout premiers tétrapodes connus. Comme d’autres tétrapodes du Dévonien supérieur, il possédait des branchies et une nageoire caudale.
    Il possédait également quatre membres épais et des doigts dont le nombre est inconnu.

    On sait que certains tétrapodes primitifs comme Ichthyostega ou Acanthostega possédaient plus de 5 doigts aux membres antérieurs et postérieurs.

    Ventastega

    Fossile de Ventastega, un tétrapode primitif (reconstitution effectuée à partir de fossiles fragmentaires). © G.Pinna

    Ventastega est connu des paléontologues depuis déjà plusieurs années grâce à des fossiles très incomplets découverts en Ecosse.
    Cependant, la dernière découverte effectuée dans des sédiments d'eau douce en Lettonie permet d’en savoir un peu plus sur ce tétrapode primitif.
    Les fossiles sont un peu moins fragmentaires : un crâne et une partie du bassin notamment.

    La taille de Ventastega est estimée à environ 1 m de long.

    A ce jour, les plus anciens tétrapodes ont été découverts dans des roches du Dévonien. Parmi eux figurent Metaxygnathus découvert également en Ecosse.

    Sources: Encyclopedia of Dinosaurs and Prehistoric Life 2001. Article sur la découverte de Ventastega sur Nature

    Les tétrapodes

    Les tétrapodes « quatre pieds » se développèrent au Dévonien à partir de poissons à nageoires charnues.

    Les tétrapodes regroupent tous les vertébrés possédant ou ayant possédé des membres : les amphibiens, les reptiles, les mammifères et les oiseaux.

    Le terme tétrapode n’est pas synonyme de quadrupède. Qu’ils se soient transformés en ailes ou en nageoires, les membres des tétrapodes sont les témoins de leur origine commune. Cela signifie qu’il existe des traits communs entre une baleine, une grenouille et un marabout.

    Fossile grenouille

    Rana pueyoi, du Miocène (Espagne). © G.Pinna

    Si l’on observe leurs squelettes, on constate que tous ces animaux, pourtant très différents, possèdent des vertèbres et des membres, plus ou moins développés, adaptés à leur milieu de vie.

    La grenouille a quatre membres, les pattes de la baleine ont disparu et ses membres antérieurs se sont modifiés en palettes natatoires ; quant au marabout, ses membres antérieurs se sont adaptés au vol.

    L’une des caractéristiques communes aux tétrapodes est de posséder des membres et des doigts bien formés. Les premiers tétrapodes possédaient de nombreux doigts (plus de cinq). Les tétrapodes plus évolués conservèrent cinq doigts.

    Les membres des tétrapodes ont dû apparaître au moyen d'une évolution des nageoires chez des poissons précurseurs comme Eusthenopteron.

    Illustration evolution membres des tetrapodes

    Evolution des membres des tétrapodes. © Transactions of the Royal Society of Edinburgh . Zoom schéma

    Enfin, les tétrapodes les mieux adaptés à la vie sur la terre ferme, les amniotes et les diadectomorphes, acquirent une articulation renforcée entre bassin et vertèbres : les zygapophyses vertébrales. Ces dernières permirent aux tétrapodes de soutenir leur corps au-dessus du sol.

    L’hypothèse la plus simple sur ce passage de l’eau à la terre est que les poissons à nageoires charnues sont passés sur la terre ferme afin de tirer parti de nouvelles ressources.

    Source: The Book of Life. Stephen Jay Gould 1993

    Acanthostega

    Il est considéré comme le précurseur de tous les tétrapodes. Ses membres en forme de rame, ses avant-bras particuliers, sa longue queue à rayon (comme chez les poissons), sa tête volumineuse et plate, ses branchies fonctionnelles, sont autant d’indices d’une vie plutôt aquatique.

    Les membres antérieurs d’Acanthostega avaient huit doigts probablement palmés pour former une palette natatoire. On pense aujourd’hui que l’évolution des membres et des doigts se produisit d’abord dans l’eau et non sur la terre ferme.

    Acanthostega

    Illustration Acanthostega. © Christian Jégou

    Des travaux de biomécanique indiquent que ce premier tétrapode était en fait incapable de se mouvoir sur le sol et de supporter son propre poids.

    Il a été découvert en 1987, au Groenland, par des chercheurs Britanniques et Danois. Il vivait au Dévonien supérieur et mesurait environ 1 m de long.

    Source: The Book of Life. Stephen Jay Gould 1993

    Ichthyostega

    Ichthyostega a été pendant longtemps considéré comme le plus ancien tétrapode connu, avant que la découverte d’Acanthostega, remette en cause son statut de doyen.

    Ichthyostega

    Illustration Ichthyostega. © dinosoria

    Il a été mis au jour en 1929 lors d’une expédition danoise au Groenland. Evoquant à la fois une salamandre et un crocodile, ce carnivore de 1 m de long n'était pas capable de marcher sur la terre ferme.

    Ichthyostega

    Ichthyostega groenlandica, Vertébrés, Sarcoptérygiens, Tétrapodes.
    Paléozoïque, Dévonien sup., -350 MA
    Origine : Groënland.
    Moulage du crâne (longueur 12 cm)

    © Laboratoire de paléontologie – Muséum national d’histoire naturelle – Paris sur le site du CNRS

    Ce tétrapode possédait sept doigts aux membres postérieurs.
    Les membres restent mal adaptés à la marche car soudés. Comme Acanthostega, Ichthyostega vivait au Dévonien supérieur.

    Source: Atlas des fossiles. 1999

    Amphibiens: une famille d’opportunistes

    Après avoir été assez nombreux au dévonien supérieur, les premiers tétrapodes se raréfient. Mais, à la fin du Carbonifère (-300 millions d’années), le nombre d’amphibiens explose.

    La formation des Grands Lacs au pied des montagnes et d’immenses marécages est peut-être à l’origine de cette multiplication.
    Ils restent encore liés au milieu aquatique pour leur reproduction et leur développement.

    Buettneria

    Buettneria était un Temnospondyle du Trias supérieur. Ses membres suggèrent qu'il ne marchait pas beaucoup sur la terre ferme. By Midnightglory (American Museum of Natural History)

    Le changement de climat, plus contrasté et plus chaud, et la réunion des continents en une seule masse, la Pangée, facilitent leur installation à travers le monde.

    Retour à l’eau

    Même si de nombreux groupes terrestres se multiplient, d’autres, en revanche, partent à la reconquête du milieu aquatique.
    La compétition qui les opposait à leurs cousins prédateurs était peut-être trop lourde à supporter.

    Des amphibiens s’aventurent dans les lacs, d’autres retournent explorer les mers chaudes.

    Et, encore une fois, le corps s’adapte. Certains perdent leurs membres et prennent une forme de serpent, comme Ophiderpeton.
    D’autres adoptent une morphologie très proche de celle des crocodiles ou des gavials actuels : le museau s’allonge, les pattes diminuent, la queue devient plus longue et le corps mieux profilé.

    Seymouria

    Seymouria baylorensis, du Permien était un tétrapode qui mêle des caractéristiques d'amphibien et de reptile. By Ryan Somma

    En fait, pratiquement chaque famille apporte des innovations, toutes plus originales les unes que les autres.

    Cependant, après une hégémonie de plusieurs millions d’années, les amphibiens vont pratiquement tous disparaître.
    Ont-ils été victimes de la concurrence des reptiles, mieux adaptés au milieu terrestre, ou du changement global de climat, de la raréfaction des milieux lacustres et marécageux ?

    Une chose est sûre : avant de disparaître, certains donneront naissance aux amniotes, dont nous sommes issus, et d’autres aux grenouilles et aux salamandres.

    V.Battaglia (15.04.2006) . M.à.J 06.2008

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