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Par Frawsy le 18 Décembre 2019 à 12:43
C’est peut-être dans cette corne d’abondance qu'est l'Alsace, au cœur du ténébreux mois de décembre, que nous pouvons le moins douter du retour de la lumière.
Fêter Noël en Alsace est un privilège exceptionnel. Ce “pays” nous est à la fois proche géographiquement et lointain par sa culture et sa langue spécifiques. Cette terre de France, comme la Corse, le pays Basque ou la Bretagne, est une de nos sentinelles culturelles aux confins du royaume, une gardienne de notre identité, puisant sa force dans la nuit des temps et assez forte pour faire la juste synthèse entre modernité et tradition.
Ce bout de France n’a pourtant pas été épargné par l’histoire : à chaque pas, une ancienne muraille, un fort, un mémorial, un cimetière témoignent de la rudesse des combats qui ont été livrés ici. Mais ce sang versé a irrigué plus qu’il n’a anémié cette terre puissante. Les villes et les villages sont plus beaux qu’ailleurs, la terre de la plaine offre les fruits les plus savoureux, les vins les plus fins et l’économie alsacienne est une des plus florissantes de France.
C’est peut-être dans cette corne d’abondance, au cœur du ténébreux mois de décembre, que nous pouvons le moins douter du retour de la lumière. Et c’est probablement du haut de la montagne vosgienne où un parfum de mystère sauvage existe encore que cette lumineuse Alsace sera la plus belle.
Partons donc quelques jours dans ce vieux massif vosgien célébrer “la plus européenne des fêtes” (1) dans une chaleureuse ferme auberge à l’écart des grandes migrations urbaines attirées par les marchés de Noël. Attention cependant, ce nid d’aigle surplombant la vallée de Munster à 1096 m d’altitude peut être difficile d’accès en hiver. En effet, seule une étroite route forestière longue de 3 km permet l’accès à l’auberge, mieux vaut donc prévoir une voiture correctement équipée (pneus neige, chaînes). Et vous aurez alors peut être le privilège de débuter votre séjour par une arrivée sous un soleil radieux aux dessus des épaisses brumes de la vallée ; probablement soufflées la nuit même par le “dragon du Brand” (2).
Cette auberge est aussi une ferme où l’on élève un animal bien particulier : le renne. Cette touche scandinave renforce encore un peu plus l’esprit boréen du lieu. Lors de la visite de la Ferme aux Rennes, vous découvrirez sous les sapins une petite maison tordue où parfois vient se reposer le père Noël, un homme de grande stature à la barbe florissante parfaitement authentique (nous avons testé pour vous) et dont le profond regard bleu fera douter les plus sceptiques (personnellement je n’exclus pas qu’il soit le vrai).
Le soir venu, vous pourrez prendre un copieux repas près de la cheminée de l’auberge et goûter à la merveilleuse cuisine alsacienne en contemplant le soleil se coucher sur le Hohneck.
Les produits mis à l’honneur sont pour la plupart issus des fermes avoisinantes.
Le lendemain, après une nuit de sommeil réparateur et un petit déjeuner montagnard, vous pourrez vous lancer à la découverte du massif grâce aux nombreux chemins de randonnée balisés (à pied ou en raquettes selon les conditions d’enneigement). Par ailleurs, l’accès aux pistes de ski alpin du Tanet est direct depuis l’auberge.
Enfin, non loin de la Ferme aux Rennes, réside l’un des joyaux de cette petite montagne : l’auberge du Schupferen. Cette rustique auberge d’altitude est habitée toute l’année par une famille d’éleveurs ; on croise d’ailleurs souvent leurs chèvres en liberté sur les chemins environnants. Il est possible d’y goûter une délicieuse cuisine familiale traditionnelle comme l’on en trouve presque plus sur le massif vosgien. Vous pourrez notamment vous régaler de l’un des meilleurs siesskas que je connaisse (fromage blanc du jour, crème fraîche et kirsch). Ici pas de gadget exotique, pas de décoration exubérante, la maison est toujours calme et sereine. Le poêle au centre de la pièce diffuse une douce chaleur, quelques vêtements accrochés ici et là autour du foyer sont en train de sécher, ce lieu est suspendu aux cimes, suspendu au temps.
Les vins y sont tous bons et très abordables, préférez néanmoins les petits producteurs à la cave coopérative de Turckheim très représentée dans les auberges du massif.
Nous voici au terme de ce périple, il est temps de redescendre dans la vallée, plus fort que jamais, pour affronter la plus longue nuit de l’année…
Nicolas d’Aubigny — Promotion Marc Aurèle
Ce texte fait partie d’une série, les itinéraires gastronomiques (en savoir plus).
Notes
- Pierre Domnaiche, “Noël, la plus européenne des fêtes”
- “En ce temps là, la vallée du Rhin était couverte d’eau et seules les plus hautes collines émergeaient de la mer d’Alsace. Un jour, un dragon sortit des eaux et grimpa au sommet de la colline du Brand. Fatigué et apaisé par la douce torpeur du lieu, il s’assoupit. Tout le reste de la journée, le soleil continua de briller de plus en plus fort, si bien que la chaleur fit fondre les écailles du dragon. Son sang se mit à bouillir et il se répandit rapidement sur la terre desséchée. Dans un dernier sursaut, le dragon épuisé se retira dans une grotte. Mais il était trop tard et le dragon y mourut d’épuisement.” histoiresdevins.fr
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Par Frawsy le 7 Novembre 2019 à 13:59
Janet Werner, une peintre montréalaise à découvrir
Elle est une figure majeure de la peinture contemporaine et est exposée dans des dizaines de galeries d’art partout au pays.
Anne-Frédérique Hébert-Dolbec de la revue Châtelaine
Janet Werner (Photo : Paul Litherland)Peu connaissent le travail audacieux de la peintre montréalaise Janet Werner.
Cela risque toutefois de changer au cours des prochains mois, alors que le MAC consacre une exposition à la dernière décennie de sa carrière. L’artiste s’est surtout fait remarquer pour ses portraits fictifs uniques, dont plusieurs sont réalisés à la manière d’un «cadavre exquis».
«J’utilise des photographies trouvées dans les magazines de mode, dit-elle. Au départ, ces photos ne sont que des coquilles vides, destinées à vendre. C’est une idée unilatérale de la beauté qui nous consume constamment. Le collage me permet de transformer ce vide en personnages plus intéressants, qui représentent la complexité de la condition humaine.»
Dans ces figures composites se côtoient la séduction et la destruction, l’humour et la réflexion, la culture populaire et l’imaginaire. «Je veux que mes personnages conservent une certaine beauté qui attire le regard. Cependant, en les extirpant de leur contexte original, je peux me permettre de poser des questions.»
Janet Werner, Folding Woman, 2009, Huile sur toile, 167,5 x 134,5 cm, Collection particulière (Photo: Paul Litherland)Janet Werner, Hover (The Distance Between Here and There), 2017, Huile sur toile, 188 x 152,5 cm, Collection Banque Nationale (Photo: Guy L’Heureux)
Janet Werner, Untitled (Gallery), 2017, Huile sur toile, 223,5 x 170 cm, Collection Banque Nationale(Photo: Guy L’Heureux)
Janet Werner. Jusqu’au 5 janvier au Musée d’art contemporain de Montréal.
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Par Frawsy le 27 Juin 2018 à 14:35
Jardin médiéval : top 5 des plus beaux
jardins du Moyen-Âge
En voyageant à travers la France, vous avez peut-être déjà foulé la pelouse d’un jardin médiéval. L’atmosphère du Moyen Âge imprègne les pierres et les jardins du Val de Loire et d'ailleurs : il s'y murmure des contes et des légendes à l’ombre des douves et des cloîtres, on y cultive des légumes et des plantes médicinales. Château de Rivau, jardin médiéval de Bois Richeux, château d’Ainay-le-Vieil… Découvrez notre classement des plus beaux jardins médiévaux à visiter en France.
Château du Rivau : des jardins moyenâgeux de contes de fées
À l’ombre d’une forteresse médiévale, non loin de Chinon, Patricia cultive ses jardins comme personne. On la dit rêveuse et créative, c'est qu'elle a tout d'une fée. Chacun des 14 espaces verts est inspiré par les légendes merveilleuses du Moyen-âge. Patricia manie les contrastes à la perfection : tradition saupoudrée d'art contemporain, parterre de lavandes devant la façade en pierre blanche du château (le célèbre tuffeau de Touraine), arbres se tordant d'amour. Avec son équipe, elle taille le labyrinthe d'Alice, sème des objets magiques dans le bois et le jardin du petit poucet.
Un jardin médiéval fleuri
Comme si tout cela ne suffisait pas, les jardins médiévaux du Rivau offrent au regard et au nez 450 variétés de roses parfumées. Et pour que vous puissiez prendre un peu de hauteur pour admirer toutes ces merveilles, des coussins sont installés devant les fenêtres à meneaux du château. Patricia et les jardiniers du Rivau sont sensibles au respect de l'environnement et pratiquent leur art sans engrais chimique. Les fleurs simples sont préférées aux hybrides parce que davantage visitées par les insectes pollinisateurs. On cultive aussi l’équilibre naturel entre plantes dans le but d’attirer ces insectes. Entre les rosiers, se faufilent des plantes aromatiques comme la lavande et l’aneth, répulsifs naturels contre les pucerons.
Château d’Ainay-le-Vieil : des jardins médiévaux à l'ombre d'une fortresse
Marie-Sol de La Tour d’Auvergne est « LA » spécialiste des jardins au sein de cette famille propriétaire depuis 1467 de ce château surnommé le « petit Carcassonne ». Elle en parle avec affection : grâce à elle, c'est un voyage dans le temps que content ces jardins médiévaux puisqu’elle a su préserver le passé tout en innovant constamment. L'omniprésence de l'eau fait de ces spaces verts un lieu unique. Défensive quand elle entoure le château, elle devient d'agrément lorsqu'elle se déroule autour des jardins en formant le Grand Carré de l'île, grâce à un judicieux réseau de canaux.
Les Chartreuses, c’est comme des maisons à ciel ouvert
Petite excursion dans les Chartreuses : constructions très rares en France, elles ressemblent à celles du Potager du Roi à Versailles, créées pour Louis XV. Dans les jardins d’Ainay-le-Vieil, elles s'étendent sur 5 ha. Cinq jardins moyenâgeux se blottissent derrière de hauts murs, évoquant des époques et des univers très différents : le mixed-border, le verger sculpté, le jardin de méditation, le cloître des simples et les parterres de broderies. Les hauts murs ont la vertu de retenir puis de restituer la chaleur du soleil, créant ainsi un microclimat. Prolongeant de cette manière le plaisir de cueillir et de goûter les fruits à maturité…
Mignonne, allons voir si la rose…
Délicates, fragiles, élégantes, parfumées… les roses, anciennes ou plus modernes, symbolisent l’amour. À la saison, leurs parfums embaument les jardins. Elles portent des noms évocateurs ou enchanteurs : Chapeau de Napoléon, La Petite Malmaison ou Impératrice Joséphine s’épanouissent dans la roseraie ancienne des jardins du château d’Ainay-le-Vieil. Dans les jardins du château du Rivau, les roses sont sélectionnées pour leur parfum. La collection de 450 variétés de roses parfumées dévoile ses étonnantes fragrances : senteurs de thé et de myrrhe, de pomme verte, de citron et de framboise, de salade de fruits ou du rare parfum de musc.
Jardin médiéval de Bois Richeux : nourrir et soigner au Moyen Âge
Dis, ça soigne quoi la sauge ?
Il y a longtemps, très longtemps, vivait ici une druidesse nommée Richeulde qui donna son nom à cette ancienne ferme celte, l’une des plus anciennes de France. Et pour se souvenir de son savoir, les hommes d'aujourd'hui ont recréé un jardin qui soigne le corps et l'âme. Pour ce faire, ils se sont inspirés de descriptions de jardins clos du Moyen-Âge datant du XIIIème siècle et y ont semé et planté des simples (plantes médicinales), des plantes aromatiques et des légumes anciens. Ici, tout est symbole et sérénité. Chaque massif est un chemin qui va du carré (la Terre) à l'arrondi roman (le Ciel). Nul doute que Richeulde aurait aimé s’asseoir dans le cloître de charmes qui conduit de la chambre d'amour au jardin de méditation.
Jardins du Prieuré Notre Dame d’Orsan : la culture du calme et de la sérénité
Ici tout est symbole et invite à la méditation
C’est au cœur d’une abbaye fondée en 1107 que sont nichés les jardins médiévaux du Prieuré Notre Dame d’Orsan, c'est dire si les lieux ont une âme particulière. Jardins contemporains d’inspiration monastique médiévale, ils mêlent intimement l’utilitaire et la symbolique du Moyen Âge. Ici, tout est symbole et sérénité. Au cœur des jardins, le cloître et sa fontaine sont entourés de quatre carrés de vignes. Depuis ses allées centrales ponctuées d'arceaux de charme et de gloriettes, on accède aux autres jardins. Parterres surélevés, tonnelles, tressages, palissages sont à l’honneur. Un cœur vert enlace même la façade... Les deux chambres de la roseraie : le jardin de Marie, sont plantées de rosiers uniquement blancs et roses. Il faut prendre le temps de découvrir, de flâner. S’asseoir pour profiter du chant des oiseaux que les jardiniers cajolent en disposant un peu partout des nichoirs et des mangeoires.
Des plantes pour soigner l'âme et le corps
Sauge, hysope, menthe, thym… Ces plantes aux vertus médicinales étaient largement utilisées au moyen âge. En effet, un texte législatif édicté par Charlemagne, le « Capitulaire de Villis », imposait à chaque jardin royal de cultiver une centaine de plantes médicinales, aromatiques et condimentaires pour servir les besoins de la population. Dans les jardins du Prieuré Notre Dame d’Orsan, les "simples", des plantes qui pouvaient être utilisées seules pour soigner les maux du quotidien, sont étiquetées et présentées dans des parterres de terre surélevés. Installées au milieu d'un damier de préaux, les 200 plantes du jardin médiéval de Bois Richeux soignent ou se mangent.
Jardins de l’Abbaye de Thiron Gardais : sur la trace des moines bénédictins
Dans les jardins thématiques de l’Abbaye de Thiron-Gardais la promenade est ludique. La curiosité éveillée par des énigmes, petits et grands parcourent dix jardins médiévaux aux univers différents, guidés par des panneaux d'interprétation. Le jardin des simples célèbre les herbes médicinales tandis que le potager accueille légumes décoratifs ou culinaires aux formes et couleurs variées. Dans le jardin des aromates, l’odorat est taquiné par les menthes et les romarins. La prairie fleurie « redessine », en couleurs, l’emplacement de l’ancien cloître. L’allée des tilleuls conduit au jardin médiéval des rhododendrons aux étonnants parfums de miel et d’épices. La terrasse fruitière plantée de pommiers, figuiers et amandiers surplombe le jardin des couleurs dont les carrés dessinent au sol une mosaïque inspirée de pavés médiévaux. L’allée de rosiers mêle roses anciennes et roses contemporaines et le vivier des moines offre un cadre bucolique.
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Par Frawsy le 29 Novembre 2017 à 09:51
Firminy : plongée dans l'univers de
Le Corbusier
À Firminy, tout près de Saint-Etienne se trouve le plus grand ensemble architectural européen réalisé par Le Corbusier. Visitez un site unique en son genre.
La Maison de la Culture est le seul bâtiment achevé du vivant de Le Corbusier. À l’époque, il voulait tester une nouvelle solution technique : une toiture posée sur des câbles tendus entre les deux façades.
La Maison de la Culture, enfin classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
L'œuvre de l'architecte franco-suisse Le Corbusier a finalement été inscrite au Patrimoine mondial, le 17 juillet 2016 par l'Unesco. C’était la troisième fois que l’œuvre de le Corbusier était candidate au classement « patrimoine mondial de l’humanité ». Mais cette fois-ci, le dossier était particulier car il s’agissait d’une demande d’inscription sérielle transnationale : concernant 17 bâtiments répartis dans plusieurs pays sur trois continents différents (France, Allemagne, Suisse, Japon, Argentine, Belgique…). Découvrez tous les détails de la candidature sur le site dédié : http://sitelecorbusier.com/
Autre point de vue de la Maison de la Culture signée Le Corbusier, à Firminy (42).
Firminy, symbole de la reconquête urbaine
Firminy… Ceux qui aiment Le Corbusier connaissent forcément ce site incroyable quirassemble le plus grand nombre d’œuvres modernistes de l’architecte.
Dans les années 1950, le maire de Firminy, Eugène Claudius-Petit, ministre de la reconstruction d’après-guerre et de l’urbanisme décide de redonner un nouveau souffle à sa commune. Sa rencontre avec Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, va donner naissance à une « cité-idéale », un lieu de tous les possibles et de tous les usages : habiter, travailler, se recréer, circuler.
Faisant office de modèle national à l’époque, ce quartier reçut le grand prix national d'urbanisme en 1961. Pour reprendre les principes de la Charte d’Athènes, il prône « un urbanisme répondant aux besoins du corps, de l’âme et de l’esprit, dans un cadre où soleil, espace et verdure dominent ».
Les œuvres de Le Corbusier, dans l’attente d’un classement
À Firminy cohabitent plusieurs bâtiments :
Le stade (le seul classé monument historique en France)
L’unité d’habitation, inaugurée en 1967 et classée en partie Monument historique.
L'art du détail et de la touche de couleur jusque dans les balcons.
Dans les immeubles, les portes de couleurs rythment le cheminement dans les couloirs qui font penser à des rues intérieures.
Et aussi, la piscine, intégrée au plan initial, construite par André Wogenscky.
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