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    Aux frontières médiévales du Limousin

     

    Par Philippe Bourget
     
     

    Entre Haute-Vienne, Dordogne et Corrèze, l’itinéraire Richard-Cœur-de-Lion sillonne les marges limousines, charentaises et périgourdines. De châteaux en places fortes, d’églises en prieurés, certains sites rappellent les combats du Moyen Âge entre les royaumes d’Angleterre et de France. Ils font ressurgir la mémoire de Richard Ier, dit Cœur de Lion, tué à Châlus en 1199 et fil rouge de ce parcours historique et champêtre.

     

     

     
    Le château de Rochechouart en Haute-Vienne
    Le château de Rochechouart en Haute-Vienne, dans le Limousin historique, fut batî au XIIe siècle et modifié au XVe siècle. 

    L’Histoire et ses grands personnages servent parfois d’alibi pour visiter un territoire à l’image indécise, comme ce bout de Haute-Vienne, placé aux marges de la Charente et de la Dordogne, au sud-ouest de Limoges. Limousine au cœur, charentaise à l’ouest, déjà périgourdine au sud, son identité flottante est heureusement fédérée par un personnage clé de l’Histoire de France, Richard Cœur de Lion. Si ce roi d’Angleterre, fils d’Henri II de Plantagenêt, n’a pas personnellement fréquenté les 23 sites qui jalonnent la route touristique (créée en 1984), il en est la ritournelle. Ne serait-ce que parce qu’il fut blessé mortellement à Châlus en 1199, en voulant reprendre cette place forte (et étape essentielle de l’itinéraire) à la vicomté de Limoges, alors ralliée au roi de France Philippe Auguste.

     

     

    Les seigneuries du Limousin : entre deux camps

     

    Richard Cœur de Lion renvoie aux temps médiévaux des luttes entre la France et l’Angleterre. Le souverain naît en 1157 à Oxford, sous le nom de Richard Ier. Aliénor d’Aquitaine, sa mère, a épousé le roi d’Angleterre et l’alliance a fait basculer l’Aquitaine et le Poitou côté outre-Manche, ouvrant de longues hostilités avec le royaume de France. En 1169, Richard Ier est intronisé duc d’Aquitaine à Limoges puis, après la mort de son père en 1189, couronné roi d’Angleterre à Westminster. Le voilà donc en charge de défendre les terres de son royaume. Les seigneuries du Limousin se trouvent à l’interface des deux camps et n’ont de cesse de subir leur influence réciproque.

    Pour se protéger des convoitises, elles se couvrent de châteaux forts, aux XIIe et XIIIe siècles. Châlus, Châlucet, Coussac-Bonneval, Lastours, Montbrun... : ces forteresses protègent des féodalités sur la « ligne de front », dont certaines changeront de camp au gré de leurs intérêts. Remaniés ou reconstruits, ces châteaux entre lesquels s’intercalent églises et prieurés forment, à l’image de la route Jacques-Cœur en Berry, un itinéraire touristique d’environ 200 km, le long de paysages vallonnés et verts. Une campagne aux paysages sans reliefs marquants, sauf à considérer l’enchaînement serein de prairies et de bois comme une image symbole de notre France rurale.

     

    Le fief des Rochechouart 

     

     
    Le château de Rochechouard

    La route démarre à Rochebrune, en Charente. La belle résidence-maison forte des princes de Chabanais (XIe siècle) a été transformée par les Rochechouart en château fort aux XIIIe et XIVe siècles, puis adaptée aux goûts de la Renaissance au XVIe siècle. Rochechouart signe justement l’entrée principale de l’itinéraire en Haute-Vienne. Après Saint-Junien et sa collégiale, dont le tombeau monumental sculpté (XIIe siècle) a peut-être été vu par Richard Cœur de Lion, cette ville perchée au-dessus de deux vallées a toujours été le fief des vicomtes locaux, les Rochechouart. Ils étaient opposés au comté d’Angoulême, tombé aux mains de Richard Cœur de Lion en 1176. Témoin de la puissance de la famille, le gigantesque château, au bord du promontoire, a été construit vers 990, transformé en château fort par Aymeric VI à la fin du XIIe siècle (seul reste le donjon) puis en demeure Renaissance à la fin du XVe siècle. Le territoire vicomtal, stabilisé dès le XIIIe siècle, formera la trame des limites actuelles entre la Haute-Vienne, la Charente et la Dordogne.

    Aujourd’hui, le château abrite le musée départemental d’art contemporain, ainsi que le fonds de l’artiste dadaïste Raoul Hausmann. Le village et ses maisons de pierre, comme l’église au clocher tors, valent une petite balade en sortant du château. La route s’échappe ensuite dans la campagne profonde, vers Les Salles-Lavauguyon. Arrêt à l’église-prieuré Saint-Eutrope, dont la façade de type roman saintongeais et les fresques du XIIe siècle sont remarquables. Passés d’autres ruines et châteaux plus récents (Lavauguyon, Cromières, Brie), la route grimpe au Grand-Puyconnieux. À 498 m d’altitude, ce tertre offre une vue sur les collines boisées typiques de ce carrefour entre trois départements.

     

     
    Le château de Montbrun

    L’étape suivante est Montbrun. Pause obligatoire devant la forteresse la plus esthétique du parcours, avec son avant-scène d’étang et de rivière. C’est l’un des rares exemples en France de château fort bâti dans une plaine marécageuse, et non sur un promontoire. Au Moyen Âge, il dépendait du comté du Poitou. Bâti au XIIe siècle par Aymeric Brun, reconstruit au XVe siècle après avoir été incendié, puis restauré après la Révolution, il conserve de jolies tours rondes dominées par le donjon originel de 35 m de haut des XIIe et XIIIe siècles. Lors de l’attaque de Châlus par Richard Cœur de Lion, l’un des défenseurs du site se nommait Pierre Brun, vraisemblablement apparenté à la famille de Montbrun.

     

    Un tir d'arbalète fatal

     

     
    Le château de Châlus-Chabrol

    Quelques kilomètres plus loin, voici donc Châlus, lieu de cette bataille durant laquelle Richard Cœur de Lion fut mortellement blessé par un carreau d’arbalète, en mars 1199. Le château de Châlus-Chabrol trône au sommet d’un éperon rocheux dominant le village et la rive gauche de la Tardoire. Édifié dès le XIe siècle par une lignée de seigneurs locaux, il devint un fief de la vicomté de Limoges. Le territoire était rattaché à l’Aquitaine et donc au royaume d’Angleterre mais, rebelle aux Plantagenêt, il attisait la révolte contre Richard Ier. De quoi rembrunir le personnage au tempérament impulsif et batailleur, plus guerrier que monarque – ses exactions lors des croisades le prouvent. Il leva ainsi une armée pour mater la rébellion de la vicomté. Périgord, Limousin... les forteresses furent assiégées. C’est en inspectant le siège du château de Châlus qu’il reçut un tir d’arbalète à l’épaule. Il mourut de la gangrène le 9 avril 1199.

     

     

    De châteaux médiévaux... 

     

    Enterré à l’abbaye de Fontevraud près de son père, son cœur fut envoyé à Rouen et ses entrailles enfouies dans la chapelle du château de Châlus-Chabrol. Après tant de siècles, il ne reste que d’infimes traces du bâtiment originel. Seuls demeurent des vestiges de la chapelle. Le château, rebâti au XIIIe siècle, restera rattaché à la vicomté de Limoges. Un dénommé Géraud de Maulmont, clerc du roi de France, en devint propriétaire. Il fit construire un second château (Châlus-Maulmont, vestiges dans le village) et fut à l’origine de celui de Châlucet.

     

     
    Le château de Lastours

    Sur la route de ce dernier se trouve le château de Lastours. Cette ruine féodale évoque la puissance de la famille des chevaliers de Lastours, maîtres de la région durant huit siècles. Rattachés à la haute aristocratie limousine, ils s’illustreront lors de la mise en déroute des mercenaires de Richard Cœur de Lion à la bataille de Malemort, en 1177. Le château accueille de nombreuses animations aux beaux jours.

     

     
    Le château de Châlucet

    Dominant les vallées de la Ligoure et de la Briance, Châlucet est un autre exemple de château médiéval du XIIe siècle. La visite vaut pour le site, perché dans la forêt et accessible à pied. Les ruines de la haute façade et l’imposante tour Jeannette rappellent l’importance de ses seigneuries, arcboutées à leurs privilèges et enclines à s’opposer à leurs suzerains, qu’ils soient de la vicomté de Limoges, poitevins, aquitains ou anglais.

     

    ... En trésors du patrimoine 

     

     
    L'église romane fortifiée de Chalard

    Avant l'étape finale, un détour par les terres périgourdines s’impose. Sur la route, arrêt au Chalard, pour voir la superbe église romane limousine du XIe siècle et son cimetière des « moines artisans ». Une quarantaine de tombes de granit, du Moyen Âge au XVIe siècle, portent des sculptures d’outils artisanaux, haches, navettes de tisserands, tenailles, marteaux... Le Chalard a été fortifiée à la fin du XIIe siècle afin de se défendre, elle aussi, des attaques anglaises.

     

     
    Le château de Jumilhac en Dordogne

    L’incursion en Dordogne permet de découvrir l’un des plus grandioses châteaux du Sud-Ouest, Jumilhac (XIIIe-XVIIe siècles). Au cœur du village, il impose ses impressionnantes tours et tourelles ornées de faîtières allégoriques, uniques en France. Retour en Haute-Vienne, pour découvrir Saint-Yrieix-la-Perche, connue pour ses produits de bouche (lire portrait p. 43) et pour son patrimoine médiéval. Si notre ami Richard vint un jour ici, il a pu voir la construction de la collégiale, entamée en 1180. L’édifice, voulu par Bernard de Comborn, issu d’une puissante famille alliée aux vicomtes de Limoges, fut achevé au XIVe siècle. Il était fortifié, comme le fut aussi la ville enserrée dans des remparts toujours visibles. Autre relique médiévale, la tour du Plô, vestige civil entouré de maisons, dont certaines sont à pans de bois. La bibliothèque abrite une bible du XIIe siècle aux belles enluminures. Ses pages ont peut-être été feuilletées par Richard Ier lors de ses incursions guerrières en Limousin.

     

     
    Le château de Bonneval

    Encore un témoin de ces temps troublés : le château de Bonneval, à Coussac-Bonneval, forteresse attestée dès l’an 930 en tant qu’élément de la ligne de défense des vicomtes de Limoges. La bâtisse aux quatre belles tours fut reconstruite au XIVe siècle et remaniée au XVIIIe siècle. « Elle a toujours été rattachée à la monarchie française et propriété des Bonneval, sauf de 1370 à 1373. Les seigneurs d’alors avaient décidé de se rapprocher de l’Angleterre et le château a été spolié par le roi de France ! », rappelle Géraud de Bonneval, l’actuel propriétaire. Comme quoi, en ces temps troublés, il fallait y réfléchir à deux fois avant de choisir son camp...

     

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    Art et Culture 5:  Aux frontières médiévales du Limousin

     

    Art et Culture 5:  Aux frontières médiévales du Limousin

     

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    Les Monts de Blond : légende

    du Limousin

     

    Par Hugues Dérouard
     
     
     

    Les monts de Blond – petit massif granitique à l’ouest de Limoges culminant à 515 mètres d’altitude –, évoquent les recoins les plus mystérieux de la Bretagne intérieure. Un circuit des mégalithes de 11 kilomètres part à la découverte de cette « montagne » secrète, bulle de nature fourmillant de légendes.

     
     
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    Cieux, dont les habitants sont appelés les Ciellois, est un village truffé de souterrains creusés lors de la Première Guerre mondiale. Son étang artificiel de 43 hectares est un paradis pour les pêcheurs

    Massif isolé à l’ouest de Limoges, les monts de Blond constituent le premier relief rencontré lorsque l’on vient de la côte atlantique. Cette barre granitique orientée d’est en ouest s’allonge sur une dizaine de kilomètres, faisant de ce territoire une montagne en miniature. Une montagne, vraiment ? L’endroit ne culmine qu’à 515 mètres ! « Détrompez-vous, répond Bernard Chevallier, président de l’office de tourisme du Haut-Limousin, l’altitude a joué plus d’un tour aux aviateurs. Plusieurs avions s’y sont écrasés, surpris par le relief un jour de brume, avant que ne soit installé au milieu des années 1990 un radar d’aviation civile… C’était un peu le triangle des Bermudes avant ! » Les habitants de Bellac, belle cité médiévale qui fait office de porte d’entrée, ne s’y risquaient même pas à une époque pas si lointaine : « Pour les habitants de Bellac, les monts étaient jadis le “pays des sorciers”, sourit Bernard Chevallier. D’ailleurs, certains d’entre eux avaient eu du mal à admettre, il y a quelques décennies déjà, la mise en place des sentiers de randonnées dans ce secteur…»

     

     

    Art et Culture 5:  Les Monts de Blond : légende du Limousin

    Entre les villages de Villerajouze et Blond, le chaos rocheux de Puychaud. Ce bouleversement chaotique marque la ligne de partage des langues d'Oc et d'Oïl
     

    Un circuit de mégalithes au village de Ceinturat

     

    Aujourd’hui, la région est appréciée le weekend d’un grand nombre d’habitants de Limoges, mais ne se livre pas facilement : « Très longtemps, ce territoire a été sans véritable voie de communication, très enclavé. On y a longtemps vécu dans une certaine autarcie et des traditions y ont perduré plus longtemps qu’ailleurs… », explique Nicole Raynaud, conservatrice de la lande de la Butte de Frochet. Roland Bosquet, écrivain installé dans le village de Cieux, confirme : « Les nombreuses vallées et les multiples étangs cachent encore leurs sombres légendes, mais c’est toujours avec générosité qu’elles se dévoilent à qui sait prendre le temps de les regarder ». Au départ du village de Ceinturat, le circuit des mégalithes, de onze kilomètres, bien balisé, permet au randonneur de découvrir les insolites pierres qui font la renommée des monts dans tout le Limousin. Au détour d’un sentier, en lisière d’un champ, d’une tourbière, surgissent ces roches aux formes étranges, façonnées par l’érosion au fil des millénaires. « Ces ruisseaux, ces rochers associés à d’ancestrales légendes, ces étangs où j’aime me baigner les beaux jours… Moi qui connais bien la Bretagne intérieure, je peux vous dire qu’il y a quelque chose qui rappelle l’ambiance mystérieuse de Brocéliande ou des monts d’Arrée », confirme l’éditeur Olivier Rougerie, qui vit à Mortemart.

     

     
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    Le dolmen de la Borderie, à Berneuil près du village de Blond
     

    Une maison d'édition pas comme les autres

    Qui le soupçonnerait ? Dans une rue en pente de Mortemart se niche une maison mondialement célèbre : les éditions Rougerie. Spécialisées dans la poésie, elles furent fondées en 1948 à Limoges par René Rougerie, journaliste et résistant. En 1956, il s’installe dans les monts de Blond. Il y édite Boris Vian, Saint-Pol-Roux, Max Jacob, René Char, Victor Segalen, pas moins. Aujourd’hui, c’est Olivier, le fils, qui est seul aux commandes, avec la même passion que son père. Il fonctionne toujours « à l’ancienne » pour éditer des recueils de poésie ne dépassant pas 1 500 exemplaires. Il effectue toutes les tâches, de la lecture des manuscrits (il en reçoit chaque jour) à la reliure en passant par la typographie et la diffusion chez les libraires. Il aime « l’odeur de l’encre, manipuler le plomb, entendre le papier qui bouffe. Je ne suis pas passéiste, au contraire, mais pour ce type de diffusion, c’est encore le modèle le plus performant ! » Il avoue une préférence pour les poètes peu connus ou tombés dans l’oubli. « Et le lien tissé avec l’auteur est primordial ! », ajoute-t-il.

     

    Puychaud, Boscartus : des pierres de légende

    Sur une colline boisée entre Blond et Javerdat, il faut voir les rochers de Puychaud. Quatre gros blocs granitiques semblent avoir été installés là par un géant ! Plus loin, la pierre branlante de Boscartus, 120 tonnes posées en équilibre comme par magie sur une autre pierre, se découvre au coeur d’une clairière. « Les anciens affirment que cette pierre servait de tribunal : si un accusé pouvait la faire bouger, il était reconnu innocent », explique Nicole Raynaud. Nous avons eu beau essayer de la pousser dans tous les sens, nous n’avons pas réussi à la faire bouger, ne serait-ce que d’un millimètre ! Nous voilà devant la « pierre à sacrifices », près du bourg de Ceinturat. Ce bloc de granit porte à son sommet des creux dans lesquels certains voyaient la forme de corps humains sacrifiés… Plus, loin, près de l’étang de Fromental, nous tombons sur une insolite pierre en forme de gigantesque cèpe… « La nature a façonné des choses extraordinaires ! », s’enthousiasme Sylvie, une promeneuse amoureuse de ce territoire envoûtant. « Les monts de Blond excitent facilement l’imaginaire, analyse Nicole Raynaud. Nombreuses sont les légendes, comme celle de la mandragore, associées aux rochers. Les champs sont remplis de ces échines rocheuses, donc on ne peut rien y cultiver. De ce fait, on a longtemps pratiqué le pastoralisme ici, et les bergers, un peu passifs, un peu rêveurs devant les rochers, ont sans doute imaginé beaucoup de choses… On ne savait pas expliquer ces formes curieuses, alors on a inventé des histoires ! Et puis, les monts de Blond ont été beaucoup boisés, mais c’était avant tout un grand paysage de landes. Ces grandes étendues de bruyères ajoutaient quelque chose de hanté, à la nuit tombée… »

     

     
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    La pierre branlante de Boscartus. 120 tonnes de granit que les condamnés, au Moyen Âge, devaient faire bouger pour prouver leur innocence et être graciés. Combien furent-ils ? Mystère
     

    Des croix gravées dans la roche

     

    Il y a aussi ces mégalithes érigés par l’homme à la préhistoire, tels le dolmen de Rouffignac ou les Rochers des fées, à Cieux, qui servirent d’abri au néolithique, puis de nécropole… Au coeur de la forêt, le menhir de Ceinturat, classé monument historique, impressionne. Il est le plus grand du Limousin : 5,10 mètres de haut. Certains murmurent que si l’on veut se marier dans l’année, il suffit de lancer une pierre sur › son sommet : si elle s’y maintient, le voeu sera exaucé… La « pierre à cupules », à l’entrée du village d’Arnac, est un menhir qui porte d’étranges signes de croix gravées. « Ce mégalithe a été objet de vénération jusqu’au Xe siècle au moins. Une religion païenne – survivance de l’époque des druides – qui était vue d’un mauvais oeil par l’Église. Celle-ci a fait détruire nombre de dolmens ou, dans d’autres cas, les a christianisés, en gravant ce genre de croix… », explique Nicole Raynaud. En suivant le sentier des mégalithes, on tombe sur la chapelle du Bois-du-Rat, l’une des dernières églises-granges de la région, en bordure d’un champ.

     

     
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    L'église romane et sa nef, XIIIe siècle, de Montrol-Sénard. Ce village est un écomusée où le visiteur découvre la vie rurale au début du XXe siècle
     

    Oradour-sur-Glane, le village Martyr

     

    « Silence », « Souviens-toi », disent les panneaux. On n’entre pas dans le village martyr sans retenir son souffle. Au sud des monts de Blond, Oradour-sur-Glane est tristement célèbre à travers le monde entier. Le 10 juin 1944, une unité de la division SS Das Reich y massacre avec préméditation 642 habitants, quatre jours après le Débarquement des Alliés en Normandie. Dès l’immédiat après-guerre, les ruines du village – 1 500 habitants en 1936 – furent classées monument historique, conservées en l’état pour témoigner. Des carcasses de voitures brûlées, des vestiges de boutiques et de maisons, de l’école, ou l’église en lambeaux où furent regroupés et exterminés femmes et enfants. 

     

    Des légendes à faire peur

     

    Ce jour-là, la porte est entrouverte. Toiles d’araignées, crucifix vieillis, murs noircis par la fumée des cierges… Les paysans y venaient pour obtenir la guérison de certains animaux. « S’il y a encore des vénérations, elles sont totalement privées. Il n’y a aucune procession officielle de l’église aujourd’hui », poursuit notre guide. Plus loin, plus haut, la chapelle perchée du Vaulry (XIXe siècle) offre l’un des plus beaux points de vue sur les monts, mais, on n’a guère envie de s’y attarder à la nuit tombée : la presse locale rappelait encore récemment l’affaire du « loup-garou de Vaulry », évoquée jusque dans les médias japonais. Des hommes, au début, des années 1990, s’y mettaient à quatre pattes, hurlant telles des bêtes sauvages. Un habitant eut beau révéler plus tard avoir voulu faire une blague, cela raviva de mauvais souvenirs : « Au village, certains en sourient, relate le journaliste de La Montagne. D’autres se souviennent des mille légendes qui courent sur les monts de Blond. Ce chien mystérieux qu’on apercevrait à l’orée du bois. Cette femme décapitée qui hanterait les berges de la Glane. La statue de la Vierge, perchée en haut de l’édifice, qui tournerait la tête pour suivre le mouvement des visiteurs… »

     

    Art et Culture 5:  Les Monts de Blond : légende du Limousin

     
    L'étang de Fromental, sur la commune de Cieux, est classé en zone naturelle d'intérêt écologique
     

    Quand Montrol-Sénard reprend vie

     

    Elle vous suivra peut-être jusqu’aux beaux villages de granit qui font aussi le cachet des monts… Celui de Blond, justement, vaut le détour pour son église fortifiée et son bistrot Chez Boulette. Ou, superbement préservé, Mortemart, classé parmi les Plus beaux villages de France, qui s’orchestre, lui, autour de sa place centrale et de sa vieille halle en bois. On admire son église surmontée d’un campanile à triple bulbe – cette ancienne chapelle d’un couvent des Augustins est dotée d’un riche mobilier – et le château médiéval des ducs des Mortemart, fortement remanié. Quant au bourg de Montrol-Sénard, ses habitants ont redonné vie à son patrimoine, en reconstituant l’univers rural du début du XXe siècle, avec son ancienne école communale, son fournil, sa forge, son sabotier, sa maison « chabatz d’entrar » (ce qui, en langue d’oc, signifie « finissez d’entrer ») et son étable-cellier… Un univers bien plus rassurant. Mais savez-vous que le cimetière possède encore une lanterne des morts ? Jadis, une lampe y était allumée pour servir de guide aux défunts…

     

     
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    Le château des ducs de Mortemart date de la fin du Xe siècle. Il est le berceau de la famille de madame de Montespan
     
     
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    20 expressions pour parler de la

    météo d’hiver

     

    L’hiver vous en fait voir de toutes les couleurs! En attendant que la saison froide et blanche se transforme en printemps, découvrez ces 20 expressions pour parler de la météo hivernale.

     

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    Quand on utilise l'expression «une bordée de neige» pour parler de la météo en hiver.EDDTORO / SHUTTERSTOCK

    Une bordée de neige

    Si quelqu’un vous annonce qu’on attend une «bordée de neige», attendez-vous à faire vos exercices cardio une pelle à la main. Cette expression veut dire que l’on prévoit une forte accumulation de neige. Préparez-vous!

     

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    Quand on utilise l'expression «ne voir ni ciel ni terre» pour parler de la météo en hiver.VLADIMIR REY / SHUTTERSTOCK

    Ne voir ni ciel ni terre

    Ne prenez pas le volant si on vous informe qu’on ne voit ni ciel ni terre. Un blizzard ou une tempête mélangeant la neige à de forts vents entrave probablement la circulation.

    La visibilité n’est pas bonne et les conditions routières risquent d’être mauvaises.

     

     
    3 / 20
    Expression météo : Faire un temps de chienDAINIS DERICS / SHUTTERSTOCK

    Faire un temps de chien

    Selon L’intern@ute, au début du XXe siècle, les chiens n’étaient pas aussi appréciés que maintenant. On les considérait comme méprisables, méchants et sales.

    Donc, si on transpose l’expression à une température, on en déduit que c’est du très mauvais temps. Certaines personnes disent aussi l’expression «un temps de cochon».

     

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    Quand on utilise l'expression «il tombe des peaux de lièvre» pour parler de la météo en hiver.ADAM GRYKO / SHUTTERSTOCK

    Il tombe des peaux de lièvre

    Pas de panique! Évidemment, il ne s’agit pas de réelles peaux de lièvre qui tombent du ciel. L’expression signifie que la neige tombe par «galette», comme des petits amoncèlements de neige ressemblant un peu à des boules de ouates…

     

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    Quand on utilise l'expression «un froid sibérien» pour parler de la météo en hiver.SVETLANA LUKIENKO / SHUTTERSTOCK

    Un froid sibérien

    Envisagez de rester bien au chaud dans votre maison quand on prédit un froid sibérien. Les températures descendront loin sous zéro, c’est assuré! Et vous pourriez confondre votre pays avec la Sibérie, une partie de la Russie où il fait grand froid.

     

     
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    Quand on utilise l'expression «un brouillard à couper au couteau» pour parler de la météo en hiver.MONTYPETER / SHUTTERSTOCK

    Un brouillard à couper au couteau

    Encore une fois, la visibilité est pratiquement nulle quand vous entendez que le brouillard est à couper au couteau (tellement dense, qu’on pourrait le découper…) Vous ne verrez pas bien plus loin que le bout de votre nez! On peut s’attendre à ce qu’un voile épais recouvre les rues et les routes. Soyez prudents!

     

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    Quand on utilise l'expression «de la poudrerie» pour parler de la météo en hiver.MIKE VANDE VEN JR/SHUTTERSTOCK

    De la poudrerie

    Dans le dictionnaire Larousse, la première définition d’une poudrerie est «fabrique de poudre, d’explosifs». Bien sûr, si vous entendez ce mot lors d’un bulletin météorologique, on parle plutôt d’une fine couche de neige légère, facilement soulevée par le vent.

     
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    Quand on utilise l'expression «un froid de canard» pour parler de la météo en hiver.TIVANOVA / SHUTTERSTOCK

    Un froid de canard

    Évidemment, aucun canard ne peut nous parler de la météo, mais l’expression – qui veut dire un froid intense – serait peut-être liée à la température qui sévit lors de la chasse. Ou encore parce que le froid est si saisissant qu’il parviendrait à geler les pattes de ces oiseaux.

     

     
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    Quand on utilise l'expression «une fleurette de neige» pour parler de la météo en hiver.POINTIMAGES / SHUTTERSTOCK

    Une fleurette de neige

    N’ayez crainte si quelqu’un vous annonce qu’il est tombé une fleurette de neige. Ce n’est qu’une petite quantité de neige plutôt inoffensive. Certains utilisent aussi l’expression une «floconnade».

     

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    Quand on utilise l'expression «il fait frette!» pour parler de la météo en hiver.ANTTI PULKKINEN/SHUTTERSTOCK

    «Il fait frette!»

    Il est possible de comprendre l’intensité du froid selon le terme utilisé. La gradation irait comme ceci: frisquet, frais, froid et… «frette»! Bien que ce mot n’existe dans aucun dictionnaire, couvrez-vous si l’on déclare qu’il fait «frette», car le froid risque d’être mordant et intense.

     

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    Quand on utilise l'expression «un vent à écorner les bœufs» pour parler de la météo en hiver.JUSTOOMM/SHUTTERSTOCK

    Un vent à écorner les bœufs

    En décortiquant l’expression, on pourrait croire qu’il vente si fort que les bœufs en perdent leurs cornes. Mais l’expression tient son origine du fait que les agriculteurs profitaient des grands vents pour couper les cornes des boeufs, car le vent activait le processus de cicatrisation. Si vous avez à mettre le nez dehors, soyez avisé et redoublez de prudence.

     

     
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    Quand on utilise l'expression «geler à pierre fendre» pour parler de la météo en hiver.TORYCHEMISTRY / SHUTTERSTOCK

    Geler à pierre fendre

    L’image est saisissante. Il fait si froid dehors que l’eau infiltrée dans les roches pourrait parvenir à les faire craquer. L’expression devrait être suffisante pour vous faire porter un double foulard, une tuque et votre capuchon!

     

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    Quand on utilise l'expression «de la «sloche»» pour parler de la météo en hiver.ALYAALYA / SHUTTERSTOCK

    De la «sloche»

    La «sloche» (ou «slush») n’est pas celle que l’on vend dans les dépanneurs. Météorologiquement parlant, on parle d’une neige humide, lourde et fondante. Elle apparaît sur les rues et les trottoirs quand la neige fond ou encore quand de la pluie suit une précipitation de neige. Elle est souvent sale et brunâtre, car on y retrouve du sable, des abrasifs et des saletés diverses.

    On peut aussi parler de «gadoue» comme le suggère l’Office québécois de la langue française. On pourrait aussi dire «névasse», mais ce terme n’est vraiment pas beaucoup utilisé.

     
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    Quand on utilise l'expression «de la neige collante» pour parler de la météo en hiver.SMIT / SHUTTERSTOCK

    De la neige collante

    On entend aussi dire «de la neige à bonhomme» ce qui veut dire que la neige est parfaite pour construire des forts, des sculptures et des bonshommes de neige. Cette neige parfaitement mouillée «colle» et facilite la fabrication d’œuvres toutes blanches.

     

     
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    Quand on utilise l'expression «une tempête de corneille» pour parler de la météo en hiver.FOTOKOSTIC / SHUTTERSTOCK

    Une tempête de corneille

    Inutile de paniquer, les corneilles ne tombent pas des nuages. On appelle «tempête des corneilles» celle qui survient durant le temps des sucres et qui est constituée de neige habituellement mouillée et lourde. Peut-être est-ce un signe du retour prochain du printemps… qui sait?

    Les corneilles sont des oiseaux auxquels on fait souvent référence dans divers dictons météorologiques. Par exemple, si on voit des corneilles perchées haut dans les arbres, ce serait signe qu’un mauvais temps plane.

     

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    Quand on utilise l'expression «de la neige brillante» pour parler de la météo en hiver.CH123/SHUTTERSTOCK

    De la neige brillante

    Dans certaines régions du Québec, on scrute l’aspect de la neige pour prévoir la météo des prochains jours. Par exemple, si la neige est brillante et que ses flocons miroitent sous le soleil, ce serait signe qu’il va neiger encore bientôt.

     

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    Quand on utilise l'expression «attacher sa tuque avec de la broche» pour parler de la météo en hiver.CRAZY NOOK / SHUTTERSTOCK

    Attacher sa tuque avec de la broche

    Ne prenez pas cette expression au mot, mais soyez avertis. Le mauvais temps vous surprendra et les vents seront si puissants que vous devrez être bien préparé pour affronter ces intempéries.

     

     
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    Quand on utilise l'expression «la neige est coulante» pour parler de la météo en hiver.ALEX EGOROV / SHUTTERSTOCK

    La neige est coulante

    La neige coulante est gorgée d’eau. Dans le ciel, elle se présente sous forme de flocons, mais une fois au sol, elle se transforme en eau. Elle tombe lorsque les températures oscillent autour du point de congélation, ce qui explique qu’elle devient sur un amas de gadoue qui rend les chaussées glissantes.

     

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    Quand on utilise l'expression «le temps est cru» pour parler de la météo en hiver.LESZEK GLASNER / SHUTTERSTOCK

    Le temps est cru

    Non, le temps ne raconte pas de blagues salaces. Cette expression signifie qu’il fait à la fois froid et humide. Ne sortez pas sans vous couvrir convenablement. Privilégiez un habillement en «pelures» pour vous préserver votre chaleur.

     
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    Quand on utilise l'expression «une tempête de grange» pour parler de la météo en hiver.KAT72 / SHUTTERSTOCK

    Une tempête de grange

    Si vous n’aimez pas particulièrement la saison froide, vous attendrez la tempête de grange avec impatience. Cette expression beauceronne signifie que c’est probablement la dernière tempête de l’hiver.

     

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    Art et Culture 5:  20 expressions pour parler de la météo d’hiver

     

     

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    La raison bizarre des 28 jours de février

     

     

    Pourquoi le mois de février ne compte que 28 jours? Et ce n’est pas parce que tout le monde aimerait que ce mois éprouvant cesse au plus vite.

     

     

    Art et Culture 5:  La raison bizarre des 28 jours de février

     

     

    Le mois de février a mauvaise réputation. Quand il se pointe le bout du nez, on est déjà exaspérés du froid, des vêtements polaires et, la plupart du temps, atteints d’un rhume ou d’une grippe. Heureusement, il ne dure que 28 jours! Et voici pourquoi.

    Ce n’est pas la conséquence d’un sentiment négatif universel. La durée exceptionnelle de ce mois remonte au temps du calendrier romain qui ne comptait que 10 mois allant de mars à décembre. Janvier et février n’existaient tout simplement pas. Pour les Romains dont la survie reposait sur les semences et les récoltes, l’hiver était un moment très dur qui n’avait ni nom ni date. Il n’existait donc aucun moyen pour compter le temps dans cette période de l’année.

    Au cours du règne du deuxième roi de Rome, autour de 750 av. J.-C., il a été décidé d’ajouter deux mois à l’année pour que le calendrier corresponde mieux aux 12 cycles lunaires. Ces deux mois, soit janvier et février, duraient tous deux 28 jours. Le roi a alors ajouté un jour supplémentaire à janvier pour que l’année compte en tout 355 jours plutôt que 354, car les chiffres pairs étaient de mauvais augure pour les Romains.

    Le calendrier n’était cependant pas encore bien ajusté. Avec le temps, la corrélation entre les saisons et les mois désignés s’est déréglée. Pour y remédier, on a décidé d’ajouter un mois intercalaire nommé Mercedonius. Cependant, seuls les grands prêtres de Rome connaissaient le moment où débuterait ce mois, ce qui a mené à une situation chaotique.

    À son arrivée au pouvoir, Jules César a redéfini le calendrier en ajustant la durée de l’année au cycle solaire. C’est ainsi que l’année a compté 365 jours, et que pour des raisons mystérieuses, février s’est retrouvé avec seulement 28 jours. Mais on ne pourra qu’appuyer cette décision arbitraire qui fait de février, qui n’a pas la cote d’amour, le mois le plus court de l’année. Il existe cependant des moyens pour le rendre un peu plus agréable. 

     

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    Châteaux de la Loire : 5 seconds rôles

    de premier plan

     

    En Anjou, un choix compliqué s’impose aux indécis. Parmi les qu

     

    Par Marine Guiffray
     

    elque mille châteaux qui composent le paysage, il y a de tout : forteresses, manoirs, demeures princières, logis Renaissance… Chacun a son originalité et son public, à l’image de ces cinq monuments aux styles bien différents.

     

    Brissac, la vraie vie de château

     

    Château de Brissac

    Acquis en 1502 par René de Cossé, premier seigneur de Brissac, le plus haut château de France – il compte sept étages et plus de 200 pièces ! –, entouré d’un superbe parc paysager aux arbres centenaires, est aujourd’hui la résidence du quatorzième duc de Brissac. Son propriétaire, le marquis Charles-André de Brissac, le dit : cette très haute bâtisse du XVIIe siècle bâtie sur les vestiges d’une forteresse médiévale est un peu « bizarroïde ». Il reste ici deux tours du XVe siècle qui semblent avoir été découpées à la hâte, là une fenêtre posée dans une embrasure, ailleurs des pierres d’attente qu’aucun mur n’a jamais épousées. Si cette façade composite d’inspiration Renaissance fait le charme de ce château de la Loire excentré, situé à moins de 20 kilomètres d’Angers, ce n’est pas son seul atout ! Ce qui le distingue, c’est l’atmosphère qui se dégage de son grand parc paysager, de ses vignes, de ses grandes pièces richement meublées, de son théâtre du XIXe siècle… Dans ce château appartenant à la même famille depuis cinq siècles, la vie ne s’est pas arrêtée.

     

    Brissac pendant la Seconde Guerre mondiale

     

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que l’on craignait que Paris et d’autres villes françaises soient bombardées, plusieurs demeures historiques en France servirent à stocker des oeuvres d’art menacées. Réquisitionné par les Musées nationaux en 1939, le château de Brissac fut à ce titre le plus grand dépôt privé du pays. Jusqu’en 1946, il renferma des trésors issus des collections du château de Versailles, du musée des Arts décoratifs de Paris, du palais du Sénat, du musée de la tapisserie d’Angers… C’est ainsi que la fameuse Tenture de l’Apocalypse se retrouva, pendant un temps, sur la table de la salle à manger !

     

    Saumur, à l'épreuve du temps

     

    Château de Saumur

    Ni palais Renaissance ni forteresse, le château de Saumur tel qu’il a été voulu par Louis Ier d’Anjou à la fin du bas Moyen Âge est unique en son genre. Construit plus d’un siècle avant que ne s’installe la mode des demeures d’agrément en France, il se différencie des châteaux forts, massifs et austères, par sa silhouette élancée digne d’un conte de Perrault. La célèbre miniature publiée dans le manuscrit des Très riches heures du duc de Berry le montre dans toute sa splendeur à l’aube du XVe siècle. Si les tours apparaissent aujourd’hui plus petites et que l’aile ouest a disparu, c’est que la vie du château de Saumur n’a pas été un long fleuve tranquille.

     

    Une histoire mouvementée

     

    Sa pierre de tuffeau est un matériau très fragile qui nécessite un entretien régulier. Fortement délabré à la fin du XVIIe siècle, proche de la ruine au début du XIXe siècle, le monument sera sauvé en devenant une prison d’État puis un arsenal, avant d’être racheté par la ville de Saumur en 1906 et de devenir un musée communal. Abîmé pendant la Seconde Guerre mondiale par une centaine d’obus, victime d’un glissement de terrain en 2001, le château fait l’objet de nombreuses campagnes de restauration depuis la fin des années 1990.

     

    Montsoreau, une œuvre d'art ?

     Château de Montsoreau

    Dans les pièces claires du château de Montsoreau, meubles et tableaux anciens sont absents. Pour les amateurs de sagas, l’histoire se révèle à première vue décevante... Que peuvent bien nous raconter les murs de ce palais, s’il n’y subsiste plus de traces de la vie passée ? Une oeuvre d’art qui en renferme d’autres, voilà ce qu’est le château de Montsoreau ! On le voit aujourd’hui comme il a été pensé au milieu du XVe siècle par Jean II de Chambes, personnage influent du royaume de Charles VII qui fut ambassadeur à Rome et à Venise. À l’époque, son architecture inspirée de la Renaissance italienne est particulièrement avant-gardiste. Elle précède d’une soixantaine d’années l’édification des autres châteaux de la Loire. D’aucuns disent d’ailleurs que Montsoreau est le tout premier château Renaissance de France. Construit dans le lit du fleuve, il était jadis entouré d’eau tel un palais vénitien. Mais abandonné par ses propriétaires, il tombe peu à peu en ruines à partir du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, il inspire peintres et écrivains romantiques (William Turner, Alexandre Dumas, Gustave Flaubert…), avant d’être entièrement restauré. Et depuis 2016, il est devenu un musée d’art contemporain.

     

    Un château de roman

     

    Au XIXe siècle, la silhouette romantique de Montsoreau inspira à Alexandre Dumas La Dame de Monsoreau (1846). Traduit dans de nombreuses langues, adapté en opéra et en films, ce roman a largement contribué à la notoriété du château dans le monde. D’abord publié sous forme de feuilleton, il est le deuxième volet d’une trilogie consacrée aux derniers Valois, avec La Reine Margot et Les Quarante-cinq. L’écrivain emprunte à la vie de Françoise de Maridor – elle devient Diane de Méridor sous sa plume –, épouse de Charles de Chambes qui a réellement vécu dans le château à la Renaissance, pour dérouler histoire d’amour et intrigues de cape et d’épée avec, pour toile de fond, le règne d’Henri III.

     

    Château de Serrant, l'écrin des trésors

     

    Château de Serrant

    « Je vois enfin un château en France ! », cette phrase, prononcée par Napoléon en parlant de Serrant, fait le bonheur des guides touristiques. Elle amuse également la propriétaire des lieux, la princesse de Merode Westerloo : « L’empereur a dû séjourner vingt minutes au château, en tout et pour tout. On lui a servi un dîner. Il a mangé un gigot de mouton à toute vitesse. » Un passage éclair qui marqua les esprits, mais aussi le château, qui garde de l’aventure une « chambre impériale » et nombre d’artifices censés charmer l’hôte de marque. Cela fait près de vingt-cinq ans que la princesse vit au château avec son époux. Elle est l’un des maillons d’une longue chaîne. Parmi les grandes familles qui marquèrent les lieux, notons les Brie, les Bautru, les Walsh et enfin les de la Trémoille dont descendent les actuels propriétaires. Depuis le cygne au coeur percé d’une flèche de la grille d’honneur, symbole des Irlandais en exil qui évoque les Walsh, jusqu’aux nombreux portraits qui parent les murs, les lignées successives laissèrent leur marque et un patrimoine mobilier extraordinaire qui fait la renommée du lieu. L’héritage le plus touchant du château est peut-être celui constitué par l’arrière-arrière-grand-père de la princesse. Son trésor est à l’abri dans la seule bibliothèque privée classée monument historique en France. Les livres se déploient sur sept mètres de haut. L’on remarque parmi eux des joyaux tels que la Description de l’Égypte, par les savants qui accompagnèrent Bonaparte ainsi qu’une première édition originale de L’Encyclopédie, de Diderot et d’Alembert.

     

    Château de Plessis-Bourré, une élégante puissance

     

    Château de Plessis-Bourré

    Érigé sur un domaine répondant au doux nom de Plessis-le-Vent, le château ne mit que cinq ans à sortir du sol. En 1473, l’oeuvre de Jean Bourré, confident du roi de France Louis XI, était accomplie. Rien ne semble avoir réellement altéré cet ouvrage qui témoigne à merveille de cette période de transition, entre le Moyen Âge et la Renaissance. Du passé, il a gardé le goût des forteresses aux larges murs. Du nouvel art de vivre qui s’annonce, il a su capter une certaine grâce, un promenoir à arcades, des fenêtres à meneaux ainsi qu’un confort intérieur. Passé de mains en mains, le château semble traverser les siècles sans s’altérer. En déambulant dans ces salles, on oublierait qu’il se retrouva un jour presque en ruines, sur le point de devenir une carrière de tuffeau. Jean Bourré lui aurait-il insufflé une promesse de jeunesse éternelle ? On raconte en tout cas que le premier propriétaire des lieux était adepte de l’Art royal. D’aucuns croient voir des symboles alchimiques, dispersés dans le domaine, notamment au niveau de la façade du Grand Logis et de l’escalier de France. Pièce maîtresse sur le thème : l’énigmatique plafond en bois de la salle des gardes sur lequel se croisent une sirène enceinte, une ourse portant des singes ou encore une tortue à queue de serpent.

     

    Joutes festives

     

    Des reconstitutions sont régulièrement organisées au château. Comme de nombreux édifices médiévaux, Plessis-Bourré accueille gentes dames, paysans et gueux pour assister à de grands tournois de chevalerie. Dans le galop des chevaux, l’Ordre de Saint-Michel, sous la bannière duquel Jean Bourré fut chevalier, revit le temps de week-ends festifs.

     

    Art et Culture 5:  Châteaux de la Loire : 5 seconds rôles de premier plan

     

     

    Art et Culture 5:  Châteaux de la Loire : 5 seconds rôles de premier plan

     

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