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    Un nouveau type de météorite intrigue

    les scientifiques

     

     

    On a collecté environ 50.000 météorites sur Terre mais celle retrouvée dans une carrière suédoise, piégée dans du calcaire qui s’est déposé il y a 470 millions d’années, ne ressemble à aucune autre. Cette découverte nous donne peut-être des informations précieuses et inédites sur l’histoire de la biosphère et du Système solaire.

     
     

    Une vue d’artiste montrant la collision violente entre deux astéroïdes. De nombreux débris sont produits, dont certains retomberont un jour sur Terre. Celles que l’on nomme des chondrites ordinaires constituent 87 % des quelque 50.000 météorites collectées à ce jour sur notre planète. © Nasa

    Une vue d’artiste montrant la collision violente entre deux astéroïdes. De nombreux débris sont produits, dont certains retomberont un jour sur Terre. Celles que l’on nomme des chondrites ordinaires constituent 87 % des quelque 50.000 météorites collectées à ce jour sur notre planète. © Nasa

     
     

    Il y a entre 485 et 460 millions d’années environ, la diversité de la vie marine a augmenté comme jamais et c’est pourquoi on appelle ce moment de l’histoire de la biosphère la grande biodiversification ordovicienne (en anglais Great Ordovician Biodiversification Event ou GOBE), ou encore l’explosion ordovicienne.

     

    Les calcaires retrouvés dans la carrière de Thorsberg, dans le sud de la Suède, datent de cette période, plus précisément de l'Ordovicien moyen qui s’étend de 470 à 458 millions d’années environ. Depuis le début des années 1990, elle a livré une centaine de météorites dites fossiles car, bien qu’elles aient été altérées, elles ont visiblement bénéficié de conditions d’enfouissement qui leur ont permis de traverser les âges jusqu’à nous.

     

    Jusqu’à 2011, les chercheurs n’avaient découvert qu’un seul type de météorites, des chondritesordinaires de type L qui constituent environ 35 % de l’ensemble des météorites cataloguées, et 40 % des chondrites ordinaires qui constituent 87 % des quelque 50.000 météorites collectées sur Terre. On pense que les chondrites ordinaires proviennent d’un petit nombre de collisions récentes d'astéroïdes, récentes à l’échelle de l’histoire du Système solaire bien sûr. En fait, comme on distingue trois groupes de ces chondrites, H, L et LL, elles devraient provenir de trois principaux corps parents.

     

    Mais dans le cas de la carrière de Thorsberg, la quantité de chondrites retrouvées ne s’explique que par une augmentation brutale du flux de météorites. La mécanique céleste laisse même penser qu’elles sont issues d’un gros d’astéroïde d’environ 100 kilomètres de diamètre qui aurait subi l’impact d’un corps céleste plus petit.

     

    La météorite Österplana 065 a pour dimension de 8 × 6,5 × 2 cm de large. Elle est entourée d'un halo gris dans du calcaire autrement rouge donc oxydé. On pense que l'oxygène a été consommé par l'altération de la météorite alors au fond de la mer de l'Ordovicien où se déposait les sédiments. La pièce de monnaie dans l'image a un diamètre de 2,5 cm.
    La météorite Österplana 065 a pour dimension de 8 × 6,5 × 2 cm de large. Elle est entourée d’un halo gris dans du calcaire autrement rouge, donc oxydé. On pense que l’oxygène a été consommé par l’altération de la météorite alors au fond de la mer de l’Ordovicien où se déposaient les sédiments. La pièce de monnaie a un diamètre de 2,5 cm. © Birger Schmitz

     

    L’explosion ordovicienne a-t-elle été causée

    par une pluie de météorites ?

     

    Tout change donc en 2011 avec la découverte d’une nouvelle météorite qui rentrait mal dans les types connus, même si elle avait été rapprochée des winonaïtes, des achondrites primitives relativement rares, composées de larges cristaux de pyroxène, d’olivine et de sulfures mixtes de fer et de nickel. Or, un groupe de chercheurs suédois et états-uniens vient de publier un article dans Nature Communications qui confirme ce dont ils se doutaient. Il s’agit d’un tout nouveau type de météorite jamais rencontré auparavant. Il s’agit probablement d’un fragment de l’impacteur qui a propulsé dans l’espace les chondrites L retrouvées en Suède.

     

    Baptisée Österplana 065 (Öst 65) conformément aux conventions de la Meteoritical Society, c’est-à-dire du nom de la localité où elle a été trouvée (Österplana), on sait qu’elle a voyagé dans l’espace interplanétaire pendant environ un million d’années avant de rejoindre le fond des mers de l’Ordovicien, il y a 470 millions d’années. En effet, lors d’une collision entre astéroïdes, les fragments produits sont soumis aux rayons cosmiques puisqu’ils proviennent de l’intérieur du corps parent. Ces rayons modifient la matière et il est donc possible d’en déduire un temps d’exposition. C’est l’analyse précise des isotopes d’oxygène et de chrome de Öst 65 qui a finalement permis de la différencier nettement de toutes les météorites retrouvées à ce jour.

     

    La découverte est intéressante à plus d’un titre. D’abord elle nous dit que les types de météorites qui tombent sur Terre depuis des milliards d’années ne sont pas forcément les mêmes, ce qui ouvre des perspectives quant à des découvertes sur ce qui s’est passé dans la ceinture d’astéroïdes et donc plus généralement, l’histoire du Système solaire. Enfin, il est tentant de relier le pic de bombardement météoritique découvert dans la carrière de Thorsberg, et que semblent accompagner des cratères d’impact alignés aux États-Unis comme ceux de Ames et Rock Elm, à la grande biodiversification ordovicienne.

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    Le 17 mars 2013, une météorite s’écrasait sur la Lune et laissait un flash lumineux intense visible depuis la Terre. Cette vidéo, en anglais, tente de comprendre les origines et les implications de tels phénomènes sur notre satellite.

    Astronomie:  Un nouveau type de météorite intrigue les scientifiques + vidéo

     

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    Pollution lumineuse : 80 % d'entre nous

    ne voient plus les étoiles

     

     

    Le nouvel atlas de la pollution lumineuse montre que 80 % de la population mondiale ne connait plus de nuit noire peuplée d’étoiles. Les scientifiques s’inquiètent de l'impact de cette clarté nocturne, semblable à un « crépuscule permanent », sur la faune, la flore et aussi sur la santé humaine. Malheureusement, les projections indiquent que cela ne devrait pas s’arranger si l’on continue de remplacer les lampes au sodium par des Led.

     

     
     

    Halo de lumière artificielle au-dessus de Berlin. Une partie des étoiles sont noyées dans cette clarté. Le reste de la voûte céleste est aussi affecté, réduisant la visibilité des innombrables objets célestes. © A. Jechow, IGB

    Halo de lumière artificielle au-dessus de Berlin. Une partie des étoiles sont noyées dans cette clarté. Le reste de la voûte céleste est aussi affecté, réduisant la visibilité des innombrables objets célestes. © A. Jechow, IGB

     
     

    Cet été, si vous avez envie d’admirer l’arche de la Voie lactée à travers un ciel constellé de milliers d’étoiles, il vous faudra pour cela rejoindre les derniers et rares territoires en France métropolitaine où la nuit peut encore être d’un noir d’encre : le parc des Causses du Quercy, entre Cahors et Figeac, la partie est du parc des Landes de Gascogne (au sud-est de Bordeaux), ou certains endroits du parc d’Armorique, en Bretagne. Réduits à des portions congrues, ces espaces dénués de pollution lumineuse (celle-ci est principalement créée par l’éclairage public des grandes villes et de leurs banlieues) sont en voie de disparition.

     

    C'est le cas en France, mais aussi dans toute l’Europe. Ainsi, certaines régions comme l’Angleterre, les Alpes du Sud, la Belgique ou les Pays-Bas sont à tel point inondées de lumière artificielle que la plupart de leurs habitants ne peuvent plus voir qu’une poignée d’étoiles lorsqu’ils lèvent les yeux au ciel.

     

    La dernière carte de pollution lumineuse dans le monde, réalisée sous la direction de Fabio Falchi, de l’ISTIL (Italian Light Pollution Science and Technology Institute), a été publiée le 10 juin dans la revue Science Advances. Selon le New World Atlas of Artificial Night Sky Brightness, en Europe et aussi à travers les États-Unis, quelque 99 % de la population vit sous un ciel nocturne orangé, où les étoiles s’éteignent… À l’échelle mondiale, cela représenterait 83 % de la population. L’augmentation est d’environ 6 % par an, soulignent les chercheurs. Et cela ne devrait pas s’arranger (malgré les efforts de certaines localités, sensibilisées au problème). Bien au contraire !

     

    Nouvel atlas mondial de la pollution lumineuse. Ce sont dans les régions les moins peuplées et aussi les moins riches, dont beaucoup sont dans l’hémisphère sud, que l’on trouve les nuits les plus noires de la planète. Les niveaux de pollution lumineuse sont en microcandelas par mètre carré. En noir : inférieur à 1,7 donc ciel noir ; en bleu : entre 1,7 et 14, ce qui se traduit par un horizon dégradé par la clarté ; en vert : entre 14 et 87, soit un ciel dégradé jusqu’au zénith ; en jaune : entre 87 et 688, perte du ciel naturel ; en rouge : entre 688 et 3.000, la Voie lactée n’est plus visible ; en blanc : plus de 3.000, les cônes au fond de l’œil permettant la vision diurne s’activent. © ISTIL
    Nouvel atlas mondial de la pollution lumineuse. Ce sont dans les régions les moins peuplées et aussi les moins riches, dont beaucoup sont dans l’hémisphère sud, que l’on trouve les nuits les plus noires de la planète. Les niveaux de pollution lumineuse sont en microcandelas par mètre carré. En noir : inférieur à 1,7 donc ciel noir ; en bleu : entre 1,7 et 14, ce qui se traduit par un horizon dégradé par la clarté ; en vert : entre 14 et 87, soit un ciel dégradé jusqu’au zénith ; en jaune : entre 87 et 688, perte du ciel naturel ; en rouge : entre 688 et 3.000, la Voie lactée n’est plus visible ; en blanc : plus de 3.000, les cônes au fond de l’œil permettant la vision diurne s’activent. © ISTIL

     

    Trop de lumière la nuit

     

    « Quelle chose horrible pour nous, en tant qu’espèce, de vivre dans un crépuscule permanent et de ne jamais être en mesure de voir les étoiles », déplore Travis Longcore, spécialiste de l’écologie urbaine travaillant sur les moyens de calculer l’ « illuminance horizontale » (comment la lumière artificielle est réfléchie par les nuages et le sol, selon les conditions météo). Cet atlas est un outil dans son étude des nuisances sur la faune et la flore causées par les myriades de lumières artificielles qui éclairent indirectement le ciel. L’exemple le plus connu est celui de la migration des oiseaux qui peut être différée dans la saison. Cela affecte aussi nombre de pollinisateurs nocturnes comme les chauves-souris, sans oublier les écosystèmes sous-marins, rappelle le chercheur à l’université du sud de la Californie.

     

    Enfin, nous ne sommes pas épargnés non plus car cette clarté a pour effet indésirable d’augmenter la production de la mélatonine, et donc de perturber le sommeil. S’ensuit un risque accru de développer certains cancers. « Nous pouvons certainement réduire les niveaux de pollution lumineuse en éteignant les lumières, mais nous ne pouvons pas réparer les dégâts que nous avons déjà fait », s’inquiète Fabio Falchi.

     

    En effet, l’équipe internationale qui a réalisé des projections signale que si chaque lampe au sodiumest remplacée par des lampadaires à Led, comme cela est en cours, le ciel nocturne nous apparaîtrait alors encore plus clair, car ces lampes émettent plus de lumière bleue. L’Homme y est très sensible et, en outre, elle se disperse mieux dans l’atmosphère.

     

    La pollution lumineuse en Europe. © ISTIL
    La pollution lumineuse en Europe. © ISTIL

     

    Un atlas réalisé à l’aide de milliers de

    citoyens scientifiques

     

    « Le nouvel atlas fournit une documentation critique sur l’état de l’environnement nocturne alors même que nous sommes à l’aube d’une transition vers la technologie Led dans le monde entier, résume l’auteur principal de ces travaux. Sauf si un examen attentif est porté sur la couleur et les niveaux d’éclairages des Led, cette transition pourrait malheureusement conduire à une augmentation de 2 à 3 fois la lueur dans le ciel par les nuits claires », déplore Fabio Falchi qui, rappelons-le, avait produit la première carte mondiale de la pollution lumineuse en 2001.

     

    Quinze ans plus tard, les chercheurs ont pu bénéficier des observations du satellite Suomi NPP, équipé du premier instrument spécialement créée pour mesurer la pollution lumineuse des cités terrestres et des données collectées par plus de 30.000 personnes dans le monde sur la qualité du ciel. « Les scientifiques citoyens nous ont fourni environ 20 % de l’ensemble des données utilisées pour l’étalonnage, salue le professeur Christopher Kyba, du GFZ German Research Centre for Geosciences et coauteur de l’étude, sans eux nous n’aurions pas eu de données d’étalonnage en provenance d’autres pays que l’Europe et l’Amérique du Nord ». Plus de 300 cartes régionales ont été assemblées pour ce nouvel atlas. Comme on peut le voir, les régions les plus touchées sont, en tête, Singapour, le Qatar et les Émirats Arabes Unis. Sans surprise, c’est sur le continent africain que l’on trouve les dix pays qui ont la pollution lumineuse la plus faible.

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    L’observatoire de La Silla, dans le désert d’Atacama, au Chili, devrait bénéficier chaque nuit d’un ciel noir. Cependant, depuis quelques années, d’étranges lumières rouges et vertes viennent plus fréquemment parasiter les observations de la voûte céleste. L’Eso (Observatoire européen austral ou European southern observatory en anglais) nous explique d’où provient ce surprenant phénomène baptisé « lumière du ciel nocturne » durant cet épisode d’Esocast.

     

    Astronomie:  Pollution lumineuse : 80 % d'entre nous ne voient plus les étoiles + vidéo

     

     

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    L'eau de la Lune et de la Terre viendrait

    des astéroïdes

     

     

    L'eau interne de la Terre semble avoir la même origine que celle de la Lune. Des récentes analyses indiquent que, pour notre satellite, elle provient majoritairement non pas des comètes mais d'astéroïdes dont le contenu est similaire à celui de certaines chondrites carbonées, des météorites.

     

     
     

    Une impression d’artiste de l’océan de magma lunaire quelque temps après la formation de notre satellite. La durée de vie de cet océan de magma correspond à la période durant laquelle des astéroïdes riches en eau ont pu délivrer de l’eau à l’intérieur de la Lune. © Insu, CNRS, Nasa/GSFC

    Une impression d’artiste de l’océan de magma lunaire quelque temps après la formation de notre satellite. La durée de vie de cet océan de magma correspond à la période durant laquelle des astéroïdes riches en eau ont pu délivrer de l’eau à l’intérieur de la Lune. © Insu, CNRS, Nasa/GSFC

     
     

    L’eau est à la source de la vie sur Terre et c’est sans doute pourquoi, dans notre quête de nos origines et pour savoir comment l’univers est passé du Big Bang au vivant, nous cherchons d’où provient celle de nos océans. Nous l'avons cherchée dans les échantillons de roches lunaires rapportées par le programme Apollo, dans les météorites tombées sur Terre et dont certaines proviennent de la ceinture d’astéroïdes et enfin dans la comète Tchouri examinée par Rosetta.

     

    Une véritable cosmochimie s’est développée en parallèle de la géochimie afin de nourrir des modèles cosmogoniques de la naissance de la Terre et finalement du Système solaire. Malheureusement, sur notre Planète, les archives géologiques lointaines ont été largement détruites ou, pour le moins, leurs messages considérablement brouillés. Les plus vieilles roches terrestres découvertes rescapées des mouvements de la tectonique des plaques ont environ 4 milliards d’années, alors que la Terre est née il y a 4,56 milliards d’années environ. Au final, un débat fait rage pour savoir si l’eau sur Terre provient d’un dégazage volcanique de son manteau pendant l’Hadéen, des comètes ou du bombardement des micrométéorites par exemple.

     

    Ce schéma résume les diverses sources d'eau apportée à la Lune lorsqu’elle était encore partiellement fondue (régions rouge-orange) et que sa croûte primordiale se formait (régions grise-blanche à la surface). L'analyse des échantillons lunaires suggèrent que des astéroïdes similaires aux météorites carbonées riches en eau de type CI, CM et CO ont pu être les principaux pourvoyeurs d’eau. Les météorites carbonées de type CI et CM contiennent 10-20% d’eau. Les comètes contiennent bien plus d’eau, peut-être jusqu’à 50% de leur masse, mais elle aurait contribué pour moins de 20% de l’eau lunaire.
    Ce schéma résume les diverses sources d'eau apportée à la Lune lorsqu’elle était encore partiellement fondue (régions rouges-orange) et que sa croûte primordiale se formait (régions grises-blanches à la surface). L'analyse des échantillons lunaires suggère que des astéroïdes similaires aux météorites carbonées riches en eau de type CI, CM et CO ont pu être les principaux pourvoyeurs d’eau. Les météorites carbonées de type CI et CM contiennent 10 à 20 % d’eau. Les comètes contiennent bien plus d’eau, peut-être jusqu’à 50 % en masse, mais elles auraient contribué pour moins de 20 % à la réserve d’eau lunaire. © Insu, CNRS, LPI, David A. Kring

     

    La Lune a acquis son eau au cours de ses 200 premiers

    millions d'années

     

    Ces dernières années, les travaux des chercheurs ont suggéré que l’eau de la Terre et de la Luneétaient de la même origine. Comme les archives lunaires sont mieux conservées que celles de la Terre, une équipe internationale, comprenant de chercheurs de l’Institut de Minéralogie, de Physique des Matériaux et de Cosmochimie (CNRS, UPMC, IRD) et du Muséum national d’histoire naturelle, les a étudiées de plus près. Les cosmochimistes exposent dans un article de Nature Communicationsune vision plus précise des diverses sources de l’eau de la Lune, et donc, probablement, de celle de la Terre.

     

    La leçon principale qu’ils en ont tirée, qui n’est pas vraiment nouvelle, est que la majeure partie de l’eau lunaire, et donc probablement aussi de la Terre, provient des astéroïdes riches en eau et pas des comètes. Cette conclusion découle des analyses comparées des abondances des isotopesd’hydrogène et d’azote, plus exactement des rapports D/H et 15N/14N mesurés dans les échantillons lunaires, dans les météorites de type chondrites carbonées provenant des astéroïdes et dans des matériaux cométaires.

     

    Le rapport 15N/14N dans les comètes apparaît bien plus élevé que dans la majorité des chondrites carbonées et que le rapport D/H dans la majorité des comètes est de 2 à 3 fois plus élevé que celui de l’eau des océans sur Terre. Ces valeurs conduisent à la conclusion que les comètes n’ont pas fourni plus de 20 % environ de l’eau de la Lune.

     

    Une autre conclusion est que l’essentiel du stock d’eau de la Lune s’est constitué alors que l’océan magmatique de notre satellite était en cours de refroidissement. Cette hypothèse est nécessaire pour expliquer les abondances des échantillons lunaires prélevés à différents endroits car les mouvements de convection dans cet océan ont homogénéisé cette réserve d'eau. Comme les modèles de la formation de la Lune impliquent que cet océan magmatique était en place entre 10 et 200 millions d’années après la naissance de la Lune, cela implique qu’elle a acquis son eau pendant cette période.

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    L’origine de la Lune est entourée de mystère. Séparation à partir d’une autre planète, création simultanée avec le Système solaire ou encore collision avec la Terre, plusieurs hypothèses quant à sa formation ont été avancées au cours du temps. Discovery Science s’est penché sur la question au cours de cet épisode des Clés de l'univers.

    Astronomie:  L'eau de la Lune et de la Terre viendrait des astéroïdes + vidéo

     

     

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    Plongez dans les nuages de Jupiter pour

    mieux comprendre son atmosphère

     

     

    De nouvelles images, prises avec un radiotélescope, le VLA, permettent de pénétrer sous la couche de nuages de Jupiter. Avec les données que collectera la sonde Juno, elles devraient nous aider à percer les mystères de l'atmosphère des planètes géantes. En effet, les scientifiques ne comprennent pas encore très bien la circulation turbulente sur Jupiter ni la stabilité de la Grande Tache rouge.

     

     
     

    La Grande Tache rouge de Jupiter, existant au moins depuis les observations de l’astronome Jean-Dominique Cassini au XVIIe siècle, a vu sa taille et sa couleur varier depuis le XIXe siècle. C’est à cette époque qu’elle a pris la coloration qui lui a donné son nom. Il n’y a pas de consensus sur l’origine et la nature exacte des composés chimiques à l’origine de sa couleur. On en voit ici une photographie traitée à l'ordinateur à partir des observations de Voyager 1. © Nasa

    La Grande Tache rouge de Jupiter, existant au moins depuis les observations de l’astronome Jean-Dominique Cassini au XVIIe siècle, a vu sa taille et sa couleur varier depuis le XIXe siècle. C’est à cette époque qu’elle a pris la coloration qui lui a donné son nom. Il n’y a pas de consensus sur l’origine et la nature exacte des composés chimiques à l’origine de sa couleur. On en voit ici une photographie traitée à l'ordinateur à partir des observations de Voyager 1. © Nasa

     
     

    Pas plus que les sondes Voyager 1 et 2, Galileo n’a pu percer tous les mystères de Jupiter et de ses lunes. Les astrophysiciens sont, bien sûr, fascinés par les volcans d’Io et la possibilité de découvrir de la vie dans l’océan d’Europe – la mission Juice, de l’Agence spatiale européenne (Esa), pourrait nous en apprendre plus sur cette lune glacée de Jupiter ainsi que sur ses sœurs, Callisto et Ganymède.

     

    Les planétologues s’intéressent aussi à l’atmosphère de Jupiter et cherchent, par exemple, à mieux comprendre l’origine de la Grande Tache rouge. On peut, certes, continuer à étudier les mondes jupitériens depuis le sol, mais rien ne remplace une sonde in situ, capable de faire des observations en continu. C’est pourquoi la Nasa a lancé il y a quelques années la mission Juno, qui devrait se mettre en orbite autour de Jupiter le 4 juillet 2016 – date symbolique pour les États-Unis qui célébreront alors le 240e anniversaire de leur indépendance.

     

    En attendant ce jour, les chercheurs préparent également le succès de cette mission en repoussant les limites des observations terrestres, comme on peut s’en convaincre avec un article publié dans Science. Une équipe de radioastronomes y annonce qu’il a été possible d’améliorer d’un facteur 10 les observations de l’atmosphère de Jupiter à l’aide du célèbre Karl G. Jansky Very Large Array (VLA), situé dans la plaine de San Augustin, au Nouveau-Mexique (États-Unis).

     


    La mission Juno, de la Nasa, est dédiée à l'étude de Jupiter. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître, si ce n’est pas déjà le cas. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement » pour faire apparaître le menu du choix de la langue. Choisissez « français ». © Deep Astronomy, YouTube

     

    Cela leur a permis de plonger de 100 kilomètres à l’intérieur des nuages de la couche supérieure de l’atmosphère de la géante et d’y voir les mouvements des gaz. Il a donc été possible de commencer à voir ce qui se passe sous la surface de Jupiter et de montrer dans le visible les bandes colorées, les taches et les tourbillons dont la splendeur a été révélée par les images des sondes Voyager et Galileo.

     

    Une carte de la convection de l'ammoniac dans Jupiter

     

    Les chercheurs ont ainsi pu dresser une sorte de carte en 3D des mouvements superficiels de l’ammoniac (NH3) grâce aux émissions radio de cette molécule. Ils peuvent ainsi mieux comprendre la formation des nuages d'hydrosulfure d'ammonium à 200 kelvins ou de ceux contenant de l’ammoniac sous forme de glace à 160 kelvins.

     

    Les structures révélées sont en étroite correspondance avec celles visibles sur Terre, avec un bon télescope d’amateur et, bien sûr, avec le télescope Hubble. On voit des structures convectives ressemblant à celles de l’atmosphère terrestre, avec des courants de gaz riches en ammoniac qui s’élèvent puis plongent une fois appauvris en NH3, tout comme le font sur Terre des courants appauvris en eau tombant des nuages.

     


    Les images radio obtenues avec le VLA atteignent une résolution record dans le domaine de la radioastronomie, avec des pixels dont la taille est de 1.300 kilomètres (rappelons que le diamètre de Jupiter est de 139.800 kilomètres). Les zones brillantes en radio montrent du gaz pauvre en ammoniac qui plonge ; les zones sombres montrent des panaches riches qui s'élèvent. Ces zones sont corrélées aux images prises dans le visible (optical,en anglais). © UC Berkeley, YouTube

     

    On constate également que les taches apparaissant plus brillantes en infrarouge (elles sont donc plus chaudes) et qui encerclent Jupiter au nord de l’équateur sont plus pauvres en ammoniac. Surtout, les radioastronomes ont pu trouver la clé d’une énigme remontant à… 1995. À l'époque, Galileo avait été volontairement projetée sur Jupiter pour une dernière mission : sonder la structure et la composition de l’atmosphère de la géante. Un taux en ammoniac bien plus élevé que celui déduit des observations avec le VLA depuis le sol avait alors été obtenu. Les chercheurs savent maintenant que ce sont les mouvements atmosphériques ainsi que la rotation rapide de Jupiter sur elle-même (à savoir dix heures alors que la prise d’image radio prend quelques heures) qui avaient conduit à cet écart entre les deux mesures.

     

    Quand Juno sera en orbite, la sonde étudiera la structure de l’atmosphère au niveau de la répartition des molécules d’eau. Les mesures seront complémentaires de celles concernant les molécules d’ammoniac obtenues avec le VLA. Au final, nous devrions mieux contraindre et mieux comprendre les modèles de la circulation atmosphérique de la planète ainsi que l’origine de l’énergie qui la maintient. Nous serons alors mieux armés pour comprendre ce qui se passe dans les autres atmosphères des géantes du Système solaire comme Uranus et Neptune et, bien évidemment, Saturne.

     

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    Habitabilité : autour des naines rouges,

    les exoterres sont bien trop chaudes

     

     

    Autour des naines rouges, il ne suffit pas d’être dans la zone habitable pour être une planète habitable. Des simulations informatiques montrent en effet que les exoplanètes peuvent conserver une atmosphère étouffante, bien trop chaude pour l’eau à l’état liquide. Sauf si la taille est plus petite que la Terre…

     
     

    Kepler-186f, découverte en 2014, est une planète de taille et de masse comparable à celle de la Terre, située à la limite extérieure de la zone habitable de son étoile… une naine rouge. Est-elle vraiment habitable ? Peut-il y avoir de l’eau liquide à sa surface ? © Nasa Ames, Seti Institute, JPL-Caltech

    Kepler-186f, découverte en 2014, est une planète de taille et de masse comparable à celle de la Terre, située à la limite extérieure de la zone habitable de son étoile… une naine rouge. Est-elle vraiment habitable ? Peut-il y avoir de l’eau liquide à sa surface ? © Nasa Ames, Seti Institute, JPL-Caltech

     
     

    En ce mois de mai 2016, la récolte de nouvelles exoplanètes fut très bonne. En une seule prise, c’est pas moins de 1.284 planètes confirmées qui ont été ajoutées aux catalogues. Ce qui conduit à un total, à présent, de 3.412 planètes extrasolaires (voir l’encyclopédie Exoplanet.eu). Il y a à peine trois ans, on n’en connaissait pas encore 1.000… Les chercheurs peuvent remercier le satellite Kepler: en l’espace de quatre années (premier volet de sa mission) et la surveillance de quelque 150.000étoiles réparties dans une petite fenêtre du ciel, il a débusqué des milliers de candidats. Et la chasse est loin d’être terminée. Les investigations continuent, sur Terre et dans l’espace, et ses successeurs, comme Tess, sont en préparation.

     

    Parmi tous ces nouveaux venus, neuf figurent dans la zone habitable de leur étoile, c’est-à-dire que si l'atmosphère convient et s’ils possèdent de l’eau, il y a des chances pour qu’elle soit à l’état liquide à leur surface car il n'y fait ni trop chaud ni trop froid. Au total, 21 mondes potentiellement habitables sont connus actuellement.

     

    De par sa taille, sa position et aussi de par son Soleil, Kepler-452b est une des planètes connues qui ressemble le plus à la nôtre (on n’a toutefois pas encore vu sa surface). Beaucoup d’autres sont des superterres : plus grosses et plus massives (et donc plus faciles à détecter) que la Terre. Et leur étoile, pour la plupart, est une naine rouge. Ces étoiles sont plus petites et moins chaudes que le Soleil et représentent environ 75 % de la population stellaire de la Galaxie. Les petites étoiles sont donc beaucoup plus nombreuses que les grosses et il en est de même, d’après les recherches, pour les planètes. Cela fait des dizaines de milliards de boules rocheuses… dont une partie pourrait circuler dans la zone habitable de leur étoile (plus resserrée que dans le cas d’un soleil).

     

    Dans ce tableau figurent les 21 exoplanètes potentiellement habitables connues à ce jour. Celles qui ont été récemment validées sont orangées. Leurs tailles sont à comparer avec la Terre (Earth), Mars et Vénus. La bande verte marque la « zone habitable » relativement à la température de l’étoile-parent. Les naines rouges sont moins chaudes que le Soleil, lequel a une température en surface proche de 6.000 °C. © Nasa, Kepler
    Dans ce tableau figurent les 21 exoplanètes potentiellement habitables connues à ce jour. Celles qui ont été récemment validées sont orangées. Leurs tailles sont à comparer avec la Terre (Earth), Mars et Vénus. La bande verte marque la « zone habitable » relativement à la température de l’étoile-parent. Les naines rouges sont moins chaudes que le Soleil, lequel a une température en surface proche de 6.000 °C. © Nasa, Kepler

     

    Pas de terres habitables dans les zones habitables

    des naines rouges

     

    Cela en fait du monde... Un énorme gisement où rechercher d’éventuelles traces de vie. Oui, mais… rappelons que les naines rouges n’ont pas bonne réputation pour l’habitabilité. Même si elles peuvent paraître chétives, elles sont capables de redoutables colères qui peuvent déchirer l’atmosphère des planètes les plus proches. Quoique… pour certains, cela pourrait au contraire aider à amenuiser leurs enveloppes gazeuses (hydrogène et hélium à l’origine) et ainsi affaiblir un effet de serreétouffant. Or, il semble que cela ne fonctionne pas.

     

    Dans une étude qui vient de paraître dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, une équipe dirigée par le professeur James Owen, de l’Institute for Advanced Studies à Princeton, démontre à travers ses simulations informatiques, qu’il devrait être difficile de trouver des terres habitables dans les zones habitables des naines rouges.

     

    Pourquoi ? Parce qu’une planète de masse équivalente à la nôtre, ou supérieure, a de grandes chances de conserver tout au long de son évolution, à cause de sa gravité, une atmosphère épaisse. Celle-ci peut représenter un pour cent de la masse de l’astre (dans le cas de la Terre : un millionième). Aussi, dans ces conditions où l’effet de serre est énorme, la possibilité que de l’eau puisse demeurer à l’état liquide s’évapore ! Ce qui est doit être le cas de la plupart.

     

    Mais tout n’est pas perdu. Pour les chercheurs, les conditions seraient plus propices à la surface de mondes moins massifs que la Terre. Des exomars qui ne retiennent pas bien leur atmosphère, épaisse dans leur passé. Les rayonnements X et ultraviolets peuvent de surcroît les user. La bonne nouvelle est que ces petites boules rocheuses sont sans doute beaucoup plus nombreuses que les planètes plus grosses et plus massives.

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    Il pourrait y avoir au moins 100 milliards de planètes simplement dans notre galaxie. Difficile d’imaginer qu’aucune ne puisse abriter la vie. Le Cnes a interviewé Michel Viso, responsable des programmes d’exobiologie, afin qu’il nous parle des conditions d'apparition de la vie dans l'univers.

     

    Astronomie:  Habitabilité : autour des naines rouges, les exoterres sont bien trop chaudes + vidéo

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