• Contes et Légendes 2: Le buisson qui ne s'aimait pas d'Antoine Lang

     

    Le buisson qui ne s'aimait pas

     

    Contes et Légendes 2:  Le buisson qui ne s'aimait pas d'Antoine Lang


    Dans la haie d'un jardin, il était une fois un buisson.

     


    Autour de lui, régnait calme et harmonie. Le jardin était divisé en plusieurs parties.

     


    La plus grande était la pelouse, un gazon bien tondu, frais et doux sous les pieds. On y avait placé, à l'ombre d'un chêne centenaire une table et des chaises où les adultes venaient papoter en se désaltérant. On y avait installé aussi une balançoire grâce à laquelle les enfants, heureux, pouvaient pour quelques instants défier les lois de la nature et s'élever dans les airs comme des oiseaux. Et, lorsque lassés de leur vol ils désiraient découvrir le monde, ils allaient au bord de la rivière qui longeait la pelouse, admirer les libellules ou surprendre quelque truite.

     


    Du côté de la maison, il y avait le potager dans lequel s'activait en permanence un jardinier dont les gestes mesurés, emprunts de respect et de savoir-faire expliquaient à eux seuls la netteté du lieu. Tout y poussait à foison dans de belles allées régulières, tout y poussait dru et généreux pour le régal des yeux et des palais.

     

    Plus loin, on trouvait le verger, des arbres fruitiers aux troncs épais, aux couronnes touffues, alignés comme pour la parade et portant des fruits magnifiques. On venait souvent pique-niquer à leur ombre et, tard le soir, sur l'herbe moelleuse, on dansait à la lueur d'un grand feu.

     

    Le long de la route, on avait planté une haie de troènes protégeant des regards indiscrets et étouffant les bruits, les deux côtés restants étaient plantés de massifs divers : sapins nains, framboisiers, rosiers,...

     

    Notre buisson était là, dans l'angle de ces deux côtés, au coin comme les cancres et ses regards se promenaient dans tout le jardin.

     

    Ah, il paraissait bien triste dans ce jardin merveilleux.

     

    Il voyait les massifs de fleurs autour desquels chacun venait s'emplir les regards de couleurs douces, vers lesquels chacun se penchait pour en sentir les parfums délicats, dans lesquels venaient butiner des cohortes d'abeilles, et lui, ne portait aucune fleur.

     

    Il voyait les arbres d'ornement se couvrir au printemps de délicates feuilles, jouant, selon les espèces, sur toutes les nuances des verts ; les résineux couverts tout au long de l'année de fines aiguilles toujours colorées, et lui, il ne portait aucune feuille.

     

    Il voyait les arbres fruitiers vers lesquels on allait quand les fruits étaient mûrs, se gaver de sucre et de jus; le potager généreux qui offrait tout au long de l'année de quoi rassasier les appétits les plus féroces, et lui, il ne portait aucun fruit.

     

    Il n'était qu'un écheveau de tiges entrelacées et couvertes d'épines, des piquants acérés dans lesquels il n'y avait rien à voir, rien à sentir, rien à cueillir. On l'évitait de peur de se déchirer les doigts, de peur de faire des accrocs à ses habits.

     

    Alors, seul et inutile, il pleura longtemps...longtemps.

     

    Des sanglots si profonds qu'une taupe sortit d'entre ses racines, le considéra, le comprit et lui dit : "Il fait si bon vivre à ton refuge, je creuse et j'étale mes galeries à tes pieds et crois moi, nul mieux que toi ne sait retenir la terre, ni le vent, ni la pluie n'auront raison de ma demeure. Aussi, ne pleure plus, j'ai bien trop besoin de toi."

     

    Des soupirs si déchirants qu'un oiseau dans ses rameaux s'éveilla, l'écouta, le comprit et lui dit : "Il est si rassurant de séjourner entre tes bras, dans ta houppe j'ai construit mon nid et crois moi, nul mieux que toi ne sait protéger mes petits, ni l'épervier, ni le chat ne viendront les dérober. Aussi, ne te lamente plus, j'ai bien trop besoin de toi."

     

    Et depuis ce jour, le buisson vit dans l'angle du jardin, humble mais heureux.

     

    Que lui importe de n'être pas une vedette ? Que lui importe de ne pas attirer les regards depuis les quatre coins du jardin ? Que lui importe de ne pas bénéficier sans cesse de soins attentifs ? Il n'est ni beau à nos yeux, ni riche à nos estomacs : Dieu ne l'a pas fait pour cela.

     

    Son trésor est bien plus grand après tout, il est là pour protéger la vie : à chacun son aspect, à chacun son utilité.


    Antoine Lang

     

    Merci spécial à Antoine de partager avec moi sur

    mon blog ce conte

    Vous pouvez le visiter sur son site:

    https://fleurs-et-arbres.000webhostapp.com/

     

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