• Il était une fois un seigneur qui s’appelait Halewijn. Il avait une voix sublime et à chaque fois qu’il chantait, il rendait captives toutes les filles qui l'entendaient. Elles ne rentraient jamais chez elle et dans tout le pays, le seigneur Halewijn était craint et détesté.

    Or, il advint que la fille du roi apprit cette histoire par un voyageur qui venait d’arriver dans la ville. C'était une princesse très jolie et fort réservée, que ses parents adoraient. Elle se présenta un matin devant son père et lui demanda :
    - " Père, mon tant aimé père, me permettez-vous
    d’aller chez le seigneur Halewijn ? "
    - " Ah non ! répondit le roi. Pas toi !
    Toutes les filles qui se rendent auprès de lui ne reviennent pas. "
    Elle posa la même question à sa mère et à sa soeur mais elle obtint à chaque fois la même réponse. Elle s'adressa alors à son frère qui lui répondit :
    - " Ca m'est bien égal pourvu que tu défendes ton honneur
    et que tu agisses selon ton rang. "

    A ces mots, la princesse se rendit dans sa chambre et revêtit ses plus beaux habits : une chemise de soie, une robe bleue garnie de boutons d'or, un gilet brodé de perles fines et un corselet rehaussé de bandelettes dorées. Elle releva ses cheveux longs cheveux blonds à l’aide de pinces de nacre et posa sur sa jolie coiffure une lourde couronne d'or. Dans l'écurie de son père, elle choisit alors le meilleur cheval et partit au galop vers la forêt où elle pensait trouver le seigneur Halewijn.

    Elle ne tarda pas à le rencontrer. Il s'arrêta à ses côtés, descendit de cheval, l’attacha à un arbre et s'adressa à la princesse qui bien qu’effrayée ne le montrait nullement.
    " Je vous salue, gente Damoiselle aux yeux verts.
    Venez vous asseoir à mes côtés et dénouez vos magnifiques cheveux."
    La princesse descendit de cheval, et s’exécuta. Elle s’assit près du seigneur Halewijn et celui-ci se mit à chanter une chanson aux paroles suaves et aux notes cristallines. Au bout d’un moment, ils se levèrent et s'enfoncèrent dans la forêt en devisant. Ils arrivèrent dans une clairière où gisaient les victimes du seigneur.

    - " Puisque vous êtes la plus jolie d’entre toutes les belles, dit-il,
    je vous accorde le choix de votre mort. "
    - " Fort bien, dit la princesse, dans ce cas, je choisis l'épée.
    Mais enlevez d'abord votre pourpoint
    car il serait dommage de le tacher par mon sang. "
    Il fit ce que la princesse lui demandait mais, avant qu'il ait pu passer son pourpoint par dessus sa tête, celle-ci roula dans l'herbe. La princesse eut encore le temps d'entendre la tête du seigneur murmurer ces derniers mots :
    - " Prends mon cor, là, près du champ de blé,
    et joues-en pour avertir mes amis. "
    Mais elle ne se laissa pas prendre par la ruse de son ennemi ni par les autres qu'il lui réservait encore.
    Elle empoigna la tête par les cheveux et remonta à cheval. Lorsqu'elle arriva en vue des portes du château de son père, elle sonna du cor à la manière des guerriers. Le roi, entendant la nouvelle du retour de sa fille, offrit sur le champ un banquet grandiose à sa cour et la tête du seigneur Halewijn fut exposée au milieu de la table.

    Le repas fut joyeux et tout le monde but beaucoup peut-être sont ils encore attablés aujourd’hui ?

    D'après une chanson populaire flamande du XIIIe siècle

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  • LES ENVOYES DE L’HIVER

    C’était un matin de novembre.

    Ce matin là, comme tous les matins, Ginette se rend au parc qui jouxte sa maison. Elle a dans sa main des morceaux de pain qu’elle destine aux oiseaux.

    Lorsqu’elle arrive, ce jour là, tout est calme silencieux. Il n’y a pas d’oiseaux sur les branches nues des arbres. Seules quelques feuilles brunies crissent sous ses pas. Les oiseaux sont partis. La plupart vers les pays du soleil, vers le Sud et les autres, ceux qui restent, se cachent à l’abri du froid.

    Ginette est bien seule.

    Elle voit soudain apparaître au dessus du vieil orme, un oiseau magnifique. Ses ailes sont blanches, bordées de rouge. Son corps est bleu et son bec est doré. Jamais elle n’a vu plus bel oiseau. Délicatement, il se pose sur une branche, un peu comme une plume se pose sur le sol. Ginette surprise n'arrive plus à respirer. Elle est émerveillée.

    - Bonjour ! entend-elle.

    Mais d'où peut bien provenir cette voix ? Elle se retourne. Il n’y a personne. L’oiseau ouvre ses ailes et des flocons de neige tombent sur le sol.

    - Je suis, l'envoyée de la neige. Je m'appelle Nixia. Je fais tomber les flocons.

    En ouvrant ses ailes, l'oiseau fait naître une vraie chute de neige tout autour de l’arbre où il s'était posé.

    - Alors, tu fais l’hiver !

    - Oui et non. enfin, ce n’est pas moi toute seule. Si tu veux, je vais te raconter comment vient l’hiver.

    Dans le Nord du pays, vit Monsieur Hiver. Chaque année, à cette même époque, il nous envoie dans toutes les régions pour y apporter son message. Nous sommes trois envoyés : moi, Nixia ; mon ami, Brrr, l'envoyé du froid et Blizz, l'envoyé du vent du Nord. C'est à trois que nous faisons l’hiver. J’arrive toujours la première. Tu sais bien que le froid et le vent, sans la neige, c’est triste. Lorsque j'arrive, les gens sont contents ; la neige est douce et réjouit leur cœur. Les enfants sortent dans les rues. C'est un peu comme une fête.

    - Oh ! mais c'est super ! J'aime tant la neige. Jamais je n'aurais imaginé. Tu en as de la chance.

    - C’est vrai, moi, j'ai le beau rôle mais Brrr, lui, il n’est pas aimé du tout ...

    Au même moment, un souffle glacé fait frissonner Ginette et un oiseau vert vient se poser à côté de Nixia dans un bruit sec de glaçon qui craque.

    - Toi, je parie que tu es Brrr, dit Ginette.

    - Bien vu, je suis l'envoyé du froid.

    - Alors, c’est toi qui fait les glaçons ? J’aimerais bien en avoir un gros sur le bord de ma fenêtre.

    - Pas de problème, je vais t’en faire un mais avant, il faut que je gèle les cours d’eau, les patinoires et que je mette du givre aux carreaux. Tu sais ces étoiles qui t’empêchent de voir dehors et t’obligent à souffler sur la vitre pour apercevoir un bout de ciel. Allons, je parle, je parle, il est grand temps que je me mette au travail. Attention, je vais te frigorifier.

    Ginette enfonce ses mains dans ses poches, mais ses petits doigts s’engourdissent. Son nez devient tout rouge. Il est l'heure de rentrer. Sa maman va s’inquiéter. Le coeur gros, elle quitte ses nouveaux amis très heureuse pourtant d’avoir fait une rencontre si extraordinaire. En chemin, elle se dit que peut-être demain, elle verra le troisième envoyé. Ce sera alors vraiment l’hiver. Il est donc grand temps qu'elle sorte ses gants, sa tuque, son écharpe multicolore et son anorak à capuchon fourré.

    Le lendemain, lorsqu’elle se réveille, Ginette se rend vite compte que l'envoyé du vent du Nord est arrivé à son tour. On l’entend qui siffle à travers les fentes du toit et de la cheminée. Elle enfile ses vêtements et se dirige vers le parc. Dans l’orme, il n’y a qu’un seul oiseau ; très grand et tout gris. Ses plumes sont toutes ébouriffées.

    Dès qu'il aperçoit Ginette il lui crie : " Veux-tu une tempête, un ouragan, un cyclone, une tornade... " je suis Blizz, l'envoyé du vent. Ne sais-tu pas où sont mes amis ?

    Au moment où il pose sa question, Brrr arrive et se pose sur la même branche que celle d'hier. Il a l’air inquiet. Visiblement, il cherche quelque chose ... ou quelqu’un. Il se met à siffler.

    - As-tu vu Nixia ?demande-t-il à Ginette. Où peut-elle donc être passée ?

    Ginette sent dans cette voix, toute la tristesse du monde. A son tour, elle se met à être triste et inquiète. Oh non, s’il fallait que la neige ne revienne pas, ce serait épouvantable... Elle entend un bruit qui provient de sa maison.

    - Toc toc toc toc.

    Un éclair bleu traverse la fenêtre du grenier. Martine a compris aussitôt. Elle se précipite chez elle, grimpe quatre à quatre les escaliers et arrive au grenier. En ouvrant la porte, elle n'est pas surprise de trouver Nixia. Elle lui ouvre la fenêtre.

    - Merci de me secourir. La fenêtre était ouverte hier soir alors je suis entrée pour me reposer. Le vent l’a refermée et je ne pouvais plus sortir.

    Et Nixia s’envole en direction du grand orme.

    Lorsque Ginette revient dans le parc, les trois oiseaux sont réunis et font leur plan pour la journée.

    - Je propose de faire une énorme tempête...

    Ginette se permet d'intervenir :

    - J’ai quelque chose à vous demander. Comme tous les enfants, j’aime la neige mais trop de froid, trop de vent nous empêche de jouer. Trop de neige aussi bloque les routes et nos parents sont alors de méchante humeur. Un peu des trois, ce serait parfait. Juste pour cet hiver, ne pourriez-vous vous entendre ?

    Les trois oiseaux se regardent et opinent du chef.

    - D'accord, on va te faire le plus beau des hivers : pas trop de froid, pas trop de vent, avec juste assez de neige.

    Personne n’a jamais su pourquoi, cette année là, l’hiver a été si doux.

    Personne ?

    Si.

    Il y a eu Ginette et puis, il y a vous.


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  • Chaos le père de mondes 

        

    mythologie grecque

     

    Avant, avant, c'était bien avant tout ce que tu

    connais. C'était le Grand Rien.

    Dans le Grand Rien se tenait le Vide, immobile

    et endormi. Le Vide s'appelait Chaos.

    Or, à l'intérieur de Chaos qui dormait, était

    enfermé le Grand Tout.

     

    Chaos se réveilla. Il se mit en mouvement, il

    grandit. Il se tordit dans tous les sens, se défripa,

    se dilata.

    Quand il fut devenu gigantesque, il se dispersa

    et libéra le Grand Tout en poussant un hurlement

    formidable.

    Ce fut le premier cri des mondes.

    Ainsi naquirent les enfants de Chaos. Vint sa

    fille aînée, la terre, qu'il appela Gaïa. Puis vint

    Nyx, la nuit. Et encore l'amour, son fils Eros.

    Pour protéger les mystères il enfanta Erèbe,

    les ténèbres. 

     

     

      © Texte et illustrations Catherine Bastère Rainotti  


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  • C'était il y a très longtemps, au début de l'apparition des hommes dans le Grand Nord.
    A cette époque, les Esquimaux étaient le peuple le plus heureux de la planète bleue. Ils disposaient d'une nourriture abondante, avaient de l’eau en suffisance et surtout ne se disputaient jamais. Le jour, ils jouissaient de la lumière du soleil et durant la nuit, ils profitaient de la clarté de la lune. Pour la tribu, tout était source de joie et prétexte à fêter.

    Mais il arriva que trois d'entre eux, Itouk, Kakouk et Marouk, devinrent jaloux du bonheur des autres. Ils essayaient par tous les moyens de se quereller avec les membres de la tribu... mais sans succès. Ils décidèrent donc de s'attaquer à l'astre du jour, père de toute chose afin de le tuer. Ils souhaitaient ainsi que leurs compagnons soient privés de chaleur et de lumière, que la vie devienne difficile et que tous soient malheureux.

    Ils préparèrent leur attaque avec le plus grand soin : des flèches et harpons qu'ils projetteraient dans le ciel en plein midi.
    Au jour dit, ils lancèrent leurs armes vers le soleil mais en vain. Tout ce qui était envoyé vers le ciel retombait sur la terre, brûlé par les rayons du soleil.
    Nullement découragés, ils entreprirent de refroidir le soleil en lui envoyant d'énormes blocs de glace. Mais leurs résultats ne furent pas plus brillants. La glace fondait et retombait sur les attaquants.

    Ils se réunirent alors dans l'igloo de Kakouk pour mettre au point une tactique qui leur permettrait de faire disparaître l'astre de la nuit. Ils y consacrèrent de nombreuses semaines sans trouver de solution.
    Un soir qu'ils avaient beaucoup bu, ils regardèrent la lune et commencèrent à se moquer d'elle en l'injuriant.
    Fort peinée, la gentille lune pleura longtemps de leurs méchancetés. Voyant que leurs insultes portaient, Itouk, Marouk et Kakouk redoublèrent leurs attaques pendant des jours et des jours.

    La lune en eut assez. Elle confia son malheur au soleil qui décida d'intervenir. Ce que les trois esquimaux ignoraient, c'est que la lune était la soeur du soleil et qu'ils se voyaient deux fois par jour.

    Il s'adressa tout d’abord à eux pour leur demander de cesser leurs attaques. Malheureusement pour la tribu, seuls étaient restés au village les trois vauriens, bien trop paresseux pour aller chasser. Ils n'écoutèrent pas l'appel du soleil et ils lui rirent même au nez.

    Alors il se fâcha et décida de leur donner une bonne leçon dont tous se souviendraient : il disparaîtrait du ciel des Esquimaux six mois par an pour ne revenir que six mois plus tard.

    Et c'est ainsi qu'apparut la nuit polaire.

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  •    

                                  Les enfants de Gaia

    Mythologie grecque

      

    Lire et RéCréer - les Enfants de Gaïa - mythologie grecque   Gaïa, la Terre, fille aînée de Chaos, était une sphère parfaite. Ronde, ronde,
    si ronde ! Elle était remplie de tant d'enfants…
    La tension en elle devint si forte qu'elle éclata et donna naissance à son
    premier enfant,
    Ouranos, le Ciel.
    A peine Ouranos fut-il né, qu'il se déploya dans son immensité et il
    enveloppa étroitement Gaïa de toutes parts comme dans les plis d'une
    écharpe bleue.C'est ainsi que le Ciel et la Terre s'unirent.

    De leur union naquirent d'abord six filles, les
    Titanides et six garçons,
    les
    Titans dont la taille gigantesque et la force incroyable dépassent
    l'imagination. Ils traversaient l'univers en quelques pas et jouaient au
    ballon avec les planètes.

    Hélas, au fil du temps, l'amour d'Ouranos pour Gaïa devint amer.
    Il la fit souffrir et se mit à détester ses enfants. Il était jaloux d'eux, de
    leur jeunesse, de leur force. Il ne supportait pas leur vue et les obligeait
    à rester cachés tout au fond du Tartare qui est le lieu maudit des Enfers.
    Par peur que l'un d'entre eux ne prenne sa place, il les repoussait, il les
    haïssait. Gaïa les entendait sangloter et gémir sans trêve.
    La souffrance de ses enfants la rendit si furieuse qu'elle se prit, elle
    aussi à détester Ouranos.

      

    Lire et RéCréer - les Enfants de Gaïa - mythologie grecque   Ouranos dans un surcroît de brutalité et de méchanceté, s'attaqua à Gaïa
    avec une violence inouïe. Le Ciel se déchaîna sur la Terre.
    Alors des monstres virent le jour. Ils sont le résultat de la cruauté d'Ouranos
    envers Gaïa. Ce furent trois
    Cyclopes dont l'œil unique roulait follement au
    milieu du front. Puis ce furent les trois
    Hécatonchires d'affreux êtres qui
    avaient chacun cent mains !
    Eux aussi furent condamnés, comme les Titans et les Titanides, à vivre au
    fond des Enfers.
    En grand secret, Gaïa parla à ses enfants. Elle leur demanda de l'aider à se
    débarrasser d'Ouranos.
    Aucun d'entre eux ne voulut prêter la main à cet horrible projet de tuer leur
    père. Aucun sauf un.
    Cronos, le plus jeune des Titans, accepta de délivrer
    sa mère de l'odieux amour du Ciel.

    Cronos, armé d'une faucille donnée par Gaïa, protégé par Nyx, sa tante la
    Nuit, attendit la venue d'Ouranos chez sa mère. Quand il le vit, il s'approcha
    de lui doucement et, vivement, d'un seul geste, le blessa de manière à
    l'empêcher pour toujours d'ensemencer Gaïa, la Terre.

    Cependant, du sang de cette blessure tombant du Ciel sur la Terre naquirent
    encore les
    Géants et les Furies. Ce furent les derniers enfants de Gaïa
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