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    20 octobre 1740

     

    Avènement tumultueux de Marie-Thérèse

     

    Le 20 octobre 1740, à Vienne, Marie-Thérèse (23 ans) monte sur le prestigieux trône d'Autriche laissé vacant par la mort de son père, Charles VI de Habsbourg.

    Son avènement est aussitôt contesté par les principaux souverains d'Europe. Mais la souveraine va faire front et va gagner ses galons de grand chef d'État au terme d'une longue guerre de Succession d'Autriche

     
    Une mère comblée
     
    François de Lorraine et Marie-Thérèse de Habsbourg avec leur nombreuse progéniture (Martin Van Meylens le Jeune, 1755, musée de Versailles)

    En 29 ans de mariage, Marie-Thérèse a donné le jour à seize enfants. C'est mieux que la douce Marie Leszczinska, épouse du roi de France Louis XV, qui s'était arrêtée à dix enfants. Parmi les enfants de Marie-Thérèse : les futurs empereurs Joseph II et Léopold II, ainsi que Marie-Antoinette, future reine de France (elle figure dans le berceau de l'arrière-plan sur le portrait ci-dessus).

    De l'impossibilité d'être femme et impératrice

    Charles VI de Habsbourg a gouverné en souverain absolu les États héréditaires de la maison des Habsbourg (grand-duché d'Autriche, royaumes de Bohème et de Hongrie...). Comme ses prédécesseurs depuis trois siècles, il a assumé également la fonction symbolique d'empereur du Saint Empire romain germanique (on dit aussi : empereur électif d'Allemagne).

    N'ayant que des filles pour lui succéder, Charles VI a prévu par la «Pragmatique Sanction» du 19 avril 1713 que son héritage pourrait revenir à l'aînée de celles-ci, Marie-Thérèse.

    L'ordonnance impériale doit éviter le morcellement de ses États héréditaires. Mais elle n'est agréée que du bout des lèvres par les souverains européens. Sans compter que les règles de succession du Saint Empire romain germanique ne permettent pas à une femme de porter le titre impérial. Autant dire qu'il faudra beaucoup d'énergie et d'habileté à Marie-Thérèse pour faire valoir ses droits...

    La famille impériale avec, autour de Marie-Thérèse, Marie-Christine et son mari Albert de Saxe, Maximilien, Marie-Anne, Marie-Elisabeth et Joseph II (Heinrich Füger, 1776)

    Une femme de poids

    Née le 13 mai 1717 à Vienne, l'archiduchesse épouse à 19 ans François-Stéphane de Lorraine (28 ans) qui devient duc de Lorraine en 1729 puis grand-duc de Toscane en 1736.

    Après la mort de son père, Marie-Thérèse réussit grâce à son énergie et sa séduction à conserver les titres d'archiduchesse d'Autriche, reine de Hongrie et de Bohême, son mari recevant en 1745 le titre impérial sous le nom de François 1er...

    Pendant son long règne, Marie-Thérèse protège habilement les intérêts de ses États, au prix de plusieurs renversements d'alliance et avec le conseil avisé de son ministre des Affaires étrangères, le prince de Kaunitz-Rittberg (1711-1794). Tout juste ne peut-elle empêcher l'annexion brutale de la Silésie par la Prusse pendant la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748). Marie-Thérèse a appris de cette guerre la nécessité de moderniser les structures de ses États.

    La souveraine, qui se veut la Mère de ses peuples, mène des réformes qui ne doivent rien aux philosophes ni aux idées libérales en vogue dans les salons de la bourgeoisie européenne (il en ira tout autrement de son fils Joseph II lorsqu'il règnera seul, après 1780).

    Bien que d'une grande piété, elle n'hésite pas à revoir les relations de l'Église avec l'État et, à regret, expulse la trop puissante Compagnie de Jésus après que le pape lui-même l'eût dissoute en 1773.

    On lui doit la construction du palais de Schönbrunn, près de Vienne. Ce palais marque en Autriche le passage du style baroque au rococo. Il est l'équivalent viennois de Versailles.

     

    Le palais de Schonbrunn, près de Vienne

    Le «joséphisme»

    Marie-Thérèse règne en souveraine absolue sur 14 millions de sujets pendant quarante ans, jusqu'à sa mort le 29 novembre 1780, à 63 ans.

    Son mari, à qui elle n'a laissé aucune initiative, est mort quinze ans plus tôt, le 18 août 1765. Le titre impérial a été alors transmis à leur fils Joseph II de Habsbourg-Lorrains.

    Mais celui-ci doit attendre la mort de sa mère pour régner enfin à près de 40 ans. Il use aussitôt de son pouvoir pour bouleverser les États autrichiens.

    C'est l'«Aufklärung» : fin du servage, expulsion des Jésuites, édit de tolérance, suppression des ordres contemplatifs, suppression de la torture, abolition des corporations... Joseph II fait aussi du haut allemand la langue officielle de l'empire, à la grande fureur des minorités.

    Dominé par la haine du clergé et de la papauté, le «joséphisme» va se solder par un échec cuisant... mais il montrera la voie aux révolutionnaires français.

     

    Éphéméride du Jour 4:  Avènement tumultueux de Marie-Thérèse - 20 octobre 1740

     

     

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    19 octobre 1935

     

    Fin de la Longue Marche

     

    Le 19 octobre 1935 s'achève la Longue Marche des communistes chinois et de leur chef Mao Zedong.

    Après une épopée de douze mille kilomètres à travers la Chine, les communistes se réfugient au Shaanxi. Dans cette province montagneuse isolée du nord-ouest, ils échappent aux attaques du parti rival du Guomindang et de son chef, Tchang Kaï-chek.

    C'est au cours de la Longue Marche que Mao Zedong s'impose comme le leader des communistes chinois et va les mener à la victoire finale...

    De difficulté en difficulté

    Fils d'un riche paysan, Mao est né le 28 décembre 1893 au Hounan, au coeur de la Chine. Il a participé au mouvement étudiant du 4 mai 1919 puis à la fondation du Parti communiste en 1921.

    Au risque de mécontenter les alliés soviétiques, il cultive l'idée que les révolutionnaires chinois doivent s'appuyer en priorité sur la paysannerie misérable des campagnes plutôt que sur la classe ouvrière des villes. Cette idée est longtemps combattue par les autres leaders du Parti, notamment le très influent Chou En-lai.

    Mao fait valoir les échecs des soulèvements prolétariens à Canton, en 1926, ou encore à Shanghai, en 1927 (le roman d'André Malraux, La condition humaine, retrace cet événement). Il réclame un changement d'orientation. Lui-même donne l'exemple en consolidant son emprise sur le parti communiste dans sa région, au sud-ouest du Yangzi Jiang. Profitant de la déliquescence des pouvoirs publics, il crée un État communiste au Jiangxi. Il impose son autorité sur les militants communistes et les paysans de la région sans rechigner aux exécutions sommaires, aux tortures et aux massacres de masse.

    L'offensive de Tchang Kaï-chek sur ce dernier bastion communiste chinois l'oblige à fuir vers le nord. C'est donc la Longue Marche qui le mènera au Shaanxi au terme de ce périple de 12 000 km... Mais de 130 000 au départ, un an plus tôt, les communistes ne sont plus que 30 000. La faim et la lutte contre les troupes du Guomindang ont eu raison des autres.

    Désormais en sécurité et assuré d'une autorité sans faille sur ses troupes (ou ce qu'il en reste), Mao introduit la révolution dans les campagnes, par le partage des terres (et le massacre des mécontents).

    Fort du ralliement de l'influent Zhou Enlai, l'un des chefs de l'insurrection ouvrière de Shanghai de 1927, il se fait enfin élire président du Comité central du Parti Communiste Chinois en février 1935.

     

    Les guerres civiles

     

    Éphéméride du Jour 4:  Fin de la Longue Marche - 19 octobre 1935

     

     

    De la fondation de la République en 1911 à la proclamation de la République populaire en 1949, la Chine connaît des décennies parmi les plus dramatiques de son Histoire : guerres civiles entre chefs républicains et impériaux, guerre civile entre communistes et Guomindang, invasion japonaise...

    Vers la revanche

    Mao s'autorise une alliance tactique avec le Guomindang pour repousser l'envahisseur japonais. Dans les faits, il se garde bien d'engager ses troupes dans la guerre patriotique et laisse ses rivaux en supporter tout le poids. Sitôt après la défaite japonaise, en 1945, il reprend le combat contre Tchang Kaï-chek et l'oblige à se réfugier à Taïwan avec ses partisans.

    Le 1er octobre 1949, triomphal, il proclame à Pékin la République populaire de Chine.

    André Larané

     

    Éphéméride du Jour 4:  Fin de la Longue Marche - 19 octobre 1935

     

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    18 octobre 1685

     

    Révocation de l'Édit de Nantes

     

     

    Le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le roi Louis XIV révoque totalement l'Édit de tolérance signé à Nantes par son grand-père Henri IV en 1598.

    Par ce nouvel édit, le Roi-Soleil signifie qu'il n'y a plus de religion autorisée en France en-dehors de la religion catholique. C'est un coup dur pour la minorité protestante, encore assez nombreuse malgré les brimades et les persécutions antérieures.

    Le nouvel édit, applicable à l'ensemble du royaume sauf à l'Alsace récemment annexée, est à l'origine d'un traumatisme durable dans les consciences.

     
    Le champion du catholicisme

    Après un début de règne glorieux marqué par le traité de Nimègue, en 1678, le roi Louis XIV veut apparaître en France et en Europe comme le champion du catholicisme, pour faire pièce au pape et à l'empereur Léopold qui se flatte d'avoir repoussé les Turcs.

    Sur les conseils de son entourage, Louis XIV décide d'extirper l'hérésie protestante de son royaume. Il reproche aux « huguenots » leur sympathie pour l'Angleterre et les Provinces-Unies des Pays-Bas. Et surtout, comme la grande majorité des Français et des Européens de son temps, il admet mal que deux religions puissent cohabiter dans un même État.

    Une Caisse des conversions tente de convaincre les calvinistes les plus pauvres de se convertir contre espèces sonnantes et trébuchantes. Mais les adeptes de Jean Calvin témoignent dans l'ensemble d'une grande rigueur morale et ne se laissent pas aisément manipuler.

    Dans les provinces, les intendants recourent à des manières plus brutales comme d'enlever des enfants pour les baptiser en dépit de leurs parents.

    En 1681, l'intendant de Poitiers, René de Marillac, imagine de loger des dragons de l'armée chez les adeptes de la RPR (« Religion Prétendue Réformée »). Ces « missionnaires bottés » se comportent comme en pays conquis, n'ayant pas scrupule à piller, violer et parfois tuer leurs hôtes. Leurs excès sont réprouvés par le roi. Il n'empêche que son ministre Louvois étend le procédé au Midi, au Béarn et au Languedoc. Par le fait des « dragonnades », les conversions forcées se multiplient.

    Sur la foi de rapports optimistes, le Roi-Soleil en vient à croire que la religion réformée n'est plus pratiquée dans le royaume. Malgré une ultime requête des protestants pour l'assurer de leur loyauté, il considère que la tolérance instituée par Henri IV n'a plus lieu d'être.

    L'Édit de Nantes avait déjà été sérieusement amendé par la paix d'Alès de 1631 et par des vexations successives (interdiction des enterrements de jour pour les protestants, destruction de temples, interdiction des mariages mixtes...).

    Avec l'Édit de Fontainebleau, le roi supprime ce qui reste de la tolérance religieuse héritée de Henri IV. Il interdit la pratique du culte réformé, ordonne la démolition des temples et des écoles, oblige à baptiser dans la foi catholique tous les enfants à naître, ordonne aux pasteurs de quitter la France mais interdit cependant aux simples fidèles d'en faire autant, sous peine de galères.

    L'opinion catholique, y compris les plus illustres écrivains de l'époque (La Fontaine, La Bruyère, Mme de Sévigné...) applaudit à la mesure.

     

    Protestants au service de Sa Majesté Très-Chrétienne

    Abraham Duquesne (1610, Dieppe ; 2 février 1688, Paris), par Antoine Graincourt, Cercle militaire de Versailles

    Au nom du roi Louis XIV, Abraham Duquesne, lieutenant général des armées navales (1610-1688), bombarde le port d'Alger à plusieurs reprises et ses galères mènent la chasse aux pirates barbaresques. Il fait libérer de nombreux esclaves chrétiens. En reconnaissance de ses succès, Louis XIV veut lui octroyer la dignité d'amiral sous réserve qu'il abjure sa foi protestante, ce que refuse le glorieux marin.

    Le maréchal de Turenne, protestant intègre qui descend par sa mère du héros de l'indépendance des Pays-Bas Guillaume le Taciturne, se laisse quant à lui convertir à la foi catholique par Bossuet en 1668.

    Un désastre politique, moral et économique

    Dans l'entourage du roi, il n'y a guère que Vauban qui manifeste une honnête et courageuse lucidité. S'en tenant aux aspects pratiques, il adresse dès 1689 au roi un Mémoire pour le rappel des huguenots dans lequel il expose les conséquences économiques de l'édit :

    « Les dommages qu'il a causés :
    1° entraîné la désertion de 80 à 100.000 personnes de toutes conditions...
    2° appauvri nos arts et manufactures particulières, la plupart inconnus aux étrangers...
    3° grossi les flottes ennemies de 8 à 9000 matelots...
    4°grossi leurs armées de 5 à 600 officiers et de 10 à 12.000 soldats...
    Les rois sont bien maîtres des vies, mais les biens intérieurs sont hors de leur puissance.
    Il est évident que plus on les pressera sur la Religion plus ils s'obstineront ; que continuant de leur tenir rigueur il en sortira tous les jours du Royaume qui seront autant de sujets perdus et d'ennemis ajoutés, que d'envoyer aux galères... ne servira qu'à grossir leur martyrologe. [...] Après avoir recommandé la chose à Dieu, auquel seul appartient la conversion des coeurs, que sa Majesté rétablisse l'Édit de Nantes purement et simplement. »

    Très vite, le roi peut mesurer l'étendue de son erreur. L'hérésie est loin, en effet, d'avoir été éradiquée. Des foyers de résistance se forment. Les dragonnades doivent reprendre. Dans les Cévennes (Lozère et nord du Gard), la révolte des Camisardséclate en 1702.

    Les convertis eux-mêmes se montrent rétifs à l'enseignement de l'Église et leurs descendants seront au XVIIIe siècle parmi les premiers à contester celle-ci et son clergé.

    Dès avant la publication de l'édit de Fontainebleau et malgré l'interdiction qui leur est faite de s'enfuir, près de 300.000 « religionnaires » quittent la France pour des refugestels que Berlin, Londres, Genève, Amsterdam ou même Le Cap, en Afrique du sud.

    Ces exilés issus de la bourgeoisie laborieuse vont faire la fortune de leur pays d'accueil, en particulier le Brandebourg, noyau de la future Prusse, et leur départ va appauvrir la France en la privant de nombreux talents. Ils vont aussi nourrir à l'extérieur les ressentiments contre la France et son monarque. Beaucoup s'illustreront dans les armées ennemies.

    Alban Dignat 
     
     
    Erreur fatale

    La révocation de l'Édit de Nantes est considérée comme la plus lourde erreur de Louis XIV. Elle amorce une fin de règne difficile en appauvrissant le royaume et en suscitant à ses frontières des ennemis acharnés. Elle abaisse aussi la parole royale en signifiant qu'un souverain peut révoquer un édit que son bisaïeul avait déclaré « perpétuel et irrévocable » ! Au sommet de la puissance, Louis XIV sème ainsi les germes de la Révolution qui abattra sa dynastie un siècle plus tard.

    À propos de la révocation, l'historien Jacques Marseille juge qu'« en amenant les protestants à pratiquer une religion de façade et à manifester leur indifférence en matière de foi catholique, elle a sans doute préparé la déchristianisation du siècle suivant  » (*)...

    Cette observation est d'autant plus pertinente que la révocation s'inscrit dans une longue suite d'initiatives malheureuses et contradictoires en matière religieuse : l'expulsion des religieuses de Port-Royal de Paris, accusées de jansénisme, en 1664, l'ordonnance de 1673 sur la régale universelle (avec le soutien des jansénistes !), la Déclaration des Quatre Articles en 1682 et la renonciation à cette même déclaration en 1693...

     

    Éphéméride du Jour 4:  Révocation de l'Édit de Nantes - 18 octobre 1685

     

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    17 octobre 1777

     

    Victoire d'estime à Saratoga

     

    Le 17 octobre 1777, les insurgés (Insurgents) des Treize Colonies anglaises d'Amérique du nord remportent leur première victoire à Saratoga, dans la vallée sauvage de l'Hudson, au coeur de l'État actuel de New York.

     

    Camille Vignolle.
     
     
    Une victoire avant tout psychologique

    Bien que minoritaires parmi les habitants des Treize Colonies, les insurgés avaient défié le roi George III en proclamant unilatéralement leur indépendance le 4 juillet de l'année précédente.

    Les premières escarmouches entre les insurgés et l'armée anglaise, soutenue par les loyalistes, s'étaient soldées par des échecs ou de médiocres succès. Mais le talent stratégique de George Washington, général en chef des insurgés, et le soutien de jeunes nobles libéraux venus d'Europe continentale, comme le marquis de Lafayette, allaient changer le cours des événements.

    Pendant l'été 1777, le général anglais Howe entre à Philadelphie puis tente de faire sa jonction avec le général Burgoyne, qui descend du Canada avec 5.000 soldats.

    Mais ce dernier, s'étant avancé en terrain difficile et coupé de ses bases, voit son armée menacée de mourir de faim. Il fait sa reddition à Saratoga au général Gates.

    L'effet psychologique est immense en Amérique comme en Europe (de ce point de vue, Saratoga est aux Américains ce que sera Valmy pour les révolutionnaires français).

    Certains Français y voient l'occasion de prendre leur revanche sur la perfide Albion après le désastreux traité de Paris (1763). C'est le cas du comte de Vergennes, ministre des affaires étrangères de Louis XVI depuis l'avènement du roi en 1774.

    Le 6 février 1778, tandis que Necker a remplacé le sage Turgot aux Finances, Vergennes obtient gain de cause. Il signe un traité de commerce avec Benjamin Franklin, le «sage de Philadelphie», qui représente à Paris les Insurgents. Ce traité consacre la reconnaissance par la France des nouveaux États-Unis d'Amérique et leur ouvre les ports du pays. Un deuxième traité, signé le même jour, promet aux Américains une aide de la France dans la lutte contre la couronne anglaise.

    L'Espagne et la Hollande, qui ont aussi une revanche à prendre sur l'Angleterre, apportent également leur soutien aux Patriotes de George Washington.

    Grâce à la flotte française, aux volontaires de La Fayette et au corps expéditionnaire de Rochambeau, les insurgés se trouveront enfin en situation de vaincre l'Angleterre.

     

    Éphéméride du Jour 4:  Victoire d'estime à Saratoga - 17 octobre 1777

     

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    16 octobre 1793

     

    Exécution de Marie-Antoinette

     

     

    La reine Marie-Antoinette est guillotinée le 16 octobre 1793, dix mois après son mari Louis XVI.

    Le procès du roi et sa condamnation à mort pouvaient s'expliquer par la volonté des républicains d'en finir avec le principe monarchique qu'il incarnait et de briser le lien affectif qui rattachait la masse des Français à la dynastie.

    Le procès de la reine n'est quant à lui motivé par aucune nécessité politique mais il est provoqué par une intensification de la Terreur, sous l'effet des menaces d'invasion...

    Fabienne Manière
     

    Marie-Antoinette quitte la Conciergerie pour l'échafaud, par Georges Cain (musée Carnavalet)

    Une reine mal-aimée

    Le 1er août, Bertrand Barère, député à la Convention et porte-parole du Comité de Salut public, fait voter un décret qui met en jugement la reine déchue en même temps qu'il programme la destruction de tous les symboles de la royauté.

    La reine Marie-Antoinette est le quinzième et avant-dernier enfant de l'impératrice d'Allemagne, Marie-Thérèse de Habsbourg, et de son mari, François de Lorraine. Elle a été mariée au Dauphin Louis à 14 ans, en 1770, le roi Louis XV ayant souhaité rapprocher les deux grandes puissances rivales du continent européen, l'Autriche et la France.

    Mais le mariage a été d'emblée critiqué par l'opinion publique. Celle-ci, sous la monarchie comme, plus tard, sous la République, a toujours rejeté la perspective d'une alliance avec Vienne, lui préférant l'amitié du roi de Prusse.

    Pendant toute la durée de son règne, Marie-Antoinette est surnommée avec dédain l'« Autrichienne ». Elle doit faire face à l'impopularité et aux ragots. Sa réputation est atteinte par des affaires auxquelles elle n'a aucune part comme le vol d'un collier de diamants auquel Alexandre Dumas a consacré un roman célèbre : Le collier de la Reine.

    Crime de haute trahison

    Après le départ forcé de la famille royale de Versailles pour les Tuileries, le 5 octobre 1789, Marie-Antoinette prend la mesure du bouleversement en cours. Elle va dès lors montrer une énergie inattendue mais l'appliquer bien à tort à une cause perdue, le retour à l'Ancien Régime.

    Attachée à ses prérogatives royales, elle use de son influence sur le faible Louis XVI pour entraver la marche vers une monarchie constitutionnelle, au grand dam de La Fayette, qu'elle déteste, et de Mirabeau, l'un des chefs de l'Assemblée constituante, qui, par intérêt financier, s'est en secret rallié au roi. Son entrevue avec la reine, le 3 juillet 1790, se solde par un échec.

    Mirabeau étant mort le 2 avril 1791, le roi tombe plus que jamais sous la coupe de son épouse. Celle-ci reprend la suggestion de Mirabeau de fuir vers l'Est et de se placer sous la protection des armées fidèles à la monarchie. Elle reçoit pour cela l'aide de son fidèle ami, un beau Suédois du nom d'Axel de Fersen. Mais la fuite échoue piteusement au relais de poste de Varennes, dans l'Argonne, le 20 juin 1791.

    La reine, dès lors, cache à peine son souhait d'une intervention militaire contre la France et en appelle à son frère l'empereur François II, qui règne à Vienne. « Nous n'avons plus de ressources que dans les puissances étrangères ; il faut à tout prix qu'elles viennent à notre secours. Mais c'est à l'Empereur de se mettre à la tête de tous et à régler tout », écrit-elle à un confident en août 1791. 

    Il va sans dire que ces tractations plus ou moins secrètes avec l'ennemi, assimilables à un crime de haute trahison, pèseront lourd dans son procès. Elles vont conduire à une déclaration de guerre de la France au « roi de Bohême et de Hongrie » en bonne et due forme le 20 avril 1792.

    Son refus de tout compromis avec les députés de l'Assemblée législative vaut à Marie-Antoinette un nouveau surnom, celui de Madame Veto. Survient la journée fatale du 10 août 1792, qui voit la prise des Tuileries et la chute de la monarchie.

    Infâmes accusations

    Marie-Antoinette conduite à l'échafaud, croquis attribué au peintre David

    La famille royale est enfermée dans l'enclos du Temple, une ancienne demeure des Templiers située à l'emplacement de l'actuelle mairie du 3e arrondissement de Paris.

    Dans cette ultime épreuve, Marie-Antoinette, qui n'a plus depuis longtemps de rapport charnel avec son mari, retrouve pour ce dernier estime et sympathie.

    Dans la prison se retrouvent le couple royal, leurs deux enfants, le Dauphin Louis et sa jeune soeur Marie-Thérèse, surnommée « Charlotte » et plus tard « Madame Royale », ainsi que la soeur de Louis XVI, Madame Élisabeth.

    Après l'exécution du roi, le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette a la douleur d'être séparée de son fils, le petit Louis XVII (8 ans). Il est confié à un cordonnier, le citoyen Simon, pour être élevé en domestique et en sans-culotte (il mourra deux ans plus tard dans des conditions sordides).

    Le 1er août 1793, la reine est arrachée à sa fille et à sa belle-soeur et transférée à la Conciergerie, sur l'île de la Cité. Enfin arrive son procès, le 14 octobre. Il sera bouclé en deux jours.

    Prodigue et légère du temps de sa splendeur, Marie-Antoinette témoigne de courage et de fermeté devant le Tribunal révolutionnaire présidé par Jacques Billaud-Varenne, membre du Comité de Salut public et redoutable propagandiste de la Terreur.

    Elle fait face avec dignité à d'infâmes accusations d'inceste sur la personne de son fils, présentées par le substitut du procureur général, le polémiste et jacobin Jacques Hébert. Robespierre lui-même déplore ces accusations nauséeuses qui affectent l'image de la Révolution...

    Extrait de l'audience du 15 octobre 1793

    Après la déposition d'Hébert, le président Hermann interpelle l'accusée : « Qu'avez-vous à répondre à la déposition du témoin ? » D'une voix tremblante, elle répond : « Je n'ai aucune connaissance des faits dont parle Hébert».
    Hébert reprend la parole et accuse la reine et Madame Elisabeth d'avoir traité l'enfant en roi en lui donnant en toutes occasions la préséance. Marie-Antoinette se tourne vers Hébert et demande : « L'avez-vous vu ? »
    Hébert : « Je ne l'ai point vu, mais la Municipalité le certifiera », puis il coupe court à l'aparté et, changeant de sujet, il se lance sur une autre affaire.
    Un juré dont on n'a pas le nom se lève et demande : « Citoyen-Président, je vous invite à vouloir bien faire observer à l'accusée qu'elle n'a pas répondu sur le fait dont a parlé le citoyen Hébert à l'égard de ce qui s'est passé entre elle et son fils ». Le président répète la question et la reine se lève - « vivement émue » affirme le procès verbal - : « Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature se refuse à une pareille inculpation faite à une mère ». Elle se tourne vers la foule : « J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici ».

    Deux témoins, les frères Humbert, rapportent qu'un courant passe dans la foule, même les tricoteuses se sentent remuées. L'audience est suspendue quelques minutes et la reine, se penchant vers son avocat Chauveau-Lagarde, lui demande à voix basse : « N'ai-je pas mis trop de dignité dans ma réponse ? »
    – Madame, soyez vous-même et vous serez toujours bien ; mais pourquoi cette question ?
    – C'est que j'ai entendu une femme du peuple dire à sa voisine : vois-tu comme elle est fière !

    Marie-Antoinette lors de son procès(plaque de lanterne magique, collection de Michelle Lorin, association Marie-Antoinette)

    Épilogue

    Quoi qu'il en soit, la reine n'échappe pas à la condamnation à mort. Le jour de l'exécution, vers midi, elle quitte la Conciergerie, les mains entravées dans le dos, et monte sur une charrette. Elle est conduite au pied de l'échafaud, place de la Révolution (actuelle place de la Concorde), au milieu d'une foule vociférante. 

    Elle monte dignement vers la guillotine et la légende veut qu'elle ait marché sur le pied du bourreau Samson et se soit excusée en femme du monde : « Monsieur, je vous demande pardon, je ne l'ai pas fait exprès ». Elle a 38 ans.

    Sa belle-soeur, Madame Élisabeth (29 ans), est à son tour guillotinée le 10 mai 1794. Sa fille Marie-Thérèse (« Charlotte ») aura plus de chance. Elle fera l'objet d'un échange contre des prisonniers français et quittera la France pour l'Autriche le 19 décembre 1795, le jour de ses 17 ans. Elle mourra en 1851 dans son pays d'adoption.

    Le 21 janvier 1815, les restes de la reine Marie-Antoinette seront transférés avec ceux de Louis XVI dans la basilique Saint-Denis, traditionnelle nécropole des rois de France.

     

     

    Éphéméride du Jour 4:  Exécution de Marie-Antoinette - 16 octobre 1793

     

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