• Généalogie: Les doléances des scieurs de pierres et de marbre de Paris

     

     

    Les doléances des scieurs de pierres et de marbre de Paris

     

    Lettre du 21 avril 1789, demandant l’inscription d’une doléance dans les cahiers de la ville de Paris

     


    jeudi 27 mai 2010, par Alain Morinais
     

    Voici la transcription d’une copie de document d’archives du royaume. Notamment une lettre remise au président de l’assemblée du district pour la rédaction des cahiers des plaintes et doléances de la ville de Paris.

     

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    Le scieur de pierres

    Monsieur,

    Nous avons l’honneur de Vous prier de présenter à l’assemblée que Vous présiderez notre juste demande dénommée ci-dessous.

    Nous sommes environ trois mille scieurs de pierres et de marbre dans Paris, une partie de nous est la plus part sans ouvrage depuis longtemps et principalement depuis avant l’hiver passé, ce qui nous est bien nuisible. Ce sont deux mécaniques que les messieurs Corbel père et fils ont fait construire sur la rivière des Gobelins à Paris.

    Une de ces mécaniques qui a 4 scies et dont il n’est besoin que de deux hommes pour lui trouver l’ouvrage et la conduire, elle débite dans un jour et une nuit l’ouvrage de 90 hommes et la deuxième de 60 hommes. Ces deux mécaniques ensembles débitent donc en un seul jour et une nuit l’ouvrage qu’un fort scieur de pierres peut débiter en cent cinquante jours.

    D’après cette importante considération, Monsieur, nous sommes assurés que vous voudrez bien employer tous vos moyens pour engager votre assemblée à faire insérer dans les Cahiers de la ville de Paris l’objet de notre demande qui est la suppression de ces deux mécaniques qui nous ne sont pas seulement nuisibles mais ruineuses et qui rendraient la vie à 150 ouvriers.

    Nous avons l’honneur d’être avec respect.

    Note : Voici un très intéressant texte qui évoque la mécanisation de l’industrie du bâtiment et ses conséquences sociales. En cette seconde moitié du XVIIIe siècle, profitant de la croissance générale des affaires, beaucoup de villes font peau neuve. Elles sont alors un immense chantier qui mobilise une importante main-d’œuvre. C’est dans ce contexte que depuis l’Angleterre arrivent les premières innovations techniques et les machines à vapeur. C’est les débuts de la mécanisation des industries du royaume. Mais le coût d’achat de ces mécaniques reste toutefois élevé, ce qui en limite les importations. Seuls de riches entrepreneurs, comme les messieurs Corbel, peuvent se permettre une telle dépense... sans doute vite compensée par l’allègement des coûts de production et notamment la réduction des charges de la main-d’œuvre. L’envers du décor, c’est la mise au chômage de tous ces ouvriers attirés dans les cités par les chantiers de construction ou d’embellissement. On assiste alors à l’émergence de mouvements de résistance au grand machinisme, notamment durant la crise des années 1788-89 (cf. Contexte, fiches 1788 et 1789), comme nous le montre le document ci-dessus.

     

     

     

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