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    Un homme brave sa peur bleue des

    serpents en Amazonie

    Malgré sa phobie des serpents, notre reporter brave la forêt tropicale.


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    Un homme brave sa peur bleue des serpents en Amazonie

    La nuit tombe très vite sur la forêt amazonienne. Assis au fond d’une pirogue qui dérive sur les eaux basses couleur café de la rivière, je contemple le spectaculaire coucher de soleil embrasant la canopé de nuances de pourpre, écarlate et or.

    Des noctilions, l’une des 950 espèces connues de chauve-souris d’Amazonie, me survolent et fondent sur l’eau en compagnie de nuées d’hirondelles, de martinets et de gobe-mouches.

    À quelques mètres de moi, la fine silhouette argentée d’un arowana jaillit hors de l’eau ; le « poisson-singe », surnommé ainsi à cause de ses sauts spectaculaires, happe une libellule et replonge avec fracas dans l’eau.

    Le soleil couchant lance son dernier feu, aussitôt remplacé par l’obscurité, comme si on avait jeté un manteau sombre sur la rivière et la jungle. Les milliers de nuances de vert de la forêt virent au noir. J’allume ma lampe de poche et je la braque sur la rive ; des dizaines de sinistres reflets rouges apparaissent au bord de l’eau.

    « Ce sont les yeux des caïmans, nos alligators », m’explique Enrique Sanchez, 59 ans, notre guide, tandis que la lumière de nos torches fait éclore une autre demi-douzaine de lueurs. Alors que nous pagayons vers la rive où nous passerons la nuit, il ajoute : « Voilà pourquoi je vous ai déconseillé de vous  baigner la nuit. Les caïmans sont toujours affamés. »

    Comme tant d’autres touristes, je suis venu en Amazonie pour vivre une aventure. Depuis presque une semaine, la forêt vierge ne m’a pas déçu. À une centaine de kilomètres au sud de la ville brésilienne de ­Manaus, sur les rives de l’Amazone – et à presque une journée de voyage en taxi, bateau, autocar et pirogue -, j’ai pêché des piranhas et même nagé au milieu d’eux (voir « Nager avec les piranhas » dans le numéro de juillet). J’ai traqué (en vain) le fabuleux dauphin rose et l’anaconda géant, l’aï ou paresseux tridactyle et le cochon sauvage (avec un peu plus de succès), les brillants toucans et perroquets (avec d’excellents résultats), et j’ai rendu visite aux ribeirinhos qui vivent très modestement sur les rives du fleuve.


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    SHUTTERSTOCK

    J’ai aussi fait connaissance avec bon nombre des créatures mythiques de l’Amazonie : l’araignée-banane qui peut tuer d’une seule morsure, des sangsues grosses comme un ­petit serpent, des scorpions, des fourmis « balle de fusil », ainsi nommées parce que leur morsure est aussi douloureuse qu’une blessure par balle, des chauves-souris vampires, une tarentule grande comme mon visage, des anguilles électriques, des caïmans de quatre mètres et – omniprésents – des moustiques porteurs de la fièvre jaune, de la malaria et de la dengue fatale.

    Enrique m’a donné un cours ­accéléré sur les techniques de survie en forêt : comment faire du feu dans cette jungle toujours humide, bâtir un abri rudimentaire avec des palmes, pêcher à l’aide d’un harpon artisanal, trouver et manger des tapurus, vers blancs très riches en protéines. « Détachez la tête avec les dents, crachez-la et mangez le reste », m’a-t-il conseillé. J’ai obéi, mais je n’en ai pas redemandé.

    Chaque jour, j’ai exploré cette forêt luxuriante noyée d’eau en bateau à moteur ou en pirogue, mais chaque soir, je regagnais le confort – et la sécurité – d’un écogîte au bord de l’eau. Demain, en revanche, je ferai la « nuit avec excursion en forêt » que l’hôtel propose à ses clients. J’abandonnerai le confort de mon grand lit pour un hamac tendu entre deux arbres dans les profondeurs végétales à des kilomètres de toute trace de civilisation. Après avoir monté le camp et mangé, nous ferons une heure de marche dans la jungle obscure. Une conclusion parfaite à ma semaine d’aventures.

    L’après-midi suivant, nous entassons dans une pirogue plusieurs hamacs, un harpon, 250 g de riz blanc, des gourdes d’eau, du café, du manioc, un bol, des cuillères et beaucoup de produits insectifuges, avant de commencer à descendre la rivière Mamori en compagnie de Renato Cascas, un pêcheur qui connaît la région comme sa poche.

    Nous arrivons au camp à la nuit tombante. C’est une petite clairière que des guides ont dégagée juste assez pour accueillir un foyer et l’abri rudimentaire censé nous protéger de la pluie. Nous y attachons nos hamacs au milieu du bourdonnement électrique des moustiques, papillons et autres insectes volants.

    À présent, la forêt paraît obscure, dense, primitive, très différente de l’apparence désormais familière qu’elle arbore en journée. Et quel vacarme ! Les scientifiques estiment que la forêt ombrophile d’Amazonie recèle jusqu’à 2,5 millions d’espèces d’insectes, et on dirait que tout ce beau monde est passé en état d’alerte. Les cigales signalent leur présence à leurs partenaires potentiels par une stridulation aussi puissante qu’un vrombissement de tronçonneuse. Les grenouilles coassent leur inquiétant chant d’amour d’une voix de basse profonde.

    Pendant que Renato débite à la machette un arbre abattu afin de nourrir le feu, Enrique et moi remplissons le bol d’acier cabossé d’un mélange de riz blanc et d’eau que nous ferons cuire sur le foyer. En quelques minutes, les flammes s’animent, jetant des ombres vacillantes sur notre camp et les troncs massifs qui l’encerclent. Hors de son halo, tout est d’un noir d’encre, épais, moite – hostile.


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    Un homme combat sa peur des serpents entend un bruissement.SUBBOTINA ANNA/SHUTTERSTOCK

    Je commence à me demander s’il est bien raisonnable de rester là lorsqu’un bruissement à une dizaine de mètres de moi me fait sursauter ; il est suivi d’un cri strident. Enrique m’informe qu’il s’agit probablement d’un inoffensif rat des bambous. « C’est de nuit que les animaux sortent de leur trou, poursuit-il en expliquant qu’ils sont alors moins exposés aux regards des prédateurs. Les rôles sont inversés ; ce sont eux qui nous observent à présent. »

    Fouillant l’obscurité des yeux, j’imagine la ménagerie amazonienne qui nous guette patiemment. Une ménagerie qui comprend des ­jaguars, des araignées venimeuses et des anacondas.

    « Des jaguars ? dis-je.
    - Entre autres, mais ils sont rares.
    - Des panthères ?
    - Encore plus rares.
    - Et les serpents ? » J’ai peur des serpents. En particulier des crotales : le fer-de-lance et l’énorme vipéridé qu’on surnomme le « maître de la brousse ». Tous deux peuvent être mortels en une seule morsure. Une centaine de personnes en meurent au Brésil chaque année. Ils abondent dans les profondeurs de la forêt tropicale humide, précisément là où nous passons la nuit, qui se trouve justement être leur période de chasse.

    « Oui, il y a des serpents, mais nous, nous avons ça », confirme ­Enrique en brandissant une machette de 60 cm de long.
    Je lui demande s’il connaît quelqu’un qui a été mordu par un crotale.
    « Oui, répond-il du ton calme qu’il a perfectionné en 30 années de guide en Amazonie. Un bon ami à moi a été mordu par un surucucu, le « maître de la brousse ». » Le serpent, long de trois mètres, était blotti dans la fourche d’un arbre à un mètre et demi du sol. Quand le guide est passé à proximité, le reptile lui a plongé les crocs dans le cou.

    Un ange passe, puis Enrique me regarde droit dans les yeux et précise : « Il est mort. C’est très triste. Ce n’était pas joli à voir. » Et puis : « Dieu merci, ça a été rapide. »

    Il est un peu plus de 22h. Enrique, Renato et moi venons de terminer un délicieux repas de riz et de pirarucu, poisson carnivore d’origine préhistorique que Renato a cuit sur la braise. Le moment est venu d’abandonner le confort du camp – et la lumière protectrice du feu  – pour une heure de marche dans la forêt obscure.

    Avant de partir, je ne peux m’empêcher de poser une question : « Les serpents. Pensez-vous que nous en rencontrerons pendant la marche ?
    - Peut-être… Mais nous serons prudents. Ils ont normalement plus peur de nous que l’inverse. »

    Il remonte la jambe gauche de son pantalon pour me montrer la cicatrice d’une morsure de cascabel, un crotale, et lève le majeur de sa main droite, mordu par un autre serpent venimeux, le jararaca. « Les deux fois, les chirurgiens voulaient amputer, mais j’ai dit non. » Et avec un sourire chaleureux, il conclut : « Ne vous inquiétez pas, tout ira bien cette nuit. »

    Je sens et j’entends presque mon cœur battre la chamade quand nous nous mettons en route. Renato ouvre la marche, chaussé de bottes de caoutchouc pour se protéger. ­Enrique le suit. Je ferme le cortège. Les deux guides se fraient un chemin dans l’épaisse végétation à l’aide de machettes aux lames bien affûtées, tranchant d’un mouvement oblique des palmes massives, des lianes et des branches d’arbres.

    Je me faufile sous le dense entrelacs de palmes et de branches basses en me demandant craintivement quelle espèce de reptile, d’araignée ou de crapaud venimeux risque de me tomber dessus si j’en heurte un. Nous avançons lentement sur ce terrain jonché de lianes et de troncs pourris qu’il faut sans cesse enjamber.


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    Des bruissement sont entendus dans la forêt tropicale.QUICK SHOT/SHUTTERSTOCK

    Sous l’impénétrable canopée, on ne voit que ce qu’illuminent les lampes torches. C’est comme si nous marchions dans un tunnel de lumière ; autour, seules les ténèbres existent.

    En proie à un angoissant dépaysement, je chasse continuellement d’une main les papillons, moustiques et autres insectes volants attirés par ma lampe. Par moments, j’ai l’impression de traverser une épaisse soupe vivante.L’air de la forêt est moite, lourd d’humidité, saturé d’oxygène.

    J’en aspire une grande goulée. Ses fragrances aigres-douces évoquent la décomposition. De fait, la forêt tropicale humide pourrit sur pied et renaît en même temps. L’humus fertile et détrempé grouille de tant de fourmis, araignées et autres insectes qu’il faut à peine six mois pour qu’il recycle 90 % de sa matière organique.

    Après avoir trébuché sur une liane de la taille d’un python, je sursaute en entendant un cri spectral, invraisemblable mélange de rugissement de  moteur d’avion au démarrage et de bande sonore de film d’horreur. Pis, il semble avoir été poussé tout près d’ici.

    En essayant de cacher ma frayeur, je demande à Enrique : « Qu’est-ce que c’était ?
    - Un singe hurleur, répond-il. À plus de trois kilomètres d’ici. » Plus tard, j’apprendrai que ce singe possède une poche laryngienne en forme de coquille qui fait de lui l’animal terrestre le plus bruyant au monde.

    À intervalles réguliers, Renato s’arrête et penche la tête d’un côté et de l’autre. « Il cherche à entendre les animaux », me chuchote mon ange gardien. De temps en temps, Enrique braque sa lampe sur une ombre : un tronc massif enveloppé de lianes qui se perd dans la canopée, des dizaines de mètres plus haut ; une araignée multicolore ; un bataillon de fourmis légionnaires qui dévorent tout sur leur passage dans le tapis de feuilles. La plupart du temps, toutefois, nous marchons à la file indienne et en silence.

    Fini les plaisanteries, les taquineries, les rires légers auxquels je m’étais habitué en leur compagnie. Muets et tout à leur affaire, mes guides foulent lentement, attentivement les 30 cm d’humus, soucieux de ne rien surprendre ou déranger qui puisse les attaquer.

    Une phrase sur l’Amazonie me revient à l’esprit – « Dans la forêt tropicale humide, toutes les choses vivantes semblaient prêtes à attaquer, que ce soit pour tuer ou éviter de l’être » – quand Enrique s’arrête, hume l’air nocturne et se tourne vers moi : « Tu sens cette odeur ? murmure-t-il. Un anaconda ou un ­python a abandonné sa mue près d’ici ­récemment. Je la sens. »

    Je rumine l’information m’appliquant à mettre mes pas dans les siens selon ses instructions. Chaque fois que j’enjambe un tronc, l’inquiétude me saisit : « Et s’il y avait un serpent venimeux dessous ? » Mon cerveau me répète que les serpents s’enfuient quand ils perçoivent la vibration d’un pas humain, mais je reste hanté par les terrifiantes images du fer-de-lance assassin et du maître de la brousse de trois mètres de long.

    Je transpire abondamment malgré la fraîcheur nocturne. Je braque un instant ma lampe sur le sol pour observer des fourmis légionnaires. Quand je repars, mon front heurte une branche qui tombe sur mes épaules. Je pousse un cri d’orfraie. À mes pieds, une mygale aviculaire plus grande que ma main détale de toute la vitesse de ses pattes ourlées de rose.
    Soudain, Renato se fige, tout comme Enrique, en entendant un froissement dans les feuilles à trois mètres sur notre gauche. Personne ne dit mot. Mon cœur cogne dans ma poitrine. Enfin, Enrique se retourne et m’explique : « C’était peut-être un serpent, mais il a filé. »

    Trente minutes après le début de notre excursion, lorsque Renato s’immobilise une fois de plus, je donne à Enrique une petite tape dans le dos et lui souffle : « J’en ai assez vu. Je crois qu’il est temps de rentrer. » L’obscurité, les bruissements et hurlements, le sentiment d’être constamment épié et mon imagination survoltée m’ont épuisé. Je suis à bout de nerfs, complètement hors de mon élément et, pour la première fois dont je me souvienne, terrifié.

    Une heure plus tard, de retour au camp, Renato jette une bûche dans le feu. Enrique me dit : « Je sais que vous avez eu peur. Je le sentais. N’oubliez pas que c’était votre première nuit dans la forêt amazonienne. Nous avons tous eu peur un jour. Il est sage d’avoir un peu de crainte – et beaucoup de respect pour la jungle.

    Peut-être me suis-je laissé emporter par mon imagination. Mais je suis en Amazonie, territoire de 200 000 km2, source inépuisable de légendes et de mystères. Après m’être allongé dans mon hamac et avoir fermé sa moustiquaire, j’écoute les braillements d’une troupe de singes hurleurs à des kilomètres du camp et la symphonie nocturne des grenouilles, insectes, oiseaux, chauves-souris, rongeurs et autres habitants de la forêt.

    Malgré le tapage, je m’endors en quelques minutes, blotti dans mon cocon de coton, au cœur d’un des derniers lieux encore sauvages de notre planète. 

    Grand Reportage 3:  Un homme brave sa peur bleue des serpents en Amazonie

    En 1973, je suis allée à Leticia, Colombie en

    Amazonie.  Nous avons eu la chance de marcher dans la

    forêt.  On a aussi visité Benjamin Constant

    au Brésil.  Comme le fleuve était très haut, le

    terrain de soccer était inondé.

    On a aussi eu la chance de voir un anaconda

    qui avait été capturé  pour un zoo en Floride.

    Il a fallu 4 personnes pour le contenir.

    Personnellement je n'ai pas voulu m'approcher

    ni le toucher.

    Frawsy - La Tigresse au coeur tendre

     

    Grand Reportage 3:  Un homme brave sa peur bleue des serpents en Amazonie

     

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    La quête de l’immortalité: pourquoi

    avons-nous peur de la mort?

    Dans un extrait exclusif de son nouveau livre, Commanding Hope, le politologue canadien Thomas Homer-Dixon explique comment la peur de la mort peut nous pousser à résoudre des problèmes courants, à rechercher un soutien spirituel et à accomplir des exploits..


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    L’immortalité et nous.TEO TARRAS/SHUTTERSTOCK

    À mesure que mes enfants, Ben et Kate, grandissaient, j’ai souvent été frappé – et parfois attristé et préoccupé, comme tant d’autres parents – par leur difficulté à accepter la mort. Je savais en théorie qu’ils prendraient un jour conscience de la mort, mais je ne m’attendais absolument pas à ce que ce processus soit si explicite et déchirant.

    Vers quatre ou cinq ans, un enfant commence à comprendre, vaguement au début, que la mort implique une sorte d’imprévisible perte, que cette perte est définitive et que des êtres aimés – mère, père, grands-parents – finiront un jour par disparaître. Dans notre famille, il a résulté de cette étape, comme c’est encore le cas aujourd’hui, des discussions honnêtes et adaptées à l’âge de nos enfants. J’ai appris que le processus par lequel les enfants apprennent à reconnaître et à accepter la réalité de la mort est terriblement traumatique et que leur vision naissante du monde joue un rôle essentiel dans leur manière de surmonter ce traumatisme. Mais alors, comment faire le deuil d’un parent dans l’enfance?

    Ben a posé sa première question explicite au sujet de la mort à cinq ans et demi. Il était dans la baignoire et a soudain cessé de faire des éclaboussures dans l’eau pour demander à ma femme, Sarah, ce qui arrive après la mort de quelqu’un.

    Sarah et moi avons nos convictions personnelles, mais nous ne prétendons pas avoir de réponses définitives à ces questions. Elle a donc répondu que certaines personnes pensent que les gens vont au paradis lorsqu’ils meurent, d’autres qu’ils renaissent sous la forme d’une autre personne, d’un animal ou d’une plante, et d’autres encore croient qu’il ne se passe rien du tout – que la mort est simplement la fin de la vie. Ben n’appréciait pas trop la dernière possibilité. «Je pense qu’ils vont au paradis», a-t-il fermement conclu. Sarah a concédé qu’il avait peut-être raison.

    Elle m’a plus tard relaté cette conversation, et nous n’y avons plus repensé. Mais le lendemain, sur un morceau de papier bleu, Ben a dessiné un petit garçon vêtu d’un tee-shirt orange et d’un pantalon vert, le visage de profil. D’une entaille noire et irrégulière représentant la bouche émergeait une bulle de texte contenant les mots «MAMAN PAPA» en grosses lettres épaisses.

    Sarah a demandé à Ben ce que représentait ce dessin. «C’est moi au paradis, maman. C’est du papier bleu parce que le paradis est dans le ciel. Et je vous appelle papa et toi en criant parce que je suis perdu.»

    Notre fille, Kate, a commencé à songer à la mort un peu plus tôt dans sa vie. Sa perplexité et son malaise se sont manifestés autrement. Elle a commencé à demander «Est-ce que ça meurt?» au sujet des choses qui l’entouraient, animées comme inanimées – les arbres, les vers de terre, les pierres et les crapauds. Je n’avais pourtant pas encore saisi ses nouvelles préoccupations pour la mort jusqu’à ce qu’un matin, contrariée car tout n’allait pas comme elle voulait, je l’ai prise sur mes genoux et l’ai serrée contre moi:

    «Parfois, on ne peut pas avoir ce que l’on veut. Cela fait partie des choses qu’on apprend en grandissant.
    —Mais je ne veux pas grandir, a-t-elle vivement rétorqué.
    —Pourquoi?
    —Parce qu’après je devrai mourir.»

    C’était l’un de ces moments – pas si rares pour des parents – où les mots nous manquent. La logique de Kate semblait incontestable: si elle demeurait une enfant, elle pouvait ignorer la possibilité de la mort.

    J’ai trouvé que les difficultés que rencontrent nos enfants avec le concept de la mort étaient à la fois terriblement poignantes et instructives: elles m’ont aidé à comprendre que la peur de la mort est l’un de nos plus puissants moteurs. Nous travaillons dur à apprivoiser cette crainte et, ce faisant, nous accomplissons souvent d’authentiques exploits, la plupart merveilleux mais parfois aussi épouvantables.


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    Immortalité: pourquoi avons-nous peur de la mort?MOJAHATA/SHUTTERSTOCK

    Pourquoi avons-nous peur de la mort?

    Je pense qu’il existe cinq raisons principales à notre peur de la mort. La plus évidente étant que nous craignons le malaise physique et la douleur qui accompagnent souvent le moment de mourir. On entend parfois les gens dire qu’ils ont peur de mourir mais pas tant de la mort. Je suis d’accord avec cette proposition, mais je suis certain que la mort nous effraie presque tous autant.

    Nous redoutons en partie d’être séparés de nos amis et êtres chers, et surtout de ceux qui dépendent de nous. D’un point de vue plus métaphysique, nous sommes effrayés car la mort nous ramène à notre nature éphémère; si nous ne croyons pas en un au-delà ou une âme, nous pensons donc probablement que la mort effacera notre conscience – l’essence même de notre identité. Nous craignons également que la mort vide notre existence de sa signification – nos vies n’auraient finalement ni raison, ni sens, ni but. Nous pourrions même être oubliés, ou du moins ne pas occuper la place que nous voudrions dans la mémoire des vivants.

    Enfin, et peut-être surtout, nous sommes terrifiés car nous n’arrivons pas à nous représenter la mort, et tout ce qui est inconcevable est généralement effrayant. En l’absence d’une doctrine spirituelle qui l’explique précisément, la mort demeure l’un des plus noirs et profonds mystères de la vie. Elle constitue l’ultime et définitive frontière entre le connu et l’inconnu.

    Compte tenu de sa portée émotionnelle et métaphysique, la mort fait étonnamment peu partie de nos pensées conscientes. Dans les sociétés riches, nous pouvons aisément éviter de penser à la mort jusqu’à un certain âge, car elle est souvent dissimulée dans les hôpitaux et les maisons de retraite. En atteignant la cinquantaine et la soixantaine, on y songe peut-être un peu plus, car des amis commencent à mourir ainsi que nos parents et d’autres membres de la famille, et parce que les années qui nous restent semblent soudain se raréfier. Nous demeurons pourtant très peu conscients du fait que nous sommes constamment en train de gérer, d’une manière ou d’une autre, l’angoisse causée par la perspective de la mort.


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    Les projets d’immortalité.ARIS-TECT GROUP/SHUTTERSTOCK

    Les projets d’immortalité

    Tout être vivant, sans exception, possède un profond instinct de survie. Pour les premiers humains, la tension entre cet instinct et la conscience naissante d’un anéantissement ultérieur a produit une angoisse centrale.

    Comprendre ensuite que la mort peut survenir n’importe quand, de manière aléatoire et incontrôlable, n’a fait qu’aggraver cette angoisse.

    Aujourd’hui, elle fait toujours intrinsèquement partie de nos esprits modernes; et si nous n’adoucissons pas cette angoisse d’une manière ou d’une autre, elle risque de nous submerger et de nous paralyser.

    Bien entendu, les êtres humains sont animés de nombreuses motivations, qui varient selon les circonstances et qui s’associent de diverses manières. Mais le besoin de surmonter la peur de la mort demeure puissant et commun à presque toute l’humanité. Nous nous racontons alors des histoires sur qui nous sommes et comment nous devrions agir pour nous permettre de croire que nous pouvons héroïquement transcender la mort.

    Ces «récits héroïques» sont infinis dans leur diversité. On peut, par exemple, entrelacer une image de soi dans une histoire centrée sur une personne ou un sujet que l’on trouve noble, puissant et tenace. Dans ce type d’histoire, nous pouvons être le dévot d’un dieu, le disciple d’un dirigeant charismatique, un membre d’un groupe ethnique ou d’une nation, ou même le partisan d’une grande équipe sportive. Dans d’autres récits, nous jouons directement le rôle du héros. Ici, on peut par exemple élever un enfant, fonder une entreprise, combattre à la guerre, faire une découverte scientifique, bâtir un édifice, écrire un livre, sauver le monde… ou se contenter d’être un excellent employé ou ami.

    Quel que soit le contenu de notre récit héroïque, il nous permet de croire que nous faisons partie d’un «projet d’immortalité», pour employer le terme de l’anthropologue culturel Ernest Becker: nous cultivons une immortalité grâce aux paradis, aux âmes et aux vies après la mort qui tiennent une place centrale dans la plupart des religions, ou bien nous permettons à une part symbolique de nous-mêmes de subsister au-delà de notre mort physique, dans un enfant, une entreprise, un bâtiment, un livre, un groupe ethnique, une nation ou les souvenirs d’un ami. Nous espérons et croyons, selon Becker, que les choses que nous créons possèdent «une valeur et un sens si impérissables» qu’ils «survivent à la mort et au déclin et les éclipsent».

    Jusqu’ici, tout va bien. Mais nous ne pouvons créer ces récits héroïques et projets d’immortalité de toutes pièces. Pour qu’ils soient convaincants – pour nous-mêmes, mais surtout pour les personnes qui comptent pour nous –, ils doivent être connectés à notre culture environnante. En d’autres termes, ces histoires doivent avoir du sens dans la vision du monde que nous partageons avec les membres de notre groupe, qu’il s’agisse d’une association, d’un club de sport, d’un parti politique, d’une entreprise ou d’une nation.


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    Immortalité: les projets de vie.NIKKI ERNST

    Les projets de vie

    Voilà le point central: pour savoir quels projets de vie nous aideront, en tant qu’individus, à résister au temps de manière littérale ou symbolique, nous cherchons ce qui possède du sens et de la valeur au sein des groupes dont nous sommes membres et qui comptent pour nous. Et pour découvrir ce qui possède du sens et de la valeur, les croyances communes de ces groupes nous servent de points de repère. Nous tentons d’être des héros selon ces codes; c’est ce qui nous donne le sentiment d’avoir un but et atténue notre peur du caractère éphémère de l’existence.

    La religion, bien entendu, sert souvent cet objectif. Peu importe la véracité d’une conception du monde spécifique à telle ou telle religion, l’une des fonctions psychologiques de la religion – peut-être sa fonction primordiale – est d’alléger l’angoisse de la mort de ses adhérents. Les histoires qu’elles relatent donnent un sens à la vie de leurs croyants, rendent leur mort à venir plus compréhensible et promettent souvent l’immortalité par la survie de l’âme ou de l’esprit.

    Plus généralement, et peut-être un peu cyniquement, on pourrait dire que nous avons appris à supporter l’angoisse de la mort en développant une prodigieuse capacité de déni.

    Certains intellectuels avancent même que le déni de la mort est le secret du succès évolutif de notre espèce. En développant cette aptitude cognitive, ou du moins la compétence de tenir l’angoisse de la mort à distance, nous avons pu déployer notre intelligence au service de notre survie et de notre propagation – jusqu’à finir par dominer la planète – sans souffrir de l’angoisse paralysante que cette intelligence aurait autrement générée.

    En tentant d’élaborer l’idée d’un espoir honnête et rusé dans un monde de plus en plus dangereux, nous devons reconnaître que la tension entre la conscience de notre mort certaine et notre instinct de survie est une caractéristique immuable de la condition humaine. C’est l’un des aspects impitoyables et inévitables de notre réalité, que nous devons accepter et avec lequel il nous faut vivre. L’angoisse de la mort s’immisce dans notre conscience durant l’enfance et nous accompagne tout au long de notre vie, même si nous faisons de notre mieux pour l’ensevelir sous nos occupations quotidiennes.

    Certains d’entre nous parviennent à la «sublimer», comme le disent les psychologues, en une volonté d’accomplir quelque chose d’exceptionnel, voire noble. Mais même dans le cas contraire, pour notre santé mentale et sociale, nous avons tous besoin d’un récit héroïque et d’un projet d’immortalité, et ces projets et récits doivent avoir un sens et être partagés par les groupes qui comptent pour nous.

     

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    Les récits héroïque et l'immortalité.INTUERI/SHUTTERSTOCK

    Les récits héroïque

    À l’âge de six ans, Ben a lu un article expliquant qu’un grand nombre de requins étaient tués chaque année pour utiliser leurs ailerons dans des soupes. Furieux, il a dessiné un petit sous-marin capable de parcourir les océans et de couper les lignes des pêcheurs de requins. Il écrivait ainsi les premières lignes d’un récit héroïque. Celui-ci prenait sa source dans la conception globale du monde de notre famille, avec sa conscience aiguë de la nature, et dans ce qui semblait être un élan moral visant à prévenir la souffrance et à promouvoir la justice. Cela lui donnait un objectif dédié au problème qu’il rencontrait, et allégeait ainsi peut-être une partie de son angoisse naissante de la mort. Pourtant, certaines personnes choisissent de mourir. 

    Au cours des années suivantes, alors que Ben devenait un garçon attentionné, ses récits se sont transformés: plus détaillés et variés d’un point de vue émotionnel. À neuf ans, il voulait devenir océanographe – et découvrir l’Atlantide. Ses histoires continueront de changer à mesure qu’il grandira; trouver ce qui fonctionne exige de l’expérimentation, et nous révisons constamment nos récits selon l’évolution de nos vies.

    Les récits héroïques que nous nous racontons en tant qu’adultes sont bien plus élaborés que ceux des enfants, car ils doivent rester connectés au réseau plus complexe de concepts, croyances et valeurs qui forment notre vision du monde adulte et celle des groupes dont nous faisons partie. Ils sont aussi souvent bien moins grandioses et narcissiques car ils doivent tenir debout face à nos dures réalités – l’Atlantide, après tout, n’existe pas – et parce que les autres n’apprécient généralement pas le narcissisme. Pour finir, ils sont bien moins accessibles dans nos réflexions quotidiennes, car on se sent un peu stupide lorsqu’on s’imagine en héros immortel.

    Mais ces histoires sont toujours là, profondément ancrées en nous. La mienne évoque l’idée d’être un bon père, mari, enseignant et membre de mon groupe, oui, mais parle aussi de réduire les conflits dans le monde, de dénoncer la cupidité, l’égoïsme et l’imprudence ainsi que de protéger la nature contre la cupidité et la folie humaines. Ces engagements prennent en partie racine dans les idées de justice que je partage avec les mouvements libéraux et progressistes de la société canadienne dont je me sens membre.

    Dans mes écrits, mes commentaires publics et mes discours, je participe régulièrement à des discussions avec des «climatosceptiques» qui rejettent presque entièrement le discours dominant de la science à propos du climat. Parfois, lorsque je m’adresse à un public d’individus issus de l’industrie des énergies fossiles, ils croisent les bras dès que je mentionne le consensus scientifique sur le sujet. En parlant avec eux, j’en suis venu à comprendre qu’ils possèdent leurs propres récits héroïques. Ils sont aussi membres de familles et de communautés – ce sont des enseignants, des agriculteurs, des employés subalternes, des gens d’affaires et d’autres encore qui pensent sincèrement que leur dur labeur et leur entreprise répondent aux besoins de la population et résolvent les problèmes de la société.


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    L'immortalité et le méchant de nos récits héroïques.ANATOLIISUSHKO/SHUTTERSTOCK

    Le méchant de l’histoire

    Pour ceux qui travaillent dans l’industrie des énergies fossiles, dans des endroits comme les sables bitumineux du nord de l’Alberta (des gens que je connais un peu pour avoir travaillé des années dans les champs de pétrole), extraire des boues bitumineuses et les transformer en carburant pour nos voitures n’est pas une hideuse spoliation de la nature mais une noble et passionnante expression de la volonté humaine, de son ardeur et de son autodétermination. Beaucoup considèrent qu’ils défient la nature brute et la transforment en quelque chose d’incroyablement utile pour le commun des mortels. Les éléments clés de leurs récits héroïques sont des engagements moraux envers la liberté et la responsabilité individuelles.

    Quand j’apparais dans leur vie et que je commence à leur parler de changements climatiques, ils voient en moi le représentant de forces plus vastes qui pourraient leur arracher les fruits de leur entreprise et limiter leur liberté. Dans leur esprit, je soutiendrais que l’État s’empare de leurs richesses et les piège dans un réseau de réglementations et de règles, car il est difficile d’imaginer une réponse efficace aux changements climatiques qui n’implique pas un gouvernement plus puissant et intrusif – et pas seulement un gouvernement national, mais aussi un gouvernement mondial. Je menace donc d’arracher le cœur de leurs récits héroïques, des histoires qui les protègent de la peur universelle, omniprésente et potentiellement accablante de la mort et de l’insignifiance.

    Les solutions généralement proposées aux changements climatiques représentent à peu près tout ce qu’ils craignent le plus: la contrainte, l’appauvrissement et l’asservissement – peut-être même un asservissement à des étrangers. Il n’est donc pas étonnant que cela les mette en colère, pas étonnant non plus qu’ils veuillent faire tout leur possible – y compris faire passer des preuves scientifiques irréfutables pour des inepties et même déclarer que les scientifiques sont des menteurs – pour se défendre et défendre leur vision du monde et tout ce qu’elle signifie pour eux.

    De mon côté, lorsque mes interlocuteurs rejettent les faits et attaquent les scientifiques, ils menacent d’arracher le cœur de mon propre récit héroïque puisque je combats la cupidité et l’imprudence pour protéger une planète que je crains de voir mourir. J’ai alors tendance à considérer leurs engagements moraux envers la liberté individuelle, la propriété privée et le droit à la croissance personnelle comme de simples excuses pour masquer un égoïsme nauséabond – et pour piller la nature tant qu’ils le peuvent encore.

    L’expression de ces engagements, selon ce point de vue, ne fait que confirmer une attitude répréhensible.

    C’est là l’essence d’une image en miroir: chaque côté joue le méchant dans le récit héroïque de l’autre. Ces antagonistes et nos notions individuelles de justice rendent notre héroïsme possible; nous considérons tous – il le faut – que nous luttons pour le bien contre le mal, même si nous ne l’admettons pas de manière consciente. Et ce genre d’autoperception apparaît à tous les niveaux de l’échelle socioéconomique et de la hiérarchie de pouvoir de chacune des parties, des ouvriers irrités par le poids des taxes carbone aux classes moyennes qui se querellent à propos des changements climatiques, jusqu’aux milliardaires américains – comme Tom Steyer et Charles Koch – qui s’écharpent au sujet des politiques climatiques en soutenant des personnalités politiques opposées lors des élections au Congrès américain.

    Nous tournons donc en rond dans un cycle d’attaques et de contre-attaques, et le débat devient de plus en plus hostile et polarisé sans aborder efficacement le problème des changements climatiques en lui-même. Percevant cette dynamique psychologique sous-jacente à l’œuvre, certains grands commentateurs et universitaires ont lancé que «la peste soit sur les uns et les autres». Ils en ont conclu que la vérité au sujet des changements climatiques devait se trouver quelque part entre les deux. Le problème, soutiennent-ils, n’est ni aussi catastrophique que les défenseurs d’une action pour le climat l’affirment ni aussi insignifiant que ce que leurs opposants imaginent.

    Mais il s’agit d’une erreur de logique. Ce n’est pas parce que chaque côté fait à peu près preuve de la même ferveur vertueuse qu’ils ont tous deux tort à propos des changements climatiques. Le psychodrame social qui entoure cette question nous en apprend beaucoup sur ce qui nous fait réagir, mais à peu près rien sur le fond du problème.
    Pour en apprendre plus à ce sujet, nous avons besoin de la science, et la science affirme que les partisans de l’action radicale ont très certainement raison: les changements climatiques sont une menace colossale pour l’avenir de l’humanité.

    Peut-être que le progrès arrivera à mettre fin à la mort en s’inspirant d’une espèce de méduse immortelle. 


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    Immortalité: comment dépasser la peur de la mort?NIKKI ERNST

    Dépasser la peur

    Le changement d’humeur que presque toute l’humanité a connu ces 20 dernières années – de l’enthousiasme pour les possibilités sans limites de l’avenir vers un profond pessimisme concernant la progression de l’insécurité et la diminution des possibilités – semble toujours en cours; il gagne peut-être même en importance dans le sillage de la pandémie de COVID-19. Cette transformation a lieu, j’en suis convaincu, car beaucoup d’entre nous, peut-être même la plupart désormais, sommes de plus en plus effrayés. Et nous sommes de plus en plus effrayés en grande partie car nous ne parvenons pas à concilier les changements profonds et rapides que nous sentons se produire autour de nous et les notions d’ordre social, d’équité, d’opportunité et d’identité qui demeurent souvent au cœur de notre vision du monde.

    Un problème tel que celui des changements climatiques est profondément controversé, pas seulement en raison de sa complexité et des graves conséquences qu’il entraînera certainement sur la population et les sociétés, mais aussi parce que nous savons que s’il se produit réellement, toute réponse significative affectera chaque facette de notre vie et mettra inévitablement à mal certains des principaux engagements de notre vision du monde, qu’il s’agisse (pour l’idéologie de droite) d’engagements envers une réglementation gouvernementale limitée et le droit absolu d’acquérir des richesses, ou (pour l’idéologie de gauche) d’engagements envers une production de nourriture et d’énergie locale et à petite échelle, et même de l’égalité sociale et de la démocratie, toutes deux probablement plus difficiles à maintenir à mesure que la crise climatique empirera.

    Nos conceptions du monde nous lient à nos groupes d’appartenance, stabilisent notre sentiment d’identité individuelle et collective au cours du temps, ancrent notre idée d’un avenir optimiste et désirable et, enfin, fournissent la matière première de nos récits héroïques personnels. Nous sommes donc terrifiés lorsqu’ils sont menacés et les défendons avec passion et parfois même aveuglement.

    Il est ainsi compréhensible que certains d’entre nous transforment cette peur en colère. Pis encore, plutôt que d’admettre que «nous sommes aussi notre propre ennemi» pour expliquer les nombreux changements perturbateurs que nous éprouvons, certains d’entre nous créent dans notre esprit un ennemi externe et personnifié – un équivalent de Sauron dans Le seigneur des anneaux, sous des étiquettes telles qu’écologiste et capitaliste, blanc et noir ou encore chrétien et musulman – que nous pouvons alors accuser de ces perturbations et ériger en antagonistes de nouveaux récits héroïques débordant de colère.

    Mais en fin de compte, comme nous le savons tous au fond, des réactions aussi aigries ne font que nous effrayer encore plus et compliquer la résolution de nos problèmes communs. Nous avons plutôt besoin de conceptions du monde suffisamment complémentaires pour nous unifier autour d’un projet d’immortalité visant notre espèce entière afin d’œuvrer à interrompre puis inverser la rapide détérioration des systèmes naturels vitaux de notre planète – des conceptions du monde qui nous aideront à surmonter la peur en inspirant plutôt qu’en étouffant l’espoir qui anime notre pouvoir d’action.

    L’humanité ne dispose peut-être que d’une décennie ou deux pour faire évoluer ses visions du monde dominantes dans la bonne direction. Pour agir aussi vite, il est indispensable de mieux comprendre l’essence de notre propre conception du monde, ainsi que celle d’autres personnes et d’autres groupes. Nous pourrons ensuite mieux distinguer nos alliés naturels, ceux qui pourraient être convaincus de devenir nos alliés, et ceux qui risquent de s’opposer implacablement à nous dans les luttes sociales et politiques à venir pour un avenir plus radieux.

    Extrait de Commanding Hope de Thomas Homer-Dixon. ©2020, resource & conflict analysis inc. Publié par Alfred A. Knopf Canada, une division de Penguin Random House Canada Limited. Reproduit en accord avec l’éditeur. Tous droits réservés.

     

    Grand Reportage 3:  La quête de l’immortalité: pourquoi avons-nous peur de la mort?

     

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    13 histoires de fantômes qui font peur

    (pour votre soirée pyjama)

    Donnez des frissons à vos amis (et à vous-même!) lors de votre prochaine soirée pyjama, avec ces histoires de fantômes qui font peur. Vous verrez, elles sont à la fois touchantes, inquiétantes… ou carrément effrayantes!


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    Histoires de fantômes: La clé de l’architecteKAI KEISUKE/SHUTTERSTOCK

    La clé de l’architecte

    Il était une fois un homme nommé Edward qui était si riche et talentueux qu’il avait conçu et construit sa propre maison de rêve. Il y vécut de nombreuses années, jusqu’à sa mort. Une nouvelle famille vint rapidement s’y installer, mais chaque fois qu’ils allaient dans le sous-sol – où se trouvait le bureau d’Edward –, ils avaient l’impression que quelqu’un les observait.

    Un jour, tous les tailleurs de la ville lui ayant dit qu’une de ses vieilles vestes était irréparable, le père de famille décida de la réparer lui-même. Il descendit donc dans l’ancien bureau, posa sa veste sur une chaise, puis chercha dans le vieux meuble de quoi réparer sa veste. Mais les tiroirs étaient tous verrouillés et il ne trouva de clé nulle part. Le lendemain matin, quand il redescendit, il trouva la clé sur le bureau, tous tiroirs ouverts, et sa veste complètement réparée.


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    Histoires de fantômes: Le fantôme de l’entrée.JAN COROS/SHUTTERSTOCK

    Le fantôme de l’entrée

    Quatre jeunes femmes ont emménagé dans un appartement à l’ancienne (vous voyez le genre, avec des planchers grinçants). Un mois après leur arrivée, l’une des filles réalise que son ours en peluche préféré a disparu. Les autres lui jurent ne l’avoir ni touché ni vu.

    Les semaines passent et elle a presque oublié son nounours quand un événement étrange se produit. Elle ouvre la porte d’un placard qu’elles n’utilisent presque jamais et, là, sur l’étagère du haut, se trouve son ami en peluche. Ses colocataires lui jurent n’avoir aucune idée de ce qui s’est passé. Maintenant, chaque fois que l’ours en peluche disparaît pendant quelques jours, elle sait exactement où le trouver.


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    Histoires de fantômes: Le lac dans la maisonSORIN VIDIS/SHUTTERSTOCK

    Le lac dans la maison

    Un jeune célibataire en début de carrière ayant rapidement connu le succès avait décidé d’acheter sa première maison. Un matin, un bruit d’eau qui coulait l’a réveillé. Il s’est précipité à la salle de bain pour y découvrir que le robinet de la baignoire coulait à plein débit. Il vivait seul et cela l’a perturbé. Le phénomène s’est reproduit une semaine plus tard mais, cette fois, ce sont tous les robinets de la maison qui se sont mis à couler.

    Le jeune homme a appelé un plombier pour réparer les tuyaux et les dégâts d’eau. Mais la plomberie était en parfait état. Le plombier, qui vivait dans le coin, avait l’air effrayé. «Qu’est-ce qui ne va pas?» a demandé le célibataire. «La femme qui vivait ici avant vous, a dit le réparateur, elle s’est noyée dans cette baignoire.»


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    Histoires de fantômes: Quand brûle la chandelleMARINA BIRYUKOVA/SHUTTERSTOCK

    Quand brûle la chandelle

    Trois petites filles participent à une soirée-pyjama lorsqu’elles ont l’idée de se lancer dans une séance de spiritisme. L’une des filles, Clara, a récemment perdu son grand-père et veut essayer d’entrer en contact avec lui et parler à son esprit. Les trois filles regroupent des bougies et des objets ayant appartenu au défunt: sa montre, son étui à cigares et sa photo. Puis elles se tiennent par la main et commencent la séance de spiritisme.

    Soudain, la flamme des bougies se met à vaciller et les aiguilles de la montre à tourner. Clara est sûre que c’est son grand-père! Elle se met à lui parler et à lui poser des questions quand, tout à coup, une des bougies s’envole, comme mue par une force invisible, et lui frôle la tête. «Grand-père ne ferait jamais ça», dit-elle en tremblant. Elle a raison. Ce n’est pas son grand-père, pas du tout.


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    Histoires de fantômes: Le convive que personne n’avait invitéAFRICA STUDIO/SHUTTERSTOCK

    Le convive que personne n’avait invité

    Un soir, quelques convives s’étaient réunis autour d’un repas. Ils étaient six et venaient de prendre place lorsqu’ils ont entendu frapper à la porte. Ils n’attendaient personne, mais l’hôtesse a été ouvrir la porte pour voir qui cela pouvait être. Il n’y avait personne. «Quelqu’un a dû se tromper d’adresse», a-t-elle expliqué à ses invités. Mais quand leur attention est revenue vers la table, un septième couvert avait été mis. «C’était là avant?» a demandé l’un des invités. «Je… J’ai dû mettre un couvert supplémentaire par erreur», a répondu l’hôtesse.

    Elle l’a ramené à la cuisine, mais quand elle est revenue, il était de nouveau là, cette fois avec un verre à côté. Comme ils bavardaient, les autres convives ne s’étaient aperçus de rien. Mais en voyant cela, ils ont été tellement choqués qu’ils ne savaient pas quoi faire. Ils ont alors décidé que la meilleure stratégie consistait à jouer le jeu: ils ont rempli le verre et l’assiette vides afin de ne pas contrarier ce mystérieux convive que personne n’avait invité.


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    Histoires de fantômes: La grande roue solitaireNJAJ/SHUTTERSTOCK

    La grande roue solitaire

    Comme chaque été, la grande fête foraine débarque en ville et Charlie, qui vient à peine de commencer à y travailler, ignore tout de la grande roue qu’il est chargé de faire tourner. La première nuit est très animée, mais au moment de la fermeture, alors que la ville est quasiment déserte, un jeune garçon se présente à la dernière minute. «Pour la grande roue, s’il vous plaît», dit le garçon en tendant un billet à Charlie.

    Charlie regarde autour de lui. «Où sont tes parents?» demande-t-il à l’enfant. Mais celui-ci prend place sans répondre. Ne sachant trop que faire, il laisse le garçon monter, mais une fois le tour de roue terminé, l’enfant n’est plus là! Charlie court raconter l’histoire à son patron. «Oh, c’est Thomas», répond celui-ci. Il donne à Charlie une vieille coupure de journal sur laquelle apparaît une photo du garçon portant ce titre: «Un enfant de 8 ans tombe de la grande roue.»


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    Histoires de fantômes: L’enfant de la chambre 213SOMPETCH KHANAKORNPRATIP/SHUTTERSTOCK

    L’enfant de la chambre 213

    Partie en voyage d’affaires, une femme d’affaires arrive à l’hôtel où on lui remet une carte d’accès pour la chambre 213. Elle est épuisée et impatiente de s’asseoir, mais sa carte refuse de fonctionner. Elle descend se plaindre à la réception et obtient rapidement une nouvelle carte… laquelle ne marche pas non plus! Alors qu’elle s’élance pour retourner dans le hall d’entrée, la porte de sa chambre s’ouvre en grinçant.

    Un petit garçon a ouvert la porte et se tient debout dans le noir. Elle retourne à la réception. «Il y a une autre famille dans ma chambre», dit-elle à l’employé. «Impossible, lui répond-il. Personne d’autre que vous ne s’est enregistré chambre 213.» 


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    Histoires de fantômes: Mariage dans le noirZZCAPTURE/SHUTTERSTOCK

    Le verre brisé

    Sam, Peter et John se rencontrent tous les jours après le travail pour boire un verre. Cette fois, ils ont décidé d’essayer un bar où ils n’ont encore jamais mis les pieds. «On dit que cet endroit est hanté», raconte Peter à ses amis. «Absurde!» lui disent les deux autres, et ils prennent place autour d’une table. On leur apporte leurs boissons, mais, alors qu’ils sont sur le point de porter leur toast habituel, les verres de Sam et de John éclatent littéralement. «Mais qu’est-ce que c’est que ça?», s’écrient-ils. «Toutes mes excuses, dit simplement le serveur, ça arrive parfois.»


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    Histoires de fantômes: Mariage dans le noirELENA DIJOUR/SHUTTERSTOCK

    Mariage dans le noir

    Un couple de futurs mariés a prévu d’organiser la réception du mariage dans leur restaurant préféré. Le jour du mariage, cependant, la mariée fait une chute mortelle dans les escaliers. Depuis, on dit que tous les soirs, après la fermeture du restaurant, son fantôme descend les escaliers dans lesquels elle est tombée et installe toutes les tables et les chaises pour les invités du mariage qu’elle n’a jamais pu voir.


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    Histoires de fantômes: Le voleur de lingeNATALIE BOARD/SHUTTERSTOCK

    Le voleur de linge

    Une femme et sa fille ont emménagé dans une nouvelle maison. Comme la mère travaille beaucoup, c’est la fille qui s’acquitte des tâches ménagères, y compris la lessive. Un jour, elle descend à la buanderie et lance une machine pleine de linge. Quand elle revient, la porte de la machine à laver est déjà ouverte. «Bizarre, se dit-elle. Je pensais l’avoir fermé.»

    Elle hausse les épaules, mais la même chose se produit la fois suivante. Et ce n’est pas tout: chaque fois que cela se produit, un de ses vêtements disparaît. Une fois c’est une chaussette, la suivante, une paire de shorts, et ainsi de suite. Après quelques semaines, elle descend à la buanderie pour trouver une tenue complète faite de tous les vêtements qui ont disparu.


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    Histoires de fantômes: Le voleur de lingeWEDDING STOCK PHOTO/SHUTTERSTOCK

    Le photographe voyageur

    Après le décès de son chien, Bo, Anna commence à traîner sa photo partout où elle va. Elle aimait Bo plus que tout, c’est pourquoi elle a le cœur brisé le jour où elle s’aperçoit qu’elle a perdu sa photo. Elle est sûre qu’elle ne la retrouvera jamais, mais le jour de l’anniversaire de Bo, l’année suivante, elle trouve la photo dans le placard, à côté de son ancienne laisse. «Bon chien, Bo», chuchote-t-elle.


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    Histoires de fantômes: L’écharpe de sa filleCOLOR PHOTO/SHUTTERSTOCK

    L’écharpe de sa fille

    Par une soirée glaciale de janvier, un homme conduit sur une route déserte. La neige s’accumule et tourne rapidement au blizzard. Mais cet homme n’est pas seul sur la route. Un autre conducteur le suit et lui fait des appels de phares pour l’inviter à s’arrêter.

    Les deux hommes sortent de leur voiture. Le deuxième homme tend une écharpe rose au premier. Elle est douce et ressemble à celle de sa fille. L’homme qui lui donne l’écharpe a un regard aussi terrifiant que son sourire. Affolé, le père saute dans sa voiture et rentre à la maison à toute vitesse. La police l’y attend déjà.


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    Histoires de fantômes: Après la fermetureAFRICA STUDIO/SHUTTERSTOCK

    Après la fermeture

    Il est neuf heures, l’heure de fermer le magasin. Valérie, Ginny et Kelly sont les seules à travailler. Pendant qu’elles nettoient le magasin, une pile de chemises tombe par terre. Aucune des filles n’y a pourtant touché. «C’est probablement le fantôme», dit Ginny. «Très drôle», répond Kelly. «Ce n’est pas une blague, ajoute Valérie avec sérieux. C’est un petit garçon. Il aime jouer.»

    Kelly ne les prend toujours pas au sérieux. Elles sont plus vieilles et me taquinent, se dit-elle. Mais quand elle va dans la pièce du fond pour récupérer ses clés et rentrer chez elle, elle voit le reflet d’un petit garçon dans le miroir à côté d’elle. Quand elle regarde en arrière, ses clés ont été placées sur le sol.

     

    Grand Reportage 3:  13 histoires de fantômes qui font peur (pour votre soirée pyjama)

     

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