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    15 psychopathes les plus célèbres

    de l’histoire

     

    Ces psychopathes célèbres sont connus pour leurs horribles meurtres, dont on préfèrerait croire qu’ils ne se produisent que dans des films d’horreur.

     

     

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    Ed Gein fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.HAROLD OLMOS/AP/SHUTTERSTOCK

    Ed Gein

    Norman Bates (Psychose), Leatherface, (Massacre à la tronçonneuse), et Buffalo Bill (Le silence des agneaux) sont trois des personnages d’horreur fictifs les plus emblématiques de l’histoire, qui s’inspirent tous d’un seul homme: Ed Gein.

    Connu aussi comme le boucher de Plainfield, Gein a collectionné les cadavres féminins en pillant des tombes ou en assassinant des femmes, de 1945 à 1957, date à laquelle il fut arrêté. Il décorait sa ferme isolée dans le Wisconsin de restes de femmes, ou les utilisait pour confectionner des vêtements. Il a fini ses jours dans un hôpital psychiatrique en 1984.

     

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    Charles Manson fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.AP/SHUTTERSTOCK

    Charles Manson

    Un des gourous les plus notoires de l’histoire américaine, Charles Manson employait la manipulation psychopathique pour recruter de nouveaux membres dans les années 60. Il ne faisait pas que tuer, il entraînait ses plus fidèles admirateurs à commettre des actes brutaux, donnant lieu à des massacres de vedettes et de leaders dans le monde du spectacle. Notamment l’épouse du réalisateur Roman Polanski, Sharon Tate, et l’héritière de l’empire du café, Abigail Folger. Cependant, la mort de ces célébrités reste encore un mystère. Condamnés à mort, Manson et ses fidèles ont passé leur vie en prison après l’abolition de la peine capitale en Californie.

     

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    Ted Bundy fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.SF/AP/SHUTTERSTOCK

    Ted Bundy

    Le nom de Ted Bundy évoque un tueur en série et un psychopathe. On le disait rusé et attachant, ce qui lui a permis de piéger un grand nombre de ses victimes. On en compte au moins 30 à travers les États-Unis, mais son arrestation a tardé, car personne n’était convaincu qu’un jeune homme apparemment intègre puisse être l’auteur de crimes aussi odieux. Il est célèbre pour ses tendances nécrophiles et son avocat l’a même qualifié du diable en personne.

     

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    Richard Ramirez fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.AP/SHUTTERSTOCK

    Richard Ramirez, dit «le traqueur de la nuit»

    Selon thoughtcatalog.com, les victimes de Ramirez avaient de 9 à 83 ans, sans préférence pour le genre. Il a terrorisé Los Angeles dans les années 80 en y commettant des massacres brutaux et sataniques afin d’assouvir sa fascination pour la violence. Son éducation y est pour quelque chose. À 11 ans, il a vu son cousin assassiner sa femme et a été forcé de participer au nettoyage des lieux.

     

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    Jack l’Éventreur fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.FRANKIE'S/SHUTTERSTOCK

    Jack l’Éventreur

    Jack l’Éventreur, de Londres, n’a jamais été correctement identifié, en dépit de sa notoriété mondiale. Les meurtres de Jack l’Éventreur font partie de ces 14 crimes qui ne sont toujours pas élucidés.

    En plus de tuer des prostituées, à la fin des années 1800, il dépeçait leurs organes génitaux. On ne sait pas grand-chose à son sujet, mais sa profonde haine des femmes – en particulier des prostituées – a donné lieu à des hypothèses voulant que sa mère l’ait été également. Il laissait ses victimes en pleine rue pour qu’elles soient repérées par les passants et les policiers.

     

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    Albert DeSalvo fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.FRANK C CURTIN/AP/SHUTTERSTOCK

    Albert DeSalvo, dit «l’Étrangleur de Boston»

    Le tueur en série Albert DeSalvo étranglait les femmes en employant souvent des ruses très simples pour franchir le seuil de leur porte, selon le Boston Globe. Dès son jeune âge, il torturait des animaux, un signe précurseur reconnu de la psychopathie. Sa profonde misogynie s’est aggravée en vieillissant, rendant ses relations avec les femmes de son entourage très éprouvantes. Il a été poignardé à mort en prison en 1973.

     

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    Jeffrey Dahmer fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.KYPROS/SHUTTERSTOCK

    Jeffrey Dahmer

    Une des raisons pour lesquelles le cas du psychopathe et tueur en série, Jeffrey Dahmar, a captivé la planète est certainement son allure polie et réservée. Selon le New York Times, il passait sous le radar de la police parce qu’elle croyait à toutes ses histoires.

    En plus d’être célèbre comme tueur en série, Dahmer s’est démarqué par son cannibalisme. Quand les autorités ont finalement pénétré dans son domicile, ils ont découvert des têtes humaines dans le réfrigérateur. Dahmer a fini assassiné dans sa cellule en 1994.

     

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    Le tueur du Zodiaque fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.ERIC RISBERG/AP/SHUTTERSTOCK

    Le tueur du Zodiaque

    Tout comme Jack l’Éventreur, personne ne sait vraiment qui est le tueur du Zodiaque. Mais contrairement à Jack, le Zodiaque ne s’est pas isolé dans l’ombre. Une des raisons pour lesquelles ses meurtres étaient aussi sensationnels était qu’il contactait souvent les médias, en les taquinant avec des énigmes et des charades.

    Il a sévi pendant les années 60 et 70, mais n’a plus donné signe de vie après sa dernière lettre à la presse en 1974. Même sans examen psychologique, ses crimes démontrent un manque d’empathie caractéristique d’un psychopathe.

     

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    Vlad l’Empaleur fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.UNIVERSAL HISTORY ARCHIVE/SHUTTERSTOCK

    Vlad l’Empaleur

    Ce souverain de Transylvanie du 15e siècle serait à l’origine de la légende de Dracula. Il n’avait pas d’ailes de chauve-souris, mais était d’une très grande cruauté et assoiffé de sang. Comme le suggère son nom, il plaçait souvent ceux qu’il venait de faire empaler bien en vue devant son château pour que tous assistent à leur longue et atroce agonie. Il aurait empalé 20 000 personnes, et en aurait tué 80 000 en tout.

     

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    Dennis Rader fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.LARRY W. SMITH/EPA/SHUTTERSTOCK

    Dennis Rader, dit «le tueur BTK»

    Dennis Rader était reconnu pour attacher, torturer et exécuter ses victimes. Comme le tueur du Zodiaque, il badinait avec la presse. À la différence, cependant, que Dennis Rader s’est fait prendre en voulant jouer au plus malin. La police a réussi à retracer l’origine d’un CD envoyé aux médias jusqu’à son église, en 2005. Ses meurtres étaient axés sur ses fantasmes sexuels et les scénarios de sadomasochisme (bondage).

     

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    Elizabeth Báthory fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.HISTORIA/SHUTTERSTOCK

    Elizabeth Báthory

    Son nom ne suscite pas la même réaction que ceux de Bundy ou Dahmer, mais Elizabeth Báthory est la plus grande tueuse en série de l’histoire. Elle aurait éliminé pas moins de 600 jeunes filles pour leur voler leur jeunesse (une fois qu’elle les avait torturées, elle buvait leur sang et s’y baignait). Cette comtesse hongroise, dite la comtesse sanglante, n’a jamais été amenée à procès en raison de son statut social. Mais elle a été assignée à résidence jusqu’à sa mort, en 1614.

     

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    David Berkowitz fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.ANONYMOUS/AP/SHUTTERSTOCK

    David Berkowitz, dit «le Fils de Sam»

    Au milieu des années 70, le tueur en série de New York David Berkowitz a déclenché un mouvement de panique dans la ville en tirant sur les gens au hasard – et en particulier sur des jeunes femmes aux longs cheveux bruns – avec un revolver de calibre .44. Son modus operandi étant totalement irrationnel, le «Fils de Sam» terrifiait la population. Il avait d’abord été un pyromane en série avant de s’adonner à ces massacres, qui ont permis de le capturer. Berkowitz a présenté des signes de psychose plutôt que de psychopathie. Il est depuis devenu un chrétien régénéré (de nouvelle naissance) en prison agissant comme mentor auprès de ses codétenus.

     

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    Albert Fish fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.AP/SHUTTERSTOCK

    Albert Fish

    Albert Fish était un redoutable tueur en série du début des années 1900. Comme Dahmer bien des années plus tard, Fish pratiquait le cannibalisme sur ses victimes. On l’a jugé particulièrement diabolique et dépravé en raison des lettres qu’il adressait aux familles des victimes, leur faisant un compte-rendu détaillé des horreurs qu’il leur avait fait subir.

     

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    H.H. Holmes fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.ART OF LIFE/SHUTTERSTOCK

    H.H. Holmes

    C’est à la fin des années 1800 qu’un premier tueur en série apparaît officiellement aux États-Unis. Se présentant sous le nom de H.H. Holmes, il était médecin et l’architecte d’un immense hôtel à Chicago, rebaptisé le «Château du meurtre» ou le «Château de l’horreur». Il a bâti cet hôtel dans le seul but d’y assassiner et d’y cacher ses victimes, construisant des passages labyrinthiques et des trappes connues de lui seul. En plus d’être le premier aux É.-U., il se démarque aussi par sa psychopathie méthodique.

     

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    Aileen Wuornos fait partie des psychopathes les plus célèbres de l'histoire.LAFAYETTE/KOBAL/SHUTTERSTOCK

    Aileen Wuornos

    Plusieurs documentaires ont été réalisés sur Aileen Wuornos, la meurtrière la plus célèbre des É.-U. Ce qui intriguait en particulier à son sujet, c’était son excentricité et son extroversion, en plus de sa capacité à s’avouer coupable un jour et, peu de temps après, à démentir ses aveux. Elle était un instant amène, et l’autre vengeresse. Elle a été exécutée en 2002 après les meurtres d’hommes qu’elle avait racolés sur les autoroutes en faisant de la prostitution.

     

    Grand Reportage 4:  15 psychopathes les plus célèbres de l’histoire

     

    Grand Reportage 4:  15 psychopathes les plus célèbres de l’histoire

      

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    Les fourneaux de soeur Angèle

     

    Débarquée de son Italie natale en 1955, Angiola Rizzardo – que l’on connaît mieux sous le nom de soeur Angèle – allait devenir une vedette des émissions culinaires. Sans toutefois perdre de vue sa mission première: nourrir les ventres affamés.

     

    Angiola Rizzardo est devenue soeur Angèle.PHOTO DE DOMINIQUE LAFONDAngiola Rizzardo, la soeur Angèle.

    La Fondation Sœur Angèle

    Août 2021. Une camionnette s’immobilise devant une modeste maison gris et blanc entourée de fleurs, au nord de Montréal. Roger Notaro, un sexagénaire costaud au visage sanguin, en descend et se dirige tout sourire vers sœur Angèle, qui l’attend sur le perron de la petite demeure des Sœurs du Bon-Conseil qu’elle habite seule depuis près de 20 ans.

    «Come va?» lance l’homme de sa voix forte. «Bene!» lui répond-elle en italien, leur langue maternelle. «La terre est généreuse comme ceux qui la cultivent!» ajoute-t-elle. Le producteur maraîcher de Sherrington, en Montérégie, a appris que sœur Angèle manquait de denrées pour préparer les conserves qu’elle vend au profit de sa fondation, qui vient en aide à des jeunes défavorisés. Depuis huit ans, il ne compte plus les fois où il a écumé les fermes de sa région pour ramasser des caisses de tomates italiennes, des sacs de betteraves, de carottes, d’oignons… Sitôt son bienfaiteur reparti et son étroite cuisine réapprovisionnée, sœur Angèle enfile son tablier.

    «À 83 ans, elle travaille comme une démone à faire des petits pots!» raconte avec admiration Daniel Allard, président de la Fondation Sœur Angèle – c’est lui qui a eu l’idée en 2008 de créer un fromage à son nom, avec l’aide de la Fromagerie Fritz Kaiser de Noyan, en Montérégie, pour l’aider à récolter depuis ce temps 100 000$. Si elle n’arrête jamais, c’est que les besoins sont sans fin. Elle passe donc ses journées à faire conserves et confitures sur un poêle blanc qui souffre de ses 16 ans et dont les ronds ne dérougissent pas du matin au soir. Alors que les effluves de légumes et de fruits parfument toutes les pièces, elle prie en cuisinant. «Mon poêle, c’est mon autel et ma façon de rendre grâce à mon mari: Dieu!» s’exclame la religieuse.

    Pour l’aider, elle peut compter sur Ginette Trépanier, une amie retraitée qui coupe à un rythme effréné fruits et légumes et stérilise les pots. «Sœur Angèle est la grande sœur que j’aurais aimé avoir», dit-elle. Elles se sont rencontrées en 1997 alors qu’elle était infirmière aux urgences de l’Hôtel-­Dieu de Montréal et que sa célèbre patiente souffrait d’une hernie discale. Tout en la soignant, Ginette lui avait confié que dès l’âge de 10 ans et jusqu’à sa majorité, des religieuses l’avaient accueillie dans un camp d’été et lui avaient donné confiance en elle. Elle veut donner au suivant. Depuis le début de la pandémie de COVID-19 en 2020, elles vendent à ceux et celles qui viennent les chercher les bocaux et les gâteaux qu’elles ont confectionnés et qui sont entreposés partout: sur la table de la cuisine, les comptoirs, les meubles du salon. Ils ont rapporté à la fondation plus de 100 000$ en deux ans. «J’ai les mains gercées à force de visser des couvercles», confie sœur Angèle, qui se plaint rarement. Elle en a vu d’autres… 

     

    Soeur Angèle a vu le jour le 11 août 1938 près de Cavaso del Tomba.RUTH SWAN/SHUTTERSTOCK

    Fuire la guerre

    Angiola Rizzardo a vu le jour le 11 août 1938 près de Cavaso del Tomba, une petite commune italienne de 3000 habitants, à environ 80 kilomètres au nord de Venise. Elle avait six ans au printemps de 1945 lorsqu’elle a été témoin d’une scène qui l’a marquée au fer rouge. Attirée par des cris, elle a vu par une fenêtre de la résidence familiale un jeune résistant italien, pendu à un poteau et brûlé vif par les nazis sous les yeux de ses parents, en état de choc.

    «J’ai crié d’effroi et des sol­dats allemands ont tiré dans ma direction!»

    Elle a pris trois balles, au genou, à la cuisse et à la hanche gauche. Aucun médecin n’étant disponible, c’est un vétérinaire qui l’a soignée.

    Cet effroyable conflit a aussi infligé à sa famille des privations qu’elle n’oubliera jamais. N’eût été l’extraordinaire débrouillardise de sa mère, qui parvenait à nourrir ses neuf enfants avec trois fois rien, elle n’aurait pas survécu. «Il n’y avait pas de poules car les Allemands les réquisitionnaient. Alors maman élevait des pigeons domestiques qu’elle faisait cuire. Elle recueillait aussi des restants de blé chez des agriculteurs pour faire du pain et récoltait des fruits dans les arbres», se souvient-elle.

    À 12 ans, Angiola, septième de la famille, doit travailler pour subvenir aux besoins des siens. Un couple, propriétaire d’un restaurant et d’une auberge, convainc ses parents de l’engager. Elle est nourrie, logée, et touche un modeste salaire. «Je n’ai jamais eu un sou car ma mère recevait toutes mes paies», raconte sœur Angèle, sans amertume. Elle trime dès 6 heures le matin, fait le café pour les chauffeurs d’autobus qui partent vers Venise ou Milan, puis lave à genoux les planchers de chêne avant de se rendre à l’école à 8 heures. L’après-midi, une fois ses devoirs terminés, elle recommence au restaurant, préparant les repas, servant aux tables, lavant la vaisselle. Elle ne regagne que vers minuit sa minuscule chambre, épuisée.

    Elle aspire à une vie meilleure. En 1955, à l’âge de 17 ans, embarquée sur un cargo où s’entassent 3000 immigrants, elle part rejoindre une de ses sœurs aînées, Maria, qui vit à Laval depuis une dizaine d’années. Presque tous les passagers ont le mal de mer. Sous le charme de la jeune fille, un jeune homme lui propose de l’aider. Elle lui demande de lui apporter des cuisines un citron chaque jour. «Je les sentais pour oublier les odeurs nauséabondes», raconte-t-elle. Plus tard, elle apprendra que ce jeune Italien a tenté, sans succès, de la retrouver pour la demander en mariage. «S’il l’avait fait, je n’aurais jamais pu faire tout ce que j’ai fait», dit-elle en riant.

     

    Soeur Angèle arrive au Québec le 28 octobre 1955.FIREFIGHTER MONTREAL/SHUTTERSTOCK

    Arrivée au Québec

    Elle arrive au Québec le 28 octobre et se met en quête d’un travail. Un chauffeur de tramway, qui ne comprend rien de ce qu’elle dit en italien, la dépose devant un foyer où les Sœurs de l’Institut de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, à Montréal, prennent soin des immigrants. Là, elle enseigne bénévolement la cuisine italienne à une religieuse, laquelle transmet ensuite ce qu’elle a appris aux nouveaux arrivants. Elle se fait aussi embaucher au Consulat général d’Italie, où elle prépare les réceptions de dignitaires, et passe ses nuits à repasser des vêtements à l’Hôpital général. Si elle trime si dur, c’est qu’elle veut faire venir ses parents et quatre autres membres de sa famille. Pour y parvenir, elle doit déposer pour chacun d’eux une garantie de 80$ au ministère de l’Immigration – une vraie fortune pour l’époque. Il lui faudra à peine plus d’un an pour réussir à amasser cette somme et, en décembre 1956, tous les siens sont enfin réunis au Québec. Ses parents ont vécu à Laval jusqu’à leur mort, il y a une vingtaine d’années.

    Elle ne cesse de leur rendre hommage, eux qui lui ont inculqué des valeurs de dévouement, de même qu’à ses frères et sœurs, qui l’ont toujours encouragée. Une fois sa famille près d’elle, la vie de la jeune Italienne prend une tout autre direction.

    En mars 1957, Angiola joint définitivement les Sœurs du Bon-Conseil. Elle vient à peine d’arriver que la religieuse qui prépare les repas à la maison mère de la congrégation tombe subitement malade. Vent de panique! Comment nourrir 100 sœurs sans cuisinière? «Faites venir la petite Italienne», lance la supérieure. Le poulet BBQ, une rareté en ce temps-là, et les frites qu’elle leur prépare lui valent un tel succès que sœur Angèle ne va plus quitter les cuisines. Pendant 20 ans, elle nourrit quotidiennement 300 jeunes femmes originaires du Bas-Saint-Laurent et qui, hébergées dans un centre de la congrégation situé boulevard Dorchester, suivent des cours de coiffure ou de couture dans la métropole.

    Son budget étant réduit à peau de chagrin, elle se rend au Marché central pour solliciter des commerçants italiens qui, dès qu’ils aperçoivent son voile et l’entendent parler leur langue maternelle, ne se font pas prier pour lui offrir des victuailles. Elle sillonne également les entrepôts du port de Montréal pour obtenir de la farine. Et ce petit bout de femme qui ne dort que quatre heures par nuit trouve encore le temps et l’énergie pour suivre des cours du soir durant plus de 10 ans à l’Institut de tourisme – elle y enseignera par la suite de 1975 à 1991, formant de nombreux chefs pour les délégations du Québec et du Canada à l’étranger.

     

    Soeur Angéle participe à des émissions.RADIO-CANADA/JEAN-PIERRE KARSENTYSœur Angèle, devenue chroniqueuse culinaire, régale l’audience de ses recettes en compagnie de l’animateur Jacques Boulanger, en 1983.

    Elle devient chroniqueuse culinaire

    En avril 1982, le directeur de l’ITHQ lui demande de remplacer au pied levé un de ses professeurs de cuisine qui devait participer à la populaire émission de Radio-Canada Allô Boubou, présentée en direct du Complexe Desjardins à Montréal. Sœur Angèle se présente avec quelques minutes d’avance sur le plateau et interpelle un homme qu’elle ne connaît pas. C’est l’animateur Jacques Boulanger. Il lui explique qu’il attend une bonne sœur qui doit faire une recette, ajoutant que ça va être ennuyeux! Il se trompe. Le succès est immédiat. L’auditoire rit aux éclats lorsque sœur Angèle explique avec beaucoup d’humour et d’entrain comment préparer des cannellonis. Du coup, elle signe une entente pour participer à 40 émissions.

    «Elle est tout le contraire de la religieuse austère et a beaucoup de charisme, explique, admiratif, le vice-président de la Société des chefs, Denis Paquin, qui a travaillé à ses côtés à l’ITHQ. Elle détonnait parmi les chefs sérieux et hautains qu’on voyait à l’époque à la télévision.» Pendant plus de 20 ans, elle devient la vedette de nombreux rendez-vous à la télé et à la radio. Ses livres de recettes se vendent comme des petits pains.

    «Le public connaît le côté extraverti de sœur Angèle, précise le chef Ricardo Larrivée, un de ses amis et anciens étudiants à l’ITHQ. Mais peu de gens savent qu’elle vient aussi en aide à des milliers de personnes.» Dès la fin des années 90, elle appuie par exemple les camps de vacances Plein Air à Plein Cœur, dans les Laurentides, qui accueillent des jeunes de quartiers défavorisés et leur montrent comment bien se nourrir. «Je me demandais pourquoi les enfants surnommaient un garçon de neuf ans “poulet pressé”, raconte avec stupéfaction le père Jean Boyer, qui s’occupe de ces camps. J’ai appris que chez lui, c’est tout ce qu’il mangeait.» Il voit régulièrement des jeunes débarquer avec des sacs à ordures verts pour unique valise.

    Sœur Angèle prépare aussi, avec de nombreux chefs cuisiniers, des soupers de Noël pour des centaines d’enfants et d’adolescents qui ne reçoivent rien d’autre dans le temps des fêtes. «Je n’oublierai jamais ce jeune de 13 ans qui m’a demandé cinq fois de la soupe en plus de s’empiffrer de tourtières», raconte le chef Mario Julien, qui a participé à plusieurs de ces événements.

    En 2001, Brunilda Reyes, une travailleuse sociale qui avait immigré du Chili six ans plus tôt, fonde Les Fourchettes de l’espoir à Montréal-Nord. «Je ne comprenais pas comment des enfants arrivaient en classe le matin sans avoir déjeuné, confie-t-elle. Pour moi, le Canada était synonyme de richesse!» Elle lance un cri du cœur à sœur Angèle qui, grâce à de généreux donateurs, versera en 18 ans plus de 100 000$ à l’organisme qui a pour mission d’éduquer. La fin de semaine, des jeunes de 4 à 12 ans participent à une école culinaire et apprennent à goûter des aliments, alors que les 13 à 17 ans font des recettes avec l’aide de cuisiniers de la Société des chefs qui se succèdent bénévolement avec sœur Angèle. «Il est fascinant de voir comment les enfants sont attentifs à ses faits et gestes, explique le chef Denis Paquin. Elle a le cœur jeune.» Celle qui pourrait être leur arrière-grand-maman prend les plus petits dans ses bras pour les aider à grimper sur des bancs afin qu’ils dégustent soupes, salades et muffins, qu’elle leur apprend ensuite à préparer.

    «Le plus beau moment, c’est quand sœur Angèle remet un diplôme à ceux et celles qui ont terminé leur formation de six mois», explique Atika Saoudi, mère de trois garçons de 7 à 13 ans qui ont suivi plusieurs de ses cours.

     

    Le sort des plus pauvres est une préoccupation constante pour Soeur Angèle.G_DASHA/SHUTTERSTOCK

    Apprendre aux jeunes

    Le sort des plus pauvres est une préoccupation constante pour la religieuse. Depuis le début de la pandémie, la Fondation Sœur Angèle a versé 100 000$ à Moisson Montréal pour l’achat de nourriture. «Quand une personne est en détresse, je lui demande de l’appeler et elle ne refuse jamais», confie le chef Mario Julien. Pendant la pandémie, elle téléphonait chaque jour à 20 personnes âgées confinées, même si elle était elle-même isolée et qu’elle a souffert de la COVID en janvier 2021. «Je croyais que j’avais des crabes sous les cheveux, tellement j’avais mal à la tête! Tout ce que je mangeais avait mauvais goût.» Elle s’est soignée aux Tylenol et au bouillon de poulet pendant six jours. «Quand tu donnes aux autres, tu t’oublies toi-même!» philosophe celle qui a surmonté avec le même détachement un cancer du côlon il y a 10 ans.

    À bientôt 84 ans, sœur Angèle n’arrête jamais et ne manque pas de projets. Pour encourager des jeunes qui n’ont pas les moyens de poursuivre leurs études en cuisine, la Fondation Sœur Angèle veut organiser des concours dans les écoles professionnelles du Québec et remettre des bourses pour un montant total de 100 000$ aux gagnants tout en impliquant des restaurateurs en mal de main-d’œuvre. Les jeunes sont l’avenir!» ne cesse-t-elle de clamer. Issu d’une famille modeste de Montréal-Nord, Karl Bilodeau a été un des premiers à fréquenter Les Fourchettes de l’espoir à l’âge de huit ans. 

    Il se rappelle comme si c’était hier des cours de cuisine avec sœur Angèle. «Je la regardais avec admiration et je voulais faire comme elle!» À la fin du secondaire, il a suivi un cours de cuisinier puis de pâtissier et a travaillé dans un bistro. Mis en arrêt de travail lors de la première vague de la COVID-19, le jeune homme de 28 ans a dû. se réorienter et a suivi un cours de charpentier-menuisier, mais il n’abandonne pas le rêve qu’il nourrit depuis sa rencontre avec sœur Angèle, celui d’avoir un jour son propre restaurant.

    Plus que jamais, il faut aider les autres», conclut la religieuse, persuadée que cela change le monde.

    Pour visiter le site de la Fondation Sœur Angèle: fondation-soeur-angele.com

     

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