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    Louis XII (1462 - 1515)

    Le «Père de son Peuple»

     

    Enfant tardif du poète Charles d'Orléans et de Marie de Clèves, petit-fils du duc Louis d'Orléans, assassiné par les Bourguignons, Louis a dû épouser en 1476 Jeanne la Boîteuse, la fille contrefaite de Louis XI. Ce dernier espérait de cette façon que s'éteindrait la branche cousine des Orléans !

    À la mort du roi Louis XI et à l'avènement de son fils Charles VIII, le duc ne se fait donc pas fait prier pour prendre les armes contre la régente Anne de Beaujeu. C'est la «Guerre folle». Mais quand Charles VIII meurt à son tour et que lui-même monte sur le trône, il se hâte de faire annuler son mariage par le pape et d'épouser la veuve du précédent roi, la duchesse Anne de Bretagne, richement dotée et par-dessus le marché jolie, ce qui ne gâte rien !

    Un homme d'État, un vrai !

    À peine monté sur le trône, Louis XII convoque le duc de la Trémoille. Celui-ci l'avait combattu et capturé à Saint-Aubin-du-Cormier du temps qu'il n'était encore que le duc d'Orléans.

    Au soldat qui n'en mène pas large, il adresse en substance ces belles et dignes paroles, en homme d'État qui place le service de la France au-dessus de ses rancunes personnelles : «Le roi de France ne venge pas les injures du duc d'Orléans». Une belle leçon pour tous les chefs d'État, y compris les plus actuels...

    Malheureuses guerres

    Se souvenant que sa grand-mère Valentine Visconti était la sœur de l'ancien duc de Milan, Louis XII ne tarde pas à convoiter le riche duché italien.

    Comme son infortuné prédécesseur, il se croit l'étoffe d'un conquérant et, à son tour, traverse les Alpes. Il occupe Milan en 1499 puis Naples en 1501. Ce mirage ne dure guère et la duplicité de ses alliés lui rend bientôt la vie difficile. Il renonce provisoirement par le traité de Blois de 1506 à ses prétentions italiennes mais revient à la charge sitôt après et remporte la victoire d'Agnadel.

    Las, le pape Jules II fomente contre le roi de France la Sainte Ligue (1510) et bientôt Vénitiens, Aragonais, Anglais et Suisses se jettent sur les armées françaises réduites à la défensive. Louis XII se tire honorablement de ces péripéties et marie sa fille Claude au duc d'Angoulême, futur François Ier, avant de mourir en 1515.

    Un royaume bien administré mais éclaté

    Louis XII, séduisant et plutôt intelligent, gagne le surnom enviable de «Père de son Peuple» lors des états généraux de 1506, en dépit de ses déconvenues italiennes.

    Il est vrai qu'il gère avec modération le royaume et réussit même le tour de force d'alléger la pression fiscale grâce à des conseillers de qualité : le maréchal de Gié, le cardinal d'Amboise, son principal conseiller jusqu'en 1510 et Florimond Robertet, secrétaire chargé des finances, qui servira également son successeur François 1er.

    Le royaume conserve néanmoins une structure médiévale, avec de grandes baronnies semi-indépendantes, en mesure de contester l'autorité royale.

    Ainsi la famille de Bourbon et la famille d'Albret détiennent-elles d'immenses fiefs au centre et au sud-ouest du royaume (les deux familles seront beaucoup plus tard réunies en la personne d'Henri III de Navarre, futur roi Henri IV).

    La Lorraine, le Béarn et la Basse-Navarre sont des seigneuries indépendantes. Calais appartient aux Anglais et Avignon au pape. L'Artois et la Franche-Comté ont été récupérés par l'empereur Maximilien de Habsbourg au traité de Senlis, en 1493. En guise de compensation, toutefois, le duché de Bretagne est en passe d'être réuni au domaine royal...

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    Laurent le Magnifique (1449 - 1492)

    Prince de la Renaissance et mécène

     

    Laurent de Médicis a dirigé d'une main de maître la république de Florence pendant près d'un quart de siècle. Son gouvernement a coïncidé avec l'apogée économique et culturel de la cité italienne.

    Justement surnommé Laurent le Magnifique (Lorenzo il Magnìfico en italien), c'est un vrai prince de la Renaissance : mécène fastueux et généreux, amoureux de la vie et épris de culture poète à ses heures, il se montre aussi despotique, amoral et impitoyable avec ses rivaux. Ses hommes de main font régner la terreur parmi les grandes familles de la ville.

    Camille Vignolle.

    Un prince de la Renaissance

    Bien qu'elle ne domine qu'une petite partie de la péninsule italienne et compte tout juste 50.000 habitants, Florence fait la pluie et le beau temps en Europe, en cette première Renaissance italienne (le «Quattrocento»).

    Héritiers d'une richissime famille de marchands et de banquiers, Laurent et son frère cadet Julien accèdent à la tête de la république florentine, en 1469, à la mort de leur père Pierre le Goutteux.

    L'un et l'autre reçoivent alors le titre informel de «principe dello stato» (Prince de l'État). Mais après la conjuration des Pazzi, qui provoque en 1478 la mort de Julien, Laurent règne en maître sur la ville.

    Politique avisé et brutal, le nouvel homme fort de Florence est aussi un lettré et un humaniste. Il a reçu une éducation humaniste d'avant-garde : dès l'âge de dix ans, il étudie la rhétorique, le grec et même la philosophie avec Marsile Ficin en personne ; il est initié aussi à la musique et à la poésie. Dès l'âge de 14 ans, il écrit des poèmes de qualité.

    Dans sa villa de Careggi, en périphérie de la ville, il retrouve les philosophes, artistes et érudits de son temps, conversant avec eux sur les grands textes anciens et les idées nouvelles et les accueillant à sa table.

    Parmi ces artistes et ces beaux esprits, Botticelli, Donatello et Verrocchio, Marsile Ficin, philosophe néo-platonicien (de l'école de Platon), Leon-Battista Alberti, Pic de la Mirandole... Le jeune Michel-Ange dispose même d'une chambre dans le palais de la Via Larga.

    Vers les sommets

    Fort de sa puissance et de sa richesse, Laurent le Magnifique épouse Clarice Orsini, issue de l'une des plus grandes familles romaines. Jean, leur fils cadet, va entrer dans les ordres et devenir pape en 1513 sous le nom de Léon X.

    Son cousin Jules de Médicis, fils naturel de Julien, devient également pape en 1523 sous le nom de Clément VII. Ce dernier arrangera le mariage de sa petite-cousine Catherine de Médicis avec le fils du roi de France, le futur roi Henri II...

    Nuages sur la ville

    Le 8 avril 1492, Laurent de Médicis s'éteint à 43 ans dans sa villa de Careggi. Sa mort marque l'apogée de Florence mais annonce aussi le déclin politique des républiques marchandes d'Italie.

    Le rayonnement politique de Florence va décliner, d'une part en raison de la dictature morale exercée par Savonarole, d'autre part, et plus sûrement, en raison de la découverte de l'Amérique et du développement du commerce transatlantique dont seront écartés les négociants italiens. Il appartiendra aux nations riveraines de l'Atlantique de faire mûrir les fruits de la Renaissance italienne.

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  • Les Gaulois : histoire et vérité sur nos "ancêtres"

     

    Deuxième partie

     

    La culture gauloise

    L'art gaulois était avant tout un art de l'objet. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    Quelle langue parlaient les Gaulois ?

    Les Gaulois communiquaient dans une langue celtique, présentant des différences de vocabulaire et de prononciation selon les régions, mais compréhensible par tous les habitants de la Gaule. Cette langue n'a pas été uniformisée par des lois, ni codifiée par écrit. Nous ne disposons donc pas aujourd'hui de textes rédigés par les Gaulois eux-mêmes, et seules les sources grecques ou romaines nous renseignent sur le "parler" gaulois.

     

    Existait-il une littérature au temps des Gaulois ?

    La littérature gauloise fut uniquement orale, transmise lors de joutes et cérémonies collectives par les druides et les bardes. Il existait donc en Gaule une véritable rhétorique et une littérature verbale qui s'apprenait dans les écoles. Ces récits riches en formules, images et poésie pouvaient avoir une valeur sacrée ou une fonction épique, en exaltant les exploits des guerriers.

     

    Peut-on parler d'un art gaulois ?

    Longtemps, l'art gaulois a été méconnu ou méprisé, car il ne répondait pas aux critères esthétiques gréco-romains. Les Gaulois ne cherchaient pas, en effet, à représenter la réalité, encore moins à la magnifier. L'art celtique est non figuratif : ses motifs abstraits, stylisés, symboliques sont faits de courbes et d'infinis entrelacements conçus comme un langage sacré rapprochant les hommes du divin.

    Les Gaulois exerçaient donc leur art sur des supports portatifs, que ce peuple de semi-nomades pouvait emporter partout avec lui : armement (casques, poignards), bijoux (gros colliers, bracelets, pendentifs, boucles de ceinture) ou objets de la vie quotidienne (rasoirs, miroirs...).

    Les sources grecques ou romaines notent aussi la grande place faite à la musique dans la société gauloise. Religieuse ou militaire, elle accompagnait tous les rassemblements populaires.

     

    Les Gaulois avaient-ils des pratiques scientifiques ?

    Les Gaulois ont démontré un intérêt notoire pour le calcul, la géométrie ou l'astrologie, mais les connaissances scientifiques étaient le domaine réservé des druides. Les rares traces d'écriture gauloise révèlent aussi une vraie passion pour les nombres, qui s'exerça d'abord dans la comptabilité (recensement des populations, gestion financière, etc.). Des calendriers d'une grande complexité étaient également établis grâce à une pratique poussée de l'astronomie, qui permettait également de déterminer les lieux propices au culte.

     

     

    Les inventions gauloises

     

    Ancêtres du pantalon, les braies seraient une invention gauloise. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    La cervoise et son tonneau

    Dérivé du latin "cervisia", la cervoise est un vin d'orge gaulois, un ancêtre de la bière, partie intégrante de l'alimentation gauloise. Sa popularité s'explique en partie par des raisons sanitaires car elle pouvait présenter moins de risque que l'eau. Pour remplacer les amphores en terre et garantir la conservation et le transport du vin, les Gaulois auraient inventé les tonneaux en bois.

     

    Le savon lustrant

    Ce produit de nettoyage était fabriqué à partir de cendres et de suif. Mais s'ils l'ont inventé, les Gaulois sont avant tout connus pour avoir exploité les vertus hygiéniques du savon pour lustrer leur longue chevelure.

     

    La moissonneuse des champs

    Alors que les Romains se servaient d'une faucille, les Gaulois utilisaient la moissonneuse pour leurs travaux des champs. L'ancêtre des machines agricoles était en fait une grande caisse à roues dentelées. Elle était tractée dans les champs par un bœuf, les épis arrachés tombant dans la caisse.

     

    Le pantalon

    Les Gaulois furent les premiers à adopter cette tenue appelée "braies". La principale partie de ce costume, le pantalon, était large et flottant, à plis pour certaines tribus gauloises, étroit et collant chez d'autres. Il descendait en général jusqu'à la cheville, où il était attaché.

     

    La cotte de maille

    Les Gaulois maîtrisaient la technique compliquée d'extraction du fer. Avec le fer, ils fabriquaient des clous, fibules, couteaux, ciseaux, haches et casques. Ils auraient inventé la cotte de maille des cavaliers, probablement au IIIe siècle av. J.-C.

     

    En quoi croyaient les Gaulois ?

     

    Robe blanche et coupe du gui... Les druides étaient probablement très différents de l'image qu'on en a aujourd'hui. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    Plus que la cueillette du gui

    L'image d'Epinal d'un druide, tout de blanc vêtu, coupant du gui à la serpe dans une forêt profonde a longtemps résumé la religion gauloise, pourtant plus complexe. Les découvertes archéologiques récentes ont en effet mis en lumière une religion riche en croyances et rites élaborés, structurant la vie des Gaulois.

     

    "Druides", "bardes" et "vates"

    Le personnel religieux gaulois n'est pas composé des seuls druides : les bardes, chargés de perpétuer la tradition orale, occupent une place tout aussi importante. Ces gardiens de la mémoire gauloise, considérés comme de véritables chantres sacrés, louent les exploits des hommes et des dieux, accompagnés d'un instrument proche de la lyre. Egalement oubliés, les "vates" sont les maîtres du sacrifice et de la divination, au cœur du culte gaulois.

     

    Sacrifice et divination

    Pour amadouer les dieux, on leur présente toutes sortes d'offrandes, animaux, bijoux, or, fruits, sans oublier les sacrifices humains, rares mais pratiqués. Les Gaulois s'adonnent aussi à la divination en lisant dans les songes, le vol des oiseaux mais surtout dans les nombres.

     

    Lieux de culte

    Ces cérémonies se déroulent dans des sanctuaires clos, sortes de temples généralement localisés sur des points élevés, éloignés des habitations mais facilement repérables. Aucune cérémonie dans les arbres donc, comme le veut la légende.

     

    Les fêtes religieuses

    Quatre grandes fêtes celtiques introduisent les saisons : l'Imbolc le 1er février, le Belteine le 1er mai , le Lugnasad le 1er août, le Samain le 1er novembre. Le visage des dieux Polythéistes, les Gaulois vénéraient des divinités protectrices variées mais ne les représentaient pas sous des traits humains. Il est donc difficile de les identifier, sauf en s'appuyant sur des récits romains biaisés par leurs propres croyances.

    Il semble en fait qu'aucun panthéon ne se soit imposé à l'ensemble des Gaulois, excepté quelques divinités comme le fameux Toutatis, ou Teutatès, dieux protecteur de la tribu. Par ailleurs, les dieux ne sont pas les mêmes selon les peuple.

     

    Croyances

    C'est finalement le système de croyances très élaboré des Gaulois qui les unit le mieux. Citons entre autres, la croyance en la fin du monde, en la vie éternelle et en la réincarnation des âmes (une croyance qui expliquait selon César le courage des Gaulois aux combats). L'univers est quant à lui conçu comme une sorte de construction pyramidale divisée en trois parties, abysses infernales, terre, et ciel, ce dernier apparaissant comme une voûte fragile et inquiétante sur laquelle s'appuie l'univers.

     

     

    Vercingétorix et la conquête des Gaules

     

    Vercingétorix déposant les armes devant César : un mythe ? © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    Vercingétorix : aristocrate et chef de guerre

    Vercingétorix est né aux environs de 82 av. J.C, à Gergovie. Son nom est en fait un titre militaire qui signifie "grand roi des guerriers". C'est un noble qui a suivi l'enseignement des druides : il est issu d'une des plus grandes et des plus puissantes familles de la tribu des Arvernes. Pour contrer l'invasion romaine, il parvient à organiser une grande coalition gauloise, dès 52 av. J.-C. 

    Mais avant cette date, il est fort probable que Vercingétorix ait pu combattre aux côtés des légions romaines. En effet, depuis -120 avant J.C., le territoire arverne a signé un traité de neutralité avec Rome. Avant de combattre César, Vercingétorix aurait pu combattre pour lui, notamment pour repousser les Helvètes, et les Germains. Certains historiens estiment que Vercingétorix n'aurait pas pu devenir le grand général expérimenté et aussi célèbre dans le monde gaulois sans s'être fait un nom dans les légions romaines.

     

    La guerre des Gaules

    A partir du début du IIIe siècle av J.-C, les Romains étendent leur hégémonie sur le bassin occidental de la Méditerranée et commencent à conquérir la partie méridionale de la Gaule, dite transalpine. En -120, le sud de la Gaule, désormais appelée la "Province", est annexé. La conquête se poursuit peu à peu, en dépit de la résistance de certaines tribus gauloises. César envahit d'abord le nord de la Gaule puis le contours atlantique, dans le but d'assoir sa domination militaire mais aussi afin d'ouvrir de nouvelles routes commerciales.

    La plus grande insurrection est menée par Vercingétorix, qui réussit à battre les Romains à Gergovie, capitale des Arvernes, en -52. Pourquoi aurait-il décidé de combattre César ? Les historiens estiment que l'intervention de plus en plus fréquente de César dans la vie des peuples gaulois et l'ingérence des romains dans leurs décisions politiques auraient finalement convaincue Vercingétorix à prendre la tête de la rébellion.

    Le succès de Gergovie entraîne de nouvelles tribus gauloise au combat. Emmenées par Vercingétorix, chef des armées gauloises, elles pratiquent une politique de terre brûlée pour freiner les Romains et les empêcher de se ravitailler.

     

    La bataille finale d'Alésia

    C'est à Alésia que se joue l'ultime bataille de la guerre des Gaules. Jules César y fait construire une double fortification autour de la place-forte : une ligne de travaux défensifs et de larges fossés sont édifiés pour empêcher les assiégés de sortir. Malgré une armée de secours, Vercingétorix est contraint d'admettre sa défaite et rend les armes. Il est mené en captivité à Rome puis meurt à la prison du Tullianum, sans doute étranglé. En -51, la Gaule est donc entièrement soumise.

    La politique d'assimilation et d'acculturation qu'impose partout les Romains transforme petit à petit le territoire, faisant bientôt des Gaulois, des Gallo-romains. Ce sont surtout les nobles gaulois, qui disposent de poids politique à Rome et de nouveaux avantages commerciaux, qui implantent la culture romaine en Gaule.

     

    Les Gaulois : histoire et vérité sur nos "ancêtres"

     

    Indications bibliographiques : 

    - Histoire des Gaules de Christiane Delaplace et Jérôme France, Armand Colin

    - Histoire des Gaulois, Emile Thévenot, PUF

    - La Civilisation celtique, Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Payot

    - Ville, villages et campagnes d'Europe celtique, Hachette

    - Les peuples gaulois, IIIe-Ie siècle av. J.C. de Stephan Fichtl, Errance

     

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  • Les Gaulois : histoire et vérité sur nos "ancêtres"

     

    Première partie

     

    © Lionel ROYER - Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César

     

    Nomades et de culture orale, les Gaulois ont longtemps été méconnus ou méprisés. Pourtant, les récentes découvertes archéologiques et les sources antiques mettent en lumière une brillante civilisation, loin des archétypes barbares ou romanesques des vieux livres d'école. L'occasion de redécouvrir nos supposés ancêtres.

     

    Les Gaulois, une invention romaine

    Ce sont les Romains qui ont laissé le plus de traces des Gaulois. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    Les Gaulois, descendants des Celtes

     

     

    Aucun témoignage écrit direct des Celtes et des Gaulois n'a été retrouvé. C'est sous la plume des Grecs puis des Romains que la "Gaule" fait son apparition. Ce sont eux en effet qui utilisent les premiers le terme "Gallia" pour désigner un territoire à conquérir, compris entre les Pyrénées, les Alpes et le Rhin. Pourtant, cette entité géographique ne recouvre alors aucune unité politique : ses habitants appartiennent à la grande communauté des Celtes, un peuple originaire d'Europe centrale, étendu sur tout le continent européen, des îles Britanniques au détroit du Bosphore. Sur ce territoire "gaulois" vivent par ailleurs plus de 60 communautés aux mœurs et chefs bien distincts, qui s'affrontent régulièrement.

     

    Il est donc utile de garder à l'esprit que l'essentiel des écrits sur les Gaulois qui nous sont parvenus ont été écrits par ceux qui les ont vaincu. Dans "La Guerre des Gaules" de Jules César, l'un des ouvrages jugés comme références pour retracer l'histoire des Gaulois, l'empereur romain décrit un territoire homogène sur lequel un peuple uni vit selon des règles unifiées. Une vision foncièrement inexacte, qui forgera pendant longtemps dans l'inconscient collectif une représentation faussée de la civilisation gauloise.

     

    Les Gaules

    Sur le territoire décrit, les Romains distinguent quatre régions : 

    - La partie méditerranéenne, dite "la Province",

    - L'Aquitaine près des Pyrénées,

    - La "Gaule celtique" au centre,

    - La "Gaule Belgique" au nord-est. 

    Mais les Gaulois, eux, n'ont pas la conception d'un pays qui leur est propre, doté de frontières et de capitales. Semi-nomades, leur notion de territoire est avant tout celle d'un espace vital : ils se déplacent en fonction de leurs besoins. Avec le temps, leurs migrations deviennent de moins en moins fréquentes, mais l'habitat reste dispersé, avec de rares villages (les premiers apparaissent au IIe siècle avant J.-C.) et quelques ébauches de fortifications, dit oppidum.

     

    La société gauloise

     

    Représentation moderne d'un chef gaulois. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

     

    La tribu gauloise

     

    Jusqu'à la conquête romaine, les Gaulois repoussent toute forme d'autorité unique. L'entité de base est la tribu, un ensemble de familles issues d'une origine commune, souvent très ancienne, regroupant quelques dizaines ou des milliers d'individus. Ces tribus s'organisent à partir d'assemblées politiques dans lesquelles chaque individu intervient en fonction de son statut social. Les sociétés gauloises sont néanmoins complexes et hiérarchisées, notamment sur le principe de la "clientèle". Les règles sociales imposaient que certains individus de position sociale modeste se mettent sous les ordres et la protection de personnes d'influence. Celles-ci leur assuraient sécurité et aide matérielle en échanges de services. Ce lien social se transmettait généralement de générations en générations.

    La société gauloise est en réalité bien différente de celle imaginée et représentée dans les livres scolaires du XIXe et du début du XXe siècle. Loin d'être composée d'hommes barbares et de guerriers, la civilisation gauloise était brillante, au carrefour de différentes cultures.

     

    Les hommes libres

    - Les druides : ils président les affaires religieuses mais cumulent aussi les fonctions de savant, d'éducateur, d'homme de justice et de législateur. Cette charge est héréditaire mais nécessite de surcroît un long apprentissage.

    - Les guerriers ou l'aristocratie guerrière : l'accession au statut de guerrier est également héréditaire mais suppose surtout la capacité d'acquérir un équipement onéreux. "Une grande épée suspendue au côté droit, un bouclier allongé de grandes dimensions, de longues piques et une sorte de javelot qui va plus loin que la flèche" écrit Plutarque. Les travaux archéologiques ont permis de dresser un portrait un peu plus précis du guerrier gaulois. Loin d'être un bagarreur indiscipliné, il était en réalité un combattant redouté pour sa technique, qui impressionnait par le raffinement de son équipement.

    La guerre chez les Gaulois n'est pas anodine. Une dimension religieuse entoure vraisemblablement les combats entre tribus et peuples ennemis, ce qui confère au guerrier une dimension sacrée.

    - Les plébéiens : paysans ou artisans, ils n'appartiennent à aucune famille de renom et ont un pouvoir politique limité. Le fait de payer des impôts les autorise à participer aux assemblées populaires, mais sans réellement peser dans les décisions. Par le système de la "clientèle", ils peuvent également vendre leur suffrage en échange de biens convoités et acquérir la protection des Gaulois de position sociale plus importante.

     

    Les "esclaves" au temps des Gaulois 

    Une forme de vassalité règne déjà chez les Gaulois. Les esclaves, dont le statut se transmet de père en fils, n'ont aucun poids politique mais jouent un rôle économique déterminant, en travaillant dans les champs, à l'entretien des biens de leur maître. Il peut aussi s'agir de prisonniers de guerre, précieuse monnaie d'échange dans les combats.

     

    La vie quotidienne des Gaulois

     

    Le statut de la femme gauloise reste un mystère aujourd'hui. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    La maison gauloise

    Les notions de vie privée et d'indépendance sont importantes pour les Gaulois. Ils ne vivent d'ailleurs pas en clan, mais autour d'une cellule familiale assez réduite. Pourtant, la maison ne revêt pas le caractère sacré qu'elle a pour les Grecs ou les Romains. Elle permet uniquement de se reposer, de se protéger des intempéries, mais ce n'est pas un lieu de convivialité : les grands repas se prennent généralement à l'extérieur. De forme conique et recouverte de chaume, la maison se compose généralement d'une pièce unique et d'un mobilier limité aux banquettes de couchage et aux éléments de stockage.

    Les travaux archéologiques ont permis d'établir que les Gaulois n'habitaient pas du tout dans de petits villages perdus au milieu de la forêt. Ce sont autour de grandes fermes que s'installent les familles gauloises.

     

    La médecine des druides 

    Les Gaulois portent une grande attention à leur apparence et à la propreté du corps. On leur prête d'ailleurs l'invention du savon. A base de plantes, la médecine est d'abord pratiquée par des marginaux, des sorciers, puis par les druides. En tant que civilisation guerrière, les Gaulois ont également recours à la chirurgie à l'aide de scalpels, de lancettes et autres instruments.

     

    L'école au temps des Gaulois

    L'école est réservée aux classes privilégiées, qui bénéficient d'un enseignement de qualité. Comme dans la Grèce présocratique, les enfants écoutent les discussions de leurs aînés et y apprennent l'art oratoire, la rhétorique, mais aussi bien d'autres matières, car l'enseignement vise un savoir universel et se poursuit généralement jusqu'à l'âge de 20 ans.

     

    Le couple gaulois

    Bien que sous l'autorité morale de leur mari, les femmes jouissent d'une relative indépendance, en tout cas financière, puisque les biens du couple sont mutualisés. Elles participent en outre aux assemblées populaires, peuvent être choisies comme arbitre dans des conflits et se faire honorer, pour les plus riches, comme des hommes. En matière de sexualité, les Gaulois semblaient également tolérants. Aucune source ne laisse en effet supposer l'existence de délits sexuels. Rien ne prouve par exemple que l'adultère ait été puni et les relations amoureuses entre hommes était chose admise par la communauté, au moins entre guerriers, d'après des écrits d'auteurs classiques comme Athenaeus ou Diodore de Sicile.

     

    Des loisirs rassembleurs

    Le loisir individuel n'a pas de sens pour les Gaulois, mais leur vie est ponctuée de grands rassemblements populaires, foires, fêtes religieuses ou rencontres politiques. Ces réunions sont égayées de spectacles, du chant des bardes et d'affrontements en duel ou en joute verbale, afin de se voir attribuer la place d'honneur au banquet.

    - Les banquets : s'il est un poncif non usurpé sur les Gaulois, c'est bien leur goût des banquets accompagnant tous les grands moments de la vie sociale. Son organisation est très codifiée : la place que chacun y occupe respecte scrupuleusement la hiérarchie sociale. L'ivresse y est fréquente et parfois associée à l'usage de plantes hallucinogènes, aux vertus divinatoires et religieuses.

    - La chasse, très prisée, est réservée aux riches car elle exige un équipement onéreux, comme les chevaux, les chiens et les armes (principalement un javelot muni d'un fer). Initiatique, elle permet aussi de former les jeunes à l'art de la guerre.

     

    De quoi vivaient les Gaulois ?

     

    Les Gaulois, un peuple de pilleurs ? © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    Les Gaulois ne conçoivent pas l'économie comme une administration collective des biens mais plutôt comme la gestion des ressources privées, fournies en grande partie par des butins de guerre.

     

    A la recherche de butins

    Les expéditions guerrières des Gaulois répondent à une nécessité économique plus qu'à une volonté expansionniste : leur production agricole et artisanale n'est pas toujours suffisante pour générer des surplus, échanger des produits et obtenir ce qui leur manque. C'est donc par la force qu'ils se procurent ces biens, des terres et des esclaves. A partir du Ve siècle av. J.-C., se développe aussi un système de mercenariat : certains Gaulois s'engagent comme soldat pour des peuples étrangers, en échange de denrées convoitées. Une agriculture développée

     

    Les Gaulois sont parvenus à développer l'une des plus riches agricultures du pourtour méditerranéen, notamment grâce à un climat favorable, à la mise au point d'engrais, d'outils et d'attelages permettant de labourer des terres lourdes. Pourtant, cette activité n'est pas valorisée au sein de la société gauloise. Les propriétaires n'exploitent d'ailleurs pas directement leurs terres, qu'ils préfèrent mettre en fermage. En revanche, ils accordent une grande importance à l'élevage, la taille et la beauté de leur troupeau étant un signe de richesse.

     

    L'omniprésence de l'artisanat

    La production artisanale occupe une place importante dans la société gauloise, notamment pour pallier une offre trop restreinte de produits importés. Les Gaulois excellent ainsi dans la production d'outils en fer et dans l'orfèvrerie, témoignant d'une excellente connaissance des minerais et du travail d'extraction. L'or est particulièrement prisé, au point que les Romains ont évoqué la Gaule comme le "pays où l'or foisonne". En réalité, l'extraction de l'or dans les mines d'or obéit à des pratiques extrêmement élaborées et nécessite des techniques innovantes, que les Gaulois utiliseront pendant des décennies. Le travail du bois est également développé, la tonnellerie notamment, mais cette large production n'a pas résisté au temps. Leurs poteries, surtout l'émail de couleur rouge, sont alors réputées dans tout le bassin méditerranéen.

     

    Du commerce avec les Romains 

    Les Gaulois ne sont pas aussi commerçants que les Romains et préfèrent jusqu'au IIIe siècle avant J.C. produire par eux-mêmes ou piller leurs voisins. Néanmoins, ils pratiquent une forme de commerce en prélevant des droits de passage sur les marchandises qui transitent sur leur territoire. Avant le IIIe siècle av. J.-C, les Gaulois commencent à troquer des produits, qui restent peu diversifiés : ils achètent du vin, mais aussi des chevaux, de la vaisselle ou des bijoux. En échange, ils revendent des esclaves, une partie des produit de leur élevage ou leurs services de mercenaire.

     

    Les pièces de monnaie gauloises n'apparaissent que tardivement, au IIIe siècle av. J.-C. Elles se généralisent dans le courant du IIe siècle avant J.C. Les monnaies d'or, de bronze et de cuivre sont différentes d'un peuple à l'autre, mais certaines sont alignées sur le denier des romains, pour que les pièces pèsent le même poids. Une preuve qu'à cette époque, les échanges commerciaux avec les Romains ne sont pas rares, notamment sur le pourtour méditerranéen. Les Gaulois achètent notamment du vin, énormément de vin, car ils n'en produisent pas eux-mêmes. Les Romains achètent eux aux Gaulois entre autres du sel, du métal et des esclaves. Ces liens commerciaux, de plus en plus denses au cours du temps, participent à la dépendance de certaines élites gauloises vis-à-vis du marché romain.

     

    à suivre

     

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    Chantilly : le château et les Grandes Écuries

    Magnificence des ducs de Condé

     

     
    Le château de Chantilly, riche d'une prestigieuse histoire, possède l'une des plus belles collections françaises de peintures anciennes, de manuscrits et de documents divers. Dans un site somptueux, il témoigne de l'art décoratif de l'Ancien Régime.

     Le château de Chantilly reflète mieux qu'aucun autre site l'art de vivre tel qu'il s'est épanoui dans l'aristocratie française aux XVIIe et XVIIIe siècles.

    Dans l'ancien pays de Valois, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, le château trône au milieu d'un parc de 115 hectares dessiné par André Le Nôtre, le jardinier favori de Louis XIV.

    Le Grand Canal dépasse en dimensions celui de Versailles !

    L'ensemble est cerné par les Trois Forêts de Chantilly, Halatte et Ermenonville, où les anciens propriétaires de Chantilly et leurs hôtes pratiquaient la chasse à courre.

    Les Grandes Écuries, qui ont servi de décor à un film de James Bond, témoignent de la passion des aristocrates de l'Ancien Régime pour cette activité.

    À noter que le château, son parc, son hippodrome, ses écuries et bien sûr le musée sont accessibles à pied à partir de la gare ferroviaire de Chantilly, via une allée forestière de quelques centaines de mètres.

      

    Un château au coeur de l'Histoire

    Dès avant l'An Mil, les seigneurs de Senlis font ériger sur le site une forteresse qui est finalement détruite pendant la Grande Jacquerie (1358). Les terres sont léguées en 1484 à l'illustre famille de Montmorency dont le plus célèbre représentant est le connétable Anne de Montmorency.

    Compagnon d'armes de François Ier et de Bayard à Marignan, il meurt un demi-siècle plus tard au combat à... 74 ans. On lui doit la construction en 1527 d'un palais de style Renaissance à l'emplacement de l'ancienne forteresse puis, quelques années plus tard, du Petit Château ou Capitainerie. C'est la partie la plus ancienne des constructions actuelles (voir ci-dessus) si l'on met à part les soubassements et les douves du Moyen Âge.

    Henri II, petit-fils du connétable, a un sort moins heureux que celui-ci. Mécontent de n'être pas nommé connétable (il est «seulement» Maréchal de France), il se révolte contre Richelieu aux côtés de Gaston d'Orléans, le propre frère du roi Louis XIII. Cela lui vaut d'être décapité à Toulouse en 1632.

    Suite au mariage de sa soeur Charlotte, dernière héritière des Montmorency, et de Henri II de Bourbon-Condé, le domaine de Chantilly rentre en 1643 dans le patrimoine des Condé.

    Grandeur et tragédie

    Louis II, fils de Charlotte de Montmorency et Henri II de Bourbon-Condé, s'illustre à 23 ans en remportant la victoire de Rocroi. Devenu le «Grand Condé» et appelé avec déférence «Monsieur le Prince», il engage à son service les plus grands talents de son temps, en particulier Boileau et Racine.

    Le château conserve aussi le souvenir tragique du maître d'hôtel Vatel, qui se suicida par surmenage à l'issue d'une grande réception. Lors de ses précédentes fonctions à Vaux-le-Vicomte, chez le surintendant Fouquet, Vatel avait inventé une crème fouettée. Elle a pris le nom de «crème Chantilly» après son entrée au service du Grand Condé.

    Le dernier rejeton des Condé est fusillé sur ordre du Premier Consul Napoléon Bonaparte le 21 mars 1804. Son père sera quant à lui retrouvé pendu à l'espagnolette d'une fenêtre du château de Saint-Leu le 27 août 1830. La fortune des Condé reviendra dès lors au duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe 1er.

    Illustration de l'art de vivre français

    Le jardinier André Le Nôtre dessine pour le compte du Grand Condé les jardins et le Grand Canal de Chantilly.

    Au XVIIIe siècle, le duc de Bourbon, descendant du Grand Condé, embellit le château (voir la chambre ci-dessus avec ses boiseries de 1720) et construit les Grandes Écuries, superbes dépendances de style classique, en bordure de l'hippodrome actuel.

    Les Grands Appartements présentent par ailleurs une «Grande Singerie» (1737), pièce aux boiseries décorées de singes savants dans le goût chinois (il reste dans le monde dix décors de ce type en tout et pour tout).

    Le duc d' Aumale, héritier de la fortune des Condé, doit fuir la France lorsque son père Louis-Philippe 1er est chassé du trône en 1848. Il revient à Chantilly en 1871 après avoir accru sa fortune en Angleterre et se consacre dès lors à l'embellissement du domaine. Amateur avisé, il enrichit considérablement les collections de peintures avant de léguer le tout à l'Institut de France, à la seule condition que l'on ne déplace pas les oeuvres.

    L'Institut est le siège de cinq académies, dont la plus célèbre est l' Académie française. Il a ouvert au public les galeries de Chantilly le 17 avril 1898, moins d'un an après la mort du duc d'Aumale.

    Voir aussi Le musée Condé, chefs-d'oeuvre de l'Histoire de France et Les Très Riches Heures du duc de Berry

    André Larané
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