• Histoire Moderne 2: Droite et gauche : deux siècles d'affrontement

     

    Droite et gauche : deux siècles d'affrontement

     

    Après le hold-up sur les référendums français et néerlandais de 2005, après le renoncement des Grecs face au Diktat de Berlin en 2015, on pouvait croire que c'en était fini de la démocratie sur sa terre natale.

    Mais une nouvelle fois, les Anglais l'ont ranimée en votant le Brexit contre l'avis des « gens éduqués » (*). L'onde de choc a traversé l'Atlantique avec, aux États-Unis, l'éviction de la favorite Hillary Clinton aux présidentielles du 8 novembre 2016. Elle a enfin traversé la Manche avec, en France, la victoire d'une droite assumée en la personne de François Fillon.

    Quelles que soient nos opinions politiques, réjouissons-nous de ce retour en force du suffrage universel, décidément plus fort que les médias, les sondages et les puissances d'argent. Il ne reste plus à la gauche qu'à se redéfinir afin de revenir à des débats politiques clairs et tranchés comme les aiment les citoyens...

    L'affrontement entre la « droite » et la « gauche » est l'essence de la démocratie moderne. En France, chaque fois qu'il s'est exprimé avec clarté à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés, il a conduit à des réformes efficaces et durables, que ce soit sous la Révolution (1789-1799), exception faite de la brève période de la Terreur (1793-1794), au début de la IIIe République ou sous la IVe République, avant l'affaire algérienne.

    Il apparaît en France, très précisément le 11 septembre 1789. Ce jour-là, les députés de l'Assemblée constituante, réunis pour délibérer sur le droit de veto accordé au roi Louis XVI, se répartissent spontanément de part et d'autre du président : à droite, aux places d'honneur, les « monarchiens » désireux d'accorder au roi un droit de veto absolu ; à gauche, les opposants qui veulent limiter dans la durée son droit de s'opposer aux lois. 

    De cette répartition des députés par affinités datent les clivages entre une droite (réputée réactionnaire ou conservatrice) et une gauche (réputée révolutionnaire ou réformiste) qui rythment aujourd'hui encore la vie politique dans toutes les démocraties.

    Dès les débuts de la Révolution, donc, on voit se dessiner le fil conducteur de cet affrontement entre des hommes désireux les uns comme les autres d'assurer le bien-être de leurs concitoyens et la prospérité du pays : d'un côté ceux qui souhaitent améliorer les institutions existantes en s'appuyant sur la tradition, la religion et les lois coutumières ; de l'autre ceux qui appellent à faire table rase du passé et construire un monde nouveau. Ces derniers, qui représentent la gauche, ont pour guide spirituel sous la Révolution Jean-Jacques Rousseau, mort peu avant, en 1778. Robespierre en est un fervent disciple.

    Après l'échec de sa fuite à Varennes (21 juin 1791), le roi forme un gouvernement de droite avec des ministres issus du club des Feuillants, partisans d'une monarchie constitutionnelle (comme Lafayette, Barnave, Le Chapelier, La Rochefoucauld-Liancourt...). Mais le 23 mars 1792, il remplace ces modérés par des députés de gauche issus du groupe des Girondins, parce que ces derniers souhaitent comme lui, mais pour des raisons opposées, engager la guerre contre les puissances européennes.

    Au sein de la gauche, les Girondins s'opposent à la Montagne et à leur chef Robespierre, qui refuse la guerre et se montre même hostile à la peine de mort. Mais quand le pays sera envahi et la Révolution menacée, Robespierre n'hésitera pas à promulguer la Terreur et la levée en masse.

     

    Une lente gestation

    Les clivages politiques réapparaissent timidement à la chute de Napoléon 1er, tempérés par un suffrage censitaire qui réserve le droit de vote aux contribuables aisés, une centaine de milliers en tout et pour tout. À la Chambre des députés s'opposent trois tendances, toutes droitières : les ultraroyalistes ou « ultras », les « constitutionnels », proches du roi Louis XVIII, et les « indépendants », plutôt libéraux.

    Sous le règne du « roi-bourgeois » Louis-Philippe 1er, on voit apparaître aussi des courants bonapartistes et républicains. Tous ces courants vont s'épanouir avec la révolution de février 1848 qui chasse le roi et instaure la IIe République. Mais l'introduction du suffrage universel change la donne : réfractaires aux idées républicaines et sensibles aux discours de leurs notables, les paysans envoient une écrasante majorité de monarchistes à l'assemblée.

    Aux élections législatives du 13 mai 1849, on retrouve pour de bon une opposition droite-gauche :
    - d'un côté le « Parti de l'Ordre » (450 sièges sur 715), qui réunit tous les conservateurs (royalistes légitimistes et royalistes orléanistes, bonapartistes...) autour d'un slogan : Ordre, Propriété, Religion,
    - de l'autre, la gauche républicaine qui a emprunté aux révolutionnaires d'antan le nom de « Montagne », de quoi effrayer les modérés !

    Les excès et les maladresses des uns et des autres conduisent au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte.

    En ce milieu du XIXe siècle émerge la question sociale, de pair avec la révolution industrielle et la multiplication de grandes usines. L'historien et député Alexis de Tocqueville l'a entrevue et s'en émeut dans un discours à la Chambre le 27 janvier 1848 : « Regardez ce qui se passe au sein de ces classes ouvrières, qui, aujourd'hui, je le reconnais, sont tranquilles ; (...) mais ne voyez-vous pas que leurs passions, de politiques, sont devenues sociales ? »

    La même année, Karl Marx publie un vibrant pamphlet révolutionnaire : le Manifeste du Parti communiste. Le philosophe allemand va devenir dès la IIe République une nouvelle référence idéologique de la gauche et des députés se réclamant du socialisme.

    Momentanément éteint avec l'instauration du Second Empire, le débat politique renaît de ses cendres à la faveur de la libéralisation du régime avant de s'épanouir sous la IIIe République. Les monarchistes de tous bords quittent peu à peu la scène. La Chambre, toute entière républicaine, se divise désormais entre conservateurs, socialistes et radicaux, avec d'infinies nuances.

     

    Des valeurs très flexibles

    En France comme dans les autres démocraties européennes, le clivage droite-gauche prend tout son sens dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Mais comme on l'a vu dès la Révolution, ce clivage se double de divergences profondes à l'intérieur de chaque camp. D'autre part, d'une génération à la suivante, au gré des circonstances, droite et gauche évoluent d'une position à son contraire. Bien malin qui pourrait donner une définition intangible des « valeurs » de l'une et de l'autre.

    La droite, on l'a vu, est née de la fidélité à la tradition et au souverain. À l'image du roi, elle affiche une bienveillance paternelle ou paternaliste à l'égard des classes populaires. Sous le règne de Louis-Philippe, le Président du Conseil Casimir Perier déclare à la Chambre des députés : « Il faut que les ouvriers sachent qu'il n'y a de remède pour eux que la patience et la résignation ».

    Attachés, cela va de soi, aux valeurs chrétiennes, les conservateurs se montrent pionniers en matière d'éducation. C'est au protestant François Guizot que l'on doit en 1833, toujours sous le règne de Louis-Philippe, la création d'un enseignement primaire public. Le même personnage participe à la première campagne en faveur de l'abolition de la peine de mort, avec le jeune Victor Hugo qui est à l'époque un fervent monarchiste. Le débat ne sera relancé que beaucoup plus tard, dans les années 1970, pour aboutir en 1981

    Notons que la monarchie s'honore d'avoir toujours répugné à faire tirer sur le peuple. Louis XVI a désarmé ses gardes suisses lors de l'assaut des Tuileries le 10 août 1792, quitte à ce qu'ils soient massacrés par la populace. Louis-Philippe a dû plusieurs fois réprimer des soulèvements mais il a préféré abdiquer plutôt que de faire tirer sur les manifestants les 22-24 février 1848. Les gouvernants républicains, forts de leur légitimité électorale et de leurs certitudes, n'ont pas eu les mêmes scrupules dans le massacre des ouvriers rebelles en juin 1848 et le massacre des communards en mai 1871. À chaque fois des milliers de morts.

    La droite est par nature décentralisatrice et fait confiance aux collectivités locales pour gérer les conflits d'intérêts. C'est l'héritage de l'Ancien Régime : le roi, y compris même Louis XIV, devait composer avec des corps intermédiaires et des contre-pouvoirs légitimés par leur ancienneté (Parlements, Église...) ; il avait somme toute moins de pouvoirs que le président François Hollande, lequel peut tout se permettre du fait d'une majorité parlementaire tétanisée par la crainte d'une dissolution. 

    Conservatrice, la droite attire à elle les possédants qui ne tiennent pas à perdre leur bien dans une quelconque aventure, qu'il s'agisse des paysans propriétaires ou des milieux d'affaires. Ces milieux d'affaires sont pour la même raison naturellement pacifistes. En 1871, leur porte-parole Adolphe Thiers s'accommode du traité de Francfort qui clôt la guerre franco-prussienne. En 1911-1914, Joseph Caillaux tente en vain d'arrêter la marche à la guerre et s'oppose au revanchard Raymond Poincaré.

    La droite, c'est aussi l'aristocratie, attachée aux valeurs militaires et à la nation dont le souverain était autrefois le représentant. Légitimiste, elle n'est pas portée comme les révolutionnaires de 1792 à des guerres de conquêtes qui violeraient les droits des autres souverains. Mais elle place au-dessus de tout l'indépendance nationale. 

    Cet héritage se ressent en 1940, quand le pays est envahi et soumis à l'occupation étrangère : des rejetons de l'ancienne aristocratie, militaires, croyants et modérément républicains, sont parmi les premiers - sinon les premiers - à s'engager dans la  Résistance. Citons Charles de Gaulle bien sûr, Philippe Leclerc de Hauteclocque, Honoré d'Estienne d'Orves. L'indépendance nationale sera aussi le fil conducteur de la politique de De Gaulle à son retour au pouvoir en 1958 : allègement du fardeau colonial, émancipation de la tutelle américaine, dissuasion nucléaire... Philippe Séguin revendiquera son héritage en dénonçant les abandons de souveraineté nés du traité de Maastricht et de la monnaie unique.

    Par pacifisme et désir de ne pas ajouter la guerre à la guerre, le malheur au malheur, des socialistes, anciens socialistes ou communistes ont par contre rejoint dans la Collaboration le maréchal Pétain, un militaire républicain et laïc issu de la paysannerie. Citons Pierre Laval bien sûr, le philosophe Alain, l'écrivain Paul Claudel, Marcel Déat, agrégé de philosophie et ancien député socialiste, les communistes René Belin, Ludovic-Oscar Frossard, René Doriot... Il s'en trouve aussi comme Jean Moulin qui ont rejoint la Résistance, en nombre croissant à mesure de l'avancement de la guerre. 

    La gauche, dès la Révolution, a été pénétrée de la foi en un progrès indéfini de l'humanité. Elle tire de Rousseau la conviction que l'on réparera les injustices passées en conférant au Peuple les attributs du Souverain, autrement dit en instaurant une démocratie pleine et entière.

    Elle est aussi universaliste et convaincue d'une égalité absolue entre tous les hommes dans le droit fil de l'enseignement chrétien (« Il n'y a ni hommes ni femmes, ni Juifs ni Grecs, ni hommes libres ni esclaves », saint Paul, épître aux Galates). Cette double approche universaliste et patriote transparaît dans la Déclaration des Droits de l'Homme [l'humanité] et du Citoyen [le Peuple]. En foi de quoi les révolutionnaires accordent volontiers la citoyenneté aux éminents citoyens qui partagent leurs valeurs, Anacharsis Cloots ou Thomas Paine.

    Elle dénie aussi aux souverains toute forme de légitimité et s'autorise à libérer les autres peuples de leur oppression. Le 19 novembre 1792, l'assemblée révolutionnaire vote un décret qui énonce : « La Convention nationale déclare au nom de la nation française qu'elle accordera fraternité et secours à tous les peuples qui voudront reconquérir leur liberté ».

    Sous la IIIe République, toujours au nom de l'universalisme et du progrès, la gauche républicaine s'engage activement dans la colonisation de l'Afrique en vue de « civiliser les races inférieures », selon le mot célèbre de Jules Ferry (1885). Il n'est pas question pour autant de fondre la nation (*) dans une communauté universelle : on crée un statut de l'indigénat subordonné aux citoyens français. C'est un changement radical par rapport à la période romantique, quand les peintres et les poètes s'énamouraient de l'Orient sans nuance de mépris ni envie de « civiliser » leurs habitants. 

    À l'exception notable de Georges Clemenceau, la gauche va rester fidèle à sa politique coloniale jusqu'à la fin des années 1950 et la chute du gouvernement Guy Mollet, qui a engagé l'expédition de Suez et donné les pleins pouvoirs au général Massu pour pacifier Alger.

    Représentée par des bourgeois pétris de culture classique, la gauche révolutionnaire rêve d'une société de petits propriétaires, paysans et artisans, et va la réaliser grâce à la vente des biens nationaux enlevés au clergé. Elle ne se soucie pas des ouvriers, lesquels sont encore ultra-minoritaires, et va réprimer sans état d'âme la « Conjuration des Égaux » de Gracchus Babeuf, des communistes avant la lettre.

    Tout change, on l'a vu, au milieu du XIXe siècle, avec la multiplication des sites industriels et l'émergence d'une classe ouvrière opprimée et revendicative. Elle trouve une oreille attentive chez des bourgeois éclairés comme les Allemands Karl Marx et Ferdinand Lassalle. En France, c'est paradoxalement sous le Second Empire qu'elle est écoutée : Napoléon III lui accorde le droit de grève tandis que les écrivains et les peintres se penchent avec compassion sur son sort : Les Misérables (1862). 

    Avec l'écrasement de la Commune, la IIIe République évacue le problème. Le jeune et fougueux Léon Gambetta déclare au Havre, en 1872 : « Il n'y a pas de question sociale. La réforme politique contient en germe les réformes sociales ». Il précise sa pensée un peu plus tard à Grenoble en appelant la petite bourgeoisie et les paysans propriétaires à soutenir la République, sans souci des prolétaires.

    Il faudra attendre le règlement du conflit entre la République et l'Église pour que la gauche se saisisse des enjeux sociaux. En 1910, Léon Bourgeois instaure les Retraites Ouvrières et Paysannes, première grande réforme sociale. En 1936, le Front populaire tentera à marches forcées de rattraper le retard en matière de législation sociale. Après la Libération, la montée en puissance du Parti communiste et des organisations ouvrières, de pair avec l'expansion industrielle du pays, vont placer la classe ouvrière au cœur de la gauche.

    La population ouvrière, à l'égal de l'ensemble des classes populaires, se montre en général bienveillant à l'égard des travailleurs immigrés que le patronat a fait venir des pays limitrophes et de Pologne à partir du milieu du XIXe siècle. Les dirigeants de la gauche ne tardent pas toutefois à s'en inquiéter. Jules Guesde, député marxiste et révolutionnaire, écrit le 10 février 1886 : « Ils sont 800 000 ouvriers étrangers qui, travaillant à tout prix, font outrageusement baisser les salaires, quand ils ne les suppriment pas complètement pour nos ouvriers expulsés des usines ».

    Cette dénonciation du dumping social se retrouve dans la bouche des dirigeants communistes jusque dans les années 1970. Elle s'exprime aussi de façon plus civile chez Michel Rocard, Premier ministre de François Mitterrand. Il déclare le 18 novembre 1989, devant la Cimade, association d'aide aux migrants : « N'y a-t-il pas aujourd'hui un certain détournement du droit d'asile qui, s'il n'y est pas porté remède, finira par menacer l'existence de ce droit lui-même ? (...) Il s'agit d'accueillir les personnes persécutées pour leur opinion et leurs engagements, notamment politiques, et elles seulement ». Le 3 décembre 1989, il précise sur TF1 : « Nous ne pouvons pas héberger en France toute la misère du monde... La France doit rester une terre d'asile mais pas plus ».

     

    Et maintenant ?

    Les points de vue ci-dessus ne manqueront pas de surprendre le lecteur de 2016 parce qu'ils reflètent une droite et une gauche éloignées de celles que nous connaissons. Depuis les années 1970, en effet, les clivages se sont brouillés. On a assisté à un superbe tête-à-queue tel qu'aujourd'hui la gauche et la droite adorent ce qu'elles ont autrefois abhorré et vice-versa.

    On peut en voir l'origine dans les transformations des années 1970 arrivée du microprocesseur avec ses incidences sur la robotisation, l'informatique et à plus long terme internet ; chute de la fécondité dans les pays industrialisés ; crise environnementale et remise en question de la croissance à tout va ; chocs pétroliers, fin des « Trente Glorieuses » et explosion du chômage ; crise du communisme européen.

     

    Affiche de la campagne présidentielle de 1965

    Ces facteurs font que chancellent la base électorale de la gauche : les ouvriers pointent au chômage et la bourgeoisie libérale ne croit plus au progrès indéfini des techniques et de l'industrie. Le Parti communiste se racornit après son succès d'estime aux présidentielles de 1969 cependant que le Parti socialiste est refondé par François Mitterrand  au congrès d'Épinay-sur-Seine de 1971 après le fiasco de son candidat Gaston Deferre aux mêmes présidentielles.

    À droite, Valéry Giscard d'Estaing emporte la présidence de la République à la hussarde en 1974. Le jeune président (48 ans) et son Premier ministre Jacques Chirac (42 ans) pressentent le changement d'ère politique.

    Ils s'engagent résolument dans des réformes sociétales hardies (avortement, divorce, droit de vote...) avec l'espoir qu'elles rallieront les nouveaux citoyens à leur camp. Peine perdue. La droite traditionnelle se rebelle. Jacques Chirac est renvoyé. Retour aux fondamentaux de la droite.

     

    Affiche de la campagne présidentielle de 1981

    C'est finalement François Mitterrand et la gauche qui emportent la mise en 1981. Mais c'est au prix d'un changement total de paradigme que laisse pressentir la simple comparaison des deux affiches de campagne du candidat Mitterrand en 1965 (ci-dessus) et en 1981 (ci-contre) : sur la première, un paysage industriel polluant à souhait ; sur la seconde, un paysage bucolique.

    Dans un premier temps, le président socialiste enchaîne les réformes à la volée dans un esprit très progressiste. Puis, en 1983, sous l'effet de la contrainte extérieure (déficits), il s'engage dans une politique néolibérale plus conforme à l'esprit du temps, symbolisé par Margaret Thatcher.

    Sous l'empire de la nécessité, le Parti socialiste recompose sa base électorale en s'adjoignant la bourgeoisie libérale, représentée par des patrons ouverts sur la mondialisation et de jeunes énarques ambitieux, les diplômés menacés par le chômage, les fonctionnaires, enfin les « minorités visibles » ostracisées par le Front national. C'est un cocktail qui a fonctionné pendant trois décennies.

    Aujourd'hui, il n'en reste plus rien. Les classes populaires se sont détournées d'une gauche devenue, tout autant que la droite libérale, le cheval de Troie de la mondialisation financière Et les « minorités visibles » attachées à des valeurs traditionnelles tiennent rigueur à la gauche de ses réformes de moeurs à destination de la bourgeoisie : mariage pour tous, droit au blasphème etc. Comme les classes populaires, elles s'inquiètent qui plus est d'une amplification brutale de l'immigration qui menace leurs efforts d'intégration.  

    Au moment où la droite traditionnelle se réaffirme sans complexe sous l'égide de son nouveau champion, gageons qu'à gauche, les électeurs auront soin de faire émerger un leader tout aussi décomplexé. Plutôt un protectionniste anti-libéral façon Arnaud Montebourg ou Jean-Luc Mélenchon qu'un social-libéral façon Manuel Valls ou Emmanuel Macron.

    Joseph Savès

     

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