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    Le Cambodge des Khmers Rouges
     
     
     
     

    Quand à Noël 1978, les Vietnamiens envahissent le Cambodge, ils découvrent un spectacle hallucinant. Aucun mot ne pourra jamais relater le cauchemar que les Khmers Rouges ont fait subir aux Cambodgiens.


    C’est un peuple entier qui a été condamné à mort par ses dirigeants entre 1975 et 1979.

     

     

    Les Khmers Rouges

     

    En 1954, à la fin de la guerre d’Indochine, alors que la plupart des militants communistes se réfugiaient au Viêt Nam du Nord, un certain nombre d’entre eux décident de résister au régime du Prince Sihanouk.

     

    La plupart des chefs de ces partisans ont fait leurs études à Paris. Par exemple, l’un des principaux dirigeants de la résistance, Khieu Samphan, a soutenu en France sa thèse dans laquelle il prônait un développement autarcique du Cambodge, fondé sur l’agriculture. Il écrivait que les citadins n’étaient que des parasites qu’il fallait affecter aux champs et aux usines.


    L’histoire ne dit pas si il a obtenu son diplôme grâce à cette brillante théorie.

     

    Les opposants au régime officiel constituent, à partir de 1963, des maquis autour d’un chef, Saloth Sar, dit « Pol Pot ».


    Six ans plus tard, des paysans chassés par les bombardements américains sur les régions tenues par les opposants viennent grossir leurs rangs.

    Victimes du génocide des Khmers Rouges

    Victimes du génocide des Khmers Rouges. (Musée du génocide des Khmers rouges). By tkelly7029 . Licence

     

    A partir de 1970, le prince Sihanouk est renversé par un coup d’état proaméricain du maréchal Lon Nol.
    Ce dernier réclamera en 1975 lors du siège de la capitale par les Khmers une aide financière aux américains pour tenir tête aux opposants. Cette aide de 222 millions de dollars sera refusée par le Congrès américain.


    Exilé en Chine, le prince Sihanouk apporte sa caution à ses anciens ennemis, les Khmers.

    Malgré tout, les Khmers rouges éliminent dans les régions qu’ils contrôlent les partisans du prince puis les exilés revenus du Viêt Nam, pourtant également communistes.

     

    L’Angkar

    Le noyau militaire du mouvement, l’Angkar qui signifie « L’Organisation », exige une discipline aveugle. Sa réputation de cruauté se répand très rapidement. 
    Les Khmers rouges prennent le pouvoir au Cambodge en avril 1975, dans un pays dévasté par la guerre civile.
    Ce pays a reçu en trois ans trois fois plus de bombes américaines que le Japon pendant la Seconde guerre mondiale.

    Pol Pot dirige le gouvernement. Dès lors les frontières se ferment et une expérience démentielle commence.

    Salle de torture. Genocide des Khmers Rouges

    Salle de torture à Tuol Sleng. By tkelly7029 . Licence

     

    Immédiatement, toutes les villes doivent être évacuées. Un missionnaire français rapporte ces propos d’un commissaire politique :

    « Il faut que les gens apprennent qu’ils naissent du grain de riz. En suant pour défricher, pour semer, planter, récolter, l’homme connaît la vraie valeur des choses. La ville est mauvaise, non pas les gens : car les gens sont réformables, mais pas la ville ; c’est en ville qu’on trouve l’argent et la corruption ».

    Sur cette base incroyable, tous les signes d’une société dite décadente sont abandonnés : vêtements de couleur, machines à écrire, électrophones, radios, automobiles, télévisions, écoles, postes, eau courante et jusqu’aux hôpitaux et aux marchés.

     

    Retour à la préhistoire

     

    Le pays est ramené à l’époque du Néolithique. Toute la population est employée à la riziculture et à des travaux d’irrigation épuisants.

    Dès l’âge de huit ans, les enfants travaillent 10 heures par jour pour un bol de soupe et deux bols de riz par jour.

    Les organismes épuisés et sous-alimentés ne résistent pas à la maladie. La malaria fait rage et aucun médicament ne doit être demandé à l’étranger.

    La vie privée n’existe plus et les familles sont séparées.

     

    Témoignage d’un rescapé des camps :

    Depuis le jour où il a quitté Phnom Penh jusqu'à son passage en Thaïlande, l'histoire de Pin Yatay et des siens est une suite de déplacements, de labeur forcé, de privations et de drames. Ils vont d'un " karatan " (chantier de travail) à l'autre, dans un pays qui en est couvert, selon Radio-Phnom-Penh. Homme de bureau, Pin Yatay s'initie aux travaux de la terre dans le village de Koh-Tom, au sud de la capitale. C'est un village du " peuple ancien " qu'il convient donc de " purifier " de ses " souillures impérialistes ", " capitalistes ", " coloniales " et " féodales ". " C'est un peuple inférieur, nous étions tout juste des bêtes de somme ".
    « Chaque famille se construit une paillote de fortune que les pluies de la mousson transpercent de juin à octobre. Le taux de mortalité est élevé. Entre cinq et dix personnes par jour. »

     

    Une extermination organisée

     

    En dehors des dirigeants, ceux qui ont été en contact avec l’Occident sont éliminés. Porter des lunettes c’est-à-dire avoir l’air d’un intellectuel est synonyme de condamnation à mort immédiate.

    Pour survivre, les enfants doivent dire qu’ils étaient trop pauvres pour aller à l’école. L’Angkar a le droit de vie et de mort sur chacun.

    Par souci d’économie, les exécutions se font à coup de manche de pioche ou par étouffement dans un sac en plastique. Le régime créé une milice constitué de jeunes paysans, des enfants qui n’ont rien connu d’autre que la guerre et la torture.
    Endoctrinés, ces enfants doivent être, selon le régime, les seuls survivants.

    Victimes du génocide des Khmers Rouges

    Victimes du génocide des Khmers Rouges. By Adam Carr . Licence

     

    Selon Pol Pot, « il suffit de 1 à 2 millions de jeunes Khmers rouges pour faire le Cambodge de demain ».
    Exécutions sommaires et goût des spectacles sanguinaires, la torture est devenu un véritable sport national.

    Le Cambodge ne fait que le tiers de la France. Avant l’arrivée des Khmers, la population était d’environ 9 millions d’habitants, à 90% Khmers.
    Entre 1975 et 1978, plus de 300 000 personnes ont été exécutées de manière individuelle ou collective et 2 à 3 millions de personnes sont mortes de maladie, de privation ou des sévices.

     

    Le Cambodge libéré

    Les Vietnamiens prennent Phnom Penh, la capitale, le 7 janvier 1979. Pol Pot s’enfuit à l’étranger devant l’avancée des troupes en avril. Il sera condamné à mort par contumace pour génocide en août 1979.
    La sentence ne sera jamais exécutée. Il meurt de sa belle mort au Cambodge en mai 1998 après s’être retranché dans un des derniers maquis Khmers rouges.

    Le cauchemar n’est pas fini. La famine règne dans le pays. La Croix-rouge met en place un vaste programme d’aide pour sauver plus de 2 millions de personnes dans une situation critique.
    Le Viêt Nam n’a retiré ses troupes du Cambodge qu’en 1990. L’aide tardive des Etats-Unis permet un léger espoir.
    Cependant, il faudra plusieurs générations pour que les horreurs de ces 4 ans s’estompent dans la mémoire de la population.
    Le Cambodge reste l’un des pays le plus pauvre au monde. Mines et bombes, souvenirs de tant de combats, continuent à mutiler et à tuer.

    V.Battaglia (04.2005)

    Références

    The Pol Pot Regime: Race, Power, and Genocide in Cambodia under the Khmer Rouge, 1975-79. Professor Ben Kiernan and Ben Kiernan. 2002
    When The War Was Over: Cambodia And The Khmer Rouge Revolution. Elizabeth Becker. 1998

     

    Histoire Moderne:   Le Cambodge des Khmers Rouges

     

     

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    Liban
     

    Petit pays de 10 400 km² sur la côte méditerranéenne, le Liban fut longtemps surnommé « la petite Suisse du Proche-Orient » du fait de la prospérité de son économie. Mais les divergences politiques entre les multiples communautés chrétiennes et musulmanes ont conduit à une guerre civile de 15 ans qui a ruiné le Liban.


    En 1990, après le retour de la paix et le départ de l’armée syrienne, le Liban avait retrouvé une fragile prospérité.
    La guerre qui oppose actuellement Israël au Hezbollah, une organisation islamique radicale, détruit le peu d’espoir qu’il restait de voir les différentes communautés de cohabiter.

     

    Le Liban : une mosaïque de communautés

     

    Le Liban ou République libanaise est un État d’Asie occidentale, faisant partie du Moyen-Orient.
    Ce pays est ouvert sur la Méditerranée à l’ouest ; entouré au nord et à l’est par la Syrie ; il partage au sud une frontière avec Israël.

     

    Le Liban est une mosaïque de vingt communautés ethniques et religieuses dont le passé douloureux a favorisé les replis identitaires. Longtemps majoritaires, les chrétiens ont vu leur proportion diminuer au sein de la population totale et sont aujourd’hui moins nombreux que les musulmans. Ils restent dominés par les maronites (au nombre de 700 000) auxquels s’ajoutent les Grecs orthodoxes, les Arméniens, les chaldéens, les protestants, les jacobites, les nestoriens, etc.

     

    Plaine de la Béqaa . Site de l'auteur

     

    Quant aux musulmans, les plus nombreux sont les sunnites, suivis par les chiites (dont la proportion s’accroît), les Druzes, sans oublier les Alawites et les ismaéliens.

     

    Ces communautés coexistent sur la base du système du Millet, hérité de l’Empire ottoman, qui repose sur le communautarisme et l’autonomie du statut personnel.

     

    Berger et son troupeau dans la plaine de la Beqaa, au Liban

     

    Le système politique est basé sur une République parlementaire. Le Liban est divisé en six gouvernorats (mohafazat). Mais, l’autorité du gouvernement libanais ne s’étend pas sur l’ensemble du territoire.
    Le Hezbollah contrôle une importante zone méridionale, occupée encore récemment par Israël.

     

     

    L’histoire du Liban

     

    Héritier de la Phénicie, point de convergence des civilisations de la Mésopotamie, de l’Égypte et de la Grèce, le Liban devient romain et byzantin avant d’être conquis par l’islam au milieu du VIIe siècle.

     

    Éternel refuge des minorités, il est constitué d’une mosaïque de communautés religieuses, chrétiennes et musulmanes, et devient, durant les croisades, le siège d’un royaume chrétien.

     

    Golan

     

    L’autorité de l’islam y est rétablie, à la fin du XIIIe s, par les Mamelouks d’Égypte. Le Liban connaît ensuite, à partir du début du XVIe s, une longue période de domination ottomane.

     

    La conquête du pays par Méhémet-Ali (1831), qui agit en véritable despote, provoque un sursaut national qui marque la véritable naissance de la nation libanaise.

     

    À la suite d’un massacre des maronites (une des principales communautés chrétiennes du pays), un corps expéditionnaire français débarque en 1860 et fait prévaloir des accords internationaux, qui, en 1861, garantissent l’autonomie du « Mont-Liban » à l’intérieur de l’Empire ottoman.

     

    Vallée de la Qadisha

     

    Après la Première Guerre mondiale, la France reçoit en 1920 un mandat sur la Syrie et le « Grand-Liban ».

     

    Reconnue en 1936, l’indépendance libanaise sous mandat français est proclamée en 1941 et devient effective en 1945, après la Seconde Guerre mondiale. Après l’évacuation du pays par les troupes françaises et britanniques, un système présidentiel et parlementaire « confessionnaliste » se met en place, instaurant le partage des pouvoirs entre les diverses communautés :

    • La présidence de la République est attribuée à un maronite
    • Celle du gouvernement à un musulman sunnite
    • La présidence de l’Assemblée à un chiite

     

    Dans le même temps, le Liban noue des relations privilégiées avec la France mais doit faire face à une rupture de son alliance avec la Syrie et, après le premier conflit israélo-arabe, à l’arrivée massive de réfugiés palestiniens.

     

    La forêt de cèdres de Tannourine au Nord Liban. Site de l'auteur

     

    Ce petit pays montagneux et pauvre va donc devenir le lieu privilégié des affrontements incessants du Moyen-Orient, qui vont aggraver ses problèmes internes. Des troubles interconfessionnels éclatent en mai 1958 et provoquent un débarquement américain en juillet.

     

    Sous les présidences de Camille Chamoun (1952-1958), du général Fouad Chehab (1958-1964) et de Charles Hélou (1964-1970), qui tentent successivement de renforcer l’autorité de l’État, la réorganisation administrative et le développement économique qui sont entrepris entraînent une croissance de 7 % par an.


    Le Liban bénéficie du boom pétrolier au point d’être qualifié de « Suisse du Moyen-Orient ».

     

    Beyrouth avant la guerre

     

    Mais, après la guerre israélo-arabe de 1967, un nouvel afflux de 140 000 réfugiés palestiniens bouscule le fragile équilibre démographique entre chrétiens et musulmans, qui fondait la séparation des pouvoirs.

     

    Environ 500 000 Palestiniens, à 80 % sunnites, sont désormais installés au Liban et y créent des groupes de combat.

     

    Le 28 décembre 1968, un raid israélien détruit l’aviation civile libanaise sur l’aéroport de Beyrouth et la présence palestinienne devient l’enjeu majeur de la politique intérieure, provoquant des émeutes et une crise ministérielle.

     

    Entre 1970 et 1975, les crises politiques et sociales se multiplient. Des chefs palestiniens sont exécutés par Israël à Beyrouth (avril 1973), les miliciens palestiniens et l’armée libanaise s’affrontent, et le Liban rejoint le camp arabe dans la quatrième guerre israélo-arabe (octobre 1973).

     

     

    La guerre du Liban (1975-1990)

     

    En fait, il ne s’agit pas d’un seul conflit, mais de plusieurs, qui s’interpénètrent, et dans lesquels les causes externes interfèrent sur les différends internes pour les aggraver et créer une situation si inextricable qu’elle va même donner naissance au vocable de « libanisation ».

     

     

    La première phase (1975-1976)

     

    La première phase de cette guerre débute, en avril 1975, par un affrontement entre les Palestiniens et les Phalanges.
    La fracture se fait entre les conservateurs chrétiens, dirigés par les phalangistes, et ce que l’on appelle alors la gauche libanaise, constituée des Palestiniens, des Druzes, des baassistes, des communistes et des musulmans, tant sunnites que chiites.


    Les combats sont très meurtriers : le 6 décembre 1975, les phalangistes abattent 150 à 200 musulmans et rasent des camps palestiniens. La ville de Beyrouth est coupée en deux, chrétiens à l’est, musulmans à l’ouest.

     

    Les phalangistes font appel à la Syrie, qui envoie des troupes en mai 1976. Celles-ci entrent dans Beyrouth en novembre.

     

    Liban en 1976 ( © Paris Match)

     

     

    La deuxième phase (1977-1981)

     

    La deuxième phase s’ouvre avec l’assassinat du leader druze Kamal Joumblatt (mars 1977). Les alliances ont changé. La Syrie se réconcilie avec les Palestiniens et la gauche libanaise, tandis que les chrétiens glissent progressivement vers Israël, qui les aide à attaquer les Palestiniens dans le Sud.

     

    En février-mars 1978, Israël envahit le Liban-Sud pour y créer une « ceinture de sécurité » de 850 km². Sommé de se retirer par la résolution 425 de l’O.N.U, Israël confie, en partant, les territoires composant la « ceinture de sécurité » aux forces du commandant Haddad, passé sous contrôle israélien ; celui-ci proclame l’État du Liban libre chrétien (avril 1979) et constitue l’armée du Liban du Sud (A.L.S.) équipée par Israël.

     

    Les affrontements directs et indirects entre les Syriens et les Israéliens dominent cette phase de la guerre. Le clan maronite des Frangié est massacré (1978-1980), les populations sont déplacées et soumises à des bombardements meurtriers, tandis que les phalangistes éliminent les autres milices chrétiennes.

     

    Le 21 juillet 1981, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. exige un cessez-le-feu, qui sera négocié indirectement entre Palestiniens et Israéliens.

     

     

    La troisième phase (1982-1983)

     

    La troisième phase est marquée par le rôle politique et militaire croissant des Phalanges et par l’opération israélienne « Paix en Galilée », lors de laquelle, en juin 1982, Israël envahit le Liban avec 100 000 hommes, avant de conclure, après de violents combats et le blocus de Beyrouth, soumise aux bombardements, un cessez-le-feu avec la Syrie.

     

    Élu président de la République en août, Bachir Gemayel, chef des milices chrétiennes, est assassiné en septembre.

     

    Beyrouth en 1982

     

    L’armée israélienne pénètre alors à Beyrouth-Ouest et autorise les phalangistes à pénétrer dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila, ou ils massacrent 1 500 réfugiés.

     

    La Syrie s’impose au camp arabe, au sein duquel émerge une nouvelle milice chiite, le Hezbollah, pro-iranien.

     

     

    La quatrième phase (1983-1985)

     

    La quatrième phase de la guerre est marquée par la recrudescence des combats entre milices et factions rivales.

     

    La population chrétienne quitte en masse la montagne, les attentats anti-israéliens se multiplient.

     

    Cette période voit la montée des milices chiites pro-syriennes (Amal) et pro-iraniennes (Hezbollah), qui vont bientôt se combattre ; les prises d’otages d'occidentaux se développent.

     

    L'attentat de Beyrouth de 1983 à fait 250 morts dont 191 Américains et 58 Français © Paris Match

     

    Le pays est en proie à l’anarchie (règlements de compte, exodes, massacres). La gravité de la situation militaire contraint Amine Gemayel à accepter les conditions syriennes.

     

    Sous l’égide de la Syrie, les chefs des grandes communautés politiques et militaires acceptent de constituer un gouvernement d’union nationale (mai 1984).

     

    Mais ce gouvernement consacre en fait la division du pays en fiefs gérés par les milices, qui font main basse sur l’économie libanaise, et qui, par des rackets, des pillages, l’organisation du trafic de drogue et les aides étrangères qu’elles reçoivent, acquièrent une puissance financière énorme.

     

     

    La cinquième phase (1985-1989)

     

    La cinquième phase voit se développer la guerre que se livrent la milice chiite pro-syrienne Amal et les Palestiniens, réimplantés à Beyrouth et dans le Sud, pour le contrôle des camps du sud de la capitale. Ces combats, qui font 20 000 morts de juin 1985 à juin 1988, se terminent par une nouvelle reddition de l’O.L.P.

     

     

    La fin de la guerre (1989-1990)

     

    De mars à décembre 1989, le général Michel Aoun, soutenu par l’Iraq et par de nombreux chrétiens, lance contre la présence armée syrienne une guerre de libération nationale.

     

    L’armée libanaise se scinde en deux et achève de détruire Beyrouth en d’incessants bombardements.

     

    Le 5 novembre 1989, l’accord de Taif préconise un cessez-le-feu, le démantèlement des milices et le retrait des troupes syriennes jusqu’à la Bekaa.

     

    Beyrouth en 2003

     

    L’accord de Taif affirme la restauration de l’autorité de l’État jusqu’aux frontières libanaises ce qui implique la fin de l’occupation israélienne et l’interdiction de toute annexion de tout ou partie de son territoire par l’un des ses voisins.

     

    Conformément à l’accord, une élection présidentielle a lieu le 13 novembre.

     

    Les combats recommencent entre Amal et le Hezbollah, comme entre les milices chrétiennes et l’armée libanaise. Opposé à l’accord de Taif, qui favorise les sunnites, le général Aoun poursuit la lutte contre le nouveau régime.
    Écrasé en octobre 1990 par l’armée libanaise et l’armée syrienne à la faveur de la guerre du Golfe, le général Aoun désavoué, quitte en août 1991 le Liban pour la France.

     

     

    Les conséquences de la guerre

     

    Une deuxième République est proclamée, le 21 septembre 1990, et l’État libanais tente de rétablir son autorité.

     

    Il hérite d’un pays exsangue : entre 150 000 et 200 000 morts, 18 000 disparus, 200 000 blessés, plus de un million de personnes déplacées, 20 à 30 milliards de dollars de destructions et de dégâts.

     

    Honnies par la population, les milices sont progressivement désarmées, à l’exception de celles du Hezbollah et de Amal. Ces dernières se déplacent vers le sud pour tenir tête aux Israéliens et à l’Armée du Liban-Sud.

     

    Affiche de propagande du Hezbollah. Site de l'auteur

     

    Les grands perdants du conflit sont les chrétiens.

     

    Entre 1992 et 1995, les indices attestent de la reprise de la croissance et des investissements, surtout dans la construction, grâce à des aides diverses (américaines, arabes, ou venant de la diaspora libanaise).

     

    Mais, à partir de 1995, la spirale de l’endettement domine. 30 % des Libanais vivent au-dessous du seuil de pauvreté et la situation sociale devient explosive en raison d’un taux de chômage de 20 % dans un pays qui accueille désormais 800 000 travailleurs immigrés dont 500 000 Syriens.

     

    Ces tensions d’ordre économique s’accompagnent d’une exacerbation du communautarisme.

     

    L’une des conséquences les plus graves de la guerre du Liban est le repli de chaque communauté dans son territoire.

     

     

    Le Liban, un pays déstructuré

     

    Dès l’automne 2000, le Liban est à nouveau fragilisé par l’escalade de la violence israélo-palestinienne et l’arrivée d’Ariel Sharon au pouvoir en Israël. Dans ce contexte difficile, la question des réfugiés palestiniens présents sur le territoire libanais redevient particulièrement brûlante.

     

    Beyrouth en juillet 2006 (Source Internet)

     

    Au cours de l’année 2001, Israël riposte par des bombardements aux attaques menées par le Hezbollah.

     

    En juin, la Syrie procède au redéploiement partiel de ses troupes stationnées à Beyrouth et dans sa banlieue, ainsi que dans certains secteurs de la montagne libanaise.

     

    Exode des civils en juillet 2006 (photo © Marianne N°483)

     

    Les différents changements de gouvernement et le retrait des troupes syriennes n’ont pas apporté la paix tant espérée.

     

    Le nouveau conflit qui oppose les Israéliens aux membres du Hezbollah a mis fin à la volonté d’un peuple pluriconfessionnel de vivre ensemble.

     

    V.B (2.08.2006)

     

    Références bibliographiques

    Atlas des religions, ed. Plon Mame. Encyclopédie Larousse, 2005. Le Liban, ed.Atlas 2005

     

    Histoire Moderne:  Liban - Guerre de 1975 à 1990

     

     

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    La Révolution culturelle en Chine

     

     

    En 1966, le leader de la Chine populaire, Mao Zedong (ou Mao Tsö-tong ou Mao Tsé-toung), sentant sa position compromise par des luttes au sommet de l’État, instaure une immense chasse aux sorcières contre les « révisionnistes ».

     

    La révolution culturelle qui ne cessera qu’en octobre 1968 n’est qu’une utopie qui va produire des ravages. Durant cette période, la jeunesse enrôlée dans les « gardes rouges », persécute au nom du culte de Mao tous les cadres du pays, les intellectuels, les artistes et les responsables politiques.

     

    Le nombre de victimes de la Révolution culturelle, qui se monte à environ un million de morts, n’est pourtant pas comparable avec la saignée démographique du « Grand Bond en avant », en 1958-1961, qui avait provoqué des millions de morts.

     

    Cependant, ces trois années déstructurent une jeunesse embrigadée et privée d’enseignement. La Révolution culturelle a également traumatisé l’opinion publique internationale en révélant une Chine d’un radicalisme et d’une violence idéologique inouïe.

     

     

     
     
     

    Le début de la Révolution culturelle

     

    Pour réduire ses adversaires au sein du P.C.C., Mao multiplie entre 1962 et 1966 les initiatives qui préparent au grand affrontement avec le parti que sera la Révolution culturelle.

     

    En mai 1964 paraît la première édition des citations du président Mao (Petit Livre rouge) dont Lin Biao se sert aussitôt pour développer dans l’armée le culte de Mao. Le 17 mars 1966, devant le Bureau politique, Mao propose de déclencher contre les intellectuels une révolution culturelle.

     

    les gardes rouges

    Des millions d'adolescents « les gardes rouges » lisent le « Petit Livre rouge » (Photo © Keystone)

     

    En avril est constitué par le Bureau politique le petit groupe de la Révolution culturelle avec Jiang Qing, Chen Boda, Kang Sheng. Leur rôle est de traquer les éléments « bourgeois » dans le parti, l’armée, le gouvernement. Mao se retire alors à Hangzhou tandis que la Chine commence à connaître une agitation de plus en plus vive.

     

    Tout commence le 1er juin 1966. Ce jour-là, les étudiants se mobilisent à la suite de la lecture d’une affiche murale, placardée à l’université de Beida, à Pékin, par une enseignante en philosophie.

     

    L’un des passages du texte engage les jeunes à « briser tous les contrôles et les maléfiques complots des révisionnistes, résolument, radicalement, totalement, complètement. »

     

    Révolution culturelle

    Affiche de propagande en faveur de la Révolution culturelle : la jeunesse contre les « vieux », la culture maoïste contre la culture traditionnelle ( © Edimédia)

     

    Dans les semaines qui suivent, les lieux d’enseignement sont désertés et la jeunesse s’organise en gardes rouges.


    Dès le 26 juillet, le Parti communiste ferme les écoles et les universités pour une durée indéterminée.

     

    50 millions d’adolescents se mettent en marche contre tous les pouvoirs afin de concrétiser le slogan de Mao Zedong : »on a raison de se révolter. »

     

     

    Humiliations et tortures

     

    Au nom du « Petit Livre rouge », le recueil des pensées de Mao, les gardes rouges humilient, battent et torturent les enseignants, les écrivains, les cadres politiques des provinces et tous les adversaires au Parti communiste.

     

    Ils forcent leurs victimes à faire d’interminables et épuisantes séances d’autocritique. Ils maltraitent tellement ces hommes et ces femmes que certains préfèrent se suicider.
    Ainsi le célèbre écrivain Lao She choisira la mort plutôt que le supplice.

     

    Revolution culturelle chinoise

    On oblige les notables à porter de ridicules coiffes de l'infamie ( © Paris Match)

     

    Les gardes rouges s’en prennent également à tous les symboles de la culture, incendiant bibliothèques et musées.

     

    Ce vent de folie provoque dans les villes une psychose mais peu de résistance. En effet, les gardes rouges ont l’appui du « Grand Timonier », comme Mao se fait appeler.
    À la fin de 1966, la jeunesse a réussi à renverser l’ordre établi.

     

     

    Gardes rouges contre gardes rouges

     

    En 1967, des clans se forment. Les jeunes qui ont pris le contrôle des villes se divisent. À Canton, durant l’été, un affrontement en deux factions provoque 900 morts.

     

    Révolution culturelle chinoise

    Le Petit Livre rouge devient l'unique source de pensée ( © Paris Match)

     

    Le pouvoir central commence à s’effrayer de ce mouvement trop radical qu’il a lui-même engendré.


    Il envoie l’armée pour rétablir l’ordre. L’anarchie règne alors dans tout le pays. C’est une véritable guerre civile qui s’instaure entre une jeunesse fanatisée et les dirigeants de Pékin, bien incapables d’endiguer le processus.

     

     

    La fin de la révolution culturelle dans le sang

     

    En 1968, dans les universités rouvertes, des équipes de propagation de la pensée de Mao Zedong, ramènent à la soumission politique les adolescents qui sont allés bien trop loin.

     

    Pendant l’hiver, les gardes rouges sont dissous et 20 millions de jeunes sont arrêtés et envoyés dans des camps de rééducation politique ou des institutions punitives.

     

    La reprise de certaines villes par l’armée se transforme en véritable boucherie. Dans le sud de la Chine, les combats sont très violents. À Wuzhou, des bombardements au napalm détruisent la ville et font des milliers de victimes.

     

    Révolution culturelle en Chine

    Il faut 30 000 hommes pour reconquérir Guilin. En été, tout le Sichuan connaît des combats meurtriers et les gardes rouges sont massacrés.

     

    Après avoir exalté la jeunesse, Mao Zedong l’a fait massacrer. L’anéantissement des fers de lance de la Révolution culturelle produit une nouvelle génération meurtrie et désemparée. Cette période sanglante a déstructuré pour longtemps la société chinoise.

     

     

    Le goulag chinois

     

    Entre 1949 et 1976, année de la mort de Mao Zedong, des camps de travaux forcés sont éparpillés dans tout le pays. En détruisant la personnalité de chaque individu, ce système vise à créer un « homme nouveau ».

     

    Dès 1949, un millier de prisonniers insurgés sont enterrés vivants. Dans le Shanxi, en 1951, une dizaine d’hommes sont décapités et leur foie arraché.

     

    Pendant la famine de 1959-1961, les camps se transforment en mouroir. 3 à 4 millions de personnes y meurent de faim.

     

    La dernière grande vague de répression, après le printemps de Pékin, en 1989, a conduit à plus de 30 000 arrestations.

     

    Les Grands chocs de la Chine communiste

     

    1956 : Les Cent Fleurs

     

    Au printemps, Zhu Enlai lance un nouveau slogan : »que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent ».


    Il s’agit de séduire les intellectuels, assez réservés face au régime, en favorisant le débat littéraire et artistique. Le mouvement donne lieu à une sévère critique des dirigeants. Il retombe alors aussitôt.

     

    1957-1959 : Le Grand Bond en avant

     

    Dès 1956, Mao s’inquiète de l’écart entre les villes et les campagnes. Il proclame qu’il est que la Chine « marche sur deux jambes » (industrie et agriculture).


    Il organise dans les campagnes la mis en place de « communes populaires » dans lesquels le travail est réparti en brigades et où sont construits des petits hauts-fourneaux à moindre prix.
    On passe à la collectivisation de la vie privée.


    Cette politique agricole aura comme conséquence une famine sans précédent.

    Juin 1989 : le Printemps de Pékin

     

    V.B (30.04.2006)

     

    Bibliographie principale

    Les grands évènements de l’histoire du Monde, éditions Larousse. Les Grandes Tragédie, la Mémoire de l’humanité, éditions Larousse

     

     

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    Mao Zedong ou Mao Tsö-tong ou
    Mao Tsé-toung
     
     

    Homme d’État chinois (Shaoshan, Hunan, 1893-Pékin 1976)

    La Chine de 1949 à 1976

     

     
     

     

    Les premières années

     

    Fils d’un paysan aisé, Mao Zedong doit se rebeller contre l’autorité paternelle pour continuer ses études. Il grandit dans une Chine humiliée d’avoir dû accorder aux puissances occidentales des concessions qui jouissent d’énormes avantages, les empereurs s’avérant incapables de faire respecter l’indépendance nationale du pays ni de moderniser celui-ci.

     

    Lorsque, en 1911, la révolution du Guomindang de Sun Yat-sen met fin à la monarchie et proclame la république, Mao est, comme de très nombreux jeunes gens de son âge, gagné par l’enthousiasme, et il s’engage durant six mois dans l’armée révolutionnaire. Il revient ensuite à Changsha, capitale du Hunan, poursuivre ses études primaires supérieures jusqu’en 1918.

     

    Nourri de culture chinoise traditionnelle et de culture occidentale, Mao est un admirateur des grands empereurs chinois chefs de guerre. En 1917, dans la revue Nouvelle Jeunesse de Chen Duxiu, il publie son premier article, sur l’éducation physique nécessaire au peuple chinois pour se libérer de la tutelle impérialiste. La même année, le voici à la tête de la Société d’étude du nouveau peuple constituée dans le Hunan parmi les étudiants radicaux.

     

    Mao Zedong

     

    À l’automne 1918, Mao devient aide-bibliothécaire à l’université de Pékin. Le jeune Mao subit l’influence de Chen et de Li, qui, après avoir dirigé le Mouvement du 4 mai, accueillent avec enthousiasme la révolution d’Octobre. C’est à Chen que Mao devra sa conversion au marxisme en 1920.

     

    La Chine, un moment unifiée par la république présidée par Yuan Shikai (1912-1916), est entrée depuis dans une longue période de confusion politique : dans les provinces, les généraux (seigneurs de la guerre) accèdent au pouvoir tandis que Sun Yat-sen prend en 1917 à Canton la tête d’un gouvernement républicain. Cette période d’affrontements internes et de morcellement politique durera en fait jusqu’en 1949.

     

    Mao Zedong et Lin Biao en 1966

     

    Mao, qui a participé au Mouvement du 4 mai à Changsha ou il est revenu s’établir, fonde une section des Jeunesses socialistes. Il publie son premier article marxiste en novembre 1920. Il est alors directeur d’école primaire puis gérant d’une librairie. En juillet 1921, il est un des douze délégués qui créent à Shanghai le parti communiste chinois (P.C.C.), dont Chen devient le premier secrétaire général.

     

     

    Du Ier Congrès du P.C.C. à 1927

     

    Nommé responsable pour le Hunan du secrétariat au travail, Mao organise des syndicats ouvriers. Il approuve la politique d’alliance avec le Guomindang de Sun Yat-sen pratiquée par le P.C.C. sur les conseils de l’Internationale communiste.

     

    En 1923-1924, le voici responsable de l’organisation du P.C.C. mais aussi membre du bureau de Shanghai du Guomindang. Cette stratégie permet au P.C.C. d’élargir son influence. C’est dans son village natal du Hunan, témoin des fortes réactions populaires qui se produisent à la suite des incidents des 30 mai et 23 juin 1925 au cours desquels la police anglaise de Canton a tiré sur la foule, que Mao prend conscience du rôle révolutionnaire de la paysannerie. La mort de Sun Yat-sen en mars 1925 divise le Guomindang. L’aile droite, avec Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek), l’emporte et fait aussitôt la chasse aux éléments de gauche, et en particulier aux communistes (fusillades de Shanghai en avril 1927). Les communistes se replient alors dans les campagnes. Mao est chargé d’organiser le parti sur une base militaire dans son Hunan natal.

     

     

    De 1927 à la Longue Marche

     

    En septembre 1927, Mao conduit ses troupes dans les montagnes du Hunan puis du Jiangxi. En avril 1928, son armée reçoit le renfort de celle d’un autre dirigeant du P.C.C., Zhu De, puis, en novembre, de l’armée de Peng Dehuai.


    Jusqu’en 1934, le Jiangxi est administré par les communistes : c’est la République soviétique du Jiangxi, dont Mao est le président depuis novembre 1931.

     

    Grâce à l’appui que leur apportent les paysans, les communistes étendent leur influence à un point tel que, durant l’été 1930, la direction du P.C.C. dont le nouveau secrétaire général est Li Lisan, ordonne à l’armée du Jiangxi de sortir de ses bases et de lancer une offensive contre les grandes villes tenues par le Guomindang. C’est l’échec ; Mao propose le repli sur le Jiangxi tandis que Li Lisan est écarté. Mais le P.C.C. ne passe pas pour autant sous le contrôle de Mao mais sous celui de Wang Ming et des « vingt-huit bolcheviques » ainsi appelés par Mao parce qu’ils avaient pour la plupart étudié en U.R.S.S.

     

    Mao, critiqué pour ses conceptions militaires en faveur de la guérilla, doit s’incliner. Désormais, l’armée communiste doit privilégier les batailles rangées et c’est de cette façon qu’elle repousse à quatre reprises, entre 1930 et 1934, les attaques que lance le Guomindang. Mais cette stratégie montre ses limites en 1934 lors de la cinquième offensive, à l’issue de laquelle l’armée communiste n’évite l’encerclement total que par une percée qui lui fait abandonner le Jiangxi.

     

    Ainsi commence la Longue Marche qui conduit au bout d’un an, en octobre 1935, les 30 000 survivants dans le Shanxi. Là, l’armée du Jiangxi est grossie d’autres contingents communistes. Au cours de cette retraite, Mao a pu faire adopter ses méthodes militaires et a beaucoup gagné en autorité dans le parti. En janvier 1935, il devient le chef du parti.

     

     

    De la Longue Marche à la victoire communiste (1949)

     

    À partir d’octobre 1935, Mao installe sa capitale à Yanaan dans le Shaanxi. De là, il proclame que l’ennemi principal du P.C.C. est l’envahisseur japonais installé en Mandchourie depuis septembre 1931 et offre son alliance au Guomindang, qui finit par accepter en septembre 1937.

     

    À plus de 40 ans, Mao est maintenant un dirigeant éprouvé. En avril-juin 1945, le VIIe congrès du P.C.C. l’élit président du Comité central et proclame que le parti est désormais guidé par la « pensée de Mao Zedong ».

     

    Mai 1949, lors du conflit contre Chiang Kai-shek, Mao Zedong passe ses troupes en revue

     

    Le P.C.C. gagne la guerre civile qui l’oppose de 1946 à 1949 au Guomindang, pourtant aidé par les Américains.

     

    Le P.C.C. de Mao réussit à incarner aux yeux des Chinois tout à la fois l’indépendance nationale, les espoirs de révolution sociale et l’honnêteté face à la corruption des nationalistes.

     

    En septembre 1949, dans Pékin conquise, Mao réunit une conférence politique consultative qui désigne un gouvernement de coalition sous sa présidence. Il proclame le 1er octobre 1949 la République populaire de Chine.

     

    En octobre 1949, lors de la proclamation de la République populaire de Chine, Mao fait un discours du haut de la porte de la Paix céleste sur la place Tienanmen :"Que le Monde tremble !"

     

    Mao concentre entre ses mains trois présidences essentielles : celle du parti, celle de la République et celle du conseil militaire révolutionnaire.

     

     

    Le maoïsme

     

    Le maoïsme est une conception particulière du marxisme ou la paysannerie se voit dotée d’un potentiel révolutionnaire supérieur à celui de la classe ouvrière, ou l’armée a un rôle particulier à jouer en temps de paix, ou la grandeur de la Chine est un objectif essentiel, ou le moralisme et le volontarisme doivent permettre l’avènement d’une société égalitaire.

     

    L’homme qui est maintenant à la tête d’un pays de 600 millions d’habitants a conservé les goûts simples d’un paysan, s’exprimant dans le dialecte du Hunan. Il vit en reclus dans ses diverses résidences de Pékin, Beidaihe, Wuhan, Hangzhou, lit beaucoup et voyage souvent dans le pays.

     

    En 1950, la Chine intervient en Corée. Les troupes américaines se replient devant l'offensive des troupes chinoises

     

    S’il reçoit occasionnellement les dirigeants du parti et de l’État, dont Zhou Enlai, le Premier ministre, il communique en général avec eux par notes écrites. Ce comportement en fait un personnage à part, dont le prestige est immense, mais, l’éloignant de la pratique quotidienne du pouvoir ce qui contribuera à l’isoler.

     

    Dans tous les domaines, c’est lui qui donne le ton. Il s’agit d’abord, de 1949 à 1953, de reconstruire la Chine :

     

    Reconstruction politique par l’élimination, y compris physique, des contre-révolutionnaires, par la reprise en main des intellectuels et par une plus grande discipline dans le parti

     

    Reconstruction économique par la réforme agraire et par le développement de la production industrielle

     

    Reconstruction sociale par un grand effort fait pour l’instruction et par la reconnaissance de l’égalité entre les hommes et les femmes

     

    Reconstruction de la politique extérieure par le traité d’alliance et d’amitié signé avec l’U.R.S.S. en février 1950 et par l’aide en armes apportée aux communistes vietnamiens et en soldats aux communistes coréens

     

    Février 1950, au Kremlin, un accord est signé entre Staline et Mao. Ils ratifient un pacte d'assistance et d'amitié entre les deux pays

     

    De 1953 à 1956, le développement économique se fait sur le modèle soviétique : adoption du premier plan quinquennal, collectivisation des terres par regroupement de plus en plus autoritaire dans des coopératives.

     

    En quelques années, la Chine accroît sa production dans des proportions importantes, bénéficiant d’une aide soviétique.

     

    En 1966, les enfants étudient tous le Petit Livre rouge (Photo © Paris Match)

     

    L’année 1956 marque un tournant dans la vie de Mao comme dans le destin de la Chine populaire. En février, le XXe Congrès du parti communiste de l’Union soviétique condamne le culte de la personnalité de Staline. Craignant que cette attitude n’ouvre la voie à des attaques contre sa propre personne, qui est incontestablement alors l’objet d’un culte du même type, Mao désapprouve le rapport de Nikita Khrouchtchev.

     

    Mais le VIIIe Congrès du P.C.C., en septembre 1956, confirme les pires craintes de Mao. Le numéro deux du parti, Liu Shaoqi, et celui qui devient alors secrétaire général, Deng Xiaoping, attaquent le culte de la personnalité, font l’éloge de la direction collective.

     

    Plus grave, le Congrès fait disparaître des textes du parti toute référence à la pensée de Mao. Certes, ce dernier conserve toutes ses fonctions, mais il est clair que le Congrès s’est fait contre lui.

     

    Toutes les initiatives politiques qu’il prendra de 1957 à 1966 seront autant d’efforts pour contrecarrer la ligne établie par le VIIIe Congrès en court-circuitant au besoin les instances dirigeantes du P.C.C.

     

     

    Le Grand Bond en avant

     

    En février 1957, Mao reprend l’initiative par un discours attaquant la bureaucratie communiste et demandant aux intellectuels comme aux membres des partis alliés de critiquer le P.C.C. (« Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent »).

     

    Pour la première fois depuis 1949, Mao met en cause un parti dont il est le président. Après quelques hésitations, les critiques fusent de toute part contre le P.C.C. mais aussi contre Mao lui-même.

     

    Mao fait alors bloc avec le parti et prend la tête d’une campagne contre les « droitistes » : près d’un demi-million de personnes se retrouvent dans des camps de rééducation.

     

    En mai 1958, le moment est venu pour Mao de lancer le Grand Bond en avant. Il s’agit, en réalisant une mobilisation sans précédent des masses, d’accélérer la rupture avec les traditions réactionnaires de la Chine ancestrale et de rattraper économiquement la Grande-Bretagne en quinze ans.

     

    Tandis que le travail manuel est exalté, que des milliers de fonctionnaires du parti sont envoyés aux champs, de grands chantiers s’élèvent un peu partout et des communes populaires sont créées.

     

    De grand journaux muraux, les dazibaos, répercutent vers le peuple les slogans de la révolution (Photo © P.Koch-Rapho)

     

    C’est dans ce contexte qu’apparaît en mai 1958 le concept de « révolution permanente » ou « révolution ininterrompue ».

     

    Dès la fin de 1958, le Grand Bond en avant apparaît comme un énorme gâchis : les récoltes pourrissent dans les champs ; pour fabriquer un acier inutilisable on a fondu des outils agricoles et des ustensiles ménagers dont on manque cruellement ; la disette se répand partout.

     

    Il est difficile d’évaluer le coût humain du Grand Bond en avant, on parle aujourd’hui de millions de morts.

     

    C’est à ce moment que Mao démissionne de la présidence de la République ; retrait volontaire ou injonction du parti ? On ne sait. Il est remplacé en avril 1959 par Liu Shaoqi, dont les vues plus modérées sont connues.

     

    Mandchourie, 2 mars 1969. Les incidents frontaliers se multiplient entre la Chine et l'URSS. Les soldats soviétiques guettent au-dessus de l'Oussouri

     

    C’est justement durant cette période que se distendent les liens entre la Chine et l’U.R.S.S. qui vient, en juin, de dénoncer l’accord sino-soviétique d’octobre 1957 prévoyant la fourniture des secrets de l’arme atomique à la Chine.

     

    La rupture intervient en 1960. Ce n’est qu’en janvier 1962, devant que Mao reconnaît l’échec du Grand Bond en avant.

     

     

    L’après-Mao

     

    Les dernières années de Mao sont dominées par la maladie, aggravée par un genre de vie sédentaire et le refus de se faire soigner. Au Xe Congrès du P.C.C., en août 1973, autour de sa personne apparaissent deux groupes distincts : celui des jeunes radicaux dogmatistes avec Jiang Qing (la Bande des Quatre) et celui des vétérans empiristes du parti avec Zhou Enlai et Deng Xiaoping, revenu au premier plan.

     

    Février 1972, Nixon rencontre Mao . Library of Congress

     

    Mao apporte d’abord son soutien au groupe de Zhou, et Deng est promu vice-président du P.C.C. et premier des vice-Premiers ministres après Zhou.

     

    Puis, tandis que sa santé se détériore, Mao passe en 1975 sous l’influence de son neveu Mao Yuanxin, proche de Jiang Qing.

     

    Après la mort de Zhou Enlai, le 8 janvier 1976, les attributions de Deng lui sont retirées et Mao fait de Hua Guofeng à la fois le Premier ministre et le premier vice-président du P.C.C.

     

    La lutte couve entre le groupe de Hua et la Bande des Quatre lorsque, le 9 septembre 1976, Mao meurt.

     

    9 septembre 1976, Mao Zedong est mort

     

    L’arrestation peu après de la Bande des Quatre, le retour de Deng en 1977 marquent la fin de la période inaugurée par Mao depuis 1958 et préparent l’ouverture future de la Chine à une économie de marché contrôlée.

     

    Dans ce contexte nouveau, le rôle de Mao fait l’objet d’une réévaluation critique (en 1979, le Grand Bond en avant est qualifié de « Grand Bond en arrière »), mais le nom du fondateur de la République populaire demeure toujours une référence en Chine.

     

    V.B (30.04.2006)

     

    Référence

    Encyclopédie Larousse 2005

     

     

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    Naissance de l’Etat d’Israël

     

     

    Le 14 mai 1948, à minuit, expirait le mandat sur la Palestine confié à la Grande-Bretagne par la Société des Nations en 1923.

     

    L’Etat d’Israël renaît alors de ses cendres. L’ancien Etat d’Israël avait disparu en l’an 70, lorsque Jérusalem avait été détruit par les troupes romaines de l’empereur Titus. Les Juifs avaient dû se disperser dans le monde entier.

     

    Il a fallu plusieurs siècles avant que le peuple Juif puisse à nouveau s’installer sur sa terre natale. Malheureusement, la naissance de l’Etat d’Israël ne s’est pas faite sans douleur.

     

    La fin du royaume Juif sous l’empire romain

     

    Les Romains ont toujours eu des difficultés à gouverner la Judée. Sous l’empire romain, Jérusalem, cité du Temple de Salomon, est le haut lieu de la religion juive.

     

     

    La situation explosive entre juifs et occupants romains se traduisait essentiellement par des manifestations et des émeutes.


    Mais, en l’an 66, la situation s’aggrave. Le procureur Florus s’empare de 17 talents d’or déposés dans le trésor du Temple de Jérusalem.

     

    Jerusalem

    Vieux Jérusalem. By ChrisYunker

     

    Par une réaction de séries en chaîne, l’émeute locale se transforme en une guerre généralisée. A la fin de l’année 66, les Romains sont chassés et un gouvernement provisoire s’installe à Jérusalem.

     

    Devant la gravité de la situation, Néron donne l’ordre à Vespasien de reconquérir la Judée.


    Accompagné de son fils, Titus, il reprend peu à peu toute la Judée grâce aux 60 000 légionnaires. Il ne reste plus qu’une petite poche de résistance autour de Jérusalem.
    Vespasien charge Titus de s’en occuper.

     

    Empereur Vespasien et Titus

    Empereur Vespasien et Titus . By zongo69

     

    Commencé au printemps 70, le siège de Jérusalem s’accompagne d’atrocités. Titus rentre dans la ville au mois d’août et fait incendier le Temple. La ville est entièrement rasée. Des milliers de Juifs sont vendus en esclavage.
    Titus s'empare des objets sacrés du Temple pour les exposer en signe de victoire lors de la procession de son triomphe.

     

    Arc de Titus

    Le triomphe est immortalisé sur la voûte interne de l'arc de Titus. By antmoose

     

    Quelques résistants s’installent à Massada qui fera l’objet d’un siège héroïque et d’une fin tragique. Pendant trois ans, hommes, femmes et enfants tiendront tête aux légions romaines.

     

    Massada

    Piton rocheux de Massada. By Edi Weissmann

     

    En 70, le peuple Juif a non seulement perdu son pays et sa capitale, mais aussi le Temple, centre de sa vie religieuse.

     

    En 135, l’empereur Hadrien construit à l’emplacement de Jérusalem une ville romaine, Aelia Capitolina.


    En protestation, les Juifs résidant encore en Judée se soulèvent mais la révolte est écrasée dans le sang.


    Cela marque la Diaspora définitive pour le peuple Juif. Ce sont donc les communautés juives exilées dans le monde entier qui vont élaborer les fondements de la pensée juive que sont le Talmud palestinien et celui de Babylone, interprétations de la Torah, et réflexions sur sa signification.

     

     

     Les fondements de  l’État d’Israël

     

    Le sionisme, idéologie née en réaction aux exactions commises contre les Juifs en Europe de l’Est, de la fin du XIXe au début du XXe siècle, revendique pour des raisons religieuses et politiques le retour des Juifs en Palestine, lieu de refuge et ancienne patrie.

     

    Cette revendication légitime trouve un large écho à la suite des crimes perpétrés par les nazis.

     

    L’année 1948 marque officiellement la naissance de l’Etat d’Israël. Cependant, les fondements de cet Etat ont été construits bien avant.

     

     

    Dès 1904, les pionniers juifs qui arrivent de Russie jettent les premières bases d’une société juive indépendante (villages coopératifs, partis politiques, union agricole, organisation paramilitaire d’autodéfense). Ces débuts modestes connaissent d’importants développements après l’instauration du mandat britannique sur la Palestine en 1920.

     

    immigrants en Israel

    Arrivée massive d'immigrants en Israël ( GPO/Z.Kluger. Site du gouvernement d'Israel)

     

    En 1922, les Juifs représentent 11% de la population en Palestine. En 1947, cette population s’élève à 30,9%.

     

    L’instauration du mandat britannique sur la Palestine est née du traité de Sèvres, le 10 août 1920. Ce traité a marqué la fin de l’Empire Ottoman.


    A l’issue de la Première guerre mondiale, l’Empire Ottoman perd les quatre cinquièmes de son territoire.


    C’est ainsi qu’un protectorat sur la Palestine est accordé à l’Angleterre.

     

    Cependant, les communautés arabes et juives se livrent à de sanglants affrontements au fur et à mesure que la fin du mandat britannique approche.

     

    conflits en Palestine en 1936

    Juifs et Arabes s'affrontent en Palestine en 1936. Licence

     

    Le 13 mai 1948, la Ligue arabe déclare la guerre aux Juifs de Palestine et attaque leurs implantations.

     

     

    Naissance d’un Etat

     

    Alors que les troupes britanniques  évacuent la Palestine, le Conseil National juif et le Congrès mondial sioniste font connaître, le 14 mai, la fondation de l’Etat juif d’Israël.

     

    Le nouvel Etat se dote d'un hyme national "L'Espoir".

     

     

    Il se dote également d'un drapeau mais également d'un emblème créé par Willie Wolf Wind en 1948.

     

    emblème israel

    Le plan de partage du pays entre Israéliens et Palestiniens arabes, adopté par l’ONU cinq mois plus tôt, est rejeté par les Arabes.

     

    carte partage ONU Palestine et Israel

    Plan de partage de l'ONU

     

    Le 15 mai, jour de shabbat, les troupes des pays arabes envahissent la Palestine. Les soldats de la Légion arabe de Transjordanie assiègent la garnison israélienne de Jérusalem.

     

    Chaïm Weizmann, président du nouvel état hébreu, et David Ben Gourion, chef du mouvement sioniste et Premier ministre, annoncent que la Haganah, l’armée secrète juive, sera désormais l’armée officielle de l’Etat d’Israël.

     

    Chaim Weizmann et le Président Truman durant une visite à la Maison Blanche en mai 1948

    Chaim Weizmann et le Président Truman durant une visite à la Maison Blanche en mai 1948. Licence

     

    Ses effectifs sont d’ailleurs renforcés par tous les immigrants juifs qui arrivent en masse d’Europe.


    L’armée israélienne comprend à ce moment là près de 85 000 hommes.

     

    100 000 arabes fuient au cours du mois de mai les zones sous contrôle israélien.

     

    L’État d’Israël est ouvert à tous les Juifs de la diaspora qui bénéficient d’un droit naturel et inaliénable à y immigrer.

     

    Tel Aviv

    Tel Aviv aujourd'hui. By [niv]

     

    L’Etat d’Israël a toujours défendu une intégration nationale qui supposait que les nouveaux arrivants abandonnent leurs identités d’origine.

     

    Jerusalem

    Jérusalem en 1974. By David 55 King

     

    Cette intégration a été possible grâce à l’école et l’armée. Ces deux institutions ont contribuées à faire naître une conscience collective. Elles ont nourri un patriotisme israélien qui s’est également renforcé avec l’usage de l’hébreu comme langue parlée.

     

     

     Le début du conflit israélo-palestinien

     

    Il était légitime que le peuple Juif ait une patrie. Cependant, tout partage d’un territoire aboutit à des conflits.

     

    La naissance de l’Etat Israël a marqué le début d’un conflit qui durera plus d’un demi-siècle.

     

    palestine en 1917

    Occupation britannique en Palestine en 1917. (N° reproduction LC-DIG-matpc-11530).Licence

     

    La question palestinienne a toujours provoqué des réactions très divergentes dans le monde entier.

     

    Après la naissance du nouvel Etat, près d’un million de Palestiniens ont fuit les régions conquises par les Israéliens. Ils se sont replié en Cisjordanie, à Gaza et dans les pays arabes limitrophes.


    Après ce nouveau partage, les Palestiniens deviennent un peuple sans territoire.

     

    Le conflit israélo-palestinien a été marqué par plusieurs évènements sanglants :

     

    • La Guerre des Six-jours, en juin 1967
    • La guerre de Kippour, en 1973
    • L’Intifada ou la guerre des pierres à partir de 1987

     

    Terrorisme, attentats et conflits ouverts n’ont jamais cessé. Le territoire de la bande de Gaza a été notamment l’objet de conflits sanglants.

     

    frontiere palestino-israélienne

    Frontiere palestino-israélienne. By Freepal

     

    Territoire contesté entre Israël et l’Égypte depuis 1947, Gaza a vécu, de 1948 à 1962, sous administration égyptienne, puis, de 1967 à 1994, sous contrôle d’Israël, qui y a favorisé l’implantation de colonies juives.

     

    La bande de Gaza a été notamment le théâtre, à partir de 1987, d’un soulèvement populaire palestinien (Intifada).

     

    L’espoir de paix est né en 1993. Le 13 septembre, à Washington, 1 500 journalistes assistent à la poignée de main historique échangée entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien. 

     

    13 septembre 1993. Poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin sous le regard de Bill Clinton. Licence

     

    La bande de Gaza est enfin  dotée, en 1994, d’un statut d’autonomie.


    Mais, à partir de septembre 2000, les territoires palestiniens (Cisjordanie, Gaza) connaissent un nouvel embrasement, conduisant à un arrêt du processus de paix.

     

    Enfin, le 12 septembre 2005 les troupes israéliennes quittent la bande de Gaza, après 38 ans d'occupation.


    Cependant, les 51 km de frontière avec Israël restent sous haute tension.

     

    V.Battaglia (03.10.2007)

     

    Références et liens externes

    Bregman, Ahron (2002), Histoire d'Israel, Palgrave Macmillan . Histoire d'Israel (en anglais)

    La bande de Gaza (en anglais). Conflit israélo-palestinien (en anglais). Site du gouvernement israélien (en anglais)

     

    Histoire Moderne:  Naissance de l’Etat d’Israël

     

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