• Insolite: Les grands travaux de l'inutile

     

    LES GRANDS TRAVAUX DE L'INUTILE

     

    centrales nucléaires inactives, immeubles délirants, autoroutes pas finies...
     
     Centrales nucléaires inactives, immeubles délirants, autoroutes pas finies... © Montage Linternaute.com

     

    Surdimensionnés, inachevés ou inexploitables : découvrez ces projets pharaoniques qui sont aujourd'hui en sommeil ou à l'abandon...

     

     

    SUPERPHÉNIX : DES CENDRES, MAIS

    PAS DE RENAISSANCE

     

    la centrale ne put fonctionner pendant quatre ans à cause d'une décision
     
    La centrale ne put fonctionner pendant quatre ans à cause d'une décision administrative. © IGN

     

    Ce devait être le fleuron du nucléaire français... En 1974, le gouvernement choisit le site de Creys-Mépieu (Isère), situé au bord du Rhône, pour implanter Superphénix. Ce réacteur à neutrons rapides est capable de régénérer du combustible (d'où son nom) tout en produisant de l'électricité. C'est l'avenir, croit-on alors. Mais lorsque le réacteur est mis en service en 1986, les prix de l'uranium n'ont pas décollé comme attendu, rendant le principe de la régénération... peu rentable. Pire, la centrale rencontre des difficultés techniques, tandis que les écologistes ne décolèrent pas. En 1997, le gouvernement de Lionel Jospin décide de mettre la clef sous la porte. Au passage, 60 milliards de francs (9 milliards d'euros) ont été réduits en cendre. Aujourd'hui, le site est toujours en cours de démantèlement. Il faut notamment démonter une tour de sodium ultra-dangereuse. L'ensemble de l'opération se terminera en... 2030.

     

     

    HÔTEL RYUGYONG : JAMAIS

    INAUGURÉ

     

    le projet avait été lancé en 1987 par kim il-sung, le grand-père de l'actuel
     
    Le projet avait été lancé en 1987 par Kim Il-sung, le grand-père de l'actuel dirigeant, Kim Jong-un.© Flickr / Forgemind ArchiMedia

     

    Ce bâtiment n'a jamais été inauguré. Cette pyramide, haute de 330 mètres, domine Pyongyang, la capitale de la Corée du nord, depuis la fin des années 1980. Le plan était impressionnant : 105 étages, 3000 chambres, des casinos et des boites de nuit dont l'exploitation devait être confiée à des entreprises étrangères. Une première dans ce pays communiste et autarcique. Pourtant, en 1992, le chantier de l'hôtel Ryungyong s'arrête, alors que l'immeuble n'est encore qu'une ossature de béton : l'économie nord-coréenne s'est effondrée en même temps que l'Union soviétique. Étrangement, les travaux reprennent en 2008 : les fenêtres sont posées. Mais aujourd'hui, on ne sait pas si l'intérieur est terminé. Ni si ce complexe sera vraiment inauguré un jour.

     

     

    MMARENA : UN STADE TOUT NEUF...

    SANS ÉQUIPE

     

    la mmarena, le jour de son inauguration en 2011. le taux de remplissage
     
    La MMArena, le jour de son inauguration en 2011. Le taux de remplissage n'attendra jamais les niveaux espérés. © ALBAN PIERRE/SIPA

     

    Au milieu des années 2000, l'équipe de football du Mans s'installe pour la première fois durablement en Ligue 1. Mais le président du club, l'entrepreneur Henri Legarda, voit plus grand. Il rêve de faire partie des "cinquante meilleurs clubs d'Europe". Pour cela, il estime nécessaire de construire un nouveau stade, destiné à remplacer une enceinte un peu fatiguée. La première pierre de la MMArena (pour la première fois en France, un stade porte le nom d'un sponsor) est posée en 2008. Problème : le club est relégué sportivement en Ligue 2, grevant les revenus TV et la billetterie. Le club fait faillite deux ans après l'inauguration de son stade. Le bâtiment ayant été financé par un partenariat public-privé, c'est désormais au contribuable manceau de régler la facture...

     

     

    MONTRÉAL-MIRABEL : L'AÉROPORT

    ZÉRO PASSAGER

     

    le dernier passager a transité ici en 2004.
    Le dernier passager a transité ici en 2004.© Google Maps

     

    Ce devait être une fenêtre sur le monde... Mais elle est restée fermée. Dans les années 1960, le gouvernement fédéral canadien décide la construction d'un deuxième aéroport à Montréal, destiné à alléger le trafic sur les pistes de Dorval. Ultra-moderne avec ses bâtiments de béton, il est inauguré en 1975, moins d'un an avant les jeux olympiques se déroulant dans la ville. Le plan est établi : Montreal-Mirabel accueillera les vols internationaux tandis que Dorval se concentrera sur les destinations nord-américaines. Un partage qui rend les transits infernaux. Pire, la crise pétrolière et la concurrence de l'aéroport de Toronto transforment l'exploitation en gouffre financier. Les hôtels et l'aérogare sont laissés à l'abandon, tandis que la piste est désormais réservée à quelques vols de fret.

     

    VIADUC DE FRAIS-VALLON :

    IL ATTEND SA ROCADE

     

    le viaduc, terminé depuis 1998, fait partie des nombreux ouvrages d'arts en
     
    Le viaduc, terminé depuis 1998, fait partie des nombreux ouvrages d'arts en sommeil à Marseille. © IGN

     

    A priori, il n'y a rien à reprocher au viaduc de Frais-Vallon, qui franchit l'une des voies rapides de l'est de Marseille. Pourtant, à y regarder de plus près, il y a un problème... Depuis la fin du chantier en 1998, cet ouvrage n'a vu passer aucun pneu de voiture et de camion. Car le chantier de la rocade L2 ou A507, envisagé dès les années 1930, est resté en sommeil pendant plus de 15 ans. Manque de moyens, riverains hostiles et expropriations compliquées ont bloqué le chantier, tandis que les herbes hautes colonisaient les tranchées, entrées de tunnels et ouvrages d'art. Le chantier a repris en 2012. L'ouverture de l'A507 est prévue avant la fin de la décennie. Soit 20 ans après la livraison de ce viaduc.

     

     

    ZWENTENDORF : LE RÉFÉRENDUM ET

    LA COQUILLE VIDE

     

    une compagnie allemande d'électricité veut la transformer en centrale solaire.
     
    Une compagnie allemande d'électricité veut la transformer en centrale solaire. © Blende-8 - Fotolia

     

    Il n'y avait plus qu'à la démarrer. En 1978, après six ans de travaux, la centrale nucléaire autrichienne de Zwentendorf était quasiment terminée. Coût du projet, mené par AEG et Siemens : 5 milliards d'euros. L'usine devait être la première des six centrales nucléaires prévues dans le pays et générer 730 mégawatts d'électricité. C'était sans compter sur l'opinion publique et l'impossibilité pour les partis politiques de s'entendre sur la question. Pour trancher, le Chancellier social-démocrate Bruno Kreisky annonce la tenue d'un référendum sur le programme nucléaire civil. Et le 5 novembre 1978, le "nein" l'emporte d'une courte tête (50,5 %). La centrale de Zwentendorf ne sera jamais démarrée. Elle sert de lieu de formation aux ingénieurs nucléaires et de stock de pièces de rechange pour les centrales allemandes.

     

    AÉROTRAIN : L'EXPÉRIENCE OUBLIÉE

     

    la ligne d'essai, située au nord d'orléans, est toujours visible.
     
    La ligne d'essai, située au nord d'Orléans, est toujours visible. © lefebvre jonathan - Fotolia

     

    Dès les années 1960, la France espérait se doter d'un train à grande vitesse. Si le TGV devint l'une des réussites de la technologie française, l'Aérotrain fut un sérieux concurrent. Le Comité interministériel à l'aménagement du territoire croyait en cette technologie : un véhicule glissant sur un coussin d'air au dessus d'un monorail en forme de T inversé. Deux voies d'essai furent bâties en 1966 et 1969. La plus longue, mesurant 18 kilomètres, reliait Saran et Ruan, au nord d'Orléans. La première étape d'une vaste ligne reliant Paris au sud de la France. Les aérotrains expérimentaux, dessinés par l'ingénieur Jean Bertin, dépassaient les 400 km/h au début des années 1970. Mais la crise pétrolière et le lobbying de la SNCF pour son propre projet - le futur TGV - firent sombrer le projet dans l'oubli. La ligne d'essai d'Orléans continue de diviser le paysage beauceron même si aucun engin ne l'a emprunté depuis 35 ans.

     

    ORDOS : LA VILLE SANS HABITANTS

     

    la ville, inaugurée à la fin des années 2000, est toujours vide d'habitants.
     
    La ville, inaugurée à la fin des années 2000, est toujours vide d'habitants. © Uday Phalgun / Flickr / Creative commons

     

    Ce devait être la rutilante capitale d'une province éloignée. La ville d'Ordos, située au centre de la Chine (Mongolie-Intérieure), décida en 2003 la construction d'un nouveau centre-ville articulé autour d'un lac artificiel. Les grues s'affairent pour bâtir cette cité prévue pour accueillir un million d'habitants : lotissements bien alignés, statues monumentales de guerriers mongols, immeubles high-tech. La frénésie fut accentuée par la spéculation immobilière qui battait alors son plein dans l'ensemble de la Chine communiste. Problème : les maisons ne trouvent pas d'acheteurs, les autoroutes urbaines sont vides, les rues demeurent désertes. Seuls quelques dizaines de milliers d'habitants y vivent aujourd'hui.

     

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