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    Caulerpa taxifolia . Caulerpa racemosa

     

     

    Voici maintenant 25 ans que Caulerpa taxifolia a été observée à Monaco. Cette algue verte, baptisée algue tueuse par les médias, continue en 2009 sa progression malgré des actions menées localement.
    L’autre algue envahissante, Caulerpa racemosa, est tout aussi dangereuse pour la biodiversité de nos fonds marins. Depuis 10 ans, cette caulerpe a entamé une expansion fulgurante qui semble ne pas pouvoir être stoppée.
    Le bilan 2009 concernant la colonisation des littoraux de la Méditerranée de Caulerpa taxifolia  et Caulerpa racemosa n’est guère brillant.

     

     

    Caractéristiques de Caulerpa taxifolia

    Deux termes seront souvent employés dans ce texte ; en voici les définitions :

     

    • Fronde : Feuille ou partie foliacée
    • Stolon : axe rampant ou tige rampante

    Il existe environ 100 espèces d’algues du genre Caulerpa. Ces algues vertes évoluent dans les mers tempérées chaudes. En Méditerranée, Caulerpa prolifera est présente naturellement. Malgré son nom, cette algue n’est  pas une menace pour nos fonds marins. Les frondes de Caulerpa prolifera sont régulières et ressemblent à des feuilles d’olivier. Celles de Caulerpa taxifolia sont dentelées.

    Caulerpa taxifolia

    Colonie de Caulerpa taxifolia. © dinosoria.com

     

    Caulerpa signifie en latin « axe » et « ramper » car l’axe ou tige de l’algue pousse en rampant.. « Taxifolia » car les feuilles ressemblent aux feuilles de l’If « Taxus ».

    Caulerpa taxifolia  est originaire du sud-est australien. Cette très belle algue présente de multiples avantages pour les aquariums marins. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’elle a été cultivée à partir des années 1970 dans différents aquariums européens.

    Tout d’abord, elle est très décorative. De plus, elle sert d’aliment végétal aux poissons tropicaux.
    L’aspect antiseptique et antibiotique de cette algue est bien connu des professionnels.
    Enfin, elle permet l’épuration de l’eau. C’est une véritable pompe à nitrate et une excellente régénératrice de l’eau.

    Caulerpa taxifolia

    Caulerpa taxifolia est une algue décorative dans un aquarium. © dinosoria.com

     

    Les études génétiques ont démontré que l’algue présente en Méditerranée est identique à la souche cultivée depuis 1970.

    Pourquoi Caulerpa taxifolia est-elle si résistante en Méditerranée ? Parce que la souche cultivée présente des caractéristiques différentes des algues qui existent à l’état naturel. Cela signifie que les scientifiques se sont retrouvées face à une algue « inconnue » dont aucun équivalent n'existe dans la nature.
    En effet, toutes les souches tropicales analysées sont différentes de la souche méditerranéenne.

    Frondes de Caulerpa taxifolia

    Arrachées manuellement, les frondes de Caulerpa taxifolia se disséminent et engendrent de nouvelles colonies. © dinosoria.com

     

    On peut donc en déduire que la souche originale a subi des modifications génétiques.

    Caractéristiques de la souche méditerranéenne :

    • Elle évolue de 3 à 40 m de profondeur
    • Les frondes mesurent de 5 à 65 cm
    • Elle s’implante sur tous les types de fonds
    • Les eaux polluées ne la gênent nullement
    • Elle résiste au froid : environ 3 mois à 10°C
    • Elle peut survivre hors de l’eau environ 3 semaines
    • Son expansion reprend de plus belle dès que la température de l’eau dépasse 15°C
    • Elle ne se reproduit pas par voie sexuée mais par bouturage. Quand les frondes (tiges) sont cassées par arrachage ou par les courants, elles se disséminent et engendrent de nouvelles colonies un peu plus loin ou sur de longues distances. La dissémination s’effectue donc facilement grâce aux ancres de bateaux, aux filets de pêche et aux courants.

    Classification : Règne: Plantae; Classe: Chlorophyceae; Ordre: Bryopsidales; Famille: Caulerpaceae

     

    Caractéristiques de Caulerpa racemosa

    Caulerpa racemosa est originaire du sud-ouest de l’Australie. Elle est très proche de Caulerpa taxifolia et elle aussi, résiste très bien au froid.

    Cette algue verte se caractérise par des frondes assez courtes, inférieures à 15 cm. Les stolons forment un entrelacement très dense qui recouvrent entièrement les fonds marins et ressemblent à des grappes.

    Caulerpa racemosa

    Caulerpa racemosa. By wildsingapore .

     

    L’expansion de cette algue est encore plus rapide que celle de Caulerpa taxifolia et cela pour une raison essentielle :

    • L’algue se reproduit par voie sexuée et par bouturage

    Bilan 2009 sur la colonisation des algues envahissantes

    Caulerpa taxifolia

    Actuellement, cette algue est présente sur les littoraux de 7 pays méditerranéens : Croatie, Espagne, France (sauf Corse), Italie, Monaco, Tunisie et Turquie.

    En 1984, 1 m² de cette algue était implantée à Monaco. En 2000, les surfaces recouvertes étaient estimées à plus de 5 000 hectares.
    En 2007, 8 610 hectares étaient colonisés.
    En 2009, le bilan montre une stabilisation de l’expansion.

    En France, les deux départements les plus touchés sont les Alpes Maritimes et le Var.

    Caulerpa racemosa

    Cette algue a été observée en Lybie en 1990 dans le port de Tripoli.
    En France, cette algue a été aperçue pour la première fois en 1997 près de Marseille.

    Depuis 1990, son expansion a été constante. En 2009, elle est présente sur les côtes de 14 pays méditerranéens :
    Albanie, Croatie, Algérie, Chypre, France (Corse comprise), Grèce, Italie, Lybie, Malte, Espagne, Tunisie, Turquie, Monténégro et Monaco.
    Elle s’est également installée en Atlantique, dans l’Archipel des Canaries.

    En 2005, 8 070 hectares étaient colonisés. En 2009, c’est plus de 13 530 hectares qui sont touchés.

    Le Littoral des Maures (Rayol Canadel, Cavalaire, La Croix-Valmer, Ramatuelle) est particulièrement touché par cette expansion qui a  littéralement explosé en 2007.

    La présence des ces algues est un véritable fléau pour la biodiversité sous-marine et donc également pour la pêche.
    Dans les zones contaminées, on a constaté une baisse de la biodiversité de 25%. Les poissons migrent dès que ces algues s’implantent dans un secteur.
    C’est également un désastre pour la flore locale. Les ¾ des algues locales ont disparu.

    Caulerpa taxifolia

    Les colonies d'algues vertes détruisent la biodiversité. © dinosoria.com

    On peut sans équivoque qualifier cette colonisation verte de catastrophe écologique majeure.

     

    Les actions menées pour éradiquer les algues envahissantes

    En 2009, on ne parle plus d’éradication qui s’avère d’ailleurs impossible mais de contrôle de l’expansion.

    En Croatie, le gouvernement a été beaucoup plus dynamique qu’en France. Il a beaucoup plus rapidement réagi en mettant en place une méthode mécanique : la pose de bâches opaques.
    Il s’agit tout simplement de recouvrir les colonies d’algues avec une bâche qui empêche la photosynthèse.
    Cette méthode n’est pas la recette miracle mais elle permet à la Croatie d’avoir grandement ralenti l’expansion de la Caulerpa taxifolia.

    En France, depuis 1984, on parle beaucoup mais sans mettre en œuvre des actions de grande envergure.
    A l’époque, les médias se sont focalisés sur la recherche du coupable ce qui a faussé le vrai débat et provoqué une querelle d’experts, chacun tenant surtout à ne pas être tenu pour responsable du désastre.

    Caulerpa taxifolia

    L'éradication de Caulerpa taxifolia est aujourd'hui impossible. © dinosoria.com

     

    Depuis, aucun gouvernement n’a pris avec séreux les choses en main. Aujourd’hui, les actions menées le sont localement et grâce à la bonne volonté de certaines communes, de centres de plongées et de diverses associations.

    En Corse, des centres de plongées s’investissent pour tenter de ralentir l’expansion de la Caulerpa racemosa. On peut également citer la commune de Sainte-Maxime qui s’est beaucoup investie de puis 9 ans grâce à une équipe de 12 personnes.
    D’autres actions locales sont menées au Pradet, par exemple. Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive.

    Caulerpa taxifolia

    Caulerpa taxifolia en aquarium. © dinosoria.com

     

    Les principales méthodes utilisées dans les différents pays sont :

    • Arrachage manuel
    • Traitement chimique sélectif par couverture de cuivre
    • Bâchage
    • Lutte biologique

    L’arrachage ne peut être effectué que par des équipes entraînées et équipées. Si vous pratiquez la plongée sous-marine, n’arrachez jamais ces algues. N’oubliez pas qu’elles se reproduisent par bouturage.

    Caulerpa taxifolia

    Caulerpa taxifolia en Méditerranée. © dinosoria.com

     

    Le cuivre est utilisé pour l’éradication de cette algue car c’est un algicide qui est capable, par ses propriétés, de les détruire.
    Plusieurs méthodes ont été mises au point mais aucune ne permettra une éradication totale.

    Dans le cadre de la stratégie de contrôle, on étudie également la solution qui consisterait à introduire des prédateurs naturels de ces algues.
    Concernant la Caulerpa taxifolia, une petite limace tropicale, Elysia subornata, pourrait être un atout précieux.

    Elysia subornata

    Elysia subornata. © dinosoria.com

     

    Cette limace se reproduit très vite, soit 400 œufs par semaine. Elle se nourrit exclusivement de cette algue et de rien d’autre.
    Chaque limace peut avaler une fronde par jour au minimum. Par contre, Elysia subornata ne survit pas à une température inférieure à 15°C.

    Elysia subornata

    Elysia subornata. © dinosoria.com

     

    Son éventuelle utilisation ne pourrait donc s’effectuer qu’une partie de l’année. Encore faut-il être certain que cette introduction ne se révèle pas, à long terme, plus néfaste que salutaire. Il est toujours dangereux d’introduire des espèces « exotiques » dans un milieu sans en connaître les conséquences.

    V.Battaglia (03.10.2009)

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    Des rapports sont diffusés régulièrement par l’Observatoire marin qui fournit également des statistiques sur l’expansion des deux algues

     

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    Fleuve . Lac . Mer . Océan

    La Terre est une planète unique dans le système solaire grâce à l'immense quantité d'eau qui la recouvre. Mers et océans en couvrent plus des deux tiers. Les océans influent sur le climat de la Terre.

    Les fleuves et les lacs contiennent une proportion modeste mais vitale de l'eau douce de notre planète. Fleuves et rivières constituent aussi la force d'érosion la plus puissante. Chaque année, ce sont 20 milliards de tonnes de matériaux arrachés à l'écorce terrestre qui sont rejetés dans les océans par les fleuves.

     

    Des algues bleues très toxiques

     

    Les cyanobactéries (Cyanobacteria) sont communément appelées algues bleues. Le terme « algue » fait immanquablement penser à des végétaux. Or, les cyanobactéries ne sont pas des végétaux mais des bactéries contenant de la chlorophylle..
    Les cyanobactéries étaient déjà présentes au précambrien. Les plus anciennes traces remontent à 3,8 milliards d'années.

    Parmi les 7 500 espèces connues, certaines, une quarantaine environ, sont particulièrement toxiques pour l’homme et les animaux.
    Parmi les genres connus pour produire des toxiques, on trouve notamment les genres Anabaena et Nodularia.

     

    Empoisonnement par une algue d’eau douce

    Quand des cyanobactéries qui produisent des toxines se développent sur une surface d’eau, rivière ou lac, environ 50 % des efflorescences algales libèrent des endotoxines.
    C’est le cas de Nodularia Spumigena.

    Cette toxicité s’est révélée officiellement, pour la première fois, à la fin du 19e siècle.

    Algue bleue

    Image satellite du Lac Atitlán, Guatemala en partie recouvert par des algues bleues. Crédit: Jesse Allen. Nasa

     

    Des animaux domestiques et du bétail sont morts après avoir bu de l’eau du lac Alexandrina, au sud de l’Australie.

    Le mystère de cette hécatombe a été résolu quand des scientifiques ont découvert que la responsable était une « algue ».
    Nodularia Spumigena ressemble à de l’écume qui flotte à la surface de l’eau.

    Algue bleue. Nodularia

    Nodularia sp. By OYECTO AGUA** /** WATER PROJECT

     

    Cette espèce produit de la nodularine, une hépatotoxine qui détruit les cellules du foie. Son ingestion provoque un choc circulatoire et une hémorragie interne entraînant la mort.

    Les « algues bleues » toxiques qui produisent de la dermatotoxine affectent la peau et les muqueuses. Certaines produisent une neurotoxine qui affecte le système nerveux.

    Les pullulations ne sont pas rares dans les eaux stagnantes, peu aérées ou à faible courant.

     

    Pullulation d’algues toxiques

    Le genre Anabaena fait partie des cyanobactéries qui produit des neurotoxines. Cette toxicité est très rare puisque nous ne connaissons que 4 genres qui ont cette capacité sur les 150 référencés.

    Algue bleue

    Pullulation d'algues bleues en Finlande. By Stefe

     

    Anabaena se développe dans le plancton.

    En 1991-1992, la plus importante formation connue d’algues bleues s’est produite dans la Barwon River près de sa confluence avec la Darling River, en Nouvelles-Galles du Sud (Australie).

    Il s’agissait d'Anabaena circinalis. Les efflorescences algales se sont étendues sur plus de 1 000 km.

    Cette soudaine pullulation a littéralement décimé le bétail qui venait s’abreuver à la rivière.

    Darling River

    Darling River. By amandabhslater

     

    Cependant, certaines espèces d'Anabaena constituent un excellent engrais naturel qui a été testé avec succès dans des rizières.

    D’autres genres de cyanobactéries sont connus pour leur toxicité, tels Aphanizomenon, Oscillatoria ou Cylindrospermopsis.

    V. Battaglia (16.01.2010)

     

    Liens

    Nodularia Spumigena (format pdf)
    Anabaena sur ITIS

     

    La Planète Bleue:

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