• La Planète Bleue: Récif géant de l'Amazone : après la découverte du corail, les premières images !

     

    Récif géant de l'Amazone : après la découverte du corail, les premières images !

     

    Par Jean-Luc Goudet, Futura

    Long de plus de mille kilomètres et découvert au début des années 2010, le récif situé au débouché de l'Amazone vient d'être visité par un petit sous-marin qui en a ramené les premières images, témoignant de sa biodiversité riche et originale. L'ONG Greenpeace veut avertir des risques que feraient courir les projets d'exploitation pétrolière en cours dans cette région

     

    Découvert lors d'une longue campagne entre 2010 et 2014 (voir l'article au bas de celui-ci), ce vaste récif corallien de plus de 1.100 km de longueur s'étale près de la côte américaine entre la Guyane française et l'État de Maranhão, au Brésil. Caché dans les eaux boueuses du mélange entre le fleuve Amazone et l'océan, il recèle une diversité étonnante, avec une riche faune composée de coraux, d'éponges et de poissons, ainsi que d'abondantes algues rouges (des rhodophytes).

     

    Il vient d'être exploré à l'aide d'un sous-marin, à une centaine de kilomètres des côtes brésiliennes, à une profondeur de 220 m, par des biologistes des universités fédérales de Parà et de Rio de Janeiro. Dans ces eaux presque sans lumière, au sein d'une région aussi vaste (9.500 km2), où se mêlent eau douce, eau de mer et sédiments en tout genre, l'écosystème est lui aussi complexe. Sa biodiversité en témoigne d'ailleurs, avec des espèces mal connues ou pas connues du tout. Les images que nous présentons ici montrent notamment des rhodophytes et des éponges. Pour les biologistes marins, l'endroit est un trésor.

     
    Le minuscule sous-marin biplace qui est allé naviguer au-dessus du récif de l'Amazone, à cent kilomètres des côtes brésiliennes. © Greenpeace

    Y a-t-il du pétrole près du récif ?

    Si les photographies arborent le copyright Greenpeace, c'est que le sous-marin était opéré depuis un navire de cette ONG, l'Esperanza. La mission et la diffusion des images sont en effet un acte militant au moment où, explique Greenpeace, des projets de forage sont lancés par les groupes BP et Total pour explorer cette zone (mais pas nécessairement sur le récif lui-même), dont le sous-sol pourrait recéler des réserves de pétrole, de 15 à 20 milliards de barils selon l'ONG (un baril représentant à peu près 159 litres).

     

    Dans son communiqué, Greenpeace rapporte que 95 puits ont déjà été forés dans cette région et que 27 ont dû être abandonnés à cause d'incidents mécaniques, engendrés par les conditions difficiles, tandis que les autres se seraient révélés sans intérêt économique.

     

    Quoi qu'il en soit, ce récif nouvellement découvert et original a un grand intérêt scientifique et il faut espérer que d'autres expéditions océanographiques en poursuivront l'étude.

     
    Des éponges et des rhodophytes du récif de l'Amazone. © Greenpeace
     
    Un poisson dans le récif. © Greenpeace
     
    Un poisson de récif. © Greenpeace
     
    La diversité des espèces de ce récif installé dans un environnement très particulier est un trésor pour les biologistes marins. © Greenpeace
    POUR EN SAVOIR PLUS
     

    La surprenante découverte du récif géant de l'Amazone

     

    Article d'Andréa Haug publié le 8 juin 2016

     

    L'Amazone se jette dans l'océan Atlantique dans un panache où se mélangent le sel et l'eau douce. Dans ces eaux boueuses, des scientifiques ont eu la surprise de découvrir un gigantesque système de récifs. Double étonnement : la biodiversité y semble considérable.

     

    Mille kilomètres ! C'est la longueur estimée du réseau de récifs découvert à l'embouchure du fleuve Amazone, où son eau douce se jette dans les vagues d'eau salée de l'océan Atlantique. L'écosystème, qui s'oriente parallèlement à la côte sud-américaine et perpendiculairement à l'Amazone, abriterait de nombreuses créatures méconnues, voire inconnues, selon une étude parue dans Sciences Advances. Ce récif biogénique est formé notamment de corail, dans la partie sud, mais il a surtout été édifié par d'autres grands constructeurs de récifs, les éponges et les algues rouges.

     

    Ces découvertes sont le fruit d'un programme de recherche basé en partie sur les résultats d'une expédition menée dans les années 1970 qui avait récolté des poissons dans des récifs le long du plateau continental. Pour localiser dans les eaux saumâtres ces mystérieux récifs qui, à l'époque, ne faisaient pas l'objet de relevés de coordonnées par satellite, l'équipe scientifique menée par Patricia Yager, chercheuse à l'université de Géorgie, aux États-Unis, avec des confrères de l'université fédérale de Rio de Janeiro, au Brésil, a commencé par cartographier les fonds à l'aide d'ondes sonores, puis les a échantillonnés au cours de plusieurs expéditions entre 2010 et 2014.

     
    Parmi les découvertes, des espèces du genre Gelidium d'algues rouges, des Rhodophytes (ici, une planche illustratrice de Chondrus crispus). © Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen, domaine public

    Le récif amazonien est complexe

     

    Les analyses ont confirmé la présence des coraux et d'une riche diversité biologique sous la surface boueuse de l'eau. Dans ce catalogue figurent de nombreuses espèces de poissons, d'éponges, d'algues et de corail. « Nous avons rapporté les animaux les plus étonnants et colorés que j'ai vus lors d'une expédition », affirme Patricia Yager. Les niveaux d'acidité et de salinité, les débris, la sédimentation et la lumière, uniques à cet endroit géographique, seraient les facteurs propices à la création d'un tel écosystème, indiquent les chercheurs.

     

    Autre résultat intéressant : le récif est hétérogène dans sa composition. À l'extrémité sud, les eaux sont davantage baignées par le soleil qu'au nord. Aussi le récif est-il dominé dans les basses latitudes par les coraux et les espèces qui recourent à la lumière par la photosynthèse« Mais au nord, beaucoup de ces [espèces] deviennent moins abondantes et le récif se pare d'éponges et d'autres constructeurs de récif qui assurent leur croissance grâce à la nourriture offerte par le fleuve. Les deux systèmes sont donc intimement liés », conclut Patricia Yager.

     

    Pour les auteurs, les micro-organismes prospérant dans les eaux sombres sous le panache boueux de l'Amazone pourraient fournir la connexion trophique entre le fleuve et le récif : ils représenteraient l'une des ressources nutritives des espèces coralliennes. Il faudra d'autres expéditions pour comprendre les rouages de ces écosystèmes complexes. Représentant près de 20 % de l'eau douce déversée dans l'océan mondial, l'Amazone abrite un éventail immense d'espèces vivantes, dont beaucoup restent à décrire.

     

     

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