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Par Frawsy le 6 Octobre 2016 à 23:36
Livre du mois: Un coeur sombre
Le roman: Un coeur sombre fait le portrait saisissant d’un antihéros en quête de rédemption dressé par le maître du roman noir
Par Monique Roy du magazine ChâtelaineL’histoire
Afin de conserver son pouvoir, le chef de la pègre d’East Harlem compte sur de précieux informateurs, parmi lesquels un inspecteur de police qui, depuis 15 ans, est devenu un peu son bras droit. Or, cet homme éprouve le besoin de rompre ce lien toxique. Avec l’aide de petits truands, il planifie un coup très risqué qui lui permettrait de rembourser ses dettes colossales et de «redevenir quelqu’un». Rien ne fonctionne comme prévu: des morts, une fillette blessée, un véritable massacre qui éveille les soupçons du «parrain»…
Les personnagesVincent Madigan, 42 ans, deux ex-épouses, quatre enfants qu’il voit rarement. Policier brillant, mais pourri. A perdu foi dans le système. Sandià, caïd sans «âme, ni cœur, ni conscience», contrôle tous les gangs, tous les trafics – drogue, alcool, jeu, prostitution. Isabella Arias et sa fille Melissa, otages de ce mafieux. Bernie Tomczak, joueur invétéré rapide sur la gâchette. Cassie, 18 ans, fille aînée de Madigan, seul point lumineux dans ses ténèbres.
On aimeL’auteur construit et démonte une irréprochable machine infernale. Dès la première ligne, la tension est là, lancinante, et ne retombera pas. Les mœurs corrompues que dépeint la fiction ressemblent à s’y méprendre aux cancers qui rongent les grandes villes en dépit des enquêtes, commissions et autres nettoyages…
Photo: Hacquard/Opale/Sonatine Editions
L’auteurRoger Jon Ellory est né en Angleterre en 1965. Orphelin, il grandit en institution en compagnie de son frère. Il connaît une jeunesse délinquante, tâte de la musique, de la photographie et d’un peu de prison. Il fait des études littéraires, écrit sans succès 22 thrillers. Au bout de 600 lettres de refus, un éditeur anglais finit par publier son premier roman, Candlemoth, en 2003. Depuis, tous les livres de R.J. Ellory – Un cœur sombre est le neuvième traduit en français – sont des best-sellers.
Sonatine Éditions, traduction de Fabrice Pointeau, 496 pages
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Par Frawsy le 5 Octobre 2016 à 10:26
10 concepts tirés des Superbes
Châtelaine a demandé à Marie Hélène Poitras et à Léa Clermont-Dion de définir 10 concepts tirés de leur ouvrage Les Superbes, en lien avec l’ambition au féminin. Car on le sait, les femmes qui brillent dérangent et paient souvent cher leurs réussites. #GoAmbition
Mylene Tremblay du magazine Châtelaine
L’écrivaine et la documentariste-animatrice ont enquêté sur le succès des femmes, interviewant une vingtaine de bûcheuses qui incarnent à leurs yeux fierté, pouvoir et talent. Leurs réflexions, consignées dans un recueil au titre évocateur, Les Superbes, nous rappellent que le chemin de l’ambition, même parsemé d’embûches, vaut la peine d’être emprunté.
Succès et reconnaissance : « Ça veut dire réaliser son plein potentiel, aller au bout de son ambition et de ses capacités, et que cet exploit soit célébré à sa juste valeur dans son milieu, pas obligatoirement dans l’œil du public. Ce peut être pour soi en solo ou en groupe dans un esprit de communauté. » – MHPCyberintimidation : « C’est un peu comme si tu traitais ta voisine d’ “estie de pute” chaque jour pendant un an. La cyberintimidation permet de sévir sous le couvert de l’anonymat, en toute impunité, caché derrière son écran. C’est de la violence perpétrée en ligne qui s’ancre dans l’humiliation et le harcèlement. Chez les femmes, la cyberintimidation la plus fréquente est le body-shaming ou le slut-shaming. » – LCD
Perfection : « Un piège dans lequel nous tombons toutes, un moment ou l’autre. Ce mot va trop souvent de pair avec pression et culpabilité. » – MHP
Modèles : « Personnes qui nous inspirent, nous apprennent, nous conditionnent et nous déterminent. On se reconnaît en elles. Elles nous font rêver, nous donnent envie d’être et d’oser. » – LCD
Boys’ club : « Le boys’ club est exemplifié par la gang de mononcles qui font des blagues pas drôles souvent à connotation sexuelle et adressées à la gent féminine. Formé de patriarches privilégiés, le boys’ club est perpétué depuis des millénaires. Il est omniprésent dans toutes les sphères de pouvoir, contrôle le monde et coupe l’herbe sous le pied des femmes. » – LCD
Féminisme : « C’est un mot auquel il faut continuer de donner du love. Il se redéfinit continuellement et dans son aura, depuis toujours, il y a la chasse aux sorcières. Pourtant ce mot prône des valeurs d’égalité et de justice. Si on est en faveur de l’égalité, il ne faut pas hésiter à se l’approprier – qu’on soit homme ou femme. » – MHP
Marie Hélène Poitras et Léa Clermont-Dion Photo: Le Pigeon
Stéréotype : « Une idée préconçue, admise sans remise en question, qui détermine les perceptions, les actions et les jugements personnels. Les stéréotypes véhiculés – les femmes sont douces, les hommes combattants, les femmes aiment moins les sports que les hommes, etc. – traversent les discours publics, nous font stagner dans un conformisme social et légitiment les discriminations sociales. » – LCDConfiance en soi : « Le guts, le chien, l’allant pour oser prendre parole, changer les choses, croire, aller au bout de soi et faire son chemin en accord avec ce qu’on est. Il nous en faut beaucoup pour parler publiquement et se tenir droit dans l’adversité. J’ai une formidable petite fille, Charlotte, 9 ans et j’essaie de tout faire pour développer chez elle cette qualité. » – MHP
Partage des tâches : « Le partage inéquitable des tâches fait en sorte qu’une population invisible se retrouve responsable d’un travail non rémunéré, j’ai nommé le “torchage” de la maison. Ce travail dévalorisé des Superbes, souvent des femmes immigrantes ou défavorisées, contribue à enrichir les plus privilégiés. L’organisation du travail exclut les tâches domestiques de son équation. C’est un problème. » – LCD
Pouvoir : « C’est comme l’anneau dans The Lord of the Rings. On le cherche, certains en deviennent fous. Ceux qui l’ont ne veulent pas le partager. Le pouvoir corrompt-il toujours ceux qui le possèdent ? Je ne sais pas. J’aimerais le voir plus souvent entre les mains des femmes, qu’on les encourage à développer leurs qualités de leadership dès l’enfance. » – MHP
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Par Frawsy le 1 Octobre 2016 à 14:53
Josée Blanchette : guérie mais en colère
Josée Blanchette publie ces jours-ci Je ne sais pas pondre l’œuf mais je sais quand il est pourri. Une quarantaine de «billets, dérives et témoignages» sur le thème du cancer.
par Louise Gendron du magazine Châtelaine
Un diagnostic de cancer — un troisième en moins de 30 ans —, opération et deux traitements de chimiothérapie ont failli avoir sa peau. Ce parcours de la combattante a amené Josée Blanchette, journaliste et essayiste, chroniqueuse au Devoir, à questionner la façon dont la médecine conventionnelle s’attaque au cancer et à y consacrer deux ans de recherches, d’entrevues et de réflexions.
Qu’est-ce qui vous a poussée à vous intéresser à ce sujet?Deux traitements de chimiothérapie, de 48 heures chacun, m’ont valu une intoxication médicamenteuse qui m’a menée, entre autres effets secondaires, au bord de la psychose. J’ai dû abandonner tous les traitements malgré les pressions des oncologues — «Vous ne voulez pas voir votre fils entrer à l’université, madame Blanchette ?» m’a-t-on demandée…
Si on en croit ce titre, joli mais singulier, selon vous, quelque chose est pourri quelque part…
Une chronique publiée dans Le Devoir m’a apporté une avalanche de témoignages bouleversants. De gens qui avaient difficilement survécu à la chimio, et d’autres, de proches de personnes décédées des suites de la chimio. C’est pour mieux comprendre que j’ai entrepris ma quête et mon enquête. J’y ai appris que, pour les cancers les plus courants (sein, prostate, poumon, côlon, vessie), la chimiothérapie améliore les taux de survie sur 5 ans de 2%. Qu’on minimise systématiquement les effets secondaires, parfois effroyables, de la chimiothérapie et qu’on ne parle à peu près pas des séquelles permanentes qu’elle peut laisser.
Malgré tout, on n’offre rien d’autre que le combo chirurgie-chimio-radio. Parce que les compagnies pharmaceutiques n’ont pas d’intérêt à aller voir ailleurs. Et que les médecins sont enfermés dans la même logique.
Vous remettez la médecine en question ?Je ne suis pas contre la médecine ni contre les médecins. Mon père était pneumologue et je crois que ma chirurgienne m’a sauvé la vie. Mais je ne leur accorderai plus jamais une confiance aveugle. Nous sommes subjugués par les médecins. Ceux qui nous soignent et ceux qui nous gouvernent. Le docteur l’a dit, donc on l’écoute… Il faut prendre sa santé en main. Comme individus d’abord. Poser des questions ensuite, ne pas remettre toutes les décisions entre les mains du docteur, censé tout savoir. Car il ne sait pas tout, et n’est pas à l’abri des conflits d’intérêts et de la désinformation.
Et comme société ensuite. Le cancer a coûté plus de 4 milliards de dollars aux Québécois en 2013. Or, le nombre de cas devrait augmenter de 40% d’ici 2030… Ce n’est pas viable. Il faut essayer autre chose. Le préventif d’abord. Plus de 70% des cancers sont dus au tabagisme, à la mauvaise alimentation, à la sédentarité. Mais moins de 5% des patients en rémission adoptent une bonne hygiène de vie. Il faudrait faire une plus grande place aux traitements complémentaires, comme le yoga, dont l’efficacité a déjà été démontrée par des études.
Je ne sais pas pondre l’oeuf, mais je sais quand il est pourri, Josée Blanchette, Éditeur FLAMMARION QUÉBEC, 26,95 $.
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Par Frawsy le 20 Septembre 2016 à 16:00
Victoire Maçon Dauxerre : son combat
contre l’anorexie
Dans Jamais assez maigre, journal d’un top model, Victoire Maçon Dauxerre revient sur la dictature de la maigreur des podiums et son combat contre l’anorexie. Joanie Pietracupa a été chamboulée par cette lecture.
Par Joanie Pietracupa du magazine ChâtelaineAvez-vous visionné l’excellente entrevue de la journaliste Elsa Vecchi du Huffington Post Québec avec Victoire Maçon Dauxerre? L’ex-mannequin française y dénonce les pratiques de l’industrie de la mode et vient présenter son livre récemment lancé au Québec, Jamais assez maigre, journal d’un top model. Non? Alors, faites-le immédiatement. La vidéo dure une quinzaine de minutes, mais elle s’écoute toute seule. La fille qui s’y confie – et ses confidences – est à la fois fascinante, surprenante et touchante.
victoria.blogue.joanie
Photo tirée du livre Jamais assez maigre, journal d’un top model
Victoire y raconte, avec toute l’éloquence et l’intelligence d’une fille vraiment brillante, comment elle s’est fait «scouter» (repérer, dans le jargon mode) à l’âge de 18 ans, alors qu’elle était en train de magasiner avec sa mère dans le Marais, à Paris. Et comment elle s’est vite laissée entraîner dans l’univers du mannequinat dans l’espoir d’être la prochaine Claudia Schiffer. Elle rêvait de pouvoir faire carrière (et de gagner beaucoup d’argent) grâce à sa beauté et, surtout, à sa minceur extrême. Parce que très vite, elle se met à ne consommer que trois pommes par jour en plus d’engloutir des laxatifs. C’est que, voyez-vous, elle doit perdre trois centimètres de tour de taille. C’est rien, trois centimètres, s’était-elle dit à l’époque. Sauf qu’en réalité, ça équivalait à environ 20 livres.
Pas étonnant que la jeune fille ait sombré dans l’enfer de l’anorexie. Et plus elle maigrissait, plus elle connaissait de succès en tant que mannequin… Au faîte de sa popularité, alors qu’elle pesait environ 103 livres pour 5 pieds 8 pouces, elle défilait à New York, à Paris et à Milan pour les plus grandes maisons de couture, dont Phillip Lim, Céline, Miu Miu et Alexander McQueen. Puis, elle a tout arrêté, pour sauver sa peau et faire la guerre à cette industrie qui incite à la maigreur extrême.Photo tirée du livre Jamais assez maigre, journal d’un top model
Son arme nucléaire: un bouquin pertinent que les adolescentes du monde entier devraient lire d’une traite pour réaliser et comprendre ce qui se passe dans l’arrière-scène du merveilleux monde de la mode. Victoire veut que l’on cesse d’idéaliser ces incarnations de la «perfection» qui souffrent pour la plupart en silence et qui se rendent un peu plus malades chaque jour.
Je ne pensais pas être aussi ébranlée, aussi chamboulée, aussi choquée par les réflexions et les expériences de Victoire. Je croyais un peu naïvement que les pratiques de l’industrie de la mode avaient évolué, ces dernières années. Avec toutes les conversations sur la diversité corporelle, les troubles de l’alimentation, les maladies psychologiques et le manque de confiance en soi récemment entamées…
Comment en est-on arrivé à vouer un véritable culte à une silhouette rêvée qui n’est même pas ancrée dans la réalité? À vénérer l’apparence de top models «maigrissimes» qui s’empêchent de manger à leur faim? C’est fou, non? Moi je vote pour qu’on joigne notre voix et nos forces à celles de Victoire Maçon Dauxerre dans le but de faire tourner la roue et de changer les mentalités. Qui s’aime nous suit!
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Par Frawsy le 8 Septembre 2016 à 15:37
Livre du mois: Autour d’elle
Autour d’elle : la longue marche d’une jeune femme racontée avec la verve emphatique de l’écrivaine Sophie Bienvenu.Par Monique Roy du magazine Châtelaine
L’histoire
À 16 ans, enceinte, Florence quitte la maison familiale de Québec. Elle accouche à Montréal dans l’anonymat et confie son petit garçon à l’adoption. Un couple aisé le recueillera. La jeune femme, devenue journaliste, tait son étouffant secret. De son côté, son fils grandit, rêvant de la retrouver. Pendant 20 ans, le hasard mettra sur leur route des gens qui seront des rouages déterminants dans la vie de ces deux êtres blessés.
Les personnagesFlorence, étudiante rêveuse qui «vit sur la pointe des pieds». Étienne, son premier amoureux, ado un peu paumé. Adrien, son fils qu’elle ne connaît pas. Thomas, le meilleur copain du garçon. Et tous les autres que Florence croisera: prof, médecin, amants, amie précieuse.
On aimeLa plume sensible de l’auteure, qui tisse une courtepointe faite de pièces disparates: rencontres inusitées, amours brisées, silences impardonnables, rendez-vous manqués, mais aussi résilience, amitiés solides, éclairs d’humour. La réflexion sur l’importance de saisir le moment, de ne pas remettre au lendemain, car rien n’est moins sûr que demain…
Voici un extrait:
Photo: Sarah ScottL’auteure
Sophie Bienvenu est née en Belgique en 1980. Elle a fait des études en communication à Paris. En 2001, elle s’installe à Montréal. Après Lucie le chien, recueil de textes de son blogue du même nom, et une série jeunesse, elle signe un premier roman, Et au pire, on se mariera (2011). Celui-ci connaît un succès immédiat, ce qui, confie-t-elle, « a changé [sa] vie », lui permettant de se consacrer à l’écriture. Adapté au théâtre, il est en voie de l’être au cinéma par Léa Pool. Chercher Sam, son deuxième roman (2014), confirme son talent. Ce troisième opus était donc espéré.
Publié au Cheval d’août, 224 pages. En librairie le 27 septembre.
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