• Le cahier de Maya d’Isabel Allende

     

     

    Le 19e roman de la célèbre auteure californienne.

    4 juil. 2013 par Jean-Yves Girard du site divine.ca  

     

     

    Dans le nouveau roman d’Isabel Allende, une jeune Américaine amochée par la vie se cache au Chili.

     

    Depuis 1982 et le succès mondial de La maison aux esprits (transposé au cinéma avec Meryl Streep et Glenn Close), Isabel Allende a sa place dans le peloton de tête des auteurs latino-américains. Dans Le cahier de Maya, celles qui l’ont déjà lue seront en terrain connu : des personnages colorés au destin mouvementé qui se débattent dans des lieux exotiques.

     

    L’amorce

     

    Maya, une jeune Californienne élevée par une grand-mère excentrique chilienne et un grand-papa gâteau afro-américain, doit fuir le pays. Direction : Chiloé, une île au sud du Chili, chez un vieil ami de sa mamie. Dans ce lieu hors du temps où les légendes farfelues fourmillent et où elle se sent extraterrestre, Maya recolle les morceaux de sa courte vie traversée de drames et d’épreuves. Pourquoi se cache-t-elle ? Fera-t-elle la paix avec ses démons, trouvera-t-elle le bonheur ?

     

    Les thèmes

     

    Les écueils de l’adolescence. La résilience. Maya, abandonnée à la naissance par sa mère, larguée par son père, a vécu une enfance idyllique grâce à ses grands-parents, son Popo adoré surtout. À la mort de ce dernier, Maya plongera dans une spirale infernale qui passera par les bas- fonds de Las Vegas et qui aurait pu la tuer. Mais l’esprit de Popo veille au grain…

     

    Les points forts

     

    L’auteure, qui en est à son 19e roman, sait raconter une histoire, soutenir l’intérêt, dessiner des images : « Le Chili est un cil entre la cordillère des Andes et les profondeurs du Pacifique… » Le passé et le présent de Maya qui se mélangent sans qu’on perde le fil. La découverte d’un endroit fabuleux et peu connu, l’île de Chiloé, réputée pour ses maisons sur pilotis, ses églises en bois et sa mythologie originale. Grasset, 459 pages, 29,95 $.

     

     

    Photo : Lori Barra

     

    Isabel Allende

     

    Fille d’un diplomate cousin de Salvador Allende, président du Chili jusqu’au coup d’État de 1973. La dictature l’a obligée à fuir le pays et hante ses romans. Elle vit en Californie, où nous l’avons jointe.

     

    Comment décririez-vous votre style d’écriture et le genre d’histoires que vous racontez ? C’est difficile d’expliquer ce que je fais, car c’est très organique. Je m’assois et j’écris une histoire comme si je la racontais à quelqu’un dans ma cuisine.Chaque livre est différent et possède une voix, un rythme. Des thèmes reviennent toujours : amour, mort, violence, loyauté, politique, féminisme, injustice.

     

    Vous parlez souvent des esprits ; ce mot est dans le titre du livre qui vous a rendue célèbre et on le retrouve dans Le cahier de Maya. Croyez-vous aux esprits ? Je crois que tout ce qui existe possède une dimension spirituelle. Je ne vois pas les fantômes, mais ça ne veut pas dire qu’ils ne se manifestent pas à certaines personnes. Le monde matériel n’est pas la seule réalité. Nous sommes entourés de mystère, et il y a plein de choses inexplicables et hors de notre contrôle. Tout cela enrichit ma vie et mon écriture.

     

    Bonne lecture.

     

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  • Livres : Tout va bien, vraiment?

    Jouir de la vie sans se casser la tête.

     

    4 juil. 2013 Par Luc Bouchard 

    Comment faire bouger son mammouth…

     

    La psychologue britannique Wendy Jago s’attaque ici au sujet tabou qu’est la procrastination. Qu’est-ce qui transforme une obligation en fardeau ? Quelles sont les peurs qui empêchent d’aller de l’avant ? L’analogie de l’animal préhistorique est rigolote, mais elle illustre à merveille le poids que nous ressentons à force de tout remettre au lendemain. Selon l’auteure, ces grosses bêtes sont partout. Une ambition ou un rêve qui n’a pas été réalisé. Une dette à rembourser. Un projet qui stagne parce que nous ne trouvons jamais le temps de le faire avancer. « Ils sont lourds à porter puisqu’ils nous donnent l’impression de contrôler nos vies, mais les mammouths ne sont pas indomptables. » Il faut apprendre à morceler les tâches, à découper les choses importantes en éléments plus petits. « Le simple fait de s’y attaquer peut transformer à jamais le rapport que vous avez avec vous-même. »

     

    Par Wendy Jago, Marabout, 22,95 $

     

     

    Vivre pleinement sa vie

     

    « Vous arrive-t-il de vous sentir perplexe devant vos réactions émotives ? » C’est l’une des questions que soulève Ingeborg Bosch, auteure de ce livre percutant qui propose une approche originale pour trouver notre équilibre émotionnel : la PRI (Past Reality Integration). En nous aidant à nommer les blessures passées, la PRI permet de ne plus nous laisser flouer par nos émotions. La méthode est divisée en trois parties (auto-observation, reconnaissance d’un symbole, renversement des défenses). Elle nous apprend à désamorcer cinq mécanismes de défense du cerveau émotionnel : le faux espoir, le déni des besoins, le faux pouvoir, la défense primaire, la peur. À coup de 15 minutes par jour, le programme s’échelonne sur une période de neuf semaines et impose une sérieuse introspection. Exigeant mais utile pour (re)trouver son équilibre.

     

    Par Ingeborg Bosch, Les Éditions de l’Homme, 27,95 $ (papier) ou 20,99 $ (numérique)

     

    de la revue Chatelaine

     

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  • Vivre c’est guérir

    L’autobiographie de Nicole Bordeleau.

     

    18 jan. 2013 Par Nicole Bordeleau

    Livres à Lire

    Le plus long jour de ma vie

     

    Le 15 juillet 1996, au matin, ma vie a été fracassée en mille et une miettes par un simple appel téléphonique. Ce jour-là, malgré une autre nuit d’insomnie, la troisième d’affilée, j’avais réussi à me tirer du lit plus tôt que d’habitude. La météo annonçait un début de semaine caniculaire.

     

    Quand j’ai mis le pied dans la cuisine, une masse de chaleur s’est abattue sur moi, confirmant que la journée serait étouffante. J’ai allumé une cigarette et mis la cafetière en marche. Quelques secondes plus tard, l’odeur du café commençait déjà à me donner la nausée. C’était comme cela depuis quelque temps. La moindre odeur de boisson ou de nourriture me soulevait le cœur.

     

    Mon corps semblait peser une tonne, comme si tout mon sang avait été remplacé par un gel visqueux. J’avais l’impression de vivre dans un scaphandre, tellement j’avais la tête lourde. Une immense fatigue me submergeait. Si j’en avais eu les moyens, j’aurais annulé tous mes engagements professionnels et je serais restée au lit. Soudain, le téléphone a sonné et j’ai reconnu sur l’afficheur le numéro de la Dre Vachon. Trois semaines auparavant, je l’avais consultée, puisque depuis quelques mois mon état de santé s’était passablement détérioré.

     

    « Bonjour, Nicole. Avez-vous quelques minutes ? »

     

    Je me suis levée brusquement de ma chaise. Lorsque votre médecin vous téléphone le matin, c’est qu’il y a quelque chose de grave. Un frisson d’inquiétude m’a parcouru la colonne vertébrale.

     

    « Euh… oui…, lui ai-je répondu nerveusement, en trépignant.

     

    — J’ai reçu les résultats de vos analyses. J’ai bien peur que les nouvelles ne soient pas aussi bonnes que je l’avais espéré. Savez-vous ce qu’est l’hépatite C ?

     

    — Euh… je n’en suis pas certaine… »

     

    Je cherchais mes mots. J’avais déjà entendu le nom de cette affection, mais je n’en savais pas davantage.

     

    « C’est une inflammation du foie causée par un virus. En fait, c’est une maladie chronique. »

     

    L’odeur du café flottait dans toute la pièce. Une nouvelle vague de nausée m’a fait frissonner de la tête aux pieds. Une maladie chronique ? Mais non, ce n’était pas possible. Pas moi ! Pas maintenant ! Je pressentais bien, depuis un certain temps, que mon corps était rendu au bout du rouleau, mais, malgré les nombreux avertissements qu’il m’adressait, je m’entêtais à faire la sourde oreille. Quand mon entourage s’inquiétait de me voir si pâle et amaigrie, je leur opposais aussitôt mon propre diagnostic : j’avais attrapé un microbe inoffensif, de ceux qui disparaissent en quarante-huit heures. Quarante-huit heures plus tard, les malaises persistaient et je repoussais de nouveau la réalité en affirmant que ça irait beaucoup mieux le surlendemain.

     

    Après chaque repas, des nausées et une pression inhabituelle dans le côté droit me faisaient regretter d’avoir mangé. Les points noirs qui valsaient devant mes yeux m’empêchaient de me concentrer, si bien que la moindre tâche me demandait un temps fou. La nuit, je me réveillais souvent en sursaut, trempée jusqu’aux os, et je devais changer de pyjama. Jour après jour, je n’avais qu’une seule envie : dormir, dormir, et dormir ! J’étais si épuisée que j’aurais pu m’assoupir n’importe où, n’importe quand, assise, couchée, debout, ou même la tête en bas.

     

    À la fin juin, je n’en pouvais plus. J’étais si mal en point que je suis allée à la clinique. La Dre Vachon m’a examinée tout en me questionnant sur mes symptômes, puis elle m’a pesée. Premier constat, j’avais perdu environ trois kilos. Ensuite, du bout des doigts, elle m’a palpé l’abdomen. « Expirez complètement », m’a-t-elle dit en écrasant mon flanc droit. Une douleur sourde m’a traversé le corps et j’ai dû serrer les lèvres pour ne pas crier. L’examen terminé, je me suis rhabillée. J’espérais de tout cœur qu’elle me prescrirait un médicament contre ces malaises, mais je devrais plutôt subir des analyses biologiques. J’étais déçue, mais en rentrant à la maison j’ai essayé de ne plus penser à tout cela. J’y suis parvenue, jusqu’à ce matin du 15 juillet, quand le téléphone a sonné.

     

    « Je vais transférer votre dossier au service d’hépatologie de l’hôpital Saint-Luc. D’ici quelques jours, vous devriez recevoir un appel pour un rendez-vous avec un spécialiste. »

     

    Je revivais la même sensation angoissante que lorsque j’avais sept ou huit ans et que mon père rentrait du travail. Les bons jours, il pouvait se montrer charmeur et plein d’humour. Ces jours-là, il écoutait Nana Mouskouri ou sifflait des airs d’opéra. Par contre, lorsqu’il était stressé, fatigué ou simplement de mauvaise humeur, je me tenais loin de lui, car il pouvait me punir sans raison. Quand il s’approchait de moi, le regard menaçant et les yeux exorbités, je cessais de respirer. « Pourquoi ? Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Qu’est-ce qui va m’arriver ? Non, s’il vous plaît, pas encore moi ! »

     

    J’étais debout, les mains crispées sur le combiné, revivant cette scène du passé, alors que la Dre Vachon, au bout du fil, me demandait si j’avais des questions.

     

    « Avez-vous d’autres patients qui souffrent de l’hépatite C ? — Pour le moment, vous êtes la seule. » Elle avait prononcé ces mots avec une telle compassion que j’ai failli fondre en larmes.

     

    « Quels sont les symptômes ? Et les traitements ? Vais-je guérir ? Pourrai-je continuer à travailler ? Qui paiera mon hypothèque ? Et le solde de mes cartes de crédit ? À quel rythme la maladie évoluera-t-elle ? Mon apparence se dégradera-t-elle ? Vais-je souffrir ? Vais-je en mourir ? » Dans ma tête s’entrechoquaient toutes ces questions, mais je n’ai réussi qu’à souffler un faible « merci ». La Dre Vachon m’a ensuite recommandé de me reposer, puis, avant de raccrocher, elle m’a souhaité bonne chance.

     

    Une maladie chronique ? Comment ? Quand ? Avec qui ? Pourquoi ? Il fallait que je sache tout, tout de suite ! Je me sentais incapable de rester dans l’ignorance en attendant de consulter ce spécialiste. J’ai songé à rappeler la Dre Vachon. Elle avait peut-être commis une erreur. « Êtes-vous absolument sûre de ces résultats ? Êtes-vous certaine d’avoir le bon dossier ? » Mais, dans mon for intérieur, je savais que c’était peine perdue. « Qu’est-ce qui va m’arriver, maintenant ? » Le déni qui m’avait permis de franchir les derniers mois s’est écroulé tout d’un coup. J’ai pris ma lourde tête entre mes mains et j’ai attendu des larmes qui ne sont jamais venues. À leur place, une voix froide est montée en moi, martelant mes tempes : « C’est ta faute ! C’est ta faute si tu es malade ! Tu l’as bien méritée, cette maladie ! » C’était la « mauvaise voix ». Petite fille, je l’avais baptisée ainsi, car elle me rendait responsable de tout.

     

    ***

     

    Je tente désespérément de m’accrocher au moment présent. Ici et maintenant, j’inspire, j’expire… Mais je perds pied et bascule de nouveau dans le passé. J’ai quatre ou cinq ans, je suis debout près du comptoir de la cuisine, les yeux fermés, me bouchant les oreilles avec les mains. Ce jour-là, il est furieux contre moi, car quelque chose dans le salon a volé en éclats et il m’en croit responsable. « C’est de ta faute ? » demande-t-il. Je sais que ce n’est pas une vraie question. Il ne faut surtout pas que je réponde. Je garde le silence. Quelques minutes plus tard, je suis en pénitence dans ma chambre. Partout où je vais, sa voix me pourchasse…

     

    Aujourd’hui, cette voix est là, encore et toujours. « Maladie chronique. Hépatite C. Maladie chronique. Hépatite C. C’est ta faute ? C’est ta faute ! »

    publié dans la revue Châtelaine.

    Bonne lecture

    Frawsy

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    L’essai qu’il faut lire dès aujourd’hui.

     

     

    Sous-titré Les femmes, le travail et le pouvoir, En avant toutes a fait sensation à sa sortie en version originale (Lean In) aux États-Unis, en mars dernier. L’auteure, Sheryl Sandberg, 43 ans, est diplômée de Harvard, numéro 2 de Facebook, mère de deux jeunes enfants et multimillionnaire. Elle s’est donné une mission : remettre au goût du jour le féminisme et en faire un mouvement inclusif (lire : avec et non contre les hommes), pour que les femmes prennent vraiment leur place dans la société.

     

    Éditions Jean-Claude Lattès

     

    L’amorce

    Comme on pouvait le lire récemment dans Châtelaine, les Québécoises, malgré de bons congés parentaux et des garderies subventionnées, occupent en 2013 moins de 2 % des plus hauts échelons dans les entreprises. Sheryl Sandberg explore les raisons de cet état de fait, en partant souvent d’anecdotes personnelles. Avec des titres de chapitre du genre : « Le fossé de l’ambition : que feriez-vous si vous n’aviez pas peur ? » et « Le mythe de la capacité à tout concilier », elle touche à diverses thématiques.

     

    La dédicace

    Révélatrice : « À mes parents, pour m’avoir inculqué la conviction que tout est possible. Et à mon mari, grâce à qui tout devient possible. »

     

    La préface

    Prestigieuse : « […] Les histoires que Sheryl relate dans son livre nous conjurent de faire davantage pour aider toutes les femmes à exercer leurs droits. […] » Signée Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international et 7e femme la plus puissante du monde, selon Forbes (Sheryl, elle, est classée 6e!).

     

    Extrait

    « Il est plus que temps d’encourager un nombre croissant de femmes à rêver au possible et un nombre croissant d’hommes à soutenir les femmes, au travail comme à la maison. Il est en notre pouvoir de relancer la révolution en l’intériorisant. Le passage à un monde plus juste se fera une personne à la fois. Et en attendant, toute femme déterminée à s’imposer nous rapprochera de notre objectif global : une égalité digne de ce nom. »

     

     

    Par Jean-Yves Girard

    du site www.divine.ca

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