• Médecine: La transfusion de sang jeune comme cure de jouvence ?

     

     

    La transfusion de sang jeune comme cure de jouvence ?

     

    Depuis plus d’un siècle, certains scientifiques pensent trouver dans la transfusion de sang issu d’un individu jeune des éléments permettant de prolonger la jouvence. Deux études indépendantes et publiées le même jour confirment l’intérêt de telles pratiques… au moins chez les souris.

     

     
     

    Le sang, qui se compose de plasma et de cellules, contiendrait des éléments capables de contribuer au maintien de la jeunesse. © Gothicpagan, deviantart.com, cc by nc nd 3.0

    Le sang, qui se compose de plasma et de cellules, contiendrait des éléments capables de contribuer au maintien de la jeunesse. © Gothicpagan, deviantart.com, cc by nc nd 3.0

     
     
     

    Au début du siècle dernier, le savant russe Alexandre Bogdanov (de son vrai nom Alyaksandr Malinovsky et aucunement apparenté aux frères Igor et Grichka Bogdanov) se faisait remarquer à plusieurs titres. Économiste marxiste et grand ami de Vladimir Ilitch Oulianov (plus connu sous le nom de Lénine), il a inspiré les révolutionnaires bolcheviques de 1917. Également médecin, il a beaucoup travaillé sur les transfusions sanguines. Selon lui, elles pouvaient favoriser le rajeunissement du corps et de l’esprit. Une hypothèse qu’il testa sur lui-même… et qui précipita sa perte. En 1928, à l’âge de 54 ans, le Soviétique décédait après avoir récupéré le sang d’un jeune homme parasité par le paludisme et touché par la tuberculose.

     

    Néanmoins, son idée n’est pas morte avec lui. Ces dernières années, quelques études ont abouti à des résultats allant en ce sens, montrant notamment un rajeunissement du cerveau ou de cellules souches du foie. Cependant, il reste encore de nombreuses inconnues dans ce domaine. Deux d’entre elles viennent de tomber le même jour, dans deux revues différentes, fruit de deux études indépendantes. Elles apportent des arguments plutôt convaincants en faveur de la théorie d’Alexandre Bogdanov ou des autres scientifiques qui, avant lui, y avaient songé.

     

    Des souris parabiotiques à la transfusion plasmatique

     

    D’abord, évoquons les travaux de Tony Wyss-Coray (de l’université Stanford aux États-Unis) et de ses pairs publiés dans Nature Medicine. Dans un premier temps, ils se sont inspirés de travaux plus anciens recourant à des souris parabiotiques, c’est-à-dire pour lesquelles les systèmes circulatoires ont été chirurgicalement liés, et partageant un seul et même sang, comme si elles étaient siamoises. En focalisant leur recherche sur l’hippocampe, structure du cerveau impliqué dans l’apprentissage et la mémoire, ils ont remarqué les bénéfices occasionnés pour les rongeurs âgés lorsqu’ils étaient liés à un animal bien plus jeune, tandis que les souriceaux ont vu leur cerveau vieillir prématurément.

     

    Les vampires tireraient leur immortalité du sang de leurs jeunes victimes, selon la légende, qui pourrait se fonder sur des arguments scientifiques.
    Les vampires tireraient leur immortalité du sang de leurs jeunes victimes, selon la légende, qui pourrait se fonder sur des arguments scientifiques. © Justin McIntosh, Wikipédia, cc by 2.0

     

    L’originalité de leur travail réside cependant dans une seconde expérimentation, jamais tentée auparavant malgré la possibilité technique de la réaliser depuis des années. S’il y a des différences au niveau cérébral, constate-t-on des bénéfices au niveau comportemental ? Pour le savoir, les scientifiques ont procédé à des transfusions plasmatiques vers des souris âgées (18 mois) et les ont soumises aux tests classiques pratiqués chez les rongeurs : la piscine de Morris, qui consiste à mesurer la faculté à retrouver une plateforme immergée sous de l’eau non translucide, et dans une situation dite de conditionnement contextuel par la peur, pour voir à quelle vitesse les animaux allaient apprendre à se figer.

     

    Lorsque le plasma (le sang moins les cellules) provenait d’un individu jeune (trois mois), les souris âgées réussissaient les tests avec bien plus de brio que leurs homologues ayant reçu une transfusion d’un individu de leur âge. L’apprentissage et la mémoire semblent donc affectés par la qualité et l’âge du plasma circulant. Une découverte qui, à terme, pourra être exploitée contre les démences comme la maladie d’Alzheimer.

     

    Après la tête, les jambes

     

    Reste à déterminer d’où viennent ces propriétés. De nombreuses molécules circulent dans le plasma. Lesquelles interviennent dans le rajeunissement ? Une petite partie de ce vaste mystère pourrait avoir été élucidée, à en croire la revue Science du dimanche 4 mai. Derrière cette recherche, Amy Wagers, de l’université Harvard, qui a révélé avec ses collaborateurs l’impact de la protéine GFD11.

     

    Cette molécule est abondante dans le plasma des souris jeunes, mais son taux diminue au fur et à mesure du vieillissement, si bien qu’elle faisait office de candidate idéale pour cette recherche. Lorsqu’elle est directement injectée chez des souris âgées, les performances s’en ressentent : plus de force et d’endurance. Les muscles semblent apprécier cette cure de GFD11.

     

    Ces deux publications mettent donc en évidence les avantages à tirer potentiellement des molécules plasmatiques pour rajeunir le corps et l’esprit. Néanmoins, ces considérations demeurent tout à fait théoriques, et la mise en pratique demande toujours de nombreuses précautions et surtout des évaluations préalables. Le chemin est encore très broussailleux et demande à être élagué avant de songer à aller beaucoup plus loin.

     

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