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    Mars en Histoire

    Mars en Histoire
    Johann Gottfried Schadow - Mars

     

    Le fondateur de Rome, Romulus, voulant donner à son peuple un calendrier nouveau, divisa l'année en dix mois de trente jours, et consacra le premier de ces mois au dieu Mars, dont les Romains le prétendaient issu. Cette année de dix mois n'était ni solaire, ni lunaire ; on la connaît dans l'histoire sous le nom d'année martiale. C'est Numa Pompilius qui vers 700 av. J.-C. changea cet ordre de choses, en ajoutant au calendrier les mois de janvier et février, et en fixant le commencement de l'année au 1er janvier. En France, on commençait d'ailleurs l'année à Pâques, ou plutôt au samedi saint, après la bénédiction du cierge pascal, et ce jusqu'à la promulgation de l'édit de Charles IX en 1567.

     


    Romulus

    Mars incarne la force brutale. Tous les peuples de l'Antiquité l'adoraient. Dieu de la guerre, fils de Jupiter et de Junon, il avait, sous le nom d'Arès, des autels dans toute la Grèce. On raconte que Mars, cité devant les dieux par Neptune dont il avait tué le fils, fut acquitté par ses juges, réunis sur une colline près d'Athènes. En souvenir de ce fait mémorable, les Grecs donnèrent à leur tribunal, installé au lieu même où Mars fut jugé, le nom d'Aréopagesignifiant colline de Mars.

     

    Ce même nom de Mars fut donné plus tard à l'un des jours de la semaine, le mardi ; à l'une des planètes que connaissaient les Anciens, et enfin au métal, le fer, qui servait à fabriquer les armes de guerre. Le mois de mars était symbolisé par un homme vêtu d'une peau de louve, en souvenir de la nourrice de Romulus. Le dieu Mars était représenté sous la figure d'un guerrier terrible. Le coq, symbole de vigilance, lui était consacré. On sacrifiait sur ses autels des loups et quelquefois des victimes humaines. Le poète Ausone place auprès de lui un bouc pétulant, une hirondelle qui gazouille, un vase plein de lait, qui, avec l'herbe verdoyante, annoncent le retour du printemps. Dans les combats, il était accompagné de ses fils Phoibos et Déimos (la Crainte et l'Effroi) qui attelaient et conduisaient son char, ainsi que d'Eris (la Discorde), sa compagne et sa soeur, qui se tenait à ses côtés.

     

    Mars, dieu de la guerre, est parfois confondu avec la déesse Bellone qui avait à Rome même un temple célèbre. C'est dans ce temps qu'étaient reçus les généraux vainqueurs, qu'on donnait audience aux ambassadeurs. A la porte du temple était une colonne contre laquelle le héraut, c'est-à-dire l'officier public chargé de déclarer la guerre, lançait une pique pour annoncer que la guerre venait d'être décidée. Les prêtres de Bellone, les bellonaires, célébraient les fêtes de la déesse en se perçant la poitrine avec leurs épées et en lui offrant le sang qui sortait de leurs blessures. Ces fêtes avaient lieu le 24 mars, et ce jour-là portait dans le calendrier le nom de jour de Sang.

     

    Le Dieu Mars

    On raconte qu'à Rome, sous le règne de Numa (en l'an 44 de la fondation de la ville), une pierre en forme bouclier tomba du ciel. Les augures furent consultés. Rien de plus bizarre assurément que ces prêtres nommés Augures (du latin ex avium garritu signifiant du chant des oiseaux), qui tiraient des prophéties du chant des oiseaux ou de la manière dont se nourrissaient les poulets sacrés. Un bâton recourbé était le signe de leur dignité. Ils formaient une classe spéciale parmi les prêtres chargés des présages ; à côté d'eux se trouvaient les aruspices (du latin ara inspicio signifiant j'observe les autels), plus particulièrement chargés d'inspecter le mouvement des victimes, d'examiner leurs entrailles... Les esprits sérieux se moquaient de ces devins ; on disait que deux augures ne pouvaient se regarder sans rire, et cependant ils jouissaient du plus grand crédit. Cicéron lui-même appartenait au collège des augures.

     

    Lorsque ce bouclier tomba du ciel, les augures déclarèrent que le destin de la ville naissante était lié à la conservation du bouclier céleste. Numa fit exécuter par un ouvrier habile onze boucliers absolument semblables, afin de déjouer les mauvais desseins de ceux qui tenteraient de s'en emparer. On donna à ces boucliers le nom d'Anciles, d'un mot grec signifiant courbe, parce qu'ils étaient échancrés latéralement de façon à être plus larges vers leurs extrémités qu'à leur partie moyenne.

     

    Augure

    Ces anciles étaient déposés dans le temple de Mars, sous la garde de douze prêtres appelés saliens (de saliresignifiant sauter, ou sallare signifiant danser), parce que chaque année, le 1er mars, ils parcouraient la ville portant au bras les boucliers sacrés et exécutant, au son des instruments de musique, des danses et des chants solennels. Pendant les trois jours que durait cette fête, on ne pouvait ni se marier, ni entreprendre quelque chose d'important. On raconte que Veterius Mamurius, l'ouvrier qui fabriqua les anciles, refusa tout salaire, en demandant seulement que son nom fut mentionné dans les hymnes que chantaient les prêtres de Mars. Nous savons aujourd'hui que cette pierre était un météorite, un aérolithe, au même titre que la pierre noire tombée en Grèce et qu'on adorait sous le nom de Cybèle.

     

    Prêtre de Bellone

    Le mois de mars renferme souvent deux fêtes religieuses. La première, l'Annonciation, fut instituée en mémoire de la nouvelle que l'ange Gabriel vint donner à Marie, qu'elle concevrait le fils de Dieu. Le peuple l'appelle Notre-Dame de mars, à cause de l'époque où elle est solennisée. Son institution, sans être précisément connue, est fort ancienne ; il existe sur cette fête deux sermons de saint Augustin, qui mourut en 430. Ce jour de l'Annonciation était autrefois lié à une singulière légende. Comme cette fête arrive presque toujours en plein carême, où le jeûne est prescrit et que, selon les saints usages, on ne le peut rompre qu'après les vêpres, on chante les vêpres, ce jour-là, immédiatement à la suite de la messe. Mais si l'on interrogeait nos ancêtres sur la raison de cette coutume, ils répondaient que tout enfant qui naîtrait entre la messe et les vêpres, le jour de l'Annonciation, appartiendrait droit au démon, ce qui a obligé l'Église a supprimé l'intervalle...

     

    La seconde, le dimanche des Rameaux, commence la semaine sainte. Elle reçut son nom de l'usage établi dans les premiers siècles, de porter ce jour-là en procession, et pendant l'office, des palmes ou des rameaux d'arbres en mémoire de l'entrée triomphante du Christ à Jérusalem, huit jours avant la Pâques. Les peuples, disent les évangélistes, avertis de l'arrivée de Jésus, allèrent au-devant de lui, étendirent leurs vêtements sous ses pas, et couvrirent le chemin de branches de palmier. Ils l'accompagnèrent jusqu'au temple en poussant des cris de joie. Par suite de cette cérémonie, le dimanche des Rameaux est appelé dans plusieurs provinces Pâques fleuries.

     

    La bénédiction des rameaux, en usage aujourd'hui, l'était déjà dans les Gaules au VIIe siècle. On appelle encore ce dimanche Capitilavium, parce que c'était le jour où on lavait la tête des catéchumènes qui venaient tous ensemble demander à l'évêque la grâce du baptême, qu'on leur administrait le dimanche suivant.

     

    Anciles et prêtres saliens

    Un brasseur du faubourg Saint-Marceau, à Paris, ne faisant que de la bière de mars (ainsi nommée parce qu'elle se fabrique avec un froment qui se sème en ce mois), avait pris pour enseigne le dieu Mars. En 1793, on lui objecta que Mars était un ci-devant, et qu'un bon patriote ne devait rien conserver de l'Ancien Régime. Il ne pouvait prendre le dieu Ventôse, qui occupait les 21 premiers jours du ci-devant Mars, et qui eût inspiré, sur les effets de sa bière, un affreux calembour. Mais Germinal entrait en fonction le 22 ; c'était assez. Il fit repeindre son enseigne, où l'on put lire le lendemain : Au dieu Germinal, brasserie de Justin Carmus.

     

    D'après « La légende des mois », paru en 1881
    Source : acoeuretacri

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    Les Ninjas. Des Guerriers de l’ombre

     

    Les Ninjas ont-ils existé ? Les bandes dessinées japonaises et notamment les mangas ont remis au goût du jour les Ninjas. Tels qu’ils apparaissent dans les jeux vidéo ou au cinéma, ces guerriers sont dotés de pouvoirs surnaturels et semblent invincibles.


    Cet imaginaire s’alimente autant dans la légende que dans la réalité historique. En effet, dans le Japon tourmenté de la fin de l’ère Heian, des hommes de la région de Kyoto, ont développé des techniques de combat exceptionnelles.
    Les Ninjas font partie intégrante des traditions ancestrales du pays du soleil levant. Auréolés de mystère, les Ninjas ont entretenu la légende en se transmettant dans le plus grand secret leurs techniques de combat.

     

    L’origine des Ninjas

    Les Ninjas apparaissent pour la première fois à la fin de la période Heian, au XIIe siècle. Ces hommes formaient une classe de combattants comparable à celle des Samouraïs.

    A cette époque, des villages se font remarquer par une habilité au combat hors du commun. Leurs origines sont incertaines.


    Peut-être que ces populations étaient originaires de Chine. Certains historiens pensent que les Ninjas descendraient directement du dernier héritier de la dynastie Qin, renversé en 206 avant notre ère.

    Chassées de Chine, ces populations se seraient installées au sud de Kyoto. C’est là que dans l’isolement des montagnes escarpées de l’Iga, elles auraient fondé le clan des Hattori au sein duquel les secrets de l’art ninja se sont transmis de génération en génération.

     

    L’art d’être un Ninja

     

    Dès l’âge de 5 ou 6 ans, les enfants étaient soumis à un entraînement physique et psychologique éprouvant.


    Le jeune Ninja apprenait à maîtriser son corps. Il s’exerçait à l’endurance, devait pouvoir nager en apnée pendant de longues minutes, être agile et rapide.

    Il devait également apprendre à supporter la douleur, le manque de sommeil, la faim et les températures extrêmes.

    L’art de la simulation était une spécialité des Ninjas. Affublés des déguisements les plus variés, ils devaient pouvoir s’introduire chez n’importe quel ennemi.

     

    guerrier ninja

    Un guerrier ninja (Gravure sur bois du 19e siècle)

    De nuit, ils revêtaient un vêtement noir qui est d’ailleurs demeuré leur signe distinctif. Ils utilisaient des armes efficaces.
    Aux sabres et poignards, ils ajoutaient des poisons, des shûko (griffes de fer), des shuriken (étoiles tranchantes à 4, 6, 8 ou 10 pointes).

    Ninja

    Version moderne du Ninja dans les mangas japonais

    Pour escalader murs et pentes, ils utilisaient le shinobi kumade, un outil fait de corde et de bambou, doté d’un fort crochet.
    Enfin, pour couvrir leur éventuelle fuite, ils utilisaient des makibisi, clous à plusieurs pointes qui traversaient les sandales des poursuivants.

    Une fois leur apprentissage achevé, les Ninjas devaient se soumettre à une stricte hiérarchie en trois grades :

    • Les jônin, composés des éléments les plus expérimentés, chargés d’élaborer les plans d’action
    • Les chûnin qui préparaient les interventions
    • Les genin, des exécutants 

    Guerriers ou bandits ?

    Les Ninjas furent tout d’abord utilisés par les Daimyo, les seigneurs, comme espions et assassins.
    Durant l’ère Sengoku (1467-1568), le Japon se divise en clans rivaux et les seigneurs se livrent à des guerres sans merci.
    Dans ces luttes féodales, les Ninjas sont des armes efficaces.

    Leur apparence modeste les distingue des Samouraïs. Contrairement à ces derniers, les Ninjas sont plus utilisés comme espions que comme guerriers.
    Ce sont les agents secrets du Moyen Âge japonais.

    Ninjas

    Aujourd'hui, les ninjas se déclinent aussi en jeux vidéo

    A partir de la fin du XVIe siècle, les guerres féodales s’achèvent. L’ordre étant rétabli, nul n’a plus besoin des Ninjas.
    Ils se font alors brigands et assassins. Ils sont si redoutables qu’en 1581, la région de l’Iga doit être reprise par l’armée.
    Il ne faut pas moins de 46 000 hommes pour venir à bout d’environ 4 000 Ninjas.

    Les Ninjas sont alors anéantis mais ils continuent à alimenter l’imaginaire.

    Un Ninja du XXe siècle

    Iga, berceau des premiers Ninjas, abrite aujourd’hui un musée qui leur est consacré.
    Ce musée a fait d’Hiroo Onoda, second lieutenant de l’armée impériale durant la Seconde Guerre mondiale, l’un de leurs héritiers directs.

    Hiroo Onoda

    Hiroo Onoda

    Envoyé en mission secrète sur l’île de Lupang dans les Philippines en décembre 1944, il y est resté dans l’attente d’un ordre officiel jusqu’en 1974 !
    Pour les admirateurs de l’esprit ninja, cet homme qui maîtrise le ninjutsu, est la parfaite réincarnation du Ninja ancestral ; un agent secret capable de survivre dans des conditions extrêmes et avant tout homme d’honneur.

    V.Battaglia (16.11.2005)

     

    Mythologie et Religion:  Les Ninjas. Des Guerriers de l’ombre

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    Samouraï ou Samurai

     

    Le XIIe siècle est pour le Japon une époque de guerres civiles chroniques. A la faveur de ces troubles, une caste de guerriers voit le jour : le samouraï ou Samurai ou Bushi.
    L’image enjolivée du samouraï est loin de la réalité. Le samouraï est en fait un guerrier sans pitié qui se bat pour l’une des deux grandes familles nobles de l’époque : les Taira et les Minamoto.

     

    Les massacres de Kyoto

    Depuis le dernier quart du XIe siècle environ, désordres, brigandages et guerres privées, sévissent au Japon. L’autorité du pouvoir central s’amenuise.
    Puis, au milieu du XIIe siècle, la lutte pour le pouvoir entre les deux familles Taira et Minamoto s’exacerbe.
    La guerre prend alors une envergure terrible.
    En 1156, elle atteint la capitale Kyoto. Les guerriers à la solde des Taira massacrent tous les habitants et décapitent la plupart des prisonniers.

     

    Massacres de Kyoto

    Scène de bataille entre les deux clans ennemis (Peinture du XIVe siècle, Gêne, musée d'Art Oriental) Licence

     

    En 1192, le chef du clan Minamoto est nommé shogun, c’est-à-dire, dictateur militaire. Il exerce, sans être empereur, le pouvoir absolu. Cette situation dure jusqu’en 1333. Elle correspond à ce qu’on appelle dans l’histoire du Japon, la « période de Kamakura ».

    Au milieu du XIIe siècle, la plupart des guerriers se trouvent ainsi liés aux deux grandes familles. Ce système féodal est fondé sur la loyauté personnelle.
    C’est alors qu’apparaît le guerrier gentilhomme : le samouraï.

     

    Le Samouraï

    Le mot signifie « celui qui sert ». Le samouraï est au service d’un seigneur. Il est uni à ce seigneur par un code qui exige une loyauté absolue.

    Le Bushi combat à cheval, revêtu d’un heaume et d’une armure souple faite d’étroites bandes d’acier liées entre elles par des cordes ou des pinces.

     

    Samourai

    Photographie de Samouraïs prise en 1875 Licence

     

    Seul le samouraï est autorisé à utiliser les armes suprêmes de la guerre. Sur le champ de bataille, il portait le sabre de cavalerie, le Tachi (parfois son katana) et un Tanto. le Katana était un long sabre à deux mains.

    Le wakizashi, un sabre court, était appelé "le gardien de l'honneur du samourai", et était utilisé lors du seppuku. C'est une arme riche de sens et de symboles.

    Le wakisashi était utilisé pendant la « vie civile » lorsque le Bushi ne se battait pas et était la seule arme qu’il gardait à l’intérieur d’une habitation. A l'époque Edo, les Samouraïs, reprenant les traditions des Bushis conservèrent l'utilisation des deux sabres ( Katana et wakisashi) en les associant définitivement sous le nom de Daisho.

    Le samouraï est un guerrier qui combat pour son seigneur, sans qu’aucune morale dictée par une foi puisse mettre une limite aux actes qu’il commet.
    Cette fidélité fanatique se marie avec le goût de la guerre. On lui enseigne de ne pas avoir peur de la mort, afin de se battre de façon optimale, sans que sa survie ne vienne perturber le combat.

     

     Le bushido ou la voie des guerriers

    Le samouraï est soumis au bushido qui exige une dévotion entière à la vie militaire. Ce code fait de la souffrance physique une règle et de la mort au combat en héros le but le plus noble.

    Il a l’obligation absolue de fidélité à ses supérieurs, à l’empereur et surtout au shogun. S’il est fait prisonnier, le samouraï choisit le suicide plutôt que le déshonneur.

    Le rituel du seppuku est connu : le samouraï s’ouvre le ventre puis une personne de confiance, souvent son meilleur ami, lui tranche la tête. Cette personne devait être un sabreur émérite car il ne devait absolument pas rater sa frappe.

    Un samouraï n’a pas le droit de travailler. Il doit se consacrer uniquement à des tâches nobles, c’est-à-dire faire la guerre.

     

    Combat de samouraïs

    Combat de samouraïs (estampe japonaise du XIXe siècle, Paris, Bibliothèque des Arts décoratifs)Licence

     

    Les jeunes samouraïs sont soumis à des épreuves physiques, comme jeûner ou marcher pendant des heures pieds nus dans la neige.

    Au combat, le samouraï emporte souvent la tête de son ennemi. Le Katana est également destiné à ce sinistre usage. Le Samouraï travaillait, et était payé par son seigneur. Mieux il travaillait, mieux il était payé.

    Le fait de trancher la tête d’un ennemi vaincu permettait d'apporter une preuve de victoire à son seigneur, pour justement être payé plus.

    Le masque qu’il porte est censé intimider l’adversaire par des expressions menaçantes.

    Il vit pour la guerre et comme le prescrit le bushido : » un samouraï doit vivre et mourir l’épée à la 
    main ».

    Le pouvoir des samouraïs est resté entier jusqu’en 1600. Puis, les shoguns de la famille des Tokugawa instaurent la paix.
    Les samouraïs perdent alors progressivement leur raison d’être.

    Suite aux nombreuses batailles, les samouraïs sans seigneurs (ou rônins = homme vague) arpentaient les chemins et louaient leurs services au plus offrant. D'autres furent obligés de travailler aux champs ou en tant qu'artisans, dans une extrême pauvreté, tout en gardant tout de même leur statut de samouraï, qui les place dans le japon féodal au dessus des paysans et des marchands.

     

     Complément d'information sur le samouraï (Article de Raphael Faessel)

    A partir des années 300 après J.C., les guerriers devaient, pour le compte de leur clan, faire régner l’ordre sur leurs terres et collecter les impôts.

    Le clan qui reçu impérialement le rôle de la direction militaire du pays fut le clan Mononobe, ayant autorité sur les autres clans. Il instaura une conscription militaire de la population, puis créa ensuite à sa place une caste de guerriers professionnels : les Bushi.

    Ces soldats œuvraient donc à présent pour le compte de leurs clans respectifs et ne furent utilisés que pour combattre d’autres clans en voulant sans cesse étendre leurs territoires.

    La noblesse se raffinant de plus en plus, les guerriers « rustres » furent bientôt pris de haut par la bourgeoisie.

    Les Bushi, frustrés, se rendirent alors compte qu’en fait, ils pourraient facilement prendre le contrôle du pays, ce qui fut évité de justesse en 940. Mais, cette prise de contrôle fonctionna en 1185 lorsque Minamoto no Yoritomo se proclame Shogun, gouverneur militaire du pays. L’empereur n’a plus aucune influence et n’est gardé que par tradition, car venant d’une lignée « divine ».

    Le Shogun a autorité sur les Daimyo, chef de clans, qui eux même ont autorité sur leurs Bushi, ayant autorité sur la population.

    Mais à partir de 1333, les querelles de succession pour le Shogunat perturbent l’ordre et les Daimyo prennent à leur tour le pouvoir, donnant lieu à de longues périodes de guerres civiles entre clans pour étendre leurs terres.

    En 1600, éclate la guerre de Sekigahara, faisant s’affronter les deux plus grands clans ayant pris le dessus ; les Tokugawa et Toyotomi.

    La bataille est gagnée par Tokugawa Ieyasu qui se proclame à son tour Shogun et commence à diriger le pays, à présent unifié. Il désarma alors la population, interdit les armes à feu qui l’avaient fait gagner à Sekigahara et ferma le pays aux étrangers. Une période de paix de plus de 250 ans commença alors: la « Pax Tokugawa ».

    Les Bushi, n’ayant plus de raisons de se battre, deviennent alors des notables dont les taches sont essentiellement administratives au sein de leurs clans.

    Pour que les valeurs militaires perdurent à présent qu’ils ne sont plus des guerriers, un code d’honneur fut créé à leur intention pour les guider sur la meilleure façon d’être Samouraï : le Bushido.

    Toute la population étant désarmée, le Samouraï est le seul à pouvoir porter le Daisho, les deux sabres.

    Mais à la fin du 19e siècle, les bateaux américains du Commodore Perry vont obliger, manu militari, grâce à leurs canons, le Shogunat à réouvrir le pays. Les partisans de l’empereur, aidés par les Américains, vont alors tenter de remettre celui-ci sur le trône en affrontant les partisans du Shogun, aidés eux, et on ne le sait pas assez, par les français ! (Et oui, en fait le personnage incarné par Tom Cruise dans le film « Le dernier Samouraï » est en fait un Capitaine français, Jules Brunet, et non Américain…).

    Le Shogunat est vaincu et l’empereur restauré. La caste des Samouraïs est alors dissoute et le port des sabres interdit.

    V.Battaglia (02.2005). M.à.J Raphael Faessel 05.2008

     

     

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    Société secrète des hommes-léopards
     

    L’Afrique noire a toujours regorgé de sociétés secrètes. Parmi les plus célèbres, celle des hommes-léopards a fait régner la terreur de Guinée jusqu’à l’ex-Congo belge.

     

     

     Une vague de crimes sanglants

     

    De 1933 à 1934, l’administration coloniale du Congo alors belge enquêta sur une série impressionnante de morts suspectes.
    Les cadavres, du moins ceux que l’on retrouvait, présentaient tous de profondes blessures à la gorge et, sur le reste du corps, de sillons sanglants.
    Ces blessures donnaient à penser que le meurtre était l’œuvre d’un fauve. Les empreintes repérées au sol, autour des victimes, tendaient à corroborer cette hypothèse.

    Mais, un examen plus approfondi révéla bientôt que tous ces crimes avaient été perpétrés par de faux félins. C’était l’œuvre des hommes-léopards.

    Ce n’était pas la première fois que des assassinats camouflés de la sorte étaient commis. Mais, durant ces deux années, ils atteignirent dans cette région des proportions incroyables. Plusieurs centaines de corps lacérés et atrocement mutilés seront retrouvés.

    Les populations locales refusent de collaborer avec les autorités coloniales de crainte de représailles.

     

     

    Mythologie et Religion:  Société secrète des hommes-léopards

     

    Dès 1921, des rapports de police avaient été rédigés sur des meurtres mystérieux perpétrés par les Wahokohoko ou hommes-léopards.

    Après de longs mois d’efforts, des suspects sont arrêtés et pendus en place publique.

     

     Initiation des hommes-léopards

    Les massacres de 1933-1934 sont liés à la rivalité entre deux populations : les Bapakombe et les Wanande.
    Les premiers reprochaient aux seconds d’envahir leur territoire.

     

     

    Mythologie et Religion:  Société secrète des hommes-léopards

     

     

    Cette société criminelle tire ses origines d’une secte initiatique existant dans un grand nombre de tribus vivant entre le Congo-Zaïre et la Guinée.

    Ce n’était pas de manière délibérée que les jeunes hommes entraient dans la secte. Ils étaient désignés par les anciens et ne pouvaient se soustraire à leur ordre.
    Leur initiation commençait juste après la circoncision. Ils devaient alors abandonner leur famille et se rendre dans un endroit isolé, forêt ou îlot.

    Là, pendant de longs mois, le néophyte était soumis à des épreuves très pénibles comme porter un tronc d’arbre d’un poids égal à celui d’un homme adulte et à courir avec ce fardeau. Il s’agissait en fait d’acquérir la souplesse et la vigueur d’une panthère quand elle transporte une grosse proie.

     

    L’exercice était non seulement harassant mais aussi très dangereux. Pendant que le jeune garçon se livrait à l’exercice, les autres lançaient des javelots comme ils l’auraient fait sur un fauve en fuite.
    Si le candidat était blessé ou tué, nul ne s’en souciait. Cela prouvait simplement qu’il n’était pas digne de devenir un homme-léopard.

    Si le candidat réussissait toutes les épreuves, on lui apprenait alors à imiter parfaitement les cris des félins et à sa servir de ses armes d’assassin.

     

     Vengeance et crime

     

    Les armes de l’homme-léopard étaient un couteau à forme spéciale et une petite fourche métallique imitant les griffes acérées d’une patte de panthère.
    Pour commettre un crime, il mettait un masque, se peignait le corps ou revêtait une peau de panthère.

     

    Il ne choisissait pas sa victime. Les anciens la lui désignaient. Très souvent, c’était un proche parent qui servait de première victime. Ce test monstrueux permettait de juger de la valeur de l’initié.

    Au bout de quelques années, ils étaient conditionnés à commettre les pires atrocités.

     

     Un pouvoir politique

    Dans l’Afrique précoloniale, les sociétés secrètes criminelles sont nombreuses : hommes-lions, hommes-caïmans, hommes-léopards….

    Ces sectes jouaient le rôle de structures judiciaires aux mains des chefs et des sorciers. Tous les différends se réglaient par leur intermédiaire.

    La pratique de la vengeance rituelle a duré officiellement jusqu’au début des années 1950. Mais, des faits similaires ont été rapportés en 1964 dans une région du Congo-Brazzaville.

    Les Bayakas, une ethnie qui vit dans la forêt, croient que l’être humain est constitué d’un corps, d’une âme et d’un double, c’est-à-dire d’un esprit. Celui-ci survit à la mort du corps et de l’âme et peut aller habiter n’importe quelle autre créature vivante.

    Mais, lorsqu’il veut se venger, c’est en général la forme d’une panthère qu’il revêt. On comprend comment les sociétés secrètes à vocation criminelle ont su profiter de ces croyances.

    Ces mêmes sociétés avaient un fétiche redoutable : une marmite, qu’ils appelaient également panthère.
    La marmite contenait des feuilles imbibées de sang des victimes humaines qu’on y avait fait cuire pour les manger. Et la marmite était sensée posséder des pouvoirs magiques. Chaque chef d’un groupe d’hommes-léopards en possédait une et veillait à accroître régulièrement la prétendue puissance de son fétiche.
    Chaque nouvel initié ne pouvait voir cette marmite qu’en échange d’une victime. On peut dire sans mauvais humour que pour être membre à part entière, il fallait « faire bouillir la marmite ».
    Une chose est sure, le sacrifice humain n’est pas une légende. Le pauvre malheureux était ligoté puis on lui tranchait la gorge. Le sang était recueilli dans la marmite et distribué à l’assistance.
    La cérémonie se terminait par un festin au cours duquel on dévorait à moitié cuits, la langue, le cœur, le foie, les poumons et le bras droit su supplicié.

     

    Accessoires de l'homme-léopard: une cagoule en écorce battue et peinte, un bâton à empreinte de panthère

    Comme chez toutes les civilisations qui ont pratiqué le sacrifice rituel, l’offrande d’une vie humaine constitue à la fois un acte d’humilité envers les puissances occultes, et un moyen, pour les sacrificateurs, de se purifier tout en acquérant une force nouvelle.

    La totalité des sociétés secrètes d’hommes-léopards qui ont sévi en Afrique reposaient sur ces bases magico-religieuses.

    La colonisation n’a fait que renforcer leur pouvoir. Ils devinrent les suppôts du pouvoir coutumier face à l’autorité des Blancs, ignorants des traditions locales.

    Peu à peu, ces sociétés secrètes se sont transformées en organisations destinées à faire régner la terreur politique.
    Le message était clair : »la vraie autorité demeurait celle des Noirs ».

    Ce n’est pas un hasard si certains révolutionnaires américains, en lutte contre la ségrégation raciale et l’hégémonie « blanche » qui règne aux Etats-Unis, ont choisi pour emblème la « black panther » (panthère noire).

    Les animaux sauvages se trouvent souvent impliqués dans de sordides affaires qui ne concernent que les hommes.

    V.B (03.01.2006)

     

     

    Mythologie et Religion:  Société secrète des hommes-léopards

     

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    Les Thugs. La secte de Kali
     
     

    La secte des Thugs a fait régner la terreur dans les Indes britanniques. Etrangleurs sournois, les Thugs vénéraient la déesse noire de la destruction, Kali.


    Entre légende et réalité, cette secte a fait couler plus d’encre que de sang.

     

     

     Les Thugs au cinéma

    C’est Steven Spielberg qui a fait découvrir au grand public cette secte sanguinaire grâce à son célèbre film « Indiana Jones et le Temple Maudit » en 1984.
    Dans cette production, typiquement hollywoodienne, les Thugs sont présentés comme des sorciers aux pouvoirs surnaturels.

     

    Cérémonie de magie noire (Indiana Jones et le Temple Maudit)

     

    Revue par le cinéaste, la secte pratique la magie noire et organise des sacrifices humains. Cette vision est très éloignée de la réalité.

    Le contexte du film, est lui, tout à fait réel. En effet, les Thugs ont surtout sévi pendant l’occupation britannique, jusqu’à leur anéantissement par la puissance coloniale.

     

     Les origines des Thugs

    L’histoire de cette secte remonte au XIIIe siècle, époque à laquelle apparaît la première mention de leur existence.
    Le terme « Thug » dérive d’une racine sanskrite signifiant « tromper », « dérober ».

    Ils ont la réputation d’être de redoutables assassins mais également d’adroits voleurs. Ils utilisent notamment un lacet à nœud coulant qu’ils jettent sans jamais échouer au cou de leurs victimes.

    Les Thugs appartenaient à une secte qui vénéraient la déesse Kali, épouse de Shiva et « dévoratrice du temps ».

     

     Kali, la déesse noire

    Selon les Thugs, Kali aurait un jour livré combat contre un démon redoutable. Elle l’aurait coupé en deux avec une épée. Mais, chaque goutte de son sang aurait donné naissance à un nouvel ennemi.
    Quand Kali s’en avisa, elle créa les Thugs à partir de perles de sueur.

    La déesse noire vue par S.Spielberg (Indiana Jones et le Temple Maudit)

     

    Afin qu’ils ne répètent pas son erreur, elle leur commanda d’étrangler les démons sans verser leur sang.

    C’est ainsi que, aidée des Thugs, elle triompha de l’armée des ténèbres. Au terme de cette lutte, elle pria ses nouveaux serviteurs de poursuivre sur terre son œuvre de destruction.

     

    Kali (Miniature indienne du XVIe siècle)

    Kali est la divinité la plus crainte du panthéon indien.

     

     Les crimes des Thugs

    C’est au XIXe siècle, alors que l’Inde est sous l’emprise britannique, que les agissements des Thugs obtiennent un écho, en métropole notamment.

    Le public est fasciné et horrifié d’entendre les récits de meurtres barbares commis par cette secte.

    Des Thugs arrêtés ont témoigné de leurs véritables agissements.

    Ni sorcier, ni magicien, ce ne sont que de vulgaires criminels. Ils se rassemblent en bandes, plusieurs fois par an, et se font passer pour des marchands ou des pèlerins, afin de se joindre aux caravanes.

    Au bon moment, ils étranglent leurs victimes à l’aide du roomal (morceau de tissu à nœud coulant).
    Ils les dépouillent ensuite en l’honneur de Kali, qu’ils invoquent au moment du meurtre.

    Leurs crimes sont suivis de cérémonies appelées « tuponee », pendant lesquels ils mangent du sucre brun, en priant Kali, et parfois en lui sacrifiant un mouton.

    Cérémonie des Thugs devant Kali (Indiana Jones et le Temple Maudit)

     

    En général, ils font disparaître toutes traces des victimes en les mutilant sauvagement avec leurs machettes avant de les enterrer.
    Les Thugs ne s’attaquent qu’aux hommes, jamais aux femmes, ni aux enfants. Ils évitent également soigneusement les britanniques, de peur des représailles.

    Devenir Thug impose une initiation. La cérémonie débute par des ablutions purificatrices. On confie au novice le roomal et la machette. Le prêtre de Kali implore la déesse d’accueillir le nouveau fidèle en lui faisant un signe.
    Le cri d’un animal ou le vol d’un oiseau suffit à manifester son consentement.

    Le jeune Thug sert tout d’abord comme auxiliaire c’est-à-dire qu’il guette et immobilise les victimes. Une fois confirmé, on lui confie la tâche de les assassiner lui-même.

     

     La fin des Thugs

    C’est un Anglais qui a mis fin aux agissements des Thugs en 1828. Le colonel W.Sleeman est alors nommé administrateur du district de Jabalpur, en Inde centrale.
    Il pense que cette secte est répandue dans toute l’Inde et qu’elle est responsable de toutes les disparitions qui lui sont rapportées.

    Sleeman se lance alors dans une gigantesque opération policière : arrestation, emprisonnements et aveux se succèdent.

    Les Thugs sont tous condamnés à mort. Peu à peu, les bastions du thuggisme tombent les uns après les autres.

    En 1853, la secte criminelle est officiellement anéantie.

    V.Battaglia (15.11.2005)

     

     

    Mythologie et Religion:  Les Thugs. La secte de Kali

     

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