• Nature en Images 3: Parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne: une île à soi

     

    Parc national des Îles-de-la-Baie-

    Georgienne: une île à soi

     

    Nature en Images 3:  Parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne: une île à soi

    Les paysages du parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne invitent au calme et au recueillement.

    PHOTO VIOLAINE BALLIVY, LA PRESSE

     
     
     
     

    Le Québec a la rivière des Mille Îles. L'Ontario a la baie aux 30 000 îles, la baie Georgienne, si belle que ses paysages ont inspiré l'un des groupes de peintres les plus mythiques du pays. Pour conclure notre série sur les parcs nationaux du Canada, nous vous convions à un périple en territoire d'exception: le parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne.

     

    Terre de légendes

    C'est une terre chargée d'histoire. Une terre épargnée par le passage des voitures. Une île que les Britanniques auront échoué à baptiser d'un nom anglais. Une île qui s'offre tout entière à visiter: bienvenue dans l'île Beausoleil du parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne.

     

    Île Beausoleil, Ontario 

    Bateau

    Le vent souffle fort. Des vagues claquent sur la coque du Day Tripper en faisant un bruit sourd, peu à peu couvert par celui du moteur qui accélère doucement pour vaincre la houle. Le voyage dans le parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne commence bien avant d'y mettre les pieds, au quai de Honey Harbour où l'on prendra un bateau jusqu'à l'île Beausoleil, qui accapare l'essentiel du territoire du parc; une île où il n'y a donc pas de voitures, seulement des vélos et quelques véhicules électriques pour l'entretien des installations. Y aller, c'est avoir une île entière toute à soi, presque coupée du reste du monde, et c'est un peu magique.

    Cimetière

    L'île Beausoleil n'héberge pas qu'un parc national: c'est aussi un site historique où l'on a retrouvé des traces d'occupation humaine remontant à plus de 5000 ans. Les Anishinaabeg venaient s'abriter ici pendant les jours de tempête, puis ils s'y sont établis de façon plus saisonnière et, enfin, permanente quand sera créée ici l'une des premières réserves autochtones du pays. Avec peu de succès, car l'île est aussi belle que peu fertile, sablonneuse au sud, granitique au nord. Les Autochtones viendront tout de même enterrer leurs morts longtemps après avoir quitté l'île. Leur cimetière est désormais protégé et le souvenir de leur passage, préservé.

    Plages

    Les temps changent dans la baie Georgienne. Si, il y a quatre ans, on y allait pour ses plages de sable fin et que les écologistes s'inquiétaient de la baisse du niveau de l'eau, la situation s'est complètement renversée depuis 2015. Le niveau de l'eau est plus haut que jamais, et plusieurs plages ont fondu comme neige au soleil, ne laissant aux vacanciers qu'une mince bande propice aux concours de châteaux de sable. Les jours de grand vent - comme lors de notre passage -, l'eau gagne encore plus de terrain, et les bateaux doivent accoster à un autre quai. «C'est un cycle naturel», explique Jacques Brunet, guide au parc. Dommage? Oui, si on est mordu de plages. Mais pour lézarder au soleil, on aime tout autant les grands rochers plats du nord de l'île.

     

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    PHOTO FLICKR

    Beausoleil

    Quand le soleil s'est levé à 6 h sur la baie Georgienne, teintant d'or et de rose tout ce qu'il embrasait sur son passage, on n'a pu que conclure que cette île, Beausoleil, était drôlement bien baptisée. Même si son nom n'a rien à voir avec l'astre et qu'il témoigne plutôt du passage marquant des colons français dans la région. En 1819 habitait sur la pointe sud de l'île un certain Louis Beausoleil, trappeur connu de tous, si bien qu'on disait à l'époque: «C'est l'île à Beausoleil.» Les Anglais ont bien essayé d'en changer le nom pour honorer la couronne britannique. En vain. La population n'a jamais accepté, et Beausoleil a eu le dessus.

    Homme

    L'idée de créer un parc dans la baie Georgienne a germé à la fin du XIXe siècle, pour contrer la privatisation galopante des îles et s'assurer d'y conserver un accès public. Le parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne en compte 63, dont la plus grande est, de loin, l'île Beausoleil, longue de 8 km. C'est l'un des plus petits parcs du réseau, mais sa diversité est impressionnante: en moins de temps qu'il n'en faut pour aller de Montréal à Laval, on passe d'une forêt boréale mature à un paysage typique du bouclier canadien: caps de granit, lichens argentés et ces fameux pins blancs balayés par les vents, tant aimés des peintres pour leur allure à la fois si forte et si fragile. La portion nord de l'île est d'une beauté exceptionnelle.

    Légendes

    Regardez la forme de l'île Beausoleil: avec un peu d'imagination, et des yeux d'enfant, on découvrira que sa silhouette ressemble beaucoup à celle d'un lézard géant. Une légende autochtone veut que cette terre soit en fait la dépouille d'un méchant monstre, tué lors d'un duel avec l'un des dieux protecteurs des Anishinaabeg après qu'il eut tenté d'enlever une enfant chérie de la nation. La région regorge de ce genre de contes autochtones qu'il faut absolument prendre la peine de découvrir, ici, partie de notre histoire peu connue, souvent oubliée. Des panneaux explicatifs se chargent d'en garder vivant le souvenir, tout le long des sentiers de randonnée. Celui menant à Fairy Lake, où le duel de géants aurait eu lieu, est d'ailleurs l'un des plus beaux de l'île.

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    Une partie des frais d'hébergement de ce reportage a été payée par Parcs Canada.

     

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    PHOTO VIOLAINE BALLIVY, LA PRESSE

     

    Planifier sa visite

    Le parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne est parmi les moins vastes des parcs canadiens et reçoit moins de 40 000 visiteurs chaque année. Il a pourtant plus d'un atout pour justifier une visite. Voici comment bien la planifier.

    Dormir

    La mode du «prêt-à-camper» n'a pas épargné ce parc national, qui propose désormais plusieurs variations sur ce thème, incluant une dizaine de jolis chalets avec eau courante et électricité où il suffit d'emporter sa literie (réservez dès le mois de mars!). Plusieurs installations du parc ont aussi profité d'une cure de jouvence ces dernières années, dont les blocs sanitaires. Une centaine d'emplacements sont aussi proposés aux adeptes de camping sauvage.

    Y aller

    Quelque 600 km séparent Montréal de Honey Harbour: on ira pour quelques jours au moins, pourquoi pas en jumelant la destination avec une escapade à Toronto ou à Port Severn? Prévoyez de dormir la veille dans la bourgade de Midland, à une trentaine de minutes de voiture, pour attraper le bateau qui vous mènera dans l'île en matinée.

    Manger

    Cela surprend, mais il n'y a aucun point de ravitaillement dans le parc national, à l'exception d'une machine à café dans le bureau d'accueil. Il faut donc prévoir toute la nourriture pour le séjour, pour ne pas être pris au dépourvu. Pensez à faire des provisions dans les supermarchés de Midland et à l'excellente boulangerie-traiteur Ciboulette et cie. L'offre est beaucoup plus limitée à Honey Harbour.

    http://www.cibouletteetcie.ca

    À faire

    On peut louer des vélos de montagne dans le parc pour explorer l'île plus rapidement - ou encore emporter les siens si l'on vient avec un bateau-taxi (comptez 60 $ par trajet, pour un maximum de 6 à 8 passagers). On y trouvera aussi son bonheur pour de courtes randonnées, sans grandes difficultés, idéales pour les familles avec de jeunes enfants.

    Faune

    Des ours circulent parfois dans l'île, même s'ils n'y demeurent pas en permanence. «On en voit toutes les deux semaines environ, observe Jacques Brunet. Il ne faut pas en avoir peur, et rester calme.» Les probabilités sont nettement plus élevées de croiser un serpent à sonnette (on a vu notre premier moins de trois heures après avoir mis les pieds dans l'île!), mais les risques de morsure sont faibles, et on ne recense que deux décès depuis les 50 dernières années chez des victimes qui n'avaient pas reçu les soins nécessaires.

     

    Nature en Images 3:  Parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne: une île à soi


    The Jack Pine (1916-1917), du peintre canadien Tom Thomson dont l'oeuvre a inspiré le Groupe des sept.

    PHOTO MUSÉE DES BEAUX-ARTS DU CANADA, IMAGE TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

     

    Le Groupe des sept

    La baie Georgienne fait partie de ces lieux si beaux, si magnifiques, qu'elle a inspiré l'un des groupes de peintres les plus marquants de l'histoire canadienne: le Groupe des sept.

    Moins connu au Québec qu'au Canada anglais, ce groupe est devenu célèbre au tout début du XXe siècle pour ses représentations des paysages du nord de l'Ontario, magnifiant le Bouclier canadien, les lacs immenses et les forêts boréales parées d'orange à l'automne.

    «À cette époque, on est encore en train de construire l'identité canadienne, le pays n'a pas 50 ans! Ces peintres cherchent ce qui distingue le Canada et se penchent sur la proximité avec le territoire, s'immergent dans la nature», explique Louise Vigneault, professeure d'histoire de l'art à l'Université de Montréal qui a consacré un livre* à l'un des membres officieux du groupe (Tom Thomson, mort avant sa création officielle).

    Ils peignent alors une nature vierge, dénuée de présence humaine, moins réaliste et plus stylisée que ne le faisaient leurs prédécesseurs, avec des couleurs vives et épaisses.

    «Ce sont eux qui ont donné la première image d'un art moderne à la fois crédible et particulier», note Louise Vigneault.

    Le Groupe des sept n'a jamais officiellement séjourné dans le parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne. «Mais on sait qu'ils allaient dans un chalet situé à 3 km au nord de l'île Beausoleil, note Jacques Brunet, guide dans ce parc. Les paysages qu'ils ont vus là-bas sont les mêmes qu'ici.» Dans la portion nord du parc, on reconnaît de fait les mêmes pins blancs inclinés, balayés par le vent, que Tom Thomson peignait avec tant de brio, ou encore ceux de Frederick Horsman (Fred H.) Varley, dont l'une des toiles est exposée au bureau d'accueil du parc.

    «Ils ont créé une image plus apaisante de la nature, nous ont aidé à développer une autre relation avec elle que celle que nos ancêtres avaient, note Louise Vigneault. Ils nous disaient d'arrêter d'avoir peur de la nature et de l'exploiter, c'était très avant-gardiste. Étudier leur travail a changé ma façon de voir la nature, j'ai eu envie d'en profiter davantage au-delà de l'été. Ils ont raison: c'est à nous, cette beauté, il faut en profiter.» Idéalement, on prendra donc le temps, avant d'aller dans le parc, de regarder quelques toiles du Groupe des sept pour retrouver ce même état d'éblouissement.

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    * Espace artistique et modèle pionnier: Tom Thomson et Jean-Paul Riopelle, de Louise Vigneault, éditions Hurtubise, 400 pages, 36,95 $

     

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    Par national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton.

    PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK

     

    D'autres parcs à voir en automne

    L'automne est une saison bénie pour parcourir les parcs nationaux du pays. Les foules se font plus rares, le soleil est encore chaud... et les paysages s'enflamment. Voici sept autres parcs à visiter avant l'hiver.

     

    Parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton, Nouvelle-Écosse

    On dit du parc des Hautes-Terres-du-Cap-Breton qu'il s'agit de l'un des endroits les plus fascinants du Canada: ici se rencontrent la mer et la montagne, créant un ruban de falaises long de quelque 100 km, à explorer en partie à pied, en empruntant l'un des 26 sentiers de randonnée qui y ont été tracés. On y découvrira trois types d'écosystèmes: la forêt acadienne, la forêt boréale et la taïga.

     

    Parc national des Glaciers, Colombie-Britannique

    Deuxième parc national créé au pays (après celui de Banff), le parc national des Glaciers protège le territoire des plus hauts sommets de la chaîne de montagnes du sud-est de la Colombie-Britannique. On y va pour faire de la haute montagne, la vraie, la dure, ou encore en famille, pour admirer les forêts de pruches et de cèdres géants, dont certains ont plus de 350 ans!

     

    Parc national Fundy, Nouveau-Brunswick

    Les marées de la baie de Fundy figurent parmi les plus hautes jamais enregistrées sur la planète, transformant chaque heure du jour le paysage qu'on y admire, l'eau recouvrant puis découvrant un large ruban de marais salins. L'automne, on ira pour la randonnée, le canoë et le camping ou le festival du vélo (du 6 au 8 octobre).

     

    Parc national Pukaskwa, Ontario

    Situé sur les rives du lac Supérieur, le parc de Pukaskwa héberge l'une des rares hardes de caribous des bois du pays. Pour les sportifs plus accomplis et amateurs d'aventure, on propose dans le parc deux excursions d'une semaine dans l'arrière-pays, en territoires sauvages et reculés.

     

    Parc national et lieu historique national Kejimkujik, Nouvelle-Écosse

    La présence humaine dans la région de Kejimkujik, en Nouvelle-Écosse, remonte à plus de 4000 ans. Les archéologues ont de fait découvert, ici, quelque 500 pétrographes (des gravures rupestres réalisées par le peuple mi'kmaq) qui constituent l'une des plus importantes collections du genre en Amérique du Nord, à découvrir lors d'une visite guidée dans le parc.

     

    Parc national de la Péninsule-Bruce, Ontario

    Ce parc a quelque chose de mythique pour les amateurs de randonnée: c'est ici que l'on a créé le tout premier sentier de longue randonnée du pays. Mais avec ses eaux turquoise, d'une clarté exceptionnelle - la zone est l'un des plus vastes milieux sauvages encore intacts du sud de l'Ontario -, c'est aussi un paradis pour les amateurs de plongée. Très (trop?) achalandé l'été, on le découvrira avec plus de plaisir à l'automne.

     

    Parc national Kootenay, Colombie-Britannique et Alberta

    Le parc Kootenay a été fondé en 1920 dans le cadre d'une entente sur la construction d'une route sillonnant les Rocheuses: il est ainsi traversé par une route panoramique de 94 km, que l'on parcourra en écoutant les récits de guides du parc sur la nouvelle application Explora. Prévoyez aussi un arrêt dans les sources thermales naturelles du parc, dont l'eau se maintient entre 37 et 40 °C.

     

    Parc national du Gros-Morne, Terre-Neuve-et-Labrador

    Gros-Morne est l'un des rares endroits au monde où affleurent les roches du manteau terrestre (les Tableslands), une particularité qui lui a valu d'être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. On ne manquera pas de grimper au sommet du mont Gros-Morne, deuxième pic en hauteur de Terre-Neuve, dont le nom signifie «arrondie et isolée», ce qui lui sied totalement.

     

    Parc national du Mont-Revelstoke, Colombie-Britannique

    Ce parc de la Colombie-Britannique accueille l'unique forêt pluviale de cèdres intérieure de la planète, une forêt digne des livres de contes pour enfants, où les arbres géants ont parfois plus de 500 ans! Le sommet qui a donné son nom au parc est - fait rare au Canada - aussi accessible en voiture en empruntant la promenade des Prés-dans-le-Ciel, une route sinueuse qui franchit en 26 km et 20 lacets les 2000 m de dénivelé entre le lac Balsam et le pic Revelstoke. Une destination idéale, donc, en famille.

     

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