• Patrimoine français - 2: Que faire à Basse-Terre, en Guadeloupe ?

     

     

    Que faire à Basse-Terre, en Guadeloupe ?

     

    Par Philippe Bourget
     
     

    L’île volcanique de la Guadeloupe a plus d’un tour dans son sac ! Moins prisée que Grande-Terre pour les séjours balnéaires – sauf Deshaies -, elle offre pourtant des spots côtiers de premier rang, ainsi que des activités outdoor inédites. Cascades, canyoning, randonnées, plongée, route d’altitude, villages et sites touristiques… son relief montagneux et sous-marin livre un arsenal de visites magistrales.

     

    Une cascade, des chutes d’eau !

     

    Cascade de Basse-Terre, en Guadeloupe
     
     

    Lorsque la chaleur tropicale devient trop pesante, il existe une solution en Guadeloupe : s’échapper dans les hauts de Basse-Terre, à la recherche des cascades et rivières les plus rafraîchissantes.

     

    Les Chutes du Carbet

    Les Chutes du Carbet sont les plus connues. Elles sont au nombre de trois. La première exige une éprouvante marche en montagne et la troisième est devenue inaccessible, à la suite d’éboulements. Reste la seconde, qui conserve tous ses attributs. Perdue dans la forêt, elle est diablement spectaculaire. L’idéal est de s’y rendre à l’heure où les visiteurs repartent. C'est-à-dire dans cet intervalle entre chien et loup où le jour déclinant est rapidement pris en otage par la nuit tropicale. Cela se joue entre 17h30 et 18h30. Une fois grimpés en voiture les quelques kilomètres de route rejoignant le parking de la seconde chute, il reste encore 15 à 20 mn de marche. A cette heure déjà tardive, le sentier est plutôt désert. Bien aménagés sous la frondaison, escaliers, passerelles et pont conduisent jusqu’à trente mètres environ du pied de la cascade et de son bassin, qui surgissent soudain au milieu de la sylve. Vous voilà seuls au monde et admiratifs de cette nature tropicale exubérante qui fait le charme des Antilles.

     

    La Cascade aux Écrevisses

    Plus familiale est la Cascade aux Écrevisses. Vous ne risquez pas de la manquer. Par la Route de la Traversée, qui coupe Basse-Terre d’est en ouest par la montagne (voir plus loin), on y tombe presque dessus… enfin, sur le parking très encombré qui la dessert. Le week-end, c’est l’affluence : les familles guadeloupéennes viennent s’y rafraichir et « déjeuner sur l’herbe ». 5 mn de marche depuis la route suffisent à rejoindre cette petite cascade agréable et son bassin, dont les abords sont envahis de baigneurs.

     

    La rivière d'Acomat

    Vous aimez les environnements plus sauvages ? Cap sur Mahaut et la rivière d’Acomat. Depuis la côte, une route pentue grimpe dans la montagne. 3 à 4 km plus haut et l’on se gare comme on peut, au bord d’un chemin. Reste à dévaler un raide sentier le long d’un petit torrent pour rejoindre le lit de la rivière. Sur la gauche, des rochers lisses, une vasque bleue et une cascade en forme de toboggan : le site est splendide. Vous n’y serez pas seuls mais un peu plus à l’aise qu’à la Cascade aux Ecrevisses. Basse-Terre recèle bien d’autres chutes d’eau. Le Parc national de Guadeloupe saura vous indiquer les plus spectaculaires, tels le Saut de la Lézarde.

     

    De glissades en rappels, cap sur le canyoning

    Avec ses nombreux torrents de montagne, Basse-Terre se prête à la pratique de cette discipline. Rigoureusement encadrée, elle n’est pas autorisée sur toutes les rivières mais il en reste suffisamment pour passer une demi-journée vivifiante en famille ou en tribu. C’est le cas de la rivière Bourceau, à Bouillante. Dévalant des contreforts des montagnes de Basse-Terre, ce petit cours d’eau sauvage se mérite. En véhicule, avec le prestataire spécialisé, il faut d’abord grimper dans les hauts du hameau de Pigeon, puis marcher dans la forêt humide durant une dizaine de minutes. Vous croyez pouvoir vous mettre à l’eau sur le champ ? Impossible, il faut d’abord dévaler en rappel une « falaise » d’une vingtaine de mètres ! Première épreuve…

     

    Canyoning sur les rivières de Basse-Terre, en Guadeloupe
     
     

    Une fois dans le lit de la rivière, les obstacles s’enchainent : petite glissade en toboggan (facile), nouveau rappel dans une cascade (éclaboussant !), premier saut de 3 à 4 m (sans souci)… jusqu’au Graal de la descente : un saut de 8 m dans une profonde vasque. La « planche d’élan » est une vire rocheuse que l’on rejoint encordé et un peu tremblant. C’est l’heure de décrocher son dernier mousqueton… Ira, ira pas ? Ira ! Le saut est long, très long… avant de traverser pieds en avant le miroir d’eau et remonter à la surface, oreilles sifflantes, essoufflé mais soulagé. Ca, c’est fait ! Reste alors à profiter du paysage, 100% végétal. On est ici au cœur de la forêt tropicale, les plages et les foules sont décidément très loin. Plus bas, un rocher ruisselant d’eau fraîche permet d’étancher sa soif. Toujours casqué et en combinaison, vient l’heure de la remontée. Elle s’effectue par un torrent adjacent, à l’aide de cordes. Une courte randonnée tonique, bonne pour le cœur ! Ainsi s’achève une expérience qui dévoile la grande nature exubérante de Basse-Terre.

     

    Gravir la Soufrière, un symbole

    Pour les randonneurs invétérés, c’est un objectif. Plus haut sommet des Petites Antilles, La Soufrière, à 1 467 m d’altitude, domine le paysage de Basse-Terre. Enfin… elle le domine lorsque les conditions météorologiques sont favorables, car le sommet est le plus souvent encapuchonné de nuages. Il n’empêche que le sentier d’accès reste un itinéraire très prisé. Pour le rejoindre, il faut grimper en voiture jusqu’au village de Saint-Claude, puis poursuivre vers Morne Houël, par la D11. Passée l’aire de pique-nique de Beausoleil, la route continue jusqu’au parking des Bains Jaunes. Arrêt obligatoire, la route menant plus haut à La Savane à Mulets étant fermée depuis le séisme de 2004.

     

    Le volcan de la Soufrière à Basse-Terre, en Guadeloupe
     
     

    Le parcours pédestre commence, un aller-retour qui prendra environ 4h30 à 5h, avec un dénivelé positif de 513 m. En milieu tropical, cette randonnée est considérée comme « difficile » pour les marcheurs peu ou moyennement entrainés. Au long de l’itinéraire, il faut suivre le balisage jaune, agrémenté de panneaux d’information disposés par le Parc national de Guadeloupe. Depuis le parking, par le Sentier du Roy (pavé), on rejoint La Savane à Mulets, au pied du volcan. Le sentier devient dès lors caillouteux, au milieu d’une végétation plus rase. Il se raidit encore à la Grande Faille, ultime effort pour gagner le plateau et le sommet « La Découverte », où se trouve un abri. Ici, pas de cratère gigantesque comme sur d’autres volcans. En revanche, les fumerolles sont d’autant plus nombreuses que la Soufrière présente des signes d’augmentation d’activité volcanique depuis 2018. Ainsi, un nouveau périmètre de sécurité a été mis en place (barrières) pour rester à l’écart d’émanations soufrées pouvant être toxiques. Cette randonnée est à privilégier par beau temps et tôt le matin, histoire d’avoir une chance, une fois au sommet, de profiter de la vue exceptionnelle sur tout l’archipel.

     

    Plonger à Malendure, sur les traces de Cousteau

    Attention, site mythique ! Depuis que le Commandant Cousteau y est venu dans les années soixante, déclarant que le site devait être protégé, il a pris abusivement le nom de « Réserve Cousteau ». C’est en réalité une réserve naturelle marine, intégrée au Parc national de Guadeloupe. Elle est composée de l’îlet Pigeon et de 1 000 ha de fonds sous-marins, riches de quelques coraux mais surtout de poissons multicolores et de tortues. Un lieu idéal pour un baptême de plongée, les fonds étant facilement accessibles.

     

    La plage de Malendure, à Bouillante, en Guadeloupe
     
     

    À Malendure, plage de sable noir située sur la commune de Bouillante, la plongée règne en maître, le nombre de clubs est là pour le prouver. Parmi eux, Les Heures Saines, sur le rocher de Malendure, est l’un des plus anciens et réputés. Après une séance d’équipement (combinaison, palmes, masque…), cap sur l’îlet en bateau. Bouteilles sur le dos et dernière recommandations écoutées, il est temps de basculer dans l’eau, histoire de tester la respiration dans son détendeur. Ce n’est pas si difficile, il suffit d’inspirer avec calme. Un moniteur vous guide dans la descente, c’est l’heure d’équilibrer la pression dans ses oreilles, en se pinçant le nez. Après quelques hésitations, on trouve assez facilement une posture qui permet, enfin, de profiter du spectacle. Dans une eau claire et dès les premiers mètres, vous pourrez apercevoir quantité de poissons arc en ciel, des coraux et même… le buste du Commandant Cousteau, immergé par 12 m de fond. Plusieurs sites autour de l’îlet garantissent des plongées de tous niveaux. Revenu au club, il sera temps de récupérer votre certificat de baptême. Vous l’aurez obtenu dans l’un des sites les plus réputés des Antilles, ce n’est pas rien !

     

    Visiter les villages créoles

    Saint-Rose

    Tout au long des côtes de Basse-Terre (et parfois même à l’intérieur des terres), s’égrènent des villages où le temps semble s’être figé dans la torpeur tropicale. Au nord-est, Sainte-Rose en fait partie. Ce n’est pas le village le plus touristique de Guadeloupe mais il conserve une double vocation maritime et agricole. Le Grand-Cul-de-Sac marin qui lui fait face, vaste lagon à mangrove, est l’occasion de balades environnementales en bateau. Dans les hauteurs, la canne à sucre est reine et des distilleries de rhum se visitent. Au nord-ouest, voici Deshaies. Le village aligne ses maisons colorées le long de la mer des Caraïbes. Petit port de pêche tourné vers l’île de Montserrat, c’est aussi une terre agricole où pousse vanille, café et cacao. Allez-y au coucher du soleil, quand les derniers rayons embrasent la côte.

     

    Vieux-Fort

    En descendant la côte ouest jusqu’à l’extrême sud, la route bute sur Vieux-Fort. Le bout du monde ! Face à l’archipel des Saintes, la commune égrène ses maisons sur des coteaux pentus et verdoyants, dominant le plus vieux clocher de l’île. A l’extrémité ultime du village, se dresse un phare et un petit port, aux premières loges pour voir les véliplanchistes et les kite-surfeurs affronter courageusement la mer des Caraïbes.

     

    Saint-Claude

    Un petit retour en arrière s’impose pour grimper jusqu’à Saint-Claude, située sous le volcan de la Soufrière. Principale commune d’altitude de Guadeloupe (à 580 m), plus fraîche, elle livre de belles maisons créoles et quelques bâtiments historiques.

     

    Capesterre Belle Eau

     

    Le village de Capesterre Belle Eau, à Basse-Terre, en Guadeloupe
     
     
    L'allée Dumanoir, à Capesterre Belle Eau.

     

    Sur la côte sud-est, Capesterre Belle Eau mérite une longue visite. C’est ici, en novembre 1493, au lieu-dit Sainte-Marie, qu’a débarqué Christophe Colomb. Sans doute lui avait-on parlé alors des chutes du Carbet, situées sur le territoire de la commune… Capesterre Belle Eau est aujourd’hui un terroir agricole. La banane y est reine, on peut visiter des exploitations. Deux autres raisons motivent l’arrêt : l’Allée Dumanoir, splendide route rectiligne encadrée de palmiers royaux, plantés au milieu du 19ème siècle ; le temple hindou de Changy, au bord de la route, témoin de la présence de cette communauté sur l’île et de leur arrivée au 19ème siècle pour remplacer les esclaves.

     

    Petit-Bourg

    De retour vers Pointe-à-Pitre, Petit-Bourg séduira les amateurs d’architecture. La ville abrite en effet plusieurs bâtiments d’Ali Tur, architecte français d’origine tunisienne missionné pour la reconstruction d’édifices publics, après le passage d’un ouragan en 1928.

     

    Profiter des plages

     

    La plage Grande-Anse, à Deshaies, en Guadeloupe

    Basse-Terre n’est pas avare de plages, dont la plus célèbre de Guadeloupe, Grande-Anse, à Deshaies, l'une des plus belles plages de Guadeloupe.

     

    Emprunter la Route de la Traversée

    Sur près de 25 km, elle coupe Basse-Terre en deux par la montagne. De la sortie de Baie-Mahault, à l’est, jusqu’à… Mahaut, à l’ouest, la D23 traverse des paysages luxuriants et frais, l’occasion de découvrir la richesse de l’écosystème guadeloupéen. L’itinéraire, ombragé et tortueux, passe à proximité de sites majeurs : le Saut de la Lézarde ; la Cascade aux Ecrevisses (voir plus haut) ; la Maison de la Forêt (Parc national de Guadeloupe) et le sentier de Bras-David (immersion sécurisée en forêt) ; le Parc des Mamelles (voir ci-dessous)… La route, inaugurée en 1967, a permis de désenclaver la côte ouest de Basse-Terre. Elle offre quelques points de vue intéressants sur la forêt, du côté du Gite des Mamelles. C’est une sortie à conseiller lorsque l’on veut échapper un temps au climat humide de la côte.

     

    Parc des Mamelles, observer la faune

     

    Le parc des Mamelles, à Basse-Terre, en Guadeloupe
     
     

    Drôle de nom pour un parc zoologique ! Situé sur la Route de la Traversée, à l’amorce de sa descente vers Mahaut, il tient son nom de deux éminences naturelles, la mamelle du Pigeon (768 m) et la mamelle de Petit-Bourg (716 m). Quoiqu’il en soit, c’est un zoo peu commun. Les animaux (oiseaux, reptiles, mammifères…) sont visibles dans des enclos aménagés au cœur de la forêt, recréant l’illusion d’un espace naturel. En prime, un parcours assez long en passerelles suspendues (facultatives, les personnes sensibles au vertige peuvent suivre de bout en bout l’itinéraire normal tracé en forêt) permet de survoler les animaux. Propre, bien conçu, le Parc des Mamelles est indiscutablement le lieu à privilégier lorsque l’on est en vacances en Guadeloupe avec de jeunes enfants.

     

    Jardin botanique de Deshaies, senteurs tropicales

     

    Le jardin botanique de Deshaie, à Basse-Terre, en Guadeloupe
     
     

    Voici encore un site conseillé en famille. Au dessus du village de Deshaies, ce jardin joliment conçu accumule les espèces végétales et constitue une passionnante leçon de botanique tropicale grandeur nature. Arbres, arbustes, fleurs… tout pousse dans ce parc qui abrite aussi une volière à loriquets, de petits perroquets multicolores venus non pas des Antilles mais… d’Australie. Ils ont beau ne pas être endémiques, leur présence ici n’est pas choquante, d’autant qu’ils font le bonheur des plus jeunes avec la délivrance (moyennant une piécette) de jus de sucre qui les attire aussitôt sur leurs épaules. On en profitera aussi pour apercevoir l’ancienne maison de Coluche, aujourd’hui un gîte privé louable pour des vacances. Une boutique bien achalandée complète la visite.

     
     

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