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Patrimoine français - 4: Randonnée dans les gorges du Blavet, le petit colorado de l'Estérel
Randonnée dans les gorges du Blavet, le
petit colorado de l'Estérel
À l’est de Draguignan, ce petit canyon boisé taillé dans les mêmes roches rouges que le massif de l’Estérel offre une parenthèse rafraîchissante et inspirante, accessible aux familles. Une randonnée facile, réalisable sur une demi-journée, dans un milieu resté sauvage.
Les gens de la région l’appellent le « parking des grimpeurs », en référence à ses belles parois verticales. Sur la route départementale en balcon, quelques kilomètres avant d’arriver à Bagnols-en-Forêt, ce parking près des gorges du Blavet constitue notre point de départ. Une table d’orientation nous situe dans le paysage environnant : au sud, en face de nous, le rocher de Roquebrune-sur-Argens et, plus à l’ouest, le massif de l’Estérel. Avec ce dernier, les gorges du Blavet ont en commun la rhyolite. Cette roche rouge d’origine volcanique forme les hautes murailles aux lignes anguleuses qui percent les vertes frondaisons. Ce tableau aux couleurs contrastées, nous l’observons dès le début de notre randonnée, depuis le belvédère situé de l’autre côté de la route, accessible par une sente en direction du nord. Une belle entrée en matière avant de plonger dans les gorges et leurs sous-bois, en empruntant le GR51. Très vite, la végétation change : les feuilles mortes des chênes verts craquent harmonieusement sous nos pieds. Des fougères et des fraises des bois se gorgent d’humidité. De délicates orchidées sauvages sèment des notes blanches et violettes, tandis que le chant pendulaire du pouillot véloce berce notre marche.
Un oued provençal
En bas de la pente, dans un chaos de rochers tapissés de lierre, on finit par distinguer le Blavet, rivière temporaire de 14 kilomètres née au nord de Bagnols-en-Forêt qui se jette dans l’Argens. Selon les années, tel un oued, on peut l’entendre couler jusqu’au début de l’été parmi les aulnes et les frênes et sentir son agréable fraîcheur. Quelques centaines de mètres plus loin, le sentier traverse le cours d’eau et nous dévoile, derrière les troncs graciles des pins en quête de lumière, les flamboyants escarpements qui attirent les grimpeurs avec leurs 80 mètres de hauteur. Bientôt, on franchit de nouveau le Blavet pour longer les parois rocheuses qui ont emprisonné la chaleur et dont la couleur se fait plus intense. Les chênes verts à l’écorce sinueuse semblent danser au-dessus de l’eau. Leurs racines tressent des marches sur le chemin en direction de la grotte du Muéron. Des fouilles archéologiques ont montré que cette cavité tout en courbe, disposant d’un grand porche avec une vue dégagée et d’un accès à l’eau douce, servit d’abri à l’homme de Néandertal, il y a plus de 150 000 ans. Depuis la grotte, un sentier en balcon remonte doucement vers le haut des gorges. Au bord du chemin, une pierre allongée et percée en son centre. Il s’agit d’une meule à moulin brisée. Ainsi, sur le massif au nord-ouest des gorges, plusieurs meulières ont fonctionné de l’Antiquité jusqu’au XVIIIe siècle, exploitant la roche mère de l’Esterel, dure et abrasive, pour produire des meules pour les moulins à huile ou à farine. Peu après la pierre égarée, on quitte le GR51 pour gravir le sentier qui se faufile entre les rochers, avec la sensation de léviter au-dessus de la canopée. Des cistes distillent leur parfum suave et une chaleur sèche nous accueille. C’est le moment de contempler les gorges une dernière fois, depuis un point de vue vertigineux, et de reconnaître à ce site spectaculaire des airs de petit Colorado varois.
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