• Nohant, dans la maison de famille de George Sand

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Château de légende, 2013, p.114
    Publié le 12/08/2015

    George Sand vécut dans le « château » de sa grand-mère paternelle, y savourant une enfance et une vieillesse heureuses. Elle offrira surtout à Nohant un écrin pour l’éclosion du romantisme européen, recevant des hôtes de renom.

    MaisonNohant ou l’utopie version George Sand… Ce n’est pas une demeure de plaisance, ni une ferme, ni un château, ni une forteresse… mais une maison de famille. Nohant explique George Sand comme George Sand explique Nohant. La romancière et épistolière berrichonne a entretenu une relation affective toute particulière avec «son petit château» qui lui servit d’écrin pour l’écriture d’une grande partie de son oeuvre. C’est aussi à Nohant qu’elle vécut quelques histoires sentimentales mémorables.

    Château ? Maison ?

    « Le château, si château il y a (car ce n’est qu’une médiocre maison du temps de Louis XVI), touche au hameau et se pose au bord de la place champêtre sans plus de faste qu’une habitation villageoise », écrit, dans Histoire de ma vie, Amandine Aurore Lucile Dupin (1804-1876), baronne Dudevant, qui passera à la postérité pour son œuvre littéraire sous le nom de George sand.

    Façade

    « Cette construction, médiocrement spacieuse pour une maison de campagne et infniment trop petite pour être un château. Mais, telle qu’elle est, elle s’est prêtée à nos besoins, à nos goûts et aux nécessités de nos occupations : nous avons trouvé moyen d’y faire deux ateliers de peinture, un atelier de gravure, une petite bibliothèque, un petit théâtre avec vestiaire et magasin de décors.»

    BustreBuste de George Sand à côté de la Villa Algira (Indre). 

    C’est cependant dans cette grande et modeste maison bourgeoise du XVIIIe siècle que celle qui dut prendre un nom d’homme pour pouvoir vivre pleinement sa vie de femme composera une grande partie de son oeuvre romanesque (dont ses « romans champêtres », La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi ou Les Maîtres sonneurs), de sa foisonnante correspondance (plus de 20 000 lettres) et qu’elle vivra ses plus intenses moments de créativité, d’amour et d’amitié.

    La visite du lieu

    Une fois avoir poussé le portail bleu, une longue allée feurie d’hortensias mène au seuil de la demeure. Dans le hall, les murs rose et bleu ciel imitent le marbre, procurant au lieu un air de décor de théâtre. un théâtre, il y en eut un vrai. George sand écrivit 70 pièces et les produisit dans le théâtre de marionnettes qu’elle avait fait installer.

    La salle à manger arbore un petit côté rustique et c’est sous le lustre en verre de Murano, qu’elle acquiert à Paris bien après son séjour à Venise avec alfred de Musset, que ses convives — Franz Liszt, Marie d’agoult, eugène Delacroix, Gustave Flaubert, Honoré de Balzac ou théophile Gautier — festoyaient et « réenchantaient » le monde.

    Jardins

    Dans le boudoir se trouve son bureau, lové dans un placard où elle passait nuitamment de longues heures à noircir des dizaines de pages. À l’étage, de la fenêtre de sa chambre, le parc s’ofre à la vue avec en point de mire deux cèdres majestueux plantés pour la naissance de son fls Maurice (1823) et de sa flle solange (1828). au bout d’un long couloir se trouve la chambre de ses petites-flles — aurore et Gabrielle — qui s’éteindront dans la maison de nohant ne laisseront aucune descendance à « la bonne dame de nohant»

    Une femme libérée

    PortraitAurore Dupin voit le jour à Paris en 1804. À la mort de son père, Maurice Dupin, elle n’a que 4 ans. Elle est alors confiée aux bons soins de sa grand-mère paternelle, veuve Marie-Aurore Dupin de Francueil, qui l’élève dans la grande demeure de Nohant. Après un passage au couvent afin de parfaire son éducation de « petite campagnarde », elle épouse en 1822 François Dudevant, dit Casimir. De leur union naissent Maurice et Solange, avant que le mariage échoue et qu’Aurore déserte Nohant pour Paris. Logée sous les toits avec sa fille, elle trouve une raison de vivre en écrivant.

    Une femme, à cette époque, n’ayant aucune chance de trouver un éditeur, elle prend en 1832 le pseudonyme de George Sand. Celle qui s’habille en homme, écrit des romans brûlots anti-mariage et ne cache pas ses nombreux amants ni quelque amour saphique avec la comédienne Marie Dorval, devient vite une « scandaleuse ». Après un difficile procès la séparant définitivement de Casimir, elle recouvre le droit de retourner à Nohant, qu’elle ne quittera plus. Elle y meurt le 8 juin 1876 ; elle repose dans le petit cimetière de Nohant sous un if séculaire.

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  • La folle saga du canal de Briare

    Par Joël Chaboureau
    source : Détours en France
    Publié le 27/08/2015

    Réaliser un pont canal est un exploit technique. Celui de Briare, érigé entre 1890 et 1894 avec le concours de l’entreprise Gustave Eiffel, n’a pas lésiné  sur le décorum : pilastres ornés à chaque extrémité de l’ouvrage, quatorze piles en pierres taillées et double haie de réverbères en fonte ouvragée.

    pont canal de Briare

    Longtemps le plus long pont canal métallique au monde, le pont canal de Briare, inauguré en 1896, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est la pierre angulaire du dispositif ambitieux imaginé par Sully sous le règne d’Henri IV : relier les bassins de la Loire et de la Seine par un canal. Un projet pharaonique puisqu’il cumulait deux difficultés majeures : alimenter en eau le bief et compenser les fortes dénivellations du tracé par un système d’éclusage.

    Douze mille terrassiers

    le rialto

    C’est en 1638 que cette entreprise démesurée qui va durer une quarantaine d’années est mise en chantier pour relier Briare à Montargis. Le canal comporte en effet quantité d’écluses dont une série de sept qui forment un véritable escalier à bateaux permettant de franchir une colline de 35 mètres… Une armée de douze mille terrassiers s’est attelée au creusement provoquant la colère des riverains. Une fois terminé, l’ouvrage permettait de transférer via la Bourgogne et vers la capitale les richesses du val de Loire.

    pont martinet

    Aujourd’hui, le pont canal est avant tout un somptueux monument. Avec ses 662 m de long, cette aquatique artère haussmannienne unique au monde ne se découvre jamais mieux qu’au couchant alors que les rayons incendiaires du soleil se reflètent sur les piles et l’acier doux tablier.

    vue du canal de Briare

    Le chemin de halage, parfaitement entretenu, est le moyen idéal pour cheminer (à pied ou à bicyclette) sur les vestiges du premier canal et découvrir la perspective sur le pont. Bien à l’abri d’une longue et puissante levée, il caracole dans un paysage bucolique, empruntant une succession de petits ponts métalliques en dos d’âne pour aboutir aux écluses du Martiner d’un côté et au charmant village de Chatillon sur Loire de l’autre.

    le port de plaisance de Briare

    Sans oublier la visite du village de Briare. Car l’ancienne halte batelière est devenue l’une des escales les plus attachantes du tourisme fluvial.

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  • La montagne Bourbonnaise : contes et légendes d'Auvergne

    Par Sophie Bogrow
    source : Détours en France n°174, p. 71
    Publié le 23/09/2014

    De vallées encaissées en landes mélancoliques, de frais bocages en forêts drues et sombres, de cascades pétillantes en rocs taillés par l’érosion, ce petit massif granitique à l'est de Vichy, recèle d’innombrables balades qui dévoilent une nature authentique et préservée.

    Vue sur le puy de Montoncel
    Depuis le sommet du rocher Saint- Vincent, entre Ferrières-sur- Sichon et Lavoine, profitez de la vue sur le puy de Montoncel,
 point culminant de l’Allier.

    C’est à peine une montagne, qui ne dépasse guère les 1 000 mètres, sinon au sud, où les pentes à sapins des Bois Noirs culminent au puy de Montoncel (1 287 m), et à l’est, dans les monts de la Madeleine, où quatre remonte-pentes font de la Loge des Gardes (1 175 m) une station de ski miniature. Les curistes de Vichy y venaient en excursion, avant guerre, profiter de la fraîcheur. Un petit train à voie étroite, le Tacot, mis en service en 1910, mettait des heures à les conduire de Vichy à Lavoine et Laprugne en passant par Cusset, Le Mayet-de-Montagne et Ferrières : 38 kilomètres, 13 stations... Pour ceux de la Montagne, c’était le seul moyen d’exporter leurs productions. La ligne a fermé en 1949, mais son tracé demeure, qu’on repère ici et là à la présence d’un viaduc (telle l’arche de béton de Ferrières) ou à une maisonnette typique des gares.

    Le pont du Moulin Neuf
    Édifié en 
1910 près de Ferrières-sur-Sichon, le pont du Moulin Neuf est un vestige 
de l’ancienne ligne de chemin de fer du Tacot. Son arche de plus de 50 mètres 
a été conçue 
en béton armé.

    Une atmosphère de mystère

    Entre-temps, on est passé d’une douce houle céréalière à des collines herbues, secouées de plissements, puis aux pentes abruptes des vallées où la forêt l’emporte. Tout ici est propice aux légendes : les blocs de granit moussus, que les fées ou les druides, c’est certain, ont creusés de cupules rondes, à l’image des Pierres du Jour à Laprugne ; les hêtres que des siècles de taille ont transformés en tortueux décor pour conte fantastique, près de Saint-Nicolas-des-Biefs.

    Les Bois noirs
    Dans les Bois noirs, proches
de Saint-Nicolas- des-Biefs, 
des hêtres tortueux âgés de 400 ans bordent un chemin de randonnée,
 l’allée des Géants, lui donnant un
 air de décor pour conte de fées.

    Même le brouillard, qui se lève souvent sur le dédale des bois et des haies, contribue à créer le mystère. De tous ces mystères, le plus passionnant est l’énigme de Glozel. En 1924, le jeune Émile Fradin, alors qu’il labourait, tomba sur une fosse enfouie qui regorgeait d’ossements, de poteries, de galets gravés, d’objets en os, et surtout de tablettes couvertes de signes inconnus. Les plus grandes sommités s’accordant à dater du néo- lithique la moisson recueillie par le docteur Morlet, on spécula sur l’existence d’une écriture antérieure aux Phéniciens. Mais en 1927, un de ces messieurs, auteur d’une autre théorie sur la question, décida de disqualifier la concurrence en criant à la fraude et une commission officielle décréta le jeune paysan, armé de son certificat d’études, coupable d’une gigantesque falsification qui eût exigé une thèse en anthropologie... Quand, après des années de procès, les tribunaux eurent fini de blanchir Fradin, le mal était fait. Son honneur était terni.

    Le bourg de Ferrières
    Le bourg de Ferrières, traversé par le Sichon, était autrefois prospère. En témoignent les sept foires annuelles qui rythmaient la vie des villageois. Au fond, le clocher de l’église Saint-Désir.

    Le château de Chappes
    Entouré
 de douves alimentées par un canal, le château de Chappes à Ferrières- sur-Sichon (XVe siècle)
a abrité de prestigieux personnages de l’histoire de France. 
Il est classé Monument historique depuis 1992.

    Au pays des Verriers

    Pourtant, à partir des années 1970, de nouvelles analyses, confirmées vers 1995, ont permis de préciser certaines datations. Ainsi, bien que les tablettes gravées affichent entre 3 000 et 7 000 ans (sauf une part de copies médiévales), Glozel aurait été un site funéraire et cultuel de l’époque gauloise et romaine, réinvesti au Moyen Âge pour servir peut-être de four à des verriers. La forme ovale de ses tombes pourrait être liée à ces inexplicables souterrains annulaires creusés en nombre (au moins 34) dans la région.

    La tourbière du plateau de la VerrerieLa tourbière
 du plateau
 de la Verrerie.
 Ce milieu protégé se découvre en suivant les pontons de bois, au ras des sphaignes et des droséras.

    Quant aux verriers, ils étaient nombreux entre autres vers Saint-Nicolas-des-Biefs, fondant le sable des rivières grâce aux hêtres des forêts. En 150 ans, avant la Révolution, ils ont ainsi entièrement dénudé le bien nommé plateau de la Verrerie. Restent 60 hectares de lande mauves de callunes, myrtilles et genêts, gardés par des chèvres et moutons, et de tourbière avec vue plongeante sur la plaine de Roanne.

    Notre-Dame de Châtel-Montagne
    Dominant 
la vallée 
de la Besbre, l’imposante église Notre-Dame de Châtel-Montagne (1095-1216).

     

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    Compostelle : de Saugues à Les Faux

    Par Hugues Dérouard
    source : Hors-série Compostelle
    Publié le 01/12/2014

    Traversez la Margeride avec le témoignage d'un pèlerin de la via Podiensis. Les sautes d'humeur rendent parfois cette étape redoutable et la traversée des bois réveille le mythe de la bête du Gévaudan. 

    La Margeride, vaste plateau granitique ondulant à 1000 mètres d'altitude.
    La Margeride, vaste plateau granitique ondulant à 1000 mètres d'altitude. 
    Le réveil sonne, à l’aube. Dehors, il fait quasiment nuit et il pleut! Il en faut du courage pour reprendre la route! Le groupe de pèlerins picards est déjà prêt. De la fenêtre de l’auberge, je les aperçois, solides, souriants, s’encourageant mutuellement en fredonnant des chants religieux et des odes à la nature. Ils ont sorti coupe-vent, gants et bonnets. Mieux vaut se couvrir : aujourd’hui c’est une longue traversée de la Margeride, un vaste plateau granitique ondulant à 1 000 mètres d’altitude, qui attend le marcheur. Les sautes d’humeur du climat local la rendent parfois redoutable, dit-on.

    Avez-vous entendu ce bruit cette nuit ? C'était une sorte de hurlement... Un loup, peut-être...

    Je rejoins assez rapide
ment le petit groupe. Un pèlerin s’amuse de la naïveté de son ami. Et c’est savoureux : «Avez-vous entendu ce bruit cette nuit ? – Quel bruit ? – Une sorte de hurle- ment... – Comme un loup ? – Oui.– Ah bon, je croyais qu’il n’y en avait plus depuis longtemps par ici, depuis qu’on a tué la bête du Gévaudan!»
 Après Saugues, austère et sombre ce matin- là, nous parvenons vers des herbages verts et des forêts de résineux. Le granit affleure çà et là en jolis chaos. Ces dômes verts sont sauvages et rustiques. Un brun lugubre sous le couvert de cette météo impossible. Mais malgré tout, les collines se succèdent sans violence.

    La traversée des bois de la Margeride

    Ce n’est pas au hameau de La Clauze que l’on trouvera du réconfort. Les antiques bâtiments sont imposants comme pour résister aux intempéries. Massives et granitiques, les maisons traditionnelles, assombries parfois par la présence du basalte, semblent intégrées au décor minéral qui les entoure. Les murs sont très épais pour pouvoir supporter cette lourde toiture en lauze. On a l’impression que ce bourg n’a pas beaucoup changé depuis des décennies. Une vieille femme, entière- ment vêtue de noir, va chercher de l’eau à la fontaine, sans un regard, ni un bonjour en direction des marcheurs. Comme si l’on n’existait pas. Juste à côté, l’impressionnante tour de la Clauze, du XIIe siècle, est perchée sur un bloc de granit. C’est l’unique vestige d’une forteresse qui joua son rôle dans les guerres de Religion.

    La chapelle Saint-Roch
    La chapelle Saint-Roch. 

    Le domaine du Sauvage

    Le chemin humide serpente à travers une superbe hêtraie pour nous mener au domaine du Sauvage (1 292 mètres). Isolé en pleine Margeride, il comporte d’immenses bâtiments en pierre de taille : un ancien monastère de templiers qui accueillaient les pèlerins en ces sommets désolés. Le domaine du Sauvage a été récemment aménagé en deux gîtes d’étape de 21 places chacun (tél. 04 71 74 40 30). Au plus haut du parcours, quelques flocons
 se mettent à tomber ! À 1300 mètres d’altitude, battu par les vents, recouvert de neige plusieurs mois par an, le col de la Margeride était un redoutable obstacle à franchir. C’est pourquoi, en 1198, on fit édifier sur ces lieux un hôpital,
« L’Hospitalet » et une chapelle dédiée à saint Roch. La fine neige a cessé. C’est au hameau des Faux, juste avant Saint-Alban-sur-Limagnole,
que l’on s’arrête pour la nuit.

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    Compostelle : de Saint-Privat-d'Allier à Saugues

    Par Hughes Derouard
    source : Hors-série Compostelle
    Publié le 26/11/2014

    Sur le chemin de Compostelle, parcourez le pays de la Bête, tout près du plateau du Gévaudan. Marchez dans les pas d'un pélerin.

    Compostelle, sur le chemin du VelaySur le chemin du Velay, en route pour Compostelle.

    Mal aux jambes au réveil. «La première journée de marche est la plus diff icile, commente René, un Picard bien équipé. «Pensez à faire des étirements à la fin de la journée. » Il dispose d’un petit outil électronique dont il n’est pas peu fier : il permet de calculer le dénivelé, la vitesse à laquelle il marche et dispose d’un enregistreur du nombre de pas alignés !

    Le nid d’aigle de Rochegude surgit à la verticale peu après le départ. De son château, il ne reste aujourd’hui que des ruines çà et là ainsi qu’une charmante petite chapelle Saint-Jacques, accrochée à son rocher, d’où la vue sur les gorges de l’Allier est sublime. Le chemin s’engage ensuite dans une sente très escarpée, glissante sur des grosses roches. Il nous mène à Monistrol d’Allier, au coeur des gorges sauvages de la rivière. Halte à l’unique épicerie du village pour un pique-nique improvisé au bord du bruyant cours d’eau. Ici l’art roman (l’église est un ancien prieuré qui dépendait de l’abbaye de La Chaise-Dieu) côtoie une usine électrique.

    Après Monistrol-d’Allier, à 619 mètres d’altitude, la montée pour rejoindre Montaure, à 1022 mètres, sur le rebord du plateau du Gévaudan, est impressionnante. L’ascension est tuante, elle appelle quelques pauses réparatrices qui nous permettent de contempler les falaises de prismes basaltiques. Nous faisons une courte halte sur les marches de l’étonnante chapelle troglodytique dédiée à sainte Madeleine, dont la façade, du XVIIe siècle, ferme une grotte préhistorique. Et la route continue à grimper. Le soleil donne l’impression de taper fort pour cette fin du mois d’octobre. Antoine, qui a entrepris avec un groupe d’amis une randonnée sur les chemins de Compostelle jusqu’à Aumont-Aubrac, semble perdu. Il marche seul, titubant devant son petit groupe. À la pause, il s’allonge sans prononcer une seule parole. Il est épuisé. Ailleurs. Sa femme lui reproche de fumer. René va dans une ferme qui propose des bâtons de pèlerin à dix euros. « Cela devrait l’aider », dit-il ; c’est décidément monsieur Bons Conseils.

    Pelerin descendant vers SauguesPélerin descendant vers Saugues


    La suite du parcours n’est plus qu’un cheminement tranquille où d’agréables bosquets bordent les nombreuses prairies. La dernière descente vers Saugues, capitale du Gévaudan bâtie au bord de la Seuge, nous permet d’admirer ce gros bourg regroupé autour de la tour des Anglais – un donjon carré du XIIIe siècle – et de la collégiale Saint-Médard, qui a, dans son trésor, une des plus belles vierges romanes assises ainsi qu’une pietà du XVe siècle. Mais voilà que le jour commence à baisser. Les nuages se font nombreux. On frissonne. N’est-ce pas le pays de la Bête ?

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