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    Compostelle : de Saugues à Les Faux

    Par Hugues Dérouard
    source : Hors-série Compostelle
    Publié le 01/12/2014

    Traversez la Margeride avec le témoignage d'un pèlerin de la via Podiensis. Les sautes d'humeur rendent parfois cette étape redoutable et la traversée des bois réveille le mythe de la bête du Gévaudan. 

    La Margeride, vaste plateau granitique ondulant à 1000 mètres d'altitude.
    La Margeride, vaste plateau granitique ondulant à 1000 mètres d'altitude. 
    Le réveil sonne, à l’aube. Dehors, il fait quasiment nuit et il pleut! Il en faut du courage pour reprendre la route! Le groupe de pèlerins picards est déjà prêt. De la fenêtre de l’auberge, je les aperçois, solides, souriants, s’encourageant mutuellement en fredonnant des chants religieux et des odes à la nature. Ils ont sorti coupe-vent, gants et bonnets. Mieux vaut se couvrir : aujourd’hui c’est une longue traversée de la Margeride, un vaste plateau granitique ondulant à 1 000 mètres d’altitude, qui attend le marcheur. Les sautes d’humeur du climat local la rendent parfois redoutable, dit-on.

    Avez-vous entendu ce bruit cette nuit ? C'était une sorte de hurlement... Un loup, peut-être...

    Je rejoins assez rapide
ment le petit groupe. Un pèlerin s’amuse de la naïveté de son ami. Et c’est savoureux : «Avez-vous entendu ce bruit cette nuit ? – Quel bruit ? – Une sorte de hurle- ment... – Comme un loup ? – Oui.– Ah bon, je croyais qu’il n’y en avait plus depuis longtemps par ici, depuis qu’on a tué la bête du Gévaudan!»
 Après Saugues, austère et sombre ce matin- là, nous parvenons vers des herbages verts et des forêts de résineux. Le granit affleure çà et là en jolis chaos. Ces dômes verts sont sauvages et rustiques. Un brun lugubre sous le couvert de cette météo impossible. Mais malgré tout, les collines se succèdent sans violence.

    La traversée des bois de la Margeride

    Ce n’est pas au hameau de La Clauze que l’on trouvera du réconfort. Les antiques bâtiments sont imposants comme pour résister aux intempéries. Massives et granitiques, les maisons traditionnelles, assombries parfois par la présence du basalte, semblent intégrées au décor minéral qui les entoure. Les murs sont très épais pour pouvoir supporter cette lourde toiture en lauze. On a l’impression que ce bourg n’a pas beaucoup changé depuis des décennies. Une vieille femme, entière- ment vêtue de noir, va chercher de l’eau à la fontaine, sans un regard, ni un bonjour en direction des marcheurs. Comme si l’on n’existait pas. Juste à côté, l’impressionnante tour de la Clauze, du XIIe siècle, est perchée sur un bloc de granit. C’est l’unique vestige d’une forteresse qui joua son rôle dans les guerres de Religion.

    La chapelle Saint-Roch
    La chapelle Saint-Roch. 

    Le domaine du Sauvage

    Le chemin humide serpente à travers une superbe hêtraie pour nous mener au domaine du Sauvage (1 292 mètres). Isolé en pleine Margeride, il comporte d’immenses bâtiments en pierre de taille : un ancien monastère de templiers qui accueillaient les pèlerins en ces sommets désolés. Le domaine du Sauvage a été récemment aménagé en deux gîtes d’étape de 21 places chacun (tél. 04 71 74 40 30). Au plus haut du parcours, quelques flocons
 se mettent à tomber ! À 1300 mètres d’altitude, battu par les vents, recouvert de neige plusieurs mois par an, le col de la Margeride était un redoutable obstacle à franchir. C’est pourquoi, en 1198, on fit édifier sur ces lieux un hôpital,
« L’Hospitalet » et une chapelle dédiée à saint Roch. La fine neige a cessé. C’est au hameau des Faux, juste avant Saint-Alban-sur-Limagnole,
que l’on s’arrête pour la nuit.

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