• Photos-Pays du Monde 3: Îles Galapagos: un paradis sur terre

     

    Îles Galapagos: un paradis sur terre

     

     

    Louise Dugas rêvait des îles Galapagos depuis son enfance. Enfin, elle a pu parcourir cet endroit mythique qui recèle la plus grande variété d’espèces animales et végétales originales de la planète.


    Par Louise Dugas du magazine Châtelaine

     

    Ils sont des centaines de lions de mer au milieu de la rue, sur les trottoirs, sur le quai, dans le parc… J’essaie de me frayer un chemin à travers les taches brunes et oups!, je manque de marcher sur une nageoire. Regard noir de son propriétaire. Désolé, mon beau, mais je ne sais plus où poser mes sandales!

     

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    Lions de mer
    Photo: Michael Nolan/Robert Harding


    Il y a à peine un quart d’heure que je suis descendue du bus à San Cristóbal, dans l’archipel des Galápagos, et je suis déjà abasourdie. À l’intérieur de la baie, des iguanes font leur salutation au soleil, des tortues remontent de l’océan pour respirer l’air frais, des raies taquinent la surface de l’eau, des frégates piquent dans les vagues pour cueillir leur déjeuner… Je savais que j’allais apercevoir des animaux, mais en pleine ville? C’est fou!


    Plus de 125 îles et îlots

     

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    Cerro Brujo sur l'île de San Cristobal
    Photo: Louise Dugas

     


    J’avais huit ans quand j’ai eu le coup de foudre pour les mystérieuses tortues géantes des Galápagos. Dans une vieille encyclopédie, j’étais tombée sur une illustration -accompagnée d’une phrase: «Ces bêtes vivent si longtemps que certaines d’entre elles, encore de ce monde, ont pu connaître la Révolution française!» Une image un brin exagérée – la longévité de ces tortues est en général de 150 ans –, mais infiniment marquante. Au point qu’avant même de savoir où situer le célèbre archipel sur une carte, j’ai su que j’allais m’y rendre, un jour, pour admirer ces proches cousines des dinosaures.


    Situées dans le Pacifique à 1 000 km au large de l’Équateur – pays auquel elles appartiennent –, les Galápagos comptent 125 îles et îlots. De ce nombre, quatre sont habités et possèdent une infrastructure touristique. Le reste du territoire, soit 97%, est un parc national classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Personne ne peut l’explorer à moins d’être escorté par un guide.


    La croisière d’une semaine que j’ai effectuée proposait la visite d’une île par jour en randonnée, parfois ardue, plus une ou deux sorties en apnée. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas agitée comme ça…


    La valse des tourtereaux


    Le plus surprenant des Galápagos, c’est leur paysage quasi désertique: roches volcaniques, champs de lave durcie, cactus hérissés d’épines, buissons rachitiques… Certains après-midi, le soleil tape vraiment fort et l’air ambiant est aussi étouffant que dans un four. C’est comme revenir à la préhistoire ou assister à la naissance de la Terre, mentionnait à ce propos Charles Darwin, en 1839, dans Voyage d’un naturaliste autour du monde – récit qui allait inspirer plus tard sa théorie de l’évolution. Un vrai choc temporel. Et la vie jaillit de partout!

     

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    Un couple d'albatros
    Photo: Norbert Probst/Robert Harding


    À mon arrivée sur Española, l’île battait au rythme de milliers d’albatros venus s’accoupler et donner naissance à leurs petits. Ces oiseaux – parmi les plus gros à fréquenter le ciel – frottaient leurs becs jaune clair avant de s’aimer à l’air libre, sous nos yeux (si, si comme dans un film XXX). Il fallait voir l’infinie tendresse que le mâle et la femelle se témoignaient après leurs ébats. «Ils peuvent vivre jusqu’à 60 ans et sont fidèles l’un à l’autre jusqu’à ce que la mort les sépare», expliquait d’ailleurs le guide Peter Freire. À l’entendre, j’avais les yeux embués. On a beau trouver nonos les contes de fées, on ne se refait pas.


    L’heure était aussi au flirt pour les fous à pieds bleus. Les mâles se pavanaient devant leur femelle en levant leurs pattes l’une après l’autre. Je les imaginais se vanter: «C’est moi qui ai les plus belles, gna gna gna!» À quelques mètres de là, des iguanes contemplaient l’horizon pendant que des crabes rouge et jaune tentaient désespérément de ne pas être emportés par les vagues. Ce que font ces crustacés, en dehors de s’accrocher aux rochers toute la journée, je n’ai toujours pas trouvé.


    Sur Genovesa, au nord, c’était la même débauche animalière. Des fous de Nazca gavaient leur poussin blanc comme neige et des frégates mâles exposaient avec orgueil leur cou écarlate à des femelles dubitatives. Obligation de rester dans les sentiers balisés et interdiction de nourrir, de toucher ou de s’approcher d’un animal à moins de deux mètres, stipule le règlement. Pour m’y conformer, j’ai dû enjamber quelques iguanes et plus d’un oiseau couvant ses œufs sur mon chemin. J’ai aussi contourné nombre de lionceaux de mer trop énervés de rejoindre leur maman pour regarder où ils se dandinaient. Ici, les animaux, peu farouches, ne se méfient guère des humains, remarquait le bon vieux Darwin. «La crainte de l’homme est un instinct acquis et non naturel», écrivait-il au sujet des créatures de l’archipel. C’est toujours vrai, 180 ans plus tard.


    À la rescousse d’un symbole

     

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    Tortue géante
    Photo: Juan Carlos Munoz/Robert Harding


    Cette proximité avec le monde sauvage est ce qui m’a le plus émue quand j’ai vu mes premières tortues géantes à la réserve El Chato, sur l’île de Santa Cruz. Aussi imposantes que dans l’encyclopédie de mon enfance. Elles traînaient leurs quelque 150 kilos nooonnnchaaalaaammmment, le nez dans leur buffet de plantes, insensibles à ma présence et au défilement du temps. Tellement pacifiques, ces bêtes. À fendre l’âme. Dire que les humains les ont chassées sans relâche – et pendant des siècles – pour leur viande. C’est sans compter les rats, les cochons et les chèvres débarqués des navires qui ont dévoré leurs œufs et les herbes dont elles se nourrissaient. Dans les années 1970, sur les 250 000 tortues géantes qui peuplaient autrefois l’archipel, il n’en restait plus que 5 000.


    Aujourd’hui, leur avenir paraît un peu plus lumineux. Elles sont 15 000 à couler des jours tranquilles sur certaines îles et dans des sanctuaires, où les scientifiques veillent à ce qu’elles se reproduisent en paix.

     

    J’étais d’autant plus bouleversée de voir mes chères tortues que j’avais l’impression, en séjournant aux Galápagos, de contribuer à leur fragilité. De 40 000 touristes qui visitaient l’archipel dans les années 1990, nous serons 220 000 environ en 2016. Ça laisse une empreinte, mettons. Il y a aussi celle des 30 000 habitants des îles (deux fois plus nombreux qu’il y a 20 ans), qui ont fui la pauvreté du continent pour venir profiter de la pêche ou du tourisme. Bonjour les conséquences sur les écosystèmes.


    Il y a 10 ans, l’Unesco ne donnait pas cher des Galápagos, inscrivant l’archipel sur la liste des patrimoines en péril. Mais certains efforts ont été consentis pour juguler, par exemple, l’immigration illégale. Des programmes encouragent les citoyens à recycler, à consommer local et à troquer leurs vieilles minounes contre des autos électriques. Le gouvernement de l’Équateur vient de décréter que 32% des eaux entourant les îles seraient désormais protégées de la pêche et de toute autre exploitation (par rapport à 1% auparavant…). Une bien bonne nouvelle.


    Un contact privilégié

     

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    Manchot
    Photo: Michael Nolan/Robert Harding


    Par chance, la nature est plus forte que l’homme. À Chinese Hat (Sombrero Chino), j’ai eu le rare privilège d’apercevoir les petits manchots des Galápagos dans leur habit de cérémonie. Des «pingouins» sous les tropiques, qui l’eût cru? À chacune de mes plongées en apnée, des milliers de poissons-trompettes, de demoiselles à queue jaune et d’idoles des Maures bourlinguaient devant mon visage. Sous moi flânaient parfois des requins à pointe blanche, pas féroces pour deux sous.


    À Isla Lobos, j’ai nagé avec des lions de mer. Pas dans un enclos, mais en toute liberté au milieu de l’océan. Je n’ai eu qu’à sauter du zodiac pour les voir quitter le rivage et s’en venir vers moi. Ces garnements reniflaient mes palmes et me dévisageaient de leurs yeux tout ronds, avant de déguerpir à toute vitesse dans un nuage de bulles. À un moment donné, il y avait cinq moustachus autour de moi. Plus je tentais d’imiter leurs mouvements, plus ils faisaient des cabrioles. Aujourd’hui encore, je m’endors avec cette image en tête.


    La croisière terminée, je suis restée quatre jours de plus sur l’île de San Cristóbal. Chaque matin, je m’aventurais sur la grève devant l’hôtel afin d’admirer les lionceaux de mer qui tétaient goulûment leur maman. J’étendais ma serviette à quelques mètres d’eux en me disant que, n’importe où ailleurs, la présence de ces bêtes serait interdite sur la plage. Je remerciais le ciel qu’un tel trésor existe. Puisse-t-il être à jamais éternel.


    Carnet d’aventure
    Comment s’y rendre ?


    En avion, à partir de Quito ou de Guayaquil en Équateur.

     

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    Bateau de croisière
    Photo: Royal Galapagos

     


    Quelle croisière choisir ?

    Plus un navire contient de passagers, plus l’accès aux îles est limité, les mastodontes ne pouvant s’ancrer partout dans l’archipel. Le mieux : les croisières de 12 à 16 passagers qui permettent de découvrir plus d’endroits : le Majestic , que j’ai apprécié, l’Ocean Spray et le Reina Silvia.


    Et le prix ?

    Les croisières coûtent cher. Une semaine en première classe : à partir de 3500 $ US par personne. Option intéressante, parce que parfois à moitié prix : les offres de dernière minute proposées par une agence sur les îles. Il est aussi possible de séjourner dans un hôtel à Santa Cruz, la plus grande ville, ou à San Cristóbal, port de pêche bordé de terrasses, et de rayonner sur les îles à partir


    de là (environ 100 $ US par personne pour une excursion en bateau).


    On y va quand ?


    Selon le guide Peter Freire, la meilleure période est autour de novembre, à cause de la chaleur de l’eau et du nombre d’espèces animales qu’on peut apercevoir. Pour ma part, j’y ai séjourné en mai, c’est-à-dire en basse saison. Le prix des croisières était donc moins élevé. C’était aussi la période des amours chez les oiseaux.


    Quelles îles visiter ?


    Les îles à l’ouest de l’archipel (Isabela et Fernandina) sont plus préhistoriques que celles situées à l’est. J’ai visité Floreana, Española, Santa Cruz, Genovesa, Rábida, Chinese Hat (Sombrero Chino) et San Cristóbal, paradis des lions de mer, où je me suis attardée. C’est la seule île où l’on peut explorer certains sites et faire de la plongée sans la présence obligatoire d’un guide.

     

     

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