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    Le sanctuaire du puy de Dôme : mercure au sommet

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Secrets de lieux sacrés, 2012, p.56
    Publié le 11/08/2015

    Découvert à la fin du XIXe siècle, le sanctuaire de Mercure était l’un des plus importants temples de montagne de toute la Gaule romanisée. Les fouilles continuent d’y livrer une moisson de résultats.

    PanoramaOutre le magnifique paysage bocagé, nous pouvons distinguer au loin, juché sur son volcan en someil le sanctuaire de Mercure et son observatoire qui par son antenne de 73 mètres pique le ciel. Le puy de Dôme est inratable !

    La naissance du site

    En 1873, la guerre avec la Prusse n’étant plus qu’un mauvais souvenir, le positivisme et le rationalisme ayant recouvré leur empire, on lance un grand projet au sommet du puy de Dôme : la construction d’un observatoire météorologique. De cette éminence pelée, la science percera les secrets de la pluie et du beau temps… Le hasard est souvent l’allié des archéologues.

    TempleOn voit ici les vestiges du mur d’enceinte de ce temple de Mercure, grand comme un terrain de football et construit en terrasses pour épouser la courbe du point culminant de la chaîne des Puys. Parvenus au temple au terme d’une ascension éprouvante, les fidèles suivaient un cheminement jusqu’au « pronaos », une galerie devant la « cella », partie qui leur était interdite mais but du pèlerinage.

    Alors qu’ils préparent les fondations de ce temple dédié au dieu progrès, les ouvriers en trouvent un autre, son aîné de près de vingt siècles, voué à Mercure. Des éléments en domite (pierre volcanique exploitée au puy de Clerziou) et en arkose (un type de grès) attirent l’attention des spécialistes et le dossier ne traîne pas : l’incription au titre de monument historique est quasi immédiate (1875) et permet de protéger ces nouvelles reliques.

    L'observatoire du temple

    Le conseil général du Puy-de-Dôme, en collaboration avec l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, a aménagé au chalet de l’Observatoire, au sommet du puy de Dôme, une salle pour décrypter les vestiges du temple de Mercure. Il s’agit d’un centre d’interprétation contenant des moulages d’ex-voto et de blocs de pierre.

    Il présente plusieurs restitutions possibles de ce monument spectaculaire, dont les parois scintillaient grâce à la présence de mica dans la domite et dont la couverture devait être constituée de plaques de plomb clouées. L’inauguration de ce lieu qui permet de vivre les avancées et interrogations quasiment en même temps que les chercheurs et archéologues est récente.
    puydedome.com

    On entame une vraie campagne de fouilles en 1875 et, dès 1878, on peut présenter avec fierté des reconstitutions aux millions de visiteurs de l’Exposition universelle de Paris : plans, dessins et aquarelles.

    Observatoire

    Qu’a-t-on donc déterré, à 1 435 mètres, à 30 mètres seulement de la cime balayée par les vents et par la pluie ? Sur une esplanade terminale, précédée de terrasses que relient des volées de marches, un temple est entouré d’un mur d’enceinte. Il est formé d’un centre, la « cella », où devait se trouver la statue de la divinité. Cette « cella » est bordée sur trois côtés d’une galerie et, sur le quatrième, du « pronaos », un portique à colonnes, son entrée.

    Temple gaulois ou romain ?

    Les pèlerins empruntaient le sentier des muletiers en se ménageant des pauses : pour ralentir leur rythme cardiaque et se recueillir sur les sanctuaires mineurs qui balisaient l’épuisante montée. Car le vrai sanctuaire était évidemment le dernier. Cette conclusion n’a pas été évidente à prononcer.

    Temple

    En effet, on s’est longtemps demandé si ce temple sommital correspondait à un lieu de culte autonome ou s’il était un but de pèlerinage. L’archéologie a récemment mis au jour un relais au col du Ceyssat (1 078 mètres). La présence de bâtiments secondaires près du temple et d’absides semi-circulaires à l’intérieur de celui-ci peut être décryptée : il s’agirait d’espaces destinés au repos des pèlerins.

    Sanctuaire puy de dome

    Mais alors, temple gaulois ou romain ? Cette autre question n’est pas déplacée tant les influences semblent imbriquées.

    Temple

    Si l’on peut supposer que les Gaulois avaient déjà leur propre temple ou « fanum » à cet emplacement, les Romains ont bien pris la suite. Pour eux, ce site était également exceptionnel : le sommet de la chaîne des puys dominait tous les oppidums de la région, symboles d’une puissance gauloise asservie mais à laquelle il fallait continuer d’en imposer. Cette fois, c’est l’épigraphie, ou étude des inscriptions, qui a apporté les confirmations attendues.

    Gravure

    • Première étape : l’exhumation, en 1874, d’une plaquette votive avec une dédicace sans ambiguïté : « Au dieu Mercure de Dôme ».
    • Deuxième étape : la statuette de bronze trouvée en 1906 du dieu des commerçants et ses voyageurs.
    • Troisième étape : une tête en domite et une stèle qui représentent de nouveau Mercure.
    • Quatrième et dernière étape : la découverte en 2003 d’un bloc de pierre avec une nouvelle dédicace au dieu, dont on suppose qu’elle constituait le socle d’une statue.

    Les sceptiques auront bien du mal à déloger Mercure de son temple… Sa présence aide à comprendre l’implantation romaine à Clermont-Ferrand, en contrebas du sanctuaire. Avant de se baptiser Clermont puis Clermont-Ferrand, la ville s’appelait Augustonemetum, ou « sanctuaire d’Auguste ». Elle fut un élément significatif du quadrillage du territoire arverne.

    Temple

    Après avoir définitivement vaincu les Gaulois à la bataille d’Alésia (52 avant J.-C.), les Romains durent s’atteler à une autre tâche : asseoir leur pouvoir civil. L’urbanisme et les grands travaux furent un moyen de choix, sous la poigne vigoureuse d’Agrippa, l’ami d’Octave (devenu empereur sous le nom d’Auguste en 27 av. J.-C.), il lance les différentes ramifications de la Via Agrippa depuis Lyon, dont un tronçon passe par Augustonemetum.

    Temple

    « La ville n’est pas riche en vestiges romains », explique Chantal Lamesch, conservateur chargé des collections archéologiques au musée Bargoin, où l’on peut voir une partie des vestiges trouvés sur le puy de Dôme. Bien peu de chose pour mesurer la grandeur passée de la ville. Comme l’écrivait en 1931 le professeur Auguste Audollent, épigraphiste et doyen de l’université de Clermont-Ferrand :

    « De somptueux monument publics, de confortables demeures privées devaient être la preuve matérielle de cette prospérité. Malheureusement, l’incurie ou la rapacité des hommes n’a rien laissé subsister à la surface du sol : il a fallu les efforts persévérants de l’archéologie pour en découvrir sous terre les vestiges. »

    Montagne

    Efforts qui ne connaissent pas de trêve : on a mis au jour, en 2006, près de l’ancienne gare routière, un pied colossal de statue en bronze, d’une finesse exceptionnelle. Il pourrait être dû au célèbre sculpteur Zénodore, dont parle Pline à propos de la réalisation du mythique Mercure des Arvernes, jamais retrouvé.
    Le chef-d’oeuvre révélé par ce fragment devait se trouver au centre du forum et était sans aucun doute l’objet d’un culte à l’empereur ou à une divinité.

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