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    Balade à Montmartre

     

    Par Dominique Le Brun et Dominique Roger
    source : Détours en France n°156, p. 58
     

    Chaque rue, chaque escalier de la Butte aurait son anecdote à raconter sur un peintre, un écrivain, un poète. Là-haut se sont écrits des chapitres capitaux de l’histoire de l’art. Petite visite initiatique.

    Accroché aux pentes abruptes d’une colline tout au nord de la capitale, Montmartre n’était en principe pas en mesure d’entrer dans les plans du baron Haussmann, pour qui une rue digne de ce nom ne pouvait qu’être rectiligne et de préférence plate. Ce village conserva ainsi son labyrinthe de ruelles bordées de maisonnettes, et jusqu’au début du XXe siècle, une partie de ses pentes resta couverte d’une végétation assez intense pour qu’on parlât de maquis. Mais on ne stoppe pas l’extension d’une ville ! La rue Caulaincourt, puis l’avenue Junot, ont fini par monter à l’assaut de la Butte où ont dès lors poussé des immeubles cossus, imposant de curieux contrastes avec le village.

    La basilique du Sacré-Cœur


    La basilique du Sacré-Cœur est bâtie là où s’est déclenchée la Commune de Paris en mars 1871. Sa première pierre a été posée en 1875, elle a été consacrée en 1919 !
     

    Rue Juste-Métivier


    Entre l’avenue Junot et la rue Caulaincourt, un escalier, nommé rue Juste-Métivier. Cette voie est réservée au seul usage des piétons qui découvrent le Montmartre aisé. Hôtels particuliers, superbes immeubles, le versant cossu s’est bâti sur le maquis.

    La rue du Mont-Cénis


    La rue du Mont-Cenis, tout au nord de la Butte, part quasiment de la place du Tertre pour rejoindre les Maréchaux, juste avant le périphérique. Ici, elle est photographiée dans sa partie supérieure. Après la rue Caulaincourt, elle redevient une voie comme les autres, voitures, bus, deux-roues...

    Le Moulin Rouge


    Place Blanche, célèbre pour son cabaret le Moulin Rouge, une institution que l’on doit à Joseph Oller et Charles Zidler depuis 1889. Tel que vous le voyez aujourd’hui, il est en tout point identique à celui imaginé en 1889 par Oller et Zidler, qui avaient déjà créé l’Olympia sur le boulevard des Capucines. Le french cancan en fit le succès, et, en inspirant Toulouse-Lautrec, il assura aux lieux une célébrité éternelle.

    La cité des Fusains

    La cité des Fusains - Renoir eut ici un atelier, dans la cité des Fusains dont les maisons à pseudo-colombages étaient d’anciens pavillons de l’exposition universelle de 1889. Aujourd’hui, il relève de l’utopie de vouloir y habiter : hors de prix.

     

    La maison rose du Lapin Agile


    Connue dans le monde entier, la maison rose du Lapin Agile se présente comme le « conservatoire de la chanson française ». Cette petite maison fut construite vers 1850, au moment même où le préfet Haussmann initiait la construction d’imposants immeubles. Dans les années 1860 y vivait un petit fonctionnaire et sa femme qui improvisa une guinguette au rez-de-chaussée, baptisée Cabaret des assassins... afin d’attirer les clients ! Puis une ex-danseuse de french cancan, Adèle Ducerf, reprit l’établissement qui devint À ma campagne. Mais l’esprit des lieux exigea une autre enseigne, qui fut commandée au caricaturiste André Gill. Il dessina ce curieux lapin jaillissant d’une casserole en tenant en équilibre une bouteille... et le « lapin à Gill » devint « Le Lapin Agile» ! À cette époque, la petite maison de la butte Montmartre reçoit une clientèle étonnante : Verlaine, Villiers de l’Isle-Adam, Courteline, Ziem, Clemenceau (alors député). Cela continuera lorsque la maison sera reprise par Berthe et son fameux Frédé, en 1902. Aujourd’hui, en participant à la « veillée » qui commence à 21 heures, on s’assied aux mêmes places que Picasso, Salmon, Max Jacob, Mac Orlan, Dorgelès, Carco...

    La rue de l'Abreuvoir

     

    La rue de l’Abreuvoir est pavée, discrète, sinueuse et... rescapée. En 1867, il fut question de l’agrandir et de la doter de grands immeubles. Les modestes Montmartrois qui y vivaient ont su résister.

    Photos-Villes du Monde 2:  Balade à Montmartre

     

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    La Normandie des Impressionnistes

     

    Par Hughes Derouard
    source : Détours en France n°158, p. 24
     

    La Normandie et la Seine de la « banlieue » parisienne ont attiré nombre de grands noms de l'impressionnisme hors de leurs ateliers, chevalets et boîtes de couleurs sur le dos. La raison de l'inspiration.

    Giverny : une œuvre globale

    Maison de Giverny

    « En dehors de la peinture et du jardinage, je ne suis bon à rien ! », disait Monet. Aujourd’hui, des milliers de visiteurs viennent découvrir les jardins féeriques de sa propriété de Giverny, comme on vient admirer un tableau. Et pourtant ce lieu époustouflant, source d’inspiration majeure pour le peintre, marque une rupture avec la tradition impressionniste. « L’apparente spontanéité laisse place à un travail beaucoup plus médité et complexe », analysait Marina Ferretti-Bocquillon, conservatrice du musée des Impressionnismes de Giverny, à l’occasion d’une exposition. Après avoir été l’initiateur de l’impressionnisme au XIXe, Monet devient un des plus grands peintres français du XXe siècle et le jardin de Giverny est au cœur de cette évolution. En inventant un motif qu’il peindra par la suite, l’artiste inverse la démarche traditionnelle du peintre paysagiste. » Sur son domaine, le patriarche explore l’art abstrait. Il vécut ici jusqu’à sa mort en 1926, après avoir provoqué dans ce village normand une véritable colonisation d’artistes, américains pour la plupart. Le « génie de Giverny » repose dans le cimetière de l’église Sainte-Radegonde.

    Les Nymphéas. Depuis toujours, Monet est fasciné par les reflets inversés que renvoient les miroirs d’eau. Il détourne le cours du Ru, petit bras de l’Epte, pour façonner son « jardin d’eau » et y plante des nénuphars de toutes les variétés. Des plantes aquatiques vivaces estivales qui lui inspireront une série d’environ 250 grandes toiles à l’huile. Elles expriment, aux confins de l’abstraction, des vibrations de couleur faisant appel à un monde de sensations et d’émotions.

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    Auvers-sur-Oise : Vincent, Paul, Camille, et les autres…

    l'Auberge Ravoux à Auvers-sur-Oise


    Sans le sou, Van Gogh trouve gîte et couvert dans une chambrette de l’auberge Ravoux. Dans sa correspondance avec son frère Théo, il écrit : « Le spleen n’est pas dans l’air d’ici », traduisant la ferveur créatrice qui l’anime. Acheté par Dominique-Charles Jansens, l’auberge permet de visiter la chambre 5 qu’occupait l’artiste malheureux.

    Vincent Van Gogh s’éteint le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise. Il est âgé de 37 ans. Il vient de séjourner 70 jours dans ce petit bourg des bords de l’Oise, et y a peint 70 tableaux ! Une productivité qu’il n’a jamais connue ailleurs. Enterré au cimetière d’Auvers, il sera rejoint par son frère Théo à peine six mois plus tard. « À son arrivée, rien ne préfigure son suicide, note Peter Knapp, spécialiste de Van Gogh. Bien au contraire, sa découverte émerveillée du village annonce l’exploration enthousiaste d’un territoire nouveau, à fouiller. (...) Van Gogh vit son séjour auverois comme un retour vers la lumière du Nord. » Cependant, après une brève visite à son frère, à Paris, l’état mental du peintre se détériore subitement. Le 27 juillet, il se tire une balle au-dessous du cœur. Blessé, il retourne à l’auberge et gagne sa chambre. Le docteur Gachet ne peut rien faire, Van Gogh meurt deux jours plus tard dans son lit, dans les bras de son frère à qui il aurait, dans un dernier souffle, glissé : « La tristesse durera toute la vie. »

    Affluent de la Seine, dans la boucle de Saint-Germain-en-Laye, l’Oise fut aussi fréquentée par les paysagistes et les impressionnistes. Auvers-sur-Oise n’a pas conservé que le souvenir tragique de Van Gogh. Daubigny, Cézanne, Pissarro ou Corot y peignirent de grandes toiles.

    Vétheuil : un décor pour impressionniste

    Vétheuil

    Coquet village du Vexin français, adossé à la Normandie, Vétheuil conquit Monet qui y traquera la lumière avec un incroyable acharnement. Renoir y fera également escale et Gustave Caillebotte y eu une « période » très créative. Haut lieu de l’impressionnisme, la ville reste méconnu, comme si les habitants, jaloux de leur tranquillité, n’avaient jamais cherché à prendre la vague impressionniste... Tant mieux pour nous, visiteurs, car le village de 900 habitants a gardé un aspect authentique, avec ses rues pentues et ses maisons en pierre blanche.

    Claude Monet résida à Vétheuil et y peignit près de 150 toiles, dont une soixantaine pour la seule église Notre-Dame (XIIe et XIIIesiècles). Il se déplace alors sur son bateau-atelier, s’installe sur une île au milieu du fleuve, ou sur la rive opposée à Lavacourt, d’où il peint d’innombrables vues sur le village, à toutes les heures de la journée, sous toutes les lumières possibles. Il décrit : « C’est une palette chatoyante entre terre, eau et ciel, alliant mille couleurs, du blanc de la craie des falaises au turquoise étincelant du fleuve en passant par tous les bleus du ciel. »

     

    Photos-Villes du Monde 2:  La Normandie des Impressionnistes

     

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    Compostelle : les plus belles étapes

    du chemin de Tours

     

    Par Hugues Dérouard
    source : Détours en France Hors-série Compostelle
     

    La via Turonensis tient son nom du sanctuaire de Saint-Martin de Tours, étape majeure pour les pélerins d'Europe du Nord. Le « Grand Chemin » se distingue par son terrain peu accidenté, donc praticable à vélo.

    Paris. Départ tour Saint-Jacques

    Tour Saint-Jacques à Paris

    Venus du nord et du nord-est de l’Europe, les pèlerins se rassemblaient à Paris avant de gagner, par Orléans ou Chartres, le sanctuaire de saint Martin à Tours, ville qui donna son nom à la via Turonensis. Borne zéro de ce chemin ? La tour Saint-Jacques, aujourd’hui au milieu d’un square du même nom, au cœur de la capitale.

    Notre-Dame de ParisNotre-Dame de Paris.

    Le saviez-vous ?

    Le square de la Tour-Saint-Jacques fut le premier ouvert au public, en 1856. Lors de sa visite 
à Paris pour l'Exposition universelle de 1855, la reine Victoria fut menée sur le chantier par
le baron Haussmann, heureux de présenter à la souveraine le premier square parisien inspiré directement par les Anglais. Une stèle y est érigée à la mémoire de Gérard de Nerval (1808-1855), non loin de l’endroit où il a été retrouvé, pendu à une grille rue de la Vieille-Lanterne.

     

    Tours, le souvenir de saint Martin

    La basilique Saint-Martin à Tours

    En 1802, l'ancienne basilique Saint-Martin est détruite. La nouvelle basilique a été consacrée en 1925.

    Étape majeure pour les pèlerins d’Europe du nord, Tours donna son nom à la via Turonensis menant à Compostelle. Ils y affluaient par milliers pour honorer les reliques de saint Martin, deuxième évêque de Tours, avant d’entamer leur périple.

    Suivre son itinéraire, marcher vers son but, lever les yeux. Contempler, retenir son souffle. Le marcheur est libre de s’arrêter pour s’émouvoir de ce qui l’entoure.

    Composition de photos de Tours et des environs

    Sous les voûtes. Les voûtes gothiques de la cathédrale Saint-Gatien de Tours (1), un chemin en Aquitaine (2) et la coupole de la basilique Saint-Martin de Tours (3).

    La triade romaine de Melle

    Eglise Saint-Hilaire de Melle

    L'église Saint-Hilaire de Melle.

    Ceinturée par les vallées de la Béronne et de son petit affluent, la cité des Deux-Sèvres,à trente kilomètres de Niort, possède encore trois églises romanes fondées pour l’accueil des pèlerins. Melle demeure aujourd’hui un haut lieu spirituel.

     

    À Saintes, de Rome au roman

    Sur le chemin de Saintonge, un pavage romainSur le chemin de Saintonges, un pavage romain.

    Au bord de la Charente, la capitale historique de la Saintonge, sous une apparence quelque peu austère, allie le charme quasi méridional de ses façades blanches aux souvenirs de son riche passé. Les pèlerins y vénèrent les reliques de saint Eutrope, apôtre des Santons, troisième évangélisateur de la Gaule et premier évêque de Saintes.

    À voir aussi à Saintonge

    Composition des reliefs visibles à Saintonge

    Un chapiteau de Notre-Dame de Surgères, église du XIe siècle (1), Détails de Saint-Pierre d'Aulnay (2)... un chien de chasse (3)... un visage solaire et énigmatique (4).

    L'église Saint-Pierre de la Tour d'Aulnay

    Datant du XIIe siècle, l’église Saint- Pierre de la Tour d’Aulnay, classée au patrimoine de l’Unesco mais  un peu à l’écart de la via Turonensis, en Charente-Maritime, mérite un détour. Bien que conçue sur un plan très simple en forme de croix latine, avec nef à collatéraux, c’est une merveille de l’art roman. Sa sobriété met en valeur la  richesse du décor sculpté de son portail sud notamment, orné d’un magnifique bestiaire. Ici tout est remarquable : chaque chapiteau, chaque modillon est d’une beauté exceptionnelle. L’église est entourée d’un cimetière – avec de curieuses tombes sur pilotis – et d’une belle croix hosannière du XVe siècle.

     

    De Bordeaux à Dax : marcher dans la Grande Lande

    Forêt landaise

    Autrefois, traverser les Landes, insalubres, relevait de la mésaventure. Aujourd’hui, pour le pèlerin comme pour le randonneur, c’est une partie de plaisir. La plus grande forêt d’Europe offre un grand souffle vert.


    Des kilomètres de forêt

    Forêt landaise

    Dans cette forêt des landes née de la volonté de Napoléon III de fonciariser une zone insalubre, le marcheur suit une piste bordée de pins. Attention à ne pas se laisser hypnotiser par la régularité verticale de ces millions de fûts, pour ne pas manquer un embranchement !

    Plusieurs jours durant, vous ne quitterez quasiment pas les pistes forestières des Landes. Ennuyeux? Cela dépend de vous, car ces kilomètres de forêt sont propices à l’introspection.

    Les fontaines guérisseuses

    Dans les Landes, quasiment chaque commune possède sa source dédiée à un saint guérisseur, mélange de croyances anciennes et de vénération chrétienne. On en dénombre plus de deux cents dans la région et, chaque année, elles attirent toujours de nombreux fidèles qui viennent là en pèlerinage. Saint-Clair (qui, évidemment, guérit les maladies des yeux) à Belin-Béliet, Saint-Eutrope (qui soigne les estropiés) à Trensacq, Sainte-Rufine à Biganon...

     

    Rayonnantes chapelles

    Chapelle Sainte-Radegonde de Talmont

    La chapelle Sainte-Radegonde de Talmont, sur l'estuaire de la Gironde que les pèlerins traversaient.

    Parmi les beautés romanes sur le chemin, les chapelles de Lugaut et de Talmont-sur-Gironde sont d’incroyables joyaux. Toutes deux s’offrent au regard et vous transportent, rien ne comptant plus que d’en scruter chaque infime détail pour ne jamais les oublier.

    Fresques de la chapelle de Lugaut

    Les fresques de la chapelle de Lugaut (Landes) datent de 1220-1230 et recouvrent tout l’intérieur de l’édifice. Ici, une Descente aux enfers.

     

    Photos-Villes du Monde 2:

     

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    Compostelle : de Paris à Tours

     

    Par Hugues Dérouard
    source : Détours en France Hors-série Compostelle
     

    Venus du nord et du nord-est de l’Europe, les pèlerins se rassemblaient à Paris avant de gagner, par Orléans ou Chartres, le sanctuaire de saint Martin à Tours, ville qui donna son nom à la via Turonensis.

    Borne zéro de ce chemin ? La tour Saint-Jacques au cœur de la capitale.

    La tour Saint-Jacques à Paris

    La tour Saint-jacques tutoie le ciel de Paris depuis le XVIe siècle.

    Jadis, les pèlerins arrivaient au cœur de Paris par la rue Saint-Martin ou la rue Saint-Denis, où ils faisaient étape au très réputé hôpital de Saint-Jacques-aux-Pèlerins construit en 1206. Ils atteignaient ensuite l’église Saint-Jacques-de-la-Bouche- rie, aujourd’hui disparue. Clocher de style gothique flamboyant érigé entre 1509 et 1523 par Jean et Didier de Felin, la tour Saint-Jacques constitue le seul vestige de cette église, vendue comme bien national pendant la Révolution. Aujourd’hui située entre la rue de Rivoli et l’avenue Victoria, dans le IVe arrondissement, la tour Saint-Jacques constituait autrefois la borne zéro des « quatre séparaient les pèlerins de la cathédrale de Compostelle. On peut voir à son sommet la statue colossale de saint Jacques le Majeur et, à chaque angle de la plate- forme, sont représentés l’aigle, le lion, le bœuf et un homme ailé, symboles des quatre évangélistes. Du sommet – la tour est haute de cinquante-huit mètres – l’œil embrasse un joli panorama sur la capitale. C’est en 1836 que la ville de Paris en fit l’acquisition. Devenue dangereuse pour les visiteurs du square, en raison de chutes de pierres, la capitale a entrepris sa restauration complète : commencée en mars 2006, elle s’est achevée en 2009.

     

    Notre-Dame de ParisNotre-Dame de Paris.

    Autrefois, les pèlerins déposaient dans l’église, sur l’autel, bourdons et vêtements pour le rituel de la bénédiction. Après un détour par Notre- Dame, dont le portail présente une statue de Jacques le Majeur, les jacquets pouvaient faire ferrer et bénir les chevaux au chevet de l’église Saint-Séverin, appelé le Carrefour-au-Fèvre. Ils gravissaient ensuite la colline Sainte-Geneviève en remontant la rue Saint-Jacques pour atteindre Saint- Jacques-du-Haut-Pas.

    Dans cette église, peut-être pourrez-vous entendre un concert du «Chœur de Compostelle», groupe créé en 1983 ? C’était ici que les adieux se faisaient avec les familles qui, parfois, les escortaient.

    Tours, le souvenir de saint Martin : Étape majeure pour les pèlerins d’Europe du nord

    Basilique Saint-Martin de Tours

    En 1802, l'ancienne basilique Saint-Martin est détruite. La nouvelle basilique a été consacrée en 1925.

    Tours donna son nom à la via Turonensis menant à Compostelle. Les pèlerins y affluaient par milliers pour honorer les reliques de saint Martin, deuxième évêque de Tours, avant d’entamer leur périple.

    La châsse de saint Martin « resplendit d’une profusion d’or, d’argent et de pierres précieuses », selon Aymeri Picaud. Martin (371-397), qui avait un jour déchiré son manteau pour réchauffer un pauvre, faisait l’objet d’une si grande dévotion qu’une basilique avait été élevée en son honneur. Très ressemblante à celle de Compostelle, la « plus belle de toutes les églises de pèlerinage», aux dires d’Émile Mâle, disparaît en 1802. Ne subsistent aujourd’hui, dans le Vieux-Tours, que la tour de Charlemagne, la tour de l’Horloge et la crypte qui abritait le tombeau de saint Martin.

    À la fin du XIXe siècle, une nouvelle basilique dotée d’une crypte pour accueillir le tombeau du saint, retrouvé lors des fouilles de 1860, fut édifiée sur l’emplacement de l’ancienne collégiale Saint-Martin. Elle doit son style romano-byzantin à l’architecte tourangeau Victor Laloux. Et aujourd’hui encore, la crypte demeure un lieu de pèlerinage. Architecturalement, c’est une salle basse à cinq vaisseaux couverts de voûtes d’arêtes, reposant sur des colonnes jumelées en marbre, avec des vitraux de Lucien- Léopold Lobin, grand maître verrier de Tours au XIXe siècle.

     

    Composition de détails de Tours

    Sous les voûtes. Les voûtes gothiques de la cathédrale Saint-Gatien de Tours (1), un chemin en Aquitaine (2) et la coupole de la basilique Saint-Martin de Tours (3).

    La cathédrale Saint-Gatien fut, elle, bâtie entre 1170 et 1545. Mêlant les styles gothique et Renaissance, l’édifice impressionne par sa taille et son imposante façade richement décorée. Elle compte l’un des plus beaux chœurs de France. Des vitraux du XIIesiècle illustrent divers épisodes de la vie de saint Jacques : son martyre, sa légende, ses miracles.

    Quant à la fameuse place Plumereau, dans le Vieux-Tours, traversée par les pèlerins, elle exerce toujours une attraction naturelle sur les Tourangeaux, mais pas seulement. Elle est un point de ralliement pour bien des visiteurs.

    Photos-Villes du Monde 2:  Compostelle : de Paris à Tours

     

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    La Roche-Guyon, un village qui se

    met en Seine

     

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Les plus beaux village de nos régions 2012, p.48
     

    La Roche-Guyon étire au pied d’un donjon médiéval décoiffé ses maisons, ses caves troglodytiques et un château pour le moins singulier, rêve de Versailles d’un aristocrate exilé… et inspiré.

     

    Panorama

    Sur cette image aérienne, tout est dit de la topographie de La Roche-Guyon. Dans un méandre de la Seine, rive droite, le rebord du plateau du Vexin français se termine par une cuesta. De hautes falaises crayeuses dévalent vers le fleuve. C’est au piémont de cette ligne de crêtes que La Roche-Guyon s’est implanté.

    Si vous venez pour la première fois à La Roche-Guyon, arrivez par la « route des crêtes », via le village de Vétheuil, peint avec acharnement par Claude Monet. Votre trajet ourle les bords d’une muraille de craie, surplombant à une centaine de mètres d’altitude un ample méandre de la Seine (la boucle de Moisson).

    Vous souvenez-vous ?

    C’est par cette D100 (devenue D913), doublée par le GR®2, que Philip Mortimer, le célèbre héros de bande dessinée inventé par Edgar P. Jacobs dans Les Aventures de Blake et Mortimer, prend contact avec « ce décor digne de la légende». Le professeur Mortimer y a hérité d’une bove (une cave troglodytique) qui va s’avérer être un piège diabolique…
    Rien de tout cela n’est vrai, hormis l’existence du château et des boves (principalement dans la charrière de Gasny). Ces dernières ne sont pas piégeuses, mais elles ne manquent pas de susciter la curiosité.

    Creusées dans la tendre roche calcaire, ces excavations avaient pour raison d’être de recevoir les réserves de vin local, le « petit couillotin » qui, pour ne pas avoir des lettres de noblesse, résista aux épidémies de phylloxéra. Hautes et d’une centaine de mètres carrés, elles deviendront des maisons d’habitation, des granges, des refuges, avant de finir pour beaucoup en simples garages à voitures.

    Le château du bourg

    À tout seigneur, tout honneur : le château. Adossé à la falaise, il se signale par un donjon massif (XIIe siècle), constitué d’une tour aux murs épais (plus de 3 mètres d’épaisseur), et entouré d’une enceinte polygonale. Le donjon, massif, saillant à peine de la cime de la falaise, a vite été doté d’une double chemise qui lui confère un aspect imprenable. Le système défensif est ensuite renforcé avec un château, creusé à même la falaise, façon troglodytique, quasiment invisible de l’ennemi. 

    Château

    Le château actuel date des XVIIe et XVIIIe siècles. Il assurait la défense du plateau du Vexin et de la vallée de l’Epte et communiquait avec le château troglodytique, aujourd’hui détruit, par un escalier souterrain de 250 marches (vers 1190).

    Son origine

    Nous devons ce magnifique lieu à Guy de la Roche, vassal de Philippe Auguste. Au XVe siècle, sous l’impulsion de la famille de Silly, de forteresse l’édifice se transforme en résidence de plaisance. François Ier et Henri IV y séjournent. Mais c’est surtout avec l’arrivée des de La Rochefoucauld (1659) que sa physionomie est bouleversée.

     

    Chateau

    Pavillons, cour d’honneur, orangerie, écuries… le xviiie siècle correspond à l’apogée du château grâce au duc Alexandre de La Rochefoucauld et à sa fille, Marie-Louise-Nicole, philanthropes, imprégnés des valeurs portées par les intellectuels du Siècle des lumières. 

    Alexandre de La Rochefoucauld, en disgrâce à la cour, est exilé par Louis XV. Habitué aux fastes versaillais, il érige des pavillons d’angle et des terrasses soutenues par de puissantes arcades ; des écuries inspirées de celles de Rambouillet sortent de terre, de même qu’un jardin potager et un verger de trois hectares (celui-ci « ressuscitera » dans les années 2000).

    L'inspiration s'y dégage

    Avant de rejoindre les crêtes, via les charrières (ruelles très pentues), faites un tour par la mairie juchée sur les piliers de l’ancienne halle seigneuriale, l’église Saint-Samson (XVe siècle), le grenier à sel créé par Louis XII (1504). La Roche-Guyon a aimanté nombre de personnages célèbres.

    Route

    C’est en arpentant les « charrières », ruelles qui montent jusqu’aux « crêtes », que vous débusquerez les « boves », ces excavations troglodytiques qui servirent tantôt de maisons pour les plus modestes tantôt d’abris pour toute la population.

    Est-ce en flânant sur les berges de la Seine que François de La Rochefoucauld trouva l’inspiration à ses aphorismes philosophiques (Réflexions ou sentences et maximes morales) ? Est-ce en contemplant la nature du haut des falaises crayeuses que Lamartine écrivit certaines de ses Méditations ?
    À le lire, sans nul doute :

    Ici, à la Roche-Guyon, viennent mourir les derniers bruits du monde…

    Victor Hugo écrivit depuis son auberge (actuel café-tabac) à sa fille Adèle : « La Roche-Guyon… toujours ce beau croissant de la Seine, toujours ce sombre rebord de collines. » 

    Les peintres Camille Pissarro, Paul Cézanne et Auguste Renoir y trouvèrent des lumières « impressionnantes » ; quant à Georges Braque, il y signa en son atelier improvisé ses premières toiles, pionnières du cubisme.

    Le Vexin protégé

    Le Vexin est à la fois une région naturelle et le nom d’une ancienne province. C’est au XIIe siècle que s’établit le distinguo entre le Vexin français et son voisin le Vexin normand.


    Panorama

    Ce vaste plateau calcaire, surmonté de buttes sableuses, s’étend sur environ 1 400 km2 entre l’Oise, la Seine et l’Epte. Il est bordé au nord par un plateau crayeux correspondant au pays de Thelle. En 1995, la création du parc naturel régional du Vexin a permis de protéger et promouvoir le patrimoine d’une centaine de communes. Terre agricole, le Vexin ne fut que peu touché par la Révolution industrielle et peu frappé par l’urbanisation massive, laissant intacte une belle architecture vernaculaire (fermes fortifiées…) et un riche petit patrimoine rural (cadrans solaires, lavoirs, colombiers…). En outre, on y dénombre 120 églises et près de 80 châteaux.
    Parc naturel régional du Vexin

     

    Photos-Villes du Monde 2:  La Roche-Guyon, un village qui se met en Seine

     

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