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    Charleville-Mézières : un faux air d'Italie

     

    Par Igor Marais
    source : Détours en France
     

    Administrativement, elles ne font qu’une. Mais Mézières et Charleville ressemblent davantage à des fausses jumelles qu’à des sœurs siamoises. Petite visite guidée.

    la place Ducale

    Si Mézières est militaire, administrative et sérieuse, Charleville est avant tout vivante ! Elle garde de son riche passé son empreinte intellectuelle, artistique mais aussi commerciale. C’est à Charleville que se concentre l’essentiel des monuments qui se visitent.

    Une brève histoire

    Cette ville est née d’un rêve. En 1606, Charles de Gonzague, gouverneur de Champagne et duc de Rethel, décide de bâtir une ville nouvelle qui portera son nom. Il charge Clément Métezeau, frère de l’architecte de la place des Vosges, à Paris, de concevoir une cité moderne, au tracé géométrique, organisée autour d’une place immense.

    La place Ducale : unité architecturale et ravissement pour les yeux

    la place Ducale

    C’est un absolu ravissement qui saisit tous ceux qui pensent que l’austérité est la marque de cette région frontalière où les invasions se sont succédées au fil des siècles. Il en va ainsi de la place Ducale, un rectangle lumineux de plus d’un hectare bordé de pavillons de briques roses et de pierres ocre, surmontés de toits d’ardoises mauves et d’une galerie d’arcades en anse de panier. L'architecture de cette place construite au XVIIe  siècle rappelle celle de la place des Vosges à Paris qui a servi de modèle lors de sa conception. Elle est classée monument historique depuis 1946.

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    La place Ducale est constituée de 26 pavillons qui dominent une belle galerie d'arcades. Appréciez ses façades en pierre ocre de Dom-le-Mesnil.

     

    place ducale vue de nuit à Charleville Mézières

    La place Ducale est le cœur de la ville. C’est ici que se concentre l’activité commerçante et culturelle, mais aussi les activités administratives, avec l’hôtel de ville de facture plus récente (il a été bâti en 1843).

    Comme un air d'Italie

    Autour de la place, les rues en damier font curieusement penser à des villes italiennes comme Ferrare et elles gardent beaucoup de leurs vieilles maisons aux façades d’un classicisme désuet.

    la Meuse

    Plus loin, le long de la Meuse, qui coule majestueusement apportant à la ville une partie de son cachet, se dresse le Vieux Moulin qui abrite le musée de l’enfant terrible du pays Arthur Rimbaud. Si ce dernier n’a eu de cesse de s’enfuir à pied pour gagner Paris et avoir le destin que l’on sait, la ville de Charleville-Mézières ne l’a pas oublié.

     

    buste d'Arthur Rimbaud

    Un automate haut comme 3 étages

    grand_marionnettiste

    Place Winston Churchill, il ne faut pas manquer l’horloge du marionnettiste, un automate mesurant 10 mètres de hauteur qui, chaque heure, donne un court spectacle retraçant des épisodes de la légende des quatre fils Aymont. Sa présence rappelle que Charleville-Mézières est devenue la capitale mondiale de la marionnette. Le festival mondial des théâtres de marionnettes se tient tous les deux ans. Et, foi d’Ardennais, le spectacle est inoubliable.

     

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    Rennes : une belle leçon d'urbanisme

     

    Par Dominique Le Brun
    source : Détours en France n°166, p. 22
     

    La capitale de la Bretagne, offre une grande diversité de styles architecturaux qui cohabitent en bonne harmonie.

    Hautes maisons à pans de bois


    Sur la triangulaire place du Champ-Jacquet, à Rennes, de hautes maisons à pans de bois ont été bâties au XVIIe siècle. Elles font partie des quelques rescapées de l’incendie de 1720 qui dura une semaine entière. De guingois, un peu penchées, semblant s’étayer les unes les autres, on comprend qu’elles ne pouvaient que favoriser la propagation des flammes. Ces maisons restent fragiles car difficiles et très chères à entretenir.


    Immeubles à colombages à Rennes


    Maisons à colombages du centre-ville. À Rennes, dépourvue de carrière de pierre à bâtir, mais riche de forêts de chêne, on construit avec du bois jusqu’au XIXe siècle. Le spectre du grand incendie qui ravagea la ville en décembre 1720, et les règlements d’urbanisme stricts qui le suivirent, n’ont pas suffi à changer les habitudes des Rennais pas suffisamment fortunés pour recourir à la pierre.

    La place de la mairie à Rennes


    La place de la Mairie est une agora entre l’hôtel de ville (sur la gauche de la place) et l’opéra, perpendiculaire à la place du Parlement de Bretagne. Les solides maisons sur arcades qui la bordent sont de la même époque que l’opéra.

    Peu de villes possèdent des quartiers où les architectures médiévale et classique se trouvent à ce point mélangées. Le responsable de cet urbanisme particulier est l’incendie de 1720. Dépêché de Paris avec pour mission de concevoir une ville nouvelle, l’architecte royal Jacques Gabriel imposa - mais dans les zones dévastées seulement – un style rigide, avec des façades uniformes de plusieurs étages sous des toits à la Mansart.

    Opéra de Rennes


    L’opéra de Rennes. Depuis 1836, ce monument dû à Charles Millardet fait face à l’hôtel de ville construit en 1743 par Jacques Gabriel. Dans cet établissement culturel de la ville de Rennes, on assiste à des spectacles d’art lyrique dans une toute petite salle à l’italienne.

     

    Parc Thabor à Rennes


    À la fois jardin botanique, jardin à l’anglaise et jardin à la française, le parc du Thabor comporte aussi une roseraie et une ménagerie. On y recense plus de 3 000 espèces florales et plus de 1 300 arbres. L’un de ses joyaux est son kiosque à musique. D’influence asiatique, il date de 1880 et fut restauré en 2011.

     

    Photos-Villes du Monde:  Rennes : une belle leçon d'urbanisme

     

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  • Vézelay, un des plus beaux villages de Bourgogne

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Les plus beaux villages de nos régions 2012, p.22
    Publié le 21/08/2015

    Vézelay est un bourg dont le charme n'est plus à prouver, il est l'un des plus beaux villages de Bourgogne. C'est aussi un lieu sacré où de fervant pélerins séjournent pour se recueillir dans sa magnifique basilique.

    Vezelay

    Son histoire ecclésiastique

    À 8 heures du matin, une poignée de fidèles rejoint en silence la chapelle Sainte-Croix. À deux pas de cet oratoire roman, sous l’actuelle grande croix de bois, Bernard de Clairvaux prêcha la deuxième croisade en 1146. 71 ans plus tard, saint François d’Assise y installait le premier couvent de frères mineurs en France. "Les franciscains sont restés ici jusqu’à la Révolution".

    Intérieur de l'égliseVoici l'intérieur de la cathédrale de Vézelay.

    Seule la chapelle est encore debout. Mais nous sommes revenus après la guerre », confie le frère Gilles, l’un des trois moines franciscains encore présents sur place. Dans sa robe brune à capuchon, le religieux avoue ne monter que rarement à la basilique Sainte-Marie-Madeleine, située dans le village au sommet de la butte :

    Je préfère ma chapelle. C’est moins peuplé que là-haut…

    Le chemin des pèlerins, qui grimpe à travers bois jusqu’à la basilique, garde tout son mystère. Mais sur le parvis, que de bruit ! Un rassemblement de jeunes célèbre la fin de leur pèlerinage en chansons. Des louvettes en uniforme traversent la place en courant pour ne pas rater la messe, tandis que des scouts aux godillots crottés cherchent leur chef.

    EgliseLes moines de l’abbaye de Vézelay, détruite à la Révolution, entretenaient avec Compostelle des liens privilégiés. Mais, à la fin du XIIIe siècle, lorsque l’on découvrit à Saint-Maximinen- Provence un sarcophage contenant le corps de sainte Madeleine, l’aura de Vézelay déclina.

    Panorama

    Vézelay en haute saison : un lieu sacré où règne une sacrée pagaille. Dans le narthex où trône le tympan du portail central, merveille de l’art roman, les moines et moniales des fraternités monastiques de Jérusalem tentent d’organiser la cohue. Implantés à Vézelay depuis 1993, huit frères et onze soeurs ont pour mission d’animer spirituellement la basilique, haut lieu de culte depuis qu’elle abrite les reliques de sainte Marie-Madeleine. « Vézelay est une ville de transhumance ! », sourit frère Grégoire en regardant défiler la foule.

    Vézelay est une ville de transhumance !

    Que vient-on chercher ici depuis l’aube des temps ? « La spiritualité de Marie-Madeleine est ancrée dans ce lieu. Elle évoque la miséricorde, la réconciliation, la résurrection, la paix… Quelque chose nous saisit ici, même quand on n’a pas de sensibilité chrétienne. »

    Intérieur CathédralePierre sculptée, hauteur vertigineuse, une nouvelle fois la beauté de ce lieu mystique n'est pas à prouver.

    Ce « quelque chose » apparaît à quelques mètres de là, dans la nef transpercée de lumière. Les bâtisseurs du XIIe siècle ont écrit, avec leurs marteaux, l’incroyable dialogue entre la pierre et la lumière, symbolisant l’échange entre l’homme et le divin.

    La force du pardon

    BasiliqueEn 1946, le père Paul Doncoeur et les bénédictins de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire lancent l’idée d’un grand pèlerinage de pénitence : 14 croix en bois sont apportées à pied depuis l’Angleterre, l’Italie, la Belgique, la Suisse, la France.
    L’Allemagne est exclue, jusqu’à ce que des prisonniers allemands demandent à participer. Ils construisent alors une croix avec les poutres d’une maison détruite par les bombardements. Plus de 30 000 personnes assistent à leur procession. La réconciliation francoallemande est en marche. Au pied de la porte Sainte-Croix, un arbre de la paix a été planté en souvenir de cette « croisade pour la paix ».

    La lumière… Dans le narthex et la crypte, c’est encore une pénombre. Dans les voûtes en berceau de la nef, c’est une source tamisée par la pierre. Dans le choeur gothique éclatant de blancheur, c’est un éblouissement à l’image de la Jérusalem céleste. Crescendo magique, qui prend tout son sens au solstice d’été. À midi, neuf flaques lumineuses jalonnent la nef centrale avec une précision vertigineuse. 

     

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    Balade dans Quimper

     

    Par Dominique Le Brun
    source : Détours en France n°166, p. 48
     

    Des quais ombragés de l'Odet au mont Frugy, des venelles médiévales au quartier de Locmaria, il faudra vous plonger dans le vieux Quimper pour apprécier les richesses d'une ville où l'art, l'histoire et la culture tissent l'âme profonde de la Cornouaille.

    Cathédrale Saint-Corentin, Quimper


    La cathédrale Saint-Corentin, joyaux de la ville, et la statue équestre de Gradlon qui se dresse entre les flêches.

    Quimper tient son nom du mot breton kemper, qui signifie « confluence ». C’est au carrefour de l’Odet et du Steir que la ville s’éleva, fondée selon la légende par Gradlon, roi de Cornouaille au VIe siècle. Gradlon offrit sur ce site un refuge à l’ermite Corentin.

    La place Terre-au-Duc


    Oublié le parking qui meurtrissait la ravissante place Terre-au-Duc. La toponymie des voies alentour nous raconte le temps où cette partie de la ville était propriété du duc de Bretagne : rue de la Herse, venelles du Pain-Cuit, du Moulin-au-Duc. Le Steir, qui coule juste derrière ces maisons, marquait la frontière avec la ville épiscopale.

    Un peu d'histoire

    Aux origines de Quimper, les mythes se confondent avec les  récits historiques de l'époque. Daté de 1235, la vie de Saint Corentin attribue la fondation de la ville au roi Gradlon, fuyant Ys l'engloutie. La vérité est qu'en cet endroit existait déjà une agglomération très ancienne : Civitas Aquilonia (La Cité des Aigles) que les conquérants romains avaient fondée là où l'estuaire était assez étroit pour être facilement traversé, tandis que le mont Frugy permettait de contrôler les alentours.

    Les remparts de Quimper


    Depuis la gare, on rejoint le centre-ville. Une minimuraille se dresse : il s’agit d’une partie des remparts de 1 500 mètres datant du XIIIesiècle. Une fois la porte franchie, on se trouve dans les jardins de l’Évêché et l’ancien palais des évêques de Cornouaille (XVIe-XIXe siècles) qui abrite le Musée départemental breton. Costumes, faïences, mobilier, mais aussi arts populaire et ancien y sont exposés.

    La rue Laennec à Quimper


    La rue Laennec honore le médecin quimpérois inventeur du stéthoscope : René Laennec (1781-1826). Au bout de la rue, dans l’axe de la perspective, on remarque un hôtel particulier : c’est celui de René Madec (1738-1784), autre enfant de Quimper au destin fabuleux. À 9 ans, il embarque pour la première fois, puis part pour l’Inde. À 20 ans, il se fait mercenaire au service du Grand Moghol, devient lieutenant général de l’Empire moghol, nabab et roi du Dekkan ! Las de lutter contre les Anglais et immense fortune faite, il rentre en France en 1779. Anobli par Louis XVI, l’aventurier meurt banalement des suites d’une chute de cheval, en 1784.

    La place Saint-Corentin


    La très vaste place Saint-Corentin est entièrement piétonnière. Un vrai luxe. D’un côté, la cathédrale Saint-Corentin, de l’autre, la mairie et le musée des Beaux-Arts. Sans oublier les immenses terrasses des deux cafés avec vue sur la cathédrale où s’arrêter pour scruter les détails du granit sculpté du sanctuaire, et pour lever les yeux vers les hauteurs de ses flèches de 36 mètres réalisées au XIXe siècle.

    La rue Kéréon à Quimper


    La rue Kéréon (autrement dit, des cordonniers) est l’artère du centre-ville. Maisons à colombages, à encorbellements (la demeure de gauche date de 1552).

    Photos-Villes du Monde:  Balade dans Quimper

     

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    Morlaix : un patrimoine architectural séculaire

     

    Par Dominique Le Brun
    source : Détours en France n°166, p. 66
     

    À l’est, le Trégor. À l’ouest, le Léon. Au nord, la mer. Au sud, les monts d’Arrée. Morlaix, à l'abri de sa baie, recèle un patrimoine architectural du XVe et XVIesiècle bien préservé.

    Posé telle une tiare au-dessus de la ville historique, le viaduc ferroviaire de Morlaix rappelle combien la cité finistérienne fut un carrefour entre Armor et Argoat, là où le commerce était une marque de fabrique. Aujourd’hui, d’embellissement d’un patrimoine architectural séculaire unique en créations artisanales et en agitations culturelles, la ville s’est réveillée. N’est-ce pas ici qu’est née À l’Aise Breizh, la petite bigoudène légèrement déjantée ? D’un caractère péninsulaire, les Morlaisiens ne baissent jamais les bras.

    Morlaix, vue du viaduc ferroviaire


    Serrées les unes contre les autres, comme pour défier la modernité, les maisons à colombages de la place Allende prennent place au creux de la ville bâtie à flanc de collines reliées par cet impressionnant viaduc. Le meilleur point de vue pour découvrir Morlaix est celui qui s’offre, pour quelques instants seulement, aux voyageurs du Paris-Rennes-Brest lorsque, avant son entrée en gare, le train franchit à petite vitesse le viaduc qui domine toute la ville.

    Eglise Saint-Melaine


    L’église Saint-Melaine, gothique flamboyant des XVe et XVIe siècles.

     

    La place des otages


    Sur la place des Otages, l’hôtel de ville et le kiosque à musique.

     

    Maisons à colombages à Morlaix


    Maisons à colombages, à pans d’ardoises, rues pavées  : un voyage dans le temps.

     

    La château du Taureau


    Château du Taureau : Morlaix n’oublia jamais le pillage commis en 1522 par des corsaires anglais, qui avaient profité de l’absence de la plupart des hommes de la ville, partis pour une foire voisine. Ils étaient bien renseignés ! Pour empêcher de nouvelles incursions, un fort fut bâti en baie de Morlaix, au bord du chenal que les navires empruntaient obligatoirement  : le château du Taureau se montra si dissuasif que les Anglais n’y revinrent pas ! D’ailleurs, les espions capturés étaient pendus aux remparts, ce qui donnait à réfléchir.

     

    Port de plaisance de Morlaix


    Port de Morlaix :  À l’origine, Morlaix s’est développé au plus étroit d’un estuaire profond,  ce qui permettait aux navires de remonter très loin dans les terres, autorisant de fructueux négoces avec l’étranger. Mais, avec l’avènement de l’automobile, Morlaix a recouvert sa rivière, et les quais ont été repoussés jusque dans les faubourgs. Des cartes postales anciennes montrent des voiliers à quai non loin du viaduc  la ville avait alors une tout autre allure !

     

    Photos-Villes du Monde:  Morlaix : un patrimoine architectural séculaire

     

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