Le Laboratoire international associé OptiNutriBrain (les Français aiment bien les anglicismes, et brain fait plus «international», nous a-t-on expliqué jeudi) permettra notamment de documenter l'effet de la nutrition sur le cerveau à toutes les étapes de la vie et à prévenir ou corriger les pathologies neuropsychiatriques ou neurodégénératives. «Le cerveau est une image miroir de ce qu'il y a dans notre assiette», a résumé en conférence de presse le codirecteur du nouveau laboratoire, Frédéric Calon, professeur à la Faculté de pharmacie de l'Université Laval. 

La création d'un tel laboratoire est d'autant opportune que la population vieillit (le Québec est la deuxième société la plus âgée au monde, après le Japon), que les maladies du système nerveux central touchent une personne sur trois et représentent 14 % de la charge socioéconomique au Canada et en France, que la dépression est la première cause de handicap dans le monde et que le coût social de l'alzheimer bondira à 1117 milliards $ d'ici 2030, a fait valoir M. Calon.

Les recherches précédentes du professeur Calon ont notamment confirmé les effets bénéfiques des oméga-3 sur les symptômes de l'alzheimer, du Parkinson et des accidents vasculaires cérébraux, alors que la codirectrice du Laboratoire, la neurobiologiste française Sophie Layé, est reconnue pour ses travaux portant sur le lien entre la nutrition, le fonctionnement cérébral et le comportement.

Les recherches d'OptiNutriBrain couvriront les effets de la nutrition à tous les âges de la vie, depuis le développement cérébral de l'enfant jusqu'aux maladies neurodégénératives liées au vieillissement, a précisé Frédéric Calon. 

Le Laboratoire s'intéressera plus particulièrement à la façon dont une alimentation déficiente durant l'enfance peut affecter la santé cérébrale à long terme et à la réversibilité de ces effets par une approche nutritionnelle adaptée. Les conséquences d'une alimentation déséquilibrée sur le développement de différentes maladies psychiatriques et neurodégénératives seront également étudiées afin là aussi de développer des stratégies nutritionnelles préventives ou correctrices.

Molécules étudiées

Parmi les différentes molécules que les chercheurs comptent étudier, outre les acides gras polyinsaturés (oméga-3 et oméga-6) : les polyphénols (qu'on retrouve notamment dans les petits fruits), les acides aminés ramifiés (qui composent certains compléments alimentaires destinés à stimuler la production de protéines et à procurer une source d'énergie dans les muscles), les prébiotiques et les probiotiques (ou bonnes bactéries) de même que certaines vitamines, dont la A (qu'on trouve dans certains abats de viande et dans les carottes, par exemple, et qui pourrait ralentir le déclin cognitif).

Une alimentation saine et équilibrée restera toujours le meilleur moyen de profiter de ces nutriments, souligne le professeur Calon, qui ne rejette pas pour autant les suppléments alimentaires. «C'est sûr que de prendre des vitamines après avoir mangé du McDo, ce n'est pas la bonne attitude à prendre. Mais dans certaines circonstances, les suppléments peuvent être utiles», croit-il.

OptiNutriBrain sera notamment financé par des entreprises du secteur de la nutrition, a-t-on précisé jeudi. 

L'Université Laval et l'Université de Bordeaux, qui collaborent depuis bientôt 10 ans, ont par ailleurs d'autres projets de laboratoires dans d'autres disciplines, a-t-on également indiqué.