•  

    La détresse des maîtresses

     


    On perçoit souvent la maîtresse comme une briseuse de couple insensible. Bien sûr, on peut blâmer ces femmes de faire de mauvais choix, mais l’amour est tout sauf rationnel, et s’attacher à un homme engagé peut entraîner de réels déchirements.


    Céline Montpetit du magazine Châtelaine

     

    On connaît déjà la souffrance que vivent les femmes trompées. Mais on s’attarde rarement à celle que vivent les maîtresses. Rose-Marie Charest, clinicienne et ex-présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, nous parle de la détresse de la « méchante » maîtresse. Et une femme nous livre, avec grande générosité, le récit de son histoire passée avec un homme marié. Une relation qui l’a anéantie et dont elle porte toujours les séquelles.

     

    Santé-Psycho 2:  La détresse des maîtresses

     

    Entrevue avec Rose-Marie Charest


    Vous avez déjà mentionné qu’en général, les hommes attachent peu d’importance à leur maîtresse, qu’elle ne tient pas une place significative dans leur vie affective. Croyez-vous que les femmes sont aussi capables de vivre avec leur amant une relation dépourvue de sentiment amoureux?


    Il y en a peut-être, mais je n’en ai jamais rencontré. Bien sûr, si la femme est déjà en couple, il est possible qu’elle s’investisse moins dans sa relation extraconjugale. Mais cela demeure théorique. Car je vois beaucoup de femmes qui, au départ, se disent: «Je vais le prendre pour ce qu’il peut m’apporter.» Mais elles finissent par avoir des attentes, à s’attacher et à souffrir de la non-réciprocité. Elles ont un désir amoureux qui dépasse largement le désir sexuel.


    On juge beaucoup les maîtresses. Pourrait-on aussi les plaindre?


    Elles ont été abondamment jugées. On les considère comme la méchante du trio. Souvent même, la femme qui découvre que son mari la trompe en voudra davantage à la maîtresse qu’à son propre conjoint. Et, pourtant, c’est lui qui a manqué à son engagement, qui était lié par une promesse de fidélité. On fait encore beaucoup porter à la femme la responsabilité de la sexualité de l’homme. C’est de sa faute, c’est elle qui l’a attiré! Bien sûr, elle a sa part de responsabilité. Mais il est très rare qu’un homme séduise une femme en lui avouant d’emblée: «Je suis engagé et je ne laisserai jamais ma femme, je cherche une aventure.» La plupart du temps, il laisse entrevoir un espoir. «Quand les enfants seront grands… on ne sait jamais… ça ne va pas très bien avec ma femme…» On sait à quel point l’imaginaire contribue largement à l’attachement amoureux. Et c’est encore plus vrai dans ce type de relation. Il est facile pour une femme d’imaginer que son amant souhaiterait être plus présent, mais qu’il ne peut pas. Normalement, lorsqu’un homme ne donne pas signe de vie pendant des jours, on prend bonne note de son désintérêt. Mais s’il est engagé, on veut bien attribuer son silence à ses obligations d’homme marié. Facile aussi d’imaginer comme la vie serait donc merveilleuse si l’homme qu’on aime était disponible. Une image forte, qui accentue le sentiment amoureux.


    Beaucoup de femmes préfèrent se contenter du peu qu’elles reçoivent même en sachant que cet amour est impossible. Car les quelques heures passées avec leur amant sont généralement des moments de grâce, intenses et passionnels. Or, dans la vraie vie, une relation de couple n’est pas constituée exclusivement d’ébats passionnels. Il y a aussi le quotidien, les petits tracas, la fatigue, qui finissent par peser sur la relation. Lorsqu’on fréquente un homme à raison de quelques heures par semaine, on peut avoir tendance à l’idéaliser. C’est pour cette raison que ces femmes ont de la difficulté à rencontrer d’autres partenaires. Elles trouvent leur amant tellement extraordinaire que tous les autres ne font pas le poids à côté.

     

    Santé-Psycho 2:  La détresse des maîtresses

     

    Les maîtresses se sentent-elles coupables, jugées? Craignent-elles de se confier à leurs proches?


    Oui. Elles vivent énormément d’isolement et de honte. Elles ont peur d’être découvertes, vivent dans le secret et n’osent pas se confier. Et, le plus souvent, elles ont peur que lui soit découvert. Et que cela mette fin à la relation. Pourtant, elles pourraient aisément prendre le téléphone et dévoiler au grand jour leur secret à l’épouse, ce qui, en principe, devrait leur apporter ce qu’elles désirent le plus : la rupture du mariage de leur amant. Mais elles ne le font pas. On peut penser qu’elles s’abstiennent de passer à l’acte, car cela changerait la dynamique de leur relation. Il y a quelque chose de très particulier dans le fait d’aimer un homme qui est aimé par une autre femme. Cela n’est pas sans rappeler le couple parental, nos parents, qu’on voulait unis. Il y a donc une certaine volonté de ne pas faire éclater le couple.


    Des femmes sont-elles plus enclines que d’autres à s’engager dans une relation interdite?


    Certaines femmes cumulent les relations d’amours interdits. Sur le plan psychologique, il y a une dynamique qui fait qu’on peut être attirée par un homme inaccessible. Ce sont souvent des femmes qui ont peur de l’intimité et de l’engagement. Mais cette peur ne les empêche pas d’avoir un désir amoureux. S’attacher à un homme engagé satisfait ces deux besoins : être dans une relation amoureuse sans intimité ni engagement. Même si, consciemment, la femme désire vivre le quotidien avec cet homme, une relation à temps partiel n’éveille pas sa peur irrationnelle de l’intimité, c’est plus confortable.


    La maîtresse vit dans l’attente que son amoureux devienne libre. Quelles en sont les répercussions sur sa santé psychologique?


    Cela fragilise l’estime de soi. Attendre d’être choisie et ne pas l’être finit par la brimer. C’est toute la vie sociale qui s’en ressent. Le fait de porter un secret, de ne jamais être vue en couple, d’être seule dans les moments difficiles, comme lorsque surviennent la maladie ou les soucis financiers. C’est sans compter qu’elle doit souvent faire le deuil de la maternité. Ne pas être choisie représente beaucoup de pertes et peut entraîner des souffrances importantes, qui peuvent aller jusqu’à la dépression. On a tendance à banaliser la souffrance de la maîtresse. Pourtant, celle-ci vit une réelle et très grande détresse. D’autant plus qu’on sait à quel point la relation amoureuse occupe une place centrale dans la vie des femmes. Celles qui sont aux prises avec une telle relation devraient cesser de se juger et de se culpabiliser. Elles auraient intérêt à entreprendre une démarche pour parvenir à faire des choix plus constructifs.

     

    Une maîtresse témoigne

     

    Santé-Psycho 2:  La détresse des maîtresses

     

    Je l’ai tout de suite reconnu. Un jumeau, une âme sœur, un alter ego. Nous avions le même humour, nous partagions les mêmes valeurs, les mêmes intérêts. Pendant quelques années, notre relation a été platonique. C’était pour moi un frère bienveillant.


    J’ai fini par sentir qu’il s’éprenait de moi, qu’il était sensible à mon charme, tout en se gardant de l’exprimer. J’étais aussi très attachée à lui, mais je ne voulais pas d’une relation avec un homme marié. Par respect pour moi et pour l’autre femme. Puis, un jour, portés par l’ivresse du classique verre de vin, dans une ambiance propice au rapprochement, nous avons laissé nos bonnes intentions de côté. Mon attirance pour lui a eu raison de mes principes. Le barrage a cédé.


    Nous avons vécu une folle passion. Les rendez-vous dans l’ombre, le cœur qui bat la chamade, les courriels enflammés… Nous volions si haut. Au bout de deux mois, j’ai néanmoins voulu rompre. Je souffrais déjà d’être second violon. À mes yeux, notre amour méritait d’être vécu en plein soleil. Je ressentais aussi de la culpabilité envers sa femme, que je ne connaissais pas. Elle s’interposait entre nous tel un fantôme. Quand je lui ai annoncé ma décision, il m’a répété à maintes reprises, les yeux plantés dans les miens, le ton solennel: «Je t’aime profondément, tu es la femme de ma vie. Je ne te laisserai pas tomber. Attends-moi.»


    Je n’ai pas douté une seconde de sa sincérité. J’étais certaine qu’il allait honorer son engagement. Après tout, je le connaissais depuis longtemps. Nous étions en phase sur tous les plans : spirituel, philosophique, sexuel, affectif. Je l’admirais beaucoup. J’étais fière qu’un homme d’une telle envergure s’intéresse à moi. Il correspondait en tout point au compagnon de vie que j’avais dessiné dans ma tête: vif d’esprit, cultivé, drôle, sensible aux autres, tendre.


    Alors j’ai attendu. Longtemps. Les années qui ont suivi m’ont marquée au fer rouge.


    Mon «chum» refusait de me considérer comme sa maîtresse. J’étais son «grand amour». Étais-je naïve? Je ne crois pas. Je continue de penser, encore aujourd’hui, qu’il était sincèrement épris. Il n’était pas le genre à cumuler les aventures et à se jouer des femmes.


    Sauf que la situation a fini par me rendre dingue. Je dormais mal, je mangeais peu, je prenais des médicaments, je pleurais tous les jours. Je lui cachais toutefois mon désarroi, de peur de le faire fuir. Lorsque venait le temps des vacances familiales, il se sentait coupable et me couvrait de cadeaux. Je redoutais ces périodes durant lesquelles il se rapprochait de sa famille. Rongée par l’angoisse, j’étais toujours dans l’attente d’un coup de téléphone ou d’un courriel. Il me racontait les balades en vélo, la vue magnifique, les soupers chez le beau-frère. Je l’imaginais avec les siens et ça m’anéantissait. Je ne supportais plus de ne pas être choisie.


    J’ai fini par le confronter, car je sentais qu’il ne passerait pas à l’acte. C’est durant un week-end à son chalet qu’il m’a annoncé, par courriel, qu’il ne quitterait pas sa femme. Il n’y a pas de mot pour décrire ma douleur. J’ai senti le sol se dérober sous mes pieds. Peu de temps après, on m’a d’ailleurs diagnostiqué une dépression majeure. Selon ma psychiatre, cette rupture amoureuse fut l’équivalent sur le plan psychiatrique d’un arrêt cardiaque. En effet, mon cœur s’était arrêté. J’ai cessé de travailler. Je me suis bercée pendant des mois sur la véranda chez ma mère.


    Nous avons coupé les ponts pendant un bout de temps avant de renouer. Il a fini par me refaire les mêmes promesses, avec la même ardeur. «Les choses ont évolué», disait-il. Je pense qu’il voulait y croire. Moi, en tout cas, j’y ai cru une deuxième fois. Il a d’ailleurs annoncé à sa femme et à ses enfants son intention de quitter le nid familial. Il a pris les services d’un agent immobilier afin de vendre sa propriété. Notre projet de vie commune reprenait forme. Nous allions vivre dans cette jolie petite maison que nous avions repérée, il allait me faire des enfants. J’avais hâte de le présenter à ma famille – la plupart des membres ignoraient ma relation avec lui. Il n’y a pas de fierté à dire qu’on voit un homme qui n’est pas libre. Et puis, je n’avais pas le goût d’entendre: «Ma pauvre fille, tu vas te briser.»


    Quelques semaines après avoir dit à sa femme qu’il la quittait, il est redevenu fuyant. Il s’est mis à espacer nos rendez-vous, son ton changeait. Et il ne faisait toujours pas sa valise… Alors je l’ai à nouveau confronté. Je me souviens parfaitement de la scène: j’étais dans une cabine téléphonique au centre-ville de Montréal. Je cognais sur les parois en hurlant de douleur. Il a promis de venir me voir en personne pour s’expliquer. Il ne l’a jamais fait.


    Je crois que c’est lorsqu’il a été question de vendre sa maison qu’il a reculé. Ses enfants étaient aussi bouleversés par la séparation éventuelle de leurs parents. Il ne supportait pas la perspective d’incarner à leurs yeux le rôle du méchant qui quitte leur mère.


    J’ai le sentiment que ma principale rivale n’était pas tant sa femme que tout ce qu’ils avaient construit ensemble: les enfants, leur maison, le chalet, les amis, le standing, le confort. Les hommes se définissent beaucoup par leur réussite familiale. Ils n’osent pas faire éclater cette cellule, qui symbolise l’aboutissement d’un projet de vie. Je lui en veux encore d’avoir fait passer tout cela avant nous. Il a beaucoup utilisé l’excuse des enfants. Aujourd’hui pourtant, ils sont adultes, ils ont quitté le nid. Mais lui n’est pas parti.


    Comment faisait-il pour vivre sans moi s’il m’aimait autant qu’il le prétendait? Ça reste, à ce jour, un grand mystère. J’étais dans l’illusion qu’il percevait cet amour de la même manière que moi. Dans l’absolu. Mais non. L’autre est toujours un autre que soi. Il a son univers, son jardin secret, sa propre conception des choses. C’est la conclusion que je tire de cet épisode de ma vie, dont je porte toujours les séquelles. Une partie de moi est abîmée à jamais.


    Si je lui en veux d’avoir nourri mon espoir si longtemps, si je lui en veux de m’avoir trahie à mort, je sais aussi que j’ai contribué à mon malheur. J’ai fait un mauvais choix – je l’assume. J’ai gâché ma trentaine.


    C’est un épisode de ma vie dont je parle rarement parce que je supporte mal les jugements à l’emporte-pièce. Notre histoire n’est pas celle d’une fille naïve qui s’est fait avoir par un salaud qui trompait sa femme. Je n’étais pas non plus une «voleuse de mari». Les gens ont tendance à poser des étiquettes pour se rassurer. Il y a le bien d’un côté, le mal de l’autre. Alors qu’il y a un océan de nuances et de subtilités entre les deux. Les êtres sont si complexes.

     

     

    Santé-Psycho 2:  La détresse des maîtresses

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Avoir des rêves, une question de survie?

     

    Jeunes ou vieux, on a tous des rêves. Certains n’aboutiront jamais, d’autres oui. Des spécialistes expliquent comment se rapprocher de son idéal.


    Par Marie-Hélène Proulx du magazine Châtelaine

     

    Depuis quelques mois, la psychologue Jocelyne Bisaillon cultive un rêve : celui d’aider les jeunes à réaliser leurs propres rêves. Elle s’intéresse aussi aux membres de la génération X, désormais dans la fleur de l’âge, dont les déconvenues résonnent régulièrement entre les murs blancs de son bureau, à Montréal. Leur difficulté à se tailler une place à la hauteur de leurs désirs la touche tant qu’elle va y consacrer un livre, intitulé provisoirement EXit. Comme dans « Elle est où, la sortie vers mes idéaux ? »


    Parfois, ce sont les mauvais coups du sort qui entravent les rêves. Une crise économique, un contexte politique, un accident, une maladie. Des trucs contre lesquels on ne peut pas se battre. « Mais il arrive aussi que le blocage vienne de l’intérieur », observe-t-elle. On s’autocensure, on se résigne, on se rabaisse. On a peur.


    Encore les doutes ?


    « “Je ne suis pas capable” et “Je n’ai pas assez de talent” sont les phrases que j’ai le plus souvent entendues durant ma carrière d’enseignant à l’université », renchérit le philosophe français Michel Lacroix, auteur de plusieurs ouvrages sur la réalisation de soi, dont Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel (Éditions Robert Laffont).


    Certes, une pincée d’insécurité ne nuit pas à la sauce. « À entretenir une image idyllique de soi, on risque de s’asseoir sur ses lauriers, dit-il. Se poser des questions sur ses compétences pousse à aller de l’avant, histoire de se prouver sa valeur. »


    Même que la plupart des grands personnages doutaient énormément d’eux, estime le psychologue montréalais Hubert Van Gijseghem. « On le constate en lisant leurs biographies. L’ambition est -toujours basée davantage sur l’insécurité. Il n’y a rien de pire que ceux qui croient qu’ils l’ont, l’affaire. D’abord, ils sont exécrables. En plus, ils ne s’accomplissent pas ! Être repu supprime le goût de chasser. »

     

    Santé-Psycho 2:  Avoir des rêves, une question de survie?

     

    Mais il faut trouver le bon dosage. Car trop de doute démobilise, déprime, paralyse. L’antidote des antidotes contre ces séances d’autoflagellation ? « Les autres », pense Michel Lacroix. En autant qu’ils nous tirent vers le haut. Ça peut être des collègues, des copains, un prof. Un père, une amoureuse, une patronne. « Seul, on patauge. Personne ne se construit par lui-même. Il faut s’entourer de gens stimulants qui nous font confiance. Je crois beaucoup à l’entraînement mutuel des êtres. » (voir plus bas Donnant-donnant)


    Et puis, il faut réfléchir à son rêve. Est-ce bien le nôtre, ou celui que nos parents avaient conçu pour nous ? Est-ce qu’on le poursuit parce qu’on veut être aimé, admiré, glorifié ?


    « Un rêve, c’est très coûteux, explique Jocelyne Bisaillon. Sur le plan du temps. De l’énergie. Parfois même de l’argent. Pour le réaliser, quelque chose en soi doit se transformer, grandir. Alors, quand l’idéal ne tire pas son origine de l’intimité profonde, qu’il n’est pas porté par un élan naturel, tôt ou tard, les gens perdent le goût de s’y investir. »


    Consentir à l’effort


    En thérapie, la psychologue demande souvent à ses patients quelle sorte de « p’tits vieux » ils espèrent devenir. La question fait ressurgir les rêves qu’ils avaient fini par enterrer – sans trop s’en rendre compte d’ailleurs, aspirés qu’ils étaient par le vortex des responsabilités quotidiennes.


    C’est là que le gros de l’ouvrage commence. D’abord en bannissant les fameux : « Bof, je n’ai pas le temps de me remettre à la mécanique automobile. Et puis, ça me donnerait quoi ? C’est trop tard. » Autant de beaux prétextes pour dissimuler la crainte d’échouer, estime Jocelyne Bisaillon. « Il faut pourtant s’y mettre. Faire de la place dans sa routine pour son idéal. Autrement, quelque chose en soi s’éteindra. »


    Elle le sait comme thérapeute, mais aussi à titre personnel. Avant d’entreprendre ses études en psycho, elle occupait un poste de documentaliste à Hydro-Québec. « Je m’ennuyais à mourir la bouche ouverte ! » Elle avait 36 ans, aucune garantie d’emploi une fois diplômée, plus de mari, un enfant à charge. Mais elle a fait le saut. Parce qu’elle avait enfin trouvé à quoi elle allait servir.


    La route vers un destin qui colle à ses aspirations peut être longue et sinueuse, prévient-elle. Le truc, c’est de faire régulièrement des petits gestes qui nous en rapprochent. « Mettre 10 $ de côté par semaine, ouvrir un dossier, passer un coup de fil à quelqu’un… Je jure que chaque mètre gravi apporte autant de satisfaction que d’arriver au sommet. »


    Peut-être même plus, estime le philosophe Michel Lacroix, pour qui vie accomplie rime avec action. De toute façon, il y aura toujours un décalage entre ce qu’on avait rêvé et la réalité. « Même chez les athlètes de la réalisation de soi, il reste une pat d’inachèvement, de regrets. C’est inévitable. »


    Et c’est tant mieux. Car si l’on réalisait ses rêves en entier, il ne resterait qu’à mourir, dit le psychologue Hubert Van Gijseghem. « Les humains sont programmés pour courir après quelque chose. Ce sont le sentiment d’incomplétude et l’impression de manque qui font qu’on veut vivre jusqu’à demain. On espère y trouver ce qu’on n’a pas aujourd’hui. Au fond, ce qui rend heureux, ce n’est pas tant la quantité de rêves qu’on a réalisés que la capacité d’accepter qu’on ne les accomplira pas tous. »


    À 70 ans, Jocelyne Bisaillon sait qu’elle n’aura jamais de fermette dans Charlevoix. Qu’elle n’aura pas le temps d’apprendre à travailler le bois. Qu’elle ne visitera pas le Portugal à pied, avec ses jambes qui la trahissent. Pas grave. Elle continue de fantasmer pareil. « Je crois que les rêves servent à faire lever qui l’on est. L’ima-gi-naire, la créativité, tout ce qu’on pourrait devenir. C’est une énergie qui, lorsqu’elle est mise au jour, nourrit tout le reste, au quotidien. En fait, c’est l’espoir. »


    Donnant-donnant


    La vocation d’une société, c’est de permettre au plus grand nombre de rêver, estime le philosophe Michel Lacroix. Et, réciproquement, plus les gens bénéficient de conditions gagnantes pour aller au bout de leurs idéaux – l’accès à l’école, les programmes de soutien à l’entrepreneuriat, une économie stable, par exemple –, plus la société y gagne.


    « Même si, au départ, les gens plongent dans leurs projets pour des raisons personnelles, la collectivité s’en ressent positivement. Il y a plus d’inventions, de culture, de travailleurs compétents », précise-t-il.


    Le philosophe pense aussi que c’est en donnant qu’on se réalise au maximum : « On s’enrichit surtout de la responsabilité qu’on accepte d’exercer auprès des autres. » Que ce soit à travers l’engagement associatif, l’accompagnement en soins palliatifs, le mentorat en milieu professionnel… Et au quotidien, auprès des enfants. « Sans céder sur les questions d’autorité, les encouragements bienveillants sont les meilleurs outils qu’on puisse leur fournir pour qu’ils réalisent leurs rêves à leur tour. »


    À ce titre, d’ailleurs, « et au risque de choquer ! » Michel Lacroix pense que les parents d’aujourd’hui sont de meilleurs éducateurs que ceux d’autrefois. « Ayant profité de notions de psychologie plus évoluées, ils écoutent mieux leurs enfants, sont plus attentifs à leur personnalité. Ce sont des atouts extraordinaires pour s’épanouir. Au bout du compte, c’est toute la société qui y gagnera.

     

    Santé-Psycho 2:  Avoir des rêves, une question de survie?

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    4 signes pour reconnaître une dépression

     

    Personne n’est à l’abri de la dépression, mais c’est une maladie dont on peut guérir, à condition de la reconnaître et la traiter à temps. La psychiatre Valerie Taylor nous parle des signes à surveiller et des solutions qui s’offrent à nous lorsque le stress se fait détresse.


    Par Flannery Dean, Châtelaine/ adaptation Annie Rousseau


    En cette période de l’année, bon nombre d’entre nous se sentent affectées par le manque de luminosité et la grisaille des longues journées d’hiver. Cafard, coup de blues, ennui, mélancolie, vague à l’âme… Quel que soit le nom qu’on lui donne, cette déprime passagère finit généralement par passer. Or, il arrive que cet état traduise une douleur plus profonde et durable; que nos bleus persistent et passent sournoisement au noir. Nous voilà en pleine dépression.


    Le suicide de Robin Williams en 2014 et, plus récemment, la sortie du film Nelly – retraçant le parcours de l’écrivaine Nelly Arcan – ne sont que deux des trop nombreux exemples qui nous rappellent que nul n’est à l’abri de la Grande Noirceur. Monument du rire, auteure prolifique, frères, mères, amis : la dépression frappe sans distinction et nous affectera tous, de près ou de loin, à un moment ou à un autre de notre vie.

     

    Santé-Psycho 2:   4 signes pour reconnaître une dépression

    Photo: iStock


    Pourquoi reconnaît-on si rarement la dépression ?


    À l’approche de la 27e Semaine nationale de prévention du suicide (qui se déroulera du 29 janvier au 4 février 2017), le moment est tout indiqué pour nous sensibiliser à la dépression et aux autres formes de maladie mentale, question d’être en mesure de mieux soutenir ceux qui en souffrent – à commencer par soi-même. Si votre premier réflexe devant un proche déprimé est de lui dire de se secouer ou de lui faire la morale, sachez que si cette personne est aux prises avec un épisode de dépression majeure, ces paroles teintées de jugement s’avéreront non seulement inutiles, mais contribueront à alourdir un fardeau de culpabilité déjà lourd à porter. Demandez-lui plutôt comment elle se sent, et soyez à l’écoute.


    Retournez-vous aussi la question et répondez-y le plus honnêtement possible. Selon Valerie Taylor, psychiatre en chef au Women’s College Hospital de Toronto, rares sont ceux – hélas – qui prennent le temps de faire le bilan de leur santé mentale. Conséquemment, explique-t-elle, « les gens ne savent pas reconnaître qu’ils commencent à aller moins bien, et ne prennent pas la pleine mesure de l’impact que peut avoir cette dégradation de leur santé mentale sur toutes les sphères de leur vie – de leurs relations interpersonnelles à leur emploi, en passant par leur capacité à prendre plaisir à leurs activités quotidiennes ».


    Manque de connaissances quant à la dépression ou aux troubles anxieux, peur d’être stigmatisé ou étiqueté négativement : plusieurs facteurs peuvent expliquer que nombreux sont ceux qui n’iront pas chercher l’aide dont ils ont besoin. Plutôt que d’admettre qu’ils sont déprimés, ils préféreront minimiser le problème en disant qu’ils sont simplement « stressés, fatigués ou épuisés », ajoute madame Taylor. Or, bien qu’ils puissent être liés, le stress et la dépression sont deux choses bien différentes.


    Voici quatre signes pouvant indiquer une détresse émotionnelle plus sérieuse, ainsi que quelques stratégies à appliquer afin d’améliorer votre bien-être émotif et psychologique.


    4 signes de dépression à surveiller


    Vous vous sentez dépassé par vos tâches quotidiennes
    Comment distingue-t-on le stress de la dépression? Généralement, les gens sont capables de continuer à performer même quand ils subissent un grand stress. Mais quand la pression devient dépression, on ressent souvent une grande apathie physique et mentale. La tâche la plus banale – comme se lever, prendre sa douche, aller travailler, manger ou voir des amis – nous semble alors un défi insurmontable. « La dépression altère notre fonctionnement », explique la psychiatre. Si votre humeur vous empêche d’accomplir vos activités habituelles ou d’y prendre plaisir, que ce soit dans votre vie personnelle ou professionnelle, cela pourrait fort bien indiquer que vous êtes déprimé.


    Vous avez du mal à dormir
    L’insomnie ou les troubles du sommeil sont aussi un symptôme à ne pas négliger. Assailli de pensées envahissantes, vous passez vos nuits à vous retourner dans votre lit : qu’elle soit due à un inconfort physique ou mental, cette incapacité à profiter d’une nuit de sommeil réparatrice ne fera qu’exacerber votre sentiment de fatigue et d’abattement, vous entraînant ainsi dans un cercle vicieux. Même si l’idée d’avaler un somnifère peut être tentante, celui-ci ne fera bien souvent que camoufler la manifestation d’un problème plus sérieux. « L’un des premiers symptômes qui affectent ceux qui entrent dans un état dépressif, c’est que la qualité de leur sommeil est perturbée », affirme madame Taylor.


    Vous êtes incapable de lâcher prise
    Vous vous surprenez à ressasser encore et encore votre dernière discussion houleuse avec votre mère, un collègue ou un ami? Même en compagnie d’autres gens, vous n’arrivez pas à passer à autre chose? Vous ne pouvez vous empêcher d’alimenter les affres de votre amertume et de votre colère, qui prennent alors des proportions démesurées? Il pourrait bien s’agir là d’un signe que vous avez affaire à plus qu’une simple déprime passagère, selon la psychiatre. Ces pensées obsessives – ou ruminations – peuvent mener à la dépression ou indiquer que celle-ci a déjà commencé à faire son nid. Si votre incapacité à faire taire ce discours interne négatif affecte vos relations personnelles, vous devriez aller chercher de l’aide sans tarder.


    Vous n’arrivez pas à travailler
    Pas étonnant que certaines entreprises offrent maintenant des « congés de santé mentale » à leurs employés. Nombreux sont ceux qui, aux prises avec un épisode de dépression, sont incapables de se présenter au travail ou prétendent être malades afin d’échapper à leurs obligations professionnelles. D’autres iront travailler, mais manifesteront leur profond mal-être par une baisse draconienne de productivité. « On parle alors de présentéisme » par opposition à l’absentéisme, explique madame Taylor.


    Des pistes de solution pour surmonter une dépression

    Apprenez à mettre un frein aux ruminations

    Si vous êtes envahi de pensées négatives ou obsessives, certains principes de thérapie cognitivocomportementale pourraient vous aider à reconnaître et à transformer les émotions et déclencheurs à l’origine de vos comportements destructeurs. L’une des techniques de TCC les plus efficaces pour réfréner les pensées négatives consiste à les confronter à un raisonnement rationnel. « Les gens souffrant de dépression voient souvent tout en noir et blanc, ou perçoivent les situations à travers une lentille déformante », explique la psychiatre. Pour combattre ce symptôme, prenez l’une de vos perceptions négatives et tentez de prouver que celle-ci est fondée. Vous avez l’impression d’être seul et de n’avoir personne sur qui compter? Efforcez-vous de le prouver. Demandez-vous : « Suis-je réellement seul au monde? N’y a-t-il vraiment personne vers qui je peux me tourner? » Le but de cet exercice intellectuel est d’entraîner les gens à « appuyer leurs réflexions sur des faits concrets », ajoute-t-elle. La plupart du temps, ça leur permet de prendre conscience que celles-ci ne sont pas nécessairement justifiées.


    Apportez des changements dans votre mode de vie

    La dernière chose qu’une personne déprimée a envie d’entendre, c’est bien : « Sors donc te dégourdir les jambes et prendre l’air, un peu! » Or, aussi peu tentant que puisse vous sembler ce conseil, il pourrait vous faire le plus grand bien. En effet, plusieurs études ont établi un lien entre la pratique d’une activité physique régulière et le bien-être émotionnel. Certains experts recommandent aussi l’exercice physique en tant que thérapie complémentaire pour les gens souffrant de dépression mineure ou modérée. Apporter quelques changements à votre alimentation peut aussi avoir un énorme impact sur votre vie. La diète méditerranéenne, par exemple, a notamment été associée à une diminution du risque de dépression.


    Allez chercher de l’aide

    « La plupart des employeurs offrent des ressources confidentielles en santé mentale par l’entremise de programmes d’aide aux employés », explique madame Taylor, qui recommande vivement à ceux qui y ont accès de profiter pleinement de ce service privé. Sinon, parlez de ce que vous ressentez à votre médecin de famille. Renseignez-vous aussi sur les différents traitements offerts sur le marché. Il existe une foule d’approches, comme la thérapie cognitivocomportementale ou l’acupuncture, pouvant contribuer à votre mieux-être à long terme. De plus, n’hésitez pas à en parler à vos proches. Ayez confiance qu’ils seront là pour vous, tout comme vous seriez là pour eux. Et surtout, rappelez-vous que chaque jour des gens guérissent de la dépression et que vous avez – en vous et autour de vous – toutes les ressources nécessaires pour vous en sortir. Le plus difficile est bien souvent de faire le premier pas.

     

    Santé-Psycho 2:   4 signes pour reconnaître une dépression

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Chassez la mauvaise humeur

     

    Bien sûr, ça arrive à tout le monde d’être de mauvais poil. Mais si vos sautes d’humeur sont fréquentes, elles risquent de nuire à votre bonheur et à vos relations avec autrui. Vivement des solutions pour chasser la mauvaise humeur.

    Chassez la mauvaise humeur

    iStockphoto.com

     

     

    La mauvaise humeur dont on veut parler ici n’est pas celle qui est induite par un grand bouleversement émotif, tel un deuil ou une rupture, ou un problème de santé mentale. On pense plutôt aux petits moments du quotidien qui, sans que vous en soyez toujours conscient, révèlent votre côté grognon. En voici quelques-uns.

     

     

    Je me réveille souvent de mauvaise humeur

    Les yeux à peine ouverts, vous bougonnez. Vous n’avez aucune envie de sortir du lit et encore moins de prononcer un mot avant d’avoir bu un premier café. Ce scénario se répète chaque matin, ou presque, au grand désespoir de votre partenaire qui, lui ou elle, est plutôt aimable dès le lever. En fait, il existe plusieurs explications à la mauvaise humeur matinale. 

     

     

    Le manque de sommeil en est une. Si vous êtes insomniaque ou couche-tard, il est normal que vous ayez du mal à émerger du sommeil. Il se peut aussi que vous ayez naturellement besoin de dormir plus que la moyenne des gens. En adoptant de meilleures habitudes de sommeil et en respectant votre horloge biologique, vous vous assurerez des réveils plus agréables. 

     

     

    Autre cause possible: le stress du matin. Vous détestez être bousculé au réveil. Par conséquent, la seule idée d’être projeté au milieu des autres dès le saut du lit suffit à vous mettre de mauvaise humeur. La solution: vous lever 30 minutes avant votre tribu. Cette période vous permettra d’être dans votre bulle et de penser à vous avant de vous lancer dans la mêlée. Vous serez ensuite plus en mesure d’accueillir votre entourage et d’entreprendre votre routine. 

     

     

    Vous avez du mal à converser au petit-déjeuner? Dites-le au lieu de grommeler des réponses qui exaspèrent vos proches. Sans compter que leurs commentaires risquent d’exacerber votre mauvaise humeur. Et cherchez des compromis. Par exemple, vous pourriez décider d’un commun accord de limiter les discussions durant l’heure suivant le réveil. 

     

     

    Votre mauvaise humeur matinale peut aussi être liée à la perspective de la journée qui vous attend. La sonnerie du réveil vous ramène brusquement à la réalité. Et plus vite encore si, avant que le sommeil vous gagne, vous pensiez à vos soucis ou aux tâches à accomplir. La bonne idée: essayez de ne pas mettre en branle la machine à penser dès la sortie de la nuit. Réveillez-vous en douceur en songeant plutôt à un moment agréable qui ponctuera la journée, comme un repas avec un ami, l’anniversaire d’un proche ou la fermeture d’un dossier au travail. Un mauvais réveil peut aussi être l’indice que c’est le moment de réviser votre emploi du temps et vos tâches afin d’alléger vos journées. 

     

     

    C’est plutôt l’idée d’aller travailler qui vous met de mauvais poil? Il faudrait peut-être envisager un autre boulot ou, pourquoi pas, la retraite. Impossible? Alors, marchez pour vous rendre au bureau. Cela vous aidera à évacuer votre mauvaise humeur du matin. L’exercice stimule les endorphines, aussi connues sous le nom d’hormones du bonheur. Et essayez d’aborder la journée de façon positive. Identifiez ce qui vous déplaît et tentez d’y remédier. Réorganisez votre travail. Par exemple, divisez votre tâche en blocs afin de diminuer votre niveau de stress. 

     

    Vous avez la mèche courte. Un rien vous énerve. Il suffit pour cela d’une circulation routière au ralenti, d’une longue attente à la caisse du supermarché ou encore de la maladresse d’un proche. En raison de vos fréquentes sautes d’humeur, les autres ne savent pas trop comment vous aborder. 

     

     

    Il se pourrait bien que cette caractéristique soit directement liée à votre tempérament. En effet, certaines personnes sont naturellement plus irascibles et plus impatientes que d’autres. Si ce trait affecte également un de vos parents, c’est qu’il y a eu transmission intergénérationnelle. Et cette tendance est probablement ce qui cause votre humeur en dents de scie. Toutefois, cela ne signifie pas que vous ne pouvez rien y faire. Par exemple, lorsque vous sentez votre humeur changer, prenez un temps d’arrêt pour respirer profondément et vous calmer. Tentez de comprendre ce qui se passe. Qu’est-ce qui provoque ce soudain revirement de votre humeur? 

     

     

    Une aide supplémentaire: notez dans un calepin les événements qui font passer votre humeur d’un extrême à l’autre. Le soir venu, revoyez-les au ralenti et décortiquez-les pour tenter de comprendre vos réactions et vos émotions afin de mieux les gérer. 

     

     

    Et faites un grand ménage dans la maison! Des études ont en effet démontré que vivre dans un espace rangé et propre influe de façon positive sur l’état d’esprit et diminue la mauvaise humeur. La musique également. 

     

     

    Vous attendez dans une longue file d’attente? Plutôt que de laisser votre humeur se gâter, occupez-vous à quelque chose d’agréable, comme planifier en pensée un projet excitant ou poursuivre la lecture de ce bouquin que vous traînez toujours avec vous. 

     

     

    Les fluctuations d’humeur s’expliquent aussi parfois par des facteurs physiologiques, comme la fatigue, le manque de sommeil, les problèmes thyroïdiens, la ménopause et l’andropause. Une visite chez le médecin permettra de déterminer s’ils en sont la cause. Ces variations peuvent également être associées à une faible tolérance à la frustration et aux irritants. C’est le cas? Il y a sans doute lieu de vous interroger. Vivez-vous des moments difficiles? Avez-vous tendance à voir l’aspect négatif des choses plutôt que le côté positif? Êtes-vous heureux? Quand les instants de bonheur sont peu nombreux par rapport aux épisodes de frustration, le risque de vivre des sautes d’humeur augmente. Un professionnel pourrait vous aider à y voir clair. 

     

     

    C’est peut-être aussi le signe que vous en avez simplement plein les bras. Se sentir submergé par les tâches est une source importante de frustration. Une réorganisation de votre charge de travail – où il y a place pour des petits plaisirs quotidiens – pourrait vous soulager et vous redonner le sourire. 

     

    Vous arrivez au travail le coeur léger. Mais qu’un collègue vous fasse une réflexion sur votre air fatigué ou votre travail gâche illico votre belle humeur. Votre journée est fichue. Rien ne réussira à vous redonner le sourire. 

     

     

    Au fond, c’est donner beaucoup de pouvoir aux remarques des autres. Même si celles-ci les touchent, la plupart des gens finissent par passer à autre chose. Plusieurs s’en serviront même pour s’améliorer, si les commentaires s’avèrent pertinents. Une réaction excessive aux paroles désagréables est souvent l’indice d’une faible estime de soi. Si elles vous affectent autant, c’est peut-être qu’elles touchent un point sensible. Il y a lieu d’en chercher la cause. 

     

     

    Par ailleurs, lorsque cela se produit, utilisez l’humour pour rire de la situation et désamorcer les tensions. Simple, mais toujours efficace. 

      

    Et assurez-vous de dormir suffisamment. On est souvent susceptible lorsqu’on est fatigué. 

     

    Enfin, nuancez vos émotions. Admettez que votre réaction est disproportionnée par rapport à l’événement. Ne vous laissez pas envahir par une remarque futile et sans conséquence. En revanche, si le commentaire est franchement blessant, dites-le sans tarder à celui qui vous l’adresse. Établissez clairement vos limites pour prévenir les récidives. En agissant ainsi, vous libérerez votre esprit et pourrez ensuite passer à autre chose. 

     

    Au bureau, vous êtes actif, efficace et apprécié. Vous aimez discuter avec vos collègues. Bref, vous ne voyez pas les heures filer. Mais dès que vous quittez le boulot, vous devenez maussade. Le retour à la maison vous rend grognon.

     

    À moins d’être workaholic, ce changement d’humeur est assurément lié à la perspective de ce qui vous attend chez vous. Si vous y vivez des conflits ou si vous devez y abattre plusieurs tâches, votre réaction n’est guère surprenante. Dans ce cas, réglez au plus vite les conflits et réduisez au minimum votre routine du soir ou, encore, partagez les tâches avec votre partenaire. Au besoin, offrez-vous de l’aide ménagère. 

      

    Vous donnez toute votre énergie au boulot. Mais dès que vous relâchez la tension, vous ressentez immédiatement un grand épuisement, d’où votre humeur changeante? C’est le temps de revoir la gestion de vos tâches, au travail et à la maison, mais aussi votre alimentation. Un régime alimentaire équilibré et une bonne répartition des aliments énergisants vous aideront à conserver votre vitalité tout au long de la journée. 

     

     

    Il se peut aussi que votre mauvaise humeur provienne du fait que vous vivez seul et ressentez une grande solitude. Votre vie est pleine au travail, mais vide à la maison. La solution: vous créer un réseau social. Fréquentez un gym, inscrivez-vous à un cours ou à une activité de loisir, participez à un club de marche, etc. La vie à l’extérieur du bureau vous paraîtra beaucoup plus belle. 

     

    Merci à Brigitte Hénault et à Stéphanie Léonard, psychologues, pour leur collaboration.

     

    Santé-Psycho 2:  Chassez la mauvaise humeur

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Père Noël : faut-il faire croire aux enfants qu'il existe ?

     

    Nathalie Mayer, Futura-Sciences

    Lorsqu’on évoque le mythe du Père Noël, les avis – tant ceux des spécialistes de l’enfance que ceux des parents – divergent. Alors, devons-nous faire croire aux enfants que le Père Noël existe ? Petit pêle-mêle des différents points de vue…

     

    Non, le Père Noël n'existe pas ! Faire croire le contraire à nos enfants, pas de doute, c'est un mensonge. Un mensonge honteux pour certains, notamment pour les parents qui gardent un souvenir douloureux de la révélation. Ceux-ci, parfois, refusent de perpétuer le mythe.

    Toutefois, pour la plupart des gens, le Père Noël fait figure de bien joli mensonge. Un mensonge teinté de magie et de mystère. D'ailleurs, de l'avis de pédopsychiatres, le Père Noël fait partie de ces rites qui aident les enfants à grandir. Au sortir de l'enfance, arrêter de croire au Père Noël ne serait alors ni plus ni moins que faire l'expérience de la réalité.

     

    Le Père Noël, ce gros mensonge

    Pourtant, selon une étude menée par des psychologues de l'université d’Exeter(Royaume-Uni), mentir à nos enfants au sujet du Père Noël pourrait sérieusement entamer la confiance que nos petites têtes blondes nous accordent naturellement. Encore plus si ce mensonge est motivé par notre désir de revivre notre propre enfance plutôt que par celui de plonger nos petits dans un univers merveilleux, transformant ce mignon petit mensonge en « exercice moralement ambigu ».

    L'étude pose également la question de l'insécurité qui peut naître dans les jeunes esprits à l'idée de ce personnage tout puissant amené à décerner chaque année les bons et les mauvais points. Les psychologues concluent qu'il n'est pas conseillé d'utiliser le Père Noël comme un « outil de contrôle » sur nos enfants.



    C’est au sortir de l’enfance, généralement avant 10 ans, que nos petites têtes blondes découvrent le pot aux roses concernant le Père Noël. © Luis Medina, Flickr, CC by 2,0

    Croire au Père Noël : jusqu’à quel âge ?

    Généralement, c'est entre 6 et 10 ans que les enfants cessent de croire au Père Noël, l'âge auquel ils quittent doucement leur imaginaire d'enfant pour entrer dans un monde plus réel. Cependant, certains peuvent avoir envie de prolonger la magie un peu plus longtemps. Il peut alors être opportun de se demander pourquoi, car continuer de croire au Père Noël au-delà de cet âge peut être révélateur d'un enfant qui cherche à nier la réalité. Peut-être est-il alors souhaitable de l'amener à réfléchir à la question... avant que ses camarades de classe ne s'en chargent à votre place et de manière sans doute plus brutale.

    Ceci étant posé, et si l'on se penche de plus près sur les lettres envoyées chaque année au vieux monsieur à la barbe blanche, il semblerait bien que les adultes qui continuent de « croire » en lui ne sont pas si rares que ça...

     

    Comment dire que le Père Noël n’existe pas ?

    Voici enfin un point sur lequel tout le monde semble à peu près s'accorder : lorsqu'un enfant commence à douter de l'existence du Père Noël, le mieux est de l'accompagner dans son cheminement vers la vérité. Certains spécialistes de l'enfance conseillent de souligner que la générosité et l'amour qu'il incarne, eux, sont bien réels. De quoi permettre aux enfants de mieux accepter la disparition, tout de même soudaine, du bienveillant vieillard.

    Force est de constater que, finalement, la plupart des enfants acceptent bien la découverte de la non-existence du Père Noël. D'autant qu'une fois la vérité connue, l'enfant pourra se sentir comme mis dans la confidence. Il sera alors « un grand » !

     

    Santé-Psycho 2:  Père Noël : faut-il faire croire aux enfants qu'il existe ?

     

    Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique