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    Santé - Psycho 3:  Remettez-vous toujours au lendemain?  Procrastiner?  moi, jamais! (2 pages)

     

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    13 phrases et mots qui peuvent signaler

    une dépression

     

    Nous utilisons tous de temps à autre les expressions et les mots suivants. Si vous remarquez que vous commencez à les utiliser souvent ou qu’une personne de votre entourage le fait, vous souffrez peut-être de dépression. Il pourrait être temps de demander de l’aide.

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    La dépression peut amener à se concentrer sur soi.MANGOSTAR/SHUTTERSTOCK

    «Moi», «moi-même» et «je»

    La dépression peut amener à se concentrer sur soi. Les gens qui ont des symptômes dépressifs utilisent plus de pronoms à la première personne: cela révèle une augmentation de l’attention sur soi, selon une étude publiée dans la revue Clinical Psychological Science qui a analysé des forums en ligne.

    «Quand on souffre de dépression, on ressent les choses intensément. Les dépressifs parlent donc davantage à la première personne: ‘je’, ‘moi’, ‘moi-même’», explique la psychologue Deborah Serani, auteure d’un livre sur le sujet (Living with Depression). «Les enfants et les adultes déprimés ont tendance à être introspectifs, parce que la maladie s’empare à la fois de leur esprit et de leur corps, de sorte que la conscience de soi augmente chez eux. Mais au lieu d’être positive, cette conscience de soi est négative et corrosive».

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    La dépression mène fréquemment à utiliser l'absolu.MANGOSTAR/SHUTTERSTOCK

    «Toujours» et «jamais»

    L’étude montre aussi que les gens qui ont des symptômes dépressifs ont tendance à parler de manière absolue. La dépression mène fréquemment à des distorsions des modèles de pensées (appelées distorsions cognitives) qui affectent le ressenti. Tout devient blanc ou noir, par exemple. Si un de vos amis répète des phrases comme «Ça arrive toujours» ou encore «Je ne serai jamais capable de faire ça», soyez attentif.

    Nous utilisons tous ce genre de phrases de temps en temps. Mais les dépressifs les utilisent systématiquement. «Les lobes frontaux du cerveau sont affectés par la dépression, ce qui entraîne des perturbations du jugement, du mode de pensée et du raisonnement: tout est noir ou blanc ou c’est tout ou rien, explique Deborah Serani. Une fois que les symptômes de la dépression diminuent et que la personne va mieux, elle démontre un éventail plus grand de solutions, un bon jugement et une pensée moins rigide.»

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    Le dégoût de soi et une image négative de soi sont fréquents dans la dépression.WAYHOME STUDIO/SHUTTERSTOCK

    «Je devrais…»

    Cette expression fait partie de l’arsenal de pensée qui consiste à voir tout en blanc ou noir chez les dépressifs quand ils réfléchissent à leur vie et à eux-mêmes. «Le dégoût de soi et une image négative de soi sont fréquents dans la dépression, aussi ‘je devrais’ est un symptôme d’un mode de pensée étroit et rigide», explique Deborah Serani.

    Les gens déprimés s’enlisent dans des pensées négatives et ont de la difficulté à penser de façon positive, selon une recherche publiée aux États-Unis par l’Association for Psychological Science. C’est un cercle vicieux: la pensée que vous «devriez» faire ou ressentir les choses différemment vous rend encore plus déprimé. 

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    Les personnes qui souffrent de dépression sont souvent incapables de nommer leur maladie par son nom.KHOSRO/SHUTTERSTOCK

    Mots qui expriment une émotion négative

    Les personnes déprimées sont souvent incapables de nommer leur maladie par son nom. Dans une étude sur des adolescents, on montre qu’ils utilisent rarement le mot «déprimé» pour exprimer leurs sentiments, et se rabattent plutôt sur des mots d’émotion négative, comme se sentir «mal», «stressé» ou «fâché».

    Ce peut être un signe de dépression, mais il ne faut pas sauter aux conclusions, car nous utilisons tous ces mots à l’occasion. Il faut donc reconnaître un schème de pensée, une tendance. «J’entends de nombreux mots dans la bouche d’enfants et d’adultes déprimés, comme: mal, triste, impuissant, sans espoir, douloureux, perdu, inutile, vain, stupide, bloqué, sans amarres, à la dérive, souffrance, seul, peur, hésitant, fragile, désespoir, raconte Deborah Serani. Ces mots sont souvent utilisés par les patients pour se décrire et expliquer comment ils se sentent.»

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    L’impossibilité d’accomplir les tâches quotidiennes est un des symptômes classiques de dépression.WAYHOME STUDIO/SHUTTERSTOCK

    «Je ne peux pas»

    Cette expression est complexe, car souvent les personnes déprimées, au sens littéral, ne peuvent pas sortir du lit ni même s’habiller, et pire ne peuvent pas sortir de leur dépression. L’impossibilité d’accomplir les tâches quotidiennes est un des symptômes classiques de dépression, selon l’institut américain de Santé mentale (NIMH).

    Ce «je ne peux pas» indique souvent une action qu’on ne peut pas faire, mais c’est aussi une utilisation négative du langage pour exprimer qu’on se sent déprimé. Deborah Serani explique que les gens dépressifs diront:«je ne peux pas faire ça»,«je ne peux pas faire ces démarches»,«je ne peux pas faire mon travail»,«je ne peux pas sortir du lit»,«je ne peux pas faire avancer les choses». «La maladie de la dépression verrouille leurs possibilités.»

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    La dépression apporte culpabilité et blâme de soi.WAYHOME STUDIO/SHUTTERSTOCK

    «C’est de ma faute»

    La dépression apporte culpabilité et blâme de soi. Cela entre dans la tendance du tout ou rien chez les déprimés. «La dépression crée des cycles de pensées négatives parce qu’elle affecte le fonctionnement du lobe frontal, qui est le siège du raisonnement et du jugement. C’est pourquoi beaucoup de déprimés se sentent coupables de ce qu’ils ressentent», dit Deborah Serani.

    Dans une étude publiée dans les Archives of General Psychiatry, on a utilisé l’IRM pour montrer comment les sentiments de culpabilité chez les dépressifs se traduisent différemment dans le cerveau que chez les personnes qui ne sont pas déprimées. La culpabilité est dangereuse lorsque les personnes pensent «qu’elles sont un fardeau pour leur famille et leurs proches. Elles peuvent alors avoir des pensées suicidaires telles que: ‘Si je disparais, je ne serais plus un poids pour personne’. Il est vital de reconnaître un mode de pensée négatif.»

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    Vous croyez que vous réagissez correctement, mais ce pourrait être le signe d’une dysthymie, c’est-à-dire une dépression chronique.HALFBOTTLE/SHUTTERSTOCK

    «Je vais bien»

    Vous croyez que vous réagissez correctement, mais ce pourrait être le signe d’une dysthymie, c’est-à-dire une dépression chronique qui vous permet néanmoins de fonctionner (high-functioning depression). Voici d’ailleurs les signes que vous souffrez d’anxiété à «haut niveau de fonctionnement».

    La recherche montre que, aux États-Unis, la stigmatisation (widespread stigma) de la maladie mentale empêche de nombreuses personnes de se faire soigner. «La capacité de jugement étant altérée par la dépression, il devient difficile d’en parler ou de demander de l’aide, dit Deborah Serani. La maladie mentale stigmatise la personne atteinte, et son sentiment de honte l’empêche de parler de sa douleur. Elle fait comme si tout allait bien.» D’autres personnes se sentent trop faibles ou trop vulnérables pour se faire aider.

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    La dépression peut s’accompagner de symptômes émotifs et physiques.WAYHOME STUDIO/SHUTTERSTOCK

    «Je suis fatigué»

    La dépression peut s’accompagner de symptômes émotifs et physiques. Deborah Serani l’explique ainsi: «La fatigue et les douleurs sont reliées à l’inflammation qui accompagne la dépression et touche des connexions nerveuses et des substances neurochimiques.»

    «Je me souviens que, lors de mon premier épisode dépressif grave à 19 ans, j’étais épuisée, raconte Deborah Serani. Ça me demandait tellement d’effort pour me retourner dans mon lit, sortir du lit, prendre une douche, manger et faire les petites choses quotidiennes.» La fatigue est physique et émotionnelle chez les déprimés. Ils diront: «mon état m’épuise tellement».

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    Les personnes qui soufrent de dépression peuvent s’isoler et leurs pensées négatives ont des répercussions sur leur cerveau.KHOSRO/SHUTTERSTOCK

    «Je veux être seule»

    Les personnes déprimées peuvent s’isoler et leurs pensées négatives ont des répercussions sur leur cerveau. «La neurobiologie de la dépression diminue beaucoup l’activité cérébrale, de sorte qu’une personne déprimée fuira les expériences stimulantes, préférant les pièces sombres, les lieux tranquilles et l’éloignement des autres, explique Deborah Serani. Or, il leur faut au contraire être en communication avec les autres, être dans la lumière au sens propre et figuré, et être stimulées par la présence des autres.»

    Or les médias sociaux n’ont pas le même effet que les rencontres en personne: une forte utilisation des médias sociaux peut accompagner en fait la dépression chez les jeunes, selon une étude publiée dans Computers in Human Behavior

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    L’isolation sociale ressentie par la personne qui souffre de dépression peut mener celle-ci à penser que les autres ne l’apprécient.WAYHOME STUDIO/SHUTTERSTOCK

    «Tout le monde s’en fout»

    Ce n’est pas seulement l’isolement qui est nocif, c’est aussi le sentiment de solitude, selon les études. L’isolation sociale ressentie par la personne déprimée peut mener celle-ci à penser que les autres ne l’apprécient pas et n’attachent pas d’importance à sa présence. Ceci renforce son sentiment d’inutilité et l’entraîne un peu plus profondément sur le chemin de la dépression.

    Quand on se sent seul, on pense que personne n’est là pour vous aider. «Le sentiment d’impuissance est un autre symptôme de la dépression, poursuit Deborah Serani. Les enfants et les adultes déprimés ont une vision en tunnel (étroite): ils n’arrivent pas à avoir d’espoir dans l’avenir. Encore une fois, leurs lobes frontaux affectés diminuent la résolution des problèmes et la pose d’un jugement raisonnable. 

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    Dans la dépression, il y a la perte d’intérêt dans les choses qui vous donnaient du plaisir.KHOSRO/SHUTTERSTOCK

    «Je n’en ai pas envie»

    La perte d’intérêt dans les choses qui vous donnaient du plaisir est un autre aspect du repli sur soi. Les déprimés diront «ce n’est plus amusant», ou ils n’auront plus le goût de faire une activité qu’ils aimaient. «Les aspects psycho-émotifs de la dépression diminuent les sensations de joie et de bonheur. Le refus de faire des choses et la perte d’intérêt dans des activités importantes sont des signes significatifs de dépression, commente Deborah Serani.

    La dépression est une maladie d’épuisement. Ses symptômes siphonnent tout ce qui est bon, bien, heureux et possible.» Selon des recherches, cette sensation d’engourdissement est due au dysfonctionnement du «système de récompense» du cerveau, qui empêche la libération de substances chimiques de bien-être. C’est pourquoi il faut éviter de dire à une personne dépressive «ressaisis-toi». 

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    La dépression est implacable, elle accable la personne et peut lui donner envie d’abandonner.WAYHOME STUDIO/SHUTTERSTOCK

    «À quoi ça sert?»

    La dépression est implacable, elle accable la personne et peut lui donner envie d’abandonner. Cette maladie compte parmi les principaux facteurs de risque de suicide, selon les CDC. Deborah Serani conclut: «Si vous pensez que vous ne pourrez aller mieux, que rien ne peut changer, vous voulez que ça arrête. Et vous envisagez la mort comme le moyen d’améliorer les choses.»

    Les gens qui parlent de l’absurdité de la vie, qui «en ont assez», qui se sentent «pris», qui ne peuvent «continuer» ou qui sont obsédés par la mort ont peut-être des pensées suicidaires. Si une personne que vous aimez ou vous-même parlez de cette façon, appelez le Centre de prévention du suicide au 1-866-APPELLE, pour demander de l’aide. «Les individus déprimés qui se sont fait soigner et ont retrouvé une pleine santé ne peuvent croire qu’ils ont voulu un jour s’ôter la vie.»

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    Quand une personne dépressive se sent mieux, ça ne veut pas dire que cette personne va mieux.RANTA IMAGES/SHUTTERSTOCK

    «Je me sens mieux»

    C’est une des idées fausses les plus dangereuses sur la dépression. Ironiquement, lorsqu’une personne qui traverse une dépression a pris la décision de mettre fin à sa vie, elle affirme parfois aller mieux, être plus calme ou en paix. «Les études nous ont appris que le “retour à la santé” d’une personne qui affirme se sentir mieux peut nous distraire de son suicide imminent», explique Deborah Serani.

    Vous croyez que la personne que vous aimez va mieux? Ils vaudrait peut-être mieux de demander à un médecin d’évaluer son état. «Toute personne déprimée doit être traitée par un professionnel de la santé qui évaluera chaque étape de sa guérison dans le contexte d’une trajectoire positive.»

     

    Santé - Psycho 3:  13 phrases et mots qui peuvent signaler une dépression

     

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    Sortir du brouillard de l’Alzheimer

    pendant un instant

     

    Une rencontre fortuite avec une chanteuse, dans une salle d’attente, a sorti mon père du brouillard de l’Alzheimer.

     

    Une rencontre fortuite avec une chanteuse, dans une salle d’attente, a sorti mon père du brouillard de l’Alzheimer.DOROTHY LEUNG


    Il y a quelques années, dans la salle d’attente d’une clinique à Waterloo, en Ontario, une femme âgée s’est assise au bord de sa chaise et a commencé à chanter «My Heart Will Go On» de Céline Dion. Hormis un léger mouvement du torse pour marquer le rythme de la chanson-thème de Titanic, la chanteuse est restée immobile, les bras élégamment croisés sur sa poitrine. Sans grand effort, elle a fait exploser les douces notes aiguës de sa voix dans toute la clinique.

    Je me suis amusée à observer la réaction des gens. Ils étaient nombreux à se trémousser sur leur chaise, d’autres restaient de marbre, mais essentiellement, ils regardaient ailleurs en faisant comme s’il ne se passait rien. Circulez, il n’y a rien à voir. C’est souvent comme ça.

    J’étais avec mon père qui avait rendez-vous pour une prise de sang quand cette femme est arrivée. Elle s’est assise devant lui. De petite taille, elle a dû se mettre tout au bord de la chaise pour que ses pieds touchent le sol, une posture donnant l’impression qu’elle voulait engager la conversation avec lui. De fait, elle lui a souri et il lui a rendu son sourire.

    Je m’inquiétais de la réaction de mon père devant ce qui s’apparentait à un empiètement sur son espace vital. À 77 ans, il vivait avec la maladie d’Alzheimer depuis un moment.

    Devenu adulte dans les années 1960, il n’en restait pas moins un pur produit des années 1950. Ce militaire fervent catholique, brillant et introverti avait carburé à la culpabilité, aux obligations et à l’humilité.

    Quand il avait encore la santé, il tolérait docilement les excentricités des autres, avec toutefois une réserve de reproches silencieux. L’intimité et l’espace vital, c’était son truc, et trop attirer l’attention s’apparentait à de mauvaises manières. L’Alzheimer ayant tendance à mettre la patience à rude épreuve et à fissurer la retenue, mon père avait souffert de quelques rencontres éprouvantes par le passé. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que cette petite femme musicienne jouait avec le feu.

    Elle a commencé à chanter tout doucement, une sorte de fredonnement ténu. J’ai jeté un coup d’œil inquiet à mon père. Son sourire avait disparu et il la dévisageait. Elle soutenait son regard. Je n’ai pas immédiatement su traduire l’expression de mon paternel, mais cela ressemblait à de la confusion, un état que je lui connaissais parfois. Je ne savais pas s’il voyait la chanteuse ou si son esprit vagabondait ailleurs, loin de la réalité, pas vraiment conscient de sa présence. Peut-être se demandait-il s’il s’agissait d’une de ses connaissances.

    Mon père n’a jamais prisé les con­versations de salon. Mal à l’aise, il préférait déléguer la tâche à ma mère qui s’en acquittait avec son enthousiasme proverbial pendant que lui restait en retrait, silencieux et soulagé, mais présent quand même. Si nous avions été plus avisées, nous aurions sans doute perçu son déclin. Nous aurions constaté que les rares fois où il participait à une conversation, il comptait plus souvent sur ma mère pour terminer ses phrases ou répondre aux questions qui lui étaient adressées. Sans hésiter, elle comblait le silence quand il cherchait ses mots, et cela détournait notre attention.

    Aussi, il nous a fallu du temps pour comprendre qu’il faisait moins d’efforts pour acquiescer poliment en silence ou sourire au moment opportun. Il devenait plus grincheux avec l’âge, voulions-nous croire. 

    C’est précisément ce qui se passait dans la salle d’attente: ni sourire ni hochement de tête courtois. Seulement ce regard fixe qui ne décourageait en rien la chanteuse minuscule dont la voix prenait lentement de la puissance. Elle a entonné le refrain à pleins poumons: «Near, far, wherever you are…» Les yeux fermés, le haut du corps bercé par le rythme, la diva était plongée dans une transe méditative.
    Mon père semblait abasourdi.

    J’ai essayé de ne pas rire. Non que je n’aie pas apprécié la femme. Je l’aimais bien, j’avais plutôt envie d’être son amie. L’idée que ce père si tendu, si prude puisse se faire donner la sérénade par une minuscule Céline Dion dans une clinique bondée était trop charmante. Cela dit, à l’affût du moindre signe d’éclat, je l’observais avec prudence en évaluant la meilleure façon d’intervenir, le cas échéant.

    Au lieu de cela, son visage s’est radouci et la tension s’est relâchée sur son front. Il ne semblait soudain plus du tout confus.

    La maladie d’Alzheimer est une voleuse, dit-on, elle vous enlève un être cher lentement, un peu plus tous les jours. C’est une vérité déchirante. La perte est douloureuse et implacable. Mais j’ai vécu des choses avec mon père qui m’ont permis de découvrir un côté de sa personnalité dont j’ignorais absolument l’existence. Je me souviendrai toujours de ce moment paisible où il a soutenu mon regard en racontant quelques souvenirs de son enfance ou quand il m’a régalée d’une aventure de l’époque où il faisait partie de l’armée de l’air, comme s’il savait qu’il lui restait peu de temps pour me faire découvrir l’essence de son être. D’une manière sereine et inattendue, c’est ce qui s’est produit ce jour-là à la clinique. L’Alzheimer semblait à l’occasion entamer la véritable personnalité de mon père, et tout en détestant l’idée qu’il devait se battre contre cette calamité, j’aimais l’homme adorable qu’elle me permettait de rencontrer.

    À la fin de la chanson, quand le silence a de nouveau envahi la salle d’attente, la femme a ouvert les yeux. Mon père ne l’avait jamais lâchée du regard.

    «C’était magnifique», a-t-il dit.
    En souriant, elle lui a répondu: «Merci.»

     

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    Santé - Psycho 3:  Les troubles alimentaires - Exacerbés par la pandémie (2 pages)

     

     

    Santé - Psycho 3:  Les troubles alimentaires - Exacerbés par la pandémie (2 pages)

     

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    Santé mentale: et si on tendait la main aux autres

     

    Dépression, solitude, anxiété... La COVID-19 a mis à mal la santé mentale de la population québécoise. Que faire quand son enfant, son conjoint ou sa collègue perd pied ? On est souvent peu outillé pour détecter les signes de détresse chez les autres. Des experts ont conçu des « trousses de premiers soins psychologiques » pour ceux et celles qui veulent aider leurs proches. Explications.

     

    Par Florence Sara G. Ferraris
    de la revue Châtelaine

     

    Santé - Psycho 3:  Santé mentale : et si on tendait la main aux autres

    santé mentale
    Photo : Getty Images/Sanyasm

     

    La voix douce de la policière au bout du fil se veut rassurante. « C’est bon, il est rendu à l’hôpital. Ça va bien aller. » Je raccroche en tremblant. C’est fini. Je viens de faire interner en psychiatrie le père de mon enfant.

    Ça fait presque une semaine que je ne dors pas. Que je suis dopée à l’adrénaline, apeurée à l’idée que les choses tournent mal. Une semaine depuis le texto paniqué de la blonde de mon ex : « Je pense que ta puce ne devrait pas revenir ici. Son père ne va pas bien, je suis inquiète, ça pourrait déraper. Appelle-moi ! »

    C’était en juin 2020, au moment où le Québec émergeait du premier confinement. Les parcs étaient envahis. C’est dans l’un d’eux que je m’imaginais rencontrer pour la première fois la copine de mon ex. Autour d’un gâteau d’anniversaire, peut-être. Certainement pas au palais de justice, en pleine pandémie, pour faire modifier en toute hâte les conditions de garde de notre fille.

    Car à la suite du texto fatidique, tout a déboulé. Il y avait l’urgence d’agir, les formulaires à remplir. Et tous les coups de fil à passer : à la police, aux lignes d’aide, aux services juridiques, aux centres de crise, aux grands-parents pour qu’ils s’occupent de la petite en pleine crise. Les heures, les jours à chercher, en cette étrange fin de printemps, comment suspendre la garde partagée, le temps que mon ex-conjoint remette un peu d’ordre dans sa tête. À essayer de le soutenir, de lui faire entendre raison.

    En pleine première vague de COVID-19, l’homme avec qui j’ai partagé sept ans de ma vie a chuté, son équilibre bouleversé par la perte de son emploi, l’isolement soudain et le stress constant. Ce sont finalement des policiers, munis d’un mandat obtenu par sa nouvelle copine et moi, qui l’ont escorté à l’hôpital. Obligé de se faire aider, par crainte pour sa vie, mais surtout pour celle de notre fille. Le pire lundi de nos vies.

    Les intervenants psychosociaux nous annonceront le diagnostic quelques jours avant de lui donner son congé de l’hôpital : « épisode maniaque exacerbé par une situation exceptionnelle ». Les choses auraient-elles été différentes en temps normal ? On ne le saura jamais.


    L’envers de la crise

     

    Chose certaine, mon ex n’est pas le seul dont la santé psychique a flanché au cours de la crise sanitaire. Les victimes collatérales sont légion, d’après la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ), Christine Grou. « Qu’ils vivent à Montréal, Drummondville ou Gaspé, les Québécois et les Québécoises ne vont pas bien. Ça ne les affecte évidemment pas tous, et pas de la même façon. Mais c’est assez généralisé pour dire qu’on a une épidémie parallèle sur les bras ! »

    Un constat alarmant qui fait écho aux plus récents chiffres colligés par l’Université de Sherbrooke dans le cadre d’une vaste enquête sur les répercussions psychosociales de la COVID-19. Au Québec, un adulte sur quatre – homme ou femme – présentait des symptômes s’apparentant à un trouble anxieux généralisé ou à une dépression majeure au printemps 2021.

    Chez les 18-24 ans, c’était presque la moitié ! Les personnes en situation de pauvreté, les travailleurs de la santé et les personnes immigrantes font partie des autres groupes les plus affectés. Tout comme les femmes, qui, sans surprise, ont dû composer avec une charge de stress décuplée. Donnée particulièrement troublante : les idées suicidaires sérieuses seraient même deux fois plus répandues au sein de la population générale qu’avant l’arrivée de la COVID-19.

    Mes réseaux sociaux confirment ce naufrage. Ma messagerie prend parfois l’allure d’une bouée de sauvetage. « Je ne sais plus comment y arriver », échappe Marie-Ève, la voix étouffée. Infirmière en CHSLD, la trentenaire, qui préfère taire son nom de famille par peur de représailles, était au front quand la première vague a frappé. Épuisée et en état de choc, elle s’est résolue à obtenir un arrêt de travail au moment où la deuxième vague se profilait. Au téléphone, elle se raconte entre deux sanglots, le souffle court en raison des trop nombreuses heures supplémentaires abattues. « On n’était pas prêts pour ça. Personne ne l’était », lâche-t-elle.

    Ni elle. Ni Gisèle, qui a donné naissance dans le pic de la deuxième vague. Ni Sandrine, qui a vécu la presque totalité de son congé de maternité confinée, alors que son conjoint terminait sa résidence en médecine. Ni Andrée-Anne ni Émie, qui ont tant bien que mal tenu le fort de leur monoparentalité. Ni Isabelle, qui, à titre de gestionnaire, galère depuis des mois pour veiller au moral des troupes. Ni Nancy, qui, avec ses quatre ados, était au bout du rouleau bien avant le confinement. Ni nous.


    Des premiers soins psychologiques

     

    Devant ce mal-être, on se sent souvent impuissant. On aimerait tant aider ceux qui souffrent autour de soi. Mais comment ? D’autant que, sauf exception, on est plutôt mal outillé. « La pandémie a révélé de façon criante notre incapacité à déceler les signes de détresse des gens qui nous entourent », indique le chercheur Steve Geoffrion, du Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.

    Selon lui, ce n’est pas seulement une question de distanciation physique. « Il y a encore un tabou qui persiste autour de la santé mentale. Il est collectif, mais aussi intériorisé. On minimise ses propres symptômes lorsqu’on ne va pas bien », avance-t-il.

    La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des ressources pour combler ces lacunes. Ce sont les « trousses de premiers soins psychologiques ». À cet égard, la formation mise sur pied par le psychologue américain George S. Everly est l’une des plus reconnues. Ce professeur à l’Université Johns Hopkins, à Baltimore, offre des ateliers en ligne gratuits où il aborde les facteurs de risque en santé mentale (stress persistant, fatigue, etc.). Il y propose ensuite une méthode d’intervention simple basée sur l’écoute active. Parmi les choses à surveiller : l’isolement soudain, la perte d’intérêt marquée pour le travail, les amis, les loisirs, la consommation accrue d’alcool ou de drogue… Bref, tout ce qui détonne.

    Son objectif ? Faciliter la reconnaissance des signes avant-coureurs et savoir quand aller chercher de l’aide extérieure. « Cela fait des années que je martèle qu’il faudrait que tout le monde suive une formation du genre, et que les premiers soins en santé mentale doivent être mis sur un pied d’égalité avec les premiers soins physiques. Il ne s’agit pas de remplacer les professionnels. Mais en comprenant mieux ce qui se passe dans nos têtes, nous irons tous mieux collectivement. Et la crise actuelle est en voie de me donner raison ! »

    De ce côté-ci de la frontière, la Commission de la santé mentale du Canada a mis sur pied des cours de premiers soins dès 2007. Présentés en ligne, ils visent aussi à développer des réflexes de soutien. « Nos ateliers n’ont jamais été aussi demandés que depuis le début de la pandémie », souligne la gestionnaire Julie Donaldson.

    Steve Geoffrion élabore lui aussi des programmes d’autosurveillance de la détresse psychique destinés aux travailleurs de la santé. Il croit dans les bienfaits de l’approche fondée sur l’intervention des proches. Selon lui, il est urgent d’implanter des formations de type « premiers soins psychologiques » dans les milieux de travail et les écoles. « Il faut aller au-delà des services classiques aux employés [qui fournissent un soutien rapide, mais temporaire]. Les gens doivent apprendre à se sonder et à reconnaître les signes avant-coureurs chez leurs collègues. Un changement de culture est primordial. »

    Ce constat, Isabelle Picard, gestionnaire à Radio-Canada, l’a fait très vite quand le couperet du premier confinement est tombé. « La pandémie m’a fait réaliser assez tôt qu’il est nécessaire de créer des espaces individuels afin de s’assurer que tout va bien pour tout le monde, explique-t-elle. Être attentif aux détails, poser des questions détournées et prendre le pouls régulièrement. Ce n’est pas parfait, mais jusqu’à maintenant cela semble nous avoir permis de tenir le coup. »


    Santé mentale

     

    Santé - Psycho 3:  Santé mentale : et si on tendait la main aux autres

    La trousse de premiers soins ne remplace pas le travail des intervenants en santé mentale. (Photo : Getty Images/Microgen Images)

     

    Interventions à échelle humaine


    L’idée de ces interventions semble d’autant plus pertinente en cette période où les ressources sont elles-mêmes à bout de souffle. Préoccupée, la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Christine Grou, évoque les lignes d’aide qui ne dérougissent pas, les centres de crise qui débordent, les listes d’attente dans le réseau public qui s’allongent pour recevoir des soins professionnels… Plus de 20 000 noms y figuraient encore récemment !

    Sans s’improviser psychologue, il peut être utile, voire salvateur, de se donner les moyens de détecter les signes de détresse parmi les membres de sa famille et ses amis. Tout comme on gagnerait à mieux protéger son propre équilibre psychique, selon Janie Houle, professeure au Département de psychologie de l’UQAM. « En situation de crise, la capacité d’adaptation des gens est mise à rude épreuve. C’est très énergivore. Il faut donc faire un effort continu pour veiller sur sa santé mentale et son bien-être », dit-elle.

    Elle suggère une technique d’autogestion qui consiste à déterminer et à cultiver ce qui nous fait du bien au quotidien. « Ça n’a pas besoin d’être compliqué, dit-elle. Ça peut être une joyeuse routine avec les enfants, un bon repas, un émerveillement soudain devant un coucher de soleil, une heure de sport… L’important est de s’accorder des moments de répit et de laisser un peu de place pour ces émotions positives, même quand les journées sont plus dures. » Elle utilise d’ailleurs cette technique avec des patients sujets aux troubles de l’humeur, aux dépressions chroniques ou à l’anxiété sévère.


    Un bon début…

     

    Évidemment, cette autogestion, tout comme les formations en « premiers soins », ne peuvent se substituer à un suivi professionnel, parfois essentiel. « On est davantage ici dans la prévention. C’est un élément de la boîte à outils », prévient la chercheuse, ajoutant qu’il vaut mieux voir ces techniques comme étant complémentaires à la psychothérapie et à la pharmacologie.

    Même mise en garde du côté de Julie Donaldson, de la Commission de la santé mentale du Canada. « Nos ateliers sont une bonne base pour mieux lire notre entourage et reconnaître les signes de détresse, mais ils ne pourront jamais remplacer une thérapie, si c’est ce dont vous avez besoin. »

    Encore faut-il réussir à avoir accès à un psychologue rapidement… ce qui est loin d’être le cas en ce moment. « La crise sanitaire est venue mettre de la pression partout où ça faisait déjà mal, y compris sur le manque criant de ressources », ajoute Christine Grou.

    La situation actuelle est plus qu’exceptionnelle et exige une capacité d’adaptation hors du commun. « Mais aurait-on pu faire mieux ? Sans aucun doute. Notre filet aurait pu – aurait dû ! – être plus solide », précise-t-elle.

    À ce sujet, les millions annoncés par le gouvernement Legault à l’automne 2020 pour les services en santé mentale sont un bon premier pas, selon les experts interrogés, même si cela ne sera pas suffisant pour combler les immenses besoins au sortir de la crise.

    Quant à moi, le pire lundi de ma vie aura eu quelque chose de salutaire. Heureusement, ma famille s’est accrochée aux dernières mailles du filet… Depuis, nous allons mieux et chacun reprend peu à peu le cours de sa vie. Mais cette épreuve, je ne la souhaite à personne.

    « C’est pour ça que la prévention et les investissements dans les ressources sont indispensables, insiste Christine Grou. Parce que les gens doivent savoir quand consulter, mais aussi pouvoir obtenir l’aide dont ils ont besoin quand ils en demandent. »

    Et parce que tout ne doit pas se terminer par un internement forcé en psychiatrie.


    Comment intervenir auprès de nos proches ?

     

    Malgré la distance imposée par les mesures sanitaires, il est possible d’être attentif aux signes de détresse de nos proches. Julie Donaldson, de la Commission de la santé mentale du Canada, propose quelques outils.

    ➝ Prendre des nouvelles souvent, et pas seulement dans un contexte de groupe.

    ➝ Être attentif aux changements. « Il faut surveiller l’inhabituel » : consommation d’alcool ou de drogue plus soutenue, propension à l’isolement, retrait des réseaux sociaux.

    ➝ Poser des questions, à la fois directes (« Te sens-tu plus déprimé, ces temps-ci ? » « Dors-tu bien ? » « Manges-tu ? » « Es-tu démotivé au travail ? ») et plus subtiles (« As-tu profité du beau temps le week-end dernier ? »). Il faut garder en tête que le mal-être s’expose parfois là où on ne l’attend pas. La clé est dans les détails. « La question de trop sera peut-être celle qui sauvera une vie ! »

    ➝ Faire part de ses inquiétudes et rappeler qu’on est disponible au besoin.

    ➝ Proposer des ressources et des lignes d’aide.

    ➝ Prendre le temps de décompresser soi-même.

    ➝ Reconnaître ses propres limites.

     

    Santé - Psycho 3:  Santé mentale : et si on tendait la main aux autres

     

     

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