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    Montréalaise sans frontières

     

    Montréalaise sans frontières

    Photo : Jocelyn Michel

     

    Joanne Liu est présidente internationale de Médecins sans frontières. Une première pour une femme, canadienne de surcroît.

     

    2 oct. 2013 par Mylène Tremblay de la revue Chatelaine

     

    Avec elle, on sait tout de suite à quoi s’en tenir. Pas de maquillage, pas de flafla, pas de temps à perdre. La nouvelle présidente internationale de Médecins sans frontières doit parer aux urgences. À commencer par son mémoire, qu’elle doit terminer d’ici son départ pour Genève, où se trouve le bureau international de l’organisation médico-humanitaire qu’elle pilotera dès octobre. « Dans les prochaines semaines, mes nuits seront courtes, je le sens ! » dit la pédiatre urgentologue de 48 ans.

     

    Il n’y a pas que sa maîtrise en leadership et gestion des soins de santé qui l’empêche de fermer l’œil. Les besoins des patients dans les zones de conflit, que beaucoup d’ONG ont désertées, la préoccupent au plus haut point – c’est d’ailleurs l’une des grandes lignes de la campagne qui lui a valu l’appui des grands électeurs du mouvement. La Syrie, la République démocratique du Congo et l’Afghanistan figurent en tête de liste des lieux à visiter au cours de son mandat de trois ans. La missionnaire, « humanitaire », corrige-t-elle, qui cumule plus d’une vingtaine de missions pour MSF en autant de pays et presque autant d’années, devra jouer les diplomates auprès des instances politiques internationales pour négocier des couloirs de sécurité, régler des problèmes de visas, exposer l’état des lieux de pays en crise. Et si besoin est, témoigner haut et fort des lamentables conditions de vie des gens.

     

    La langue de bois ? Très peu pour elle. Primo, elle ne l’a pas dans sa poche, secundo, la prise de parole est dans l’ADN du regroupement. « S’il faut dénoncer, je le ferai, dit-elle, décidée. Nous devons faire preuve d’audace dans nos opérations. En sachant qu’il y a toujours un prix. » Elle rappelle que, au cours de son histoire, MSF s’est déjà fait montrer la porte pour ses prises de position, notamment par l’Éthiopie et la Corée du Nord…

     

    Gros mandat pour ce petit bout de femme à l’allure de jeune fille sage. Le travail ne lui fait pas peur. Le fait d’être une femme à la tête d’une organisation lancée en 1971 par un commando de gars ne l’ébranle pas non plus. Celle qui se présente en disant pour rire « I’m a CBC, a Chinese born in Canada » a vu son père, un immigré chinois, bosser des heures de fou dans son restaurant de Limoilou, où elle prenait les commandes avec un accent québécois à confondre les clients ! « J’ai été exposée très tôt à la différence. À Québec, dans les années 1970, j’étais la seule Asiatique de l’école. Alors être une femme, vous savez… »

     

    Son élection est d’ailleurs un signal qu’envoie MSF, selon elle. « Dans les sphères décisionnelles, nous sommes sous-représentées et les attentes envers nous sont beaucoup plus élevées. » Elle encourage néanmoins les filles à foncer. « Être une femme n’est pas un handicap. C’est un avantage, même ! Combien de points de contrôle j’ai passés en promettant ma main au militaire ! lance-t-elle à la rigolade. Il faut suivre ses passions. »

     

    Pour Joanne Liu, la médecine d’urgence était un rêve. Adolescente, la cadette de quatre enfants, « le mouton noir », traverse une crise existentielle. Elle lit Et la paix dans le monde, docteur ?, L’éradication mondiale de la variole (un rapport de l’Organisation mondiale de la santé), La peste… À 17 ans, elle laisse l’école et s’engage pendant un an auprès de l’organisme de bénévolat Katimavik. Elle cumule les jobines – décoller de la gomme à mâcher dans un aréna et de la cire de cierge dans une église avec un fer à repasser… « Ça m’a donné le goût de retourner aux études ! » Dans le cadre d’un programme de coopération internationale, elle passe trois mois au Mali à vivre au rythme africain et à marcher un demi-kilomètre pour puiser l’eau. « Il n’y a rien d’humanitaire là-dedans, ces expériences profitent à ceux qui partent », affirme-t-elle, lucide.

     

    Diplômée de la Faculté de médecine de l’Université McGill, elle rallie MSF en 1996. De mission en mission, elle se retrouve à Paris, trois ans plus tard, comme directrice des programmes à MSF France, puis à la tête de MSF Canada de 2004 à 2009.

     

    Mais la carrière sur le terrain, l’apprendra-t-elle, comporte aussi son lot de renoncements. Elle a dû faire une croix sur les enfants et a mis du temps à trouver son conjoint, un travailleur autonome qui, cette fois, va l’accompagner à travers l’Europe.

     

    En raison de ses nombreux déplacements, il lui a fallu des années pour obtenir son poste au CHU Sainte-Justine, à Montréal. « Beaucoup de jeunes médecins veulent des emplois permanents. Moi, j’ai pris un risque, j’ai fait des remplacements, mais je n’ai jamais manqué de boulot. »

     

    Paradoxalement, ses deux vies lui ont toujours donné l’impression d’être ordinaire dans tout. « J’aurais voulu être un super professeur émérite, faire de la recherche… Je n’ai rien accompli de tout ça, reconnaît-elle sans amertume. Je me considère comme un médecin correct, qui fait un job correct. Je ne suis pas une étoile sur tous les fronts. »

     

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    de la revue La Semaine

     

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    À l’épicerie avec Danny St-Pierre

     

    À l’épicerie avec Danny St-Pierre

     

     

    Notre journaliste a accompagné le chef dans les allées du supermarché.

     

    2 oct. 2013 par Sophie Suraniti de la revue Chatelaine

     

    Qu’est-ce qu’il y a dans son panier ? Des produits sans prétention, vendus partout, parfaits pour faire swigner nos plats de tous les jours. Notre journaliste a accompagné le chef dans les allées du supermarché. Elle a tout noté pour nous, en plus de le cuisiner sur son tout récent livre.

     

    Avec ses deux restos, Auguste et Chez Augustine, à Sherbrooke, et sa présence ici et là dans divers médias (traditionnels et sociaux), Danny St Pierre est un homme occupé. C’est aussi un papa. Et un gars pratique ! En cette période de rentrée, nous rêvions d’obtenir ses conseils pour faciliter et bonifier nos repas au quotidien. Nous l’avons donc invité à une petite virée dans un supermarché, où il nous a présenté ses ingrédients préférés – des produits tout simples qu’il nous fait découvrir sous un nouveau jour.

     

    Et comme son nouveau livre sort ces jours-ci, il nous refile également des recettes et quelques filons, question organisation. « Je ne connais personne qui ait le goût de cuisiner quand tout est à l’envers », dit-il. Dans la cuisine de Danny St Pierre propose un système pour orchestrer efficacement nos repas, en consacrant entre autres un peu de temps à la planification au cours du week-end. Ce qui nous fait épargner des heures précieuses dans le tourbillon de la semaine. « J’ai voulu donner la canne à pêche et non les poissons. » Le système D, à la Danny, c’est…

     

    D’abord mettre de l’ordre dans sa cuisine. Réorganiser le comptoir, les armoires, en gardant à portée de main les essentiels (ustensiles, ingrédients de base).

     

    Regrouper les aliments qui vont ensemble de manière à faire l’inventaire en un clin d’œil. Par exemple : pâtes avec sauce tomate, pesto. Sucre avec farine, poudre à lever, fruits secs… Même logique dans le réfrigérateur et le congélateur pour les tiroirs, tablettes et autres compartiments.

     

    Le jeudi soir, planifier cinq repas selon ses envies et les réserves disponibles. Cela permet de limiter le gaspillage et d’assurer une rotation des stocks. Rédiger ensuite sa liste d’épicerie.

     

    Le dimanche matin, faire ses courses, liste en main. Biffer les achats au fur et à mesure et boucler le tout en une heure.

     

    Rassembler les troupes au retour, distribuer les tâches (selon la dextérité de chacun) et préparer en trois heures les cinq repas que l’on placera dans le frigo. Une recette « en kit » (viande et légumes dans des contenants à part) pourra être assemblée au jour J.

     

    La cuisine de Danny, c’est un système ingénieux et accessible. Le chef propose ainsi de préparer et de congeler des « cubes de saveur », qui ajouteront vite fait une bonne dose de goût à plein de préparations. C’est surtout une manière de maximiser son temps et de mieux utiliser les produits à sa portée.

     

     

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  • Maître chez soi en pyjama

     

    Maître chez soi en pyjama

    Dylan Ellis / Getty Images

     

    Osez le télétravail !

     

    20 sept. 2013 Par Marianne Prairie de la revue Chatelaine

     

     

    Avec la rentrée qui bat son plein, les transports en commun sont combles alors que votre patience s’étiole comme un arbre en automne. Vous rêvassez : si au moins vous pouviez vous téléporter au bureau… Ne rêvez plus et télétravaillez !

     

    Tenons donc pour acquis qu’une partie de votre job peut être exécutée à distance. Ce qu’il vous faut, c’est un plan (machiavélique) à présenter à votre supérieur. Rédigez votre demande par écrit avec autant de soin que lorsque vous préparez le sac à couches de bébé ; pensez à tout, tout, tout.

     

    Quelles journées seront consacrées au télétravail ? Quelles tâches effectuerez-vous ? Comment assurerez-vous le suivi avec le bureau ? Avez-vous besoin d’équipement spécial ? Quelles solutions proposerez-vous aux problèmes les plus susceptibles de survenir ? Puis, suggérez une période d’essai de trois mois et démontrez à votre boss que c’est une situation gagnant-gagnant. Mettez l’accent sur l’augmentation de la productivité, de la rentabilité, de la loyauté et du recrutement d’employés de talent. Du vocabulaire aussi doux à l’oreille d’un gestionnaire que le pyjama que vous porterez dans l’exercice de vos fonctions. Allez ! Laissez vos pantoufles de Phentex vous guider !

     

    Pour des trucs de négociation et un modèle de plan, consultez L’art de concilier le travail et la vie personnelle, de Guylaine Deschênes (Québec-Livres).

     

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  • Le couple de l’automne

    Le couple de l’automne

    Patrick Lagacé et Jean-Philippe Wauthier animent une émission très attendue à Télé-Québec. Entrevue avec Deux hommes en or.

     

    17 sept. 2013 Par Jean-Yves Girard | Photo: Maxyme G. Delisle de la revue Chatelaine

     

    L’un, journaliste, chroniqueur et animateur très connu, a une grande gueule qui l’a mené loin. L’autre, au nom moins connu que sa chevelure, animateur à la langue bien pendue, a une belle gueule et cela ne lui a pas nui. Ensemble, ils forment un tandem chic de choc, chouette duo séparé le temps d’une rencontre au début de l’été. Question de les interroger chacun de leur côté pour vérifier à quel point leurs violons sont accordés.

     

     

    Patrick Lagacé, ou Pat, comme tout le monde l’appelle, m’a donné rendez-vous À l’aventure, resto du Vieux-Montréal où il a ses habitudes.

     

    La veille, j’avais rencontré Jean-Philippe Wauthier, ou J-P, comme l’appelle tout le monde, au Dépanneur Café, dans le quartier Mile-End où il vit avec Gaston, un carlin qui possède son compte Twitter (@gastonwauthier, 271 abonnés et 50 tweets). Note : on prononce « vauthier » au Québec et « ­wautchier » en Belgique, pays natal du grand-père de J-P.

     

    J-P  Gaston est fabuleux. Le chien le plus cool de la Terre.

     

    Pat  Je le trouve affreux. Comme je dis souvent : « T’aurais pas pu acheter un chien qui n’a pas l’air d’un accident de char ? »

     

    Avant d’aller plus loin, retour sur le titre de leur « magazine socioculturel éclaté et irrévérencieux, où aucune question ne sera taboue », dixit le communiqué de presse de Télé-Québec. Deux hommes en or lance bien sûr une œillade à un film qui a marqué notre cinématographie. Écrit et réalisé par Guy Fournier en 1970, Deux femmes en or raconte l’ennui de deux banlieusardes, Fernande (Monique Mercure) et Violette (Louise Turcot), délaissées par leurs maris et qui tuent le temps en s’envoyant en l’air avec des hommes qui passent (dont Gilles Latulippe !). Surfant sur la vague des « vues cochonnes », cette comédie a fait courir les foules et imprégné l’imaginaire de nombreux ados…

     

    Pat (nostalgique)  Le film passait périodiquement à la télé et, quand t’as 13 ans, tu ne rates pas une occasion de voir des seins.

     

    J-P (songeur)  J’ai vu le film il y a longtemps. Je me rappelle certaines scènes avec Louise Turcot, pour diverses raisons…

     

    Une des phrases les plus célèbres de Deux femmes en or est : « Faut en profiter pendant qu’on est désirables, tu trouves pas ? » D’accord ou pas ?

     

    J-P (aucune hésitation)  Tout à fait. Ça me parle. Oui, faut en profiter.

     

    Pat (rit, esquive la question, fouille dans ses frites, mais j’insiste.)  Je pense que oui. J’ai 41 ans, j’ai un fils de 7 ans, je ne vis plus avec sa mère. Je fais du vélo, je fais attention à ce que je mange. À 50 ans, je sais que j’aurai la peau plus flasque. Mais ma génétique est pas pire pour les cheveux.

     

    Parlant de cheveux, c’est quoi cette histoire autour de la tignasse de J-P ?

     

    Pat  Souvent, quand je parle de lui, les gens disent : « Ah oui, le gars avec les cheveux. » Ils tiennent comment ? Aucune idée. J-P est très fashion, totalement métrosexuel. Gai ? Oui, j’ai entendu la rumeur, mais je confirme qu’il ne l’est pas.

     

    J-P  À 14 ans, j’avais peur de devenir chauve parce que mon père l’était – il l’est encore. Mes cheveux sont devenus ma marque de commerce, j’aime ça. Ça tient comment ? Je prends de la poudre, je fais ça [il fait semblant de se frotter les cheveux]. C’est tout.

     

    Vous assumez l’aura olé olé du titre ?

     

    J-P (sourire crasse)  Oui.

     

    Pat (sérieux)  Ça donne le ton. Il y aura des allusions sexuelles, comme dans le segment « Le trip à trois », quand J-P et moi ferons des entrevues ensemble. Mais, je te rassure, il n’y aura pas de nudité.

     

    Vous avez tourné un pilote en novembre dernier, avec Nathalie Petrowski, une sexologue, Gabriel Nadeau-Dubois… Un montage a été posté dans Internet. J’ai pas trouvé ça très irrévérencieux…

     

    Pat  On a dû faire des entrevues dans un contexte intemporel, avec des gens à qui on n’avait rien à reprocher. Irrévérencieux, ludique, ce sont des mots de documents de présentation. On le sera un peu. Je ne crois pas à la déférence devant le pouvoir.

     

    J-P  Il n’y avait que 10 minutes en ligne, mais on a tourné une heure et demie. Il y avait des bouts un peu edgy. Va falloir trouver la bonne façon. À La soirée est (encore) jeune [émission caustique qu’il anime à la Première Chaîne de Radio-Canada], on pose n’importe quelle question et on se fait répondre. C’est ce qui donne de la bonne radio. On s’attend à ce que la balle revienne. Dans Deux hommes en or, on va être irrévérencieux dans la manière de demander, de dire les choses. Pat, c’est un pitbull, il mord. Moi aussi, mais je peux avoir l’air cute.

     

    Quels rôles aurez-vous dans l’émission ?

     

    Pat  Lui dit que je suis un pitbull, mais je me vois plutôt comme un labrador, un chien fou avec un côté givré. J’ai tout de même fait des reportages aux Francs-tireurs pendant huit ans dans un certain style, je ne vais pas changer et devenir Serge Laprade. Mais on va être en ondes le vendredi soir : les gens veulent se détendre. Je ne peux pas commencer en mordant le mollet d’un invité et en partant avec un morceau de muscle…

     

    J-P  Pat est journaliste ; moi, je suis plutôt entertainer. Je ne chante pas, c’est tout ce qui me manque. Je me sens imposteur quand je me dis humoriste.

     

    Vous souvenez-vous de votre première rencontre ?

     

    Pat  Je ne sais plus. Je le connaissais comme on se connaît tous dans ce milieu. Puis, le projet de l’émission est né et, quand est venu le temps de trouver un coanimateur, j’ai pensé à lui. Il n’y a jamais eu d’autre candidat. Je trouve qu’on se complète.

     

    J-P  Honnêtement, non. Je pense qu’il est venu au Sportnographe [émission radio de 2009 à 2012 qui a fait connaître le style caustique – décidément ! – de J-P]. On s’est vus une couple de fois, dans des partys. Je le lisais dans Le Journal de Montréal, puis La Presse. J’aime sa plume. C’est lui qui m’a approché pour la coanimation. Je sais qu’il a dit qu’il ne voyait personne d’autre que moi. C’est très flatteur.

     

    À sa dernière présence aux Francs-tireurs, Pat, interviewé par Richard Martineau, lui a révélé qu’il avait reçu des photos d’admiratrices en bikini. Ce qui nous amène à aborder la notoriété…

     

    Pat  Faire de la télévision, c’est un choc. Soudain, tu deviens plus drôle, plus intelligent, plus beau. Alors que ce n’est pas vrai, t’es juste dans la télé. Donc, tu reçois des propositions de filles qui, quand tu ne faisais qu’écrire dans le journal, avec une petite photo, ne voulaient rien savoir. Oui, j’ai eu la tête enflée. Avec le recul, je me rends compte que c’est presque inévitable.

     

    J-P  Je ne suis pas rendu là et je ne pense pas me rendre là. Je ne suis pas encore une vedette. Quand tu travailles à Télé-Québec [il y a animé pendant deux ans La une qui tue] et à la radio de Radio-Canada, t’es pas mal sous le radar. Là, avec Deux hommes en or, ça va changer un peu, j’imagine. Mais je n’ai pas d’attentes envers les photos de filles en bikini. Si ça m’arrive, fine.

     

    Vous venez de milieux différents…

     

    J-P  J’ai grandi à La Baie. Mon père est directeur au Bureau des affaires publiques de l’Université du Québec à Chicoutimi, ma mère enseigne le français aux adultes. Mon parrain, Louis Wauthier, est le chorégraphe de La fabuleuse histoire d’un royaume, spectacle dans lequel j’ai joué un prince quand j’avais huit ans. J’ai dansé aussi, mais je danse très mal et mon parrain avait honte. Faire de la télé, ce n’était vraiment pas dans mon champ d’horizon. La diplomatie m’intéressait. Après ma maîtrise en science politique à l’UQAM, j’ai travaillé un an à l’Unesco à Paris au développement des pays du tiers-monde grâce à l’information. Dans ces vieilles organisations gangrenées, tout est compliqué et très politique. Ça n’avançait pas assez vite pour moi. Quand je suis revenu, j’ai voulu aller en journalisme. J’ai passé une entrevue, puis tout a déboulé.

     

    Pat  Je ne viens pas d’un monde d’idées. J’ai été le premier de ma famille à aller à l’université. Mes parents se sont séparés quand j’avais quatre ans. Mon père était arpenteur pour la Ville de Laval. Il est mort en 2000. Ma mère en 2004, à 54 ans. Elle souffrait de la maladie de Crohn, ne pouvait pas travailler et comptait sur une rente pour vivre. En un mois, je gagne plus que ce qu’elle recevait en un an. Si elle avait géré mon salaire, elle aurait pu acheter un petit pays en Afrique parce qu’elle faisait des miracles avec 14 000 $ par année. Oui, je gagne très bien ma vie, et non, je ne me sens pas bien. Il m’arrive de regarder les montants – on se comprend, c’est pas un million par année – et, pour quelqu’un qui arrive d’où je viens, c’est beaucoup.

     

    En conclusion, j’ai demandé à chacun la question qu’il aimerait poser à l’autre.

     

    J-P  Pat, qu’aimerais-tu faire quand tu seras grand ?

     

    Pat  Ça. Exactement ce que je fais maintenant. Si jamais l’émission est un four – je ne pense pas que ça va arriver –, si je n’ai pas de show de télé l’an prochain, j’aimerais continuer à écrire, c’est sûr. Quand j’étais petit, c’était ce que je voulais faire comme métier, des chroniques dans un journal, et ce journal était La Presse. La télé, c’est arrivé, j’ai eu de la chance que ça fonctionne. À moi, maintenant, J-P. Le sais-tu que tu vas être une star ? Un jour, je vais passer pour un génie parce qu’on t’aura eu au bon moment !

     

    J-P  À cette question que je trouve délicieuse et adorable, je réponds ceci : ben non, je deviendrai pas une star, Pat. Mais bon, si tu as raison, je t’en devrai une…

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