• Le vrai gagnant

     

    À quoi mesure-t-on le succès? L’échec?

     

    29 août. 2013 Par Louise Gendron de la revue Chatelaine

     

    Le vrai gagnant

    Photo: Marie-Reine Mattera

     

    Il a presque 90 ans et il arrive au bout de sa vie. C’est un artiste, un vrai. Capable de créer une œuvre à partir de vieux calorifères ou de cailloux ramassés dans la rivière qui serpente à la lisière de son champ.

     

    Vous ne le connaissez pas. Presque personne ne le connaît. Pourtant, il aurait pu avoir une grande carrière, vendre ses sculptures dans des galeries sélectes et les voir exposées dans les musées. Pour un million de raisons — certaines de sa faute et d’autres non —, ça ne s’est pas produit.

     

     

    Alors, il passe ses derniers jours dans sa maison, entouré de sa famille, de quelques amis et du million de sculptures et de patentes diverses sorties de son imagination unique et de ses mains expertes. Les journaux n’en parleront pas. Le Québec ne créera pas une bourse à son nom. Mais je l’aime.

     

    Il a eu une vie difficile, comme beaucoup d’hommes de sa génération. Né dans une campagne pauvre d’argent et dénuée d’horizons, il a grandi pendant la Grande Dépression et est arrivé à l’âge adulte juste à temps pour la Deuxième Guerre mondiale. Il a appris un métier, l’a pratiqué pendant plus de 40 ans et a élevé une famille.

     

    Mais, en même temps, il a appris mille autres choses. Le dessin, l’électricité, la peinture, la sculpture, la mécanique, la joaillerie, la soudure, l’ébénisterie, la gravure, la maçonnerie… il n’a jamais arrêté de découvrir, de créer, d’inventer, de bidouiller.

     

    Cet homme extraordinaire a machiné des plaquettes de frein pour ma voiture et m’a créé des bracelets en cuivre ou en argent. Réparé des boucles d’oreilles et un lave-vaisselle. Il m’a initiée à la sculpture contemporaine et enseigné à reculer une remorque attachée à un tracteur. Il connaît toutes les espèces d’oiseaux qui viennent piller ses mangeoires et nicher dans ses cabanes.

     

    Il n’est pas devenu l’artiste-vedette qu’il aurait pu devenir. Est-ce un raté ? Une vedette ratée, sans aucun doute. Mais un artiste réussi, il me semble. Et un être remarquable.

     

    De toute façon, c’est quoi, le succès ? C’est quoi, l’échec ? Je connais des gens qui, après des années d’efforts, doivent laisser tomber une entreprise qui, de toute évidence, ne remplira jamais ses promesses. Un jeune homme qui met tout son cœur et toute son énergie dans un magnifique projet de fou qui, malheureusement, ne lui permet pas de gagner sa croûte. Il y a les romanciers qui ne vendent jamais plus de 300 exemplaires. La nageuse qui ne gagne pas de médailles. Et tous les membres de l’Union des artistes qu’on ne verra jamais dans les magazines.

     

    La psycho pop dit qu’un échec n’est qu’une marche de l’escalier qui mène au succès. Mais il arrive quoi quand, comme mon ami, on parvient au bout de son escalier et qu’on n’y trouve ni Oscar, ni Nobel, ni médaille, ni paparazzis, ni ce qu’on appelle « le succès » ?

     

     

    Tant pis pour la psycho pop. Ma réponse, c’est chez mon ami que je la trouve. Oh, bien sûr, il n’aurait pas boudé les honneurs et la célébrité. Mais aujourd’hui, assis sous ses pins à siroter son thé, il ne formule qu’un seul regret : « J’aurais dû travailler plus. »

     

    Merci, Roger.

     

    louise.gendron@chatelaine.rogers.com

     

    Pin It

    votre commentaire
  • La poutine du quotidien

     

    La chronique de Marianne Prairie

     

    23 août. 2013 Par Marianne Prairie de la revue Chatelaine

    La poutine du quotidien

    Photo: Maude Chauvin

     

    Le mot routine me fait automatiquement penser à « poutine ». Comme dans l’expression la « poutine du quotidien », une mixture de tâches ordinaires qui, au bout d’un certain moment, peut avoir l’air aussi appétissante qu’un casseau de frites froides.

     

    Certaines, venues au monde avec l’option « saine discipline », digèrent naturellement la routine. Moi, j’ai appris à y prendre goût en ayant des enfants. Bye bye la bohème, bonjour le train-train ! Force est d’admettre que je ne m’en passerais plus. Ou qu’il m’est impossible d’en sortir. Peu importe ! La routine, c’est le Pepto-Bismol de l’horaire : elle apaise le chaos familial (sans l’arrière-goût de paparmane crayeuse).

     

    Selon l’auteure et conférencière Martyne Huot, une famille comptant deux adultes et deux enfants fait plus de 2 500 gestes et actions tous les jours. Je me demande quelle portion de ce nombre est consacrée aux rituels. Vous savez, ces petites habitudes propres à chaque famille, aussi réconfortantes que la sauce brune : le café matinal toujours dans la même tasse, le « Bonne journée ! » lancé par la porte entrouverte, la musique forte dans la voiture, l’histoire avant le dodo… Ce sont des moments qui font scouik scouik dans le cœur.

     

    Je vais prendre une extra fromage, s’il vous plaît.

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  • Ils ont fondé leur école

     

    Des jeunes de Pointe-Saint-Charles apprendront au grand air dans leur nouvelle école « nature ».

     

    23 août. 2013 Par Mylène Tremblay | Photos: Jocelyn Michel de la revue Chatelaine

     

    Des parents caressaient un rêve fou : créer dans le quartier montréalais de Pointe-Saint-Charles une école où les jeunes pourraient apprendre dehors et investir les espaces verts. En septembre, cette école, basée sur la pédagogie alternative, accueillera ses premiers élèves.

     

    Ils ont fondé leur école

     

    Il y a de la fébrilité dans l’air à l’école Charles-Lemoyne de Pointe-Saint-Charles, à Montréal. Dès que sonnera la cloche, une cinquantaine d’élèves de 4 à 11 ans prendront d’assaut les locaux du tout nouveau volet alternatif de l’établissement. Heureusement, tout est prêt pour l’an 1 ! Pendant que les petits savouraient les vacances, des parents ont donné un dernier tour de manivelle pour assembler le mobilier – tables, chaises, pupitres – et transporter de la terre dans le jardin. « Tout s’est fait à une vitesse phénoménale », s’enthousiasme Catherine Dion, l’un des 11 parents fondateurs du programme. « Mais pas par magie. On y a injecté beaucoup d’huile de bras et un nombre incalculable d’heures et de neurones chauffés à blanc ! »

     

    L’idée a été lancée voilà deux ans par Joanna Desseaux, une maman passionnée par les pédagogies alternatives et soucieuse d’offrir à son fils un paradis qui mettrait l’accent sur le jeu à l’extérieur et les longues récrés. « Et si on ouvrait une école publique alternative axée sur la nature ? »

     

    Immédiatement, des mains se sont levées. Dans tout le sud-ouest de Montréal, on ne pouvait trouver aucune école alternative. « Les parents intéressés par ce type de pédagogie devaient envoyer leurs enfants dans des écoles de l’extérieur du quartier, ou alors ils partaient carrément au moment de l’entrée à la maternelle », explique Violaine Cousineau, cofondatrice du programme, aujourd’hui commissaire à la Commission scolaire de Montréal (CSDM).

     

    Pour Teprine Baldo et plusieurs de ses concitoyens, pas question d’expatrier leurs gamins pour les scolariser. « Le quartier a vu grandir les miens depuis quatre générations », dit cette descendante écossaise férue de développement durable. « Je voulais que mes enfants s’épanouissent en étroit contact avec la nature, tout en vivant en ville. » Des trois écoles primaires publiques de « la Pointe », qui figurent parmi les plus défavorisées de l’île de Montréal, aucune ne comblait les attentes de ces jeunes familles, dont certaines nouvellement établies.

     

    Ils ont fondé leur école

     

    Les fondateurs (de gauche à droite) : Joanna Desseaux-Nguyen, David Desrosiers, Violaine Cousineau, Catherine Fluet, Caroline Di Cesare, Marion Dulude, Catherine Dion, Teprine Baldo, Olja Gojakovic, Dominique Lynch-Gauthier.

     

    Les mères de la première heure (le groupe de fondateurs compte un seul homme, qui s’y est greffé en cours de route) se sont réunies pour poser les jalons de cette école « verte » en devenir. Sa mission : sensibiliser les petits citadins à l’environnement et à l’agriculture urbaine. Une partie des apprentissages se ferait hors des murs, dans les parcs, les jardins communautaires, les ruelles, sur les berges du fleuve, aux abords du canal de Lachine…

     

    Le Réseau des écoles publiques alternatives du Québec (RÉPAQ) leur a indiqué la marche à suivre. À commencer par l’élaboration d’un « texte fondateur » qui dresse le portrait et cerne les besoins de cet ancien quartier ouvrier en pleine effervescence, mais soumis à des vents contraires : d’un côté, l’embourgeoisement, les condos en rangée ou les apparts retapés, de l’autre l’immigration récente, les populations de souche et les logements sociaux. « On voulait trouver une façon de faire cohabiter tout ce beau monde à l’intérieur d’un modèle éducatif souple », dit Catherine Dion, qui a enseigné pendant 10 ans dans le milieu dit alternatif et qui forme aujourd’hui les futurs orthopédagogues à l’université.

     

    Sur papier, le projet était bien ficelé. Mais le 6 décembre 2011, lors de sa présentation officielle devant une assemblée de résidents, il révèle ses failles. « Des parents impliqués dans les écoles environnantes nous demandaient pourquoi on n’employait pas nos forces au profit de celles-ci plutôt que d’en créer une “meilleure”, relate Catherine. On a tenté de leur expliquer que notre projet nature représentait un besoin auquel elles ne répondaient pas. » En fait, ces parents craignaient la mise sur pied d’une école élitiste pour la classe moyenne.

     

     

    Le petit groupe retourne donc à sa planche à dessin. Il lui faut connaître sa clientèle et prouver que l’école permettra de freiner l’exode des nouvelles familles. À force de travail, de discussions et de persuasion, les portes s’ouvrent et les craintes s’estompent.

     

    « Pendant deux ans, on n’a fait que ça, expliquer le projet, dit Violaine Cousineau. Non, la pédagogie alternative n’est pas axée sur la performance, il n’y a pas de processus de sélection à l’entrée, ce n’est pas du privé déguisé. C’est l’école pour tous, avec une façon différente de fonctionner. »

     

    Ils ont fondé leur école

    Moment crucial lors de la présentation publique dans un centre communautaire de Pointe‑Saint‑Charles. Plusieurs parents se montrent sceptiques. « On a expliqué que notre projet d’école alternative axée sur l’environnement répondait à un besoin. »

     

    Début janvier 2013, la CSDM donne son feu vert, mais à un volet alternatif plutôt qu’à une école. Qu’importe, c’est une victoire. La dernière fois qu’elle avait autorisé l’ouverture d’une école primaire alternative sur son territoire, c’était il y a 25 ans… L’immense école Charles-Lemoyne, adossée au petit parc Des Apprentis, accepte d’accueillir sous son toit trois classes de départ – deux de maternelle et une multiâge de première et deuxième années. Cette association permet de limiter les coûts (16 400 $ pour l’achat de mobilier et de matériel pédagogique pour la première année, et 4 000 $ annuellement durant les quatre années suivantes) et de simplifier la logistique (direction d’école et conseil d’établissement communs, locaux et installations en partage…).

     

    Trois enseignantes du programme régulier ont décidé de faire le saut dans le « volet alternatif ». Tout un défi pour celles qui ne se sont jamais frottées à cette pédagogie un peu particulière, qui préconise l’implication tous azimuts des parents dans la vie de l’école et l’apprentissage au rythme de chaque élève. Catherine Dion a veillé à leur transmettre son expérience et à élaborer avec elles une grille horaire et une liste d’activités. « Tout est à construire. Mais, déjà, les parents répondent présent pour organiser des ateliers et apporter leurs forces vives. » Elle loue d’ailleurs leur confiance et leur ouverture d’esprit. « Il faut être un peu fou pour embarquer dans un projet comme celui-là, rigole-t-elle. Tout est parti d’un rêve qui a fait son chemin dans le tordeur administratif et qui grandira avec les familles. Et là, ça commence pour vrai ! »

     

    Ils ont fondé leur école

     

    Pin It

    votre commentaire
  • Monique Leroux, présidente de Desjardins, prépare sa fille

    à la vie d’adulte.

     

    Monique Leroux, présidente de Desjardins, prépare sa fille à la vie d’adulte.

     

    22 août. 2013 Propos recueillis par Louise Gendron de la revue Chatelaine

     

    Monique Leroux a 45 000 employés… et une fille de 17 ans.

     

    Quand elle est entrée à l’université vers la fin des années 1970, les filles comptaient pour moins de 10 % des étudiants en comptabilité, comme dans la majorité des programmes d’ailleurs. Dans – presque – toutes les disciplines, la proportion dépasse désormais les 50 % ; les jeunes diplômées d’aujourd’hui n’ont jamais connu les inégalités. Monique Leroux s’en réjouit. Mais croit tout de même que sa fille, ainsi que toutes les autres de sa génération, pourrait tirer profit de quelques tuyaux…

     

    1  Choisis ce qui te rend heureuse

     

    Si tu fais un travail que tu aimes, ça va t’apporter de la joie, que tu partageras à ton tour avec ta famille. Très souvent, les gens qui connaissent le plus de succès, ceux qui s’impliquent le plus dans ce qu’ils font sont ceux qui ont choisi un domaine, non pour le titre ou la carrière, mais parce qu’ils se sont dit : « Moi, je souhaite contribuer à quelque chose. » Et qui ont été prêts à y mettre la fougue et le temps requis.

     

    2  Fais-toi confiance

     

    On a souvent plus de moyens et de possibilités qu’on ne l’imagine. Bien des gens m’ont donné un coup de main, m’ont fait confiance et je les en remercie. Mais en plus, ça prend cette confiance en soi qui permet de respecter ses engagements. Et ensuite, on doit à son tour donner confiance aux autres. Tout ça crée un « cercle vertueux » très puissant. J’ai travaillé avec bien du monde, hommes et femmes, dans des contextes différents. J’ai noté que l’ambition ne s’exprime pas de la même manière chez les deux sexes. La capacité de se dire qu’on est capable, il faut stimuler ça un peu plus chez les filles. Côté leadership, c’est aussi différent. De façon générale – plusieurs études le confirment –, les femmes gèrent le risque plus prudemment. Si on confie le même portefeuille de placements à un groupe d’hommes et à un groupe de femmes, ce dernier va être plus réservé, moins hardi que l’autre. Alors que le rendement idéal serait obtenu par un mélange des deux. Les femmes doivent prendre plus de place et avoir davantage d’audace.

     

    3  Prends les moyens pour être en paix

     

    Famille, carrière, conciliation, comment réussir ça ? Il n’y a pas de réponse universelle. Mon seul conseil : arrange-toi pour que ton conjoint, ta famille et toi soyez à l’aise avec vos décisions. La vie professionnelle va t’offrir des occasions qui pourraient t’amener à te développer mais qui parfois vont sembler en conflit avec les besoins de la maisonnée. Ce n’est pas une raison pour les laisser passer. À quoi sert de rester à la maison si tu n’es pas heureuse ? Il existe des moyens. Payer une aide familiale peut s’avérer un bon investissement, même si ça veut dire renoncer à autre chose, une nouvelle auto par exemple. Ça va coûter des sous, mais assurez-vous de tout faire pour qu’à la maison vous trouviez la paix. Il y a beaucoup de petites zones de stress qui proviennent des arrangements qu’on a pris chez soi.

     

    4  Conserve un équilibre

     

    Ne perds pas de vue que, une fois la carrière terminée, au moment de la retraite, il faut pouvoir retrouver ses amis, sa famille, avoir une vie. Alors, oui, travaille. Mais garde un équilibre. Je bosse dur, tu le sais. Mais tu sais aussi que je prends cinq ou six semaines de vacances par année.

     

    5  Souviens-toi que tu n’es pas toute seule

     

    Un leader, un chef d’entreprise, un chef politique, ça ne fonctionne jamais en solo. Ni au bureau ni à la maison. C’est souvent un couple, un noyau familial. Je l’ai vu chez beaucoup d’entrepreneurs, c’est vrai pour moi aussi. Sans ton père, sans mes parents, sans toi, je n’aurais jamais été capable de faire ce que j’ai fait. Impossible. Quand je me suis présentée à la présidence du Mouvement, rappelle-toi, ça a été une décision familiale qu’on a prise ensemble, ton père, toi et moi. Parce que ça impliquait un engagement de temps, une disponibilité, des contraintes, qui allaient vous toucher vous aussi. Vous avez dû faire des compromis. À certains moments, quand j’étais moins là, ton père prenait le relais. C’était, en fait, un travail d’équipe. C’est la même chose au travail. Je suis à la présidence du Mouvement Desjardins mais ma force et ma capacité à accomplir quelque chose dépendent de toute l’équipe qui m’entoure. Et puis, n’aie pas peur de demander conseil. Ce n’est pas toujours facile ; tu vas craindre d’avoir l’air fou, de laisser paraître une faiblesse. Mais ça vaut la peine. Moi-même, je sollicite des avis, j’écoute ce qu’on me dit. Ensuite, je rationalise et je prends ma décision.

     

    6  Reprends le flambeau

     

    Tu as de la chance. Au début des années 1980, quand j’ai suivi mon cours en comptabilité, on était 5 % ou 10 % de filles. Maintenant, on a dépassé les 50 %. Il a fallu 25 ans pour arriver là. Chez Desjardins, il n’y a pas si longtemps, les femmes représentaient 20 % des cadres supérieurs. Aujourd’hui, plus d’un dirigeant de caisse sur trois est une femme, ce qui est remarquable par rapport à la moyenne canadienne. Mais ça ne suffit pas. Une partie de mon travail consiste à inciter les femmes à poser leur candidature, puis, une fois qu’elles sont en place, à les aider à assumer leur rôle. Ma génération a fait un bon bout de chemin, mais on n’a pas terminé encore et c’est ta génération qui devra poursuivre. Dans un premier temps, il faudra s’assurer que les femmes soient correctement représentées tout au long du processus de sélection des cadres. Il n’est pas normal qu’elles forment  la moitié du bassin de candidats mais seulement 10 % de ceux qui sont retenus en définitive. Il y a un biais dans le système. Et là, il reste du travail à faire. Comme aussi dans les pratiques responsables en matière de gestion de la famille. Les portes sont plus grandes ouvertes pour toi, tu te heurteras à moins de barrières que moi, c’est clair. Je crois que nous, les femmes, apportons beaucoup à la société. Reste à continuer.

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  • Ce que Lise Ravary a appris

     

    Choisir ses batailles et, surtout, triper !

     

    18 juil. 2013 Joelle de la revue Chatelaine

     

    Journaliste, auteure, chroniqueuse, Lise Ravary a été patronne et pigiste, riche et pauvre. Elle est surtout — de son propre aveu — une incorrigible tripeuse.

     

    Société:  Ce que Lise Ravary a appris

     

    Je ne serai jamais bien avec mon corps. Après 50 ans passés à me torturer, c’est extrêmement libérateur d’accepter enfin le fait que je n’aimerai jamais mon image. Ça m’enlève un poids incroyable des épaules : j’ai arrêté d’y penser tout le temps, de faire tous les régimes, tous les gyms, de travailler à m’accepter. C’est l’ultime lâcher-prise.

     

    Pour les tout-petits, « amour » s’épelle T-E-M-P-S. Fille de mon époque, j’ai voulu tout avoir en même temps, le mariage, la maison parfaite, la carrière, la famille. Résultat : je n’ai pas donné à mes enfants ce que j’aurais dû. Ma génération croyait que l’important, ce n’est pas le temps que tu donnes aux tiens, mais la qualité. Ce n’est pas vrai. Les petits veulent que tu sois à côté d’eux, que tu les écoutes. Pas dans deux minutes, là, tout de suite. Je l’ai compris trop tard.

     

    Trop dormir rend dépressif. Je me bats contre la dépression depuis l’âge de 12 ans et j’ai fini par comprendre que plus tu te lèves de bonne heure, plus tu es sur le piton. Je me couche vers 23 h, je me lève à 7 h, je m’habille, je fais mon lit, je démarre ma journée tout de suite. Ce rituel a changé ma vie.

     

    Avoir de beaux ongles est une perte de temps. Je refuse de prendre une heure à me faire sécher les ongles chez la manucuriste ou de passer une demi-journée chez le coiffeur. Sans compter ce que ça coûte. J’ai d’autres choses à faire, des livres à lire, des films à voir, des cafés à prendre avec des amis.

     

    Quand on tire sur tout ce qui bouge, on atteint rarement la cible. Choisissons nos batailles. Si on donne juste un petit peu de nous un peu partout, on n’aura aucun impact. Impliquons-nous dans une chose qui nous tient vraiment à cœur et l’Univers va s’occuper des autres…

     

    La femme (ou l’homme) de ménage est la meilleure façon de maintenir le partage des tâches dans le couple. On paie moitié-moitié et c’est réglé. Même si on a peu de sous, c’est un excellent investissement. J’aime mieux manger du Kraft Dinner tous les jours que de faire le ménage. Ou de me chicaner pour une question d’époussetage.

     

    La vérité ne doit pas devenir une arme. Le seul mensonge que je me permets, c’est celui qui protège l’honneur de quelqu’un.  Pour le reste, j’essaie de vivre dans la plus rigoureuse honnêteté. Parce que, à titre de diplômée de l’école des Alcooliques anonymes, j’ai appris qu’un mensonge, c’est compliqué pour rien et que ça finit toujours par nous rebondir au visage. Sans compter qu’il faut s’en souvenir !

     

    Une compétence « portative » est une merveilleuse richesse. J’ai une amie barmaid. Savoir préparer les 25 cocktails les plus hot lui permet de travailler partout dans le monde. D’autres sont infirmières ou mécaniciens. Cette indépendance leur sert dans toutes les situations. Pouvoir écrire m’a sauvée plus d’une fois.

     

    Dans un pays étranger, il faut aller au supermarché. C’est la meilleure façon d’apprendre comment les gens vivent. Et de manger de bien drôles d’affaires, surtout si les étiquettes sont écrites dans une langue inconnue !

     

    Pour qu’il y ait adoption, il faut qu’il y ait eu abandon. Je suis une fille adoptée. On dit aux enfants comme moi qu’ils ont été sauvés. Mais on oublie de dire que, avant, ils ont été abandonnés. Cet abandon, il faut le reconnaître et l’accepter. C’est vrai dans d’autres domaines. Tu veux avoir un mode de vie plus sain ? Tu dois abandonner de vieilles habitudes. Tu veux un enfant ? Tu dois renoncer à une part de liberté. Cette étape est importante si on veut avancer. Et je ne suis pas certaine qu’on la vive tout le temps...

     

    Venez lire un passage exclusif du livre de Lise Ravary Pourquoi moi? Ma vie chez les Juifs hassidiques. 

    Allez au lien suivant:

    http://www.frawsy.com/livre-pourquoi-moi-a97223887

     

     

    Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique