•  

    Superstitions sur les éclipses

     

    L’éclipse solaire et l'éclipse lunaire sont aujourd'hui bien connues des scientifiques. Ces phénomènes astronomiques ont pendant longtemps fait l'objet de nombreuses superstitions. En effet, l'éclipse marque une occultation de la lumière et, à ce titre, a été considérée pratiquement universellement, comme un présage funeste.

     

    Symbolisme de l'éclipse

    Depuis l'ancienne Égypte, l'éclipse annonce un événement dramatique notamment une guerre, la famine, une catastrophe naturelle ou la mort d'un souverain. La « mort de l'astre » dévoile un signe de mauvais augure en adéquation avec la mort physique.

     

    Eclipse partielle de Soleil

    Phase partielle d'une éclipse totale de Soleil. 22 Juillet 2009. (NASA/JAXA)

     

    Dans de nombreuses mythologies et religions, ce phénomène est annonciateur des dérèglements cataclysmiques d'une fin de cycle.
    L'avènement d'un nouveau cycle ne pourra se réaliser qu'après une destruction salvatrice.

    Les éclipses de Soleil ont souvent été interprétées comme annonciatrices de la fin du monde.

     

    Éclipse et évènements historiques

    Les anciens auteurs n'ont pas hésité à travestir la réalité en mentionnant de soi-disant éclipses pour expliquer des évènements funestes ou importants.

    Par exemple, lors de l'assassinat de César en 44 avant notre ère, certains écrivirent que le ciel s'était obscurci alors qu'une éclipse n'a eu lieu ce jour-là.
    Plutarque a prétendu que la fondation de Rome en avril 753 avant notre ère a été marquée par une éclipse du Soleil.
    Cette éclipse n'a eu lieu que trois ans plus tard.

     

    Mort de Jules César

    Mort de Jules César. Vincenzo Camuccini, 1798

     

    La majorité des chercheurs considèrent que Jésus de Nazareth a été crucifié au lieu-dit « Golgotha », à l'extérieur de Jérusalem, le vendredi 7 avril 30 ou le vendredi 3 avril 33.

     

    Crucifixion du Christ

    Le Calvaire par Mantegna, 1459, Musée du Louvre, Paris

     

    Le 24 novembre 29, une éclipse de Soleil était visible dans cette partie du monde.

    Le récit évangélique sur les ténèbres qui marquèrent la mort du Christ amalgame les deux évènements, postérieurement confondus en un seul.

    Bible Segond 1910: « La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure.»

     

    Éclipse dans les religions

    Dans la mythologie germanique, le Soleil et la Lune étaient poursuivis par deux loups célestes, Moongarm et Fenris (ou Fenrir).
    Ce combat provoquait une éclipse. Pour lutter contre ces monstres, les sorciers hurlaient en frappant sur des tambours.

    En Inde, c'était un démon qui étendait ses griffes noires sur le corps céleste. Afin d'aider le Soleil, les Hindous se rassemblaient dans une rivière, de l'eau jusqu'au cou.

    En Chine, les éclipses étaient provoquées par un mauvais génie qui cachait le Soleil dans sa main droite et la Lune dans sa main gauche. Il pouvait également s'agir d'un griffon ou d'un crapaud qui dévorait la Lune.

    Dès que l'astrologue de la Cour annonçait l'évènement, l'empereur et ses dignitaires devaient jeûner. Dès que la lumière faiblissait, les mandarins tiraient des flèches vers l'astre pour tuer le monstre tandis que l'empereur frappait sur un tambour.

    V. Battaglia (14.04.2015)

     

    Références

    J. Chevalier, A.Gheerbrant. Dictionnaire des symboles, Jupiter 1982
    Richard Hennig, Les grandes énigmes de l'univers, R. Laffont 1985
    Eloïse Mozzani. Le livre des superstitions, Laffont 1995
    Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, P.U.F., coll. ‘Nouvelle Clio’‎ 2007

     

    Superstition:

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Superstition de Noël

     

    Pendant les sept jours des saturnales qui correspondent à la période de Noël, les Romains avaient coutume de s’offrir des cadeaux. Les chrétiens ne renièrent pas cette habitude.
    Au cours de ces festivités, les Romains prenaient la place de leurs esclaves. Ces derniers élisaient leur « roi ».
    Ce roi présidait un grand banquet où les esclaves étaient servis par le maître.

     

    Coutumes anciennes de Noël

    On retrouve une survivance de cette coutume, aujourd’hui, dans l’armée britannique. En effet, le repas de Noël est traditionnellement servi aux hommes de troupe par les gradés.

    Cependant, le christianisme ne pouvait conserver cette coutume romaine dans son intégralité. La fête terminée, les « rois » des esclaves étaient conduits au cirque pour y être mis à mort.

    Les chapeaux en papier et les « diablotins » ou « papillotes à pétard » sont une survivance des orgies de la Rome ancienne.
    Quant aux bougies et à la bûche de Noël, elles appartiennent aux traditions scandinaves. En plein milieu des hivers froids et sombres, elles apportaient un espoir de lumière et de chaleur.

    Peu à peu, dans les siècles qui suivirent la conquête normande, la religion chrétienne s’implanta avec ses chants et ses fêtes de la Nativité.

     

    Nativité

    Nativité sur un vitrail

     

    Superstitions de Noël

    Si un de leurs enfants naissait à Noël, c’était pour les Grecs, une grave raison de se tourmenter.
    La fête de Noël est une occasion de se réjouir mais pas le fait d’avoir conçu un enfant le 25 mars, jour de l’Annonciation, lorsque l’Archange Gabriel avertit Marie qu’elle sera mère de Dieu.

     

    Nativité

    Nativité, Giotto di Bondone, 1305

     

    Il fallait en effet prendre d’énormes précautions pour empêcher le bébé de devenir un Kallikantzaros, c’est-à-dire un lutin.
    Il fallait l’attacher avec des tiges d’ail ou lui passer les ongles de pied à la flamme.

    Ces lutins malfaisants devenaient parfois si grands que les toits des maisons leur arrivaient à la taille.
    Généralement noirs et velus, ils avaient de grosses têtes, des yeux injectés de sang et des ongles recourbés.

     

    Lutin malfaisant

    Heureusement pour les hommes, les lutins passaient leur temps à tenter d’abattre à coup de hache l’arbre qui soutient le monde.
    Chaque année, au moment où ils étaient sur le point d’y parvenir, survenait l’anniversaire de la naissance du Christ.
    L’arbre se régénérait alors miraculeusement.

    Les lutins entraient alors dans une terrible colère.

    V.Battaglia (23.12.2005)

     

    Superstition:  Superstition de Noël

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Symbole du diable

     

    Le diable peut revêtir de nombreuses apparences sous différents noms. Le mythe du diable est présent dans de nombreuses cultures.
    Qu’on le nomme Belzébuth, Satan, Tengu, Démon ou Lucifer, le diable symbolise les forces qui affaiblissent la conscience.
    C’est l’éternel combat entre le monde des ténèbres et le monde de la Lumière.
    L’homme doit en permanence lutter contre ses instincts. Satan est là pour le pousser au péché, comme le Serpent de la Genèse.

     

    Le diable dans les mythes du Proche-Orient ancien

     

    Dans la mythologie sumérienne, notre diable occidental est représenté par Ereshkidal, la reine des Enfers.
    Le diable symbolisant l’obscurité, il brûle dans un monde souterrain. Dans la plupart des mythes, il devient le maître des Enfers.

    Les Babyloniens ont retranscrit un grand nombre de mythes sumériens et on retrouve Ereshkidal dans leur mythologie.

    Les mythes du Proche-Orient ancien sont les initiateurs du paradis et de l’enfer. Dans le royaume des morts, les Justes se voient décerner des récompenses, tandis que les pécheurs sont punis.

     

    Diable

    Illustration du diable tentateur. By Bascom Hogue . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    Les thèmes de la mythologie biblique empruntent à différentes cultures du Proche-Orient ancien. L’épisode du Déluge, par exemple, est clairement inspiré de la version babylonienne.

    Les religions monothéistes sont pauvres en écrits mythologiques et tous les textes bibliques ont subi des altérations afin qu’il existe une cohérence théologique, d’où l’importance d’en minimiser les éléments mythologiques.

     

    Le diable et la Bête

    De nombreux animaux ont figuré les forces maléfiques. Réduire le diable à la forme d’une bête symbolise la chute de l’esprit.
    Le mythe du diable est d’ailleurs très proche des mythes du Dragon, du Serpent et des monstres gardiens des ténèbres.

     

    Diable

    Illustration du diable. By David Johnson . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    Les mouches sont des êtres qui se multiplient sur la pourriture et la décomposition. Elles transmettent de nombreuses maladies et semblent invincibles.
    Sans cesse bourdonnantes, elles ne cessent de poursuivre tous les êtres vivants.

    C’est en ce sens qu’une ancienne divinité syrienne, Belzébuth, dont le nom signifie « le Seigneur des mouches » est devenue le prince des démons.

    L’âne est aujourd’hui le symbole de l’ignorance mais dans sa conception originale, presque universelle, il est l’emblème de l’obscurité et des tendances sataniques.
    En Egypte, l’âne rouge est l’une des entités les plus dangereuses que rencontre l’âme dans son voyage vers l’au-delà.

    Dans l’art roman et l’art gothique, les animaux représentent selon le cas, le paradis ou l’enfer, Dieu ou le diable.
    L’araignée est un animal diabolique et le diable se réincarne souvent en elle.

     

    Gargouille

    Gargouille de Notre-Dame. By Laertes . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    Le bouc est bien sûr l’une des représentations favorites du diable, chevauché par les sorcières se rendant au sabbat.

    Le bestiaire des cathédrales est très riche. Les gargouilles sont les gardiennes du lieu sacré car même le Mal est effrayé par leur laideur.

     

    L’éternel combat entre le bien et le mal

    Dans la mythologie égyptienne, Anubis « celui qui a la tête d’un chien sauvage » est le dieu des funérailles et le Seigneur des défunts.
    Il sera plus tard supplanté par Osiris.

     

    Anubis

    Anubis. © dinosoria.com

     

    Osiris, assisté de 42 juges divins, procède au jugement des âmes tandis qu’Anubis en assure la pesée.
    Les défunts doivent passer cette épreuve avec succès s’ils veulent renaître dans l’au-delà.

    Dans le royaume des morts où règne l’obscurité, on trouve des êtres malfaisants comme le serpent Apophis.

    La mythologie grecque a exercé une profonde influence sur la culture occidentale. Les mythes de la création offrent d’étonnantes similitudes avec certains récits mythiques du Proche-Orient ancien.

     

    Osiris

    Osiris. © dinosoria.com

     

    Les mythologies grecques et indo-européennes présentent de nombreux points communs et se sont probablement inspirées des mêmes sources.

    Les principales divinités habitaient le mont Olympe. Zeus, dieu suprême, régnait sur le ciel. Hadès gouvernait les enfers (Pluton chez les Romains).

    Selon la mythologie grecque, au tout début, seul existe le Chaos d’où surgissent Gaïa (la Terre), Eros (Dieu de l’Amour), le Tartare (les enfers), l’Erèbe (ténèbres des enfers) et la Nuit (ténèbres de la terre).

    Concernant le voyage des défunts vers l’au-delà, il y a des similitudes avec la mythologie égyptienne.

    Après leur décès, les morts sont conduits à la frontière du monde souterrain par Hermès. Charon leur fait passer dans sa barque les eaux noires du Styx, un grand fleuve séparant le monde souterrain du monde des vivants.

     

    Charon

    Illustration de Charon. By Hartwig HKD . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    A leur arrivée, les morts sont jugés.

    Cependant, l’Hadès n’est pas un lieu de torture comme peut l’être notre enfer. Par contre, on s’y ennuie ferme.

    Les Justes se voient parfois autoriser à vivre dans une sorte de paradis, l’Elysée ou Champs Elysées.

    Le Tartare est une sorte d’enfer qui se situe dans la partie la plus obscure de l’Hadès. On y enferme ceux qui ont commis des crimes particulièrement odieux.

    Nul ne peut s’échapper de l’Hadès qui est gardé par Cerbère, le chien à trois têtes.

     

    Charon et la pesée des âmes

    Charon et la pesée des âmes. By Hartwig HKD . (CC BY-SA 3.0)

     

    Dans les différents mythes, le genre humain devient l’enjeu de la lutte cosmique. Cette lutte est bien retranscrite dans le panthéon hindou.

    Les devas, êtres divins, habitent le niveau supérieur. Le niveau intermédiaire est la Terre, habitée par les humains.
    Le niveau inférieur appartient aux asouras, des démons qui détiennent des pouvoirs occultes.
    Devas et asouras se livrent des luttes permanentes.

    Vishnu est là pour restaurer l’équilibre au cas où l’un des niveaux prendrait le dessus sur l’autre.

     

    Vishnu

    Vishnu. By Vaticanus(CC BY-SA 3.0)

     

    L’humanité est prise au milieu de cette guerre cosmique. C’est la lutte entre le bien et le mal. Chacun est libre de choisir son comportement et doit donc affronter ses propres démons.

     

    Le diable et la libre disposition de soi-même

    Le diable est capable de revêtir toutes les apparences, y compris celle du gentil. Il est le Tentateur dont le seul objectif est de nous soumettre à sa domination.

    Dans la religion catholique, la croix du Christ libère les hommes. Le Christ a la lourde tâche d’arracher le genre humain à la puissance du diable et de lui permettre la libre disposition de lui-même.
    En effet, le diable est symbole de tyrannie.

    Il est tentant de vouloir négocier avec lui pour bénéficier de toute sa puissance.

     

    Diable

    Gargouille ou diable ? By Martin Gommel . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    Mais, le Christ nous rappelle tous les dangers à vouloir utiliser des forces mal maîtrisées pour son compte.

    Si  nous ne sommes pas capables de dominer ces forces occultes, et donc nos désirs et nos instincts, nous sommes condamné à être l’esclave du diable c’est-à-dire l’esclave de nos désirs.

    Cependant, sur le plan psychologique, le diable peut être bénéfique. Pour pouvoir s’épanouir, l’homme a besoin de briser ses chaînes.
    La réussite est au bout du chemin pour celui qui est capable d’assumer cette force occulte d’une façon dynamique.

    V. Battaglia (05.05.2009)

     

    Références principales

    Corinne Morel. Dictionnaire des symboles, mythes et croyances, Archipoche 2004
    Eloïse Mozzani. Le livre des superstitions, Laffont 1995
    J. Chevalier, A.Gheerbrant. Dictionnaire des symboles, Jupiter 1982

     

    Superstition:  Symbole du diable

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Mort vivant et vampire au Moyen Âge

     

    Mort-vivant

    Depuis une dizaine d'années, de nombreux squelettes étrangement mutilés ont été découverts en Europe.
    En juin 2012, un cadavre fixé à la terre par des agrafes en fer afin qu'il ne se transforme pas en vampire a été mis au jour en Bulgarie.
    En 2005, en Irlande, des cadavres ont été exhumés et tous portaient des traces de violence délibérée.
    Ces découvertes jettent un éclairage nouveau sur le mythe du vampire et sur notre peur ancestrale des morts-vivants.

     

    D'étranges sépultures en Irlande

    Entre 2005 et 2009, des archéologues ont entamé des fouilles sur le site de Kilteasheen, près de Loch Key en Irlande, à la recherche d'un palais épiscopal du 12e siècle.
    L'équipe d'archéologues était conduite par Chris Read (Institute of Technology in Sligo, Ireland) et Thomas Finan (University of St. Louis).
    Ils ont creusé sous des dalles, pensant y trouver les vestiges d'un ancien évêché. Mais, à très faible profondeur, ils ont découvert des squelettes.
    Dans une zone d'environ un mètre sur trois, 30 squelettes ont ainsi été mis au jour. Durant la période de fouilles, ce sont 137 squelettes qui ont été exhumés.

     

    Mort-vivant du Moyen Age

    Squelette d'un "mort-vivant" exhumé à Kilteasheen

     

    Toutes ces dépouilles étaient entassées les unes sur les autres. Les archéologues estiment qu'entre 2 500 et 3 000 personnes ont été ensevelies dans cette zone.

    Tous les corps ont subi des actes de violence délibérée. Les archéologues ont donc cherché à comprendre pourquoi ces corps avaient été soumis à de telles agressions.
    La réponse se trouve certainement dans les nombreuses croyances et histoires d'épouvante qui accompagnent l'humanité depuis la nuit des temps.

     

    Comment combattre les zombis ?

    Sur plusieurs squelettes, une grosse pierre triangulaire avait été placée entre les mâchoires. D'autres corps présentaient des caractéristiques anormales :

    • Jambes tordues autour d'une grosse pierre
    • Pierres positionnées afin de déformer le squelette
    • Corps « cassés en petits morceaux » puis parties repositionnées de manière à ce que la personne ne puisse jamais revenir à la vie
    • Colonne vertébrale passée sous le thorax

    Zombi. Moyen Age

    La pierre placée dans la bouche empêche l'âme de s'échapper et le défunt de revenir à la vie (Kilteasheen, Irlande)

     

    Les analyses, effectuées en laboratoire, ont révélé de quelle manière certains de ces individus étaient morts. Les entailles, relevées sur certains os, indiquent que certains ont été tués à l'arme blanche, avec une épée ou une lance.

    Tous ces individus ont été enterrés au milieu du 8e siècle, entre l'an 720 et 760.

    À Kilteasheen, les corps ont été ensevelis en bordure d'un cimetière, à l'écart des autres tombes.

     

    Sépultures déviantes

    Les archéologues ont baptisé les sépultures qui comportent des anomalies : sépultures déviantes

    Ces tombes ne présentent pas les caractéristiques habituelles liées aux usages chrétiens du Moyen Âge.

    En effet, la profanation de sépulture était prohibée par l'Église. De plus, les chrétiens avaient des croyances très codifiées dont notamment de ne pas emporter d'objets avec soi.

    Dans la Bible, l'Apocalypse précise que :

    «  À la fin des temps, tous les morts sortiront de leur tombe face au soleil levant. ».

    Le Soleil, apparaît au- dessus de l'horizon vers l'est. C'est pourquoi, les tombes chrétiennes sont orientées dans un axe est/ouest.

    Ce n'est pas le cas des sépultures déviantes.

     

    Vampire et zombi au Moyen Âge

    Les chroniques du Moyen Âge, rédigées par des historiens ou des religieux, racontent de nombreuses histoires terrifiantes de morts-vivants comme s'il s'agissait d'histoires vraies.
    En Europe, la population croyait dur comme fer aux phénomènes surnaturels. Les monstres étaient bien réels et cette croyance était largement entretenue par l'Église.
    Le fait qu'un cadavre puisse reprendre vie n'avait rien d'anormal. L'image du vampire est particulièrement présente en Europe centrale.

    Mort-vivant, revenant sur terre pour sucer le sang de ses victimes, le vampire symbolise les ténèbres opposées à la lumière.

     

    Vampire. Sépulture déviante

    Ce "vampire" a eu la tête tranchée puis retournée

     

    Pour les chrétiens, comme pour d'autres religions, la mort n'est pas une fin, mais un commencement. La mort figure le passage obligé vers la lumière.
    C'est donc une transition nécessaire du profane vers le sacré.

    L'âme est jugée en fonction de ses bonnes et mauvaises actions. Les âmes pures vont directement au Paradis. Par contre, les âmes insuffisamment pures vont au purgatoire, espace symbolique situé entre le Paradis et l'Enfer.

    Nul ne peut s'échapper de l'Enfer ; par contre, le purgatoire étant une aire transitoire, il est normal, pour la population du Moyen Âge, que certains tentent de s'en échapper.

    C'est ainsi que les morts-vivants viennent hanter les vivants. Ce sont des âmes maléfiques qui jettent des sorts aux hommes et aux animaux, provoquant maladies et destruction.

    Les individus qui ont été enterrés à Kilteasheen avaient certainement transgressé une règle, une loi séculaire ou sacrée, ce qui leur a valu ce châtiment.

     

    Zombi

    En tordant les jambes autour d'une pierre, le zombi ne peut venir hanter les vivants (Kilteasheen, Irlande)

     

    Des sépultures déviantes ont été mises au jour dans de nombreux pays d''Europe. Dans les années 1960, des dépouilles lestées de grosses pierres ont été découvertes en République Tchèque.

    D'autres sépultures ont été exhumées en Angleterre. Des clous avaient été enfoncés dans les corps, dont un dans le cœur.

    Dans d'autres tombes, les têtes avaient été tranchées puis retournées. Deux squelettes, datés du Moyen Âge, percés de morceaux de fer, ont été découverts récemment dans une ancienne église de la ville bulgare de Sozopol, sur la mer Noire. Les dents d'un des individus avaient été brisées, probablement pour qu'il ne puisse pas sucer le sang des vivants.

    En juin 2012, une équipe d'archéologues, dirigée par Nikolay Ovcharov, a découvert une nouvelle sépulture déviante, à Veliko Tarnovo, en Bulgarie.

    L'individu a été fixé à la terre par des agrafes en fer, trois aux jambes et une du côté gauche du thorax. Par double précaution, la tombe a aussi été recouverte de charbon brûlé.

     

    Vampire. Veliko Tarnovo. Bulgarie

    En clouant le mort, ce dernier ne peut devenir un vampire. (sépulture déviante de Veliko Tarnovo, Bulgarie)

     

    Nikolay Ovcharov a expliqué qu'il s'agissait d'un homme d'une trentaine d'années, qui n'a pas encore été daté, mais est vieux de plusieurs siècles.

    Les nombreuses preuves archéologiques qui s'accumulent corroborent donc parfaitement les sources historiques.
    Contrairement à ce que l'on a pu croire, ces superstitions n'étaient pas de simples mythes. Cette frayeur du vampire n'a pas débuté au Moyen Âge. Elle perdure d'ailleurs aujourd'hui dans certains villages reculés de Roumanie et dans l'ensemble des Balkans.

    Cette peur existait déjà durant l'Antiquité. Où a-t-elle réellement pris sa source ? Historiens et archéologues ne peuvent, pour le moment, répondre à cette question. Peut-être que cette peur viscérale de voir ressurgir les morts existait déjà au temps de la préhistoire ?

    V. Battaglia (17.06.2012)

    Références principales et crédit photographique

    Did Zombies Roam Medieval Ireland ? Discovery News
    New Vampire Skeleton Found in Central Bulgaria. Novinite.com
    Crédit photo: Documentaire « Vampires et morts-vivants au Moyen Âge » diffusé sur Arte

     

    Superstition:  Mort vivant et vampire au Moyen Âge

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Corbeau

    Symbole et Mythes

    Oiseau prophétique, le corbeau est un symbole qui apparaît dans toutes les mythologies.

    La signification du mot « Corbeau » vient de l'ancien français corp, issu du latin corvus qui signifie la malédiction. Ce terme générique regroupe les corbeaux et les corneilles. Ces oiseaux sont, généralement, considérés comme de mauvais augure.
    Le corbeau, au plumage noir, messager des ténèbres, est entouré de nombreuses superstitions qui ont perduré jusqu'à aujourd'hui.

     

    Le corbeau dans la mythologie scandinave

    Odin (Wotan dans la mythologie germanique), roi des dieux, était aussi puissant que terrifiant. Deux corbeaux étaient perchés sur son siège. L'un était Hugin « l'esprit », l'autre Munnin « la mémoire ». Deux loups se trouvent également près du dieu. Les deux corbeaux symbolisent le principe de création, tandis que les loups représentent le principe de destruction.

     

    Odin

    Odin, roi des dieux et dieu de la guerre. © dinosoria.com

     

    C'est aux corbeaux sacrés que, dans le Crépuscule des Dieux de Wagner, Brünnhilde confie la mission de porter au souverain des dieux, le message tant redouté et désiré de sa fin.

    Dans la mythologie scandinave, le corbeau est porteur d'un sens positif, car il joue un rôle de messager et de gardien.

     

    Corbeau

    En Chine et au Japon, le corbeau symbolise la gratitude filiale et l'amour familial. By Aaron

     

    Tous les jours, Odin les lâche afin qu'ils parcourent le monde et reviennent le soir faire un rapport à leur maître sur les affaires des hommes.

     

    Symbole du corbeau dans la Bible

    Dans la mythologie biblique, le corbeau est un symbole de dualité. Il associe signification sinistre et réputation bénéfique.
    Il devient un symbole de perspicacité dans la Genèse (8,7), car c'est lui que Noé envoie vérifier, après le Déluge, si la terre commence à réapparaître au-dessus des eaux.

     

    Arche de Noé

    Noé et sa famille dans l'Arche. Les deux corbeaux sont au premier plan

     

    Cependant, dans d'autres mythes bibliques, le corbeau refuse la mission de Noé, car il a été vexé d'avoir été mis au rang des créatures impures. Noé le maudit et en fait un oiseau de mauvais augure. Il envoie, alors, une colombe.

     

    Corbeau

    Le corbeau était le messager du dieu du tonnerre et de la foudre chez les Mayas. By Grand Canyon NPS

     

    En Bretagne, une légende raconte qu'un corbeau a tenté d'éloigner les persécuteurs de Jésus-Christ. Lors de la crucifixion, un corbeau lui aurait arraché du front une épine. Pour le remercier, le Christ a fait en sorte que sa couvée ne soit jamais atteinte par la pluie.

     

    Signification du corbeau dans les rêves

    Quand on rêve d'un corbeau, c'est considéré comme de mauvais augure. L'image d'un corbeau qui vole ou qui croasse annonce la tristesse, un danger ou des préjudices pour le dormeur.

    Cette apparition peut également être liée à la crainte d'un malheur.

     

    Le corbeau : symbole de la mort

    Le corbeau personnifie l'âme en Inde et devient le messager de la mort chez les Indiens d'Amérique.

    Il est à souligner que ce symbolisme funeste est surtout propre à l'Europe. Au Moyen Âge, il existait de nombreuses superstitions liées au corbeau, annonciateur d'un décès.

     

    Corbeau

    Au Moyen Age, corbeau et chat noir symbolisaient les ténèbres. By Parée

     

    Cet oiseau annonçait le trépas d'un individu, en planant ou en criant près de sa maison. En Allemagne, si le corbeau se posait sur le toit d'une maison, où se trouvait un mort, cela signifiait que l'âme du défunt était damnée.

    Dans les Vosges, si un individu rencontrait trois corbeaux un vendredi, un malheur s'annonçait pour sa famille.

    Des rassemblements de corbeaux étaient annonciateurs de guerre ou de famine. Des récits rapportent que des centaines de corbeaux ont été vus, se battant et croassant, avant les épidémies de peste en 1551, 1562 et 1563.

     

    Corbeau

    Le corbeau symbolise l'isolement volontaire de celui qui a décidé de vivre à un plan supérieur. By Hartwig HKD

     

    En Angleterre, si les deux corbeaux de la Tour de Londres venaient à disparaître, cela annoncerait la fin de l'actuelle famille royale et la ruine de la Grande-Bretagne. C'est pourquoi, lorsque l'un d'eux meurt, on le remplace aussitôt.

    Le corbeau, comme d'autres oiseaux, remplit des fonctions prophétiques qui ne sont pas obligatoirement funestes.

     

    Corbeau

    En Languedoc, les corbeaux sont la métamorphose des mauvais prêtres morts. By Hartwig HKD

     

    C'est à un vol de corbeaux que l'on doit la fondation de la ville de Lugdunum (Lyon) en 43 avant notre ère.
    En Gaule, les druides prenaient très au sérieux les prophéties des corbeaux.

     

    Corbeau blanc

    À sa création, le corbeau était blanc. Il devint noir à la suite de circonstances où il se montra funeste. Dans la mythologie grecque, par exemple, le corbeau blanc était dédié au soleil.

     

    Apollon

    Tête en bronze d'Apollon. © dinosoria.com

     

    Il prévint Apollon de l'adultère de sa maitresse, la princesse Coronis. Furieux, le dieu se vengea sur le messager et le fit noir.

     

    Corbeau blanc

    A sa création le corbeau était blanc. By Hartwig HKD

     

    Dans certaines légendes françaises, le changement de couleur est attribué au fait que l'oiseau se présenta devant Dieu, avec de la chair humaine dans son bec.
    « Dieu irrité le condamna à devenir le plus noir des oiseaux. »

    V. Battaglia (18.07.2012)

     

    Références

    Corinne Morel. Dictionnaire des symboles, mythes et croyances, Archipoche 2004
    Eloïse Mozzani. Le livre des superstitions, Laffont 1995
    J. Chevalier, A.Gheerbrant. Dictionnaire des symboles, Jupiter 1982
    Gübernatis, Les légendes animales, 2 vol., Paris, A.Durand et Peonne Laurier, 1874
    P. Sébillot, Le folklore de France, 1re éd., 1904-1906
    P. Boussel, Manuel de la superstition, La Palatine 1963

     

    Superstition:  Corbeau

     

     

    Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique