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Par Frawsy le 23 Avril 2021 à 14:06
Montpellier : au détour des « folies »
source : Détours en France N°207On les appelle « folies » ou « maisons des champs ». Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce sont de belles demeures que les notables montpelliérains s’offrent à la campagne, à quelques kilomètres de leur hôtel particulier du centre-ville. Architecture raffinée, mobilier inspiré, jardins soignés : elles affichent le goût de leur propriétaire pour l’élégance. Aujourd’hui exploitations viticoles ou maisons-musées, elles ouvrent leurs portes au public. Morceaux choisis.
Il faut faire preuve d’un peu d’imagination. Au milieu du XVIIIe siècle, quand Henri Haguenot, professeur de médecine et conseiller à la Cour des comptes, aides et finances du Languedoc, fait bâtir sa maison de villégiature sur les pentes du Peyrou, elle se situe à la campagne. Aux abords immédiats des anciens remparts, on vient certes d’aménager le promontoire rocheux en promenade mais, autour, ce sont encore des champs et des oliviers. Le notable se sent à l’étroit dans son hôtel particulier du centre-ville, sombre et sans jardin, non loin de la cathédrale Saint-Pierre. Féru de botanique, il souhaite herboriser. Aussi, quand les pères de l’ordre de la Merci, installés près du Peyrou, lui cèdent pour une somme modique une olivette afin de le remercier de ses soins gracieux, c’est son rêve de « maison des champs » qui se concrétise. Un cèdre bicentenaire se déploie devant la villa palladienne conçue par Jean Antoine Giral, architecte en vue qui a signé la place Royale du Peyrou. Bâtie de plain-pied, la demeure de facture classique largement inspirée par le voyage en Italie de son concepteur, est percée de nombreuses fenêtres pour profiter de la nature environnante. «Il existait une symbiose entre l’architecture construite, très ouverte sur l’extérieur, et l’architecture du jardin avec des terrasses», explique Isabelle de Parseval, copropriétaire de l’hôtel Haguenot, lequel est dans sa famille depuis trois générations.
Un foisonnement végétal
Par sa situation géographique (à l’époque) et ses nombreux jardins, l’hôtel Haguenot s’apparente à une « folie », ces maisons de villégiature érigées à la campagne aux XVIIe et XVIIIe siècles par les notables de Montpellier, déjà propriétaires d’un hôtel particulier en ville. Le terme « folie », du latin « folia », évoque la feuille et plus largement le foisonnement végétal autour de ces demeures. La plupart disposaient d’un vaste domaine, de quelques dizaines d’hectares, avec une exploitation agricole. C’est le cas du château de Flaugergues, à 3 km à l’est du centre-ville. Dans le quartier urbanisé du Millénaire, avec ses 32 ha de jardins et de vignes, Flaugergues est une oasis de verdure. Son jardin à la française compose un tableau de 10 000 buis ciselés, déroulé devant une gracieuse villa italienne en pierre blonde, ornée de vases Médicis. « Le château date de 1696 lorsqu’Étienne de Flaugergues, conseiller à la Cour des comptes de Montpellier, le fait bâtir sur un domaine viticole. Depuis, il est toujours resté, avec son vignoble, dans notre famille », se félicite Henri de Colbert, par ailleurs descendant du ministre de Louis XIV. Original, le parler tranché, il guide les visiteurs à Flaugergues, tandis que son fils aîné gère les vignes du domaine qui produit 160 000 bouteilles par an.
Dans sa demeure, Henri de Colbert cache un trésor : un escalier dont les volées sont suspendues et soutenues, ainsi que les paliers, par des arcs à clefs pendantes. Il est exceptionnel par sa réalisation sur trois niveaux. « C’est la pièce maîtresse de l’habitation, avec les cinq tapisseries flamandes du XVIIe siècle, accrochées dans la cage d’escalier et dans la bibliothèque, qui racontent la vie de Moïse. Elles proviennent de l’hôtel du Gouverneur, dans Montpellier, où mon grand-père est né », précise-t-il. Depuis, l’hôtel particulier urbain de la famille, situé place de la Comédie, est devenu un cinéma. L’autre fierté d’Henri de Colbert ? Le jardin botanique de Flaugergues, luxuriant parc créé en 1850. Il abrite une riche collection d’espèces exotiques, une bambouseraie, un cocotier du Chili et un feidjoa du Brésil, chacun âgé de 150 ans... Un héritage de son arrière-grand-père botaniste, lequel fournissait le jardin des Plantes de Montpellier au milieu du XIXe siècle.
Une déclaration d'amour architecturale
À une dizaine de kilomètres à l’ouest, à Lavérune, le château de l’Engarran s’est entièrement tourné vers la viticulture. « Une folie vigneronne, décrit Diane Losfelt, sa propriétaire. C’est la seule “folie” qui témoigne de la tradition viticole dans ses ornements. » Et de pointer sur la façade Sud de la demeure, de taille modeste comparée aux villas précédentes, les atlantes enlacés de grappes de raisin. Les curiosités ne manquent pas sur ce domaine de 60 ha. En 1750, Jean Vassal, conseiller comme de nombreux propriétaires de «folies», aux Aides et aux Finances du Languedoc, a fait élever le château au milieu des vignes. Il le fait bâtir sur les fondations d’une métairie acquise en 1632 par Henry d’Engarran, le notable local qui a laissé son nom au domaine.
Le goût de Vassal pour l’élégance s’exprime partout : dans la grille monumentale en fer forgé flanquée de deux pins, comme dans les sculptures qui décorent la demeure. Le château est une déclaration d’amour à sa jeune femme, Suzanne Loys de Marigny. Sur la façade Sud, deux aigles enlacés, becs accolés, ne forment-ils pas un cœur ? Sur la façade Nord, plus intime, les agrafes en haut des fenêtres racontent le temps qui passe sur un visage féminin. La jeune fille au visage rebondi, encore timide, qui baisse les yeux ; la femme mûre, épanouie par la maternité, qui regarde vers l’avenir ; la femme dans sa vieillesse enfin, ridée, les yeux tournés vers son passé...
Cinq générations de vignerons
Le jardin à la française cascade en terrasses devant le château. Un entrelacs de haies de buis, ponctué de statues riches en symboles et de larges miroirs d’eau, où se reflète la demeure. Un havre de sérénité sur lequel penchent les grands chênes, tilleuls, marronniers et pins maritimes du parc, grand de 3 ha. À l’Engarran, l’histoire du château, dans la famille Grill depuis cinq générations, se confond avec celle de la viticulture dans le Languedoc. « Francine Grill, ma mère, était convaincue que la région pouvait mettre des vins en bouteille. Elle s’est lancée dans l’aventure en 1978 », explique Diane Losfelt. Depuis, la vigneronne qui produit 260 000 bouteilles par an, a largement œuvré à la reconnaissance des camaïeux du terroir languedocien et a lancé l’Appellation d’Origine Protégée les-grés-de-Montpellier. Ultime confirmation de la destinée viticole de l’Engarran.
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Par Frawsy le 23 Avril 2021 à 13:51
Île de Groix : qui voit Groix voit sa joie
source : Détours en France N°183Nul ne sait l’origine du dicton, mais il suffit d’y avoir passé quelques heures pour être à son tour convaincu qu’en effet, Groix est une île heureuse. Au temps de la Compagnie des Indes, les navires long-courriers venaient y attendre que s’établissent les vents favorables, et la tradition de la voile s’y est maintenue jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, avec une impressionnante flotte de thoniers.
Située à seulement 6 kilomètres de la côte, l’île de Groix n’est pourtant pas à portée immédiate de Lorient : entre la gare maritime et Port-Tudy, presque la moitié de la navigation s’effectue dans l’estuaire. C’est un voyage à grand spectacle, lorsque, traversant la rade de Pen-Mané, se succèdent les quais du port de commerce de Kergroise, le port de pêche et la base sous-marine de Kéroman, puis la rade de Port-Louis, son port de plaisance de Kernével et sa citadelle. Sur votre droite, guettez le clocher de Larmor-Plage : lorsqu’ils partent en campagne, les bâtiments de la Marine nationale ne manquent jamais de le saluer. Il semble que cette tradition remonte au temps de la Compagnie des Indes.
Une arrivée colorée
En ce qui nous concerne, il serait étonnant que la traversée soit agitée, car l’île protège bien les Courreaux, le détroit entre Groix et la côte. L’arrivée à Port-Tudy est un moment coloré. Après avoir longé le long môle qui se termine par un élégant petit phare vert, le bateau rase un feu jumeau, mais rouge, avant d’accoster dans l’avant-port face à des maisons crépies dans les couleurs les plus vives qu’on puisse oser, comme le rose orangé du café-hôtel de l’Escale ou le jaune citron d’un loueur de cycles. Et les bateaux amarrés en quai ajoutent encore quelques touches de couleur au tableau.
Une journée de balade
Ne dépassant pas 8 kilomètres sur 3 dans ses plus grandes dimensions, Groix peut s’explorer rapidement entre le bateau du matin et celui du soir, surtout si vous louez un vélo. Dans le même laps de temps, un bon marcheur peut même en faire le tour complet par le sentier du littoral. Mais peut-être vaut-il mieux limiter ses ambitions à ce qui vaut vraiment la peine d’être vu. En ce cas, nous vous proposons l’itinéraire suivant, pédestre : vous éviterez l’attente chez le loueur de vélos !
Fjords profonds, ports miniatures
Au fond du port, à gauche de la route du Bourg, prenez la direction de Locmaria, l’autre village de Groix. Vous y longerez le fond du port par la droite, et continuerez à suivre la côte par le sentier du littoral. C’est ainsi la côte sauvage qui vous accueille, avec l’impressionnant panorama de la pointe de l’Enfer. Les points de vue superbes se succèdent ensuite jusqu’au Port-Saint-Nicolas, profond fjord s’achevant sur de jolies plages. Le sentier en fait le tour et conduit au hameau de Kerlard. Prenez le temps de visiter l’intéressante reconstitution de maison de pêcheur.
Ensuite, par une route étroite et plus que tranquille, vous vous rendrez au hameau de Quelhuit, qui domine la côte nord de Groix. Sur la droite du hameau, un sentier descend vers la mer au creux d’un vallon. Vous y trouverez le sentier du littoral qui vous ramènera à Port-Tudy. Ce faisant, vous découvrirez la petite plage de Port-Melin, ourlant une crique, et le port miniature de Port-Lay où les chaloupes sardinières accostaient autrefois devant la conserverie. À Port-Tudy, si vous en avez le temps avant d’embarquer pour Lorient, n’hésitez pas à visiter le remarquable écomusée : il vous donnera forcément envie de revenir à Groix, et d’y séjourner plus longuement !
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Par Frawsy le 14 Octobre 2018 à 15:24
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