• L'araignée

    L'araignée   

    Description de l’araignée

    L’araignée se distingue de l’insecte par le fait qu’elle possède huit pattes, qu’elle est dépourvue d’antennes et de pièces masticatrices. À la différence de l’insecte, dont le corps est formé de trois segments (tête, thorax, abdomen), celui de l’araignée n’est composé que de deux parties : le céphalothorax, qui est issu de la fusion de la tête et du thorax, et l’abdomen. Ce dernier porte les filières, organes produisant la soie. Les deux parties sont reliées par un fin pédoncule. À l’extrémité du céphalothorax, l’on trouve les pédipalpes, qui sont les organes sensoriels de détection et de manipulation des proies, et qui, chez les mâles, servent à la reproduction, ainsi que les chélicères qui peuvent prendre la forme de crochets ou de pinces.

    L’argiope frelon est une espèce originaire de la zone méditerranéenne.
    L’argiope frelon est une espèce originaire de la zone méditerranéenne. © Lucarelli, Wikipédia, GNU 1.2

    Les chélicères forment une sorte de membre-outil à l’aide duquel l’araignée mord ses proies pour leur injecter du venin, afin de les immobiliser, et pour les manipuler. L’araignée possède généralement huit yeux simples placés à l’avant du prosome (partie antérieure du corps), mais certaines espèces en ont moins, voire aucun. La partie ventrale du céphalothorax porte quatre paires de pattes locomotrices articulées, disposées autour du sternum. Composées de sept articles, les pattes interviennent également dans la manipulation de la soie. Elles sont équipées de poils et d’épines, qui sont des organes sensoriels et de stridulation. Dans la majorité des cas, la femelle est d’une taille supérieure à celle du mâle.

    Pisaure admirable transportant son sac d'œufs.
    Pisaure admirable transportant son sac d'œufs. © Jan Frode Haugseth, Wikipédia, GNU 1.2

    Habitat de l’araignée

    Il existe 110 familles et environ 42.000 espèces d’araignées recensées à ce jour. L’araignée occupe quasiment tous les biotopes sur l’ensemble des continents de la planète, à l’exception de la zone antarctique, des très hautes altitudes et des océans. En effet, on la trouve depuis les milieux arctiques dans les taïgas et les toundras, jusque sous les tropiques, dans des environnements aussi variés que les forêts tempérées et tropicales, les déserts, les plaines, les montagnes, les cavernes et l’eau douce. Elle s’est durablement installée dans notre quotidien en investissant les vergers, les potagers et même nos maisons.

    Le pholque est une araignée typique des maisons.
    Le pholque est une araignée typique des maisons. © Didier Descouens, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Comportement de l’araignée

    L’araignée est un prédateur qui interagit avec son environnement et avec ses semblables en adaptant sa stratégie de chasse, afin de vivre en sympatrie sur le même territoire. Cette adaptation limite la concurrence sur la même niche écologique. Hormis une phase grégaire qui suit l’éclosion, l’araignée est généralement un animal solitaire, sauf pendant la période de reproduction. Mais il existe en zone tropicale, des espèces formant des communautés de plusieurs dizaines ou plusieurs centaines d’individus, possédant une organisation sociale élaborée, telles qu’Agelena consociata, des forêts tropicales d’Afrique de l’Ouest, ou Anelosimus eximius, des forêts tropicales d’Amérique centrale.

    Toile d'Agelena labyrinthica.
    Toile d'Agelena labyrinthica. © Max xx, Flickr, cc by nc sa 2.0

    L’araignée produit de la soie. Ce matériau possède de nombreuses utilités. Il intervient au cours de la reproduction et assure la protection et le transport des œufs. Il sert de fil de déplacement ou de fil de sécurité à la construction de toiles, pour piéger les proies et les emmailloter, ou au transport aérien des jeunes. L’araignée utilise également la soie pour construire des chambres de mue, des refuges, des cloches à air (pour la seule espèce vivant sous l’eau) ou des armes de chasse.  

    Reproduction de l’araignée

    L’araignée est ovipare. Une fois mature, le mâle cesse de s’alimenter et part à la recherche d’une femelle réceptrice pour s’accoupler. Il piste les phéromones laissées sur son fil de déplacement ou sa toile. Avant l’accouplement, le mâle tisse une petite toile spermatique sur laquelle il dépose son sperme. Il aspire alors cette semence à l’aide du bulbe copulateur situé à l’extrémité de chaque pédipalpe. Le mâle tente alors des approches en évitant de se faire passer pour une proie. Les méthodes qui apaisent le tempérament prédateur de la femelle varient selon les espèces. Le mâle introduit le sperme dans l’épigyne de la femelle à l’aide de son bulbe copulateur. La femelle peut stocker la semence pendant de longs mois dans sa spermathèque, jusqu’à ce qu’elle soit prête à pondre.

    Éclosion d'épeires.
    Éclosion d'épeires. © Lmbuga, Wikipédia, GNU 1.2

    Régime alimentaire de l’araignée

    L’araignée a adopté des méthodes de chasse qui varient en fonction de l’espèce. Elle peut chasser à l’affût avec ou sans toile, ou à l’approche. Lorsque sa proie est engluée ou capturée, l’araignée lui injecte du venin pour l’immobiliser, et des sucs digestifs pour accélérer la liquéfaction des chairs. Le liquide obtenu est aspiré par le jabot. Les victimes de l’araignée sont majoritairement des insectes et des crustacés tels que les cloportes, mais les plus grandes espèces se nourrissent de petits mammifères, voire d’oiseaux.

    Épeire diadème et sa proie.
    Épeire diadème et sa proie. © Luc Viatour, Wikipédia, GNU 1.2

    Menaces sur l’araignée

    Les principales menaces pesant sur l’araignée sont l’agriculture intensive, l’utilisation des pesticides qui les éliminent autant que leurs proies, la destruction ou la fragmentation de leurs habitats et les collectionneurs pour ce qui concerne les espèces tropicales. Dans une moindre mesure, les semelles de chaussures et les balais des ménages…

    Utilités de l’araignée

    L’araignée est un régulateur remarquable des populations d’insectes, et elle est d’une grande utilité à ce titre. Elle joue un rôle écologique de premier ordre, car elle limite la pullulation d’insectes et d’invertébrés nuisibles à l’agriculture ou à l’arboriculture, ou tout simplement à l’Homme. Les différentes espèces d’araignées éliminent chaque année 400 millions d’insectes par hectare, loin devant les oiseaux et les autres prédateurs tels que les guêpes, les reptiles, les amphibiens ou certains mammifères. Les venins de différentes espèces sont étudiés pour produire des médicaments, telle la toxine de la tarentule rose du Chili (Grammostola spatulata) qui permet de soigner de nombreuses pathologies cardiaques. La robustesse du fil de soie fait l’objet de recherches susceptibles d’intéresser les industries de l’optique, de l’astronomie, de l’aéronautique et les militaires.

    Tarentule rose chilienne.
    Tarentule rose chilienne. © Viki, Wikipédia, GNU 1.2

    Araignées remarquables  

    • L’argyronète (Argyroneta aquatica), que l’on trouve en zone paléarctique, possède la particularité de tisser une cloche de soie dans laquelle elle se réfugie après avoir transporté de l’air de la surface à l’aide des poils de son abdomen.

    Argyronète sous l'eau. Il s’agit de la seule espèce d’araignées à avoir adopté ce mode de vie.
    Argyronète sous l'eau. Il s’agit de la seule espèce d’araignées à avoir adopté ce mode de vie. © Norbert Schuller Baupi, Wikipédia, GNU 1.2

    • La misumène variable (Misumena vatia), qui s’observe en zone holarctique (au nord du tropique du Cancer), chasse à l’affût sur les fleurs dont elle adopte le coloris par homochromie.

    Homochomie de l'araignée-crabe, autre nom de la misumène variable.
    Homochomie de l'araignée-crabe, autre nom de la misumène variable. © Patrick Straub

    • La mygale de Leblond (Theraphosa blondi), qui vit dans les forêts tropicales d’Amérique du Sud, est l’une des plus grandes espèces d’araignées recensées à ce jour. Elle développe 30 cm d’envergure avec les pattes et peut chasser de petits rongeurs.

    La mygale de Leblond figure parmi les plus grandes espèces d’araignées connues.
    La mygale de Leblond figure parmi les plus grandes espèces d’araignées connues. © Hoppy1951, Flickr, cc by nc nd 2.0

    • L’araignée chasseresse du Laos (Heteropoda maxima), qui ne hante que les cavernes laotiennes, peut atteindre 30 cm d’envergure avec les pattes. Elle ne construit pas de toile.

    L’araignée cavernicole du Laos est une espèce qui ne construit pas de toile.
    L’araignée cavernicole du Laos est une espèce qui ne construit pas de toile. © insecta62, Flickr, cc by 2.0

    • L’araignée réplicatrice (Cyclosa mulmeinensis) est une petite araignée des milieux tropicaux qui construit des répliques d’elle-même pour leurrer les prédateurs.
    • La néphile dorée (Nephila clavipes), que l’on voit dans les zones tropicales, fabrique une toile très résistante qui sert de filet de pêche ou d’hameçons tractés par des cerfs-volants à certaines ethnies. 

    Néphile dorée sur sa toile. Sa résistance en fait un matériau de choix pour la pêche dans certaines ethnies.
    Néphile dorée sur sa toile. Sa résistance en fait un matériau de choix pour la pêche dans certaines ethnies. © spiderman (Frank), Flickr, cc by nc sa 2.0

    • L’araignée bolas (Ordgarius magnificus), également nommée araignée-lasso, originaire d’Australie, secrète un fil de soie dont l’extrémité est collante. Elle émet ensuite des phéromones destinées à leurrer ses proies habituelles, les mites. Lorsqu’un papillon s’approche de son affût, elle fait tournoyer son bolas pour le projeter sur sa proie qui est engluée.
    • L’araignée sauteuse ou saltique (Bagheera kiplingi) d’Amérique centrale possède un régime alimentaire particulier. C’est la seule araignée connue qui soit… végétarienne.

    Araignées dangereuses 

    • La veuve noire (Latrodectus mactans), que l’on trouve aux États-Unis et au Mexique, sécrète de l’alpha-latrotoxine qui possède une action quinze fois plus virulente que le venin du serpent à sonnette. Les cas de décès sont rares et ne touchent que les personnes fragiles.

    Veuve noire et son cocon.
    Veuve noire et son cocon. © Chuck Evans, Wikipédia, cc by 2.5

    • La mygale australienne (Atrax robustus), endémique de la côte australienne, est équipée de crochets à venin capable de percer le cuir d’une chaussure ou la kératine d’un ongle. Le peptide neurotoxique qu’elle injecte est la robustoxine. Il existe un antivenin, mais il doit être injecté dans l’heure qui suit la morsure.

    Mygale australienne.
    Mygale australienne. © fir0002, Wikipédia, GNU 1.2

    • La recluse brune (Loxosceles reclusa), que l’on rencontre dans quelques États du sud des États-Unis et au Mexique, est également appelée araignée violoniste. Son venin provoque la nécrose des tissus touchés, de grosses infections et une guérison difficile laissant de vilaines cicatrices sur la peau.

    Recluse brune.
    Recluse brune. © Nicholas Ta, Wikipédia, cc by sa 2.0

    • La mygale ornementale saphire (Poecilotheria metallica) est endémique de l’État de l’Andhra Pradesh en Inde. Elle est en danger critique d’extinction dans son milieu naturel, car elle est prisée par les collectionneurs. Arboricole, c’est une araignée connue pour être très venimeuse. Sa morsure peut entraîner des douleurs musculaires, des nausées et de la fièvre. Une hospitalisation et des soins sérieux sont nécessaires.

    La mygale saphire, en plus d’arborer un joli bleu, est très venimeuse.
    La mygale saphire, en plus d’arborer un joli bleu, est très venimeuse. © Micha L. Rieser, Wikipédia, GNU 1.2

    • L’araignée banane (Phoneutria nigriventer), d’Amérique du Sud, est connue pour être l’une des araignées les plus venimeuses. Si le venin injecté par sa morsure peut s’avérer mortel par perte du contrôle musculaire et asphyxie, il possède cependant des vertus thérapeutiques. Il est utilisé dans le traitement des troubles érectiles.

    L’araignée banane est l’une des plus venimeuses au monde.
    L’araignée banane est l’une des plus venimeuses au monde. © Joao P. Burini, Wikipédia,