Pour naviguer dans des eaux étroites par temps calme, les voiles sont simplement ramenées contre leurs vergues au moyen de cordages appelés cargues.
Une des conséquences de la désintégration du système soviétique, dans les années 1990, fut d’amener les Russes à redécouvrir leur histoire. C’est dans ce contexte qu’on se souvint qu’avant l’ère communiste, Leningrad s’appelait Saint-Pétersbourg. Une fois la cité magnifique rebaptisée, les Russes redécouvrirent la personnalité du tsar Pierre Ier, qui avait créé cette ville pour en faire une capitale ouverte sur l’Occident. Et tout comme certains restauraient les anciens palais, d’autres s’intéressèrent au passé maritime de la vieille Russie. Des passionnés décidèrent ainsi de construire une réplique du navire amiral de la flotte dont le tsar avait doté son pays dans les années 1700.
Une inspiration occidentale
Quelle belle histoire que celle de ce navire ! Les historiens savaient que, lancée en 1703, la frégate Shtandart avait été inspirée par les meilleures constructions anglaises et hollandaises de l’époque. Mais, qu’en restait-il, trois siècles plus tard ? Un miracle avait cependant voulu que, parmi les archives russes qui avaient échappé aux outrages du temps, de la révolution et des guerres, figuraient des documents suffisants pour exécuter un modèle réduit du navire. Celui-ci permit à une équipe d’architectes et d’historiens de dresser des plans de construction. Mais, en 1994, lorsqu’ils furent dessinés, la mise en chantier du bateau se heurta à d’énormes problèmes, car dans l’ex-URSS encore fragile, il était parfois impossible de trouver certaines matières premières ! Ceci explique pourquoi le chantier lancé dans les derniers mois de 1994 ne permit pas de lancer la frégate avant 1999.
Des logements bien modestes pour le navire amiral du tsar.
Un témoignage important
Telle qu’on la voit aujourd’hui, Shtandart apporte un irremplaçable témoignage sur la marine à la fin du XVIIe siècle, notamment en ce qui concerne son gréement. Avec la voile latine d’artimon établie sur une antenne, et surtout ce mât érigé à la verticale au-dessus du beaupré, la frégate n’est pas si différente des caraques qui naviguaient à la fin du Moyen Âge. Son faible tonnage ne manque pas non plus d’étonner : imagine-t-on que, armée en guerre, cette coque minuscule (25 mètres...) emportait cent vingt hommes dans un confort qui était à peu près le même que celui des drakkars vikings, puisqu’on dormait sur le pont.
Ambassadeur itinérant
Shtandart n’est pas seulement une reconstitution historique : c’est un bateau qui navigue ! Devenue ambassadeur itinérant de la ville de Saint-Pétersbourg, la frégate a accompli sa croisière inaugurale en juillet 2000, cap sur la France ! Depuis, on l’a vue à plusieurs reprises à Saint-Malo, Brest, Douarnenez... À son bord se succèdent des équipiers inscrits longtemps à l’avance et triés sur le volet. Avant d’embarquer, ils reçoivent la formation nautique nécessaire tout en travaillant à l’entretien du bateau, et c’est seulement après avoir passé les épreuves d’un concours qu’ils sont portés au rôle d’équipage pour une des traversées de la saison suivante !
Fiche technique - type : frégate des XVIIe et XVIIIe siècles - pays : Russie - port d'attache : Saint-Pétersbourg - lancement : 1999 - longueur : 25,40 m / 35,40 m - largeur : 6,95 m - équipage : amateurs russes.