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    Guerre préhistorique

     

    Chirurgie et médecine des premiers hommes

     

    Le magazine Science & Vie d’août 2003 nous a offert un très bon article sur les dernières découvertes liées aux combats que se livraient nos ancêtres.
    J’ai complété cet excellent article avec un aspect méconnu de la préhistoire : les actes chirurgicaux.

    Des fouilles ont révélé que l’âge de Pierre ne fut pas seulement celui des peintures rupestres, mais aussi celui de véritables violences, parfois organisées.
    Pourtant, nos ancêtres avaient peu de raisons de s’entre-tuer. En effet, ils ne possédaient pas de biens matériels.
    Pourquoi, dans ce cas, l’homme de Cro-Magnon se livrait-il à ces tueries ?

      

    Scénario d’une tuerie

    La scène se déroule il y a 12 000 ans sur le site de Jebel Sahara. Après une journée de chasse et de cueillette, une cinquantaine d’hommes, femmes et enfants se retrouvent au campement.
    Chacun s’affaire autour des bêtes à dépecer ou sur les meules de pierre qui servent à moudre les graines.

    Ce tableau paradisiaque est brutalement interrompu par des cris aigus. Dévalant la colline, un groupe d’individus envahit le campement. Et, c’est le carnage !
    Sans distinction d’âge, ni de sexe, des dizaines de membres de la tribu sont transpercés par des lances et des flèches.
    Les assaillants se rendent maîtres du camp et du territoire environnant. Cette première bataille de l’humanité a été attestée par l’exhumation des squelettes.

     

    Hominide

    Coupe de squelette préhistorique (- 2500) d'un adulte de 30 ans. Une flèche a été très profondément enfoncée dans le thorax. (photo de Science & Vie)

     

    Le mythe du bon sauvage ébranlé

    Contrairement aux certitudes bien ancrées, certains chercheurs dressent aujourd’hui un tableau sombre des mœurs de nos ancêtres du Paléolithique.
    D’après l’anthropologue Lawrence Keeley, les guerres préhistoriques étaient « terriblement destructrices car elles anéantissaient les biens, les moyens de production et les abris ; elles semaient la terreur car elles étaient brutalement mortelles et mutilantes ».

     

    Des preuves accablantes

    On a longtemps considéré l’âge de Pierre (jusqu’à 5 000 ans avant notre ère) comme une période pacifique.
    Cro-Magnon, qui vivait de chasse et de cueillette, ne serait-il pas le pacifiste que l’on croyait ? Malheureusement non.
    On sait aujourd’hui que dès le Paléolithique supérieur, les actes violents, meurtres et agressions sont perpétrés.
    L’examen récent de squelettes a révélé la présence de pointes de silex dans les colonnes vertébrales.

     

    Outils préhistoriques

    Propulseurs, pointes de flèche et de harpon: les armes de Cro-Magnon étaient diversifiées et mortelles (Montage effectué à partir de photos prises dans des musées) © dinosoria.com


    A San Teodoro, en Sicile, une pointe de silex a été retrouvée dans le bassin d’un squelette féminin, daté de 12 000 ans avant notre ère.

    Dans la grotte Cosquer, découverte en 1992, une peinture montre un être humain tombant sur le dos, vraisemblablement tué par une sagaie et un javelot.

    Datée de 22 000 ans, cette peinture semble bien représenter une scène de meurtre. D’autres peintures semblables prouveraient que Cro-Magnon connaissait la notion de meurtre.

     

    Pourquoi ces tueries ?

    A cette époque, le gibier est abondant et la population ne dépasse guère quelques dizaines de milliers d’individus sur le futur continent européen.

    Quelques hypothèses ont été avancées.

    • Les tribus pouvaient se disputer les gisements de bons silex, rares et indispensables à la survie
    • Elles s’affrontaient pour avoir accès à un territoire riche en baies ou en gibier
    • Nos ancêtres, ayant perçu rapidement les risques de la consanguinité, pouvaient chercher à s’approprier des partenaires d’autres tribus

    Violence sporadique ou guerre organisée ?

    Deux théories s’affrontent sur la réelle portée de ces conflits.

    Certains chercheurs pensent que chez les chasseurs-cueilleurs, il s’agissait plutôt de heurts meurtriers entre petits groupes.

    Pour d’autres par contre, les guerres se sont montrées dès la préhistoire, généralisées et meurtrières.

    En l’absence de traces écrites, les causes et l’étendue exacte de ces tueries sont impossibles à établir.

    La préparation des morts avait-elle un contenu spirituel ou religieux ?

     

    L’argument de la violence innée

    Devons-nous en conclure que la nature humaine est biologiquement belliqueuse ?
    Dans les années 80, Jane Goodall, célèbre primatologue, a mis en évidence les comportements quasiment guerriers chez des sociétés de chimpanzés. N’oublions pas que nous partageons avec eux 98% de gènes en commun.

    On ne sait pas exactement quand est apparu l'arc. Le plus ancien fragment date de 11 000 ans. Réalisé en bois, il se conserve difficilement.

     

    Propulseur

    Datant de - 11 500 ans, ce propulseur en bois à tête de cheval montre que nos ancêtres usaient d'armes sophistiquées. La lance était enfichée dans l'encoche pratiquée à une extrémité. (photo du magazine Science & Vie)

     

    Médecins et chirurgiens

    Dès la préhistoire, les hommes ont cherché à se soigner et à combattre les maux dont ils souffraient.
    Vers – 30 000 ans, les hommes connaissaient déjà les propriétés thérapeutiques de l’argile et des ocres.

    Ils utilisaient l’argile pour son pouvoir apaisant et cicatrisant.
    De même, ils enduisaient les parois des tombes d’ocre qui préservait la dépouille de la putréfaction.

     

    Trépanation

    Même la trépanation, réalisée dès le IIIe millénaire, réussissait parfois. On a retrouvé un crâne qui fut trépané une première fois, sans doute pour guérir une tumeur au cerveau. Le malade survécut à cette opération comme en témoigne la repoussée osseuse autour de l’orifice. L’abcès étant revenu, une seconde trépanation fut effectuée. Et le patient survécut encore.

    Lorsqu’il voulait effectuer une trépanation, le « chirurgien « de la fin du Néolithique découpait à l’aide d’un burin en pierre une rondelle de l’os du crâne du malade.

     

    V.Battaglia (09.2003) M.à.J 05.02.2006

     

    Sources de ce dossier

    Article du magazine Science & Vie N°1031 pour la partie sur les guerres préhistoriques.
    La fabuleuse histoire de la Terre.Selection du Reader's Digest.
    La vie quotidienne de nos lointains ancêtres de Hachette.

    Pour en savoir plus

    Les guerres préhistoriques. L.Keeley, éditions du Rocher 2002
    Atlas des guerres et des conflits dans le monde. D.Smith, éditions Autrement 2003
    Les racines de la violence. P.Karli, éditions O.Jacob 2002

     

    Paléontologie - 2:  Guerre préhistorique - Chirurgie et médecine des premiers hommes

     

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    Homme de Tollund

    Au Danemark, la découverte en 1950 du corps momifié d'un homme au milieu de la tourbière de Tollund Fen relance l’intérêt pour les mystérieux peuples des marais.

    Grâce à l'analyse de pollens, les scientifiques ont pu dater cet homme. Il vivait au IVe siècle avant notre ère, plus précisément vers -350.

    On peut observer l'homme de Tollund au musée de Silkeborg dans le Jutland.

     

    L’homme de Tollund Fen

    Ce sont des paysans danois qui ont dégagé le cadavre très bien conservé. Il s'est momifié au fil du temps.

     

    Homme de Tollund

    Homme de Tollund. © dinosoria.com

     

    Le corps est nu, brun foncé et recroquevillé sur lui-même. Il ne porte qu’un bonnet de cuir et une ceinture. Une bonne partie de la peau de ses membres a disparu, laissant les os apparents. Seuls les pieds sont presque intacts.

     

    Homme de Tollund

    L'Homme de Tollund vivait au au IVe siècle avant notre ère. © dinosoria.com

     

    Âgé de 30 à 40 ans au moment de sa mort, il mesure 1, 60 m. Les organes de l'homme de Tollund contiennent encore les restes de son dernier repas : un gruau d'orge accompagné d'une trentaine de différentes sortes de graminées sauvages.
    L’expression du visage est paisible. Pourtant, l’étude du corps prouve que cet homme a été étranglé.

     

    Assassinat ou rituel religieux ?

     

    Les scientifiques penchent pour le rituel religieux dans le cas de l’homme de Tollund. Ils se basent sur le fait que depuis cette date d’autres corps ont été retrouvés :

    • L’homme de Grauballe dans la même région (1952)
    • L’homme de Lindow à côté de Liverpool (1984)

    En 1986, 215 corps sont retrouvés en Allemagne, 166 au Danemark, 77 en Grande-Bretagne et 66 en Hollande.

     

    Homme de Lindow

    Homme de Lindow. © dinosoria.com

     

    Malheureusement, la plupart des corps sont très abîmés.
    L’homme de Lindow a également été étranglé. Quant à celui de Grauballe, il a eu la gorge tranchée.
    D’autres corps, notamment une adolescente et une femme âgée, ont été enfouis vivants dans la tourbe.

     

    Femme d'Huldremose

     

    D’une manière générale, les corps portent des traces de blessures. On pense donc que ces peuples sacrifiaient des vies humaines à des Dieux inconnus. De plus, les paléontologues ont découvert que les hommes des marais n’étaient pas en bonne condition physique : malnutrition, problème de croissance, parasites, scolioses...
    Cependant, une autre théorie défend l’hypothèse du meurtre.

     

    Des meurtres pour cause de sectarisme ?

    La plupart des corps datent de La Tène ou Second âge du fer c'est-à-dire des derniers siècles précédant l'arrivée des Romains. L'âge du fer se caractérise par l'usage de la métallurgie du fer.

    Si dans le monde méditerranéen, l'âge du fer débute vers 1100 avant notre ère, en revanche, en Europe du Nord, il commence vers 800 à 700 avant notre ère.

     

    Homme de Tollund

    L' Homme de Tollund a été étranglé. © dinosoria.com

     

    L'historien latin Tacite écrit en 88 av. J.-C. que dans ces régions, les traîtres, les déserteurs, les homosexuels étaient noyés dans les marais. Ce qui expliquerait notamment la découverte de deux corps d'hommes enlacés à Weerding aux Pays-Bas.
    Il est fort probable en fait que, étant donné le nombre très important de cadavres, tous n’ont pas été tués pour les mêmes raisons.

     

    Homme de Damendorf

     

    Par exemple, l’homme de Lindow a été garrotté avant d'avoir la gorge tranchée, ce qui évoque un sacrifice rituel. Par ailleurs, ses intestins contenaient du pollen de gui, plante très utilisée par les druides.

     

    Les grandes tourbières

    Une tourbière est un marais ou une prairie spongieuse où se forme la tourbe. La tourbe est une roche combustible renfermant jusqu’à 50 % de carbone.
    Une tourbière peut avoir jusqu’à 10 m d’épaisseur. La tourbe fossilise tout ce qui y reste emprisonné.
    Les tourbières sont une véritable mine d’or pour les scientifiques : en plus de corps humains et d’animaux, elles ont préservé des restes fossilisés de plantes et des grains de pollen qui ont permis d'établir l’écosystème du quaternaire.

     

    Tourbière

    Tourbière. © dinosoria.com

     

    Mais, la tourbe est aussi un combustible. Surexploitées, les grandes tourbières d'Europe du Nord, qui ont livré l'essentiel des fossiles, disparaissent. Depuis environ 100 ans, la Grande-Bretagne a perdu près de 96 % de ses tourbières. Il reste moins de 8000 hectares de tourbières aux Pays-Bas sur les 250 000 initiaux. De plus, la tourbe est maintenant retirée avec des machines ce qui risque d’endommager les corps fossilisés.

     

    Le Danemark à l’âge de fer

    Les peuples scandinaves de l’âge de fer sont sans doute d’origine germanique. Leur religion est très proche de celle des Germains.

     

    Odin

     

    Organisé selon la triade Odin (dieu souverain), Thor (dieu tonnant), Njörd (dieu fécond), le monde de leurs divinités est dominé par l’antagonisme des Ases (dieux souverains et guerriers), et des Vanes (dieux de la fécondité et de la production).

     

    Odin


    Les premières traces du travail du fer au Danemark remontent au 8e siècle avant notre ère. Le fer est réservé aux outils et aux armes.

     

    Thor

     

    Les Danois subissent successivement vers la fin de l’âge de fer, les influences des Celtes puis des Romains, mais sans être envahis.

    V.Battaglia (11.2005)

     

    Paléontologie - 2:  Homme de Tollund

     

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    En 2012, Ötzi le célèbre homme des glaces a fait l'objet d'analyses qui permettent d'en savoir plus sur son état de santé avant sa mort. Une reconstitution d'Ötzi a été réalisée grâce aux techniques de l'anthropologie médico-légale par deux experts néerlandais, Alfans et Adrie Kennis.

     

    Ötzi : L’homme des glaces

    En 1991, deux randonneurs partis pour l’ascension du glacier de Similaun, à 3 300 m d’altitude, découvrent dans la glace, un homme préhistorique gelé depuis plus de cinq millénaires. Baptisé Ötzi, cette momie gelée d'Homo sapiens a fait l'objet de nombreuses recherches et analyses depuis sa découverte.

    Cet homme était peut-être originaire d'Europe centrale.

    De sexe masculin, âgé de 45 ans environ, le corps est desséché comme une momie. L’homme a été extrait de la glace avec tous les objets qu’il possédait : hache, poignards, un fouet à lanières.
    Il a les cheveux bruns qu’il porte relativement courts.
    L’existence de tatouages n’avait jamais pu être prouvée. Grâce à cette découverte, l’incertitude est levée.
    Les tatouages que porte cet homme ont été faits avec des pigments noirs à base de charbon de bois.
    On peut voir notamment une croix au-dessus du genou gauche et des dessins sur la peau.

    Tatouage de Otzi

    Tatouage de Otzi. (Capture d'écran. Documentaire Ötzi, l'Homme des glaces. Arte 2004)

     

    Autour de son cou est attaché un disque de pierre blanche percé. Cette parure s’apparente à une sorte de médaillon.

    Les causes exactes de son décès sont restées pendant longtemps mystérieuses. Grâce aux dernières analyses, on a pu démontrer que de nombreuses blessures ont été faites par des armes. Il ne porte aucune trace de fractures ; les blessures crâniennes ont été faites après sa mort, sans doute par un charognard. Par contre, il a une profonde blessure à la main droite qui a été entaillée jusqu'au tendon. Il a également été touché par une flèche près de l'épaule gauche.
    De plus, du sang a été retrouvé sur la cape et sur ses armes.

     

    Otzi, L'homme des Glaces

    Ötzi, lors de sa découverte. (Capture d'écran. Documentaire Ötzi, l'Homme des glaces. Arte 2004)

     

    Les analyses de 2012 ont également révélé une blessure près de l'oeil droit ainsi qu'une fêlure crânienne. Impossible de savoir si cette fêlure crânienne est due à un coup ou à une chute.

     

    Reconstitution et état de santé d'Ötzi

    L'examen génétique a montré que cet homme avait une prédisposition aux maladies cardiovasculaires. Selon Albert Zink, anthropologue et responsable des études, même si Ötzi avait survécu à ses blessures, il serait mort d'une attaque vasculaire quelques années plus tard.

    L'analyse ADN a révélé que cet homme était du groupe O, rhésus positif.

     

    Otzi. Reconstitution

    Reconstitution d'Ötzi. © Kennis & Kennis

     

    Ötzi était intolérant au lactose.
    Cet Homo sapiens présente une dentition très abîmée. Il a plusieurs caries et des gencives enflammées. D'après les chercheurs, ces deux pathologies résultent d'un changement d'alimentation dû à la sédentarisation.

    La vésicule biliaire contient au moins trois calculs biliaires. Cela prouve que son régime alimentaire était riche en protéines animales.

    D'après les restes retrouvés dans son estomac, le dernier repas a été constitué d'une grande quantité de chèvre sauvage. Au moment de son décès, la digestion n'était pas achevée.

     

    Otzi. Reconstitution

    Reconstitution d'Ötzi. © Kennis & Kennis

     

    Les articulations des genoux sont déformées par l'usure et par des dépôts de calcium. Ötzi n'était donc pas un homme sédentaire, mais quelqu'un qui était habitué à parcourir de longues distances en montagne.

    Enfin, les études génétiques ont également montré la présence de la bactérie Borrelia burgdorferi, responsable de la maladie de Lyme, transmise par les tiques.

     

    Un équipement d’alpiniste

    Que faisait cet homme, daté d'environ 5 300 ans, en haut de ce glacier ?

    L’homme de Similaun avait bien préparé son expédition. Il était chaudement habillé, avait emporté des armes de chasse et le nécessaire pour allumer un feu.
    Il portait une veste de fourrure ainsi qu’une cape coupe-vent imperméable faite de joncs tressés.

     

    Armes de Otzi

     

    Ses pieds étaient protégés du froid par des chaussures en cuir rembourrées de paille.

    Grâce à lui, nous avons une idée précise sur la manière dont s’habillaient les hommes à la fin du néolithique.

     

    Des armes de chasse ?

    On savait que les populations du Néolithique se servaient de l’arc, mais sans en connaître les caractéristiques.
    Celui d'Ötzi est un grand arc de 1 m 80 accompagné de 14 flèches dans un carquois.
    Il portait également une gibecière pour transporter le gibier.

     

    Armes du Neolithique

    Par contre, ce qui semble étrange, c’est que l’homme avait emporté des vivres, dont de la viande. N’était-il pas certain d’en trouver à une telle altitude ?
    D’ailleurs, il faut reconnaître que l’endroit n’est pas idéal pour chasser.
    Alors, s’il n’était pas venu chasser, quel était l’objectif de cette expédition ?

     

    Un prospecteur de métal ?

    Il y avait à l’époque des filons de cuivre apparents dans cette région. Le fait que l’homme tenait encore à la main une hache incite à penser qu’il était peut-être en train de prospecter au moment de sa mort.

    Sa hache est en cuivre et non en fer. Toutes les haches retrouvées de cette époque sont en pierre polie et très rarement en métal.
    Cet alliage témoigne des premiers pas de l’homme en matière de métallurgie.

     

    Hache du Neolithique

    Par contre, à l’opposé, le poignard qu’il porte à la ceinture n’est pas poli et façonné d’une manière grossière.
    Donc, d’un côté, il possédait un objet très précieux pour l’époque : une hache en cuivre ; de l’autre, il possédait un poignard de médiocre facture.

     

    Un assassinat politique ?

    Walter Leitner, un expert de l'Institut d'Histoire ancienne de l'Université d'Innsbruck a déclaré en 2005 :

    « Ötzi était un chef, peut-être un sorcier. Il pourrait avoir été attaqué par de nombreux ennemis, ayant renoncé à transmettre son pouvoir bien qu'il était très vieux, une sorte de Mathusalem pour son temps. »

    Leitner a présenté sa théorie devant ses confrères. Selon lui, le haut statut de cet homme serait attesté par les objets qu'il portait sur lui.

    « Seul un chef aurait possédé une hache en cuivre. Le cuivre était très précieux ainsi qu'un symbole de pouvoir à cette époque. »

    Pour Leitner, les assaillants lui ont envoyé une flèche dans le dos puis un autre s'est approché et a frappé la main droite avec un couteau. Les assaillants l'auraient laissé là où on l'a trouvé.

     

    Otzi

    Ötzi, lors de sa découverte. (Capture d'écran. Documentaire Ötzi, l'Homme des glaces. Arte 2004)

     

    Cette nouvelle théorie vient à l'encontre de celle d'Édouard Egarter Vigl, conservateur de la momie.
    Pour lui, Ötzi a réussi à fuir en haut de la montagne jusqu'à ce qu'il se soit effondré et ait été recouvert de glace.
    Il se base sur les analyses histologiques et biochimiques effectuées sur la blessure à la main. L'homme aurait au moins passé trois jours à souffrir avant de mourir.

    Mais, Leitner, rétorque que l'homme aurait essayé de fuir vers la plaine plutôt que vers le sommet où il ne pouvait trouver qu'une mort certaine.

    Un mystère total, mais une découverte exceptionnelle

    Nous ne saurons jamais qui était l’homme de Similaun ni ce qu’il faisait à 3 300 m d’altitude,
    Par contre, l’excellente conservation du corps ainsi que tous les objets retrouvés nous ont permis de collecter des informations inespérées.
    Grâce à lui, nous en savons un peu plus sur la vie quotidienne des hommes du néolithique.

     

    Ötzi reconstitué sur France 2

    France 2 a diffusé le lundi 22 août 2005 à 22 h 35 un documentaire « Le mystère Otzi ». Des scènes de la vie d'Otzi y sont reconstituées. L'homme des glaces est interprété par Mark Noble.

     

    Reconstitution de Otzi

    Ce docu-fiction est une étude des moeurs du néolithique, mais est également mené comme une véritable enquête policière.

    V.Battaglia (02.2004) M.à.J 06. 2012

     

    Liens

    Albert Zink. Ötzi’s secrets about to be revealed. EURAC
    Kennis & Kennis reconstructions

     

    Paléontologie - 2:  Ötzi

     

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    Domestication de l’animal

     

    La domestication des animaux constitue une étape cruciale dans l’évolution de l’homme. Avec leur domestication, les animaux vont fournir à la civilisation humaine l’occasion de se développer.

    Cette domestication a bouleversé l’évolution de nombreuses espèces animales. L’homme, curieux et avide d’expériences, a tenté des domestications très insolites. De nombreuses tentatives ont d’ailleurs été abandonnées.

      

    D’où vient le terme « domestiquer » ?

    Dans les langues sémitiques anciennes, on ne le trouve pas en référence aux animaux. Les animaux sont qualifiés tantôt de « familiers », tantôt de « soumis ». Dans les langues indo-européennes anciennes, le bétail est désigné par le terme « peku » qui signifie aussi « richesse », d’où le nom latin « pecunia ».
    Quant à l’adjectif français « domestique » appliqué aux animaux, du latin « domesticus » qui veut dire littéralement « de la maison », il n’apparaît qu’au 14e siècle.

    (Source : La plus belle histoire des animaux. Jean-Pierre Digard)

     

    Les premières domestications

    La domestication réelle a suivi de peu l’agriculture. Le terme domestication est utilisé à partir du moment où il s’agit d’un groupe d’animaux qui sont contrôlés et croisés. La sélection a alors pour objectif d’obtenir une race adaptée à l’élevage.

    Dès la fin du Paléolithique, vers 12 000 ans avant notre ère, l’homme préhistorique domestique le loup.
    Cette domestication a précédé de plusieurs milliers d’années les domestications des autres animaux.
    Canis lupus est apparu vers 2 millions d’années avant notre ère. Des ossements de loups ont été retrouvés sur des sites humains en Europe, datés de – 700 000 ans. Loups et hommes partagent alors le même territoire.

    La découverte en Ukraine, sur un site de – 20 000 ans, d’une quantité importante d’ossements de loups, laisse penser que la fourrure était utilisée pour la confection de vêtements.

     

    Pourquoi l’homme a-t-il domestiqué le loup ?

    En fait, nul ne le sait vraiment. On pense que la proximité a simplement favorisé les contacts. Peut-être l’homme a-t-il observé les techniques de chasse du loup ? Peut-être également a-t-il recueilli des petits devenus orphelins ? Les louveteaux ont pu être alors élevés, voire même allaités par les femmes.

     

    Loup

    Loup gris (Canis lupus) . © dinosoria.com

     

    Le loup est ensuite devenu un auxiliaire de chasse. Avec le temps, nos ancêtres ont opéré une sélection sur les individus domestiqués. De reproduction en reproduction, le loup a peu à peu perdu certaines de ses facultés sauvages pour évoluer vers le chien.

     

    Domestication du cheval

    Depuis le Paléolithique, les chevaux sauvages ont été chassés pour la viande. En 2009, des paléontologues ont retrouvé sur des campements de la culture Botal (IVe millénaire avant notre ère), au Kazakhstan, des prémolaires chevalines portant les traces du mors, ainsi que des traces de lait de jument sur des restes de poteries. Cela démontre que la domestication du cheval remonte bien à au moins 5 500 ans.

     

    L’allaitement des animaux sauvages

    L’allaitement d’animaux par les femmes n’a rien d’exceptionnel. Dans certaines régions de Sibérie, en Amazonie, en Tasmanie ou en Afrique, il est encore fréquent de voir des femmes allaiter des animaux.
    Elles nourrissent ainsi des chiots, des gorets, des singes ou des faons.

    En France, au 19e siècle, les chiots tétaient les femmes pour les soulager d’une trop grande production de lait ou au contraire pour faciliter la montée de lait.

    On peut donc en déduire que la première étape de domestication du loup au Paléolithique a été l’apprivoisement du louveteau dès ses premières semaines de vie.
    Le contact physique est un moyen efficace de domestication. Il est toujours suivi de l’attachement de l’animal pour l’homme.

     

    Le seul animal à la vie artificielle

    Aucune espèce animale ne peut-être considérée comme définitivement domestiquée. Chaque année des centaines de chiens sont abandonnés sur la route des vacances. De nombreux chiens se regroupent en meutes et redeviennent sauvages. Les médias n’en parlent jamais. Mais, le résultat de tous ces abandons par des gens totalement irresponsables, c’est plusieurs milliers de brebis attaquées chaque année.

    Un seul animal possède une existence totalement artificielle : le Bombyx du mûrier dont on utilise la soie.

     

    Bombyx du murier

    Bombyx du mûrier. By Alberto

     

    Les œufs n’éclosent qu’à une certaine température ; la larve se nourrit des feuilles de mûrier que l’homme lui fournit ; le papillon ne vit que quelques heures pour se reproduire.
    Si un jour, l’homme ne s’intéresse plus à l’exploitation de la soie naturelle, cette espèce disparaîtra aussitôt

    .

    L’origine de nos animaux domestiques

    En fait, l’homme du Néolithique n’a pas eu à l’origine de motifs pour domestiquer les animaux.
    On peut dire que l’utilité de certains animaux n’est apparue qu’une fois la domestication réalisée.
    Par exemple, le mouton est utilisé depuis longtemps pour sa laine. Mais, le mouton est issu du mouflon qui ne possède pas de laine.

     

    Mouflon

    Mouflon . By Mape s . (Site de l'auteur)

     

    Les chèvres et les moutons ont été les premiers à être domestiqués par l’homme du Néolithique.
    La pratique de l’élevage est s’est étendue à partir du Proche-Orient. Les caprinés (bouquetins, mouflons, chamois …) ne nécessitent que peu d’entretien. Peu à peu, les produits de l’élevage ont été multiples : viande, lait, laines et fourrures.
    La chèvre a été domestiquée vers 10 000 ans avant notre ère ; le mouton vers - 9 000 ans.

    Le bœuf a été domestiqué dans plusieurs endroits dans le monde vers – 9 000 ans. Son ancêtre sauvage est l’aurochs (Bos primigenius). Le dernier spécimen est mort en 1627, en Pologne.
    Animal mythique, l’aurochs est à l’origine des bœufs et taureaux européens actuels.
    La chasse, le développement de la domestication et l’extension des terres agricoles ont peu à peu décimé l’aurochs.

     

    Aurochs

    Cet aurochs a été reconstitué génétiquement. Ce magnifique bovidé était autrefois répandu dans toute l'Eurasie. By Onkel-War/ Thomas Lieser t

     

    La chèvre descend, elle, de Capra hircus, une espèce de chèvre éteinte.

    Le cochon est issu du sanglier sauvage. Datant de 20 000 à 15 000 ans, les peintures rupestres des grottes espagnoles d’Altamira attestent que le sanglier était une cible des chasseurs. Puis, sa domestication a abouti à l’élevage du porc (Sus scrofa domesticus).

     

    Sanglier

    Sanglier d'Europe ou sanglier commun . By Mape s

     

    Le cochon domestique est devenu « rose » au 18e siècle par sélection opérée sur des sujets atteints d’albinisme.
    A l’origine, il était noir et velu.

     

    Des domestications insolites

    Au IVe millénaire avant notre ère, les Sumériens ont apprivoisé le guépard. Il l’a été plus tard en Egypte, en Chine, en Inde et en Perse. Il était utilisé pour la chasse du fait de sa docilité et de sa vitesse exceptionnelle avec des pointes à 110 km/h.
    A la manière des fauconniers, les dresseurs aveuglaient le guépard à l’aide d’un capuchon, ne le libérant qu’à l’approche du gibier.

     

    Guepard

    Guépard. © dinosoria.com

     

    Les Romains élevaient des biches pour les traire. Ils utilisaient également les couleuvres et les genettes pour se débarrasser des rongeurs.

    Charles Martel qui repoussa les Maures à Poitiers en 732, fit la découverte de la Genette parmi le butin pris au vaincu. Immortalisant sa trouvaille, il créa peu après un « Ordre de la genette » pour récompenser ses meilleurs guerriers.
    La genette est devenue un véritable animal de cour sous le règne de François Ier. Les chats marqueront plus tard le déclin de ce viverridé comme animal domestique.

     

    Genette

    Genette . By Birgitta Seegers

     

    Les anciens Égyptiens ont été les champions de la domestication insolite : oryx, pélican, crocodile …

    Les pêcheurs de la mer intérieure du Japon utilisaient la pieuvre comme auxiliaire pour récupérer les cargaisons englouties de porcelaine chinoise.
    Ils harnachaient des pieuvres et les descendaient au bout d’une corde. Les pieuvres se logeaient dans un des vases, adhérant aux parois avec leurs ventouses. Il suffisait alors de tirer sur la corde pour remonter le tout.

     

    Pieuvre

    Pieuvre. By Nick Hobgood

     

    Les furets sont efficaces à la chasse aux lapins. L’utilisation de furets apprivoisés est mentionnée dans les récits du Romain Strabon aux environs du Ier siècle après notre ère.

    Le jaguarondi était apprivoisé par les indigènes d’Amérique du Sud avant l’arrivée des Espagnols. Tout comme notre chat domestique, ce félin servait à contrôler les populations de rongeurs.

     

    Jaguarondi

    Jaguarondi. By Keven Law

     

    En Asie, les pêcheurs ont compris l’avantage qu’ils pouvaient tirer de la loutre. Depuis des siècles, les loutres sont dressées pour la pêche. Au Bangladesh notamment, les pêcheurs attachent des loutres au bout d’une corde ’elles leur rapportent du poisson.

     

    Loutre d'Europe

    Loutre d'Europe. © dinosoria.com

     

    Mais l’homme s’est également heurté à des échecs en tentant certaines domestications.

     

    Les échecs de la domestication

    Les espèces qui ont échappé au contrôle de l’homme sont appelées les animaux « marrons ». Ce terme provient de l’espagnol d’Amérique du Sud « cimarron » qui signifie « esclave nègre fugitif ».

    Il y a deux catégories « d’échecs ». Certains animaux sont retournés à l’état sauvage parce que l’homme a volontairement abandonné leur domestication, jugée inutile ou peu rentable. Il y a les animaux qui ont échappé à notre contrôle.

    Parmi les tentatives abandonnées, on peut citer l’autruche. Entre le milieu du 19e siècle et la Seconde Guerre mondiale, on a essayé de dresser l’autruche pour pouvoir l’atteler et la monter. Actuellement, de nombreuses fermes en Australie, utilisent l’autruche comme attraction touristique. On comptabilise encore au moins 90 000 autruches domestiques utilisées pour la production de viande et de cuir.

     

    Ferme d'Autruche

    Ferme d'Autruche à South Pasadena, Californie vers les années 1940. By Steve Chasmar

     

    Plusieurs domestications récentes ont été tentées puis abandonnées faute d’intérêt :

    • L’éléphant d’Afrique par les Belges au Congo
    • L’élan qui a été monté en Suède jusqu’au 17e siècle
    • Le zèbre comme monture, le bœuf musqué pour sa laine …

    Un exemple, australien, est le cheval. Les brumbies, descendants des chevaux domestiques des colons anglais, se sont également multipliés à l’état sauvage. Ils sont devenus un fléau pour la végétation.

    Les exemples sont trop nombreux pour être tous cités. Il y a la pintade, transportée de Guinée aux Antilles en 1508 par les navigateurs Génois. Elle s’est échappée et est rapidement devenue une calamité pour l’environnement.

    Il y a également le ragondin importé d’Amérique pour sa fourrure. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les éleveurs européens ont ouvert les cages face à l’avancée des troupes allemandes. Les ragondins se sont parfaitement adaptés aux régions humides. Ils détruisent actuellement de nombreux écosystèmes aquatiques, dont celui du Poitevin ou celui de la Camargue.

    V. Battaglia (03.2005)

     

    Paléontologie - 2:  Domestication de l’animal

     

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    Homo sapiens. Homme de Cro-Magnon

     

    Apparition. Anatomie

     

    Les ancêtres directs de l'Homme moderne ou Homo sapiens "Homme savant" sont venus d’Afrique par le littoral méditerranéen ou par le nord des Alpes, via l’Europe centrale en plusieurs vagues.


    Les premiers Homo sapiens seraient apparus il y a 200 000 ans, probablement en Afrique.

    Ces Hommes modernes se sont implantés sur toute la planète. Ils ont atteint l’Australie en bateau il y a 50 000 ans environ et l’Océanie il y a quelques milliers d’années. Ils sont passés à pied en Amérique il y a 30 000 à 15 000 ans, par le détroit de Behring alors à sec.

     

    Anatomie des premiers Homo sapiens

    A quelques différences près, ils nous ressemblent comme des jumeaux.

    • Crâne long et étroit alors que le nôtre est plus rond
    • Front haut vertical et bombé
    • Face verticale, large et basse
    • Arcades sourcilières peu marquées
    • Dents analogues aux nôtres
    • Capacité crânienne de 1 650 cm3 pour les premiers sapiens à 1350 cm3 pour l'homme actuel.
    • Taille d’environ 1,70 à 1,80 pour les hommes et d’1,60 pour les femmes

     

    Machoire Homme de Cro-Magnon

    Mâchoire d'un Cro-Magnon. Cet homme avait environ 40 ans et avait perdu toutes ses dents car ses gencives étaient malades. © dinosoria.com

     

    Les sites découverts en Israël ont révélé qu’une forme primitive d’hommes anatomiquement modernes occupait déjà la région, il y a 92 000 ans.
    En parallèle, les néandertaliens occupaient cette région avant et après les Hommes modernes. 11 crânes découverts à Skhûl, en Israël. ont initialement été classés comme néandertaliens, les paléontologues pensent aujourd’hui qu’ils appartiennent au genre Homo sapiens.

    Les premiers Homo sapiens parlent bien sûr mais quelle langue, ça on ne le sait pas.

     

    Homo sapiens

    Crâne d'Homo sapiens. © dinosoria.com

     

    Jusqu’en 1997, les fossiles d’Homo sapiens les plus anciens découverts en Afrique (notamment Afrique du Sud) dataient de 130 000 à 100 000 ans. Les plus anciens hommes modernes avaient été découverts en Israël et affichaient 115 000 ans. Mais la découverte d’un nouvel homo sapiens, baptisé Homo sapiens idaltu, va remettre tout en cause.

     

    Apparition d'Homo sapiens

    L’Homme moderne serait apparu en Afrique il y a 195.000 ans. En 2005, Des chercheurs ont daté précisément deux crânes, Omo I et Omo II, découverts en 1967 le long du rift éthiopien. Dans un article publié dans la revue Nature, Ian McDougall et ses coéquipiers ont livré la datation précise des couches géologiques dans lesquelles ont été trouvés les deux fossiles et affirment que ces crânes sont actuellement les plus vieux représentants de l'Homme moderne.

    «Jusqu’à présent les paléontologues dataient l’apparition d’Homo sapiens en Afrique vers 150.000 ans et l’apparition des premiers caractères de cette espèce chez des Homo erectus évolués vers 250.000 ans » a précisé Marie-Hélène Moncel, du département de Préhistoire du Muséum d’Histoire Naturelle.

     

    Homme de Cro-Magnon

    Crâne d'homme de Cro-Magnon découvert en France. © dinosoria.com

     

    Avec ces nouvelles datations, notre ancêtre, le premier Homo sapiens, vieillit. C’est une découverte primordiale quand on sait que les objets les plus anciens retrouvés en Afrique datent de 70.000 ans , les premières sépultures de 90.000 ans (Moyen-Orient) et l’art pariétal de 35.000 ans (en Europe).

     

    Art pariétal

    L'homme de Cro-Magnon était un véritable artiste. © dinosoria.com

     

    Les deux crânes, bien que datés maintenant de la même période, présentent une anatomie différente. Omo I serait plus évolué que Omo II dont certains caractères restent primitifs.

     

    Homo sapiens idaltu

    L’équipe de Tim White a mis au jour en 1997 deux crânes d’adultes et celui d’un enfant âgé de six ou sept ans, près du village de Herto, dans la dépression de l’Afar (Est de l'Éthiopie).
    Ils sont considérés comme les plus anciens fossiles du prédécesseur immédiat de l’Homme moderne et confortent l’hypothèse selon laquelle l’espèce humaine serait apparue en Afrique.

     

    Homo sapiens idaltu

    Un front proéminent, un visage aplati, un nez long et étroit, une arcade sourcilière réduite sont des caractéristiques de l’Homme moderne.
    Comme on note des caractères plus primitifs comme les yeux espacés, l’équipe américano-éthiopienne a créé une sous-espèce pour désigner ses trouvailles : l’Homo sapiens idaltu (idaltu voulant dire " ancien " en langue afar, de la région des fouilles).

     

    Homo sapiens idaltu

    Un crâne adulte quasiment complet, un crâne d’enfant (probablement âgé de 6 ou 7 ans) - qui a dû être reconstitué à partir de 200 morceaux répartis sur 400 m2 - ainsi qu’un crâne partiellement reconstruit d’un autre adulte ont été datés grâce à la méthode argon-argon qui leur a attribué un âge compris entre 160 000 et 154 000 ans.
    On a retrouvé avec les fossiles humains des outils lithiques, des ossements de buffle et le crâne d'un hippopotame.

     

    Homo sapiens idaltu

    Les trois crânes humains portaient des traces d’entailles mais on ne sait pas s’il s’agit de pratiques mortuaires ou de cannibalisme.
    Cette découverte a bien confirmé que l’Homme moderne provient d’Afrique.

     

    Homme de Cro-Magron

    Il y a 36 000 ans, les Homo sapiens étaient en Europe occidentale où nous les connaissons sous le nom d’hommes de Cro-Magnon.

    Il est à souligner que cette dénomination n'est plus utilisée par les scientifiques.

    L'appellation « homme de Cro-Magnon » a été donnée à un fossile découvert dans le site de l'abri de Cro-Magnon aux Eyzies-de-Tayac (Dordogne, France). Les fossiles exhumés dans cet abri-sous-roche ont été datés du Gravetien soit il y a 29 000 à à 22 000 ans avant notre ère.

     

    Homme de Cro-Magnon

    Sépulture de Saint-Germain-La-Rivière (Gironde). Une femme a été inhumée dans un coffre sommaire. Près d'elle, on avait déposé des parures et de nombreux objets. © dinosoria.com

     

    En 2011, l'équipe d'A. Balzeau, du Musée national d'histoire naturelle, a effectué une reconstitution en 3D du cerveau de Cro-Magnon. Les endocrânes ont été étudiés sur 15 Cro-Magnon vieux de 90 000 à 20 000 ans.
    Sa capacité crânienne était de 1 550 cm3. Le volume cérébral d'Homo sapiens a donc diminué de 15 %.
    Cependant, l'étude a révélé une modification au fil du temps de la taille, mais surtout de l'organisation de notre cerveau.
    Notre cerveau est plus court et plus bas. Les lobes frontaux et occipitaux ont diminué, mais les lobes pariétaux se sont allongés.
    Notre cervelet a gagné 5 %.
    Cette étude démontre que le volume cérébral, pris isolément, n'est pas un critère suffisant. L'anatomie et l'organisation interne du cerveau sont étroitement liées aux capacités cognitives.

    Les plus belles découvertes ont été effectuées en Dordogne (France). La grotte de Lascaux, découverte dans cette région, fait bien sûr partie des merveilles de l'art pariétal.

     

    Grotte de Lascaux

    Grotte de Lascaux. © dinosoria.com

     

    Il est évident que l'Homme de Cro-Magnon possédait une perception du beau et de l'harmonie des couleurs et des formes très proche de la nôtre.

    Toujours en Dordogne, une découverte très passionnante nous en apprend plus sur le mode de vie de nos ancêtres.

    Dans cette région, de nombreuses parures réalisées avec des coquillages ont été découvertes. Certains coquillages proviennent des rivages de l'Atlantique et d'autres de la Méditerranée, soit de régions très éloignées.

    De même, de l’ivoire a servi à confectionner des bijoux. Mais, la région n’a révélé aucun site d’ossements de mammouths ou de cimetières.

    Les paléontologues en ont donc déduit que coquillages et ivoire étaient transportés sur certains sites qui étaient de véritables ateliers de fabrication.

    Il s’agissait indéniablement d’industrie locale. Le ravitaillement s’effectuait très probablement grâce à des nomades qui connaissaient ces sites et leurs besoins.

    Ces échanges impliquent une organisation sociale et des relations entre communautés. Ce que nous ignorons c’est la « monnaie » utilisée pour ces échanges. Il est peu probable que ces nomades effectuaient de si longs trajets sans aucun retour.
    Le troc devait donc exister mais contre quoi ces hommes apportaient-ils les matériaux de base ?

    V. Battaglia (11.2004). M.à.J 06.2011

     

    Références

    Berceaux de l'humanité : Des origines à l'Age de bronze.Pascal Picq Sous la direction d'Yves Coppens. Larousse. 2003
    Patterns of Growth and Development in the Genus Homo. J. L. Thompson, G. E. Krovitz et A. J. Nelson 2003
    How Homo Became Sapiens: On the Evolution of Thinking. Peter Gardenfors. 2003
    Homo Sapiens.Isabelle Bourdial, Pedro Lima, Yves Coppens et Patrick Glaize. Flammarion 2004
    Homo Sapiens. Yves Coppens, Isabelle Bourdial. Flammarion-Pere Castor 2006
    Nouvelle histoire de l'Homme, Pascal Picq. Librairie Académique Perrin 2007

     

    Paléontologie - 2:  Homo sapiens. Homme de Cro-Magnon - Apparition. Anatomie

     

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