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    Homo sapiens

     

    Origines. Migrations et évolution

     

    Homo sapiens ou l’Homme moderne, c’est-à-dire nous, serait apparu il y environ 200 000 ans.
    Les racines d’Homo sapiens restent encore confuses et sont sans doute à rechercher en Afrique.

     

    Apparition d'Homo sapiens

    Une découverte effectuée en 2005 nous apporte des informations supplémentaires sur l'âge approximatif d'Homo sapiens. En effet, l’homme moderne serait apparu en Afrique il y a 195.000 ans. En 2005, des chercheurs ont daté précisément deux crânes, Omo I et Omo II, découverts en 1967 le long du rift éthiopien.

    Dans un article publié dans la revue Nature, Ian McDougall et ses coéquipiers ont livré la datation précise des couches géologiques dans lesquelles ont été trouvés les deux fossiles et affirment que ces crânes sont actuellement les plus vieux représentants de l’Homme moderne.

     

    Homo sapiens. Homo neanderthalensis

    Comparatif entre Homo neanderthalensis et Homo sapiens. © dinosoria.com

     

    «Jusqu’à présent les paléontologues dataient l’apparition d’Homo sapiens en Afrique vers 150.000 ans et l’apparition des premiers caractères de cette espèce chez des Homo erectus évolués vers 250.000 ans » précise Marie-Hélène Moncel, du département de Préhistoire du Muséum d’Histoire Naturelle.

    Avec ces nouvelles datations, notre ancêtre, le premier Homo sapiens, vieillit. C’est une découverte primordiale quand on sait que les objets les plus anciens retrouvés en Afrique datent de 70.000 ans , les premières sépultures de 90.000 ans (Moyen-Orient) et l’art pariétal de 35.000 ans (en Europe).

    Les deux crânes, bien que datés maintenant de la même période, présentent une anatomie différente. Omo I serait plus évolué que Omo II dont certains caractères restent primitifs.

    En 2011, des chercheurs américains ont trouvé que l'ADN des poux de tête et celui des poux des vêtements d'Homo sapiens avaient divergé il y a environ 170 000 ans. Cette migration des parasites pourrait marquer l'apparition des vêtements. Ces derniers étaient indispensables pour permettre à l'homme moderne de quitter l'Afrique vers des régions plus froides.

     

    Origines d'Homo sapiens

    Deux théories s’affrontent pour expliquer les origines d’Homo sapiens. Pour les partisans de la première, appelée « Out of Africa », nous sommes tous issus d’un foyer unique et assez récent (200 000 à 300 000 ans) d’Homo sapiens situé en Afrique, voire au Proche-Orient.

    Pour d’autres scientifiques, la théorie dite du « multi régionalisme » est privilégiée. Pour eux, il y a eu une seule vague d’émigration hors d’Afrique, celle des premiers homo. Nous serions donc le fruit d’une évolution régionale de leurs descendants, les Homo erectus.

     

    Homo erectus

    Crâne d'Homo erectus. (Natural History Museum, Michigan). By Thomas Roche

     

    En fait, soyons clairs, nos origines sont très mal connues et ne se basent que sur des hypothèses.

    On sait seulement qu’entre 100 000 et 30 000 ans, plusieurs espèces d’hommes ont vécu côte à côte en Europe et en Asie.
    Mais aujourd'hui, il n’en reste qu’une, la nôtre.

     

    Les grandes migrations d'Homo sapiens

    Il y a environ 1,8 million d’années, les Hommes trouvent un passage qui les conduit de l’Afrique à l’Eurasie par le Moyen-Orient.
    Certains Homo sapiens vivaient déjà voilà 100 000 ans à Qafzeh en Palestine. On pense qu’Homo sapiens commença à se répandre en Eurasie il y a environ 90 000 ans, voire un peu plus tôt.

    On retrouve des traces d’occupation, datées d’environ 1 million d’années, sur tout le pourtour méditerranéen.
    L’homme de Neandertal s’installe en Europe.

     

    Homme de Neandertal

    Crâne d'homme de Neandertal. © dinosoria.com

     

    Il y a 68 000 ans, des représentants de notre espèce étaient parvenus en Chine.

    C’est probablement à pied qu’Homo sapiens découvre l’Amérique il y a 30 000 à 15 000 ans. Sa migration le pousse de la Sibérie orientale jusqu’au détroit de Béring.

     

    Cartes des grandes migrations

    Il y 1,8 million d'années: les premiers pas
    hors d'Afrique

    Occupation sur tout le pourtour méditerranéen

    Arrivée en Amérique par le détroit de Béring il
    y a 30 000 à 15 000 ans

    Arrivée en Australie il y a environ 60 000 ans

    Les glaciations ont fait de l’Australie, de la Nouvelle-Guinée et de la Tasmanie, une île unique. Arrivés au Timor, les Hommes ont dû franchir un bras de mer de 80 Km pour arriver en Australie.
    Ainsi, entre 60 000 et 50 000 ans, Homo sapiens, après une traversée en haute mer sur de simples radeaux atteint l’Australie.

    Il y a 36 000 ans, ils étaient en Europe occidentale où nous les connaissons sous le nom d’hommes de Cro-Magnon.

     

    Homme de Cro-Magnon

    Crâne Homo sapiens. © dinosoria.com

     

    Toutes ces dates ne font que situer l’apparition d’Homo sapiens dans différentes régions mais ne résolvent pas le mystère de nos origines.

     

    La cohabitation entre Homo

    De nombreuses espèces humaines ont coexisté. C’est du moins ce que pense la majorité des scientifiques.
    En Afrique, tout d’abord, il y a 1,8 million d’années, au Kenya, Homo habilis vit non loin d’Homo rudolfensis.
    Mais, un autre cousin parcourt lui aussi la savane africaine : Australopithecus boisei, l’un des derniers représentants des australopithèques apparus il y a plus de 4 millions d’années.

     

    Australopithecus

    Baptisé Madame Ples, ce crâne a été découvert sur le site de Sterkfontein en Afrique du Sud. On pense que les australopithèques découverts sur ce site ont été victimes d'un tigre à dents de sabre. © dinosoria.com

     

    Au même moment, toujours dans la savane africaine, on peut rencontrer Homo ergaster. Il est plus proche d’Homo sapiens.

    Les descendants d’Homo ergaster, les Homo erectus, poursuivent leur chemin jusqu’en Asie du Sud-Est et y prospèrent jusqu’à il y a moins de 20 000 ans : c’est la découverte récente d’Homo floresiensis.

     

    Homme de Flores

    Crâne d'Homo floresiensis (Revue Nature)

     

    Pendant ce temps, l’Europe voit se succéder d’autres espèces humaines à partir d’environ 1 million d’années.
    C’est d’abord Homo antecessor. Plus tard, Homo heidelbergensis donne naissance à l’homme de Neandertal. Ce dernier disparaîtra à son tour dans des circonstances non élucidées bien qu'un croisement génétique avec Homo sapiens soit la dernière hypothèse avancée.

     

    Jebel Irhoud I

    Crâne dénommé "Jebel Irhoud I" est daté entre 120 000 et 130 000 ans. Ce fossile est un exemple de la transition entre Homo heidelbergensis et les descendants d'Homo sapiens. © dinosoria.com

     

    Quant à nous, les Sapiens, nous avons cohabité avec de nombreuses autres espèces dont bien sur l’homme de Neandertal.

    Quelles que soient les cohabitations entre l’Homme moderne et d’autres espèces, il est certain qu’Homo sapiens était porteur de nouvelles compétences intellectuelles et technologiques. L’évolution des outils est la plus significative ; elle est due sans conteste à l’apparition des Hommes modernes dans les différentes régions.

     

    Importance de la fin de la période glaciaire

    Il y a 12 000 ans environ, l’Homme va vivre la fin de la dernière glaciation. Les 2/3 de la glace retenue aux pôles fondent. Le niveau des océans remonte de 120 mètres.

    A la fin du Pléistocène, ce réchauffement a eu d’importantes conséquences écologiques.

    La montée des eaux isole l’Amérique du Nord de l’est de l’Asie. Il y a également un isolement du Japon et de certaines parties de l’Indonésie par rapport au continent asiatique.

    Les grands mammifères adaptés au froid, comme les mammouths, s’éteignent ; probablement aidés par la chasse.

     

    Mammouth

    Squelette de mammouth. © dinosoria.com

     

    Par contre, dans d’autres parties du monde, l’augmentation de la température a généré un accroissement de la biomasse. Cela a permis aux hommes de se développer.

    Les continents prennent peu à peu la forme qu’on leur connaît aujourd’hui.

    Homo sapiens découvre de nouvelles terres riches en flore et en faune. De nomade, il devient sédentaire.

     

    Evolution majeure: sédentarisation d’Homo sapiens

    L’habitat d’Homo sapiens devient peu à peu permanent. Sa vie sociale s’organise autour du village.
    Pour fabriquer les abris, il utilise différents matériaux, en fonction des régions. Par exemple, en Europe centrale, vers – 15 000 ans, il construit des campements en ossements de mammouths.

     

    hutte en os de mammouths

    Illustration d'une hutte en os de mammouths

     

    A partir de – 12 000 ans, il commence à construire des villages en pierre.

    La densité de la population augmente. Les villages s’agrandissent et Homo sapiens doit mettre en place de nouvelles stratégies et règles pour gérer ce nombre croissant. La cellule familiale commence à naître.

    ers environ – 10 000 ans, Homo sapiens développe une technique de taille des pierres de plus en plus précise (les microlithes).

    Des inventions comme celle du harpon (utilisé déjà vers – 15 000 ans) et celle de l’arc (environ – 8 000 ans) lui permettent de chasser à distance avec plus de précision.

    La sédentarisation s’effectue en parallèle avec les débuts de la domestication animale et l’agriculture.

     

    La domestication animale

    La domestication la plus ancienne est celle du loup. Cette première domestication s’est effectuée il y a entre 12 000 et 14 000 ans avant notre ère, soit à la fin du Paléolithique.

     

    Loup gris

    Le loup gris est l'ancêtre du chien. © dinosoria.com

     

    Plusieurs millénaires après, la domestication des ongulés (moutons, cochons, bœufs) a débuté.
    Cette domestication des ongulés a été faite par des groupes sédentaires qui pratiquaient l’agriculture au Proche-Orient.

    Pourtant, pendant plusieurs siècles, c’est toujours la chasse qui est la principale source de nourriture et non l’élevage. On ne sait donc pas exactement pourquoi cette domestication initiale a été faite.

    La domestication plus tardive du cheval a été réalisée vers le IIIe ou IVe millénaire avant notre ère par des peuples nomades en Asie et en Europe de l’est.

     

    Statue de cheval du Paleolithique

    Une sorte de licol est gravée sur cette tête de cheval en os, découverte en France. Certains scientifiques en déduisent que le cheval a été domestiqué dès le Paléolithique supérieur mais ce n'est qu'une hypothèse. © dinosoria.com

     

    Le phénomène de la domestication est généralisé sur l’ensemble de la planète. C’est donc un basculement fondamental. En effet, l’Homme moderne s’approprie le droit de domestiquer son environnement. La nature est domptée.

     

    L’agriculture

    Au départ, Homo sapiens commence à semer certaines graines mais il ne recueille que des graines identiques c’est-à-dire sauvages.
    Ce n’est que progressivement, avec un processus de sélection probablement inconscient, qu’il va sélectionner certains mutants.
    Il va donner ainsi naissance à des plantes morphologiquement modifiées.

     

    Homme de Cro-Magnon

    Homme de Cro-Magnon découvert en Dordogne. © dinosoria.com

     

    Pour le Proche-Orient, les espèces domestiques sont le blé, l’orge, les pois ou les lentilles. En Chine du Nord, on trouve le millet. En Chine du sud, c’est le riz. Au Mexique, c’est le maïs, les courges ou les haricots.

    Maintenant que l' Homme a domestiqué les animaux et les plantes, il va pouvoir nourrir une plus grande population.
    Cette démographie galopante ne s’est jamais arrêtée.

     

    Homo sapiens calque alors sa vie au rythme des saisons. Grâce à l’élevage et à l’agriculture, il découvre une alimentation stable et abondante.

    Les villages se multiplient et les échanges entre communautés s’intensifient. Bientôt, de grandes civilisations verront le jour.
    La préhistoire prend fin et l’histoire commence avec la naissance de l'écriture.

     

    Le seul regret est que l’Homme s’est peu à peu coupé de la nature. Il n’écoute plus, depuis longtemps, les messages que lui envoie sa planète.

    V.Battaglia (04.2004). M.à.J 05.2011

     

    Références

    Berceaux de l'humanité : Des origines à l'Age de bronze.Pascal Picq Sous la direction d'Yves Coppens. Larousse. 2003
    Patterns of Growth and Development in the Genus Homo. J. L. Thompson, G. E. Krovitz et A. J. Nelson 2003
    How Homo Became Sapiens: On the Evolution of Thinking. Peter Gardenfors. 2003
    Homo Sapiens.Isabelle Bourdial, Pedro Lima, Yves Coppens et Patrick Glaize. Flammarion 2004
    Homo Sapiens. Yves Coppens, Isabelle Bourdial. Flammarion-Pere Castor 2006
    Nouvelle histoire de l'Homme, Pascal Picq. Librairie Académique Perrin 2007

     

    Paléontologie:  Homo sapiens - Origines. Migrations et évolution

     

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    Homo sapiens - Homme de Cro-Magnon

     

    Apparition - Anatomie

     

    Les ancêtres directs de l'Homme moderne ou Homo sapiens "Homme savant" sont venus d’Afrique par le littoral méditerranéen ou par le nord des Alpes, via l’Europe centrale en plusieurs vagues.
    Les premiers Homo sapiens seraient apparus il y a 200 000 ans, probablement en Afrique.

    Ces Hommes modernes se sont implantés sur toute la planète. Ils ont atteint l’Australie en bateau il y a 50 000 ans environ et l’Océanie il y a quelques milliers d’années. Ils sont passés à pied en Amérique il y a 30 000 à 15 000 ans, par le détroit de Behring alors à sec.

     

    Anatomie des premiers Homo sapiens

    A quelques différences près, ils nous ressemblent comme des jumeaux.

    • Crâne long et étroit alors que le nôtre est plus rond
    • Front haut vertical et bombé
    • Face verticale, large et basse
    • Arcades sourcilières peu marquées
    • Dents analogues aux nôtres
    • Capacité crânienne de 1 650 cm3 pour les premiers sapiens à 1350 cm3 pour l'homme actuel.
    • Taille d’environ 1,70 à 1,80 pour les hommes et d’1,60 pour les femmes

     

    Machoire Homme de Cro-Magnon

    Mâchoire d'un Cro-Magnon. Cet homme avait environ 40 ans et avait perdu toutes ses dents car ses gencives étaient malades. © dinosoria.com

     

    Les sites découverts en Israël ont révélé qu’une forme primitive d’hommes anatomiquement modernes occupait déjà la région, il y a 92 000 ans.


    En parallèle, les néandertaliens occupaient cette région avant et après les Hommes modernes. 11 crânes découverts à Skhûl, en Israël. ont initialement été classés comme néandertaliens, les paléontologues pensent aujourd’hui qu’ils appartiennent au genre Homo sapiens.

    Les premiers Homo sapiens parlent bien sûr mais quelle langue, ça on ne le sait pas.

     

    Homo sapiens

    Crâne d'Homo sapiens. © dinosoria.com

     

    Jusqu’en 1997, les fossiles d’Homo sapiens les plus anciens découverts en Afrique (notamment Afrique du Sud) dataient de 130 000 à 100 000 ans. Les plus anciens hommes modernes avaient été découverts en Israël et affichaient 115 000 ans. Mais la découverte d’un nouvel homo sapiens, baptisé Homo sapiens idaltu, va remettre tout en cause.

     

    Apparition d'Homo sapiens

    L’Homme moderne serait apparu en Afrique il y a 195.000 ans. En 2005, Des chercheurs ont daté précisément deux crânes, Omo I et Omo II, découverts en 1967 le long du rift éthiopien. Dans un article publié dans la revue Nature, Ian McDougall et ses coéquipiers ont livré la datation précise des couches géologiques dans lesquelles ont été trouvés les deux fossiles et affirment que ces crânes sont actuellement les plus vieux représentants de l'Homme moderne.

    «Jusqu’à présent les paléontologues dataient l’apparition d’Homo sapiens en Afrique vers 150.000 ans et l’apparition des premiers caractères de cette espèce chez des Homo erectus évolués vers 250.000 ans » a précisé Marie-Hélène Moncel, du département de Préhistoire du Muséum d’Histoire Naturelle.

     

    Homme de Cro-Magnon

    Crâne d'homme de Cro-Magnon découvert en France. © dinosoria.com

     

    Avec ces nouvelles datations, notre ancêtre, le premier Homo sapiens, vieillit. C’est une découverte primordiale quand on sait que les objets les plus anciens retrouvés en Afrique datent de 70.000 ans , les premières sépultures de 90.000 ans (Moyen-Orient) et l’art pariétal de 35.000 ans (en Europe).

     

    Art pariétal

    L'homme de Cro-Magnon était un véritable artiste. © dinosoria.com

     

    Les deux crânes, bien que datés maintenant de la même période, présentent une anatomie différente. Omo I serait plus évolué que Omo II dont certains caractères restent primitifs.

     

    Homo sapiens idaltu

    L’équipe de Tim White a mis au jour en 1997 deux crânes d’adultes et celui d’un enfant âgé de six ou sept ans, près du village de Herto, dans la dépression de l’Afar (Est de l'Éthiopie).


    Ils sont considérés comme les plus anciens fossiles du prédécesseur immédiat de l’Homme moderne et confortent l’hypothèse selon laquelle l’espèce humaine serait apparue en Afrique.

     

    Homo sapiens idaltu

     

    Un front proéminent, un visage aplati, un nez long et étroit, une arcade sourcilière réduite sont des caractéristiques de l’Homme moderne.


    Comme on note des caractères plus primitifs comme les yeux espacés, l’équipe américano-éthiopienne a créé une sous-espèce pour désigner ses trouvailles : l’Homo sapiens idaltu (idaltu voulant dire " ancien " en langue afar, de la région des fouilles).

     

    Homo sapiens idaltu

     

    Un crâne adulte quasiment complet, un crâne d’enfant (probablement âgé de 6 ou 7 ans) - qui a dû être reconstitué à partir de 200 morceaux répartis sur 400 m2 - ainsi qu’un crâne partiellement reconstruit d’un autre adulte ont été datés grâce à la méthode argon-argon qui leur a attribué un âge compris entre 160 000 et 154 000 ans.
    On a retrouvé avec les fossiles humains des outils lithiques, des ossements de buffle et le crâne d'un hippopotame.

     

    Homo sapiens idaltu

     

    Les trois crânes humains portaient des traces d’entailles mais on ne sait pas s’il s’agit de pratiques mortuaires ou de cannibalisme.

    Cette découverte a bien confirmé que l’Homme moderne provient d’Afrique.

     

    Homme de Cro-Magron

     

    Il y a 36 000 ans, les Homo sapiens étaient en Europe occidentale où nous les connaissons sous le nom d’hommes de Cro-Magnon.

    Il est à souligner que cette dénomination n'est plus utilisée par les scientifiques.

    L'appellation « homme de Cro-Magnon » a été donnée à un fossile découvert dans le site de l'abri de Cro-Magnon aux Eyzies-de-Tayac (Dordogne, France). Les fossiles exhumés dans cet abri-sous-roche ont été datés du Gravetien soit il y a 29 000 à à 22 000 ans avant notre ère.

     

    Homme de Cro-Magnon

    Sépulture de Saint-Germain-La-Rivière (Gironde). Une femme a été inhumée dans un coffre sommaire. Près d'elle, on avait déposé des parures et de nombreux objets. © dinosoria.com

     

    En 2011, l'équipe d'A. Balzeau, du Musée national d'histoire naturelle, a effectué une reconstitution en 3D du cerveau de Cro-Magnon. Les endocrânes ont été étudiés sur 15 Cro-Magnon vieux de 90 000 à 20 000 ans.


    Sa capacité crânienne était de 1 550 cm3. Le volume cérébral d'Homo sapiens a donc diminué de 15 %.


    Cependant, l'étude a révélé une modification au fil du temps de la taille, mais surtout de l'organisation de notre cerveau.


    Notre cerveau est plus court et plus bas. Les lobes frontaux et occipitaux ont diminué, mais les lobes pariétaux se sont allongés.


    Notre cervelet a gagné 5 %.


    Cette étude démontre que le volume cérébral, pris isolément, n'est pas un critère suffisant. L'anatomie et l'organisation interne du cerveau sont étroitement liées aux capacités cognitives.

     

    Les plus belles découvertes ont été effectuées en Dordogne (France). La grotte de Lascaux, découverte dans cette région, fait bien sûr partie des merveilles de l'art pariétal.

     

    Grotte de Lascaux

    Grotte de Lascaux. © dinosoria.com

     

    Il est évident que l'Homme de Cro-Magnon possédait une perception du beau et de l'harmonie des couleurs et des formes très proche de la nôtre.

    Toujours en Dordogne, une découverte très passionnante nous en apprend plus sur le mode de vie de nos ancêtres.

    Dans cette région, de nombreuses parures réalisées avec des coquillages ont été découvertes. Certains coquillages proviennent des rivages de l'Atlantique et d'autres de la Méditerranée, soit de régions très éloignées.

    De même, de l’ivoire a servi à confectionner des bijoux. Mais, la région n’a révélé aucun site d’ossements de mammouths ou de cimetières.

    Les paléontologues en ont donc déduit que coquillages et ivoire étaient transportés sur certains sites qui étaient de véritables ateliers de fabrication.

    Il s’agissait indéniablement d’industrie locale. Le ravitaillement s’effectuait très probablement grâce à des nomades qui connaissaient ces sites et leurs besoins.

    Ces échanges impliquent une organisation sociale et des relations entre communautés. Ce que nous ignorons c’est la « monnaie » utilisée pour ces échanges. Il est peu probable que ces nomades effectuaient de si longs trajets sans aucun retour.
    Le troc devait donc exister mais contre quoi ces hommes apportaient-ils les matériaux de base ?

     

    V. Battaglia (11.2004). M.à.J 06.2011

     

    Références

    Berceaux de l'humanité : Des origines à l'Age de bronze.Pascal Picq Sous la direction d'Yves Coppens. Larousse. 2003
    Patterns of Growth and Development in the Genus Homo. J. L. Thompson, G. E. Krovitz et A. J. Nelson 2003
    How Homo Became Sapiens: On the Evolution of Thinking. Peter Gardenfors. 2003
    Homo Sapiens.Isabelle Bourdial, Pedro Lima, Yves Coppens et Patrick Glaize. Flammarion 2004
    Homo Sapiens. Yves Coppens, Isabelle Bourdial. Flammarion-Pere Castor 2006
    Nouvelle histoire de l'Homme, Pascal Picq. Librairie Académique Perrin 2007

     

    Paléontologie:  Homo sapiens - Homme de Cro-Magnon -  Apparition - Anatomie

     

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    Découverte d'un fossile d'oiseau avec ses

    plumes et ses couleurs

    Paléontologie:  Découverte d'un fossile d'oiseau avec ses plumes et ses couleurs

    Eoconfuciusornis, l’oiseau fossile ayant gardé ses plumes et ses couleurs

     

    Daté de 130 millions d’années, ce fossile est lié aux plus anciens oiseaux similaires à ceux que nous pouvons observer de nos jours. C’est la première fois que des scientifiques retrouvent des mélanosomes et de la kératine, molécules responsables de la couleur, dans des restes de dinosaures.

      

    COULEUR.  Grâce à cette nouvelle découverte, les dinosaures ont repris des couleurs ! En effet, l’oiseau fossile hors du commun trouvé dans des dépôts lacustres chinois en 2008 a livré ses secrets. Des chercheurs d'universités chinoises, américaines et anglaises ont découvert pour la première fois la présence simultanée de mélanosomes et de bêta-kératine dans les plumes dudit fossile, répondant enfin à la fameuse question : les dinosaures étaient-ils colorés ? Si certains chercheurs en étaient déjà persuadés, d’autres se montraient beaucoup plus sceptiques. Des mélanosomes, organites cellulaires produisant de la mélanine responsable de la teinte de la peau et des téguments, avaient été trouvés dans de nombreux fossiles, semblant confirmer l’hypothèse de la pigmentation des dinosaures. D'autres scientifiques considéraient cependant ces mélanosomes comme des microbes, puisque ces deux structures sont très semblables et difficiles à distinguer au microscope.

     

    La fameuse protéine enfin révélée

    Via des méthodes de microscopie électronique et des techniques immunologiques, les chercheurs ont pu identifier les deux structures pigmentaires présentes dans les plumes fossilisées. "Identifier la kératine est la clé pour exclure une source microbienne des corps microscopiques retrouvés dans les fossiles. Si ces petits corps cellulaires sont des mélanosomes, ils devraient être entourés d’une matrice de kératine", explique Mary Schweitzer, paléontologue ayant participé à cette découverte, dans Science Daily. Et c’est exactement ce qu’ils ont mis en évidence ! De plus, il s’agit du plus vieil exemple de bêta-kératine trouvé dans des fossiles. Ce résultat indique qu’il est donc plus que probable que ces oiseaux étaient colorés. "Ces dinosaures étaient peut-être marrons, ou noirs. Ou ils auraient aussi pu être affublés de couleurs rouge brillant, bleu ou jaune comme les oiseaux modernes ! ", se plaît à imaginer Mike Benton, un des chercheurs britanniques ayant également participé à l’étude.

     

    Un fossile de dinosaure exceptionnel

    Daté de 130 millions d’années, il s’agit du premier fossile retrouvé ayant gardé sa pigmentation. Il serait également un des premiers oiseaux similaires à ceux que l’on peut croiser de nos jours, avec un bec édenté. La mise en évidence de bêta-kératine dans un tel fossile va pouvoir aider les chercheurs à retracer l’histoire évolutive de la kératine chez les reptiles et les oiseaux. En effet, la bêta-kératine retrouvée dans les plumes des oiseaux est également présente dans les écailles des reptiles. "Ces méthodes vont potentiellement nous aider à comprendre, à un niveau moléculaire, comment les plumes ont évolué" dans la lignée des oiseaux, explique Mary Schweitzer.

     

    Paléontologie:  Découverte d'un fossile d'oiseau avec ses plumes et ses couleurs

     

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    Aux origines de l'humanité

     

    Lucy vivait-elle dans les arbres ? Y a-t-il du Neanderthal en nous ? Quand ont eu lieu les premières migrations hors d'Afrique ?... 

     

    L'étude de la Préhistoire offre chaque année ou presque de nouvelles révélations sur notre identité humaine et nos origines. Suivons les émules d'Indiana Jones dans leur exploration du passé.

     

    La guerre du feu (film de Jean-Jacques Annaud, 1981)

    Homo sapiens en famille
     

    Selon la classification biologique de Carl von Linné, nous appartenons à l'espèce Homo sapiens, apparue il y a environ 200 000 ans.

     

    - Notre espèce fait partie du genre Homo, comme les Homo neanderthalensis disparus il y a 30 000 ans.


    - Le genre Homo est inclus dans la famille des hominidés, à côté des Australopithèques disparus il y a un million d'années mais aussi des gorilles, chimpanzés, bonobos et orangs-outans actuels, avec un ancêtre commun qui remonte à environ 8 millions d'années.
    - Et tout ce beau monde appartient à l'ordre des primates, apparus il y a environ 58 millions d'années.

     

    La paléoanthropologie ou science des premiers hommes se fait un devoir de définir notre place dans ce schéma, au milieu des autres espèces, actuelles ou disparues.

     

    Les Australopithèques, nos très lointains cousins

     

    Crâne de l’enfant de Taung, spécimen d’Australopithecus africanus de 2,1 mllions d’année découvert en Afrique du sud, collection de l’Université du Witwatersrand, Johannesburg, Didier Descouens.

     

    L'un des plus anciens hominidés qui nous ont précédés a été découvert fortuitement en 1924 en Afrique du sud et dénommé par le professeur Raymond Dart Australopithecus africanus (« Singe du Sud » en latin et grec).

     

    Raymond Dart émet l'hypothèse qu'il appartient à notre famille, celle des hominidés. Mais la communauté scientifique ne l'admettra qu'après la Seconde Guerre mondiale, suite à la découverte de nombreux fossiles adultes.

     

    Les Australopithèques se caractérisent par une petite taille et une capacité crânienne faible (moins de 500 cm3 contre 1300 pour les humains actuels). Ils ont une forte mâchoire au prognathisme marqué, comme les singes. Mais ce qui les distingue des primates communs et les rapproche d’Homo est le corps redressé et la main libérée.

     

    Raymond Dart ose également voir dans ses Australopithèques la preuve que le « berceau de l'humanité » serait en Afrique.

     

    Son hypothèse sera confirmée dans les années 1970 par la découverte en Éthiopie d’Australopithèques et de fossiles proches du genre Homo. C’est la « révolution Lucy ».

     

    - Lucy et ses aînés :
     

    Découverte en 1974, Lucy fait reculer jusqu'à 3 millions d'années l'origine de l'humanité.

     

    Yves Coppens, né en 1934, est professeur au Collège de France

     

    Mais elle est seulement notre grand-tante. Le genre Homo dont nous descendons vient en effet d'une branche latérale du genre Australopithèque. 

     

    En octobre 2000, Brigitte Senut et Martin Pickford découvrent en Ouganda les ossements d'un hominidé de 6 millions d'années révélant un déplacement bipède assez développé. Baptisé Orrorin(« homme originel » en langue locale), il témoigne de ce que, déjà à cette époque, de grands singes ont tenté d'évoluer vers la bipédie sans y parvenir durablement.

     

    En 2001 enfin, la mission franco-tchadienne de Michel Brunet met à jour un crâne de sept millions d'années baptisé Toumaï (« espoir de vie » en langue locale). Hominidé ou grand singe ancêtre des gorilles ?

     

    - Lucy et ses cousins d'Asie :
     

    Masol (Pendjab) : un sondage sur un site de charognage probable (photo : Anne Malassé Dambricourt)

     

    On sait aujourd'hui que l'Asie n'est pas le berceau de l'humanité. Mais elle fait toujours l'objet de recherches fécondes. La mission franco-indienne d'Anne Dambricourt Malassé a découvert en 2009 des traces de « boucherie » vieilles de 2,6 millions d'années à Masol, au Pendjab.

     

    Qu'est-ce à dire ? Sur des ossements d'animaux, les paléontologues ont reconnu des incisions causées par des outils. Ce serait alors le plus vieux témoignage d’une activité manuelle de type humain hors d'Afrique.

     

    Faute de fossiles qui pourraient l’éclairer, Anne Dambricourt Malassé envisage deux hypothèses :


    - ces activités pourraient être le fait d'une très ancienne espèce du genre Homoqui aurait migré d'Afrique bien avant 2,6 millions d’années, ce qui suppose déjà une certaine densité de populations couvrant l’Est africain, la plaque arabique et l’Asie du sud.
    - elles pourraient aussi résulter d'hominidés issus de mutations de grands singes présents dans cette région de l’Asie depuis au moins 13 millions d’années, et dont les lignées se seraient éteintes.

     

    Le genre Homo et les espèces qui nous ont précédé

     

    Louis Leakey (7 août 1903 – 1 octobre 1972), archéologue et paléoanthropologue, examine des crânes des gorges d’Olduvai, Afrique.

     

    Deux savants kényans d'origine anglaise, Louis et Mary Leakey, mettent au jour en 1959 dans les gorges d'Olduvai (Tanzanie) un squelette vieux de 1,7 million d'années et accompagné d'outils en pierre. Il ne s'agit que de galets sommairement taillés sur une face mais suffisants pour découper de la viande ou casser des os.

     

    Cette habilité à tailler des pierres le distingue des Australopithèques et lui a valu le nom d'Homo habilis (en latin, l'homme habile).

     

    Homo habilis a vécu de 2,5 à 1,7 millions d'années BP (Before Present, avant 1950). Il a une boîte crânienne de petite capacité (550 à 680 cm3) mais il possède peut-être déjà le langage articulé.

     

    Ses membres inférieurs montrent que c’est un marcheur (il se déplace par enjambées, l’Australopithèque marche en chaloupant), mais ses épaules traduisent aussi des déplacements dans les arbres.

     

    Il a précédé dans la chaîne de l'évolution Homo erectus. L'un de ses représentants, baptisé Pithecanthropus erectus (ou « singe-homme redressé »), a été repéré dès 1890 par le médecin hollandais Eugene Dubois sur l'île de Java, en Asie.

     

    Homo erectus aurait donc migré vers 2 millions d'années BP d'Afrique vers l'Eurasie. Il fabrique des outils bifaces, ce qui dénote l'acquisition de la symétrie. Il serait aussi la première espèce à avoir acquis la maîtrise du feu vers 1 million d’années.

     

    Henry de Lumley, préhistorien français, a découvert l’homme de Tautavel le 22 juillet 1971.

     

    En Europe, le représentant le plus célèbre d'Homo erectus, vieux de « seulement » 450 000 ans, est l'homme de Tautavel, découvert le 22 juillet 1971 par Henry de Lumley dans la grotte de l'Arago (Pyrénées-Orientales).

     

    Par leur capacité à fabriquer des outils en pierre, Homo habilis, Homo erectus et leur cousin Homo ergaster (l'homme artisan) inaugurent une longue période baptisée dès 1865 Âge ancien de la pierre taillée ou Paléolithique.

     

    Le Paléolithique inférieur, aussi appelé Acheuléen en Europe, d'après le quartier de Saint-Acheul, à Amiens, s'étend de 1,7 millions à 300 000 BP.

     

    Ce panorama des principales espèces Homo du Paléolithique inférieur serait incomplet sans ce petit dernier, dont une mandibule a été découverte en 1907 près d'Heidelberg (Allemagne), d'où son nom.

     

    Connu en Afrique et dans le sud de l’Europe à partir de 600 000 ans, ce serait la première espèce dérivée d’Homo erectus à pratiquer un culte à l’égard de ses morts, signe de la croyance en l'au-delà.

     

    Le Paléolithique moyen

     

    Le Paléolithique moyen suit, comme il va de soi, le Paléolithique inférieur ! Aussi appelé Moustérien en Europe (d'après le site du Moustier, dans la vallée de la Vézère, en Dordogne), s'étend de 300 000 aux environs de 30 000 BP, il coïncide avec l'apparition de l'homme de Neanderthal...

     

    du site Herodote.net

     

    Paléontologie:  Aux origines de l'humanité

     

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    L'Homme de Florès, dit « le Hobbit »,

    est en fait notre cousin

     

     

    En 2003, sur l'île de Florès, en Indonésie, de petits Hommes furent trouvés et appelés « Hommes de Florès », ou « Hobbits ». Onze ans plus tard, d'autres restes humains, ressemblant aux premiers mais plus anciens, ont été découverts sur cette même île. Ils seraient en fait les ancêtres des « Hobbits ». De plus, puisque ces nouveaux fossiles évoquent Homo erectus, notre ancêtre, ces petits Hommes sont… nos cousins ! Ils auraient subi le phénomène évolutif du nanisme insulaire.

     
     

    Le crâne d'un Homme moderne (à gauche), comparé à celui de l'Homme de Florès (à droite). La dimension de ce dernier est étonnamment petite. Pourtant, cet être fabriquait des outils et ses ancêtres directs, on vient de le comprendre, vivaient déjà il y a 700.000 ans. © Peter Brown

    Le crâne d'un Homme moderne (à gauche), comparé à celui de l'Homme de Florès (à droite). La dimension de ce dernier est étonnamment petite. Pourtant, cet être fabriquait des outils et ses ancêtres directs, on vient de le comprendre, vivaient déjà il y a 700.000 ans. © Peter Brown

     
     

    C’est probablement la fin des controverses autour de « l’Homme de Florès », cet hominidé dont plusieurs individus ont été trouvés en 2003 dans une grotte de l’île de Florès, en Indonésie. Datés de 50.000 ans et ne mesurant qu’un petit mètre, pour 25 kg, avec une petite tête, ce qui leur a valu le surnom de « Hobbit » (d’après les personnages imaginés par l'écrivain anglais J. R. R. Tolkien), ces humains-là intriguaient au plus haut point. Certains y voyaient des Homo sapiens difformes, atteints d’une pathologie qui restait à trouver, évoquant une trisomie.

     

    D’autres en faisaient une espèce à part, Homo floresiensis, que l’évolution aurait conduit vers une petite taille après l’arrivée sur cette île, par un processus de nanisme insulaire, connu chez d’autres espèces animales, quand les ressources se font plus rares. Sa position dans la famille humaine reste méconnue, avec deux hypothèses en lice : une filiation avec Homo erectus (un ancêtre d’Homo sapiens), avec Homo habilis ou encore avec des australopithèques, peut-être déjà de petites tailles.

     

    Deux études, parues dans Nature, viennent éclairer l’histoire d’un jour nouveau. En 2014, des restes ont été trouvés dans une autre grotte de la même île, sur le site de Mata Menge : un morceau de mandibule et six dents. Une récolte modeste mais bouleversante. La mandibule s’apparente à celle de l’Homme de Florès mais avec une taille encore plus petite que celle des fossiles de la grotte de Liang Bua (celle de la découverte de 2003). D’après les auteurs, il s’agit bien d’un individu adulte. Elle s’apparenterait davantage, ajoutent-ils, à H. erectus qu’à H. habilis. De plus, les dents semblent intermédiaires entre celles de H. erectus et celles de l’Homme de Florès de la grotte de Liang Bua. Nous partagerions donc un même ancêtre (H. erectus) avec l’Homme de Florès, qui devient un cousin.

     

    Le fragment de mandibule (à gauche) et trois des six dents (à droite), ici vus sous différents angles, ont été retrouvés dans la grotte de Mata Menge, à une centaine de kilomètres de Liang Bua, où a été découvert l'Homme de Florès. Ces restes s'apparentent aux fossiles de ce dernier mais aussi à ceux d'Homo erectus. Ils font du petit « Hobbit » une espèce à part entière et très ancienne. © Gerrit D. van den Berg et al.
    Le fragment de mandibule (à gauche) et trois des six dents (à droite), ici vus sous différents angles, ont été retrouvés dans la grotte de Mata Menge, à une centaine de kilomètres de Liang Bua, où a été découvert l'Homme de Florès. Ces restes s'apparentent aux fossiles de ce dernier mais aussi à ceux d'Homo erectus. Ils font du petit « Hobbit » une espèce à part entière et très ancienne. © Gerrit D. van den Berg et al.

     

    Les humains peuvent rapetisser autant que

    les éléphants...

     

    Voilà pour la première étude. La seconde est une datation, par la méthode des isotopes de l’argon(évaluant le rapport 40Ar/39Ar). Le résultat est lui aussi étonnant : 700.000 ans. Exit, donc la parenté directe avec H. sapiens puisque notre espèce n’existait pas encore. L’hypothèse qui est ainsi consolidée est celle d’une filiation avec H. erectus et un phénomène de nanisme insulaire, qui a par exemple, soulignent les auteurs, abouti a des éléphants mesurant 1 m au garrot, sur des îles de Méditerranée, et à des mammouths nains, retrouvés en Crète.

     

    Parvenu sur ces îles indonésiennes, ce descendant de H. erectus, confronté à des ressources alimentaires plus rares, se serait adapté au fil des générations par une taille plus faible. Les outils les plus anciens retrouvés sur l’île indiquent, selon Gerrit van den Bergh, coauteur des deux études, queH. erectus a dû arriver il y a environ un million d’années. La conclusion en rejoint deux autres. Celle de Matthew Tocheri, du Muséum d’histoire naturelle de Washington, qui, en 2007, sur la base de comparaisons anatomiques, situait à au moins 800.000 ans la séparation entre notre propre lignée et celle ayant conduit à l'Homme de Florès. Et celle de Karen Baab, en 2013, rapprochant le Hobbit avecH. erectus. En quelques centaines de milliers d’années, l’espèce a pu augmenter sa population en réduisant sa taille, comme les éléphants de Sicile ou de Malte…

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    Exercice difficile, déterminer l’origine de l’Homme impose de définir ce qui fait l'identité humaine. L’Homme est-il Homme par sa capacité à marcher ? à parler ? à fabriquer des outils ? Futura-Sciences a posé la question à Silvana Condemi, paléoanthropologue. Découvrez sa réponse en vidéo.

     

    Paléontologie:  L'Homme de Florès, dit « le Hobbit », est en fait notre cousin + vidéo

     

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