Mammifères: Entelle

 

Entelle

 

Les singes de l’Ancien Monde sont plus évolués que leurs cousins d’Amérique. Parmi ces singes, les plus connus sont le babouin et le macaque.
Si l'entelle (Semnopithecus entellus) est devenu célèbre, car vénéré par les hindous en tant qu'incarnation du dieu-singe Hanuman, les autres espèces de semnopithèques sont plus méconnues. Ce petit singe qui vit en Asie possède pourtant certaines particularités intéressantes.

 

Les singes de l’Ancien Monde

 

On les appelle aussi catarhiniens (Catarrhini), ce qui veut dire « nez en bas », car leurs narines sont serrées et s’ouvrent vers le bas.
Les scientifiques les reconnaissent d’abord à leur formule dentaire, la même que celle de l’homme :
16 dents par mâchoire dont 4 incisives, 2 canines, 4 prémolaires et 6 molaires

Tous ont le pouce opposable, et beaucoup possèdent des callosités sur le postérieur. Enfin, leur queue est non préhensile, et même absente chez les plus grandes espèces.

 

Un groupe de Semnopithèques de Hose ou gris dans la réserve naturelle de Tabin en Malaisie. © dinosoria.com

 

Les catarhiniens se rencontrent en Asie, de l’Inde jusqu’au Japon, ainsi qu’à Gibraltar et dans toute l’Afrique.
Vivant au sol ou dans les arbres, ces singes peuvent atteindre une grande taille et ont généralement une vie sociale assez élaborée.

Les primatologues les ont divisés deux superfamilles:

Cercopithecoidea (singes de l'Ancien Monde)
Hominoidea (singes et homme)
Le semnopithèque fait partie de la famille des Cercopithecidae qui inclut 22 genres et 133 espèces et de la sous-famille des Colobinae qui regroupe 10 genres et 17 espèces.

Répartition géographique

L’Afrique fut le berceau de tous les singes de l’Ancien Monde et peut-être même de ceux d’Amérique.

Deux phénomènes ont profondément affecté l’évolution des singes, babouins en tête :

La jonction entre l’Afrique et l’Asie qui étaient séparées
L’évolution du climat et de la végétation en Afrique avec une relative sécheresse qui fait reculer la forêt au profit du désert et de la savane
Vers 7 à 8 millions d’années avant notre ère, la porte est ouverte aux migrations. C’est à cette époque que les Colobinés ont quitté presque entièrement l’Afrique pour essaimer l’Europe et l’Asie.
Seuls une espèce de macaque (genre Macaca) et les colobes (genre Colobus) se sont maintenus en Afrique.
Toutes les autres espèces ont migré vers l’Asie et ont gardé des traits liés à la vie arboricole.

 

Semnopithèque à front noir. © dinosoria.com

 

Par contre, toutes espèces confondues, tous les singes de l’Ancien Monde partagent une remarquable intelligence. Cette intelligence a été développée dans une vie de clan à l’organisation déconcertante, car très proche de celle de l’homme.

Répartition géographique de l'entelle : du Cachemire en Inde du Nord et de l'Himalaya au Népal, au Bhoutan et au Tibet au sud de Sri Lanka, au Bangladesh et à l'est et à l'ouest de la vallée de l'Indus au Pakistan.

Ce singe évolue dans une grande variété d'habitats : zones arides, forêts tropicales à feuilles persistantes, zones urbaines. L'entelle peut supporter des températures de -7˚ C à 46˚ C.

 

Portrait de l'entelle

Ce petit singe possède un pelage gris brunâtre, avec une teinte de rouge sur la surface dorsale. La fourrure est blanche sur la face ventrale. Les pieds, les mains, le visage et les oreilles sont noirs. Le visage est encadré de fourrure blanche. La queue est généralement plus longue que le corps, avec une pointe blanche.
Les mâles sont légèrement plus grands que les femelles.
Il pèse de 10 à 13 kg.

En captivité, l'entelle peut vivre jusqu'à 30 ans. En liberté, sa longévité varie selon le sexe. Les femelles peuvent vivre une trentaine d'années tandis que les mâles atteignent rarement 20 ans.

 

Semnopithecus entellus. © dinosoria.com

 

L'entelle est diurne et semi-arboricole. Il passe environ 80 % de son temps sur le sol et n'utilise les arbres que pour dormir. Les mâles dominants dorment sur les plus hautes branches qui sont les plus sûres contre les prédateurs. Puis, juste en dessous, ce sont les femelles et leurs petits, suivis par les femelles immatures. Les jeunes mâles occupent les branches les plus basses.

Ses principaux prédateurs sont les panthères, les dholes, les tigres, les loups et les chacals dorés.

Vie sociale

Comme chez tous les Cercopithécidés, la vie sociale du groupe est fondamentale. Le groupe est mixte et « multimâles ».
Dans chaque clan, c’est la femelle qui assure le lien social. En effet, les filles restent au sein du clan toute leur vie alors que les garçons quittent le groupe à l’adolescence.

Le statut du mâle s’acquiert de deux manières :

Par la force
Par les relations qu’il développe avec les femelles
Il s’agit bien d’alliances telles que nous pouvons en développer dans nos sociétés humaines. Un mâle visant une position dominante dans le groupe doit cumuler au moins cinq ou six relations proches avec des femelles et notamment des femelles de haut rang.

 

L'entelle est diurne et semi-arboricole. © dinosoria.com

 

Comme chez la plupart des singes, l’épouillage reste le grand moyen de communication entre individus.

L'entelle vit en groupes variant de 2 à plus de 100 individus.

Alimentation

Les semnopithèques ont un régime végétarien. Ces primates arboricoles possèdent un estomac sophistiqué. Il leur permet de digérer toutes sortes de feuilles, parfois même toxiques.
Doté d’une panse de prédigestion, l’estomac de ces singes produit des bactéries neutralisant les feuilles toxiques ingérées par erreur.

On retrouve cette caractéristique chez la plupart des Colobinés. La digestion étant lente, ces primates passent la majorité de leur journée à digérer et le reste du temps à manger.
Ceci explique peut-être que leur vie sociale est moins développée que celle d’autres Cercopithécidés comme le babouin.

 

Séance d'épouillage. © dinosoria.com

 

L'entelle se nourrit de feuilles, de fruits et de fleurs. Il complète son menu avec des insectes et de l'écorce. Dans les zones urbaines, il mange ce qu'il trouve et ne se montre pas très sélectif.

Reproduction de l'entelle

Ces singes se reproduisent une fois par an. La période de reproduction varie selon les zones géographiques, mais se situe généralement entre juillet et octobre.

La gestation dure 200 à 212 jours. Les femmes continuent à s'accoupler pendant la gestation pour prévenir l'infanticide par les mâles dominants. Elles mettent au monde un petit, mais peuvent donner naissance à des jumeaux.

Les petits sont sevrés entre 8,5 et 13 mois. Pâle à la naissance, la peau fonce au bout de 3 mois. Ils passent la première semaine avec leur mère puis sont pris en charge par d'autres femelles qui ont récemment accouché d'un nouveau-né.
Au bout de 6 semaines, les jeunes commencent à s'alimenter de manière indépendante.

 

Une femelle entelle et son bébé. © dinosoria.com

 

Les mères sont très protectrices. Il arrive que des femelles d'autres clans enlèvent des nouveau-nés. Dans ce cas, les mères n'hésitent pas à risquer leur vie pour protéger et récupérer leur progéniture.

Une des caractéristiques les plus singulières du semnopithèque est la couleur des nouveau-nés chez le semnopithèque à crête. En effet, les petits naissent recouverts d’un duvet orange.
Selon certains spécialistes, cette couleur stimulerait l’affection maternelle et neutraliserait l’agressivité des mâles.
Ainsi paré, le petit singe bénéficierait d’un environnement attentif et pacifique. Ce pelage d’enfance est appelé « lanugo ».
Il pourrait également servir de protection contre les parasites.

Présentation de quelques espèces de semnopithèques

Les semnopithèques ont colonisé de nombreux types de milieux forestiers en Asie.

Le semnopithèque obscur (Trachypithecus obscurus) : Ce singe vit en Thaïlande et dans la péninsule malaise. Il fréquente les forêts tropicales et d’altitude jusqu’à 1 800 mètres. C’est un petit singe de 5 à 9 kg.

Les Anglo-Saxons l’appellent « langur à lunettes », à cause des cercles blancs qu’il possède autour des yeux.
C’est un parfait funambule, très à l’aise également sur les falaises.
Diurne et arboricole, il descend peu à terre, essentiellement pour aller boire.

 

Trachypithecus obscurus. © dinosoria.com

 

Le semnopithèque noir (Trachypithecus auratus) : Il ne vit que sur les îles de Bali, Java et Lombok.
Ce petit colobiné, appelé aussi « langur à crête de Java » se nourrit surtout de feuilles et de fruits.
Son surnom lui vient d’une couronne de poils hérissés qu’il porte autour de la tête.

Il en existe deux sous-espèces qui poussent le même cri d’appel : « Ghek-ghok-ghek-ghok ». Cette espèce vit en groupes de 5 à 6 individus et préfère les forêts denses.

Le semnopithèque à crête (Trachypithecus cristatus) : Également appelé semnopithèque à coiffe, il vit en Asie du Sud-Est, du Myanmar à Bornéo. Il fréquente les forêts côtières, les plantations et les mangroves.

 

Trachypithecus cristatus. © dinosoria.com

Dans le parc naturel de Kuala Selangor, ces primates vivent en groupes d’une vingtaine d’individus, composé d’un ou deux mâles et de nombreuses femelles accompagnées de leurs petits.

 

Protection de l'entelle

Depuis 2008, cette espèce est classée sur la liste rouge en catégorie mineure en raison de sa large répartition géographique. La population totale est inconnue.

Bien que cette espèce ne soit pas menacée, il existe de nombreux conflits avec l'homme. L'agriculture intensive provoque une destruction de leur habitat.

Cette espèce est protégée (Indian Wildlife Protection et Bangladesh Wildlife Preservation).

Classification: Animalia. Vertebrata. Mammalia. Primates. Cercopithecidae. Semnopithecus
V. BATTAGLIA (11.06.2013)