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Nature en Images 3: Territoire de Belfort : le kaléidoscope grandeur nature
Territoire de Belfort : le kaléidoscope
grandeur nature
source : Détours en France n°157, p. 30Plus petit département français après Paris et sa petite couronne, le Territoire de Belfort pourrait être monotone. Eh bien, non. Profitant de sa situation charnière entre Franche-Comté et Alsace, il est divers et changeant. Ballon d’Alsace, Sundgau belfortain, pays des mennonites, plateau calcaire, villages de montagne..., en quelques kilomètres, les repères changent. Ce mouchoir de poche de 609 km2 est le seul département à porter deux massifs montagneux : les Vosges et le Jura.
Le lac de Malsaucy, à Évette-Salbert, regroupe plusieurs étangs aux portes de Belfort. Site de pêche ou de sports nautiques, but de balades familiales ou spot ornithologique, tous les visages de ce lac sont avenants.Pourquoi un département aussi petit ?
Répondons enfin à la question : quelle anomalie est à l’origine de ce département aussi petit ? L’explication est à chercher dans la défense héroïque de Belfort, en 1870-1871. Après d’âpres tractations avec les Prussiens, la ville et les villages alentour échappent grâce à leur vaillance à l’annexion par l’Allemagne. Quand après la Première Guerre mondiale il s’agit de les réintégrer dans leur région administrative d’origine, l’Alsace, ils refusent. Culturellement, ce territoire n’est pas alsacien (le dialecte n’est pas parlé). Et entre-temps, il s’est peuplé, industrialisé, forgé une identité propre. En 1922, l’État reconnaît son originalité et officialise le département.
L’église de Saint- Dizier-l’Évêque est l’un des plus vieux sanctuaires romans de Franche-Comté. Même très remaniés, ses premiers murs datent de 1041.Un tour en voiture dévoile sa diversité. Au sud, sur le plateau calcaire de la Croix, l’agriculture s’épanouit en champs de blé,d e colza, d’arbres fruitiers, en prairies à vaches montbéliardes. On trouve aussi de minuscules villages, Croix, Villars-le-Sec, Lebetain, scotchés à la frontière suisse. Ils sont dotés d’un curieux patrimoine, dont ces « archaïques » puits à balancier, à Croix, les mêmes que l’on trouve en Afrique. Ou le lavoir miraculeux de Saint-Dizier-l’Évêque, le « village des fous ».
La fontaine Saint-Léger de Montbouton. Ses eaux, célèbres depuis 1731, guériraient les affections oculaires.Au passage, un arrêt à Montbouton, et voilà une partie de la Franche-Comté en Cinémascope : les contreforts du Jura, au sud ; la plaine usinière de Sochaux-Montbéliard et Belfort, à l’ouest ; les Vosges, au nord.
L’Alsace, déjà ? Non, mais un avant-goût à Suarce, village typique du Sundgau qui s’enorgueillit de ses vastes demeures alsaciennes. Certaines datent du XVIIIe siècle.Un tour au ballon
Autre influence à Suarce, dans le secteur du Sundgau belfortain. Le village capte les premiers symboles de l’Alsace toute proche. Oh, pas grand-chose, des ersatz de patrimoine, maisons à colombages par-ci, avant-toits protecteurs par-là. On en trouve aussi à Recouvrance. Plus loin, la Bourbeuse annonce un autre paysage : la plaine alluvionnaire. Ici passe le canal du Rhône au Rhin, dit aussi Rhin-Rhône. Et l’Eurovélo 6, des fois qu’il nous prenne l’idée de pédaler jusqu’à Nantes ou la mer Noire ! Mais les cyclistes ont mieux à faire. Par exemple, gravir le Ballon d’Alsace.
Du sommet du Ballon d’Alsace, à 1427 mètres, c’est une houle de monts bossus et boisés qui se bouscule sous nos yeux. Roux les feuillus, rousses les vaches salers qui passent la belle saison dans les pâturages de la mi-mai à la mi-octobre.À 1247 mètres d'altitude, le Ballon d'Alsace, point culminant des Vosges du Sud, est partagé entre trois régions et quatre départements.
Car voilà la ligne bleue des Vosges, un massif dont la partie sud appartient au Territoire de Belfort. On peut pédaler mais aussi skier dans ce département... quand il neige. À 1247 mètres d’altitude, le Ballon d’Alsace est le point culminant des Vosges du Sud, partagé entre trois régions et quatre départements. Sapins et mélèzes bordent la route en lacets qui débouche au sommet sur des paysages de chaumes. Se retrouver à l’heure du goûter à déguster une tarte aux myrtilles, par 18 °C, après avoir bronzé dans le Sundgau, dit bien la variété de climats auquel le département est soumis.
Aventure « Alpine »
Côté sites et villages, le changement est brutal. La vallée qui mène à Riervescemont depuis Giromagny a des allures d’aventure alpine. Les cascades du Rummel et du Saut de la Truite ont un goût de fraîcheur inédit. Et le village d’Auxelles-Haut, tapi en cul-de- sac sur le flanc sud du massif, aligne des maisons basses qui témoignent de la rigueur des températures hivernales.
La cascade du Saut de la Truite, au-dessus de Lepuix-Gy, est l’une des chutes de la rivière Savoureuse qui prend sa source sous le Ballon d’Alsace.La mosaïque « terrifortaine » est presque complète. Il faut y rajouter le lac de Malsaucy, une belle étendue dédiée aux loisirs nautiques et site hôte du festival des Eurockéennes. Une touche balnéaire dans ce minuscule département qui cultive une immense diversité paysagère.