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    À la découverte des châteaux de la Loire

     

    Les châteaux de la Loire s'étirent sur 280 km, de Sully-sur-Loire (près d'Orléans) à Chalonnes-sur-Loire (près d'Angers), dans une région habitée depuis la nuit des temps : le Val de Loire aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Un Val de Loire dont les frontières s'ajustent au gré des anciennes provinces (Anjou, Touraine, Orléanais, Maine, Berry), jusqu'à mordre sur les Pays de la Loire. Ainsi, sur cette portion du plus long fleuve de France, ils seraient près de 300 châteaux à ponctuer ses rives : une dizaine de châteaux royaux, une vingtaine de châteaux nobiliaires de première importance historique ou architecturale ; et tous les autres châteaux nobiliaires.

    C'est en Val de Loire que le pouvoir royal se tint du XVe au XVIe siècle. Les têtes couronnées s'y plaisaient, de Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII, Louis XII, François 1er, Henri II, aux illustres femmes, Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Diane de Poitiers. Durant la guerre de Cent Ans, la Loire fut la ligne défensive naturelle entre les royaumes de France et d'Angleterre (globalement tout l'ouest de la France, du nord au sud) et le théâtre de rivalités opposant les dynasties des Plantagenêt et des Valois. 

    Pour une grande part, ces châteaux ont été bâtis au Moyen Âge, sur d'anciennes forteresses ou places fortes, en position dominante sur un éperon rocheux. Fortement remaniés au fil des événements historiques, ils marient plusieurs styles et leur allure actuelle s'est à peu près figée au retour de la campagne d'Italie conduite par le roi François 1er. Un roi, mécène, désireux de réunir une cour d'artistes et d'intellectuels savants. La Renaissance qui s'est installée en Italie depuis un siècle, va impulser ici en Val de Loire, une nouvelle esthétique à l'unisson des grandes découvertes. Le style Renaissance amorcera le style classique, à la « François Mansard ».

    Les châteaux de la Loire sont des livres d'histoire à lire au travers de leur architecture, ils signent la fin de l'époque médiévale et amorcent l'époque moderne. Les mœurs s'adoucissent, les jardins clos du Moyen Âge s'ouvrent largement, se parent de volières, d'orangeries et de folies, la cour se féminise. Et François 1er aura cette belle phrase : « Une cour sans femme est un jardin sans fleurs ».

     
     
     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château d'Amboise, là où se déjoua le complot des réformés

    Voici le premier jardin renaissance du Val de Loire, composé au XVe siècle par Dom Pacello da Mercogliano, jardinier paysagiste, inventif qui rompt avec la tradition médiévale des jardins clos. Le château d'Amboise est l'un des plus beaux châteaux de France et pourtant, il a perdu les quatre cinquièmes de ces bâtiments d'origine sous Napoléon. Bâti sur un immense surplomb de 40 mètres, il constituait un poste d'observation et une défense naturelle idéale sur la Loire, déjà occupée durant l'Antiquité. Après avoir été une place forte, il devient une résidence royale pour Charles VII et Louis XI. Aux XVe et XVIe siècles, la cour de France y séjourne. Sous Charles VIII, le château prend des allures de gothique flamboyant et s'enrichit successivement de deux imposantes tours cavalières (permettant aux carrosses et attelages de monter aux terrasses), de logis d'apparat, d'un oratoire, de la chapelle Saint-Hubert, il compte alors 220 pièces. Lui succédant, Louis XII fit bâtir l'autre aile dans le style Renaissance et le roi François 1er poursuivit les travaux d'embellissement « à l'italienne ». Parmi les illustres invités de ce roi féru d'art et de lettres, Léonard de Vinci (1452-1519) qui y séjourna de 1516 à 1519, qui est enterré dans la chapelle.

    Le château est célèbre aussi pour marquer le début des guerres de religion, entre protestants et catholiques : la « conjuration d'Amboise » eut lieu le 17 mars 1560, jour où l'enlèvement du futur roi François II par le Duc de Condé échoue. Le complot des réformés ayant été déjoué, les insurgés sont condamnés, décapités ou pendus au pied du château et la cour assiste depuis la salle du Conseil au supplice sur les balcons qui serviront de potence, à titre d'exemple. Tombé dans l'oubli, il renaît au XVIIIe siècle grâce au Duc de Choiseul, ministre de Louis XV avant d'être irrémédiablement pillé lors de la Révolution française. Tour à tour prison, hospice, bombardé pendant la seconde guerre mondiale, le château devient propriété de la Fondation Saint-Louis au XXe siècle.

    Le château d'Amboise. © Benh Lieu Song,  Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Saumur, bien cadré

    Le château de Saumur est situé en Indre-et-Loire, à la confluence de la Loire et du Thouet. On trouve trace de cet édifice vers l'an 1000 ; c'est une forteresse royale sous Saint-Louis qui fait rehausser les fortifications, puis devient successivement possession des Ducs d'Anjou et des Plantagenêts, Au XIVe siècle, le frère de Charles V, Louis 1er d'Anjou, le transforme en palais fastueux -- sa célèbre silhouette familière illustre le manuel d’histoire des écoliers, où le château est représenté dans Les Très Riches Heures du duc de Berry (env. 1440) --, et à la mort de son successeur, le bon roi René (René d'Anjou), le château de Saumur revient au domaine royal. Il est alors consolidé par une enceinte, toujours existante, d'une conception très novatrice, un tracé à l’italienne (non plus circulaire mais en étoile) révolutionnaire pour son époque. Puis, le château de Saumur devient une prison d'État sous Napoléon ; sous Louis XVIII, le château sert de dépôt de munitions.

    Le château a préservé par-delà l'usure du temps, son escalier à double révolution et son escalier d'honneur, un témoignage architectural précieux car semblable à celui qui existait au château du Louvre. La ville de Saumur le rachète à l'État en 1906, le rénove et en fait un musée, labellisé Musée de France, consacré aux arts décoratifs et au monde de l'équitation. On peut voir au château de Saumur de très belles collections de tapisseries du XVe au XVIIIe siècle et l'une des plus belles collections de céramiques de France. Un accès au belvédère offre un panorama exceptionnel sur la Loire et les alentours.

    Château de Saumur. © Alexander Demyanenko, Fotolia

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le châteaux de Valençay, résidence de Talleyrand

    Avant que Talleyrand n'en fasse l'acquisition en 1803, le château de Valençay a connu remaniement et réaménagements successifs et a intégré plusieurs styles architecturaux. Propriété de la famille d'Estampes de 1451 à 1747, le manoir féodal s'est mu, au fil des alliances matrimoniales en une demeure fastueuse de style Renaissance : sous l'influence de la campagne d’Italie menée par le roi François 1er, les seigneurs qui l'accompagnaient ne manquaient pas de transposer ces nouveaux codes architecturaux de la Renaissance que sont la symétrie, les proportions, la répétition et l'équilibre des décorations. Une nouvelle esthétique, faisant la part belle aux décors finement sculptés, qui parvient à harmoniser les allures médiévales du donjon carré flanqué de tourelles aux angles, les tours coiffées de toitures à la Mansart.

    Fin XVIIIe et début XIXe, son propriétaire, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, le décore richement. Le ministre de Napoléon y a reçu les princes d’Espagne, gardés captifs durant six ans. Il fit construire à leur intention et pour les divertir un théâtre à l'italienne de 100 places, décoré « à l'Antique », toujours visible. Le château jouit d'une grande perspective sur l'ouest, son vaste domaine de 53 hectares cache une forêt où niche une grotte aux chauves-souris classée au patrimoine naturel Natura 2000. Le château de Valençay est un écrin pour les somptueuses collections de mobilier du XVIIIe et d'époque Empire, réparties sur une centaine de pièces ou appartements, donnant une idée du train de vie fastueux et aristocratique de son hôte.

    Château de Valençay. © Jean-Christophe Benoist, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Villandry et sa mosaïque végétale

    À 15 km de Tours, ses jardins lui font de l'ombre tant il est vrai qu'ils éclipsent la beauté du bâtiment pourtant magnifique. La réputation du château de Villandry n'est plus à faire. C'est l'œuvre du docteur Joachim Carvallo qui offrit à Villandry sa seconde renaissance lorsqu'il en fait l'acquisition en 1906. Il redonne vie au château qui frôle la démolition ainsi qu'aux jardins et aux parterres en reconstituant l'aspect authentique du style Renaissance. Les six hectares sont agencés sur différents niveaux de terrasses, révélant une dentelle végétale inouïe : l'exceptionnel jardin potager, qui associe le jardin médiéval des simples avec le jardin italien de la Renaissance, est composé de neuf carrés bordés d'arbres fruitiers palissés et plantés de légumes colorés, le jardin d'ornement, le jardin d'eau, le labyrinthe et le jardin du soleil -- à noter que le potager est régulièrement mis à l'honneur lors des Journées du Potager, chaque dernier week-end de septembre.

    Le château de Villandry est le petit dernier de la série des châteaux de la Loire bâtis au XVIe siècle, à l'époque de la Renaissance. Il a conservé sa tour médiévale, seul témoin de la signature du traité de paix entre le roi d'Angleterre, Henri II Plantagenêt, reconnaissant sa défaite face au roi de France, Philippe Auguste. La monarchie capétienne récupéra alors son immense empire comprenant la Normandie, la Bretagne, le Maine, la Touraine, l'Anjou, le Poitou et l'Aquitaine. D'alliance en alliance, et à la fin de la guerre de Cent Ans, le château prend l'aspect d'une grande demeure palatiale, grâce à son propriétaire du moment, Jean Le Breton, ministre des Finances de François 1er, et qui n'est autre que le superviseur des travaux du château de Chambord et qui, fort de cette expérience, met en œuvre une architecture préfigurant Fontainebleau avec de vastes jardins de plaisance. 

    Château de Villandry. © JL, Fotolia

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château d'Angers, la forteresse imprenable

    Le château des ducs d'Anjou domine la Maine sur son promontoire de schiste ardoisier évidemment choisi pour sa position défensive à 47 mètres, le point le plus haut. Durant l'occupation romaine, vers le 1er siècle, c'est une plate-forme occupée de 3.600 m2, déjà ceinte de murs et de contreforts. À la fin du IIIe siècle, pour se protéger des invasions, les murs monteront jusqu'à 12 mètres. La forteresse fut construite sous la régence de Blanche de Castille, puis par Saint-Louis en 1230 qui fit édifier 17 tours bichromes reliées entre elles, de 30 m de haut et 18 m de large, et couvre une surface de 25.000 m2. On y accède toujours par son pont-levis et par l'une ou l'autre de ses remarquables portes -- la Porte des Champs qui n'a subi aucune modification depuis le XIIIe siècle ou la Porte de la ville -- qui présentent toutes deux un système de défense à double herse.

    Puis, à partir des XIVe et XVe, les successeurs marquèrent fortement son évolution en y faisant construire le logis royal, une chapelle et le châtelet. Le règne des Ducs d'Anjou, par leur caractère éclairé, donna à la citadelle une architecture moins dissuasive et plus raffinée pour accueillir la cour. En témoigne ce joyau de l'art médiéval qu'est la Tapisserie de l'Apocalypse, commandée en 1375 par le duc Louis 1er. Cette réalisation, unique au monde, couvrait une surface de 850m2. Cette tapisserie de lice, issue des ateliers parisiens de Nicolas Bataille et conçue par Jean de Bruges, est constituée, sur 100 mètres de long, d'une enfilade de six pièces mesurant environ 4.50 mètres de haut représentant le récit de l'Apocalypse de Saint-Jean en quatorze scènes, en y mêlant un formidable témoignage du contexte historique. Le « bon roi René » finit d'humaniser le château. Voulant faire de l'Anjou, le « jardin de la France », ce roi considéré comme le précurseur de l'horticulture, y aménagea une ménagerie, des vignes et des jardins. Ce qui n'empêcha pas Nicolas Fouquet, surintendant des finances du roi, d'y être emprisonné sur ordre de Louis XVI.

    Château d'Angers. © Marc Ryckaert, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Blois, la pouponnière des enfants royaux

    Le château de Blois est un exemple typique de l'évolution de l'architecture française entre le XIIIe et le XVIIe siècle, du Moyen Âge à l'époque classique. Construit sur la rive droite de la Loire, une diversité de styles s'y est inscrite avec, dans la cour intérieure, l'aile gothique flamboyant Louis XII, le château gothique du Moyen Âge, l'aile Renaissance François 1er, et l'aile classique Gaston d'Orléans, construite par François Mansart. Ici s'est joué le destin de 7 rois et de 10 reines de France. À la Renaissance, le château fut la résidence favorite des rois de France. Il était appelé la « maison des enfants », les futurs héritiers envoyés dans cette crèche appréciée pour la douceur de son logis et de son climat. Nombre de petits princes et princesses y furent élevés : les sept enfants de la Reine Claude et de François 1er, les dix d'Henri II et de Catherine de Médicis... Parmi les quelque 300 personnes, dévouées à leur service, des médecins, des ébénistes pour fabriquer jouets et meubles, et la nourrice qui partageait la chambre de l'héritier jusqu'à l'âge de 7 ans, veillant sur son éducation. Le château de Blois fut délaissé par Louis XIV, puis pillé à la Révolution française jusqu'à ce Napoléon en fasse une caserne, et que Prosper Mérimée obtienne sa remise en état. Aujourd'hui, il est la propriété de la ville de Blois.

    Château de Blois. © Leonid Andronov, Fotolia

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Sully-sur-Loire en éclaireur sur le fleuve

    Le château fort de Sully-sur-Loire est situé dans le Loiret, en région Centre-Val de Loire, à proximité d'OrléansArchétype de l'architecture défensive et moins connu que d'autres, il est posé, là comme en éclaireur à l'aube de la Renaissance.

    Les travaux de sa construction ont démarré au XIVe siècle, sous Philippe Auguste qui initia la tour maîtresse mais il est fait mention d'un édifice dès 1100 contrôlant un pont sur le fleuve. La forme actuelle de forteresse médiévale est l'œuvre de Guy VI de la Trémoille en 1396 qui fit ajouter le donjon, ensemble rectangulaire flanqué de quatre tours circulaires, et d'une porte à deux tours. Son chemin de ronde permettait aux gardes de surveiller jusqu'à 15 km à la ronde. C'est dans cette partie, la salle dite du Grand Galetas, que l'on peut admirer une charpente en berceau brisé, vieille de six cents ans, construite en bois des chênes des forêts de Cerdon et de l'Orléanais, elle est un authentique témoignage du savoir-faire des maîtres charpentiers de cette époque.

    Il est complété au milieu du XVe siècle par un petit château résidentiel, puis par les importantes contributions du Grand Sully, ministre d'Henri IV, qui fit construire une tour d'artillerie et une galerie, achevant de clore l'enceinte, ainsi qu'un parc. En mars 1652, c'est ici que le jeune Louis XIV se réfugia pour échapper à la Fronde des princes. Puis, par la suite, Voltaire, alors en exil, y trouva refuge. Endommagé lors de deux conflits mondiaux du XXe sc, ce château, entouré de douves en eaux dormantes, reçoit quelque 60.000 visiteurs par an. Il est célèbre pour son festival international de musique classique.

    Château de Sully-sur-Loire. © Pline, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Chaumont-sur-Loire et ses jardins éphémères

    Le château de Chaumont-sur-Loire tire ses origines en l'an 1000, alors que sa forteresse constitue une frontière entre les comtés de Blois et d'Anjou. Quatre siècles plus tard, en 1465, il est rasé et reconstruit par la famille d'Amboise dans le style Louis XII, conservant quelques fortifications mais déjà influencé par la renaissance en faisant un château d'agrément. Après Catherine de Médicis, c'est Diane de Poitiers qui en hérite et lui donnera son allure actuelle. Au XVIIIe siècle, il perd son aile nord au profit d'une ouverture et d'un point de vue unique sur la Loire. Au XIXe, les propriétaires (la famille Say-de-Broglie) enrichissent les intérieurs de mobiliers et décorations somptueuses et font aménager de luxueuses écuries, considérées à l'époque comme les plus belles et modernes de toute l'Europe, ainsi qu'un parc. Aujourd'hui, le château de Chaumont-sur-Loire est célèbre pour son festival international des jardins qui réunit, depuis 28 ans dans son domaine, les créations paysagères ou installations artistiques des lauréats, sélectionnés lors du concours organisé en amont.

    Château de Chaumont-sur-Loire vu depuis le parc. © Juliette Jourdan, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Chenonceau, le plus féminin

    Ce château est l'œuvre des dames qui, successivement, ont réalisé en Touraine cet ensemble unique au monde. Du premier corps de logis, de style médiéval, il ne reste que la tour des Marques. Catherine Briçonnet débuta les travaux du bâtiment principal dès 1513 à l'emplacement d'un ancien moulin, et Diane de Poitiers, favorite d'Henri II, fit ensuite aménager un jardin et construire le pont à cinq arches au-dessus du Cher, enfin Catherine de Médicis, veuve d'Henri II, récupéra le château et entreprit de faire courir une galerie de deux étages sur toute la longueur du pont (66 m de long sur 6 de large). C'est le seul château construit sur un pont !

    D'autres femmes l'embelliront ou l'habiteront comme Louise Dupin, femme du siècle des Lumières, qui y tenait salon littéraire et qui rédigea ici en compagnie de Jean-Jacques Rousseau, le premier Code des droits de la femme. D'autres le sauveront, comme Madame Pelouze qui entreprit une restauration pharaonique. Ruinée, elle le céda à la famille Meunier, toujours propriétaire qui transforma à ses frais Chenonceau en hôpital militaire lors de la première guerre mondiale. Et lors du second conflit mondial, le château se retrouvant à cheval sur la ligne de démarcation, la galerie fut le seul point de passage vers la zone libre pour de nombreux clandestins et utilisée par la résistance. Le domaine comprend, en amont, l'allée d'honneur bordée de platanes sur un kilomètre, le labyrinthe de Catherine de Médicis qui compte plus de 2.000 ifs sur un hectare ; dans cette partie se trouvent la ferme du XVIe siècle, un ensemble comprenant un potager et un jardin à l'ancienne mais aussi les écuries de Catherine de Médicis où sont exposées la galerie des Attelages et la collection de voitures hippomobiles du XVIIIe au XIXe siècle ; son avant-cour comprend la Chancellerie, le bâtiment des Dômes et le musée des cires. Chenonceau est aussi célèbre pour ses immenses cuisines installées au sous-sol, pour son accès direct au Cher et son quai de débarquement des marchandises. La légende dit que Diane de Poitiers l'empruntait pour s'y baigner. Avec 850.000 visiteurs par an, Chenonceau est le château privé le plus visité de France.

    Panorama du château de Chenonceau, Indre-et-Loire, France. © Ra-smit's, Wikimedia Commons, CCO, GFDL

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Langeais, forteresse qui tombe l'armure

    Comme la plupart des châteaux de la Loire précédant la Renaissance, ce château sis dans la commune de Langeais, en Indre-et-Loire, entre Tour et Saumur, surplombe la Loire sur son promontoire. Il a été construit à l'époque médiévale sur l'emplacement d'un ancien castrum de bois, vers l'an 1000 par le comte d'Anjou, Foulques Nerra. Au XVe siècle, Louis XI décide de le remodeler et d'en faire un nouveau château, il conserve les attributs défensifs de la forteresse, grosses tours, pont-levis, chemin de ronde sur mâchicoulis mais le roi en fait un lieu de résidence agréable, ouvert sur l'extérieur par de belles fenêtres et meublée de mobilier sculpté. Celui-ci est toujours exposé dans une quinzaine de salles donnant lieu à de riches reconstitutions de scènes de la vie quotidienne, ainsi qu'une collection de tapisseries des XVe et XVIe siècle, exceptionnellement bien conservées. Dans ce château, en 1491, fut célébré le mariage royal de Charles VIII avec Anne de Bretagne, marquant le rattachement de la Bretagne à la France. Face au château, deux hauts pans de murs de pierre en équerre, vestiges probables de l'ancien donjon, restituent les méthodes de construction de l'époque grâce à un échafaudage reconstitué.

    Pillé et vandalisé à la Révolution, il retrouve néanmoins sa superbe grâce à l'homme d'affaires, Jacques Siegfried, qui en fera don à l'Institut de France, l'actuel propriétaire. Le château de Langeais accueille aujourd'hui 100.000 visiteurs par an.

    Le château de Langeais. © Jean-Christophe Benoist CC by-sa 3.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire 

    Le château de Loches, cité médiévale fortifiée

    C'est l'une des plus belles cités médiévales fortifiées de France dominant la ville et la vallée de l'Indre, au cœur de la Touraine (région Centre-Val de Loire). Elle s'est édifiée durant cinq cents ans, du début du XIe au XVIe siècle. Remarquable par son donjon de 37 mètres, celui-ci est l'un chef-d'œuvre d'architecture militaire entrepris autour de l'an mil, et figure parmi l'un des mieux conservés d'Europe. Réputée imprenable, cette forteresse fut construite sous Foulques Nerra, comte d'Anjou. Elle fut le siège de nombreuses attaques, témoins des luttes entre Valois et Plantagenêt. Son église Saint-Ours fut bâtie au XIIe siècle et d'autres bâtiments et tours vinrent compléter l'ensemble fortifié.

    La cité royale accueillit Jeanne d’Arc après la victoire d'Orléans, Anne de Bretagne qui fit construire vers 1500 le splendide oratoire gothique flamboyant. Parmi les personnages célèbres qui vécurent au château de Loches, il en est un particulier et qui n'est autre que l'un des grands mécènes de Léonard de Vinci, Ludovic Sforza, commanditaire du célébrissime tableau de La Cène. Il fut prisonnier au château de Loches et y a gravé son empreinte. Prisonnier politique particulièrement choyé, ce duc milanais bénéficia de privilèges durant ses quatre années de captivité. Passionné par les arts et les sciences, il a peint et décoré les murs de son cachot de somptueuses fresques décoratives. La ville de Loches est aussi connue pour ses sites et habitations troglodytes.

    © Krzysztof Golik, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Chambord, champion des superlatifs

    Doit-on encore présenter le château de Chambord, chef-d'œuvre architectural ? 156 mètres de façade, 56 mètres de hauteur, un donjon de 44 mètres, 426 pièces, 77 escaliers, 282 cheminées et 800 chapiteaux sculptés, soit 220.000 tonnes de pierre érigées sur des marécages. Le château des superlatifs illustre de façon remarquable la transition du gothique flamboyant vers l'architecture de la Renaissance. C'est l'incontournable des châteaux de la Loire, situé en Loir-et-Cher, et pour cause, il est le seul domaine royal, encore intact depuis sa construction en 1519 par François 1er, peu après son retour victorieux de sa campagne d'Italie ; le monarque n'y vécut que 62 jours au cours de ses 32 ans de règne.

    Roi esthète et bâtisseur, il s'est impliqué dans les travaux, mais pour ce qui est de l'architecte et des plans, le mystère plane toujours ; néanmoins des écrits de Léonard de Vinci décrivant un astucieux système de latrines à double fosse et double conduit, laissent penser qu'il en serait à l'origine -- il n'y a qu'à Chambord que ces latrines existent -- ainsi que d'autres éléments tels que les dessins des escaliers à double hélice et ceux des structures du corps central en croix grecque aussi.

    Grand amateur de chasse, François 1er a été séduit par cette forêt fort giboyeuse. Elle l'est toujours, tant en gros gibier (cerf) qu'en oiseaux ; le domaine forestier de Chambord est classé zone Natura 2000

    Fort heureusement, le château fut épargné par les bombardements de la seconde guerre mondiale. Dès le début du conflit, le château fut transformé en centre de triage des trésors des musées nationaux de Paris et du Nord de la France. Par 37 convois, la Joconde, 3.690 autres tableaux et des œuvres égyptiennes furent évacuées et protégées des bombardements allemands. Le château de Chambord ainsi que le village sont propriété de l'État et sont placés sous le statut juridique d'EPIC (Établissement public industriel et commercial).

    © Contefosco, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Chateaudun, condensé de styles

    Ce château se dressant sur son éperon rocheux, dans la ville de Châteaudun, en Eure-et-Loir, a été bâti entre les XIIe et XVIe siècle. De tous les aspects parmi les plus intéressants, le plus remarquable est le mélange harmonieux des styles, résumant l’architecture militaire, l'art du gothique puis le style renaissance, au gré des aménagements des propriétaires successifs. Cette place forte, dominant le Loir, semble ouvrir la voie vers ses célèbres acolytes d'apparat de la vallée ligérienne. Construit vers 1180, son imposant donjon cylindrique, entre 30 et 40 mètres, est renforcé par d'épais murs et compte trois niveaux. Il est l'un des plus anciens et l'un des mieux conservés de France. La chapelle date de la seconde moitié du XVe siècle et l'aile Dunois comprend une salle de justice de l’Ancien Régime conservée en l'état depuis sa création. Jean de Dunois, fils naturel de Louis 1er d'Orléans, et demi-frère du roi Charles d'Orléans -- est connu pour s'être illustré au combat durant la guerre de Cent Ans et pour être le compagnon d'armes de Jeanne d’Arc. Dernier bâtiment érigé par les descendants, l'aile Longueville, de style Louis XII, où est conservée une collection de soixante-dix tapisseries. Entre l'aile Dunois et l'aile Longueville, on peut admirer dans la cour du château, deux superbes escaliers à loggias, sculptés. À ne pas manquer, les jardins suspendus et les jardins potagers où, dans les douze carrés de buis, sont cultivées 150 espèces de plantes aromatiques et médicinales ainsi que des variétés de légumes présents sur les tables médiévales.

    Cour du château de Chateaudun. © Perbost, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0 GFDL

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château aquatique d'Azay-le-Rideau

    Balzac l'a décrit comme « un diamant taillé à facettes serti par l'Indre ». Un poème posé sur la brume du matin... Plus exactement posé sur une île de l'Indre, construit sur des fondations à base de pilotis et de pierres de Saint-Aignan. Commandité par Gilles Berthelot, le château d'Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) s'est élevé en 1518, sous le règne de François 1er. Il est l'un des plus ravissants, entouré de ses douves et de ses jardins. Bâti sur l'emplacement d'une vieille forteresse, il ne prend définitivement cette fière allure Renaissance d'inspiration italienne, qu'au XIXe à la suite d'importantes rénovations, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur et dans le jardin. Les propriétaires le cèdent à l'État en 1905. De petite taille, le château se compose d'un corps principal avec une tourelle à chaque angle et d'une aile perpendiculaire. Il est représentatif des courants esthétiques venus d'Italie et qui, ici, se superposent aux traditions architecturales françaises. L'intérieur est typique de la Renaissance italienne. Grâce à un partenariat entre le Centre des monuments nationaux et le Mobilier national, le rez-de-chaussée a pu être entièrement meublé en se basant sur les inventaires des propriétaires du XIXe. Depuis 2011, il est possible de visiter les combles pour y admirer la charpente d'origine, dont le tracé a été inscrit, en 2009, sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco. Un vaste chantier de restauration, de 2015 à 2017 lui a permis de retrouver sa superbe merveilleuse.

    Château d'Azay-le-Rideau. © Jean-Christophe Benoist, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

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    À la découverte des châteaux de la Loire

     

    Les châteaux de la Loire s'étirent sur 280 km, de Sully-sur-Loire (près d'Orléans) à Chalonnes-sur-Loire (près d'Angers), dans une région habitée depuis la nuit des temps : le Val de Loire aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Un Val de Loire dont les frontières s'ajustent au gré des anciennes provinces (Anjou, Touraine, Orléanais, Maine, Berry), jusqu'à mordre sur les Pays de la Loire. Ainsi, sur cette portion du plus long fleuve de France, ils seraient près de 300 châteaux à ponctuer ses rives : une dizaine de châteaux royaux, une vingtaine de châteaux nobiliaires de première importance historique ou architecturale ; et tous les autres châteaux nobiliaires.

    C'est en Val de Loire que le pouvoir royal se tint du XVe au XVIe siècle. Les têtes couronnées s'y plaisaient, de Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII, Louis XII, François 1er, Henri II, aux illustres femmes, Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Diane de Poitiers. Durant la guerre de Cent Ans, la Loire fut la ligne défensive naturelle entre les royaumes de France et d'Angleterre (globalement tout l'ouest de la France, du nord au sud) et le théâtre de rivalités opposant les dynasties des Plantagenêt et des Valois. 

    Pour une grande part, ces châteaux ont été bâtis au Moyen Âge, sur d'anciennes forteresses ou places fortes, en position dominante sur un éperon rocheux. Fortement remaniés au fil des événements historiques, ils marient plusieurs styles et leur allure actuelle s'est à peu près figée au retour de la campagne d'Italie conduite par le roi François 1er. Un roi, mécène, désireux de réunir une cour d'artistes et d'intellectuels savants. La Renaissance qui s'est installée en Italie depuis un siècle, va impulser ici en Val de Loire, une nouvelle esthétique à l'unisson des grandes découvertes. Le style Renaissance amorcera le style classique, à la « François Mansard ».

    Les châteaux de la Loire sont des livres d'histoire à lire au travers de leur architecture, ils signent la fin de l'époque médiévale et amorcent l'époque moderne. Les mœurs s'adoucissent, les jardins clos du Moyen Âge s'ouvrent largement, se parent de volières, d'orangeries et de folies, la cour se féminise. Et François 1er aura cette belle phrase : « Une cour sans femme est un jardin sans fleurs ».

     
     
     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château d'Amboise, là où se déjoua le complot des réformés

    Voici le premier jardin renaissance du Val de Loire, composé au XVe siècle par Dom Pacello da Mercogliano, jardinier paysagiste, inventif qui rompt avec la tradition médiévale des jardins clos. Le château d'Amboise est l'un des plus beaux châteaux de France et pourtant, il a perdu les quatre cinquièmes de ces bâtiments d'origine sous Napoléon. Bâti sur un immense surplomb de 40 mètres, il constituait un poste d'observation et une défense naturelle idéale sur la Loire, déjà occupée durant l'Antiquité. Après avoir été une place forte, il devient une résidence royale pour Charles VII et Louis XI. Aux XVe et XVIe siècles, la cour de France y séjourne. Sous Charles VIII, le château prend des allures de gothique flamboyant et s'enrichit successivement de deux imposantes tours cavalières (permettant aux carrosses et attelages de monter aux terrasses), de logis d'apparat, d'un oratoire, de la chapelle Saint-Hubert, il compte alors 220 pièces. Lui succédant, Louis XII fit bâtir l'autre aile dans le style Renaissance et le roi François 1er poursuivit les travaux d'embellissement « à l'italienne ». Parmi les illustres invités de ce roi féru d'art et de lettres, Léonard de Vinci (1452-1519) qui y séjourna de 1516 à 1519, qui est enterré dans la chapelle.

    Le château est célèbre aussi pour marquer le début des guerres de religion, entre protestants et catholiques : la « conjuration d'Amboise » eut lieu le 17 mars 1560, jour où l'enlèvement du futur roi François II par le Duc de Condé échoue. Le complot des réformés ayant été déjoué, les insurgés sont condamnés, décapités ou pendus au pied du château et la cour assiste depuis la salle du Conseil au supplice sur les balcons qui serviront de potence, à titre d'exemple. Tombé dans l'oubli, il renaît au XVIIIe siècle grâce au Duc de Choiseul, ministre de Louis XV avant d'être irrémédiablement pillé lors de la Révolution française. Tour à tour prison, hospice, bombardé pendant la seconde guerre mondiale, le château devient propriété de la Fondation Saint-Louis au XXe siècle.

    Le château d'Amboise. © Benh Lieu Song,  Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Saumur, bien cadré

    Le château de Saumur est situé en Indre-et-Loire, à la confluence de la Loire et du Thouet. On trouve trace de cet édifice vers l'an 1000 ; c'est une forteresse royale sous Saint-Louis qui fait rehausser les fortifications, puis devient successivement possession des Ducs d'Anjou et des Plantagenêts, Au XIVe siècle, le frère de Charles V, Louis 1er d'Anjou, le transforme en palais fastueux -- sa célèbre silhouette familière illustre le manuel d’histoire des écoliers, où le château est représenté dans Les Très Riches Heures du duc de Berry (env. 1440) --, et à la mort de son successeur, le bon roi René (René d'Anjou), le château de Saumur revient au domaine royal. Il est alors consolidé par une enceinte, toujours existante, d'une conception très novatrice, un tracé à l’italienne (non plus circulaire mais en étoile) révolutionnaire pour son époque. Puis, le château de Saumur devient une prison d'État sous Napoléon ; sous Louis XVIII, le château sert de dépôt de munitions.

    Le château a préservé par-delà l'usure du temps, son escalier à double révolution et son escalier d'honneur, un témoignage architectural précieux car semblable à celui qui existait au château du Louvre. La ville de Saumur le rachète à l'État en 1906, le rénove et en fait un musée, labellisé Musée de France, consacré aux arts décoratifs et au monde de l'équitation. On peut voir au château de Saumur de très belles collections de tapisseries du XVe au XVIIIe siècle et l'une des plus belles collections de céramiques de France. Un accès au belvédère offre un panorama exceptionnel sur la Loire et les alentours.

    Château de Saumur. © Alexander Demyanenko, Fotolia

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le châteaux de Valençay, résidence de Talleyrand

    Avant que Talleyrand n'en fasse l'acquisition en 1803, le château de Valençay a connu remaniement et réaménagements successifs et a intégré plusieurs styles architecturaux. Propriété de la famille d'Estampes de 1451 à 1747, le manoir féodal s'est mu, au fil des alliances matrimoniales en une demeure fastueuse de style Renaissance : sous l'influence de la campagne d’Italie menée par le roi François 1er, les seigneurs qui l'accompagnaient ne manquaient pas de transposer ces nouveaux codes architecturaux de la Renaissance que sont la symétrie, les proportions, la répétition et l'équilibre des décorations. Une nouvelle esthétique, faisant la part belle aux décors finement sculptés, qui parvient à harmoniser les allures médiévales du donjon carré flanqué de tourelles aux angles, les tours coiffées de toitures à la Mansart.

    Fin XVIIIe et début XIXe, son propriétaire, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, le décore richement. Le ministre de Napoléon y a reçu les princes d’Espagne, gardés captifs durant six ans. Il fit construire à leur intention et pour les divertir un théâtre à l'italienne de 100 places, décoré « à l'Antique », toujours visible. Le château jouit d'une grande perspective sur l'ouest, son vaste domaine de 53 hectares cache une forêt où niche une grotte aux chauves-souris classée au patrimoine naturel Natura 2000. Le château de Valençay est un écrin pour les somptueuses collections de mobilier du XVIIIe et d'époque Empire, réparties sur une centaine de pièces ou appartements, donnant une idée du train de vie fastueux et aristocratique de son hôte.

    Château de Valençay. © Jean-Christophe Benoist, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Villandry et sa mosaïque végétale

    À 15 km de Tours, ses jardins lui font de l'ombre tant il est vrai qu'ils éclipsent la beauté du bâtiment pourtant magnifique. La réputation du château de Villandry n'est plus à faire. C'est l'œuvre du docteur Joachim Carvallo qui offrit à Villandry sa seconde renaissance lorsqu'il en fait l'acquisition en 1906. Il redonne vie au château qui frôle la démolition ainsi qu'aux jardins et aux parterres en reconstituant l'aspect authentique du style Renaissance. Les six hectares sont agencés sur différents niveaux de terrasses, révélant une dentelle végétale inouïe : l'exceptionnel jardin potager, qui associe le jardin médiéval des simples avec le jardin italien de la Renaissance, est composé de neuf carrés bordés d'arbres fruitiers palissés et plantés de légumes colorés, le jardin d'ornement, le jardin d'eau, le labyrinthe et le jardin du soleil -- à noter que le potager est régulièrement mis à l'honneur lors des Journées du Potager, chaque dernier week-end de septembre.

    Le château de Villandry est le petit dernier de la série des châteaux de la Loire bâtis au XVIe siècle, à l'époque de la Renaissance. Il a conservé sa tour médiévale, seul témoin de la signature du traité de paix entre le roi d'Angleterre, Henri II Plantagenêt, reconnaissant sa défaite face au roi de France, Philippe Auguste. La monarchie capétienne récupéra alors son immense empire comprenant la Normandie, la Bretagne, le Maine, la Touraine, l'Anjou, le Poitou et l'Aquitaine. D'alliance en alliance, et à la fin de la guerre de Cent Ans, le château prend l'aspect d'une grande demeure palatiale, grâce à son propriétaire du moment, Jean Le Breton, ministre des Finances de François 1er, et qui n'est autre que le superviseur des travaux du château de Chambord et qui, fort de cette expérience, met en œuvre une architecture préfigurant Fontainebleau avec de vastes jardins de plaisance. 

    Château de Villandry. © JL, Fotolia

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château d'Angers, la forteresse imprenable

    Le château des ducs d'Anjou domine la Maine sur son promontoire de schiste ardoisier évidemment choisi pour sa position défensive à 47 mètres, le point le plus haut. Durant l'occupation romaine, vers le 1er siècle, c'est une plate-forme occupée de 3.600 m2, déjà ceinte de murs et de contreforts. À la fin du IIIe siècle, pour se protéger des invasions, les murs monteront jusqu'à 12 mètres. La forteresse fut construite sous la régence de Blanche de Castille, puis par Saint-Louis en 1230 qui fit édifier 17 tours bichromes reliées entre elles, de 30 m de haut et 18 m de large, et couvre une surface de 25.000 m2. On y accède toujours par son pont-levis et par l'une ou l'autre de ses remarquables portes -- la Porte des Champs qui n'a subi aucune modification depuis le XIIIe siècle ou la Porte de la ville -- qui présentent toutes deux un système de défense à double herse.

    Puis, à partir des XIVe et XVe, les successeurs marquèrent fortement son évolution en y faisant construire le logis royal, une chapelle et le châtelet. Le règne des Ducs d'Anjou, par leur caractère éclairé, donna à la citadelle une architecture moins dissuasive et plus raffinée pour accueillir la cour. En témoigne ce joyau de l'art médiéval qu'est la Tapisserie de l'Apocalypse, commandée en 1375 par le duc Louis 1er. Cette réalisation, unique au monde, couvrait une surface de 850m2. Cette tapisserie de lice, issue des ateliers parisiens de Nicolas Bataille et conçue par Jean de Bruges, est constituée, sur 100 mètres de long, d'une enfilade de six pièces mesurant environ 4.50 mètres de haut représentant le récit de l'Apocalypse de Saint-Jean en quatorze scènes, en y mêlant un formidable témoignage du contexte historique. Le « bon roi René » finit d'humaniser le château. Voulant faire de l'Anjou, le « jardin de la France », ce roi considéré comme le précurseur de l'horticulture, y aménagea une ménagerie, des vignes et des jardins. Ce qui n'empêcha pas Nicolas Fouquet, surintendant des finances du roi, d'y être emprisonné sur ordre de Louis XVI.

    Château d'Angers. © Marc Ryckaert, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Blois, la pouponnière des enfants royaux

    Le château de Blois est un exemple typique de l'évolution de l'architecture française entre le XIIIe et le XVIIe siècle, du Moyen Âge à l'époque classique. Construit sur la rive droite de la Loire, une diversité de styles s'y est inscrite avec, dans la cour intérieure, l'aile gothique flamboyant Louis XII, le château gothique du Moyen Âge, l'aile Renaissance François 1er, et l'aile classique Gaston d'Orléans, construite par François Mansart. Ici s'est joué le destin de 7 rois et de 10 reines de France. À la Renaissance, le château fut la résidence favorite des rois de France. Il était appelé la « maison des enfants », les futurs héritiers envoyés dans cette crèche appréciée pour la douceur de son logis et de son climat. Nombre de petits princes et princesses y furent élevés : les sept enfants de la Reine Claude et de François 1er, les dix d'Henri II et de Catherine de Médicis... Parmi les quelque 300 personnes, dévouées à leur service, des médecins, des ébénistes pour fabriquer jouets et meubles, et la nourrice qui partageait la chambre de l'héritier jusqu'à l'âge de 7 ans, veillant sur son éducation. Le château de Blois fut délaissé par Louis XIV, puis pillé à la Révolution française jusqu'à ce Napoléon en fasse une caserne, et que Prosper Mérimée obtienne sa remise en état. Aujourd'hui, il est la propriété de la ville de Blois.

    Château de Blois. © Leonid Andronov, Fotolia

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Sully-sur-Loire en éclaireur sur le fleuve

    Le château fort de Sully-sur-Loire est situé dans le Loiret, en région Centre-Val de Loire, à proximité d'OrléansArchétype de l'architecture défensive et moins connu que d'autres, il est posé, là comme en éclaireur à l'aube de la Renaissance.

    Les travaux de sa construction ont démarré au XIVe siècle, sous Philippe Auguste qui initia la tour maîtresse mais il est fait mention d'un édifice dès 1100 contrôlant un pont sur le fleuve. La forme actuelle de forteresse médiévale est l'œuvre de Guy VI de la Trémoille en 1396 qui fit ajouter le donjon, ensemble rectangulaire flanqué de quatre tours circulaires, et d'une porte à deux tours. Son chemin de ronde permettait aux gardes de surveiller jusqu'à 15 km à la ronde. C'est dans cette partie, la salle dite du Grand Galetas, que l'on peut admirer une charpente en berceau brisé, vieille de six cents ans, construite en bois des chênes des forêts de Cerdon et de l'Orléanais, elle est un authentique témoignage du savoir-faire des maîtres charpentiers de cette époque.

    Il est complété au milieu du XVe siècle par un petit château résidentiel, puis par les importantes contributions du Grand Sully, ministre d'Henri IV, qui fit construire une tour d'artillerie et une galerie, achevant de clore l'enceinte, ainsi qu'un parc. En mars 1652, c'est ici que le jeune Louis XIV se réfugia pour échapper à la Fronde des princes. Puis, par la suite, Voltaire, alors en exil, y trouva refuge. Endommagé lors de deux conflits mondiaux du XXe sc, ce château, entouré de douves en eaux dormantes, reçoit quelque 60.000 visiteurs par an. Il est célèbre pour son festival international de musique classique.

    Château de Sully-sur-Loire. © Pline, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Chaumont-sur-Loire et ses jardins éphémères

    Le château de Chaumont-sur-Loire tire ses origines en l'an 1000, alors que sa forteresse constitue une frontière entre les comtés de Blois et d'Anjou. Quatre siècles plus tard, en 1465, il est rasé et reconstruit par la famille d'Amboise dans le style Louis XII, conservant quelques fortifications mais déjà influencé par la renaissance en faisant un château d'agrément. Après Catherine de Médicis, c'est Diane de Poitiers qui en hérite et lui donnera son allure actuelle. Au XVIIIe siècle, il perd son aile nord au profit d'une ouverture et d'un point de vue unique sur la Loire. Au XIXe, les propriétaires (la famille Say-de-Broglie) enrichissent les intérieurs de mobiliers et décorations somptueuses et font aménager de luxueuses écuries, considérées à l'époque comme les plus belles et modernes de toute l'Europe, ainsi qu'un parc. Aujourd'hui, le château de Chaumont-sur-Loire est célèbre pour son festival international des jardins qui réunit, depuis 28 ans dans son domaine, les créations paysagères ou installations artistiques des lauréats, sélectionnés lors du concours organisé en amont.

    Château de Chaumont-sur-Loire vu depuis le parc. © Juliette Jourdan, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Chenonceau, le plus féminin

    Ce château est l'œuvre des dames qui, successivement, ont réalisé en Touraine cet ensemble unique au monde. Du premier corps de logis, de style médiéval, il ne reste que la tour des Marques. Catherine Briçonnet débuta les travaux du bâtiment principal dès 1513 à l'emplacement d'un ancien moulin, et Diane de Poitiers, favorite d'Henri II, fit ensuite aménager un jardin et construire le pont à cinq arches au-dessus du Cher, enfin Catherine de Médicis, veuve d'Henri II, récupéra le château et entreprit de faire courir une galerie de deux étages sur toute la longueur du pont (66 m de long sur 6 de large). C'est le seul château construit sur un pont !

    D'autres femmes l'embelliront ou l'habiteront comme Louise Dupin, femme du siècle des Lumières, qui y tenait salon littéraire et qui rédigea ici en compagnie de Jean-Jacques Rousseau, le premier Code des droits de la femme. D'autres le sauveront, comme Madame Pelouze qui entreprit une restauration pharaonique. Ruinée, elle le céda à la famille Meunier, toujours propriétaire qui transforma à ses frais Chenonceau en hôpital militaire lors de la première guerre mondiale. Et lors du second conflit mondial, le château se retrouvant à cheval sur la ligne de démarcation, la galerie fut le seul point de passage vers la zone libre pour de nombreux clandestins et utilisée par la résistance. Le domaine comprend, en amont, l'allée d'honneur bordée de platanes sur un kilomètre, le labyrinthe de Catherine de Médicis qui compte plus de 2.000 ifs sur un hectare ; dans cette partie se trouvent la ferme du XVIe siècle, un ensemble comprenant un potager et un jardin à l'ancienne mais aussi les écuries de Catherine de Médicis où sont exposées la galerie des Attelages et la collection de voitures hippomobiles du XVIIIe au XIXe siècle ; son avant-cour comprend la Chancellerie, le bâtiment des Dômes et le musée des cires. Chenonceau est aussi célèbre pour ses immenses cuisines installées au sous-sol, pour son accès direct au Cher et son quai de débarquement des marchandises. La légende dit que Diane de Poitiers l'empruntait pour s'y baigner. Avec 850.000 visiteurs par an, Chenonceau est le château privé le plus visité de France.

    Panorama du château de Chenonceau, Indre-et-Loire, France. © Ra-smit's, Wikimedia Commons, CCO, GFDL

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Langeais, forteresse qui tombe l'armure

    Comme la plupart des châteaux de la Loire précédant la Renaissance, ce château sis dans la commune de Langeais, en Indre-et-Loire, entre Tour et Saumur, surplombe la Loire sur son promontoire. Il a été construit à l'époque médiévale sur l'emplacement d'un ancien castrum de bois, vers l'an 1000 par le comte d'Anjou, Foulques Nerra. Au XVe siècle, Louis XI décide de le remodeler et d'en faire un nouveau château, il conserve les attributs défensifs de la forteresse, grosses tours, pont-levis, chemin de ronde sur mâchicoulis mais le roi en fait un lieu de résidence agréable, ouvert sur l'extérieur par de belles fenêtres et meublée de mobilier sculpté. Celui-ci est toujours exposé dans une quinzaine de salles donnant lieu à de riches reconstitutions de scènes de la vie quotidienne, ainsi qu'une collection de tapisseries des XVe et XVIe siècle, exceptionnellement bien conservées. Dans ce château, en 1491, fut célébré le mariage royal de Charles VIII avec Anne de Bretagne, marquant le rattachement de la Bretagne à la France. Face au château, deux hauts pans de murs de pierre en équerre, vestiges probables de l'ancien donjon, restituent les méthodes de construction de l'époque grâce à un échafaudage reconstitué.

    Pillé et vandalisé à la Révolution, il retrouve néanmoins sa superbe grâce à l'homme d'affaires, Jacques Siegfried, qui en fera don à l'Institut de France, l'actuel propriétaire. Le château de Langeais accueille aujourd'hui 100.000 visiteurs par an.

    Le château de Langeais. © Jean-Christophe Benoist CC by-sa 3.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire 

    Le château de Loches, cité médiévale fortifiée

    C'est l'une des plus belles cités médiévales fortifiées de France dominant la ville et la vallée de l'Indre, au cœur de la Touraine (région Centre-Val de Loire). Elle s'est édifiée durant cinq cents ans, du début du XIe au XVIe siècle. Remarquable par son donjon de 37 mètres, celui-ci est l'un chef-d'œuvre d'architecture militaire entrepris autour de l'an mil, et figure parmi l'un des mieux conservés d'Europe. Réputée imprenable, cette forteresse fut construite sous Foulques Nerra, comte d'Anjou. Elle fut le siège de nombreuses attaques, témoins des luttes entre Valois et Plantagenêt. Son église Saint-Ours fut bâtie au XIIe siècle et d'autres bâtiments et tours vinrent compléter l'ensemble fortifié.

    La cité royale accueillit Jeanne d’Arc après la victoire d'Orléans, Anne de Bretagne qui fit construire vers 1500 le splendide oratoire gothique flamboyant. Parmi les personnages célèbres qui vécurent au château de Loches, il en est un particulier et qui n'est autre que l'un des grands mécènes de Léonard de Vinci, Ludovic Sforza, commanditaire du célébrissime tableau de La Cène. Il fut prisonnier au château de Loches et y a gravé son empreinte. Prisonnier politique particulièrement choyé, ce duc milanais bénéficia de privilèges durant ses quatre années de captivité. Passionné par les arts et les sciences, il a peint et décoré les murs de son cachot de somptueuses fresques décoratives. La ville de Loches est aussi connue pour ses sites et habitations troglodytes.

    © Krzysztof Golik, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Chambord, champion des superlatifs

    Doit-on encore présenter le château de Chambord, chef-d'œuvre architectural ? 156 mètres de façade, 56 mètres de hauteur, un donjon de 44 mètres, 426 pièces, 77 escaliers, 282 cheminées et 800 chapiteaux sculptés, soit 220.000 tonnes de pierre érigées sur des marécages. Le château des superlatifs illustre de façon remarquable la transition du gothique flamboyant vers l'architecture de la Renaissance. C'est l'incontournable des châteaux de la Loire, situé en Loir-et-Cher, et pour cause, il est le seul domaine royal, encore intact depuis sa construction en 1519 par François 1er, peu après son retour victorieux de sa campagne d'Italie ; le monarque n'y vécut que 62 jours au cours de ses 32 ans de règne.

    Roi esthète et bâtisseur, il s'est impliqué dans les travaux, mais pour ce qui est de l'architecte et des plans, le mystère plane toujours ; néanmoins des écrits de Léonard de Vinci décrivant un astucieux système de latrines à double fosse et double conduit, laissent penser qu'il en serait à l'origine -- il n'y a qu'à Chambord que ces latrines existent -- ainsi que d'autres éléments tels que les dessins des escaliers à double hélice et ceux des structures du corps central en croix grecque aussi.

    Grand amateur de chasse, François 1er a été séduit par cette forêt fort giboyeuse. Elle l'est toujours, tant en gros gibier (cerf) qu'en oiseaux ; le domaine forestier de Chambord est classé zone Natura 2000

    Fort heureusement, le château fut épargné par les bombardements de la seconde guerre mondiale. Dès le début du conflit, le château fut transformé en centre de triage des trésors des musées nationaux de Paris et du Nord de la France. Par 37 convois, la Joconde, 3.690 autres tableaux et des œuvres égyptiennes furent évacuées et protégées des bombardements allemands. Le château de Chambord ainsi que le village sont propriété de l'État et sont placés sous le statut juridique d'EPIC (Établissement public industriel et commercial).

    © Contefosco, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château de Chateaudun, condensé de styles

    Ce château se dressant sur son éperon rocheux, dans la ville de Châteaudun, en Eure-et-Loir, a été bâti entre les XIIe et XVIe siècle. De tous les aspects parmi les plus intéressants, le plus remarquable est le mélange harmonieux des styles, résumant l’architecture militaire, l'art du gothique puis le style renaissance, au gré des aménagements des propriétaires successifs. Cette place forte, dominant le Loir, semble ouvrir la voie vers ses célèbres acolytes d'apparat de la vallée ligérienne. Construit vers 1180, son imposant donjon cylindrique, entre 30 et 40 mètres, est renforcé par d'épais murs et compte trois niveaux. Il est l'un des plus anciens et l'un des mieux conservés de France. La chapelle date de la seconde moitié du XVe siècle et l'aile Dunois comprend une salle de justice de l’Ancien Régime conservée en l'état depuis sa création. Jean de Dunois, fils naturel de Louis 1er d'Orléans, et demi-frère du roi Charles d'Orléans -- est connu pour s'être illustré au combat durant la guerre de Cent Ans et pour être le compagnon d'armes de Jeanne d’Arc. Dernier bâtiment érigé par les descendants, l'aile Longueville, de style Louis XII, où est conservée une collection de soixante-dix tapisseries. Entre l'aile Dunois et l'aile Longueville, on peut admirer dans la cour du château, deux superbes escaliers à loggias, sculptés. À ne pas manquer, les jardins suspendus et les jardins potagers où, dans les douze carrés de buis, sont cultivées 150 espèces de plantes aromatiques et médicinales ainsi que des variétés de légumes présents sur les tables médiévales.

    Cour du château de Chateaudun. © Perbost, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0 GFDL

     

    Patrimoine français - 5:  À la découverte des châteaux de la Loire

    Le château aquatique d'Azay-le-Rideau

    Balzac l'a décrit comme « un diamant taillé à facettes serti par l'Indre ». Un poème posé sur la brume du matin... Plus exactement posé sur une île de l'Indre, construit sur des fondations à base de pilotis et de pierres de Saint-Aignan. Commandité par Gilles Berthelot, le château d'Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) s'est élevé en 1518, sous le règne de François 1er. Il est l'un des plus ravissants, entouré de ses douves et de ses jardins. Bâti sur l'emplacement d'une vieille forteresse, il ne prend définitivement cette fière allure Renaissance d'inspiration italienne, qu'au XIXe à la suite d'importantes rénovations, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur et dans le jardin. Les propriétaires le cèdent à l'État en 1905. De petite taille, le château se compose d'un corps principal avec une tourelle à chaque angle et d'une aile perpendiculaire. Il est représentatif des courants esthétiques venus d'Italie et qui, ici, se superposent aux traditions architecturales françaises. L'intérieur est typique de la Renaissance italienne. Grâce à un partenariat entre le Centre des monuments nationaux et le Mobilier national, le rez-de-chaussée a pu être entièrement meublé en se basant sur les inventaires des propriétaires du XIXe. Depuis 2011, il est possible de visiter les combles pour y admirer la charpente d'origine, dont le tracé a été inscrit, en 2009, sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco. Un vaste chantier de restauration, de 2015 à 2017 lui a permis de retrouver sa superbe merveilleuse.

    Château d'Azay-le-Rideau. © Jean-Christophe Benoist, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

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    En-Vau, l'une des plus belles calanques

    de France

     

     

    Par Hélène Borderies & Détours en France
     
     

    Le massif des calanques éblouit les visiteurs avec son relief impétueux, ses couleurs flamboyantes et ses criques idylliques. Plus d'une vingtaine, toutes bordées de falaises s'inscrivent dans l'ADN du premier parc national périurbain d'Europe, terrestre et marin. Parmi elles, la calanque d'En-Vau, l'une des plus belles, avec des airs d'ailleurs. Le tout à moins de 2h de marche, c'est parti !

     
     
    Plage et falaise dans la calanque d'En-Vau
    Les hautes falaises tombent dans la mer turquoise ou bleu curaçao... Une eau de cocktail que l'on voudrait bien siroter !
     

    Départ vers En-Vau

     

    Plusieurs possibilités s'offrent à vous pour accéder à la calanque d'En-Vau. Soit par la terre, à partir du col de la Gardiole, en suivant les sentiers de grande randonnée GR 98 ou GR 51 qui traversent le massif des calanques d'ouest en est, en comptant environ 2 à 3 h aller-retour : le paradis des randonneurs. Sinon, il est possible de s'y rendre en voiture, par la route des Crêtes, sauf en été, car l'accès aux massifs est réglementé en raison des risques d'incendies. Sinon, prenez le bateau, en partant du port de Cassis, c'est le meilleur moyen d'en profiter, mais attention il est impossible d'accoster, c'est seulement pour visiter.

     
     
    Calanque d'En-Vau
     
     

    Une cathédrale de pierre

     

    En arrivant à En-Vau par le GR® 98, on débouche sur l’un des plus somptueux belvédères du massif. « C’est l’action dissolvante des eaux de ruissellement sur ce massif calcaire qui a sculpté un paysage de falaises, de profonds vallons et de grottes », explique André Bernard, que sa passion pour les calanques et l’alpinisme a poussé à fonder le bureau des guides de Cassis. En bas, une superbe plage avec une eau couleur turquoise, une des plus belles de Marseille. Des éboulis de pierre dévalent jusqu’au fond. Droit devant, un enchevêtrement d’aiguilles et d’arches que les pins taguent de vert.

     
     
    Calanque d'En Vau en kayak
     
     

    Les calanques en kayak

     

    Plus actif, plus sportif, le kayak de mer est aussi le moyen de caboter au fil des calanques. Et d’accéder à la plage d’En-Vau pour piquer une petite tête. Puisqu'il est impossible d'accoster en bateau car il s'agit d'un parc national protégé depuis 2012. La préservation de la faune et de la flore des calanques est une priorité pour les gestionnaires du site, surtout quand on sait que plus de 2 millions de personnes viennent les visiter chaque année. Vous croiserez donc des espèces sauvages telles que le lentisque, le ciste cotonneux aux fleurs violettes, le romarin ou encore l'immortelle qui égaye le sol rocailleux.

     

     
    Falaises de l'En-Vau avec le "Doigt de Dieu"
    Les falaises vertigineuses, hérissées d'aiguilles dont le pittoresque "Doigt de Dieu" (ci-dessus), en font un site d'escalade très prisé.
     

    Eau froide dans les calanques

     

    Un plongeon est tentant, mais l’eau glacée nous arrache un cri. D’ailleurs, les baigneurs sont bien rares ici et dans les autres calanques, même au cœur de l’été. « Cette température fraîche est due aux sources souterraines qui s’écoulent dans la mer, sous sa surface », nous explique André Lemoine. On resterait des heures à contempler ce théâtre de hautes roches et d’eau cristalline sur fond de garrigue, mais les premiers bateaux au départ de Marseille ou Cassiscommencent à encombrer la calanque vers 10h du matin.

     

     
    Vue de la calanque d'En-Vau sur l'île de Riou
     
     

    Le plateau de Castelvieille, face aux îles du Riou

     

    Dos à la plage, sur la droite, se trouve le plateau de Castelvieille. Puis au bout, une large ouverture dans la roche laisse place à la vue sur les îles du Riou, voisines des îles du Frioul. Dans les années 1950, au pied de l’îlot du Grand Congloué, Jacques-Yves Cousteau inventait l’archéologie sous-marine avec la découverte des épaves de deux vaisseaux antiques.

     

    calanque de Port-Pin
     

    Sa voisine la calanque de Port-Pin

     

    La calanque voisine d'En-Vau, est la calanque de Port-Pin, qu'il est possible de rejoindre à pied en une demi-heure en empruntant le chemin à partir de Port-Miou, l'unique et magnifique calanque de la ville de Cassis. Plus près, donc plus accessible, cette calanque abrite plus de touristes qu'à En-Vau, l'été, cependant son eau est d'autant plus belle alors n'hésitez pas à y faire un tour ! En plus c'est la moins encaissée et la plus ouverte sur le large, panorama garanti.

    Patrimoine français - 5:  En-Vau, l'une des plus belles calanques de France

     

    Patrimoine français - 5:  En-Vau, l'une des plus belles calanques de France

     

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