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    Royaumont, le joyau du roi Saint Louis

     

     

    Par Dominique Le Brun et Dominique Roger
     
     
     

    La piété de Louis IX (1214-1270) n’avait aucune limite financière : à Paris, la Sainte-Chapelle en donne un éclatant aperçu ! À Royaumont, les bâtiments conventuels et ce qui reste de l’église abbatiale donnent une petite idée de l’abbaye que fonda le futur Saint Louis, et qui devint la première sépulture des rois de France.

     

     Royaumont
     

    En rebaptisant « Royaumont » le site de Cuimont où il faisait construire une abbaye, Louis IX afficha clairement sa volonté d’avoir « son » monastère. Peut-être les informations selon lesquelles le futur saint avait coutume de servir les moines à table quand il ne partageait pas leur repas, ou bien tenait le rôle du frère lecteur, relèvent-elles de la légende. Mais un fait demeure : Royaumont devint la nécropole de la famille royale puisqu’un de ses frères, trois de ses enfants et deux de ses petits-fils y furent inhumés. Sa qualité d’abbaye royale n’empêcha pas Royaumont d’être affiliée à l’ordre cistercien, et par conséquent, d’en adopter une architecture stricte et de se contenter d’ornementations plus que sobres.

     

    140 moines de chœur

    Elle montrait en revanche des dimensions exceptionnelles, comme l’indique son cloître, le plus vaste de toutes les abbayes cisterciennes. De l’immense dortoir et du sublime réfectoire à deux nefs – aujourd’hui aménagé en salle de concert – on a pu déterminer que l’abbaye accueillit jusqu’à 140 moines de chœur. Quant à l’église abbatiale consacrée en 1235, Louis IX l’avait voulue aussi imposante qu’une cathédrale afin de pouvoir accueillir des foules de fidèles : 105 mètres de long ! Aujourd’hui, il n’en reste qu’un vestige stupéfiant, planté comme un crayon géant dans l’alignement du bâtiment des moines. C’était une tourelle d’angle du transept nord, et de cette ruine on peut déduire que la clé des voûtes du chœur se trouvait à 28 mètres du sol. Quoique généreusement dotée par le Trésor royal, l’abbaye représentait à elle seule une puissance économique considérable, et l’ingéniosité des moines avait fait des merveilles. En témoigne le système hydraulique couvrant tout le domaine : la rivière Thève alimentait ainsi des étangs destinés à la pisciculture, puis les trois canaux qui traversaient l’abbaye pour faire tourner les roues à aubes de la tannerie, de la poterie et de la forge ; et pour nettoyer les latrines. Sachant par ailleurs que Royaumont possédait nombre de terres et de moulins dans la région alentour, on imagine qu’aux moines de chœur, déjà nombreux, s’ajoutait une armée de frères convers.

     

    Un édifice prétentieux 

    La séduisante unité architecturale de Royaumont est cependant rompue par un édifice dont le style néoclassique évoque les villas à l’italienne du XVIIIe siècle. En retrait des bâtiments conventuels se dresse en effet le palais abbatial que se fit construire, peu avant la Révolution de 1789, le dernier abbé commendataire de Royaumont. Luxueuse et prétentieuse, cette résidence illustre de manière caricaturale l’évolution que le monachisme avait subie depuis le Moyen Âge. La suite de l’histoire est tout d’abord triste. Déclarée bien national pendant la Révolution, l’abbaye voit son église servir de carrière, tandis que les bâtiments conventuels deviennent filature de coton. Entre 1864 et 1905, Royaumont accueille de nouveau des communautés monacales : oblats puis religieuses de la Sainte Famille. Mais avec les lois sur la séparation de l’Église et de l’État, l’abbaye revient à un industriel, Jules Gouïn, dont le petit-fils, un demi-siècle plus tard, fera de Royaumont le rendez-vous d’artistes et d’intellectuels que l’on connaît aujourd’hui.

     

     

    Patrimoine français - 5:  Royaumont, le joyau du roi Saint Louis

     

    Patrimoine français - 5:  Royaumont, le joyau du roi Saint Louis

     

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    14 monuments aussi beaux de

    nuit que de jour

     

    Par Aurélie Tiercin
     
     

    Ces monuments que l’on connait et que l’on admire toute la journée, prennent un nouveau visage lorsque la nuit tombe. Petit tour de France de ces bâtisses qui s’illuminent pour vous émerveiller !

     
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    Chaque soir, la Tour Eiffel scintille 5 minutes en début de chaque heure. 

    On ne présente plus la Tour Eiffel, car de jour comme de nuit, elle est le symbole de la capitale française. Et si elle fascine des millions de visiteurs chaque année, elle devient à la nuit tombée un véritable spectacle. Eclairée depuis sa création en 1889, tout d’abord au gaz puis à l’électricité 11 ans plus tard, la tour Eiffel est de tous les événements, moments durant lesquels elle n’hésite pas à revêtir d’autres habits que sa couleur dorée habituelle. Infos : www.tour-eiffel-de-paris.com

     

    Le pont du Gard (Gard)

    Chef d’œuvre de l’architecture antique, le Pont du Gard a su résister et traverser les siècles pour arriver intact jusqu’aux yeux des visiteurs. Ce monument, plus haut pont-aqueduc romain du monde et classé au titre des Monuments Historiques en 1840 et également inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1985. Il trouve un second souffle chaque nuit grâce à une mise en lumière qui rend hommage à la grandeur de cet ouvrage exceptionnel. Infos : www.ot-pontdugard.com

     

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    Le Pont du Gard affiche une hauteur de 48 m.
     

    La cité de Carcassonne (Aude)

    Sur les bords de l’Aude, s’élève la majestueuse cité médiévale de Carcassonne, inscrite depuis 1997 au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Cette imposante forteresse, qui comporte 52 tours et pas moins de 3 km de remparts, est un joyau d’architecture formidablement conservé qui attire des milliers de visiteurs chaque année. Accessible de jour comme de nuit, c’est à la lumière des étoiles qu’elle révèle toute sa splendeur par un savant jeu d’éclairages. Infos : www.tourisme-carcassonne.fr

     

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    Le spectacle est particulièrement étonnant lors du feu d'artifice du 14 juillet.
     
     

    L’hôtel de ville et le beffroi d’Arras (Pas-de-Calais)

    Lorsque la Place des Héros s’illumine à Arras chaque soir, l’Hôtel de Ville et son Beffroi accolé se démarquent par la mise en lumière de Pierre Bideau, concepteur de l’illumination de la tour Eiffel. Une belle mise en valeur de ces bâtisses d’architecture gothique du XVI° siècle dont le beffroi que les français ont plébiscité Monument Préféré des Français en 2015 et qui est inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 2005. Infos : www.explorearras.com

     

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    Un panorama superbe pour les photographes.
     

    Le Mont Saint-Michel (Manche)

    En journée, le Mont Saint-Michel au profil si reconnaissable se dresse fièrement au cœur de la baie, attirant chaque jour des milliers de curieux. Pourtant, cette petite île surplombée de son abbaye et de l’archange Saint-Michel, prend un autre visage lorsque le calme revient dans ces ruelles qu’elle s’éclaire. Se découpant dans la nuit, l’un des monuments les plus visités de France devient un vrai joyau, captant et captivant tous les regards. Infos : www.ot-montsaintmichel.com

     

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    Lors des grandes marées, le Mont Saint-Michel redevient une île.
     
     

    Les arènes de Nîmes (Gard)

    Cet amphithéâtre datant du Ier siècle, transformé au XIXe siècle  en arènes pour la pratique de la corrida, est l’un des emblèmes marquants de l’architecture de l’empire romain en France. Situées au centre de la ville, les arènes ont toujours été un lieu fort de la ville de Nîmes au fil des siècles et aujourd’hui encore, avec de nombreuses manifestations. Mais à la nuit tombée, c’est à l’extérieur que le spectacle se joue avec des illuminations qui redessinent les sculptures et bas-reliefs de cette façade parfaitement conservée. Infos : www.ot-nimes.fr

     

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    Les arènes sont l'un des points de passage obligé lors des célèbres Ferias organisées dans la ville.
     

    Le Mucem de Marseille (Bouches-du-Rhône)

    Le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, ouvert en 2013, est une véritable curiosité architecturale créée par Rudy Ricciotti et Roland Carta. Situé à l’entrée du Vieux-Port de Marseille, le musée s’ouvre sur la mer et joue avec la lumière du soleil à l’aide de sa composition ajourée et unique. Le soir venu cette structure s’illumine, grâce au travail de Yann Kersalé, et joue de ses reflets dans la mer qui la baigne. Infos : www.mucem.org

     

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    D'avril à août 2016, le Mucem accueille une expo consacrée à Picasso.
     
     

    L’hôtel-Dieu de Beaune (Côte d’Or)

    Fondés en 1452, les hospices de Beaune avaient pour fonction d’accueillir et de soigner les plus démunis lors de la Guerre de Cent Ans, rôle qu’ils ont tenu durant plus de 5 siècles. Au cœur de cette structure, le remarquable Hôtel-Dieu, devenu musée, est particulièrement bien mis en valeur lorsque la nuit tombe révélant toute la beauté de cette bâtisse et de ses toits recouverts de tuiles multicolores en terre cuite émaillée. Infos : www.beaune-tourisme.fr

     

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    Les Hospices de Beaune sont célèbres pour les traditionnelles ventes aux enchères des vins qui se déroulent chaque année en novembre.
     

    La fontaine de Neptune à Nancy (Meurthe-et-Moselle)

     

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    Nancy, la Place Stanislas est considérée comme l’une des plus belles places royales d’Europe, grâce au classicisme érigé par l’architecte Emmanuel Héré qui agit sous les ordres de Stanislas, alors Duc de Lorraine. Lorsque la nuit tombe, les grilles finement ouvragées et rehaussées de feuilles d’or ainsi que les imposants ouvrages comme la Fontaine de Neptune, contribuent à cette renommée lorsque ceux-ci se mettent à chatoyer pour un spectacle unique. Infos : www.nancy-tourisme.fr

     

    Le Capitole à Toulouse (Haute-Garonne)

    Sur la place du même nom, s’élève à Toulouse le Capitole, bâtiment de pierres et de briques roses, érigé à la fin du XIIe siècle. Siège du pouvoir municipal, celui qui vit de nombreuses transformations et tout autant d’embellissements, se met en lumière chaque soir pour offrir aux visiteurs tous les nombreux détails et la richesse de l’architecture de sa façade somptueuse et exceptionnelle. Infos : www.toulouse-tourisme.com

     

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    Le Capitole abrite l'hôtel de ville de Toulouse.
     

    La place de la Bourse à Bordeaux (Gironde)

    Au XVIIIe siècle les remparts de la ville de Bordeaux s’ouvrent sur la Garonne avec celle qui porte alors le nom de Place Royale. Devenue au fil du temps la Place de la Bourse, elle est un élément incontournable d’une visite bordelaise depuis son réaménagement en 2004, notamment avec son miroir d’eau qui, le soir venu, offre une réflexion parfaite des bâtiments environnants pour un spectacle de toute beauté. Infos : www.bordeaux-tourisme.com

     

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    En 2015, Bordeaux a été élue destination européenne de l'année.
     
     

    Le pont de Normandie (Seine-Maritime)

    Depuis une vingtaine d’années le Pont de Normandie, géant de béton et d’acier, enjambe la Seine et relie Le Havre à Honfleur à 200 m au-dessus du sol sur plus de 2 km. Si ce pont à haubans ne laisse pas insensible à sa découverte de par ses proportions, il captive également en pleine nuit par la mise en lumière de Yann Kersalé qui met en valeur chaque élément de cette architecture, révélant une prouesse technique hors-normes. Infos : www.pontsnormandietancarville.fr

     

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    La traversée de ce pont est impressionnante aussi bien de jour que de nuit.
     

    La basilique de Fourvière à Lyon (Rhône)

    Surplombant la capitale des Gaules, la colline de Fourvière domine les alentours avec, à son sommet, sa basilique. Avec sa façade blanche, ce lieu de culte datant du XIXe siècle, est un repère visuel incontournable pour les Lyonnais et les gens de passage. Le soir, lorsqu’elle s’éclaire, la basilique Notre-Dame de Fourvière devient un phare dans la nuit s’élevant de toute sa hauteur et s’imposant comme un élément protecteur pour la ville. Infos : www.lyon-france.com

     

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    La mise en lumière de la ville valorise aussi le patrimoine le long des quais.
     
     

    La cathédrale Saint-Etienne de Bourges (Cher)

    Ce chef d’œuvre de l’art gothique s’impose par ses volumes et son architecture unique qui lui valent son inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1992. La cathédrale Saint-Étienne, baignée d’une lumière magnifique grâce à ses nombreux vitraux, pare sa façade à la tombée du jour d’une lumière tout aussi exceptionnelle qui souligne avec grâce ses proportions incroyables et majestueuses. Infos : www.bourges-tourisme.com

     

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    Découvrez le patrimoine de Bourges lors des Nuits Lumières organisées certains soirs de juin à septembre.
     

    Patrimoine français - 5:  14 monuments aussi beaux de nuit que de jour

     

    Patrimoine français - 5:  14 monuments aussi beaux de nuit que de jour

     
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    Urbex: les lieux abandonnés les plus

    fascinants de France

     

    Par Philippe Bourget
     
     

    Le temps s’y est arrêté après un abandon, une faillite ou simplement le travail de sape des années. Châteaux ruinés ou parcs d’attractions délaissés, églises ou usines détruites… la tendance urbex, abréviation de urban exploration, consiste à investiguer des lieux oubliés. Pas toujours légale, elle révèle des pans étonnants de notre histoire, ancienne ou plus récente.

     

    AVERTISSEMENT

    L'urbex est une pratique la plupart du temps illégale et potentiellement dangereuse. Qu’ils appartiennent à un organisme public ou à un particulier, les bâtiments sont interdits d’accès.

     

    Aérocity, friche festive (Ardèche, Auvergne-Rhne-Alpes)

     

    Parc d'attraction Aérocity

    C’est un parc d’attractions abandonné sur les collines de l’Ardèche, à Lanas. Aérocity, premier nom du site avant qu’il ne soit renommé Parc Avenue des années plus tard, amusa (un peu) la galerie pendant près de 25 ans, de 1990 au début des années 2010. Puis il ferma, victimes de faillites et de restructurations ratées. Aujourd’hui, le lieu affiche son spectacle de désolation, des toboggans bleus livrés aux éléments, des manèges et des bassins d’eau à l’abandon… La nature a repris ses droits et les fans d'urbex adorent.

     

    Domaine des Trois Colonnes, banlieue sauvage (Essonne, le-de-France)

     

     
    Domaine des Trois Colonnes

    C’est sans doute l’un des lieux abandonnés les plus intrigants de France. A Angervilliers, dans l’Essonne, ce manoir de style anglo-normand bâti au début du 20e siècle croupit depuis des décennies dans un état de délabrement avancé, entouré d’un parc rendu à sa pleine nature. Le manoir a été investi par des artistes de street art (et des taggeurs) et livre ses grandes pièces ouvertes à tous les vents. Il est possible d’aller aux étages et au sous-sol. Un lieu inédit, doublé, à côté, d’un « château rose » (19e s.), lui aussi très délabré.

     

    Château Mennechet, arty land (Oise, Haus-de-France)

     

    Château Mennechet

    Vous connaissez sans doute ces chantiers de rénovation urbaine où l’on ne garde que la façade ancienne pour reconstruire à neuf à l’intérieur. Voilà à quoi ressemble le château Mennechet, dans l’Oise : une façade… mais sans remise à neuf derrière ! Bâtie à la fin du 19e siècle à Chiry-Ourscamp, près de Compiègne, jamais achevée, la bâtisse livre ses pans de murs délabrés encore empreints de leur majesté architecturale. Bombardé également lors de la guerre 14-18, l’édifice trône telle une figure de style arty au milieu de la campagne.

     

    Sanatorium d’Aincourt, santé déclinante (Val d'Oise, le-de-France)

     

    Sanatorium d’Aincourt

    Cap sur le Val d’Oise pour découvrir ce vaisseau en béton armé construit dans les années 1930. Centre dédié au traitement de la tuberculose, inséré dans le site de l’hôpital du Vexin et entouré d’un parc, il a été définitivement abandonné en 2001. Squatté, taggé, mais aussi lieu de tournage de films, il se trouve dans un état extrêmement dégradé. Sa longueur de paquebot, ses coursives et ses vastes salles lui confèrent toutefois une aura encore forte auprès des amateurs d’exploration urbaine… et des joueurs de paintball.

     

    Bains Pommer, temps suspendu à Avignon (Vaucluse, PACA)

     

    Bains Pommer

    Un jour de 1972, on a fermé la porte et depuis rien n’a bougé. Ainsi se présentent ces bains publics inaugurés en 1890 au cœur d’Avignon. A l’époque, ils avaient une fonction thérapeutique, avec des traitements à base de soufre. Depuis leur arrêt, c’est le statu quo : des tickets de caisse jaunis ; d’antiques publicités aux murs ; une salle d’attente Belle Epoque avec un banc en bois, surmontée d’une verrière ; des cabines de soins sur deux niveaux… Figés dans leur jus ! Rachetés par la ville, ils ont vocation à devenir un musée.

     

    Oradour-sur-Glane, l’horreur de la guerre (Haute-Vienne, Nouvelle-Aquitaine)

     

    Oradour-sur-Glane

    Tout sauf oubliées, ces ruines sont le témoin des exactions dont l’homme est capable. Respect total pour la mémoire des 643 victimes du massacre perpétré le 10 juin 1944 par des soldats de la division Das Reich, dans ce village de Haute-Vienne. Il reste de ce drame des souvenirs et un village en ruine, à travers lequel on chemine avec une intense émotion. Où comment le tourisme urbex ravive les temps douloureux de notre Histoire...

     

    L’église Saint-Etienne-le-Vieux, résistante dans l’âme (Calvados, Normandie)

     

    L’église Saint-Etienne-le-Vieux

    Nul besoin de courir la campagne ou de prendre des risques pour découvrir cet édifice : il se trouve en plein centre-ville de Caen ! Désacralisée après la Révolution, l’église dont l’origine remonte au 10e s. a joué de malchance. Pilonnée lors des invasions anglaises aux 14e et 15e s., rebâtie entre le 15e et le 17e s. en style gothique flamboyant, elle est délaissée après 1789 puis à nouveau endommagée en 39-45. Son ossature a toutefois résisté et s’offre au regard des touristes de passage dans la capitale normande.  

     

    Le Tolosan, l’hôtel enseveli (Haute-Garonne, Occitanie)

     

    Hôtel des sœurs Papin

    Végétation envahissant pièces et fenêtres, vent d’autan soufflant dans le néant, gravats et déchets au sol… il fait triste mine, ce bâtiment érigé sur une colline de Boussens, commune de Haute-Garonne proche de Saint-Gaudens. Son heure de gloire remonte à la fin des années 1980, quand Elf Aquitaine décide de construire un centre de séminaires. Fermé en 1997 après que l’entreprise a déménagé à Pau, il devient un complexe hôtelier de luxe, Le Tolosan. D’échecs en reprises ratées, le géant de béton s’est endormi sur son passé… Et n'attire désormais que les urbexeurs, explorateurs de ruines...

     

    Manoir Pavlovitch, destin tragique (Ile-de-France)

     

    Manoir Pavlovich

    Perdu près de Paris, ce manoir exhale un parfum inquiétant. Demeure de plaisance construite sous Napoléon III, elle est imprégnée de l'histoire tragique d’un couple de propriétaires, dont l’épouse fut défigurée à vie après un accident. Celle-ci se serait laissé mourir ici, abandonnée à ses tourments. Le manoir est aujourd’hui dévasté mais conserve au rez-de-chaussée un piano poussiéreux et une marquise extérieure. Volets branlants, rideaux tombant en poussière, ferronneries rouillées… ambiance énigmatique garantie !

     

    La Mothe-Chandeniers, ruine végétale ressuscitée (Vienne, Nouvelle-Aquitaine)

     

    La Mothe-Chandeniers

    Où comment des milliers de personnes se sont prises de passion pour ce château ruiné de la Vienne... D’abord médiéval, maintes fois détruit et remanié, la demeure est ravagée par un incendie en 1932. Le lieu devient alors une sorte de puits végétal, mêlant vieilles pierres et arbres dans un foisonnement de nature. Jusqu’à ce qu’une campagne de collecte de fonds soit lancée pour le restaurer, en 2017. Relayé par les médias, le projet séduit le public et les 2 M d’€ récoltés permettent de le réaménager. Il est désormais ouvert au public.

     

    Patrimoine français - 5:  Urbex: les lieux abandonnés les plus fascinants de France

     

    Patrimoine français - 5:  Urbex: les lieux abandonnés les plus fascinants de France

     

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    Le Bec-Hellouin, une terre sacrée

    en plein bocage

     

    Par Détours en France
     
     

    Niché au creux d’un vallon, ce village typiquement normand, avec ses maisons à colombages et pans de bois aux balcons fleuris, doit sa célébrité à son abbaye, haut lieu du rayonnement bénédictin dès sa fondation au XIe siècle.

     

     

    Panorama
     
     

    Un village charmant

     

    Le danger lorsqu’une abbaye aussi prestigieuse que celle du Bec occupe le territoire d’un si joli village est que ledit village soit ignoré des visiteurs. Ce qui ne serait qu’injustice et privation car ce petit bourg est vraiment agréable.

     

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    Les colombages colorés des maisons normandes, les venelles où s'épanouissent d'odorantes plantes vivaces et l'église paroissiale Saint-André distillent une atmosphère proche de celle que met en scène Maupassant dans ses nouvelles.

    Dans ce bourg de moins de 500 habitants, l'ambiance est délicieusement surannée, empreinte de sérénité. Par la simple présence magnétique de l'abbaye, la flânerie chez les antiquaires ou la petite pause en terrasse d'un café prend, que l'on soit croyant ou non, une dimension particulière...

     

    Rallye touristique
     
     
    Peuvent s'organiser des rallye touristiques dans ce charmant bourg avec...ou sans moto

    À la sortie du village, une ancienne station de gare ne voit guère passer plus de train. Comme si le temps s’était arrêté dans ce petit paradis.

     

    La tour Saint-Nicolas

     

    Du haut de ses 45 mètres, l’imposante tour carrée Saint-Nicolas, datant de la fin du XVe siècle, domine superbement un paisible vallon où coule le Becquet, affluent de la Risle.

     

    Tour Saint Nicolas
     
     
    Vestige le plus ancien de l’abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin, ce joyau gothique a résisté aux destructions de la guerre de Cent Ans et de la Révolution.
     

    Une architecture exceptionnelle

     

    La tour Saint-Nicolas, le cloître et l’église abbatiale (1325) vous ont impressionné, l’architecture grandiose des bâtiments conventuels vous laissera pantois.

     

    Logis Abbatiale
     
     
    Les bâtiments actuels ont été reconstruits aux 17e et 18e siècles par les moines de la congrégation de Saint-Maur. L'abbatiale est classée Monument Historique bien entendu. 

    Disposés en une double équerre, ces bâtiments, reconstruits entre 1742 et 1750 par les moines de la congrégation de Saint-Maur affichent un style Régence très proche de l’architecture civile alors en vogue : immenses baies plein cintre à clés ornées de cartouches rocaille, linteaux en arc de cercle, consoles décorées de feuilles d’acanthe, frontons d’armoire, balustrades en fer forgé… Rien ne fut trop beau pour rendre gloire à Dieu.

     

    L'histoire du bourg

     

    Aux alentours de 1034, un chevalier dénommé Herluin (Hellouin) entre dans les ordres et fonde une abbaye dans ce coin perdu de Normandie. Dès sa création, évêques, abbés et théologiens viennent y écouter le prieur Lanfranc de Pavie, conseiller de Guillaume le Conquérant, qui était l’un des grands intellectuels de son temps, puis saint Anselme, philosophe et théologien d’Aoste, deuxième abbé du Bec. Les deux deviendront archevêques de Cantorbéry lorsque Guillaume le Conquérant gagne l’Angleterre.

     

    Construction en equerre
     
     
    On peut ici contempler la beauté des batiments -en équerre- composant l'abbaye. 

    Imaginez l’importance de l’ordre du Bec : au XIIe siècle, il possède pas moins de 25 prieurés en Angleterre et une vingtaine en France… Son rayonnement décline cependant rapidement, face à l’influence grandissante du collège fondé à Paris par Robert de Sorbon. Après la Révolution, l’église abbatiale – plus grande que Notre-Dame de Paris à en croire ses vestiges – est détruite, et les bâtiments conventuels, oeuvres des Mauristes aux XVIIe et XVIIIe siècles, sont convertis sous Napoléon Ier en… écuries militaires.

     

    Campagne
     
     
    Une petite pause pour contempler le magnifique paysage est toujours agréable.

    C’est dans les années 1950 que la renaissance de l’abbaye a lieu, après plusieurs années d’abandon. Une communauté de moines bénédictins olivétains de Cormeilles-en-Parisis lui redonne vie et la restaure avec le Centre des monuments nationaux.

     

    Batiment de l'abbaye

    Aujourd’hui, une dizaine de frères suivant les règles de saint Benoît y vivent. L’abbaye du Bec est devenue l’un des lieux où catholiques et anglicans se rencontrent et peuvent approfondir leurs connaissances mutuelles. Les moines fabriquent également de belles faïences renommées.

    Il faut découvrir le cloître, d’inspiration classique avec sa terrasse italienne, et le monumental escalier des mâtines. Si vous le pouvez, allez jeter un oeil à la bibliothèque, toute lambrissée de chêne massif. Enfin, dans la nouvelle église abbatiale – l’ancien réfectoire mauriste –, les amateurs de chants grégoriens assisteront à l’office, qui prend une résonance encore plus magique le dimanche, quand les moniales du monastère de Sainte- Françoise-Romaine, installées à 2 kilomètres de là, se joignent aux moines…

     

    Une voie très verte

     

    Voie verte
     
     
    Pour découvrir le village du Bec-Hellouin, l’idéal est d’emprunter la voie verte qui épouse l’ancien tracé de la voie de chemin de fer qui reliait jadis Evreux à Honfleur.
    Au départ d’Evreux, via Le Neubourg, l’itinéraire de 40 kilomètres, à faire à pied, rollers ou vélo, alterne entre bois, bocages verdoyants et beaux villages, tels que Harcourt, doté d’un superbe château médiéval.
    Les paysages champêtres de l’Eure se dévoilent comme jamais !

     

     

    Patrimoine français - 5:  Le Bec-Hellouin, une terre sacrée en plein bocage

     

    Patrimoine français - 5:  Le Bec-Hellouin, une terre sacrée en plein bocage

     

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    Ces lieux en France qui ont un

    goût d'ailleurs

     

    Par Béatrice Savouret et Clio Bayle
     
     

    Du déchaînement des éléments ou de la créativité de l'homme sont nés des paysages d'une puissance incroyable. Nous sommes en France mais le sentiment d'ailleurs est garanti...

     

    La France ou l'Île de Paques ?

     

    Les rochers de Rothéneuf

    Les rochers sculptés de Rothéneuf (Ille-et-Vilaine) - Si la Bretagne a de magnifiques atouts elle possède un lieu chargé de mystère et d'une beauté atypique. À Rothéneuf, aux portes de Saint-Malo, la falaise de la Haie est taillée en une fresque de centaines de sculptures. On doit cette œuvre d'art brut à l'abbé Fouré qui finit sa vie ici, en 1910. Devenu sourd et muet à la suite d'une maladie, l'abbé se réfugie dans la création. Durant une vingtaine d'années, de ses outils rudimentaires émergent un enchevêtrement de corps, de visages, d'animaux fantastiques. Il y aurait représenté l'histoire de corsaires légendaires « les Rothéneuf », pour d'autres simplement les personnages et moeurs de l'époque. Mais l'érosion menace l'œuvre naïve, forcement éphémère, et malgré l'alerte lancée par différentes associations, ce patrimoine est toujours menacé.

    La France ou le Cambodge ?

     

    Le palais idéal du facteur Cheval

    Le Palais idéal du facteur Cheval (Drôme) - Nous ne pouvions passer outre la magnifique création de Ferdinand Cheval située au nord de la Drôme. Quelle incroyable histoire que celle de ce facteur rural, alors âgé de 43 ans, qui buta, lors d'une de ses tournées en 1879, sur une pierre si bizarre qu'elle lui rappela un rêve féérique. Durant 33 ans, il va amasser les pierres avec sa simple brouette, et faire surgir, nuit après nuit, ce palais fabuleux dédié à la nature ! « Puisque la nature veut faire la sculpture, je ferai la maçonnerie et l'architecture ». Indépendant de tous courants artistiques ou techniques architecturales, le Palais idéal est le symbole de l'obstination et relève de l’art brut. Plusieurs artistes issus du courant surréaliste lui ont rendu hommage et il fut classé monument historique en 1969 par André Malraux.  

     

    La France ou la Cappadoce (Turquie) ?

     

    Les orgues d'Ille sur Têt

    Les orgues d'Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales) Tel un château rescapé d’un conte de fées, les Orgues d’Ille-sur-Têt dans les Pyrénées-Orientales forment un paysage naturel surprenant. Il aura fallu pas moins de 5 millions d’années pour donner corps à ces cheminées d’argiles – appelées également cheminées de fées, depuis les premiers grains de sable déposés par les torrents et les intempéries et issus de la montagne pyrénéenne. Hautes de 10 à 12 m, les orgues sont dentelées principalement par les eaux de pluie et par le vent et le soleil. Couleurs multiples, formes impressionnantes constituent ce site unique. La faune et la flore méditerranéennes - arbustes épineux et chênes verts - sont aussi une des richesses du site. Comptez une heure de promenade pour découvrir le site dans son intégralité.

    La France ou Bali ?

     

    Cascade des Tufs

    La cascade des Tufs (Jura) - Nous ne sommes pas en Asie, mais bien en France ! La cascade des tufs est un spectacle naturel époustouflant, située près de la commune d’Arbois dans un paysage de « reculée » typique du Jura. Ici, l’eau de la Cuisance, qui prend sa source un peu plus en hauteur, s'infiltre dans le plateau calcaire (le tuf) pour y creuser une grotte et ressurgir en multiples cascades dans les bassins. Le site est accessible facilement grâce à un sentier de randonnée et une passerelle. En hiver, l’eau de la cascade gelée crée des stalactites et stalagmites tout aussi impressionnantes...

    La France ou le Colorado ?

     

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    Le Colorado Provençal (Vaucluse) - Nul besoin de traverser l’Atlantique pour découvrir la beauté de formations rocheuses aux mille couleurs. Rendez-vous à Rustrel, dans le Lubéron, où se trouve le Colorado provençal. Créé à la fois par la nature et par les ocriers, le site se décline en de multiples teintes d’ocre et en paysages aux formes fantastiques. Sur plus de 30 hectares, partez à la découverte des sentiers, falaises, combes pour une balade ou une randonnée.

     

    La France ou le Sahara ?

     

    La dune du Pilat

    La dune du Pilat (Gironde) - Passé cette dune, ce n'est pas un village touareg du Grand Erg algérien, ni même la palmeraie saharienne de la vallée de la Saoura que vous découvrirez à l'horizon, mais bien la station balnéaire d'Arcachon et ses immensités de pins landais. La dune du Pilat est un spectaculaire massif de sable surplombant notre Atlantique de 114 mètres, au sud de l'estuaire de la Gironde. Sur 3 kilomètres de longueur et 500 mètres de largeur, elle rassemble 60 millions de m3 de sable accumulés en des temps géologiques records : la dune du Pilat s'est créée sous les yeux de nos proches ancêtres. Au cours du XVIIIe siècle, elle n'était qu'un renflement d'une trentaine de mètres de hauteur, tout au plus. Elle est aujourd'hui la plus haute d'Europe, constituée de sables marins asséchés transportés par le puissant vent du large. En progression permanente vers l'intérieur des terres, la dune est éphémère. Elle aura sans doute disparu du bassin d'Arcachon au siècle prochain.

    La France ou les steppes mongoles ?

     

    Alpages du plateau d'Emparis, dans les Alpes françaises

    Le plateau d'Emparis (Isère - Hautes-Alpes) - Des prairies à perte de vue cernées par les montagnes rocheuses, des lacs paisibles autour desquels paissent des troupeaux de moutons, et le calme qui règne… On se croirait au cœur d’une steppe mongole et pourtant, nous sommes bien sur le plateau d’Emparis, dans les Alpes françaises ! À pied, à vélo électrique ou à cheval, tous les moyens sont bons pour profiter de ce paysage grandiose classé Natura 2 000, qui offre une vue à couper le souffle sur le massif des Écrins, la reine Meije et ses glaciers, à 2 000 mètres d’altitude. Tels les cavaliers mongoles traversant la chaîne du Khentii, sillonnez le GR 54 au cours d’une randonnée équestre de deux jours depuis Besse-en-Oisans. Vous apercevrez le lac Noir, le pic du mas de la Grave et sûrement quelques habitués des lieux : marmottes, alouettes, chamois, aigle royal... Un refuge vous accueille pour la nuit.

     

     
    Randonnée équestre sur le plateau d'Emparis, dans les Alpes françaises
     
     
     

    Patrimoine français - 5:  Ces lieux en France qui ont un goût d'ailleurs

     

    Patrimoine français - 5:  Ces lieux en France qui ont un goût d'ailleurs

     
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