• Les Gaulois : histoire et vérité sur nos "ancêtres"

     

    Première partie

     

    © Lionel ROYER - Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César

     

    Nomades et de culture orale, les Gaulois ont longtemps été méconnus ou méprisés. Pourtant, les récentes découvertes archéologiques et les sources antiques mettent en lumière une brillante civilisation, loin des archétypes barbares ou romanesques des vieux livres d'école. L'occasion de redécouvrir nos supposés ancêtres.

     

    Les Gaulois, une invention romaine

    Ce sont les Romains qui ont laissé le plus de traces des Gaulois. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    Les Gaulois, descendants des Celtes

     

     

    Aucun témoignage écrit direct des Celtes et des Gaulois n'a été retrouvé. C'est sous la plume des Grecs puis des Romains que la "Gaule" fait son apparition. Ce sont eux en effet qui utilisent les premiers le terme "Gallia" pour désigner un territoire à conquérir, compris entre les Pyrénées, les Alpes et le Rhin. Pourtant, cette entité géographique ne recouvre alors aucune unité politique : ses habitants appartiennent à la grande communauté des Celtes, un peuple originaire d'Europe centrale, étendu sur tout le continent européen, des îles Britanniques au détroit du Bosphore. Sur ce territoire "gaulois" vivent par ailleurs plus de 60 communautés aux mœurs et chefs bien distincts, qui s'affrontent régulièrement.

     

    Il est donc utile de garder à l'esprit que l'essentiel des écrits sur les Gaulois qui nous sont parvenus ont été écrits par ceux qui les ont vaincu. Dans "La Guerre des Gaules" de Jules César, l'un des ouvrages jugés comme références pour retracer l'histoire des Gaulois, l'empereur romain décrit un territoire homogène sur lequel un peuple uni vit selon des règles unifiées. Une vision foncièrement inexacte, qui forgera pendant longtemps dans l'inconscient collectif une représentation faussée de la civilisation gauloise.

     

    Les Gaules

    Sur le territoire décrit, les Romains distinguent quatre régions : 

    - La partie méditerranéenne, dite "la Province",

    - L'Aquitaine près des Pyrénées,

    - La "Gaule celtique" au centre,

    - La "Gaule Belgique" au nord-est. 

    Mais les Gaulois, eux, n'ont pas la conception d'un pays qui leur est propre, doté de frontières et de capitales. Semi-nomades, leur notion de territoire est avant tout celle d'un espace vital : ils se déplacent en fonction de leurs besoins. Avec le temps, leurs migrations deviennent de moins en moins fréquentes, mais l'habitat reste dispersé, avec de rares villages (les premiers apparaissent au IIe siècle avant J.-C.) et quelques ébauches de fortifications, dit oppidum.

     

    La société gauloise

     

    Représentation moderne d'un chef gaulois. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

     

    La tribu gauloise

     

    Jusqu'à la conquête romaine, les Gaulois repoussent toute forme d'autorité unique. L'entité de base est la tribu, un ensemble de familles issues d'une origine commune, souvent très ancienne, regroupant quelques dizaines ou des milliers d'individus. Ces tribus s'organisent à partir d'assemblées politiques dans lesquelles chaque individu intervient en fonction de son statut social. Les sociétés gauloises sont néanmoins complexes et hiérarchisées, notamment sur le principe de la "clientèle". Les règles sociales imposaient que certains individus de position sociale modeste se mettent sous les ordres et la protection de personnes d'influence. Celles-ci leur assuraient sécurité et aide matérielle en échanges de services. Ce lien social se transmettait généralement de générations en générations.

    La société gauloise est en réalité bien différente de celle imaginée et représentée dans les livres scolaires du XIXe et du début du XXe siècle. Loin d'être composée d'hommes barbares et de guerriers, la civilisation gauloise était brillante, au carrefour de différentes cultures.

     

    Les hommes libres

    - Les druides : ils président les affaires religieuses mais cumulent aussi les fonctions de savant, d'éducateur, d'homme de justice et de législateur. Cette charge est héréditaire mais nécessite de surcroît un long apprentissage.

    - Les guerriers ou l'aristocratie guerrière : l'accession au statut de guerrier est également héréditaire mais suppose surtout la capacité d'acquérir un équipement onéreux. "Une grande épée suspendue au côté droit, un bouclier allongé de grandes dimensions, de longues piques et une sorte de javelot qui va plus loin que la flèche" écrit Plutarque. Les travaux archéologiques ont permis de dresser un portrait un peu plus précis du guerrier gaulois. Loin d'être un bagarreur indiscipliné, il était en réalité un combattant redouté pour sa technique, qui impressionnait par le raffinement de son équipement.

    La guerre chez les Gaulois n'est pas anodine. Une dimension religieuse entoure vraisemblablement les combats entre tribus et peuples ennemis, ce qui confère au guerrier une dimension sacrée.

    - Les plébéiens : paysans ou artisans, ils n'appartiennent à aucune famille de renom et ont un pouvoir politique limité. Le fait de payer des impôts les autorise à participer aux assemblées populaires, mais sans réellement peser dans les décisions. Par le système de la "clientèle", ils peuvent également vendre leur suffrage en échange de biens convoités et acquérir la protection des Gaulois de position sociale plus importante.

     

    Les "esclaves" au temps des Gaulois 

    Une forme de vassalité règne déjà chez les Gaulois. Les esclaves, dont le statut se transmet de père en fils, n'ont aucun poids politique mais jouent un rôle économique déterminant, en travaillant dans les champs, à l'entretien des biens de leur maître. Il peut aussi s'agir de prisonniers de guerre, précieuse monnaie d'échange dans les combats.

     

    La vie quotidienne des Gaulois

     

    Le statut de la femme gauloise reste un mystère aujourd'hui. © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    La maison gauloise

    Les notions de vie privée et d'indépendance sont importantes pour les Gaulois. Ils ne vivent d'ailleurs pas en clan, mais autour d'une cellule familiale assez réduite. Pourtant, la maison ne revêt pas le caractère sacré qu'elle a pour les Grecs ou les Romains. Elle permet uniquement de se reposer, de se protéger des intempéries, mais ce n'est pas un lieu de convivialité : les grands repas se prennent généralement à l'extérieur. De forme conique et recouverte de chaume, la maison se compose généralement d'une pièce unique et d'un mobilier limité aux banquettes de couchage et aux éléments de stockage.

    Les travaux archéologiques ont permis d'établir que les Gaulois n'habitaient pas du tout dans de petits villages perdus au milieu de la forêt. Ce sont autour de grandes fermes que s'installent les familles gauloises.

     

    La médecine des druides 

    Les Gaulois portent une grande attention à leur apparence et à la propreté du corps. On leur prête d'ailleurs l'invention du savon. A base de plantes, la médecine est d'abord pratiquée par des marginaux, des sorciers, puis par les druides. En tant que civilisation guerrière, les Gaulois ont également recours à la chirurgie à l'aide de scalpels, de lancettes et autres instruments.

     

    L'école au temps des Gaulois

    L'école est réservée aux classes privilégiées, qui bénéficient d'un enseignement de qualité. Comme dans la Grèce présocratique, les enfants écoutent les discussions de leurs aînés et y apprennent l'art oratoire, la rhétorique, mais aussi bien d'autres matières, car l'enseignement vise un savoir universel et se poursuit généralement jusqu'à l'âge de 20 ans.

     

    Le couple gaulois

    Bien que sous l'autorité morale de leur mari, les femmes jouissent d'une relative indépendance, en tout cas financière, puisque les biens du couple sont mutualisés. Elles participent en outre aux assemblées populaires, peuvent être choisies comme arbitre dans des conflits et se faire honorer, pour les plus riches, comme des hommes. En matière de sexualité, les Gaulois semblaient également tolérants. Aucune source ne laisse en effet supposer l'existence de délits sexuels. Rien ne prouve par exemple que l'adultère ait été puni et les relations amoureuses entre hommes était chose admise par la communauté, au moins entre guerriers, d'après des écrits d'auteurs classiques comme Athenaeus ou Diodore de Sicile.

     

    Des loisirs rassembleurs

    Le loisir individuel n'a pas de sens pour les Gaulois, mais leur vie est ponctuée de grands rassemblements populaires, foires, fêtes religieuses ou rencontres politiques. Ces réunions sont égayées de spectacles, du chant des bardes et d'affrontements en duel ou en joute verbale, afin de se voir attribuer la place d'honneur au banquet.

    - Les banquets : s'il est un poncif non usurpé sur les Gaulois, c'est bien leur goût des banquets accompagnant tous les grands moments de la vie sociale. Son organisation est très codifiée : la place que chacun y occupe respecte scrupuleusement la hiérarchie sociale. L'ivresse y est fréquente et parfois associée à l'usage de plantes hallucinogènes, aux vertus divinatoires et religieuses.

    - La chasse, très prisée, est réservée aux riches car elle exige un équipement onéreux, comme les chevaux, les chiens et les armes (principalement un javelot muni d'un fer). Initiatique, elle permet aussi de former les jeunes à l'art de la guerre.

     

    De quoi vivaient les Gaulois ?

     

    Les Gaulois, un peuple de pilleurs ? © Erica Guilane-Nachez - Fotolia.com

     

    Les Gaulois ne conçoivent pas l'économie comme une administration collective des biens mais plutôt comme la gestion des ressources privées, fournies en grande partie par des butins de guerre.

     

    A la recherche de butins

    Les expéditions guerrières des Gaulois répondent à une nécessité économique plus qu'à une volonté expansionniste : leur production agricole et artisanale n'est pas toujours suffisante pour générer des surplus, échanger des produits et obtenir ce qui leur manque. C'est donc par la force qu'ils se procurent ces biens, des terres et des esclaves. A partir du Ve siècle av. J.-C., se développe aussi un système de mercenariat : certains Gaulois s'engagent comme soldat pour des peuples étrangers, en échange de denrées convoitées. Une agriculture développée

     

    Les Gaulois sont parvenus à développer l'une des plus riches agricultures du pourtour méditerranéen, notamment grâce à un climat favorable, à la mise au point d'engrais, d'outils et d'attelages permettant de labourer des terres lourdes. Pourtant, cette activité n'est pas valorisée au sein de la société gauloise. Les propriétaires n'exploitent d'ailleurs pas directement leurs terres, qu'ils préfèrent mettre en fermage. En revanche, ils accordent une grande importance à l'élevage, la taille et la beauté de leur troupeau étant un signe de richesse.

     

    L'omniprésence de l'artisanat

    La production artisanale occupe une place importante dans la société gauloise, notamment pour pallier une offre trop restreinte de produits importés. Les Gaulois excellent ainsi dans la production d'outils en fer et dans l'orfèvrerie, témoignant d'une excellente connaissance des minerais et du travail d'extraction. L'or est particulièrement prisé, au point que les Romains ont évoqué la Gaule comme le "pays où l'or foisonne". En réalité, l'extraction de l'or dans les mines d'or obéit à des pratiques extrêmement élaborées et nécessite des techniques innovantes, que les Gaulois utiliseront pendant des décennies. Le travail du bois est également développé, la tonnellerie notamment, mais cette large production n'a pas résisté au temps. Leurs poteries, surtout l'émail de couleur rouge, sont alors réputées dans tout le bassin méditerranéen.

     

    Du commerce avec les Romains 

    Les Gaulois ne sont pas aussi commerçants que les Romains et préfèrent jusqu'au IIIe siècle avant J.C. produire par eux-mêmes ou piller leurs voisins. Néanmoins, ils pratiquent une forme de commerce en prélevant des droits de passage sur les marchandises qui transitent sur leur territoire. Avant le IIIe siècle av. J.-C, les Gaulois commencent à troquer des produits, qui restent peu diversifiés : ils achètent du vin, mais aussi des chevaux, de la vaisselle ou des bijoux. En échange, ils revendent des esclaves, une partie des produit de leur élevage ou leurs services de mercenaire.

     

    Les pièces de monnaie gauloises n'apparaissent que tardivement, au IIIe siècle av. J.-C. Elles se généralisent dans le courant du IIe siècle avant J.C. Les monnaies d'or, de bronze et de cuivre sont différentes d'un peuple à l'autre, mais certaines sont alignées sur le denier des romains, pour que les pièces pèsent le même poids. Une preuve qu'à cette époque, les échanges commerciaux avec les Romains ne sont pas rares, notamment sur le pourtour méditerranéen. Les Gaulois achètent notamment du vin, énormément de vin, car ils n'en produisent pas eux-mêmes. Les Romains achètent eux aux Gaulois entre autres du sel, du métal et des esclaves. Ces liens commerciaux, de plus en plus denses au cours du temps, participent à la dépendance de certaines élites gauloises vis-à-vis du marché romain.

     

    à suivre

     

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