• Art et Culture 4: 10 balades dans Paris, à la découverte de l'histoire de France

     

    10 balades dans Paris, à la découverte

    de l'histoire de France

     

    Par Marine Guiffray
     
    du site Détours en France
     

    Deux mille ans déjà que Paris prospère sur les bords de la Seine. De places royales en palais, de vestiges médiévaux en constructions futuristes, chaque monument de la capitale raconte un peu de la folle Histoire de France. Dans la plus belle ville du monde, il est possible de traverser les siècles, rien qu'en traversant la rue.

     

    Les arènes de Lutèce : la marque antique

     

    Les arènes de Lutèce, à Paris

     

    En 52 avant notre ère, les Romains remportent la bataille contre les Parisii et construisent Lutèce sur la rive gauche de la Seine. Les vestiges de leurs arènes, datant du Ier siècle, se découvrent aujourd’hui au 49 de la rue Monge. Le monument est mal nommé. En effet, il s’agit plus exactement d’un amphithéâtre, doté d’une arène et d’une scène. C'était l’un des plus grands de la Gaule, avec ses 130 mètres de longs sur 100 mètres de large. Ses gradins en arcs de cercle pouvaient accueillir plus de 15 000 spectateurs ! Détruit lors des invasions barbares au IIIe siècle, l’édifice est peu à peu tombé dans l’oubli. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, on envisagea même de le démolir entièrement, mais Victor Hugo, ardent défenseur du patrimoine, l’empêcha, en plaidant : « Il n’est pas possible que Paris, la ville de l’avenir, renonce à la preuve vivante qu’elle a été la ville du passé. (...) Les arènes sont l’antique marque de la grande ville. »

     

     

    L'enceinte du roi Philippe Auguste : la muraille disparue

     

    Vestiges de l'enceinte du roi Philippe Auguste, à Paris
       

    En 1190, Philippe Auguste doit partir en croisade. Pour protéger Paris de toute invasion pendant son absence, il fait construire une muraille autour de la première enceinte, datant du XIe siècle. Il faudra trente années pour bâtir ce rempart de 3 kilomètres de long, 3 mètres de large et 9 mètres de haut, renforcé par des tours hautes de 14 mètres. Dans un premier temps, l’ouvrage forme un arc de cercle sur la rive droite, face à l’île Saint-Louis et jusqu’au Louvre, où est bâtie une forteresse. Plus tard, le roi dote la rive gauche d’une autre enceinte. Ces remparts fixent les limites de Paris pour plus d’un siècle ; ils seront délaissés au XVIIe. Des pans sont encore visibles rue des Jardins-Saint-Paul, rue Clovis, rue du Cardinal-Lemoine, ou impasse de Nevers.

     

     

    Le palais du Louvre : une Renaissance à la française

     

    Le palais du Louvre de nuit, Paris
      

    À eux seuls, les travaux d’aménagement entrepris par François Ier au Louvre disent l’apport exceptionnel du souverain à l’embellissement de Paris. C’est lui qui, le premier, entreprend la métamorphose du château fort en palais royal. En 1546, un an avant de mourir, il choisit le projet proposé par l’architecte Pierre Lescot pour la reconstruction de l’aile Ouest, dans un style qui sera le véritable manifeste de la Renaissance à la française. Le vieux donjon de Philippe Auguste est abattu, et les portes de l’enceinte détruites, comme une fin symbolique du Moyen Âge. Le bâtiment n’est qu’harmonie, avec un corps de logis sur 3 niveaux et une façade, sculptée par Jean Goujon, qui s’agence autour de 3 avant-corps, coiffés par 3 frontons finement décorés. Fasciné par l’Italie et son foisonnement artistique, ami de Léonard de Vinci et protecteur des lettres, François Ier introduit, peu à peu, l’architecture Renaissance à Paris, par l’entremise des grands chantiers royaux.

     

     

    Le château de Vincennes : la forteresse médiévale

     

    Le château de Vincennes
     

    C'est Charles V qui transforme le pavillon de chasse édifié par Louis VII en une splendide résidence royale, dont l'architecture conjugue art militaire et raffinement. Révolte des marchands parisiens, Grande Jacquerie, éternelle menace britannique... : au milieu du XIVe siècle, le royaume est au bord du gouffre. Charles V s’entoure de brillants maîtres d’œuvre, tel Raymond du Temple, qui a participé à des aménagements de Notre-Dame de Paris et du Louvre. En quelques années, le château est protégé d’une enceinte rectangulaire de plus de 1 kilomètre de long, défendue par 9 tours hautes de 40 mètres... Le donjon, lui, atteint les 50 mètres ! Bâtie en peu de temps (de 1361 à 1369), cette massive tour carrée, flanquée de 4 tourelles, est elle-même entourée d’une enceinte, avec un châtelet gardant l’entrée. De Charles VI à Louis XIII, Vincennes reste l’une des principales résidences des rois de France jusqu’à ce que Louis XIV, malgré les travaux réalisés par Louis Le Vau, lui préfère Versailles.

     

     

    La butte Montmartre : au sommet des arts

     

    La basilique du Sacré-Coeur sur la butte Montmartre, à Paris
      

    La butte a la mémoire qui chante... Pour être « durs aux miséreux (...) mais protégeant les amoureux », comme le dit la fameuse Complainte, ses escaliers accueillent depuis belle lurette les princes de la bohème, les poètes maudits, les écrivains en rupture de ban. Bernard Dimey (1931-1981), l’ogre chaleureux de la chanson française, aimait faire tinter ses vers au comptoir du Pichet du Tertre ou à celui de la Taverne d’Attilio. Au Grand Café, à partir de 1870, ce sont les artistes de la nouvelle peinture – Renoir, Sisley, Manet, Degas, Monet... – que l’on trouvait réunis. Au Lapin Agile, on croisait Verlaine, Villiers de L’Isle-Adam, Courteline, Ziem, Clemenceau. Au Bateau-Lavoir, au tournant du XXe siècle : Max Jacob, Pierre Mac Orlan, Maxime Maufra, Modigliani, Picasso... Enfin, au célébrissime Moulin-Rouge, imaginé en 1889 par Oller et Zidler, le french cancan a qui fait son succès a inspiré plus d’un dessin à Toulouse-Lautrec.

     

     

    L'opéra Garnier : la star des grands boulevards

     

    L'opéra Garnier, sur les Grands Boulevards, à Paris
     

    De l’Olympia à l’Opéra, en passant par les grands magasins, les Grands Boulevards sont une promenade idéale pour ceux qui aiment les arts et l’esprit du XIXe siècle. Charles Garnier a 35 ans quand son projet est retenu devant 170 autres (dont celui de Viollet-le-Duc), pour bâtir le nouvel Opéra de Paris. Il est Prix de Rome, il a la foi, et il entend jeter les bases d’un style Napoléon III. Mais surtout, il propose deux réponses fortes à l’environnement haussmannien, dans lequel doit être élevé le temple de la danse et de la musique. D’abord, parce qu’il sera cerné par des immeubles imposants, il dessine un monument dont les proportions équilibrées ne laissent pas soupçonner les dimensions réelles. Ensuite, pour rompre avec le gris des façades alentour, il ose la polychromie et choisit des matériaux colorés : marbre et porphyre, sur lesquels tranche l’éclat des bronzes, des cuivres et des ors. Inauguré en 1875, son Opéra est encore, au XXIe siècle, l’étoile du quartier.

     

     

    La place de la Concorde : Louis XV, la guillotine et l'obélisque

     

    La place de la Concorde, à Paris
      

    Spécificités urbaines propres à l’Ancien Régime, les places royales étaient des aires de promenade conçues pour l'exposition et l'admiration de la statue du souverain. Après Henri IV (Vosges) et Louis XIV (Victoires), Louis XV fait aménager la sienne : l’immense place de la Concorde, dans la perspective des Tuileries et des Champs-Élysées. Œuvre de Ange-Jacques Gabriel, elle n’est bâtie que du côté Nord. À droite (en venant de la rue Royale) se trouvent les palais de Gabriel et l’hôtel de Crillon; à gauche, l’hôtel de la Marine. La place est remodelée dans les années 1830 par Jacques Ignace Hittorff, qui ajoute les fontaines des Mers et des Fleuves. Ex-place Louis-XV, où furent guillotinés Louis XVI et Marie-Antoinette, ainsi que les chefs de la Révolution, elle prend le nom de la Concorde, en 1795. L’Obélisque rapporté de Louxor, colonne haute de 23 mètres et gravée de hiéroglyphes célébrant Ramsès II, est installé en son centre en 1836, sous Louis-Philippe.

     

     

    La Sainte-Chapelle : le chef d'oeuvre de Saint Louis

     

    Les vitraux de la Sainte-Chapelle, à Paris
      

    Saint Louis voulait un écrin pour les reliques de la Passion du Christ, acquises à grands frais auprès des Vénitiens et de l’empereur byzantin Baudoin II. Ce sera la Sainte-Chapelle, chef-d’œuvre de l’art gothique rayonnant. Elle est bâtie en 1248, au cœur de son palais de la Cité, présumément par Pierre de Montreuil. Les reliques ont aujourd’hui disparu, mais reste l’immense châsse, merveille de légèreté, de verticalité et de lumière. À l’intérieur, les vitraux occupent plus de place que la pierre ! Sur les 15 baies de la nef unique, haute de 15 mètres, figurent plus d’un millier de scènes de la Bible. Elles évoquent la foi et les inquiétudes de Saint Louis à la veille de son départ en croisade. Construite sur le modèle palatin, la chapelle se divise en 2 niveaux : la partie basse dévolue aux serviteurs lors de l’office; et la partie haute – où étaient présentées les reliques – réservée au roi et à la Cour.

     

     

    La place Dauphine : à la gloire du pouvoir royal

     

    La place Dauphine, à Paris
      

    À partir de 1594, Henri IV impulse de grands projets à Paris. Avec une formidable énergie créatrice, il fait aménager, en 1612, une aire triangulaire à la pointe Ouest de l’île de la Cité : la place Dauphine. Moins connue que la place des Vosges, elle doit son nom au Dauphin, fils d’Henri IV et futur Louis XIII. Constituée à l’origine de 32 pavillons identiques, en brique et pierre, avec des arcades pleines et un toit d’ardoise, elle a été conçue pour relier le Pont-Neuf au palais de Justice, mais aussi – là réside la nouveauté –, pour glorifier le pouvoir royal. Ne subsistent que deux pavillons, qui abritaient jadis orfèvres, lunetiers et graveurs. La statue équestre à l’effigie d’Henri IV, elle, trône toujours sur le Pont-Neuf : installée en 1614, par Marie de Médicis, seconde épouse du Vert-Galant, la sculpture a été détruite pendant la Révolution puis remplacée en 1818, sous Louis XVIII.

     

     

    Beaubourg-Les Halles : le centre moderne

     

    La Canopée du Forum des Halles, à Paris
      

    On ne voit que lui depuis le parvis du Sacré-Cœur : ce géant de verre et d’acier, lacis d’échafaudages et de tubes colorés décrit par ses créateurs, Renzo Piano et Richard Rogers, comme un « diagramme spatial évolutif ». Le centre Georges-Pompidou, ou Beaubourg, a poussé au cœur de Paris, à une époque où les architectes ne s’imposaient aucune règle, surtout pas celle de l’objectivement beau. Depuis l’ouverture du Centre national d'Art et de Culture en 1977, son extravagante silhouette est le symbole d’une ville qui, pour être imprégnée d’Histoire, n’oublie pas d’être moderne. Pour le vérifier, il suffit de s’enfoncer plus dans le quartier des Halles, et d’admirer la Canopée en métal, signée Patrick Berger et Jacques Anziutti, ondulant au-dessus du forum commercial depuis 2016.

     

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