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    Hausse du niveau des océans : pourquoi

    le modèle serait à revoir

     

     

    En étudiant les données de satellites, des climatologues allemands ont réalisé une nouvelle estimation des causes de la hausse du niveau de la mer. Conclusion : l’augmentation directement due au réchauffement climatique est près de deux fois plus élevée que prévu, 1,4 mm par an et non de 0,7 ou 1. Le total serait de 2,7 mm/an entre 2002 et 2014, en bon accord avec d'autres études. Les disparités régionales sont très importantes.

     

     
     

    En Polynésie (ici Moorea vue de Tahiti), la hausse du niveau de l'océan aurait atteint 3,3 mm/an depuis 1950, soit plus que la hausse globale, selon une étude parue en 2015. © Daniel Chodusov, Flickr, CC by nd 2.0

    En Polynésie (ici Moorea vue de Tahiti), la hausse du niveau de l'océan aurait atteint 3,3 mm/an depuis 1950, soit plus que la hausse globale, selon une étude parue en 2015. © Daniel Chodusov, Flickr, CC by nd 2.0

     
     

    À quel rythme monte le niveau de la mer ? Entre 2,4 et 2,8 millimètres par an depuis le début des années 2000, expliquent différentes études, que l’on trouvera résumées dans un tableau publié ici. C’est ce qu’expliquent des chercheurs allemands qui ont « revisité », pour reprendre l’expression utilisée dans le titre de leur article publié dans les Pnas, les résultats de mesures effectuées entre 2002 et 2014. Ces climatologues (de l’université de Bonn, de l’institut Wegener et du centre de Géosciences GFZ) ont épluché les données des satellites Grace, Jason-1 et Jason-3. La mission de gravimétrie Grace (Gravity Recovery And Climate Experiment ), avec deux engins qui se suivent, mesure précisément la gravité terrestre, qui, au-dessus des océans, dépend notamment de la hauteur d’eau. Les satellites Jason, eux, déterminent directement le niveau de la mer (c’est de l’altimétrie).

     

    Surtout, l’équipe a réévalué les contributions de différents phénomènes liés au climat global qui font fluctuer le volume de l’océan mondial (voir notre dossier Les variations du niveau de la mer) :

     

    • L’effet stérique : quand la température de l’eau monte, sa densité diminue et le volume augmente ;
    • L’hydrologie : c’est le bilan de l’évaporation, des précipitations et de l’apport des cours d’eau ;
    • La contribution des glaciers et de la fonte des inlandsis : les couvertures glaciaires de l’Antarctique et du Groenland produisent des icebergs ;
    • Les effets régionaux : la surface de l’océan mondial est loin d’être une sphère lisse. Il y a des creux et des bosses, ce qui impose de réaliser des mesures nombreuses et de les moyenner.

    L'inégalité devant la hausse du niveau de l'océan mondial, exprimée ici en nombre de personnes touchées, sur la base des populations par pays en 2010, pour, à long terme, un réchauffement stabilisé à +2°C ou +4 °C par rapport à l'ère préindustrielle. © Idé
    L'inégalité devant la hausse du niveau de l'océan mondial, exprimée ici en nombre de personnes touchées, sur la base des populations par pays en 2010, pour, à long terme, un réchauffement stabilisé à +2°C ou +4 °C par rapport à l'ère préindustrielle. © Idé

     

    La hausse du niveau de la mer n'est pas partout identique

     

    Selon eux, la hausse globale de l’océan mondial serait, entre 2002 et 2014, de 2,74 ± 0,58 mm/an. Leurs calculs les amènent surtout à une estimation bien plus forte de l’effet stérique, donc de l’influence directe du réchauffement sur la densité de l’eau, en surface ou plus profondément.



    Voilà le détail :

    • Effet stérique : 1,38 ± 0,16 mm/an, alors que les estimations des modèles et des mesures de salinité et de températures (qui influent sur la densité) indiquaient entre 0,66 ± 0,2 et 0,94 ± 0,1 mm/an ;
    • Glaciers et inlandsis : 1,37 ± 0,09 mm/ an ;
    • Hydrologie : −0,29 ± 0,26 mm/an, donc un effet global qui fait diminuer le niveau.

     

    L'effet stérique est donc, selon cette étude, nettement plus influent que ce qui est habituellement considéré. On remarque que le total ne fait pas 2,74 car il reste d’autres effets et, surtout, des variations régionales importantes. Ainsi, le record est atteint près des Philippines avec 14,7 ± 4,39 mm/an. C’est l’effet stérique qui domine largement, représentant 11,2 mm (± 3,58), comme en Indonésie, où, affirment les auteurs allemands, il intervient pour 6 mm/an sur les 8 observés (6,4 ± 3,18 pour 8,3 ± 4,7 mm/an, précisément). Dans l’Atlantique nord-ouest, cet effet stérique ferait monter le niveau de 5,3 ± 2,6 mm/an mais il agirait à l’inverse, dans le Pacifique est, où il abaisse l’océan de 2,8 ± 1,53 mm/an.

     

    Conclusion : tous les pays ne sont pas égaux devant la hausse du niveau des océans. La côte ouest des États-Unis ne voit rien arriver tandis que les Philippines sont très exposées. L’étude montre aussi combien il est important de suivre le plus précisément possible le niveau de la surface des mers depuis des satellites. Dans le communiqué de l’université de Bonn, Roelof Rietbroek, l’un des co-auteurs, souligne que le niveau de la mer semble moins influencé par des phénomènes annexes que la température locale de l’atmosphère. Il serait donc, estime-t-il, un meilleur indicateur de l’évolution du climat que la température globale.

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    Le niveau des mers augmente à une vitesse moyenne de 3,3 mm par an et pourrait, selon certains experts, augmenter de plusieurs mètres dans un futur lointain. Afin de comprendre ce phénomène, CLS, une filière du Cnes, effectue par satellite de nombreuses observations que nous vous invitons à découvrir ici en vidéo.

     

     

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