• Histoire: 9 octobre 1989: le mur de Berlin vacille

     

     

    9 octobre 1989: le mur de Berlin vacille

     

     

    9 octobre 1989: le mur de Berlin vacille

    La manifestation du 9 octobre 1989 a marqué le début de la fin du Mur de Berlin.Photo Reuters

     

    Frédéric Bichon

    09-10-2014 | 15h07
     

    BERLIN - Au matin du 9 octobre 1989 à Leipzig, le pouvoir communiste est-allemand croyait avoir tout prévu: l'armée était mobilisée, avec canons à eau et blindés, les hôpitaux avaient stocké du sang et suspendu les jours de repos, la presse occidentale était bloquée à Berlin-Est.

     

    Ce lundi, il y a 25 ans, la Stasi (police politique) s'attendait à 30 000 manifestants. Et les consignes du numéro un est-allemand Erich Honecker étaient claires: ils seraient réprimés comme l'avaient été, violemment, 10 000 personnes le lundi précédent.

     

    Mais après le traditionnel service de Prières pour la paix en l'église Saint-Nicolas, ils furent 60 ou 70 000 sur le périphérique de Leipzig, bougie à la main, scandant «Keine Gewalt» ou «Wir sind das Volk» («Pas de violence», «Nous sommes le peuple»).

     

    Désemparées, les autorités n'ont pas réagi, et l'Armée rouge est restée dans ses casernes. Un mois plus tard, jour pour jour, tombait le Mur de Berlin.

     

    «Ils étaient prêts à tout. Sauf à des bougies et des prières», racontait volontiers Christian Führer, l'emblématique pasteur de Saint-Nicolas, mort fin juin.

     

    En cette année du 25e anniversaire de l'ouverture du Mur de Berlin, le président de la République Joachim Gauck, qui était à l'époque un pasteur défenseur des droits de l'Homme à l'autre bout du pays, à Rostock, a choisi de commémorer cette date pivot du 9 octobre, à Leipzig, plutôt que le 9 novembre dans la capitale de l'Allemagne réunifiée.

     

    «Sur un plan historique, c'est une date très très importante dans la révolution pacifique en RDA (Allemagne de l'Est, ndlr)», explique dans un entretien à l'AFP Rainer Eppelmann, un autre de ces pasteurs est-allemands militants, lui à Berlin-Est.

     

    «Ce soir-là, à Leipzig, on a vu le nombre étonnement élevé de citoyens de la RDA qui étaient près à prendre des risques, publiquement», poursuit M. Eppelmann, aujourd'hui responsable de la fondation historique sur la dictature du parti communiste SED.

     

     

    «L'ESPOIR AU COEUR»

     

    «"Je ne sais pas si je rentrerai indemne à la maison, si je serai emprisonné, si je serai tabassé (...) si j'aurai encore ma place à la fac demain, si j'aurai des problèmes dans mon entreprise..." La plupart de ceux qui sont descendus dans la rue ce soir-là y ont pensé, et ils y sont allés, malgré tout. Il voulaient se libérer eux-mêmes», explique-t-il.

     

    Christian Führer écrivait dans un livre de mémoires: «Malgré la peur, ils avaient de l'espoir au coeur, grâce à la prière».

     

    Les risques étaient d'autant plus réels qu'en juillet Erich Honecker avait chaleureusement félicité le gouvernement chinois pour avoir maté les contre-révolutionnaires place Tiananmen.

     

    Cette date du 9 octobre 1989 fut également importante pour le gouvernement est-allemand, explique M. Eppelmann. Alors que le Rideau de fer avait été entrouvert depuis quelques mois par la Hongrie, et que les petites manifestations se multipliaient dans toute la RDA, l'idée d'ouvrir le Mur de Berlin a commencé à germer. Un courant du SED estimait qu'il valait mieux perdre 3 ou 4 millions de citoyens rétifs aux bienfaits du communisme que de poursuivre une bagarre sans fin.

     

    «LE DÉBUT DE LA FIN»

     

    Erich Honecker, dur des durs, doit démissionner le 18 octobre. Et le 9 novembre au soir Günter Schabowski, porte-parole du SED, annonce que les Allemands de l'Est sont autorisés à voyager. «Le drame s'est déroulé en 30 jours», souligne M. Eppelmann. «Le 9 octobre (...) fut le début de la fin».

     

    «Nous ne pensions pas à la fin de la RDA», officialisée moins d'un an plus tard, lors de la Réunification du 3 octobre 1990, précise-t-il. «Nous pensions à une RDA transformée».

     

    Les évènements de Leizig «montraient pour la première fois que des changements étaient possibles», comme il y en avait eu en Pologne, en Tchécoslovaquie, voire en URSS.

     

    Pour les commémorations, jeudi, le président Gauck a d'ailleurs invité ses homologues slovaque, tchèque, hongrois et polonais. D'abord dans le Gewandhaus, la salle de concerts d'où le chef d'orchestre Kurt Masur tentait d'utiliser sa célébrité internationale pour se poser en médiateur.

     

    En fin d'après-midi jeudi, un service de prières pour la paix comme ceux que M. Führer avait célébrés depuis 1982 a été célébrée dans Saint-Nicolas.

     

    Et à la nuit tombée, des dizaines de milliers de personnes ont refait, bougie à la main, le parcours d'une manifestation qui a accéléré l'Histoire du XXe siècle.

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  • Commentaires

    1
    Marielle
    Lundi 10 Novembre 2014 à 19:40

    La photo de Reuters date du 10 novembre 89

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