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    Qu'elle était belle ma douce France !

    Qu'il était beau le pays de mon enfance.

    Terre de vignes et de pâturages.

    Terre de forêts aux généreux ombrages.

    Terres de soirs calmes et de matins tout en rosée.

    Tel était le pays qui a bercé mes jeunes années.

     

    Mais des hommes sont venus du Nord.

    Ils ont piétiné, humilié, semé la mort.

    Alors, nous avons appris ce qu'était la haine,

    Refusé de vendre notre âme et nos plaines.

    Un chant de résistance nous a redonné courage,

    Nous avons préféré la mort à l'esclavage.

     

    Qu'il était beau mon pays dans sa souffrance !

    Que de sang et de larmes avant la délivrance.

    L'envahisseur à son tour a connu l'humilité.

    S'est retiré le dos rond. Pour lui, fini l'été.

    Plus jamais comme avant nous ne verrons l'amour.

    Tant de haine change les coeurs pour toujours.

     

    Le coeur en larme j'ai quitté ma douce France.

    Dit adieu au berceau de mon enfance.

    Sur le grand bateau qui m'emporte au dela des mers,

    Je pense à mon pays, je pense à ma mère.

    Qui sera là-bas pour m'accueillir au bout du parcours ?

    Le destin qui nous joue des tours a voulu que ce soit l'amour.

     

    Un jour, j'ai voulu revoir ma douce France.

    Revoir les sentiers, mille fois parcourus.

    J'y ai cherché les pas de mes amis d'enfance.

    Mais c'était trop tard pour ceux disparus.

    À regret, j'ai cessé l'inutile errance.

    Il me reste le souvenir des visages reconnus.

     



     

    Martial Noureau, originaire de Charente maritime,
    est arrivé au Québec en juillet 1954 .
    En 1939, il avait 12 ans.
    La guerre lui a volé son adolescence et l'a marqué pour la vie.

     

     

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    Poésie:  5 poèmes tristes....

     

    Poésie:  5 poèmes tristes....

     

    Poésie:  5 poèmes tristes....

     

    Poésie:  5 poèmes tristes....

     

    Poésie:  5 poèmes tristes....

     

    Poésie:  5 poèmes tristes....

     

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  • La vieille charue

    Sur son socle de bois verni

    une vieille charrue abandonnée

    s'apitoie sur son sort et se rouille d'ennui.

    Elle se souvient des belles années

    où, de sillon en sillon et sans bruit,

    elle allait dans la plaine à tous vents

    et préparait la terre aux semis.

    Sur ses manchons de bois, elle aimait

    sentir les mains rugueuses du laboureur.

    puis se reposer en attendant les blés à venir.

    Enfin, être témoin des fruits de son labeur !

     

    Sur son socle de bois verni,

    une vieille charrue dans son musée,

    s'apitoie sur son sort et se rouille d'ennui.

    Par des monstres d'acier, on l'a remplacée.

    Les fiers destriers sont devenus poupées.

    Le laboureur s'est changé en faiseur de bruit.

    Plus jamais elle ne reverra sa plaine,

    ni le sillon, ni la naissance des graines.

    Autour d'elle les gens se pressent, drôles,

    se disant: à quoi cette étrange chose

    pouvait-elle être utile à nos parents?

    Cruel est l'oubli, quand s'impose le présent.

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  • J'aurais pu ...


     

    J’aurais pu devenir riche si j’avais choisi l’or plutôt que mes amitiés.

    J’aurais pu être célèbre si j’avais cherché la renommée pendant les heures où je m’appliquais à jouer.

    Et me voici, assis à l’extrémité de ma vie, jetant un coup d’œil derrière moi pour voir tout ce que j’ai fait avec ces jours et ces années qui étaient miens et tout ce qui m’est arrivé.

    Je n’ai pas vraiment de fortune à léguer à ceux qui porteront mon nom. Et je n’ai rien fait qui soit susceptible de m’assurer une place sur les registres de la renommée. Mais j’ai adoré le ciel et ses grands espaces bleus; j’ai vécu avec les arbres et les oiseaux; j’ai dédaigné l’or et l’argent pour partager des plaisirs comme ceux-là.

    J’ai donné mon temps aux enfants qui sont venus; nous avons joué ensemble bruyamment. Et je n’échangerais pas les heures heureuses passées avec eux pour tout l’argent que j’aurais pu faire.

    J’ai choisi d’être connu et aimé par quelques personnes, et j’ai fait la sourde oreille aux applaudissements des hommes; et je referais les mêmes choix si la chance m’était donnée de revivre ma vie.

    J’ai vécu avec mes amis et j’ai partagé leurs joies, connu leurs peines avec toutes leurs larmes; j’ai fait une belle récolte avec les quelques arpents de ma vie, même si certains prétendent que j’ai gaspillé mon temps.

    J’ai été à même de bien profiter de mes belles choses, et je crois avoir ainsi rempli ma vie de mon mieux. Et au crépuscule de ma vie, je ne regrette pas tout l’or que j’aurais pu posséder.

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  • IL a neiger

     

    Il a neigé la veille et, tout le jour, il gèle.
    Le toit, les ornements de fer et la margelle
    Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc
    Sont comme ouatés, et, dans le jardin, tout est blanc.
    Le grésil a figé la nature, et les branches
    Sur un doux ciel perlé dressent leurs gerbes blanches.
    Mais regardez. Voici le coucher de soleil.
    À l'occident plus clair court un sillon vermeil,
    Sa soudaine lueur féérique nous arrose,
    Et les arbres d'hiver semblent de corail rose.

    François Coppée

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